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Qui n’a jamais rêvé de devenir un grand écrivain? Seulement voilà: on ne peut pas le savoir si on ne commence jamais à écrire et à publier. Et puis, que veut dire vraiment “devenir un grand écrivain”?

Il est vrai que, depuis quelques années, le désir d’écrire s’est renforcé dans notre société. On prend le temps de coucher les mots sur le papier ou dans notre ordinateur, alors que la société nous oblige à un autre rythme autrement plus effréné. De nombreux ateliers d’écriture se sont mis en place aussi tout en accompagnant et en formant de nouveaux auteurs.

Ces “creative writing” font fureur aux Etats-Unis et les universités américaines s’arrachent les grands auteurs pour qu’ils enseignent l’art d’écrire à des étudiants triés sur le volet. Malgré de fortes réticences partagées par certains intellectuels qui nous rabâchent les oreilles qu’on n’apprend pas à devenir écrivain et soulignant le risque de formatage que représentent les ateliers d’écriture, le nombre d’inscrits à ces cours ne cesse d’augmenter en France, fort heureusement!

Pour écrire cet article, je me base en partie sur une émission de France Culture, “Comment devenir un grand écrivain”, diffusée le 14/12/2021 dans l’émission “Sans oser le demander”, animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.

Enseigner l’écriture au même titre que la musique ou la danse?

Quel rêve pieu que cela, me direz-vous? Et pour quoi faire d’abord, diront certains? Les jeunes ont déjà assez de matières comme cela, qu’ils se contentent de travailler le français et les maths, et blablabla … Aux réfractaires de tous genres, des voix commencent à s’élever pour défendre cette pratique. J’ai mis en pratique un atelier d’écriture il y a quelques années pour une classe peu motivée. Les élèves ont adoré développer leur imagination et dans ce cours, ils ne me posaient aucun problème de discipline.

Pourquoi y aurait-il une différence entre l’art d’enseigner la peinture, la musique, la danse ou le théâtre avec celui de l’écriture? Pourquoi ne pourrait-on pas se servir de l’art de l’écriture pour mettre en place les outils de la langue, pour faire appliquer les règles et les manières d’utiliser les nombreuses tournures de phrases? Pourquoi ne considérerait-on pas l’art de l’écriture comme une discipline artistique à part entière?

L’école française a réussi à dégoûter bon nombre de ses élèves de la pratique de l’écrit. Un grand nombre d’entre eux détestent l’écriture. Peut-être serait-il temps de nous poser les bonnes et vraies questions pour l’enseigner autrement, pour donner envie?

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L’art d’écrire est un formidable outil, bien plus riche qu’on ne le pense. Il fait partie de notre patrimoine. L’écriture nous relie aux générations passées, à notre Histoire. Peut-être penserez-vous qu’il est inutile d’écrire, puisque les machines feront tout sous peu? Savez-vous que Steve Jobs, le créateur d’Apple, était passionné par la calligraphie? C’est ce qui distingue les ordinateurs de cette marque des autres. A méditer!

Le temps passé à apprendre l’art d’écrire ne sera jamais du temps gaspillé. C’est un art interdisciplinaire avec d’autres disciplines ou pratiques. Cela développe l’esprit créatif des jeunes. C’est tout aussi important que d’apprendre le codage informatique! Et puis, ayons fortement à l’esprit que l’écriture embellit le monde numérique! Il n’y a qu’à voir le nombre croissant de publications!

La France: patrie d’écrivains?

1/3 des Français songeraient à écrire un livre. Le panel d’apprentis écrivains est très vaste dans notre pays et concerne bon nombre de professions. Les grands écrivains que nous avons eus par le passé empêchent beaucoup d’entre nous d’écrire plus ou de publier. Se couper des autres et mener une vie plus ou moins solitaire, juste pour écrire, fait aussi peur à bon nombre d’auteurs en herbe. C’est vrai qu’on ne peut nier qu’il y a eu de très grands romans avant nous. Mais, en quoi cela devrait-il nous empêcher d’écrire?

La transmission est essentielle. Mais comment transmet-on l’art d’écrire? Alors qu’il y a des conservatoires pour toutes les autres pratiques d’écriture! L’écriture n’a pas vraiment organisé sa transmission. Pourtant, il existait des salons littéraires au 19e siècle où se retrouvaient des auteurs connus ou moins connus. Il faudrait une école dédiée à l’écriture et aux mots, accessible à toutes et tous.

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Comment devient-on écrivain?

Pourquoi ne pourrait-on pas exiger un diplôme pour devenir écrivain, au même titre qu’un architecte doit être diplômé pour exercer sa profession? C’est la seule profession où il n’existe aucune formation. Il est urgent de casser ce mythe que l’écrivain doit son inspiration à des forces divines et qui écrit sous la dictée d’une muse. Devenir un écrivain, c’est beaucoup de travail.

Tout le monde a tendance à oublier qu’un livre, c’est 10% d’inspiration et 90% de transpiration. Il ne faut pas avoir peur de se lancer! Ecrire, c’est inventer le meilleur projet de roman ou d’essai et traiter un sujet qui vous tient à coeur, et que les autres ne sauraient pas traiter. La question à se poser: quelle est l’histoire ou quel est le livre que personne d’autre ne pourrait écrire?

Nul besoin de choisir un sujet grandiose. Cela peut être un sujet qui va chercher dans le quotidien, dans l’histoire familiale, un domaine d’érudition incongru, une marotte. Quoi que vous écriviez, vous devez garder la saveur d’explorer ce travail pendant 1 ou 2 ans, chaque jour. Nul besoin d’avoir une vision du monde pour écrire un roman ni d’avoir un sujet extraordinaire.

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Nous sommes toutes et tous singuliers et c’est bien en acceptant cela que nous pouvons écrire. Nous écrivons en acceptant notre singularité. Les questions sont: que cherche-t-on à transmettre au lecteur? Quelle vision a-t-on à offrir au lecteur?

Pour devenir écrivain, il faut aussi accepter de subir la solitude, de souffrir de solitude, de rester des heures et des jours avec soi-même.

Pourquoi devient-on écrivain?

Pourquoi écrivons-nous, alors qu’il existe tant d’autres activités à faire? Paul Valéry disait écrire par faiblesse. Jean Giraudoux écrivait pour devenir riche et célèbre. Il y a beaucoup de bonnes raisons de ne pas écrire. Parce que cela prend du temps, beaucoup de temps pour beaucoup d’ingratitude derrière. Un écrivain a peu de vie sociale en dehors de la promotion de ses livres.

On devient écrivain, en fait, parce que nous écrivons les livres qu’on a envie de lire. Nous écrivons sans nous poser la question si nos œuvres vont appartenir à la grande littérature ou à l’art. En écrivant, nous prenons en main notre propre destin. Nous avons cette formidable opportunité de mettre des mots sur nos émotions pour que notre monde s’éclaircisse. Nous extériorisons des pensées profondes qui étaient restés secrètes jusque-là.

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Je vous propose l’explication de Marc Lévy sur la raison qui l’a fait devenir écrivain:

« J’ai raconté pendant quatre ans à mon fils un conte dont je construisais chaque épisode le soir, quand il était couché, pour le récit du lendemain. A neuf ans, il m’a fait comprendre que les contes ne l’intéressaient plus. Je me suis retrouvé dans l’incapacité de raconter une histoire à l’enfant qu’il était. J’ai donc eu l’idée d’écrire une histoire à l’adulte qu’il deviendrait un jour. Avec l’envie de la lui donner à un moment de sa vie, en faisant un pied de nez au temps. Un moment où il aurait exactement le même âge que celui que j’avais en écrivant. Je caressais ce rêve que, pendant l’espace d’une lecture, nous aurions eu le même âge et nous aurions été les meilleurs copains du monde. »

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Les ingrédients pour devenir un bon écrivain

L’erreur des écrivains débutants est d’insérer un trop grand nombre d’adjectifs et d’adverbes. Il faut en finir avec les effets artificiels et clinquants, qui ne font qu’épater la galerie. Cessons de plonger dans l’obsession de la belle phrase. La question à se poser est: qu’est-ce qui sonne juste? Cela demande du travail.

Quand on écrit, le but à chercher est de progresser, au fur et à mesure, dans sa propre voie. De toute façon, il est efficace de sabrer toutes les fioritures pour trouver sa propre voix dans ses écrits, son style singulier, différent de tous les autres. Malgré le nombre important de publications ces dernières années, c’est possible.

Il convient également de se défaire de tous les clichés, les comparaisons un peu bateau qui n’apportent rien au texte, du genre “belle comme une rose”. Le lecteur n’a pas envie de lire ce qu’il a déjà lu. Cela ne fera jamais la force du livre. Un livre est fort parce qu’il offre quelque chose de personnel. On peut néanmoins être un bon écrivain, même en ayant recours à ces clichés. Il vaut mieux aussi faire ressentir au lecteur sans trop en dire plutôt que de lui faire comprendre. Selon Hemingway, il faut être attentif à ce qu’on écrit, mais aussi à ce qu’on omet. Il convient de laisser des zones de silence et de liberté offertes au lecteur, qui doit absolument se représenter certaines scènes de l’intrigue. L’écrivain se doit de jouer avec l’intelligence du lecteur.

Crédit photo: osez-ecrire-votre-roman.com

C’est la singularité qui fait le grand écrivain, même sans une grande originalité. C’est ce que disent les frères Goncourt: un écrivain, c’est quelqu’un qui va ciseler sa phrase, qui va mettre sa patte reconnaissable. Pour Hemingway, il faut aller plus loin que ce qui a déjà été fait. Il faut aussi ajouter une vision littéraire dans son style.

Il est impératif de mettre en place un calendrier d’écriture, d’écrire régulièrement, si ce n’est pas tous les jours. Roland Barthes disait écrire de 9 heures à 11 heures. Si on ne s’éloigne pas de la vie quotidienne et son florilège d’attractions et de distractions diverses et variées, il est impossible d’écrire. Quelle que soit la vie qu’on mène, il est toujours possible de trouver un peu de temps pour écrire. Francis Ponge travaillait chez les éditions Hachette et volait 20 minutes par jour sur son temps après le diner pour écrire.

Un écrivain se doit de soigner ses personnages. Le lecteur va indéniablement s’identifier à eux, qu’on le veuille ou pas. Il est bien que le personnage soit un tissu de contradictions, qu’il ne soit pas monolithique.

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Les descriptions sont capitales dans un roman. On a parfois tendance à vouloir les supprimer par efficacité. On peut transmettre beaucoup de choses dans les descriptions, sans vouloir chercher à impressionner et en oubliant qu’on est en train d’écrire. L’incipit est primordial et capital: c’est par là que le lecteur sera captivé. La première phrase d’un roman doit prendre le lecteur aux tripes. Il doit considérer l’incipit comme une invitation à poursuivre sa lecture. Les meilleurs incipit ne sont pas des phrases très littéraires.

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Crédit photo: commedansunlivre.fr/ incipit de “A la recherche du temps perdu” de Marcel Proust

Les exemples que je vous ai proposés sont des phrases simples, sans complément, d’un niveau de fin d’école primaire. Ce sont pourtant de très bonnes premières phrases. La première phrase d’un roman a une fonction rhétorique et non littéraire. Il faut obtenir l’attention du lecteur, ce qui n’est jamais gagné d’avance. Il convient alors de rechercher l’efficacité.

Dans quel but écrit-on?

Roland Barthes disait qu’on écrivait sans but précis et que c’était donc une forme de perversion. La grave erreur est de se lancer avec un but très précis. Il est indispensable d’arriver à prendre du plaisir, dès le début, sinon on s’expose à énormément de déceptions. Il faut écrire de manière désintéressée, avec pour but de s’améliorer et de mieux s’exprimer. Flaubert disait que l’écriture, pour lui, c’était comme si on lui plantait un canif sous les ongles. Quand on écrit, il y a beaucoup de plaisir, mais aussi beaucoup de sueur.

L’écriture, c’est avant tout un désir qui prend forme et qu’on canalise par le travail. Le temps viendra où certains d’entre nous feront une carrière d’écrivain. Ecrire, c’est un saut dans le vide. Quand on écrit, on ne rentabilise pas son temps. On est dans la création et créer, ce n’est pas lié directement à l’argent.

Crédit photo: lewebpedagogique.com

En guise de conclusion

Il existe une sacrée contradiction entre le fait de créer et de vivre dignement de ses créations artistiques. C’est là tout le problème de l’écriture. Personne ne peut prédire qui sera un grand écrivain ou pas. Seul le temps le dira. Moi, quand j’écris, le temps n’existe plus. Je me sens bien après n’importe quelle séance d’écriture, même si je l’ai commencée fatiguée.

On devient un grand écrivain quand on est en harmonie, en osmose avec soi-même. On ne peut pas se mentir à soi-même. Si on écrit des romans d’amour parce que ça se vend bien sur les quais de gare et que ce n’est pas du tout ce qu’on aime écrire, l’art d’écrire deviendra indubitablement douloureux. Il faut être sûr de la raison pour laquelle on écrit!

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Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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