Cet article a pour but de vous résumer le livre de Timothy Hickson, “On writing and worldbuilding” volume II, non traduit à ce jour en français, du moins à ma connaissance. Le titre traduit est: “Sur l’art de l’écriture et de la construction des mondes”. L’auteur dispense des idées applicables selon son univers de création, en utilisant des méthodes efficaces pour apprendre à contrôler le monde qu’on aura créé.
Le volume I du même auteur avec le même titre s’est vendu à 35.000 exemplaires. La série donne des conseils précis – à celles et ceux qui peuvent maîtriser l’anglais- et plusieurs exemples pour mieux comprendre les sujets abordés. Il est appréciable car très facile à lire et à naviguer. Il se spécialise plutôt dans le monde de la fantasy.
Je ne m’attarderai pas sur la biographie de Timothy Hickson pour la simple et bonne raison que peu d’éléments sont accessibles sur internet. Je me bornerai à donner les grandes lignes des premiers chapitres, comme à mon habitude.
Préface du livre
Dans la préface de “On writing and worldbuilding”, Timothy Hickson a publié une vidéo en 2018, “On writing: hard magic systems”, pour lequel il était très satisfait d’avoir pu contribuer à créer un univers pour aider les lecteurs. Ce livre a marqué un tournant dans sa carrière vers l’écriture pédagogique. Il estimait que c’était un thème riche. Il ne s’attendait qu’à 10.000 vues et il fut très étonné quand la vidéo atteignit 200.000 vues dans les premiers jours.
Timothy Hickson est heureux d’offrir du contenu gratuit aux gens car cela a été une expérience enrichissante pour lui aussi. Il a aimé aider les gens à améliorer leurs techniques et suivre leur passion. Il a toujours approché l’écriture avec la perspective du lecteur, voulant étudier pourquoi certaines histoires l’avaient marqué. Il cherchait surtout à partager ses découvertes avec ses lecteurs plutôt que de leur dire comment écrire.
Cela faisait partie aussi de son apprentissage. Il a toujours adoré étudier les raisons pour lesquelles les histoires fonctionnent: structure, rythme, personnages, etc. Les histoires sont les choses qui se rapprochent le plus de la magie, selon Timothy Hickson. Ce qui le rend le plus fier, c’est que les enseignants lui disent utiliser ses vidéos pour illustrer leurs cours. Cela lui donne alors le sentiment d’être utile, qu’il produit quelque chose de bien.
Timothy Hickson peut donner l’impression qu’il en connaît un rayon sur les mondes dont il parle, mais c’est pour beaucoup une grande part de sueur et de travail, pour combler ses ignorances en la matière. Il n’a pas tout le temps confiance en lui et doute aussi de lui de temps à autre. Il apprécie que les lecteurs achètent ses livres.
Timothy Hickson- Crédit photo: smallwondersmag.com
Tout ce que l’auteur sait en fin de compte, c’est que les gens trouvent ses discussions dans les vidéos utiles, qu’il apprécie de les partager et qu’il aide les gens dans leur parcours d’écriture. Il est heureux d’avoir l’opportunité de faire ça. Sa vie a considérablement changé, suite au succès de ses vidéos.
C’est le genre de personne qui n’aime pas utiliser le mot “devrait”, parce qu’il n’existe pas de règles d’écriture. Il y a seulement des choses qui sont plus satisfaisantes que les autres. Pour chaque règle, précise-t-il, on peut trouver 10 exceptions, et pour ces 10 exceptions, on peut trouver quelques bonnes astuces pour écrire.
Ecrire des scènes de combat
Ce n’est un secret pour personne que les scènes de combat sont dures à écrire. On peut néanmoins les diviser en deux dimensions:
- La dimension macro avec une structure plus large et la place dans l’intrigue.
- La dimension micro avec un rythme plus lent.
Pour la dimension macro, il existe de nombreux conseils, de nombreux films et séries pour s’en imprégner. Peu de conseils sont donnés en fait pour la dimension micro. Le débat se fait surtout entre utiliser des phrases courtes ou longues. Le conseil qui est généralement donné pour écrire des scènes de combat est d’écrire des phrases plus courtes, pour refléter au mieux le va-et-vient rapide d’un combat.
Lee Child, auteur de la saga “Jack Reacher”, a l’habitude de raccourcir ses phrases pour éviter que l’action ne traîne en longueur. Certaines de ses phrases sont souvent incomplètes. Il peut manquer des sujets, comme si les pensées des personnages ne pouvaient pas être complètes dans un moment tendu.
D’omettre certains mots dans la phrase crée une impression d’urgence dans un moment tendu, comme si le personnage en question utilisait plus son instinct que sa réflexion. Des phrases courtes peuvent renforcer les mouvements brutaux et blessants propres aux arts martiaux, comme dans “The Poppy war” de RF Kuang.
Les phrases courtes, en général, s’appuient sur des verbes forts, avec très peu d’adjectifs par exemple. La description à outrance n’est pas de mise dans ce genre de scène. Les descriptions sont plutôt restreintes, voire même minimalistes. Certaines scènes de combat comportent des phrases longues, même pour décrire ce genre de scène.
Ecrire une scène de combat efficace ne tient pas à adopter des phrases courtes ou longues, mais comment l’individu se sort d’une telle scène. La vitesse de l’action et la tension dans une scène ne dépendent pas de la longueur des phrases. Cela tient plutôt du rythme de l’action. Adoptez votre propre style en la matière. Une succession de verbes forts permet aux lecteurs de suivre la scène de combat plus rapidement.
Une succession de verbes d’action ne fait pas non plus une scène de combat réussie. Pour avoir une scène réussie, c’est surtout une question de cause à effet, comem dans “Leviathan Wakes” de James SA Corey.
Le personnage au centre de la scène ne peut pas faire la même chose encore et encore avec des mots différents. Au lieu de toujours attaquer, il peut changer de tactique, considérer les alentours, réagir. De toutes les façons, varier les structures de ses phrases aide souvent à varier le rythme d’une scène . Cela rend les passages plus faciles à suivre et permet de garder un style intéressant.
Les détails dans une scène de combat
La structure de cause à effet et l’utilisation de verbes forts ne suffisent pas à rendre une scène de combat rythmée. Vous n’avez aucun intérêt à décrire chaque moment de la scène en donnant tous les détails possibles. Il existe 3 types principaux de moments pour aider dans les descriptions. Le premier moment s’avère être un changement dans l’équilibre des forces présentes comme dans “The Hunger” de Alma Katsu.
Il faut bien sûr amener l’élément déclencheur du combat, quand les forces en présence sont en jeu. Il vaut mieux suggérer que tout décrire. Tout décrire en détail dans ce genre de scènes n’apporterait pas grand chose à la narration. Comme dans tout roman, il vaut mieux suggérer que tout décrire. Certaines scènes de batailles ne sont pas basées sur des luttes pour le pouvoir.
Par exemple, dans “The Girl with the dragon tatoo” de Stieg Larson, le personnage Salander affronte un ‘serial killer’ pour libérer son amie Blomkvist, qui suffoque lentement. C’est une course contre la montre pour la libérer. En raison de cette situation, Larson décrit en détail les moments où elle se rapproche ou s’éloigne de son but.
Il est important de considérer à quel moment le lecteur va ressentir de la tension pendant une scène de combat. Est-ce simplement que le personnage va s’en sortir ou a-t-il un autre but à l’esprit? Par exemple, il est courant dans les histoires d’horreur que le lecteur soit laissé de côté pour renforcer la tension.
Le deuxième moment pour aider dans une description est quand quelque chose d’important concernant un personnage est révélé. Un auteur peut s’attarder sur des moments narratifs importants, parce qu’il/elle veut que le lecteur s’identifie au personnage. Comme dans la scène finale entre Harry Potter et Voldemort dans “Harry Potter and the deathly hallows” de J.K Rowling.
J.K Rowling décrit ce moment en détail pour permettre au lecteur de ressentir l’effet cathartique de la défaite finale de Voldemort, tant attendue depuis le début de la saga. Ce moment ne tient qu’en quelques secondes, mais l’autrice lui donne une grandeur qu’il ne pourrait pas avoir autrement.
Quand vous écrivez une scène de combat dans un roman, vous n’êtes pas en train d’écrire un scénario de film où chaque détail a son importance pour comprendre la scène qui se jouera. La force la plus importante dans un roman est l’imagination du lecteur. Il vaut mieux décrire une lutte sans forcer les détails.
Sebastien de Castell, auteur de “Traitor’s Blade” a écrit sur l’importance, dès le début, de montrer au lecteur qu’il est inclus dans la bataille, qu’il bouge dans l’espace comme les personnages en présence. Cela permet de se concentrer sur les actions et réactions des personnages. Cela aide à établir les ressentis et le mouvement de la bataille dès le début.
Les scènes de combat reposent sur la compréhension que le lecteur a de l’espace: là où sont les personnages, ce qu’il y a autour d’eux et les options physiques pour bouger et entrer dans l’action. L’auteur de science-fiction, Rob Wells, résume ce point: “L’une des plus grandes erreurs est que nous oublions que nous ne sommes pas un intermédiaire visuel. Nous ne savons pas exactement comment est la pièce, nous ne savons pas où se situent les chaises, alors, quand un personnage en saisit une pour se défendre, elle peut venir de n’importe quel endroit de cette pièce. Vous devez donc installer le lecteur dans le décor”.
La plus grande force d’un roman est l’imagination du lecteur. C’est pourquoi il est important, vous l’aurez compris, de ne pas forcer le trait des descriptions. Il est préférable de s’appuyer sur les actions et réactions du personnage principal. Ralentissez la façon dont les gens se déplacent et montrer comment l’environnement change au début de l’action, et le lecteur fera le reste pour vous.
Il est important aussi d’utiliser du langage créatif, en se forçant d’utiliser des mots moins courants. Il vaut mieux éviter les phrases générales, qui n’apportent rien. Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’utiliser non plus des mots savants.
Les scènes de combat, plus que les scènes habituelles, s’appuient sur la compréhension que le lecteur a de l’espace dans la scène. Par exemple, dans “Harry Potter et l’Ordre du Phénix”, J.K Rowling décrit l’espace avant même que la bagarre n’arrive, ce qui donne au lecteur une idée précise de comment il peut visualiser la bataille quand elle apparaît plus tard. Il vaut mieux éviter de décrire l’espace pendant la bataille. J.K Rowling utilise des objets qui permettent de délimiter l’espace, comme des pendules, des lumières rouges, des meubles, etc. Dans le roman de cette saga, les horloges fragiles et les bureaux sont des objets fort utiles pour visualiser les scènes. L’écrivaine répète ce procédé à l’infini dans sa saga.
Ainsi, durant la bagarre, elle peut se focaliser sur le personnage et ses émotions, car aucun mot n’est dilué pour décrire la scène en question, vu qu’elle l’a fait avant. Si un auteur décrit une scène et qu’il insère une falaise par exemple, le lecteur s’attend à ce que quelqu’un tombe de la dite falaise. Si un auteur mentionne un fusil, le lecteur s’attend à ce qu’il y ait une bagarre sanglante.
Insérer certains éléments avant la scène de combat met le lecteur en haleine et cela crée ainsi une certaine tension pour le lecteur et pour les personnages. Si l’environnement est censé affecter la trajectoire du personnage, alors décivez-le avant de commencer la scène de combat.
J.K Rowling, dans “Harry Potter et l’Ordre du Phénix”, écrit la scène de combat avec la perspective d’un seul personnage: Harry. Cela facilite grandement, car dans le cas contraire, le lecteur peut se sentir noyé si la scène est vue de plusieurs points de vue. Rowling rappelle régulièrement au lecteur où se trouvent les personnages. Le lecteur n’a pas besoin de suivre en détail les autres personnages dans ce cas précis. Leurs actions ne sont pas importantes dans la scène de combat. L’écrivaine donne au lecteur des précisions sur l’endroit où ils se trouvent pendant le combat.
Rowling n’évoque que les personnages qui ont des rôles cruciaux: Harry, Malfoy, Beatrix et Sirius. La mort de Sirius n’étonne personne, car elle est préparée bien en avance. Le lecteur sait où il se trouve, comment il est parvenu à cet endroit, à quelle distance Harry se situe et qui l’a tué. Il n’y a pas de surprise. C’est bien de donner des rappels réguliers au lecteur concernant les personnages qui ont de l’importance dans une scène.
Le choix des mots
Le choix des mots permet à l’auteur de donner le ton d’une scène de combat. C’est aussi la façon de décrire la douleur que peut ressentir un personnage et les conséquences de chaque coup donné. Dans le roman de Stephen King, “Shining”, l’auteur utilise sans cesse des éléments de description corporels pendant le combat, qui renforce le côté sombre de la scène. Il utilise donc beaucoup de verbes expressifs dans des phrases relativement courtes. Le roman “The Girl with the Dragon Tatoo” utilise une technique similaire.
Stephen King utilise de façon très précise des descriptions avec des parties du corps pour rappeler au lecteur comment nous sommes fragiles. Il rend les faits brutaux et sanguinolents, et le lecteur se sent dans une position inconfortable. Les héros, dans ce genre de roman, ne sont pas faits de guimauve. La mort rôde tout le temps et la prose utilisée le rappelle tout le temps au lecteur.
King ne s’attarde pas sur les conséquences du combat. Il est plus intéressé dans le spectacle des corps sanguinolents. Les scènes de combat peuvent être drôles et l’auteur n’est pas obligé de plonger le lecteur dans l’horreur. De toutes les façons, il est important d’utiliser un vocabulaire précis qui correspond à l’action en cours.
Les verbes précis peuvent donner l’impression d’une scène variée et offrent une scène de combat intéressante. Ces scènes sont très physiques et incluent des mouvements extrêmes. Le choix des verbes est ce qui donne de la personnalité à une scène de combat.
En guise de conclusion
Je ne vous ai résumé qu’une infime partie du livre de Timothy Hickson. J’ai été d’ailleurs très étonnée à la lecture, car je ne m’attendais pas du tout à ce que les propos concernent des scènes de combat. Le titre n’évoque pas cela du tout. Tout ça est très loin de mon univers, car je préfère écrire des romances. Mais, beaucoup de lecteurs aiment ce genre de romans, ce que je respecte parfaitement.
Il m’arrive de lire des livres de fantasy ou de science-fiction, mais plutôt à doses homéopathiques. Ce ne sont pas mes genres littéraires de prédilection. Je dois avouer que j’ai été traumatisée par certains livres de Stephen King, comme “Cujo” ou “Shining”. Comme je lis beaucoup le soir avant de m’endormir, je vous laisse aisément imaginer mon état psychique. Il m’était impossible de trouver le sommeil. Depuis, j’ai cessé de lire Stephen King, quand bien même j’admire son travail de création.
Jamais je ne pourrai écrire une scène de combat. Une scène de dispute, oui, mais la mort, je peux la traiter, mais pas de faire disparaître des personnages par une mort violente. J’en suis incapable. Nous assistons suffisamment à des scènes de violence dans les médias, sans en plus en rajouter dans mes écrits.