Bien évidemment, les personnages sont la clé de toute histoire, longue ou courte. Ils portent même l’histoire. Ils sont la matière première. Ils sont le souffle vital du roman. Ils sont le noyau de l’histoire. Ils portent le récit. Il est donc impossible de les négliger.

Les personnages ne sont pas ou tout noirs ou tout blancs. Ils vivent, réagissent et interagissent comme des êtres humains. Ils ne peuvent pas être simplistes, car les êtres humains ne le sont pas. Nous sommes tous des êtres paradoxaux, faits de contradictions diverses et variées.

Vous l’aurez compris, les personnages ne sont pas forcément gentils ou méchants. Ils peuvent avoir les deux polarités, suivant les contextes dans lesquels ils agissent. Ils peuvent et doivent évoluer tout au long de l’histoire. Ils ne peuvent pas stagner: autrement comment pourrait évoluer l’intrigue?

C’est quoi un bon personnage?

Un bon personnage rassemble les propos que j’ai tenus dans l’introduction de cet article: il doit être paradoxal, comme tout être humain qui n’est jamais ce qu’il paraît dans la réalité. Si vous créez un personnage fade, le lecteur passera son chemin et fermera le livre en question. Un bon personnage est ambivalent, il agit et évolue.

Un bon personnage apporte de l’action, des péripéties. Il intrigue, il porte une part de mystère, il interagit avec les autres personnages. Le lecteur peut s’identifier à un bon personnage. Un bon personnage doit marquer le lecteur. Il a forcément une portée importante tout au long de l’intrigue.

Voici quelques ingrédients pour créer un bon personnage: vous devez lui créer une véritable identité, comme un vrai être humain.

• quel est son nom, son prénom?
• quel est son sexe?
• où est né le personnage?
• à quoi ressemblait son enfance?
• quel enfant était-il?
• quel âge a-t-il?
• quelles sont les choses qui le rendent heureux? malheureux?
• quel est son objectif dans la vie?
• quelles langues étrangères parle-t-il?
• quels sont ses goûts?
• quelles sont ses habitudes?
• est-il marié? Est-il dans une autre situation?
• quelles sont ses qualités? ses défauts?
• où habite-t-il?
• quel est son métier?
• comment est-il parvenu à exercer ce métier?
• comment est-il physiquement?
• qui est sa famille? quels sont ses rapports avec?
• quel secret cache-t-il?
• quels sont ses talents?
• quelles maladies a-t-il eues?
• quelle ambition possède-t-il?
• quelles sont ses croyances?
• comment perçoit-il le monde?
• etc.

Une fois l’identité de votre personnage mise en place, c’est au tour de votre imagination de s’activer. Surtout, ne la bridez pas; laissez-la s’exprimer tout son soul. Ayez à l’esprit qu’un personnage doit avoir à la fois des qualités et des défauts pour être intéressant aux yeux de vos lecteurs et susciter des émotions chez eux.

Vous devez créer des personnages utiles à votre intrigue, et pas uniquement parce qu’il vous plait. Le héros doit avoir une certaine forme d’épaisseur. Il peut être tiraillé entre l’amour et la haine, entre sa famille et sa femme qui déteste ses parents. Il doit avoir une raison d’exister et avoir un conflit intérieur qui lui permet de jouer un rôle précis dans l’intrigue.

Le personnage ne peut avoir de motivations floues. Il doit être défini le plus précisément possible. En un mot, il doit paraître crédible, faire des choix. Autrement, il ne présente aucun intérêt. Il doit subir des dilemmes similaires aux dilemmes du lecteur. Il a le droit de réussir, de se tromper, d’échouer. Il ne peut pas stagner et refaire toujours les mêmes erreurs.

Comment créer un bon personnage?

Au fil de l’intrigue, le bon personnage arrive à une solution, même si ses choix ne sont pas faciles à faire. Ainsi va la vie pour nous, mais aussi pour les personnages de roman. Quand vous semblez éprouver quelque difficulté à faire avancer votre personnage, demandez-vous ce que vous feriez à sa place. Privilégiez un rapport d’amitié avec votre personnage, car cela permettra à votre lecteur d’établir lui aussi une relation d ‘amitié avec lui.

L’auteur crée ses personnages, mais en écrivant, il doit disparaître derrière eux, les laisser vivre au fil de l’histoire. Un auteur n’est rien d’autre qu’un montreur de marionnettes. Vous tirez les fils dans le sens que vous souhaitez pour faire évoluer votre histoire.

Vous pouvez tout aussi bien créer des personnages loufoques, un brin fous, excentriques, bizarres. Le lecteur adore ça: ça le change de sa vie quotidienne. Vous pouvez aussi vous intéresser aux méchants: ça dynamise l’histoire.

Un de vos personnages peut s’avérer destructeur, comme certaines personnes dans la vraie vie. Observez les gens autour de vous; vous verrez, les profils sont très variés. Prenez exemple sur la mythologie grecque: elle regorge d’archétypes de personnages forts et intéressants. Cependant, ils ont tous des défauts et des côtés obscurs.

Comment s’inspirer pour créer des personnages?

Inspirez-vous du réel. Vous êtes d’accord avec moi que parfois la réalité dépasse la fiction. Intéressez-vous aux méchants, aux détraqués, aux tueurs. Observez les humains que vous ne connaissez pas et déduisez leur vie. Un bon écrivain est un bon observateur du monde. Un personnage est un miroir du lecteur.

Les personnages ont la mission d’emmener le lecteur dans leur univers, leurs paradoxes et leurs épreuves. Ils doivent être vivants, humains, ressentir des émotions aussi. Un personnage, c’est un morceau de chaque lecteur. Ayez toujours à l’esprit que vos personnages humanisent votre intrigue; ils la rendent vivante.

Revisitez les mythes et les légendes pour créer vos personnages. Il existe des mythes fascinants de par le monde, à foison, dans les cultures à la fois contemporaines et anciennes. En effet, ils contiennent des symboles et des images puissants et pertinents. De plus, ils ont souvent une finalité explicative. Alors, lisez les mythes, les légendes, les contes dans leur version originale et réfléchissez à leur potentiel pour des idées de personnages.

Puisez également dans les événements historiques. Ils sont le terreau de nombreuses idées de roman. Relisez les romans de Ken Follet autour de la construction des cathédrales au Moyen-Age par exemple. C’est tout simplement impressionnant et passionnant. Les périodes historiques regorgent de personnages fascinants, de décors, d’ambiances et de détails qui peuvent donner vie à votre écriture.

Visionnez des documentaires: ils pourraient vous donner des idées de roman. Des documentaires sur tous les thèmes possibles, sur des villes, différents pays, des personnages de l’histoire, animaliers, etc.

Pour ne jamais être à court d’idées, inscrivez des idées d’histoires dans votre journal d’idées. Tenir un journal est essentiel pour un écrivain. Cela vous aidera à traiter et à comprendre vos propres pensées et impressions. Cela vous aide à vous souvenir des petites anecdotes intéressantes que vous avez entendues auparavant. Virginia Woolf, Ernest Hemingway, entre autres, tenaient un journal d’idées. Gardez ce journal (qui peut être un simple carnet) à portée de main et écrivez dedans toutes les idées d’histoires qui vous passent par la tête.

Pensez à aller puiser dans les archives de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel). Les documents d’archives peuvent aussi être des sources fascinantes d’inspiration. Les archives numériques de l’INA comprennent une vaste collection de reportages en accès gratuit ou à un coût modique.

Inspirez-vous des romans des autres. Je ne parle pas ici de plagier. Pour bien écrire, il faut lire, beaucoup, notamment dans le genre dans lequel vous écrivez. Stephen King et bien d’autres auteurs donnent ce conseil. Les histoires des autres nous enseignent beaucoup sur la façon de structurer une histoire, de construire des personnages, de créer des mondes fictifs et du suspense. Les romans peuvent être d’excellentes sources d’idées de livres.

Le roman Les Heures de Michael Cunningham s’inspire du célèbre roman de Virginia Woolf, Mrs Dalloway  (1925). Comme le roman de Woolf, le livre de Cunningham commence avec une femme nommée Clarissa se préparant à organiser une fête, mais elle vit dans le New York contemporain plutôt que dans l’Angleterre victorienne.

La Prisonnière des Sargasses de Ella Gwendolen Rees Williams, plus connue sous le nom de Jean Rhys est un autre roman inspiré par une œuvre célèbre. Ce roman retrace l’enfance jamaïcaine d’une jeune créole, son désastreux mariage arrangé à la Dominique, et sa folie, recluse dans un manoir anglais. Le personnage central est Bertha Mason (dont le véritable nom est Antoinette Cosway), l’un des personnages secondaires de Jane Eyre.

Pour être inspiré et créer de bons personnages, posez-vous des questions commençant par “et si…..”.

« Et si l’Allemagne et ses alliés avaient gagné la Seconde Guerre mondiale ? Et si un remède contre un virus majeur était trouvé mais que les sociétés pharmaceutiques refusaient de le produire par peur de perdre des bénéfices ? Et si un homme créait un cafard géant ?”.

Ces questions « Et si » sont particulièrement utiles pour concevoir des idées de livres de science-fiction. Penser à la différence entre un monde fictif et le nôtre vous aidera à créer une réalité alternative complexe.

Inspirez-vous aussi de la musique. L’idée d’un livre ne doit pas nécessairement provenir d’une source visuelle ou écrite. Exercez-vous à l’écriture libre pendant que vous écoutez des morceaux de musique de votre choix. Laissez l’ambiance de la musique s’immiscer dans votre écriture. Ecouter de la musique pendant que vous écrivez peut être une source d’inspiration très puissante.

En guise de conclusion

C’est au personnage d’être captivant d’emblée. Un personnage fascinant aura davantage de chance de convaincre même avec une histoire faible, plutôt qu’un personnage de paille malgré une histoire incroyable à partager. C’est assez humain, on aime à être accompagné de gens intéressants, fabuleux ou très singuliers.

Si le lecteur trouve vos personnages fades ou 1000 fois vus, il se demandera peut-être s’il ne perd pas son temps avec votre livre. Et en moins d’une seconde, il aura déjà jeté son dévolu sur un des autres livres qui lui faisait de l’œil… parmi les centaines disponibles juste devant lui. Ne vous y trompez pas, vous n’avez pas plus de 3 pages pour convaincre.