Trouver son style en écriture est aussi compliqué que de trouver son style vestimentaire, ou de connaître vraiment ses goûts dans différents domaines. Pour trouver la voie qui nous convient, on peut se chercher longtemps. On essaie, on recommence, on réfléchit, et un jour, la lumière se fait.

La question de trouver son propre style hantent un certain nombre d’autrices et d’auteurs. Bien évidemment, une belle plume attire les lecteurs. La question serait plutôt de se demander ce qu’est un style d’écriture et comment on peut le définir. Peut-on vraiment le choisir?

À l’instar de la peinture ou de la sculpture, en littérature il vaut mieux éviter de suivre des règles bien définies. Le style d’un auteur lui appartient, il nécessite du temps et du travail afin d’être réveillé et de révéler son potentiel.

Ne pas forcer son style

L’influence de grands auteurs est intéressante, à condition qu’elle n’empêche pas sa propre créativité. Il faut se servir de ces auteurs de référence comme d’exemples, mais tout écrivain en herbe doit savoir se détacher du maître afin de ne pas le copier. En effet, quand on aime profondément un auteur et un style, on est souvent tenté de l’imiter. S’en inspirer comme d’une base de travail est possible, mais il vaut mieux éviter de le copier. Observez-le, mais gardez votre style, votre façon de faire et d’écrire.

Les auteurs sont nombreux à chercher à tout prix « leur style » pour en faire une marque de fabrique. Mais, il n’est nul besoin de forcer le trait pour se démarquer. Le risque est de basculer dans le faux et de produire une écriture qui ne vous ressemble pas. Or, il est primordial d’être soi-même car l’écriture requiert de la sincérité.

Un bon écrivain, c’est celui qui sait transmettre ses émotions avec justesse. Forcer son style n’est donc pas une bonne idée. Colette ne disait-elle pas « On ne fait bien que ce qu’on aime » ? Un style, c’est une manière de s’exprimer. Il est donc propre à chaque auteur. Pour trouver votre style, soyez patient et persévérant.

Des conseils pour améliorer son style

Quels sont les leviers à activer pour progresser dans son écriture? Telle est la question. Comment exercer sa plume au quotidien et améliorer son style d’écriture? A mon avis le plus humble, le premier conseil est d’éviter absolument le superflu. Evitez les phrases longues et favorisez plutôt les phrases courtes. Elles permettent une compréhension plus aisée et apportent plus de rythme. Le style ampoulé à la Balzac n’est plus de mise de nos jours.

Ne décrivez pas juste pour le plaisir de tout décrire. une description doit servir à quelque chose. Ce n’est pas une décoration. Elle doit servir le récit. Idem pour les dialogues: ils doivent justifier leur présence en soutenant l’intrigue.

Utilisez moins de mots. Votre récit n’en sera que plus fluide. Un texte plus facile à comprendre sera plus agréable à lire. Même si cela vous fend le coeur, c’est le style de notre époque. Nous sommes au XXIe siècle et tout auteur doit se conformer aux pratiques du moment, sous peine de ne pas exister.

Tenir son lecteur en haleine est indispensable pour qu’il continue de tourner les pages. Pour ce faire, il faut créer des ruptures de rythme. Dans la construction de votre récit, il est nécessaire d’alterner action, dialogues, descriptions et retours dans le passé.

La richesse de la langue française ne permet aucun écart en ce qui concerne les répétitions. Il faut bannir l’utilisation d’un même mot ou d’une même expression à quelques lignes d’écart. Dès lors, le dictionnaire des synonymes peut s’avérer précieux. Mais il vous faudra également traquer les pléonasmes et éviter les anaphores.

La langue française est incroyablement riche et sa subtilité est étonnante. La maîtrise d’une langue est un art. Choisissez vos mots avec soin, leurs nuances apportent des précisions et donc autant de saveur à votre récit. À l’inverse, en cas de mot mal choisi, c’est la fausse note garantie, qu’on ne vous pardonnera pas.

Essayer de « trouver » votre style en dénaturant le français serait une grave erreur. Vous démarquer est important, certes, mais il faut le faire dans les règles de l’art. Vous ne devez pas vous soustraire aux règles de la langue française : respectez la syntaxe, les règles typographiques, soignez le vocabulaire, évitez les répétitions.

Des conseils pour progresser en écriture

Je ne vous donnerai qu’un seul conseil: lire, encore et encore. Lire vous inspirera. S’il est évident qu’il ne faut pas essayer de copier le style d’un auteur, lire vous donnera des idées. L’exercice régulier de la lecture vous permettra de définir le style vers lequel vous voulez tendre. Lisez de tous les genres, y compris ceux que vous affectionnez le moins.

Ensuite, écrivez, encore et toujours. À l’instar de la pratique de la lecture, exercez-vous assidûment à l’écriture. Cela fait aussi partie du processus de progression. Écrire souvent est nécessaire pour exercer votre plume, affiner votre style, gagner en automatisme. Multipliez les expériences, chaque jour. Faites de votre quotidien des histoires à raconter. Exprimez vos sentiments, tenez un journal au jour le jour, décrivez votre quotidien dans les transports, au travail, au parc… Si vous pensez manquer d’autodiscipline, optez pour un atelier d’écriture ou inscrivez-vous à des concours littéraires.

En littérature, vous faites comme le peintre: le style ne s’apprend pas, il se travaille. Il n’existe aucune règle prédéfinie. Personne n’a enseigné à Edouard Manet, à Auguste Renoir ou à Alfred Sisley l’impressionnisme. Personne n’a enseigné à Pablo Picasso le cubisme. Le style d’un auteur lui appartient.

Tous les auteurs ont un style, mais ne sont pas nécessairement pour cela de bons écrivains, car avoir un style n’est pas une fin en soi. Il ne faut pas se démarquer pour le simple fait de se distinguer des autres, mais plutôt se révéler et transmettre sa personnalité dans une forme de sincérité. Apprivoiser le langage, le revoir, le réinventer pour le faire sien, et trouver son style. Voilà la démarche à suivre.

Un contemporain de Socrate ne pouvait pas écrire comme un contemporain de Balzac, et, dans un autre art – puisqu’en un certain sens, toute littérature est donc liée à une langue – un contemporain de Goethe ne pouvait pas écrire comme un contemporain de Cervantès. A cet égard, la manière de s’exprimer est liée aux moyens dont l’artiste dispose et à son époque.

Cultiver son originalité

Pour cultiver son originalité, il faut d’abord comprendre le sens de son propre travail. Posez-vous donc la question: en quoi êtes-vous original? Il est évident que tous les sujets ont déjà été traités en littérature. Il faut donc se démarquer, c’est sûr. Mais, ce que vous écrivez doit être différent de ce qui a déjà été publié.

Pour ce faire, choisissez une narration originale, changez la forme du plan. Ayez la volonté de chercher d’autres outils pour sortir du domaine de l’intrigue classique, comme la magie, la psychiatrie, la géographie. Je ne peux que vous conseiller de cultiver votre différence. C’est un atout certain. Offrez de la liberté à votre intrigue. Suivez vos idées, amusez-vous, faites-vous plaisir. En matière d’intrigue, la rigidité n’a pas de mise. Laissez-vous surprendre et placez vos ambitions toujours plus haut. Surprenez le lecteur, il aime ça.

Faites passer vos convictions dans votre livre. Ne craignez pas le jugement des autres. Avancez malgré tout, même quand vous vous sentez bloqué. Un blocage, c’est la peur d’être jugé ou le fait que vous cherchiez la perfection. La perfection n’existe pas. Donc, vous ne l’atteindrez jamais. Nous sommes tous différents. Il va de soi que chaque auteur est différent. L’originalité ne vient pas que de l’intrigue que vous imaginez, mais de vous. Vous êtes un être unique!

Chaque auteur a son ton, sa façon d’écrire, sa façon de raconter. C’est là la première originalité de tout récit. Aucun roman ne sera identique à un autre, même si la même thématique apparaît au travers des lignes. Le point de vue sera différent, les temps de narration aussi, les personnages n’auront rien à voir. Vous trouverez votre voix à tâtons, c’est sûr, parfois sur plusieurs projets au fil des ans.

L’originalité d’une histoire peut aussi être dopée par un personnage différent, original, atypique, soit par ses caractéristiques physiques, mentales, soir par son caractère. Sherlock Holmes : on avait déjà lu des romans policiers. L’originalité des textes de Sir Conan Doyle est d’avoir créé un personnage différent des autres détectives, façon Hercule Poirot par exemple. Prenez Jack Sparrow : on avait déjà vu des films de pirates. Le personnage de Jack Sparrow, maniéré, narcissique et un peu fou, tranche avec l’idée que l’on se fait des pirates sanguinaires et sanguins.

En guise de conclusion

Les mots sont communs à tous les auteurs, de romans, de chansons, de scénarios. Ce qui fera la différence entre tous, c’est la façon de les assembler. Un style est lié à l’identité de son auteur. C’est sa signature, son empreinte. Le style est propre à chaque plume.

Le style est paradoxalement ce que le lecteur va percevoir en premier. C’est la première invitation offerte au lecteur. Ensuite, l’histoire et le fond vont progressivement jouer leur rôle. Une intrigue passionnante perd tout son intérêt si elle est mal racontée. En revanche, à partir d’une intrigue banale, un bon écrivain en fera un chef d’oeuvre.

Ce qui fait un bon roman, c’est la manière dont l’histoire est menée, la manière dont le rythme est tenu, l’expression, la construction, le choix des phrases et des mots, leurs combinaisons et leurs enchaînements.

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