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On pourrait être tenté de croire qu’écrire un livre est l’étape la plus dure. Certes. Mais, l’étape de la publication reste compliquée et ardue à traverser, pour celles et ceux qui ne souhaitent pas laisser leur manuscrit se transformer en poussière au fond d’un tiroir.

Il est fort rare qu’un écrivain, de nos jours, trouve un éditeur complaisant tout de suite. Comme je l’ai déjà mentionné dans des articles précédents, les maisons d’édition croulent sous les manuscrits. Il faut savoir qu’elles ne publient que 2 ou 3 nouveaux romans chaque année. Pas plus! La concurrence est rude, croyez-moi!

Tout auteur n’a qu’une envie: se faire remarquer par un éditeur. Combien de lettres de refus un auteur peut-il recevoir avant d’être édité? Mêmes les écrivains les plus connus vous le diront: ce chemin peut vite devenir un chemin de croix! Personne ne peut nous garantir que notre livre sera publié un jour. Voici pourquoi je vous mets en garde et vous délivre certains conseils, que j’ai observés au fil de ma pratique.

1er conseil: bien choisir sa maison d’édition

Ce conseil paraît tellement évident qu’il vous semble superflu. Eh bien non! Si vous écrivez de la romance et que vous envoyez votre manuscrit à un éditeur spécialisé dans la fantasy, vous perdez votre temps et faites perdre le temps de cette personne par la même occasion. Combien de manuscrits sont bêtement jetés parce qu’ils ne correspondent pas à la ligne éditoriale de la maison d’édition? Un grand nombre! C’est du temps perdu et de l’argent gâché!

Seulement 1 à 5% des manuscrits envoyés à des maisons d’édition, sur des milliers, sont publiés, et parmi cette sélection, de nombreux auteurs ont déjà été édités et sont déjà connus…ce qui restreint considérablement le champ des possibles. Si vous évitez déjà l’erreur de la mauvaise maison d’édition, vous risquez de moins vous faire rejeter.

Ayez en tête, surtout avec une inflation galopante, du moins en France, le coût du papier a considérablement augmenté, sans parler du coût de la reliure. Internet est là pour vous renseigner. Cherchez la maison d’édition qui correspond au genre dans lequel vous écrivez. Allez fouiner du côté des maisons d’édition des romans que vous lisez et dont vous vous inspirez. Il vaut mieux choisir un éditeur de manière consciente et cohérente, ce que vous pouvez préciser dans votre lettre d’accompagnement.

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2e conseil: respecter les conditions d’envoi

Chaque maison d’édition a des demandes spécifiques qui accompagnent l’envoi d’un livre. A vous de vérifier sur Internet les conditions prérequises à cet effet. Renseignez-vous bien pour le format requis (certaines demandes sont très précises dans ce domaine), l’adresse d’envoi ou l’envoi par Internet, ou toute autre indication qui pourrait être mentionnée.

Pendant le confinement dû à la crise sanitaire en 2020, on pouvait voir sur le site Internet des éditions Gallimard l’accroche suivante: “Arrêtez de nous envoyer des manuscrits”. En effet, cette maison d’édition, comme les autres, croûlait sous les manuscrits. Les gens se sont soudain mis à écrire de plus belle, sous l’effet de l’ennui sans doute, provoqué par ces semaines de repli.

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3e conseil: bien rédiger sa lettre d’accompagnement

Vous devez impérativement insérer une lettre d’accompagnement à l’envoi de votre manuscrit. N’importe quel éditeur juge un auteur à partir de celle-ci, à la manière d’une lettre de motivation pour les employeurs. Cela lui permet de vous jauger et de se faire une idée de votre valeur. C’est peut-être réducteur, mais c’est ainsi que cela fonctionne dans les maisons d’édition. Il faut arrêter de croire au père Noël dans ce monde éditorial!

La lettre d’accompagnement doit décrire succinctement le contenu de votre ouvrage, pour vérifier qu’il convient bien à la ligne éditoriale. L’éditeur doit s’assurer que l’intrigue est prometteuse. Il ne peut pas se permettre de vendre de la “daube”. Une maison d’édition doit être rentable, comme n’importe quelle entreprise. Si elle ne fait pas de bénéfices, elle ferme ses portes, un point c’est tout. Désolée de casser un mythe, mais la réalité de notre monde est là. Aucune maison d’édition ne publie juste par philantropie!

La lettre d’accompagnement doit donner votre vision d’auteur, et mentionner ce pourquoi vous écrivez et quelles sont vos valeurs. Si le manuscrit n’est pas forcément lu, cette lettre est lue. C’est même la première chose que fait un éditeur, ou son service éditorial. La lettre d’accompagnement doit allumer une petite lumière dans l’esprit de l’éditeur.

Evitez d’être narcissique et de trop dévoiler votre égo pressé d’en découdre. Ce serait maladroit et malvenu. Restez humble, mais efficace. Ne vous perdez pas dans les limbes d’un langage précieux, qui serait considéré, à raison, comme prétentieux. Vous seriez complètement à côté de la plaque. Vous afficheriez alors un manque viral de confiance en vous! Vous valez mieux que cela!

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Voici en prime quelques conseils à suivre pour rendre votre lettre d’accompagnement plus efficace:

  • Evitez de parler de votre vie (ce sera pour l’entretien avec votre éditeur).
  • Evitez l’autocongratulation et l’autolouange (vous n’êtes pas vraiment un écrivain si vous vous permettez ce genre d’attitude).
  • Evitez la flatterie vis-à-vis de l’éditeur (vous faites fausse route et vous seriez considéré comme grossier).
  • Evitez la fausse humilité (du genre “je sais que je ne suis personne…”).
  • Evitez l’humour (gardez-le pour plus tard quand vous aurez noué des relations avec votre éditeur).
  • Evitez les phrases clichés (du genre “j’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire mon manuscrit que j’ai eu à l’écrire…).

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Bien sûr, il faut séduire un futur éditeur, mais pas à n’importe quelle condition. Ce n’est pas une relation amoureuse que vous allez créer, mais une relation commerciale. Dans une lettre d’accompagnement idéale, vous donnez les informations suivantes:

  • Expliquez les raisons qui vous ont poussé à vouloir publier dans telle maison d’édition.
  • Défendez le genre dans lequel vous écrivez, en citant au moins un livre de la maison d’édition dans ce genre que vous avez apprécié.
  • Dites qui vous êtes, sans entrer dans les détails. Quelques phrases courtes, mais pertinentes, sur votre parcours de vie suffiront. Cherchez plutôt votre spécificité, plutôt que l’originalité!
  • Précisez ce que votre livre contient. Informez l’éditeur du titre, un pitch en une phrase et 1 ou 2 autres phrases pour expliquer votre démarche et votre genre littéraire.
  • Ne faites pas de 4e de couverture.
  • Insérez une formule de politesse, cela va de soi. Juste une phrase simple et respectueuse.
  • Suivez votre instinct, plus que tous les conseils que vous pourrez lire, y compris les miens!

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4e conseil: présenter son manuscrit de façon neutre

L’éditeur veut publier un futur écrivain à succès, pas un guignol. Pour ce faire, n’envoyez pas un manuscrit décoré, avec des fioritures, ou avec des couvertures auxquelles vous auriez pensées. Ce n’est pas votre job, on est d’accord! Quand vous envoyez un manuscrit, vous n’êtes pas un amateur de scrapbooking, que je sache!

Votre roman doit être présenté de la façon suivante, quand vous vous sentez prêt à l’envoyer:

  • Utilisez la police d’écriture du Times New Roman, taille 12 avec des interlignes 2 et rien d’autre. Dans le cas contraire, votre manuscrit finira directement à la poubelle.
  • Insérez le titre et votre nom sur la première page.
  • Imprimez seulement en recto.
  • Insérez un alinéa à chaque début de paragraphe. Pas de saut de ligne entre les paragraphes.
  • Insérez un tiret semi-cadratin pour les dialogues.
  • Numérotez vos pages.
  • Faites des marges de 2.5 cm (à voir avec l’diteur cependant).

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5e conseil: soigner son orthographe

Quel éditeur aurait envie de lire un manuscrit truffé de fautes d’orthographe? C’est une chose que vous ne pouvez pas vous permettre. Si vous êtes négligent dans ce domaine, votre manuscrit ira dirtectement à la poubelle. L’orthographe n’est pas tout. Il faut prendre le soin de vérifier sa grammaire, sa conjugaison souvent défaillante, sa syntaxe, ses erreurs de typographie, ses répétitions, ses pléonasmes, ses clichés, etc.

Si vous doutez de vous, faites appel à un correcteur. Il vaut mieux sacrifier un peu de ses économies à ce travail de relecture-correction que de perdre son temps.

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6e conseil: travailler son incipit

D’excellents manuscrits finissent à la poubelle à cause de leur incipit défaillant, quand bien même l’intrigue est passionnante et les personnages attachants. L’incipit correspond aux premières lignes d’un roman. Elles doivent accrocher le lecteur et lui donner envie de poursuivre sa lecture.

Reprenez des romans que vous avez aimés et relisez chaque incipit avec soin. Inspirez-vous de ces premières lignes, sans les copier naturellement. Un écrivain doit toujours se former, à lire et relire les textes des autres auteurs. C’est tout autant formateur que de suivre un nombre conséquent de formations.

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7e conseil: soigner son épilogue

Au même titre que vous avez soigné votre incipit, soignez votre épiloque. Vous ne pouvez pas vous permettre de le bâcler. Il ne doit pas arriver comme un cheveu sur la soupe. Ce serait une grave erreur de votre part. Chaque éditeur lit l’accroche du livre qu’il choisit de lire et la fin, voire quelques pages au hasard au milieu, avant de s’attaquer ou non à la lecture complète.

La fin est tout aussi importante que le début. Les derniers mots doivent laisser une impression durable et résoudre toutes les questions soulevées et les problèmes rencontrés au fil des pages.

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8e conseil: soigner son style

L’intrigue ne fait pas tout. Le style ne fait pas tout non plus. On n’écrit plus de nos jours à la manière de Chateaubriand. Adaptez votre style au genre dans lequel vous écrivez. Adaptez-vous à l’époque dans laquelle nous vivons. Evitez un style par trop ampoulé. Vous risqueriez de rebuter l’aditeur et le lecteur à agir ainsi.

Voici quelques conseils à suivre dans le domaine du style:

  • Optez pour un style simple, mais efficace, qui privilégie l’intrigue. Ne dit-on pas que la vraie simplicité est la marque du génie?
  • Evitez un style alambiqué et ampoulé. On risquerait de se perdre dans le style et de ne pas s’intéresser à l’intrigue. C’est un écueil fréquent chez les auteurs débutants.
  • Adoptez un style fluide.
  • Respectez les règles de stylistique.

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9e conseil: le plagiat ne passera pas par vous!

Mettez-vous une seule seconde à la place d’un auteur que vous auriez envie de plagier. Vous ressentiriez une colère légitime, n’est-ce-pas? A juste titre! Copier un roman est un acte illégal, répréhensible par la loi et passible de poursuites judiciaires. Vous voulez être connu pour votre talent, et pas pour celui d’un autre! Comme je vous comprends! Vous souhaitez être légitime et faire les gros titres dans les médias pour votre talent, et non parce que vous seriez devenu une imposture!

Ne prenez jamais les éditeurs ni les lecteurs pour des andouilles. Les gens ne sont pas si incultes qu’on veut bien nous le faire croire! Si vous imitez le style d’un auteur, ce n’est pas du plagiat. Certes, vous ne serez pas original, mais au moins, vous resterez honnête. A vrai dire, c’est souvent de cette façon qu’un auteur débute.

Crédit photo: kobowritinglife.fr

10e conseil: surfer sur un succès d’un autre auteur

Pratiquer ce genre de méthode reviendrait à signaler aux autres que vous manquez d’originalité et que vous n’êtes guère compétent dans votre art. Il n’y a aucune boîte dans laquelle seraient compilées des idées à succès. Un succès rencontre un public et son époque. Ce n’est pas l’idée qui crée le succès. Alors, écrivez vos propres idées, vos propres visions. Vous n’écrivez pas que pour ganger un maximum d’argent, n’est-ce-pas? Si tel est le cas, vous aurez plus de chances au casino!

Crédit photo: parlonssciences.ca

En guise de conclusion

Je pourrais ainsi égrener un bon nombre de conseils pour vous aider dans votre processus d’écriture. Faites en sorte que votre manuscrit ne soit pas trop long. Il vaut mieux le décomposer en plusieurs tomes que d’envoyer 1000 pages d’un coup. Faites-en plutôt une saga. Ou alors relisez-vous bien et supprimer tous les superflus!

Il est vrai que certains genres littéraires, notamment la fantasy, ont le vent en poupe. D’autres, comme la poésie ou l’autobiographie, ne se vendent pas, ou très peu, à moins d’être une personnalité connue ou “people”.

Ecrire un livre et le publier n’est pas un long fleuve tranquille. Loin de là! Mais quelle aventure! Quant à moi, malgre mon modeste succès, je prends plaisir à toutes les étapes de la fabrication d’une histoire, jusqu’à sa publication en autoédition. Ce qui me paraissait être d’une infinie complexité il y a 3 ans est devenu une étape que je maîtrise, après bien des découragements et des pleurs parfois. Je fais tout seule et j’en suis fière! En même temps, je n’ai pas les moyens de faire appel à des professionnels!


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Le monde de l’édition change. on peut également envoyer en numérique, mais pas partout. L’autoédition peut s’avérer un tremplin, ça a marché pour certains (valogne, Lugan-Martin…), mais ça reste difficile de se faire connaître, d’autant plus que nous pourrions nous sentir illégitimes…

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