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Pour commencer à écrire, il faut trouver son univers en écriture. Cela commence par mieux se connaître soi-même. Concevoir un univers demande un solide travail de réflexion qui débute bien avant la phase d’écriture de tout roman.

Il n’y a aucune ambiguïté: créer un univers ne signifie pas forcément créer un univers de science-fiction ou de fantasy. Ce que vous allez créer devient le coeur de l’histoire. Quand vous créez une histoire, vous créez forcément un monde, avec ses interactions sociales, psychologiques et ses problèmes.

Votre objectif premier quand vous écrivez est de transporter vos lecteurs et de les embarquer dans les aventures de vos personnages au fil des pages. L’univers ainsi créé est un savant mélange entre un environnement, un contexte, des personnages et une intrigue. Le tout doit s’articuler à merveille pour que le roman fonctionne.

Se créer un univers

On ne s’invente pas un univers d’écriture du jour au lendemain. Cela se construit au fil des années, à travers nos lectures, nos expériences de vie, nos rencontres, nos voyages. Le goût pour l’écriture se forge ainsi. On prend aussi, tout jeune, l’habitude de manier la langue en écrivant des poèmes d’ados ou de courtes histoires. On écrit toujours à partir de ce que l’on connait, à partir d’un vécu, d’impressions de lectures ou de films, de traces conscientes et inconscientes. L’écriture peut souvent être perçue comme une enquête ou une quête sur soi dans le monde qui nous entoure.

Le plus important quand on souhaite écrire est de savoir faire émerger sa voix et son univers, trouver la langue qui va porter chaque projet, pour finir par se laisser traverser par ce flux. Il est important, pour une autrice ou un auteur, de se placer dans un environnement narratif en adéquation avec son histoire personnelle et ses aspirations profondes. Sans cela, l’énergie créative de l’écriture peut vite s’épuiser.

L’écriture est, avant tout, une plongée initiatique dans la mémoire des récits, passés ou à venir. Pour aller au bout de l’écriture d’un roman, il faut être opiniâtre, patient. Il faut aimer se bagarrer avec ses démons intérieurs. Il faut trouver une langue qui n’est pas celle des autres, un univers propre à soi qui dit quelque chose de soi.

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Si vous désirez ardemment écrire dans le genre historique, bien sûr le travail de documentation sera conséquent. Vous ne pouvez pas inventer des faits historiques. Vous devez comprendre le monde dans lequel vos personnages vont évoluer. Vous ne pouvez pas vous contenter de vos souvenirs, de stéréotypes ou d’images simplistes. Vous devez donc travailler votre sujet un minimum en prenant du plaisir à apprendre. Vous devez savoir de quoi vous parlez dans votre roman, sans assommer ensuite le lecteur avec des détails indigestes. Rappelez-vous toujours que vous écrivez un roman, pas une thèse sur telle période historique.

Créer son univers langagier

Le vocabulaire utilisé dans un roman a une grande importance. Vous devez absolument adapter votre vocabulaire à l’univers que vous avez créé. Le vocabulaire doit s’adapter à l’époque et au contexte de l’action. C’est que vous pourrez trouver si vous lisez “Gagner la guerre” de Jean-Philippe Jaworsky: il a emprunté des mots issus de catégories sociales bien précises existant au Moyen-Age.

Dans l’univers langagier, vous devez montrer au lecteur que vous avez travaillé votre sujet. Evitez à tout prix les anachronismes, qui consisterait à ne pas remettre un événement à sa date ou dans son époque, ou une confusion entre des époques différentes. L’anachronisme s’applique également au vocabulaire. On peut alors penser aux anglicismes, aux expressions et termes anachroniques qui peuvent parfois se glisser par-ci par-là par habitude.

Le registre langagier que vous allez utiliser doit être adapté aux personnages, autant dans les dialogues que dans la narration elle-même. La façon de parler de chacun est nuancée par le milieu familial, social, l’âge, le pays ou la région où on habite. Si votre personnage vient d’un pays étranger, il ne va pas parler la langue du Titi parisien.

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Chaque personnage doit être en accord avec ce qu’il dit. Vous trouveriez bizarre qu’un enfant de 5 ans s’exprime comme un adulte, à moins qu’il ne soit excessivement précoce? Evitez aussi de gaver le lecteur avec un tas de mots étrangers, sauf si cela sert l’intrigue. Les lecteurs ne sont pas tous polyglottes. C’est une lourdeur inutile. Essayez plutôt d’intercaler des mots plus ou moins transparents, ou ceux qu’on connaît dans certaines langues.

Ayez toujours à l’esprit que les mots que vous utilisez ne sont pas forcément évidents à comprendre pour tout le monde. Si vous insérez des mots compliqués ou étrangers, ajoutez des notes en bas de pages, ou un petit glossaire en fin de chapitre. N’utilisez pas trop de termes spécifiques tout de même, au risque d’alourdir votre narration ou de perdre votre lecteur.

Créer des personnages consistants

Même dans des mondes de science-fiction ou de fantasy, et quel que soit le genre dans lequel vous écrivez, vos personnages doivent paraître humains. Vos lecteurs doivent s’y attacher et y trouver un intérêt pour poursuivre leur lecture, voire s’identifier à eux. Vos personnages portent l’intrigue que vous avez créée. Vous ne pouvez pas passer à côté de vos héros.

Ayez toujours à l’esprit que vos personnages sont le reflet de la société dans laquelle ils évoluent. Ils ont forcément un impact sur le monde qui les entoure. Rendez-les donc réalistes, plus vrais que nature. Ils doivent avoir une vraie personnalité, des valeurs, un physique qui se rapproche de ceux qui existent dans la réalité, bref, une vraie identité.

Pour créer des personnages dignes de ce nom, observez les gens autour de vous, ceux de votre entourage ou des inconnus. C’est une très bonne école que d’observer le physique, la démarche, l’allure générale, l’attitude de gens qu’on peut croiser. Il faut aiguiser votre œil à cet exercice.

Créer une intrigue consistante

L’intrigue que vous inventez doit happer le lecteur. Par votre intrigue, vous devez l’emmener dans votre univers pour lui faire explorer. Pour ce faire, vous devez savoir où vous allez, du moins dans les grandes lignes. Pensez au schéma narratif, dont les professeurs de français nous ont rabattu les oreilles au collège et au lycée, du moins en France, car il peut s’avérer fort utile: situation initiale, élément perturbateur, péripéties, éléments de résolution, situation finale.

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Rien qu’avec le schéma narratif, vous pouvez rapidement savoir si votre intrigue tient la route … ou pas! Vous pouvez aussi utiliser la “Méthode flocon” pour construire votre intrigue. J’ai, par ailleurs, déjà écrit un article à ce sujet sur le blog. Cette méthode est une planification détaillée de votre roman. C’est une technique de décomposition de l’histoire en 9 étapes.

Construire votre intrigue à partir d’un plan n’est pas impératif. Ca dépend des uns et des autres. Certains ont besoin d’un cadre rigoureux, d’autres réussissent à écrire sans plan précis détaillé. Aucune méthode n’est meilleure qu’une autre. Il y a juste celle qui vous convient le mieux. Le plan peut aider à poser les idées et à y mettre de l’ordre. Cela peut éviter les incohérences.

Peu importe votre façon de procéder, ne vous laissez jamais dépasser par votre intrigue. Vous avez les rênes, ne les lâchez pas! Vous devez rester dans votre histoire, et ne pas vous retrouver comme un étranger face à votre propre intrigue. Vous courez le risque de vous démotiver et de ne jamais finir votre roman.

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Il est évident que le décor que vous créez se doit d’être parfaitement adapté à l’époque de la narration que vous avez choisie. On parle donc du style vestimentaire, de la décoration des lieux de vie, du mode de vie, de l’architecture, des métiers, des armes, de la technologie, etc. Il existe, certes, des genres littéraires qui mélangent les époques, notamment la Science Fantasy. Cela peut être déroutant pour les lecteurs.

Mes conseils pour créer son univers

Mon premier conseil est de vous interroger sur ce que vous voulez réellement écrire: une saga? Une nouvelle? Un roman d’amour ou historique? De toute façon, le projet de base doit vous enthousiasmer, car vous allez y consacrer du temps, beaucoup de temps.

Mon deuxième conseil est de mettre rapidement en place un ‘brainstorming’: savoir d’où vous partez, pour savoir où vous terminez. Prenez le temps de développer ce point de départ à partir de mots-clés ou d’images précises. Vous devez savoir dans quelle direction vous partez.

Mon troisième conseil est toujours de vous documenter, quelle que soit l’époque de votre intrigue. Emmagasinez des idées et des détails pour trouver des sources d’inspiration, pour définir au mieux ce que vous voulez.

Mon quatrième conseil est de vous mettre au travail rapidement sans passer des mois à faire des recherches, surtout pour un premier roman. Montrez-vous méthodique, prenez des notes, planifiez vos séances d’écriture sans y déroger.

blog, LA PLUME DE LAURENCE

En guise de conclusion

Vous l’aurez compris, construire votre univers demande un travail précis au préalable. Vous devez rester crédible en ajoutant des détails qui ancrent votre roman dans une réalité bien précise pour épauler l’intrigue. Le roman que le lecteur lit n’est que la moitié de l’iceberg que vous aurez fabriqué de toutes pièces.

Les lecteurs ne verront que la surface de votre fastidieux travail de création. Tout ce travail réalisé en amont va vous permettre de cadrer votre monde, de plonger dedans et de le comprendre dans sa globalité pour mieux l’exploiter dans votre récit.

Dans tous les cas, restez cohérent de la première à la dernière page, en vérité avec vous-même. Vous devez, au fond de vous, savoir pourquoi vous choisissez tel genre et pas un autre. Créez une atmosphère, une vision, un univers qui vous sont propres. Offrez de la personnalité à votre roman! L’atmosphère construit le livre, pas l’inverse.


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Article intéressant, qui mérite d’être travaillé…
    Pour moi, cela veux dire: sortie papier, puis annotations, surlignages et autres…

    Amicalement,ùJP

  • Merci pour ces conseils. Cependant, même si l’on a une bonne intrigue, des profils de personnages, un contexte et une période historique, quid de la maîtrise de l’écriture et de la production d’un récit cohérent. Il est déjà difficile de boucler une histoire qui fait deux pages. Comment fait-on pour en écrire 20, 30, 100 ou plus?

    • Zouhair,

      J’ai passé plusieurs années à écrire des histoires courtes, 1 ou 2 pages ou des articles de blog. Ecrire un roman est une tâche ardue, qui demande de passer par bien des étapes préliminaires avant. Je ne peux que vous conseiller de vous procurer mon guide “299 CONSEILS POUR MIEUX ECRIRE”.
      Avant d’écrire un roman ou une nouvelle, il faut s’entraîner à écrire avec des jeux d’écriture aussi.
      Et à un moment donné, après moults entraînements, vous sentirez que vous prenez confiance en vous, et là, je vous conseille de vous inscrire à des concours de nouvelles, pas trop longues au début.
      Patience et courage!

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