Je vous propose cette semaine la deuxième page consacrée au personnage d‘Amanda que vous avez rencontrée dans la page du 5 mars.
Je vous l’avais annoncé dans la première partie, j’ai créé ce personnage de femme à partir des contraintes d’écriture données dans mon atelier d’écriture, proposé gratuitement à la médiathèque de Jonzac dans le sud Charente-Maritime.
La lecture d’un livre de Rosalind Laker m’a inspirée, ainsi que mon envie de voyager à Saint-Pétersbourg. A ce propos, je vous invite à lire ou relire les articles que je vous proposais dans ce blog sur “Comment lire peut vous donner d’écrire?” et “Comment trouver l’inspiration pour écrire?”.
Les deux pages sur le personnage d‘Amanda illustrent parfaitement ce que j’ai écrit dans les deux articles que je mentionne ci-dessus.
Le deuxième texte avec Amanda
Comme les participants de mon atelier d’écriture souhaitent une suite à mon premier texte, je repars volontiers en Russie pour composer le deuxième opus.
J’ai tout de suite pensé à écrire encore pendant l’hiver, plutôt sur deux traditions qui se pratiquent en hiver et pendant les célébrations du Nouvel An russe.
Je me suis documenté et me suis rappelé les anecdotes que racontait une jeune femme russe, Zoya, quand elle est venue une année passer les fêtes de fin d’année avec nous. La contrainte d’écriture pour cette nouvelle semaine est complexe de prime abord. Nous devons insérer:
- l’expression “tout chose”,
- la formule “petits oignons“
- et “la liste d’occasions ratées“.
Il nous est précisé par l’animateur que nous pouvons utiliser la liste comme on pratique dans les ateliers d’écriture. Dans ce genre d’exercice, il s’agit de dresser des listes autour d ‘une thématique par exemple.
En voici un exemple emprunté d’Internet:
Dès la consigne donnée, je sais que je vais écrire autour de la tradition du bain bania en janvier, et que cela sera une occasion ratée pour Amanda ou pas, de plonger dans les eaux glacées de la Néva.
Je fais des recherches pour m’assurer de l’exactitude des renseignements donnés. Il n’est pas question pour moi de me rendre sur place et d’essayer de me baigner comme le ferait Amanda, je mourrais sur place !
Je tiens mon histoire.
Voici mon texte:
Le bain d’Amanda
Cela faisait une année qu’Amanda était installée à Saint-Pétersbourg. Elle avait noué des amitiés avec des Russes et se sentait de plus en plus intégrée. Devenir professeur de français dans cette ville facilitait son intégration, et elle pensait que c’était la meilleure chose qu’elle avait réalisée de sa vie.
C’était le deuxième hiver qu’elle subissait dans ce pays. Elle s’était bien habituée et revêtait moins de pulls et avait diminué les couches de chaussettes qu’elle avait bien supportées le premier hiver de son arrivée en Russie. Comme elle souhaitait vivre comme ses amis et adopter leurs traditions, elle allait devoir se plier aux traditionnels bains froids de la fête de la Théophanie et au non moins populaire banya.
Elle craignait sa propre réaction ; accepter le froid extérieur, c’était faisable, mais de là à s’immerger dans une eau glacée, il y avait un grand pas qu’elle imaginait difficilement.
Pour parfaire son intégration, elle accepta de se plier à l’un des symboles les plus célèbres de Russie : subir le bain à vapeur chaude de 100° minimum pendant cinq minutes, puis aller se rouler en maillot de bain dans la neige dans les jardins du bania public, par moins vingt degrés au thermomètre.
Elle réussit le rite de passage, comme un bizutage hivernal russe. Elle était toute chose après avoir été recouverte par la neige fraîche, et ses amis étaient aux petits oignons avec elle, de peur qu’elle ne prenne froid ou qu’elle ne se sente mal.
Toutes ces traditions nécessitaient tout de même un certain courage pour une Occidentale, plus habituée à l’humidité froide de son pays natal et n’ayant jamais vu de rivière gelée comme il en existait en Russie chaque hiver.
Après le bania, les amis emmenèrent Amanda prendre un thé bien chaud au cœur de la ville pour se réchauffer après cette épreuve, qui n’était que la première. Amanda colla ses mains au samovar, objet qu’elle appréciait toujours autant. Elle commença à se perdre dans ses pensées en réfléchissant à ce qu’il l’attendait le 19 janvier prochain.
Elle avait été courageuse une première fois. Elle n’allait pas se dégonfler, et encore moins ajouter le bain dans la Néva à l’occasion de la fête orthodoxe de la Théophanie à une éventuelle liste d’occasions ratées, pour lesquelles elle éprouverait un certain remords si elle se limitait dans ses actions.
Rendez-vous avait été pris pour onze heures du matin devant le Palais de l’Ermitage pour la baignade en eau froide. Amanda avait bien compris que cette ancienne tradition remontant d’avant la Révolution de 1917 fêtait le baptême de Jésus Christ dans les eaux du Jourdain.
En arrivant sur la berge du fleuve impérial, dans une pâle lueur du jour d’un mois de janvier glacial, elle vit un nombre conséquent de trous de glace préparés et entretenus par une équipe chevronnée. Elle cessa à ce moment-là de réfléchir pour réussir ce rite de passage.
Le bain dans les environs de Moscou du président Poutine était retransmis à la télévision nationale depuis le matin sans discontinuer. Ce n’était pas la première fois pour ce cher Vladimir, mais pour Amanda, c’était un réel baptême.
Elle commença par enlever sa chapka, ou sa outchenka comme on disait ici, puis son manteau de fourrure qu’elle avait revêtu directement sur son maillot de bain. Ses amis étaient bien sûr présents pour l’encourager et s’occuper d’elle, comprenant parfaitement la difficulté de cette tradition. Amanda courut jusqu’au trou dans lequel ses amis venaient de plonger. Et un, et deux, et trois ! Chaque baigneur devait s’immerger trois fois dans les eaux glacées en se signant à chaque fois.
Amanda fut applaudie par tous les baigneurs et curieux présents. Olga, sa précieuse amie, lui tendit un peignoir et l’emmena dans la tente prévue pour se rhabiller et boire un verre de thé brûlant.
Le soir même, quand ses amis lui présentèrent la vidéo qu’ils avaient réalisée de son exploit, elle n’en revenait toujours pas. Elle avait réussi à franchir le cap le plus difficile de son intégration. Quelle fierté pour Amanda, qui se sentait heureuse enfin, dans le pays de ses rêves !
Le bania russe
La tradition du bain de la Nouvelle Année russe
Les réactions à mon histoire
Comme la semaine précédente, les participants à l‘atelier d’écriture ont beaucoup aimé le nouvel opus des aventures d‘Amanda. Ils se sont crus emportés vers cette ville magique de Saint-Pétersbourg.
Un des participants précise que cela pourrait déboucher sur une nouvelle; je rajoute que j’ai envie d’écrire d’autres épisodes. Cela me conforte dans l’idée qui germe en moi depuis la première histoire.
Je commence à entrevoir un début de roman court, mais j’ai besoin de temps et de m’organiser pour construire mon personnage. Il est exclus que je me lance à l’aveuglette au fur et à mesure sans penser à l’avance à l’évolution de mon personnage, à son passé et à la façon dont elle va évoluer en Russie.
Les perspectives de cette histoire
J’ai dans l’idée d’utiliser quelques ingrédients saupoudrés ici et là parmi les 17 histoires que j’ai déjà créées pour l’atelier d’écriture.
Il faut que je trouve des bonnes raisons à Amanda pour quitter la France sans regrets: un divorce difficile, des parents décédés, plus aucune attache à ce moment-à, une femme célibataire sans enfant, ou un enfant décédé dans un accident.
En tout cas, ce sera forcément un changement de vie à une période bien précise: crise de la quarantaine?
Ensuite, je dois me poser la question de savoir pourquoi elle veut aller vivre en Russie, juste à partir de son souvenir de voyage scolaire.
Elle est prévue pour rester cinq ans dans ce pays en fonction de son contrat: et après? Que fera-t-elle? Trouvera-t-elle des attaches plus fortes, un amoureux, voire un mari? Ou finira-t-elle par être déçue?
Quelle vie envisage-t-elle pour elle? Après avoir découvert ce pays, comment vit Amanda? Comment s’adapte-elle au long cours? Comment gère-t-elle son métier d’enseignante de français langue étrangère?
Tant de possibilités s’offrent à moi pour faire évoluer mon personnage d’une façon ou d’une autre. Je trouve cela incroyable et magique.
Je ne sais pas encore exactement dans quelle direction je me dirige, mais je commence à entrevoir des perspectives pour Amanda.
L’écriture, c’est virtuel. C’est ça qui est bien dans cette pratique. Nous pouvons tout imaginer, être positif ou négatif, aller dans une voie ou une autre!
Tout est possible; seule l’imagination parle, consciente ou inconsciente!
En guise de conclusion
J’espère que ces deux histoires sur Amanda vous ont plu. Il vous faudra désormais attendre un peu pour lire la suite de ses aventures et de sa vie.
Si vous le souhaitez, vous pouvez me suggérer des pistes possibles sur lesquelles je pourrai composer si vous me le proposez via ce blog. Je vous en remercie par avance et je serai ravie d’exploiter vos idées.
Dans tous les cas, j’aime ce personnage que j’ai créé et je me sens proche d’elle, même si elle a décidé de vivre loin de nous!
Oui, on s’y croit vraiment, et je te vois en elle, c’est très agréable à lire.
Moi, j’ai une petite idée pour la suite, en fait, peut-être qu’ Amanda aurait une grand-mère ou un grand-père (ou arrière-grands -parents) qui se seraient exilés en France suit e à la révolution Russe…Alors après, tu trouveras matière à tes idées…BRAVO!!!
Très bonne idée…je retiens!
J’ai aussi pensé que, puisque ses aïeux se sont expatriés en France après la révolution en Russie, Amanda elle, s’expatrie en Russie suite à un amour impossible en France. Soit elle est enceinte d’un prêtre suite à une grande histoire d’amour, et lui n’a pas voulu quitté son séminaire, et elle a perdu ce bébé, soit en le mettant au monde, soit en avortant. Ou, là encore un immense amour avec un brigand qui a fait de la prison, pour braquage, et meurtre d’un gendarme, ou l’amour entre cousin cousine, avec une famille qui les renie…j’ai encore d’autres idées, je te les dirais quand elles seront plus nettes…
merci beaucoup pour les idées, je prends note de tout ça
Merci, j’ai des idées, mais je ne sens pas apte à écrire un livre. Quoique!!!
je me sous-estime peut-être…
Il faut d’abord commencer par écrire de courts textes. On n’écrit pas un livre comme ça; il faut construire toute l’histoire!