Vous souvenez-vous des romans qui vous ont marqué au fil de votre vie ? Au-delà de l’histoire, le charme a sans doute opéré car les personnages et leur histoire étaient bien construits par les auteurs. Ce qui compte le plus pour écrire un livre, ce sont les personnages. Parfois même, les lecteurs sont tellement marqués par un personnage qui les bouleverse ou les fascine, qu’ils s’en souviennent toute une vie, mais peuvent oublier un pan de l’histoire ou le titre du roman. C’est pour continuer à vivre les aventures du personnage de roman que l’on poursuit la lecture du livre.
L’intrigue, et donc le succès du livre, est donc intimement liée au destin du personnage, ce que Bernard Werber appelle son chemin initiatique. Voilà pourquoi, parmi les meilleurs conseils pour écrire un roman, nous vous livrons dans cet article les techniques pour créer vos fiches personnages.
“Un personnage n’est pas un individu en mieux” disait André Malraux. Un personnage n’est pas son auteur non plus. Quasimodo, Dracula, Arsène Lupin, Jean Valjean, les noms des grands personnages de romans ne manquent pas, de Flaubert à Stephen King. Mais lorsqu’on souhaite soi-même marcher dans les pas de Maupassant, créer une personne devient un exercice périlleux, qui implique de tout maîtriser de son genre de roman, en passant par les ficelles de ses intrigues.
Des archétypes de personnages
Les archétypes utilisent un symbole, une ou plusieurs émotions. Le personnage créé par un auteur parle à l’inconscient du lecteur; c’est une passerelle immédiate pour le cerveau. Quand on utilise des personnages archétypes, on entre dans la vie des lecteurs, car cela donne de la puisance au récit. Le lecteur reconnaît tout de suite les archétypes, car ils sont faciles à identifier.
Il semblerait que ce soit alors facile et rapide de créer ce genre de personnages pour un auteur, car les types existent déjà. On n’invente rien au XXIe siècle. En général, la structure est efficace. On a tous des archétypes en nous, en lien avec les personnes que l’on côtoie. Nos modes de fonctionnement sont stétéotypés.
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L’archétype du héros
Il exsite 3 dimensions pour déterminer le héros (au sens mythologique du terme):
- la dimension psychologique
- la dimension dramaturgique
- la dimension thématique.
Normalement, le héros se sacrifie pour les autres, ce qui lui confère sa part de divinité. Son but est de surpasser tout le monde, tous les obstacles qui se présentent en travers de son chemin. Dans les histoires mythologiques, le héros découvre et incarne sa part de divinité, ce qui lui apporte une libération intérieure.
Le héros est aussi capable de se séparer de la mère nourricière: le peuple, la tribu, la famille. Cela lui permet de devenir adulte et plus fort. Par la séparation, il est à la recherche de sa propre identité, ce qui fait réfléchir le lecteur. Ce dernier n’est pas un héros; il s’identifie donc aux personnages qui accomplissent des exploits. Grâce à leurs lectures et aux histoires, les gens veulent surmotner leurs peurs. C’est aussi pour eux un chemin initiatique personnel.
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Les gens ont toujours eu besoin d’histoires de tous temps. Les archétypes de personnages sont en fait une projection de nos névroses, de nos psychoses, de nos aspirations. L’idéel est de trouver un équilibre. Très souvent, les thématiques oscillent entre le bien et le mal.
Les thématiques concernant les héros sont la plupart du temps autour du désir d’être aimé et compris, de la réussite, de la survie, de la liberté, de la vengeance, de la dualité entre le bien et le mal. Cela correspond aux aspirations des êtres humains au sens large. Le héros doit incarner des qualités connues qu’on a envie d’éprouver.
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Les caractéristiques du héros
Le héros est le personnage le plus actif et le plus présent de l’histoire. Il se remarque par sa volonté et sa détermination. Mais il est aussi possible que le héros ait des doutes, car c’est celui qui apprend le plus et qui se transforme le plus. Cela ne peut pas s’opérer sans difficulté ni heurt. Le héros est le personnage, qui au fil de l’intrigue, a appris sur le monde et sur lui-même.
A la fin de l’histoire, il doit y avoir une différence entre le héros du début et ce qu’il est devenu à la fin. Il a une dimension aussi sacrificielle au profit du plus grand nombre.
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Les différents types de héros
- Le héros solitaire: il reste seul à la fin du récit. En général, il est taciturne et étranger au monde dans lequel il évolue, comme Lucky Luke ou comme le super héros Batman. Ce type de personnage voue sa vie à sa mission. En général, il n’a pas de famille, pas d’amis.
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- Le héros dévoué: Il est là pour sauver le groupe. Il est seul dans son combat. Il possède en général une culture de conquête, comme Frodon dans “Le Seigneur des Anneaux“. C’est un être sacrificiel.
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- Le héros passif: sa passivité est involontaire. Ce type de héros apparaît souvent chez les auteurs débutants, car l’histoire a du mal à fonctionner. Le héros doit apprendre à se battre et à être actif. Sa passivité doit être sa faille principale et le récit va permettre de le transcender. Il souffre souvent du syndrome de l’imposteur, comme Meursault dans “L’Etranger” d’Albert Camus.
- Le anti-héros: Il est plutôt anti-social et ne se conforme pas aux règles de la société. Mais les lecteurs le trouvent sympathique, car il incarne l’interdit. En effet, ce type de héros crée son propre système de règles en marge de la société. Il ne se reconnaît en rien et n’a rien à perdre non plus.
- Le héros catalytique: il ne change pas au fil de l’histoire, mais il va changer les gens. C’est un personnage charismatique, une sorte de mentor qui éveille les gens, comme le flic de Beverly Hills ou le Docteur House.
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Les personnages secondaires
Il faut être vigilant et bien distinguer les personnages secondaires en leur donnant des noms bien différents. Ces personnages sont indispensables au récit. Ils sont une clé essentielle. Le problème réside souvent dans le fait qu’on ait toujours le même type de personnages secondaires bien stéréotypés.
Le nom qu’on leur donne doit être en fonction de leur rôle, ou être caractérisé par une symbolique. Ces personnages secondaires sont des piliers positifs ou négatifs et sont des outils supplémentaires sur lesquels reposent les mécanismes de l’histoire. Ils déclenchent les rebondissements. Ces personnages, s’ils apparaissent, doivent avoir un rôle, même minime, dans l’histoire et avoir leur personnalité propre. Il est alors préférable qu’ils soient des archétypes.
Il n’est pas nécessaire de conférer aux personnages secondaires une personnalité complexe; cela s’apparente plutôt à du garnissage. Il n’est nul besoin d’avoir dix pages de fiches pour les personnages secondaires.
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Les personnages secondaires changent les choses et font évoluer le cours du récit. Alors que le héros incarne souvent la voix de l’auteur, ces personnages, quant à eux, peuvent incarner un point de vue différent de l’auteur. Dans un livre, tout personnage doit avoir une fonction. Aucun personnage n’est là par hasard.
Dans les meilleures histoires, les personnages secondaires incarnent des archétypes. Ce sont souvent des personnages qui trahissent le héros, qui sont des antagonistes. Il va de soi que chaque personnage secondaire doit être crédible et avoir sa propre personnalité. Ils doivent aussi réagir en toute situation. Ils doivent avoir des réactions normales, même en tant que personnages secondaires.
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Les 16 archétypes
Quand on passe les tests MBTI, qui sont des tests de personnalité, il existe 12 types, que l’on peut retrouver dans un ennéagramme dans une moindre mesure. Un ennéagramme est un système d’étude des comportements qui décrit les 9 facettes qui sont en chacun de nous, 9 façons de se relier au monde, 9 types de personnalité.
Le test MBTI a été inspiré par Myers et Briggs au début du XXe siècle. C’est bien un test de personnalité en 60 questions, qui permet de déterminer 16 personnalités psychologiques. Le résultat est une combinaison de 4 lettres, qui représente l’un des 16 profils.
Je vous insère le lien si l’envie vous prend de savoir quelles sont vos 4 letttres de profil:
16personalities.com/fr/test-de-personnalite
Crédit photo: psychologue.net
Il se pourrait que de connaître les tests de personnalité puisse fortement vous aider à créer vos personnages principaux et secondaires. Pour vous aider, j’ai écrit 3 fascicules à ce sujet, toujours disponibles à la vente:
Créer un personnage de roman passionnant
- Imaginer son physique: vous pouvez commencer par décrire le physique de votre personnage, mais ce n’est pas obligatoire. De la taille à la couleur des cheveux, en passant par la couleur de peau, le style vestimentaire, le poids ou la forme du nez, rien ne doit être laissé au hasard. Vous pouvez donner à votre personnage une caractéristique physique particulière qui pourra éventuellement avoir une répercussion sur l’histoire. Cicatrice, démarche, coupe ou couleur de cheveux, taches de rousseur, etc. Lors de la création du physique de vos personnages, il faudra éviter les apparences que l’on pourrait qualifier de « clichés ». Dans les romances par exemple, on constate fréquemment l’existence de personnages sans défauts, qui sont voués à faire rêver les lecteurs. Les yeux bleus profonds ou verts reviennent souvent dans les livres. Pour éviter de « faire comme tout le monde », on essaiera d’apporter du réalisme à son personnage et de lui trouver quelques défauts. Un personnage plus réaliste et loin des modes rendra l’identification plus facile chez les lecteurs.
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- Soigner la psychologie des personnages: ce qui compte le plus chez un personnage, c’est sa personnalité. Vous pouvez répondre aux questions suivantes (la liste n’est pas exhaustive): Où est né le personnage? À quoi ressemblait son enfance ? Quel âge a-t-il ? Quelle est son orientation sexuelle ? Quels sont les choses qui le rendent heureux ou, à l’inverse, malheureux ? Quel est son objectif dans la vie ? Quelles langues parle-t-il ? Qu’aime t-il manger ? A-t-il des habitudes singulières ? Quel type de musique aime t-il ? Partage t-il sa vie avec quelqu’un ou y a-t-il une personne particulière autour de laquelle il gravite ? Un personnage doit avoir à la fois des qualités et des défauts pour être intéressant aux yeux de vos lecteurs et susciter des émotions chez eux.
- Définir un lieu de vie: Le lieu de vie fait aussi partie des éléments qui contribuent à étoffer un personnage. Faire habiter un personnage dans la nature, dans une grande métropole, dans un appartement mal entretenu ou encore dans une maison bourgeoise ne veut pas dire la même chose en matière de psychologie, de statut social, etc. Choisissez donc avec attention l’endroit où vivra votre personnage principal. Comme pour l’histoire du personnage, disséminez des éléments sur son lieu et son mode de vie au fil du livre.
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En guise de conclusion
Je ne peux que vous conseiller fortement de créer une fiche de personnage pour chacun d’entre eux, principal et secondaire. Car vous risqueriez de vous empêtrer dans des détails. Le lecteur est vigilant et constatera vite les erreurs. Créer des personnages est une sacrée aventure. C’est la raison pour laquelle il est très important d’accorder le plus grand soin à leur création.
Ayez toujours à l’esprit qu’un personnage de roman est le miroir de votre lecteur. Cela ne veut pas dire que celui-ci se retrouve parfaitement dans votre oeuvre, mais qu’il se reconnaît dans certaines de ses qualités ou de ses travers. Le héros d’un roman n’est pas forcément un modèle, mais c’est avant tout un être humain dont le comportement et la personnalité sont complexes et difficiles à cerner.
Le nombre de personnages dépend avant tout de la trame narrative que vous avez choisie. Dans le cas d’un huis clos par exemple, il se peut très bien que vous n’ayez besoin que de deux ou trois personnages. Vous aurez alors intérêt à les travailler tout particulièrement pour leur donner de l’épaisseur. Vous pouvez aussi faire le choix de créer un grand nombre de personnages, ce qui est pertinent dans le cas d’une saga familiale par exemple.
Merci beaucoup pour vos partages.
Seule, j’ai trouvé dans l’écriture et la lecture des confidences et des consolations.
Vos conseils me sont très utiles.
Je pense bientôt pouvoir participer à vos exercices en lignes.
Bonne journée.
P.Rambeau
Je serai au plaisir de vous accueillir dans l’atelier d’écriture et de vous lire. Croyez en vos possibilités!