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On se pose tous la question de savoir si bien écrire au travail est un luxe ou une obligation. A l’ère de communication que nous connaissons tous azimuts, c’est un comble de ne pas parvenir à s’exprimer correctement. Justement: on n’a jamais eu autant de mal à utiliser ce si bel outil qu’est notre langue française. Pourtant, il est facile de construire des phrases compréhensibles, correctes et adaptées à la situation.

Les enjeux de l’écrit dans les entreprises se sont démultipliés. Pour réussir de nos jours, il faut absolument être réactif, compétent et efficace à l’écrit. Dans le milieu professionnel, le fait est que certaines fautes d’orthographe ou de grammaire sont susceptibles de fortement mettre en cause la crédibilité de son auteur.

Ce cas de figure peut faire perdre beaucoup d’argent à l’entreprise. Pour des raisons historiques, culturelles et économiques, l’orthographe est un véritable marqueur de compétences. Ce propos pourrait vous paraître excessif, mais il reflète bien la réalité. Un CV avec des fautes d’orthographe n’a aucune chance d’être retenu. Pourtant, nous observons des fautes partout …

La baisse du niveau dans les écoles

Toutes les études nationales et internationales le montrent: le niveau en orthographe des écoliers français (je ne peux pas parler des autres pays) affiche une baisse constante et se répercute logiquement dans les courriels et autres écrits professionnels, quand ces écoliers, devenus adultes, arrivent sur le marché de l’emploi. Les fautes d’orthographe connaissent une croissance qui ne semble pas diminuer, en somme une inflation grandissante et bien envahissante. Pourtant, le niveau d’exigence attendu en entreprise en orthographe ne faiblit pas. Une bonne orthographe fait partie itnégrante des comportements sociaux attendus.

Une mauvaise orthographe pointe qu’il y a un manque. On peut trouver, au choix:

  • le manque de culture
  • le manque de valeur
  • le manque de rigueur
  • le manquede respect
  • le manque de politesse
  • le manque d’intelligence
  • le manque de crédibilité
  • le manque de la capacité à communiquer
  • le manque de compétences
  • etc.

Trouvez-vous vraiment que je noircis le tableau? Alors, dites-moi pourquoi lorsqu’une personne commet une faute d’orthographe, cela énerve, cela met mal à l’aise? Les personnes, pour qui l’orthographe n’est pas vraiment une priorité, se trompent lourdement. Certes, l’important est de bien faire son travail, cela va de soi.

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Christelle Martin-Lacroux, chercheuse en sciences de gestion, a d’ailleurs écrit: ” […] À partir de notre orthographe, notre interlocuteur, notre lecteur va se faire une opinion de ce que nous sommes. En termes de traits de caractère, de personnalité, de motivation, de valeurs.” Que cette opinion corresponde ou non à la réalité n’a pas vraiment d’importance: c’est trop tard!

Notre interlocuteur se sera figé sur l’idée que : « Quand même, il (ou elle) fait beaucoup de fautes. Qu’est ce que ça cache ? ». Un peu comme si la faute d’orthographe était l’arbre qui cachait une forêt de défauts beaucoup plus graves.

Pas de faute dans un écrit professionnel

De nos jours, il est quand même difficile d’échapper aux écrits dans notre vie quotidienne. C’est carrément impossible dans le monde professionnel. A un moment donné ou un autre de sa journée, chacun d’entre nous écrira quelque chose, quelques mots, sur un post-it, ou encore un courriel ou un SMS. D’ailleurs, l’écriture est essentiellement numérique aujourd’hui, du fait de l’omniprésence des ordinateurs, des tablettes et des smartphones.

Mais, s’il est bien une chose que le numérique n’a pas encore réussi totalement à faire disparaître, ce sont bien les fautes d’orthographe. Pour l’instant. Dans le monde du travail, une faute d’orthographe n’est jamais une « coquille » ou une « erreur » : c’est une véritable atteinte à l’image de son auteur ou de l’organisation qu’il représente. Les deux perdent considérablement en crédibilité.

Crédit photo: motscles.net

Les fautes d’orthographe: une affaire française bien ancienne

Les fautes d’orthographe, en France, sont une affaire ancienne, mais toujours d’actualité. En France, l’orthographe reste une affaire d’importance, sûrement à mettre en lien avec notre mémoire collective. Après tout, depuis un siècle et demi d’école obligatoire, l’orthographe est indissociable de nos années d’école primaire. C’est une norme sociale qui « incarne le respect du bien commun, à l’égal de la politesse, du bon goût ou d’autres qualités du vivre-ensemble ; […] sa maîtrise est un signe de distinction », affirme Danièle Manesse dans son ouvrage “Orthographe, à qui la faute?”.

Il s’avère qu’aujourd’hui et plus qu’hier, bien écrire sans fautes est devenu plus important. Cette expansion de l’écrit a fait prendre conscience aux entreprises, comme aux employés, qu’il y avait un problème de la maîtrise de l’orthographe et de la grammaire. Selon certaines études, 90% des entreprises constatent que leurs salariés font des fautes. Le fait de recourir à l’écrit peut donc représenter un véritable handicap pour certaines personnes.

Les fautes d’orthographe: la faute à qui?

Au-delà des procès faits à l’école primaire, souvent accusée de consacrer trop de temps à des activités périphériques et insuffisamment aux enseignements fondamentaux, de nombreuses raisons peuvent expliquer ce délitement :

  • éducation parentale privilégiant la télévision au détriment des livres pour les quadragénaires,
  • méthode de lecture globale pour les trentenaires
  • langage SMS pour les générations Y et Z…
  • les correcteurs orthographiques qui donnent à tort l’impression que la maîtrise de l’orthographe n’est plus indispensable.
  • le manque de lecture au profit des écrans
  • l’ère de l’instantaéité – on envoie des dizaines de courriels par jour qu’on ne prend pas forcément le temps de relire avant de les envoyer.
  • etc.

Quoi qu’il en soit, le fait qu’aujourd’hui tout le monde écrive sur des supports numériques n’aggrave pas spécialement cette baisse de niveau, mais la rend visible. Ce qui pose de sérieux problèmes au monde du travail en général et à l’entreprise en particulier.

Crédit photo: facebook.com

L’orthographe comme facteur discriminant

Si l’on est commercial et que l’on est amené à prospecter ou envoyer des courriels à l’extérieur de l’entreprise, on ne peut pas se permettre de faire des erreurs d’orthographe. C’est aussi un problème pour les demandeurs d’emploi et les étudiants. Selon certaines études, 20% des salariés ont vu leur candidateure refusée pour des raisons liées à une non-maîtrise suffisante de la langue française. Vingt autres pourcents affirment que leur carrière a été freinée à cause de la langue écrite. Le constat est clair: l’orthographe peut être discriminante.

Il y a, en France, une « aura » de l’écrit bien orthographié ; c’est le signe par excellence de la valeur d’une personne ou d’une organisation. Une bonne orthographe rend les gens dignes de confiance. À l’inverse, les fautes d’orthographe nuisent fortement à leur crédibilité.

  • Les fautes d’orthographe divisent par 2 les ventes sur les sites d’e-commerce.
  • Les fautes d’orthographe nuisent à la relation de confiance avec les clients.
  • 52% des recruteurs cherchent les traces du candidat sur les réseaux sociaux; 71% ont une opinion défavorable s’ils voient des fautes d’orthographe.
  • Laisser des fautes d’orthographe dans un courrier, c’est donner à voir que vous ou votre entreprise n’êtes ni fiables ni sérieux.
  • Laisser des fautes d’orthographe dans un courriel, c’est laisser penser à un manque de respect à l’égard de votre destinataire.
  • Laisser des fautes d’orthographe dans une lettre de candidature, de motivation ou dans un CV, c’est laisser supposer que vous n’êtes pas consciencieux.

Crédit photo: projet voltaire.fr

Crédit photo: defi-orthographique.com

A expérience égale, les recruteurs rejettent exactement 3 fois plus un dossier comportant des fautes d’orthographe, lexicales ou grammaticales, qu’un dossier sans faute. La seule tolérance semble être les fautes de frappe … et encore! Les recruteurs et autres responsables des ressources humaines attendent toujours qu’un candidat fasse preuve d’une motivation certaine. C’est pourquoi ils ne manqueront pas d’associer une candidature avec des fautes avec un candidat qui n’a pas été vraiment consciencieux dans la rédaction de son dossier. Puis, viendra le temps de la suspicion : « Le poste ne l’intéresse pas suffisamment pour qu’il ait fait relire sa candidature ?« . Et enfin, celui du doute : « Quand il sera en poste, est-ce qu’il aura le le même manque de conscience professionnelle?« .

Des chiffres inquiétants en milieu professionnel

TextMaster l’affirme : 90 % des courriels envoyés à des clients ou à des collaborateurs comporteraient au moins une faute d’orthographe. Ce chiffre passe à 95 % lorsque le courriel est écrit dans une autre langue. Les recruteurs, au sens large du terme, y sont particulièrement attentifs. En effet, une entreprise aurait trois fois plus de risques de voir une affaire lui passer sous le nez si sa proposition contient des fautes d’orthographe. Peu importe leur nombre, une seule maladresse de ce type peut avoir exactement le même impact.

Une enquête Ipsos, menée pour Le Projet Voltaire auprès du 2.500 employeurs et publiée récemment, révèle que 76 % d’entre eux se retrouvent régulièrement face aux lacunes de leurs salariés. Selon 93 % des interrogés, les répercussions sont importantes sur l’entreprise. Le baromètre soulève que les conséquences portent sur “leur crédibilité et leur efficacité professionnelle et, par conséquent, sur la réputation, la productivité et même la performance financière des entreprises.”

Les réseaux sociaux sont également concernés par le phénomène, si ce n’est plus. Penser que la faute d’orthographe a moins de conséquences sur les réseaux sociaux est une illusion. Plus les supports de communication se multiplient, plus les clients et les partenaires disposent de moyens pour se faire une idée de l’entreprise en question. Autant de raisons de soigner ses supports, quels qu’ils soient. D’ici quelques années, les entreprises n’auront pas d’autres choix que de prendre le problème à bras-le-corps si elles souhaitent gagner de nouveaux marchés.

Crédit photo: Iscriba.com

Les enjeux des écrits professionnels aujourd’hui

Avec les nouvelles technologies, l’ère du “tout communiquer”, les échanges d’informations plus rapides et constantes, les supports dématérialisés, les messages mal interprétés à cause des fautes a des effets négatifs incroyables. Les objectifs de l’écrit en entreprise sont multiples:

  • présenter des résultats, des événements
  • transmettre une position de l’entreprise sur un sujet
  • réaliser une réclamation
  • informer, former, expliquer
  • solliciter des informations, des actions
  • donner des instructions
  • etc.

Avec la forte croissance du télétravail, cette nouvelle façon de travailler chez soi nécessite des facultés d’expression encore plus grandes. Cette tendance s’est affirmée depuis la crise sanitaire et la démocratisation du télétravail. En effet, 90 % des employeurs sondés jugent que la qualité de l’expression écrite est nécessaire, notamment depuis la pandémie. 88 % le pensent concernant l’expression orale.

Crédit photo: culturedys.com

Le temps des solutions

C’est au DRH que revient de traiter la question au sein des entreprises. Il doit, pour ce faire, engager un travail intensif de sensibilisation de la direction et du management. La méthode permettant de parer au plus urgent consiste à identifier les fonctions dans lesquelles l’orthographe peut impacter l’image de l’entreprise, puis à estimer le nombre de collaborateurs concernés. Il est nécessaire pour être efficace d’agir à deux niveaux :

  • lors des recrutements, en faisant d’une orthographe correcte un critère important de sélection des candidats.
  • en interne, en organisant des mises (ou remises) à niveau pour les salariés.

Les certifications peuvent apporter une aide précieuse aux DRH dans leur tâche. Aujourd’hui bien connu, le certificat Voltaire a été passé par plus de 50 000 étudiants et salariés désireux de soigner leur expression écrite depuis sa création en 2010. De son côté, la certification Le Robert s’est forgée en peu de temps une jolie réputation. Opérateur de celle-ci, la société Orthodidacte se consacre depuis neuf ans à l’édition de logiciels pour améliorer l’orthographe et les écrits professionnels.

Guillaume Terrien, l’un de ses cofondateurs, connaît d’autant mieux son sujet qu’il a été le plus jeune champion de France d’orthographe : « la certification compte de plus en plus puisque les formations doivent à présent être certifiantes, d’où notre décision de mettre en place une certification en partenariat avec les éditions Le Robert ». Celle-ci permet de certifier un spectre de compétences plus large que l’orthographe, en allant jusqu’au style et au vocabulaire.

crédit photo: toutube.com

En guise de conclusion

Pourquoi ne pas vivre et faire vivre l’orthographe davantage comme un jeu plutôt que comme une contrainte? Certes, l’orthographe de la langue française est souvent boudée, car elle est jugée trop complexe. Construite sur des querelles et sur des irrégularités, l’orthographe française n’a de prime abord rien de facile. Elle continue d’ailleurs à déchainer les passions à l’Académie Française, ses réformes apparaissent nécessaires, mais difficiles. Avec tout cela, on comprend mieux pourquoi autant d’employés sont mal à l’aise avec l’orthographe française car la richesse de notre langue fait aussi sa complexité.

Il ne faut pas craindre de suivre des formations pour s’améliorer en français. La démarche est plutôt louable et courageuse. Maîtriser ce point n’est pas accessoire et ne doit pas être optionnel. Il existe un bon nombre de solutions, accessibles à un coût raisonnable ou qui peuvent être prises en charge par l’entreprise.

Pour s’améliorer, rien ne remplace les exercices et l’entraînement et surtout, la lecture. Les fautes d’orthographe ne sont pas une honte et ne devraient pas être une barrière infranchissable dans une carrière. S’améliorer en orthographe demande des efforts, beaucoup d’efforts, du temps, et des moyens mis à disposition.

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Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Bonjour
    Il ne faudrait quand même pas oublier dans cette problématique la dyslexie et la dysorthographie qui sont de véritables troubles neurologiques, difficilement rééducables, sauf s’ils sont diagnostiqués chez l’enfant très jeune.

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