Pour bien comprendre de que signifie écrire de la non-fiction, c’est écrire des livres qui ne sont pas des romans, qui ne racontent pas d’histoires imaginées. Mais, cela dit, ce n’est pas non plus le contraire de la fiction. Cela correspond plutôt à ce qu’on appelle en anglais la “creative non-fiction writing”, appellation très répandue dans les pays Anglo-Saxons.
La non-fiction, par exemple, c’est enquêter sur un fait divers ou un crime et écrire un livre à partir des éléments rassemblés, tel que l’ancien diplomate et romancier suédois a pu le faire, Jan Stocklassa, en racontant l’enquête de l’assassinat du Premier ministre suédois, Olof Palme.
La non-fiction, c’est de la littérature non fictionnelle. Cela décrit des faits qui ne sont pas nés de l’imagination d’un auteur. Cela peut concerner aussi bien des livres de cuisine que des récits de voyage. Il va sans dire que de nombreuses fictions sont inspirées de la vie réelle. Beaucoup d’autrices et d’auteurs s’inspirent de faits divers pour démarrer leurs romans.
La différence entre fiction et non-fiction
Je vous l’accorde, la frontière est mince entre la littérature fictionnelle et non-fictionnelle. Les deux genres littéraires se rapprochent, de plus en plus même. Un auteur peut écrire un ouvrage de non-fiction de manière très romancée tout comme vous pouvez écrire une histoire inventée à la façon d’un essai. La limite est donc assez floue parfois.
En fait, c’est une erreur courante de penser que la non fiction se cantonne à lister des faits précis qui se sont éventuellement produits. Il y a toujours un travail de narration qui est réalisé, si ce n’est dans le choix des faits qui sont délivrés. A mes yeux, ce type de littérature dont nous parlons, la non-fiction, est tout aussi honnête et fidèle aux événements qu’un documentaire plus classique. Ce sont seulement deux manières différentes de faire la même chose : raconter une histoire.
Un auteur de non-fiction met plusieurs années en général à finaliser un ouvrage, car la recherche est indispensable et importante. Et le sujet doit s’avérer un bon sujet à traiter pour ensuite donner un livre valable. Un auteur ne pourrait pas se permettre d’inventer des faits s’ils ne se sont pas passés.
Le cas de Jan Stocklassa
Jan Stocklassa est connu pour avoir écrit cette formidable enquête sur l’écrivain suédois à succès, Stieg Larsson, qui est à l’origine du phénomène littéraire mondial, “Millenium”. Pour écrire son livre de biographie, Jan a voulu comprendre l’origine de l’écriture de “Millenium”. Cela lui a demandé un travail colossal de plusieurs années, entre 6 et 7 ans de recherches.
Jan Stocklassa ne fait pas de différence entre la non-fiction et la fiction. Car, dans son livre enquête, il a raconté une histoire, celle d’un auteur originaire du même pays que lui. Cela n’aurait eu aucun intérêt à lister juste des faits et rien que des faits. Ecrire de la non-fiction, ce n’est pas un travail d’avocat au tribunal qui expose des faits et rien que des faits. Et encore, quoique…
Jan est resté fidèle et honnête concernant les événements de la vie de Stieg Larsson. Quel aurait été son intérêt à falsifier la vie de l’écrivain, alors que celle-ci était relativement connue? La recherche, par contre, a occupé une part considérable de travail. Il a ensuite écrit la biographie pendant un an, après plusieurs années de recherches ardues.
Il s’est beaucoup basé sur des archives, sur les archives mêmes de l’écrivain suédois décédé. Il a rencontré beaucoup de personnes qui avaient croisé sa vie. Jan y a vu un intérêt croissant et il a commencé à penser que son enquête pourrait donner un livre très intéressant. Tous les moyens ont été bons pour faire des recherches, y compris en utilisant des moyens modernes. Il a tout simplement fait un travail d’investigation.
Jan Stocklassa- Crédit photo: babelio.fr
Stieg Larsson- Crédit photo: babelio.fr
Le travail de recherches et d’écriture réalisé par Jan Stocklassa est un travail long et difficile, qui ne convient pas à tout le monde. Il a écrit au minimum 3 ou 4 heures par jour. Il n’a pas attendu que l’inspiration lui tombe dessus pour commencer et finaliser son ouvrage. Il a écrit en moyenne 1200 mots par jour. A titre de comparaison, Stephen King en écrit 2000 par jour.
Comment s’y prendre pour écrire un livre de non-fiction?
Pour écrire un livre de non-fiction, il faut déjà trouver une idée et se passionner pour elle. Sans plaisir, je ne vois pas comment on peut aller au bout du processus qu’est l’écriture d’un livre. Le plus important ensuite est de réussir à engager une dynamique et à se mettre en mouvement – soit, faire des recherches et écrire. Je ne cesse de le répéter, l’inspiration vient en faisant les choses, pas en allant brûler des cierges à Lourdes. Du moins, je ne le crois pas …
Prendre des notes sur le sujet qui nous intéresse est déjà une première étape. Les recherches et lectures préalables peuvent vite devenir une étape laborieuse. C’est un vrai défi, qui nécessite de la patience, de la ténacité … et une bonne santé! Pour écrire un livre de non-fiction, je conseillerai de lire des ouvrages de ce genre littéraire, et pas forcément sur la thématique que l’on souhaite développer. C’est important de s’inspirer aussi de ce qui existe déjà. Si les ouvrages que vous lisez sont de bonne qualité, ils pourront vous aider.
Vous ne pourrez pas échapper non plus à un travail de réflexion et d’organisation, une fois vos recherches documentaires terminées. Il vous faudra réfléchir à une liste d’approches originales pour commencer votre ouvrage. Il est primordial d’établir un plan pour savoir, dès le départ, où vous allez. Dans le cas contraire, vous prendriez le risque de vous perdre, voire de vous noyer.
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Selon la thématique choisie, vous serez peut-être obligé de rencontrer des experts, ou des témoins, lire un grand nombre de documents. Ecrire un livre de non-fiction s’apparente à un travail d’enquête, dans lequel l’organisation est de prime importance. Il est évident qu’il faut ordonner les résultats des recherches au fur et à mesure.
A chaque recherche effectuée, il faut “sourcer” les infos, c’est-à-dire indiquer d’où elles proviennent. Vous pouvez le faire sur des fiches bristol cartonnées, de manière classique, ou investir dans un logiciel spécialisé. Il en existe plusieurs, comme Evernote. Il existe un logiciel de ce genre gratuit chez Microsoft, One Note.
Ensuite, pendant la phase d’écriture, il est important de trouver un fil conducteur et de ne pas s’en écarter, au risque de se retrouver bloqué dans sa narration.
Des exemples de livres de non-fiction ayant connu un grand succès
Les livres de non-fiction concernent des domaines très variés – l’histoire, la cuisine, la décoration, les voyages, etc. Elizabeth Kolbert écrit des articles scientifiques pour des magazines très connus. Mais, sa passion est de se pencher sur l’histoire de la vie sur Terre. Voici pourquoi elle a écrit “La sixième Extinction”, qui a connu un grand succès.
L’autrice conclut que nous vivons actuellement la sixième destruction massive sur Terre, en raison des changements que l’homme impose sur la planète. Il s’agit d’un texte informatif, saisissant, qui examine l’influence de l’homme sur la nature et la science.
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Qui aurait envie de lire un ouvrage sur l’intestin ? Et pourtant! Celui que Giulia Enders a écrit, “Le charme discret de l’intestin: tout sur un organe mal aimé” a connu un succès phénoménal à travers le monde. L’auteure rend compte des dernières découvertes sur un organe sous-estimé. Elle explique le rôle joué par notre deuxième cerveau et les organismes qui l’habitent. En écrivant son livre, l’auteure a cherché à faire connaître davantage l’intestin, son rôle et son importance, car on le sous-estime et on le maltraite, même.
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Vous connaissez peut-être l’école française de gastronomie Ferrandi. On serait tenté de croire que reproduire des recettes de cuisine émanant de ce restaurant prestigieux n’est pas de notre niveau. D’innombrables livres de cuisine sont publiés chaque année, et beaucoup connaissent un vif succès, à la suite des émissions télévisées sur la même thématique.
“Le Grand cours de cuisine Ferrandi” présente les techniques de l’école française de gastronomie. Il s’adresse aux amateurs aussi bien qu’aux jeunes qui souhaitent se familiariser avec les secrets du métier de chef de cuisine. Dans un style sobre très appréciable, les auteurs présentent progressivement au lecteur les gestes techniques et les conseils indispensables pour la maîtrise de l’art culinaire, en se basant sur des méthodes pédagogiques propres à la cuisine française.
Vous êtes une bille en bricolage? Alors, le livre de Robert Longechal, “Le grand livre du bricolage pour tous” est pour vous. Ce livre sur le bricolage présente des techniques pour réaliser des travaux domestiques allant du sol au plafond. Il contient plus de 4000 photos et schémas explicatifs pour une exécution facile.
Vous aimez les histoires réelles, les récits de vie. Alors, vous avez sûrement apprécié lire “Wild: perdue et retrouvée sur la côte pacifique ouest” par Cheryl Strayed. L’auteure raconte son voyage à travers les déchirements, la toxicomanie et la solitude sur la côte ouest des États-Unis. Cet excellent ouvrage combine un style autobiographique, des détails et des scènes de la vie courante.
On peut dire du roman de Truman Capote, “De sang froid”, qui retrace la vie et la mort de deux criminels, Perry Smith et Richard Hitckock, qu’il est le roman de non fiction par excellence. Paru en 1966, il apporta gloire et fortune à son auteur. Il ne s’en remit d’ailleurs jamais. Sa recherche documentaire fut, en effet, si approfondie, qu’outre sa durée exceptionnelle, près de cinq ans, elle se traduisit aussi par des liens très étroits avec l’un des condamnés.
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Avez-vous lu “Le chant du bourreau” de Norman Mailer ? Vous devriez! Ce livre raconte la vie et de la mort de Gary Gilmore, un assassin notoire. Cette histoire a été publiée par Norman Mailer en 1980. Auparavant, l’auteur avait déjà publié six autres romans de non- fiction.
Jack Edelstein est un journaliste américain qui a fait toute sa carrière dans un grand journal japonais. Chargé des faits divers, il a pu voir de près l’envers du décor de la société japonaise et le rôle qu’y jouent les yakusas. C’est son histoire personnelle qu’il partage dans son livre “Tokyo Vice” publié en 2017, celle de ses relations finalement douteuses avec les yakusas, sous le regard complice de la police. Depuis, il vit sous protection rapprochée. A noter qu’une série télé, très réaliste, a été tirée de son livre.
“Gomorra” de Robert Saviano est un roman de non fiction sur la pègre italienne. Mais, cette fois, l’auteur, lui aussi journaliste à l’origine, raconte la manière dont l’organisation criminelle, connue sous le nom de la Camorra, s’est infiltrée dans tous les rouages économiques de l’Italie du sud et profite du Système comme le Système profite d’elle. L’enquête prend alors une dimension beaucoup plus générale et rejoint par ses intentions celles des romanciers naturalistes.
En résumé, ce qui ressort de ces exemples, récents ou anciens, c’est qu’un roman de non fiction est d’abord et avant tout un roman journalistique. Au point même que ce genre de roman peut être considéré, dans certains cas, comme l’aboutissement romancé d’une enquête en bonne et due forme. A noter qu’il implique pour son auteur, de ce fait, de prendre les mêmes précautions que celles prises par tout enquêteur. Autrement dit, avant de publier quoi que ce soit, il est impératif de vérifier qu’on peut juridiquement le faire sans risque.
Au fond, un roman basé sur des faits réels n’est guère différent de tous ces romans dit naturalistes comme ceux écrits par Emile Zola ou par Honoré de Balzac. Quand on parle d’un roman de non fiction, on parle d’autre chose. Par principe, rien n’est fictif dans un tel roman.
Des questions à se poser
Si je vous ai présenté ces ouvrages de non-fiction que j’ai particulièrement appréciés, c’est que j’ai bien sûr une idée derrière la tête. J’ai choisi des genres bien différents volontairement. Je peux être éclectique dans mes choix. Ce n’est pas parce que je préfère écrire de la romance pour mes romans que je ne lis que ce genre-là. Ce serait mal me connaître…
Après la lecture de ces ouvrages documentaires, comme pour d’autres d’ailleurs, prenez le temps d’examiner la façon dont les auteurs utilisent les faits et traitent le sujet d’une manière captivante. Voici des questions que vous pouvez vous poser:
- Pourquoi l’approche de l’auteur est-elle originale ou intéressante ? Et en quoi?
- Comment l’auteur intègre-t-il les faits dans son récit ?
- Comment organise-t-il l’information dans son livre ? Se sert-il de sauts de section ? Divise-t-il son texte en chapitres ? A-t-il inclus une table des matières ?
- Comment l’auteur cite-t-il ses sources ?
- Quelle est la partie du livre que vous préférez, et celle que vous n’avez pas aimée ?
L’exemple d’un des romans d’Agatha Christie
Vous connaissez toutes et tous le célèbre roman policier d‘Agatha Christie, “Le crime de l’Orient Express”. Vous pensez que la romancière anglaise a tout inventé. Eh bien, vous avez tout faux. Elle s’est tout simplement inspirée de faits réels, qui ont composé la base de sa trame narrative.
En février 1929, le train de luxe l’Orient-Express, parti de Paris pour Istanbul, disparaît. Pendant 12 jours, on ne sait plus où il est. En fait, il est prisonnier des congères et de la glace à 130 kilomètres d’Istanbul, son terminus. Très vite, les passagers transis, n’ont plus ni eau, ni nourriture. Hormis un pauvre loup, affamé lui aussi, que l’un des passagers parvient à tuer. Pas terrible comme menu. Pire, bientôt, les habitants d’un village voisin leur vendent quelques provisions littéralement à prix d’or. C’est toujours ça de pris pour eux.
C’est à partir de cette histoire qui se terminera bien et qui fera le tour du monde qu’Agatha Miller, épouse de l’aviateur Archibald Christie, écrira l’un de ses meilleurs romans, “Le crime de l’Orient-Express”, paru 5 ans plus tard en 1934.
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Les bénéfices apportés par l’écriture d’un livre de non-fiction
L’écriture d’un livre de non-fiction, qu’il s’agisse d’un guide pratique, d’un ouvrage spécialisé, d’une biographie ou d’un témoignage, peut avoir des avantages considérables pour les auteurs souhaitant partager leurs connaissances et leur message. Au-delà de la simple publication, un livre offre une multitude d’opportunités pour établir sa réputation, développer son réseau professionnel et créer un impact durable à travers une histoire réelle.
Écrire un livre professionnel sur un sujet spécifique démontre une connaissance approfondie et une expertise dans ce domaine. Cela peut vous aider à établir votre réputation en tant qu’expert et à être reconnu comme une autorité dans votre domaine.
Un livre professionnel vous offre une plateforme pour partager vos connaissances et votre expérience avec un large public. Vous pouvez fournir des conseils pratiques, des stratégies éprouvées et des informations pertinentes qui aideront les lecteurs à résoudre des problèmes spécifiques ou à atteindre leurs objectifs.
En guise de conclusion
La littérature dite de non-fiction a, de nos jours, le vent en poupe, notamment depuis les années 2000. Des enquêtes de la journaliste Florence Aubenas aux polars biographiques d’Emmanuel Carrère, ce genre nous permet de saisir le réel et de nous immerger dans des réalités sociétales et politiques.
Aux Etats-Unis, où ce genre littéraire s’est surtout développé dans les années 1950, il n’existe pas de démarcation entre la fiction et la non-fiction, comme cela peut être le cas en France. En fait, on trouve des histoires de non-fiction partout dans notre vie quotidienne: au dos des paquets de céréales jusqu’aux manuels à la bibliothèque.
La littérature de non-fiction est la catégorie littéraire la plus répandue à travers le monde. Elle rencontre beaucoup de succès. Le seul critère des histoires racontées dans les œuvres non fictionnelles, c’est qu’elles doivent être vraies. Si quelque chose dans l’histoire est inventé, alors cela relève de la fiction. La non-fiction doit également contenir des faits, qui sont des informations dont la véracité peut être prouvée.