Dans un article précédent, je vous ai donné neufs conseils prodigués par Bernard Werber pour écrire et devenir écrivain. Dans cet article, je vous propose de vous distiller les derniers conseils qui peuvent vous donner envie d’écrire votre roman.

Il va de soi qu’en dehors d’une motivation absolue que tout écrivain en herbe doit posséder en son for intérieur, écrire est un acte solitaire absolu. Nous sommes seuls avec notre feuille et nous-même. Il faut se sentir capable de s’enfermer plusieurs heures par jour devant un ordinateur, une machine à écrire ou un calepin pour faire vivre notre histoire!

En sommes-nous capables? Il ne suffit pas juste d’avoir envie, c’est déjà un début, certes. Mais, il faut aussi structurer son récit et se structurer soi pour arriver au bout de ce marathon qu’est l’écriture d’un livre.

 

Conseil 9: entretenir l’envie d’écrire

 

Un écrivain peut perdre l’envie d’écrire, comme Victor Hugo lorsqu’il s’est lancé en politique. Il a délaissé l’écriture au profit d’autres causes, certes nobles, mais qui ne lui laissaient plus le temps de composer. Ce n’est que pendant son exil à Guernesey qu’il a pu sérieusement finaliser son roman “Les Misérables”.

Pour réussir à écrire, vous devez surmonter toutes les peurs, y compris celles des jugements lointains de l’école. L’écriture est une activité de plaisir, un mode d’expression, qui a pour but de faire ressortir quelque chose tapi au fond de nous.

Quand vous décidez d’écrire un roman, vous évitez 25 ans de psychanalyse, dixit Bernard Werber!

Pour écrire, vous devez aller chercher la petite étincelle intérieure qui va tout déclencher. C’est l’unique occasion de penser à vous, rien qu’à vous, tout en restant honnête avec vous-même. En somme, une belle rencontre. En écrivant votre livre, vous exprimez ce que vous êtes. Ça vaut le coup, non?

Vous n’avez pas besoin que vos écrits plaisent, ni de vous inquiéter à être publié. Ce n’est pas le but au départ.

 

 

Pour ce faire, il vous faut fixer un rendez-vous avec votre roman comme si c’était une personne. Vous devez avancer de manière régulière, quelques soient la situation ou vos craintes. Renoncez à faire plaisir aux autres: vous écrivez pour vous dans un premier temps!

Comme vous êtes un être unique, vous ne ferez pas comme les autres. Vous allez trouver votre originalité en vous ressourçant et en vous recentrant sur la personne que vous êtes.

 

Conseil 10: créer l’histoire de votre roman

 

Le rêve constitue la matière première de votre histoire, ainsi que l’observation du monde. Un bon écrivain est un bon observateur de son époque, de son temps et de son lieu de vie. Il doit sortir pour pouvoir observer le monde, voyager, rencontrer des gens, se faire raconter des histoires, interviewer d’autres personnes et s’intéresser aux autres. Vous informer et faire des recherches est un élément indispensable également. Faites des repérages pour un lieu; frottez-vous au réel pour être plus crédible.

Un écrivain doit imaginer le passé d’une personne, ce qui la fait souffrir, quel est son talent, sa faiblesse, vers quoi elle devrait évoluer. C’est tout le processus de la création d’un personnage.

En un mot, un écrivain doit être curieux, tout en prenant soin des autres pour créer son personnage.

 

 

Conseil 11: créer la structure du roman

 

La structure du roman, c’est son squelette. C’est dans ce domaine que le romancier peut mieux exprimer sa personnalité. Sa matière première, ce sont ses rêves, ses idées, ses personnages. Tout doit être organisé.

La tête se révèle être le démarrage du récit. L’intrigue est le torse et les pieds composent la chute.

Votre histoire peut être organisée de manière géométrique, avec une montée dramatique: exposition-tension-climax, puis chute. Cette vision des choses est principalement enseignée aux Etats-Unis dans les écoles de scénaristes.

Le héros lutte contre l’adversité et vit des aventures; c’est ce qui en fait un héros d’ailleurs. Il est présenté au début dans la partie exposition de votre roman. Plus l’adversité de ce personnage est forte, plus le héros est méritant. La force méchante -un personnage, un tsunami, quelque chose qui n’est pas forcément humain- empêche le héros de s’exprimer, mais celui-ci va surmonter ses peurs pour arriver à devenir ce qu’il est réellement: c’est l’initiation, la quête.

 

 

L’initiation se fait par étapes, par le biais d’épreuves. Chaque épreuve permet au héros de découvrir une facette de lui-même qu’il ignorait.

Plus le héros se débat dans l’adversité, plus le lecteur est happé. C’est mon cas avec la saga ‘Outlander’ écrite par Diana Gabaldon. Le héros va de rebondissement en rebondissement à en perdre haleine à un rythme effréné, mais c’est précisément cela qui me tient, tout en me disant que je n’aurais pas aimé être à sa place.

 

 

L’écrivain doit tenir le lecteur en ajoutant des difficultés au héros. Ce dernier ne peut pas trouver le trésor caché dès le début de l’histoire; ce serait trop simple et sans intérêt pour le lecteur.

Le climax d’une histoire s’avère l’épreuve la plus difficile. C’est la gestion du roman lui-même. La structure du ‘Comte de Monté Cristo” d’Alexandre Dumas est la structure qui fonctionne le mieux dans l’écriture.

 

 

 

Si vous voulez écrire un roman qui touche tout le monde, refaites ‘Le Comte de Monte Cristo’; il a été refait des tas de fois: un héros injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Comme Jean Valjean dans ‘Les Misérables’ de Victor Hugo. 

 

 

Tout le monde peut s’identifier à ce héros: c’est un être qui se bat, qui subit l’injustice, qui vit des épreuves et puis qui finit par se venger. Dans ce roman du XIXe siècle, le lecteur pense que le héros ne va pas parvenir à résoudre le climax, qui est son gros problème. Mais, grâce à l’imagination d’Alexandre Dumas, un élément inattendu survient, alors que tout semble perdu. Le héros va s’en sortir: c’est la structure classique du conte.

Au niveau du climax, le méchant peut tuer le héros: cette situation est originale. Vous pouvez arrêter le roman en plein milieu avant le climax car le lecteur saura que le héros va perdre.

Vous pouvez aller vers la chute de l’histoire, mais vous vous apercevez que le héros aurait mieux fait d’échouer, car il était le méchant en fait. Vous pouvez vous amuser avec la structure de votre roman. Mais attention à ne pas vous laisser porter par votre personnage: vous devez rester dans la structure choisie car autrement vous prenez le risque de vous perdre. Votre personnage n’est pas vous!

Surtout, Bernard Werber donne le précieux conseil de ne pas enfiler des phrases les unes derrière les autres, comme on enfilerait des perles pour créer un collier. C’est peut-être idéal pour recevoir un prix littéraire, dit-il, mais ce n’est pas forcément l’idéal pour créer un bon roman. Un bon roman se décompose en belles scènes, en coups de théâtre, en révélations extraordinaires.

Transmettre de l’émotion est un ingrédient primordial: le lecteur doit oublier sa vie en lisant votre roman.

 

 

Conseil 12: créer du suspense

 

Un bon romancier a le devoir de surprendre son lecteur. Il faut tout le temps relancer l’intrigue, rechercher la manière de surprendre, même si le roman est autobiographique, tout en ajoutant de l’émotion.

Il convient d’ajouter des muscles au corps du livre: mettre en scène la base du livre, enchaîner les didascalies et les scènes descriptives de l’endroit en question, ainsi que les dialogues. Tout ça constitue une recette de cuisine qu’il faut bien harmoniser, sous peine d’échouer.

Si vous n’écrivez que du dialogue, cela devient du théâtre. Si vous n’insérez que des didascalies, cela manque de nerf.

Vous pouvez imaginer tous les plans que vous souhaitez, comme au cinéma. Tout est possible: vos seules limites sont votre imagination et votre envie.

Les chapitres constituent la découpe du roman. Chaque chapitre doit être conçu comme une nouvelle en soi, avec une situation qui démarre, un développement, une fin surprenante qui appelle le chapitre suivant. Chaque chapitre en soi doit correspondre à une oeuvre d’art.

 

Début. Le début est en général le lieu de la scène d’exposition. On découvre où ça se passe. Quand ça se passe. Qui agit. Et le plus rapidement possible quelle est la problématique. L’idéal est de réduire au maximum le décollage du début, il faut que l’exposition soit la plus rapide possible pour que le lecteur n’attende pas avant d’être dans l’histoire.
Le milieu. Le milieu est souvent le ventre mou du livre. On prolonge la problématique, on en invente des secondaires, on gère la progression dramatique.
La fin c’est soit le coup de théâtre surprise, soit la grande explication de l’histoire cachée, soit l’apothéose.

 

Le romancier doit gérer la tension en diffusant quelques informations au fur et à mesure pour tenir son lecteur en haleine et en créant de la frustration. Mais, il convient de toujours expliquer pourquoi le héros a trouvé tel chemin et pas un autre pour surmonter sa difficulté.

Il faut gérer les doses de frustration, et ne pas donner tout d’un coup. L’écrivain doit toujours dominer son lecteur, mais en le tirant en avant. Le lecteur ne doit jamais dépasser l’auteur. Alors, dans un savant dosage, un romancier va créer du manque, du désir, relâcher doucement l’intrigue.

 

 

Conseil 13: créer les personnages

 

Un personnage intéressant est toujours un personnage qui porte en lui un paradoxe: il se présente d’une certaine manière, mais il finit par être différent de ce qu’il est. N’hésitez pas à observer autour de vous des gens pour lesquels vous avez compris le paradoxe: certains se plaignent d’avoir des problèmes, mais ils vous empêchent de les aider.

Le paradoxe est un précieux ingrédient: il permet de développer l’arc du personnage et de le transformer.

En somme, un bon roman est un roman initiatique dans lequel le personnage du début va finir par devenir différent du personnage à la fin. Alors, dans ce cas, l’initiation s’est bien déroulée. Il faut que le héros ait un problème à régler. Plus l’intérêt est gros, plus l’intérêt du lecteur est fort. Ayez toujours à l’esprit que la lecture reste un plaisir que le lecteur s’octroie après une journée de travail harassante. Tenez-le en haleine jusqu’au bout de votre récit!

Une histoire va révéler qui sont les gens réellement. Plus le personnage se comporte différemment des gens normaux, plus il va être attachant: faites-le souffrir, inventer lui des problèmes. Défoulez-vous sur votre personnage!

Pensez à inventer un langage pour chacun de vos personnages: ils ne peuvent pas penser tous pareil.

 

 

Soignez les caractères de vos personnages principaux en créant une fiche avec leur description physique, leurs tics, leurs vêtements, leur passé, leurs blessures, leurs ambitions ou leurs rêves. Pour commencer à créer des personnages, piochez dans votre entourage familial, amical ou professionnel. Dans tous les cas, rendez vos personnages attachants et crédibles. Le lecteur doit se reconnaître en eux! Un bon livre est un livre qui transforme le lecteur en le faisant se prendre pour le héros!

 

Conseil 14: concevoir la chute du roman

 

Vous devez préparer le chemin vers la révélation, la chute, le choc final. L’art du romancier consiste à bien terminer la chute de son roman. Il doit impérativement penser à la chute avant de commencer à écrire son livre.

Alors, pour ce faire, cette chute doit être originale, surprenante, devenir un moment de jouissance pure pour le lecteur.

 

Conseil 15: la vie du livre

 

Tout bon romancier se doit d’achever son livre, sans jamais baisser les bras.

Avant d’envoyer votre manuscrit à d’éventuels éditeurs, vous devez choisir de bons lecteurs de référence pour donner votre travail à lire au préalable. Ne donnez pas votre ouvrage à des gens qui penseront d’office que votre livre est soit bon ou mauvais.

Un bon lecteur va trouver des points positifs et négatifs dans votre roman. Il va vous donner des conseils pratiques directs et des réponses techniques. Vous devez être prêt à entendre ces critiques ou ces remarques, auxquelles vous devez prêter attention.

Pensez qu’un roman se décide sur les sept premières pages: il faut donc soigner le démarrage. La problématique doit apparaître rapidement et pas à la page 120.

Conseil ultime de Bernard Werber: soignez la première page, la première ligne, le premier mot, c’est-à-dire l’incipit!

 

 

 

En guise de conclusion

 

J’espère que les deux articles et les 15 conseils de Bernard Werber vous ont été utiles. En tous les cas, c’est instructif. Suivre les conseils d’écrivains qui ont vendu leurs romans à des millions d’exemplaires ne peut qu’être la voie à suivre!

Je me suis inscrite à la masterclass  en ligne proposée par Bernard Werber. L’écrivain va nous apprendre à créer, construire des histoires et des personnages pour emporter nos lecteurs dans nos mondes imaginaires.

Je vous ferai part de mon expérience dans de prochains articles.

 

 

 

 

 


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Ça donne envie de se lancer, mais il faut trouver le bon personnage, et ça c’est facile quand on lit, mais sans doute plus difficile pour l’emmener dans un roman. Mais, toi tu peux y arriver, et tu y arriveras à plus ou moins long terme…

    • je participe à 3 concours de nouvelles en ce moment, on verra bien! mais, ça booste!
      il va me falloir dégager du temps, et c’est ce que je compte faire dans mon métier, de moins en moins d’heures!

  • Merci de votre synthèse.
    Personnellement, j’ai beaucoup de difficultés à écrire de longs textes.
    Peut-être pour des nouvelles.
    Après une période où je lisais peu, Bernard Werber avec Les Fourmis m’a remise en selle, depuis je n’arrête plus.
    C’est toujours un plaisir de vous lire et d’écrire avec vos consignes.

    • Merci beaucoup Nicole, c’est toujours un plaisir de lire un commentaire positif.
      J’essaie de me donner du mal à concevoir les articles du blog. Je souhaite surtout conseiller et aider les lecteurs à écrire.

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