Crédit photo: facebook.com

Dans le titre de cet article, “Ecrire pour guérir“, il ne s’agit aucunement d’écrire un roman, mais de coucher sur le papier ce qui se trame dans le cerveau. L’écriture, vous en conviendrez, est aussi une façon d’aller à la rencontre de soi, seul ou en groupe. C’est un moyen de dire et d’accepter ce que l’on ne s’avoue pas, ou si rarement.

Un mystère se produit quand la plume commence à toucher la feuille de papier, ou quand les doigts pianotent sur le clavier de l’ordinateur, pour écrire son histoire, ses pensées, voire même sa journée. Cette plume peut aussi avoir comme vocation d’être thérapeutique, salvatrice et nécessaire pour atteindre l’inconnu qui se tapit au fond de soi.

L’écriture peut être un moyen d’aller mieux. Je persiste à dire qu’elle doit être désacralisée. Nous sommes d’accord que publier un roman n’est pas à la portée de toutes et de tous. Mais, je reste convaincue qu’aligner ses pensées sur une feuille pourrait en aider plus d’un.

Pour écrire cet article, je me base sur un article du Figaro du 12 janvier 2019 et sur le livre de Nathalie Balacé, “Le jour où j’ai décidé de guérir”, interviewée par Patrick de Boisbaudry le 25 septembre 2020.

L’écriture comme une catharsis

Nayla Chidiac, docteure en psychopathologie, affirme que l’écriture est cathartique. Elle a fondé es ateliers d’écriture thérapeutique au centre hospitalier de Sainte-Anne à Paris. Elle a aussi écrit “Ateliers d’écriture thérapeutique”.

Nayla ChidiacCrédit photo: youtube.com

Quand on met des mots sur nos expériences, qu’elles soient traumatiques ou contrariantes, l’écriture permet de se libérer des pensées et des émotions qui débordent. Cela explique pourquoi les adolescents commencent souvent un journal intime à cet âge où ils vivent une explosion émotionnelle.

Matthew Lieberman, professeur de psychologie à l’université en Californie, a démontré, dans une étude réalisée en 2009, que le fait d’écrire ses sentiments négatifs dans un journal allège leur impact en diminuant l’activité des régions du cerveau impliquée dans les émotions. Tous les mots qui tournent en boucle dans notre tête sortent au moment où on les écrit. On fait de la place, comme après un nettoyage de printemps.

Matthew Lieberman- Crédit photo: amazon.fr

En écrivant sur les événements qui nous ont perturbé, on prend de la distance avec eux pour mieux les digérer. A l’annonce de son cancer du sein à seulement 29 ans, Lili Sohn a décidé de raconter son histoire en dessins et en mots à travers un blog. Elle y a expliqué tout ce qui lui arrivait et cela lui a fait du bien. Bien évidemment, gérer l’annonce de la maladie, parler de son état, ou évoquer la pensée de la mort était très compliqué à gérer. Tout écrire lui a permis de mieux assimiler les informations qu’elle recevait. Depuis son expérience, elle est devenue auteure de romans graphiques.

Lili Sohn- Crédit photo: ma-grande-taille.com

Selon Lili Sohn, l’écriture est vraiment thérapeutique car elle permet d’avoir une maîtrise de l’histoire que l’on raconte. Cela permet surtout de remettre les choses en ordre et de se reconstruire.

L’écriture pour travailler sur soi

Quand on souffre, on subit une rupture de l’espace et du temps. On se raconte souvent des histoires pour échapper au sordide qu’on a vécu. Dans l’écriture, on n’attaque pas les problèmes de fond. On peut alors écrire des choses importantes sur nous sans nous méfier. On devient actrice et acteur de sa propre histoire, mine de rien. L’écriture devient alors une façon de travailler sur soi.

Quand on prend le temps de raconter des souvenirs traumatisants par écrit, cela correspond presque à un état de méditation, grâce à la présence à soi que l’on s’accorde et à l’instant présent que l’on vit au moment où on se déleste avec les mots.

Cette forme d’écriture peut revêtir plusieurs formes: journal intime, carnet des notes, lettres que l’on n’enverra jamais. Pour se débarrasser des reproches et griefs que l’on peut avoir contre une personne de son entourage, familial ou professionnel, il est souvent proposé d’écrire des lettres, qu’on brûle après avoir écrit tout ce qu’on lui reprochait. Je peux vous garantir que l’intensité des émotions négatives baisse après cet acte. Cela purge des émotions négatives et cela libère. On se sent comme neuf après avoir brûlé la lettre.

Crédit photo: le-papillon-bleu.ch

Il peut être très utile de vous mettre au carnet positif. Chaque soir, vous prenez 5 minutes pour dresser le bilan de votre journée. Vous avez pour obligation de n’écrire que des choses positives, y compris les toutes petites joies du quotidien. Cela consiste à décrire les moments de bonheur ainsi que les émotions associées d’une façon concrète. Cela permet ainsi de mieux les activer dans votre souvenir plus tard. Au fil des jours, vous vous sentirez plus léger au moment de vous coucher. Vous aurez alors l’impression d’avoir vécu une belle journée.

Crédit photo: amazon.fr

L’écriture pour guérir

Nathalie Balacé est praticienne en relation d’aide. Elle aide les personnes qui ne vont pas bien à aller mieux pour aller vers une vie qui leur convient pour la vivre pleinement. Il y a une dizaine d’années, Nathalie souffrait d’une spondylarthrite ankylosante, maladie qui touche une personne sur 100. Elle allait de plus en plus mal, jusqu’au jour où elle a décidé de guérir.

Nathalie Balacé Crédit photo: jeune-et-sens.fr

Dans son livre, Nathalie Balacé explique tout ce qu’elle a découvert et qui l’a mené sur le chemin de la guérison. Elle a commencé par faire une vidéo sur YouTube dans laquelle elle expliquait que la médecine officielle l’avait condamnée, car cette maladie est considérée comme incurable. On lui disait qu’elle resterait toute sa vie avec les douleurs insupportables et que cela s’arrêterait uniquement quand son corps serait solidifié, avec une bosse dans le dos et toute voûtée, après des années de souffrance. Aujourd’hui, elle danse, elle marche, elle vit pleinement.

Suite à cette vidéo, beaucoup de personnes l’ont contactée pour avoir plus de renseignements sur sa démarche, à savoir comment elle est passée de la maladie à la santé sans médicament. Les gens lui ont demandé d’écrire au lieu de faire des vidéos. Cela lui a fait prendre conscience que son cas était un parcours atypique et qu’elle pouvait aider les autres.

Quand elle a commencé à écrire son livre, Nathalie Balacé a eu beaucoup de mal à se remémorer ces moments où elle avait été mal, tout ce que sa famille avait vécu par ricochet. Pendant les phases de l’écriture, son corps s’est souvenu des anciennes souffrances. Par son témoignage, elle veut contredire les médecins qui lui signifiaient qu’elle ne pourrait jamais guérir. Elle explique que la guérison est à l’intérieur de nous et que rien ni personne ne peut nous l’enlever. Bien sûr, il faut trouver la voie qui va nous emmener vers notre guérison propre.

Nathalie est persuadée que ces maladies dites auto-immunes et d’origine soi-disant génétique sont des maladies d’encrassage psychologique et qui encrassent aussi beaucoup notre corps. Nous devons faire du nettoyage sur nos mémoires de vie et sur tout ce qu’on a fait subir à notre corps, comme la nourriture, les mauvais traitements quand on ne s’aime pas. Pour Nathalie, écrire ce livre a été une vraie thérapie, car cela lui a permis de revenir en arrière sur son parcours, sur tout ce qu’elle a mis en place. Tout s’est remis à la bonne place dans sa tête.

Le très sérieux Journal of the American Medical Association a récemment publié une étude montrant que l’écriture pouvait avoir une influence profonde sur la souffrance physique. Des patients atteints d’asthme ou d’arthrite ont eu à décrire le moment le plus difficile de leur vie. D’autres, simplement leur plan pour la journée. Quatre mois plus tard, ceux qui avaient planché sur leurs difficultés durant trois jours consécutifs, à raison de vingt minutes par jour, se sentaient mieux, prenaient moins de médicaments pour soulager leurs symptômes et avaient moins vu leur médecin.

Il n’est pas nécessaire d’écrire un roman, ni d’avoir du succès, pour que nos propres mots nous soignent. Il n’est même pas nécessaire d’être lu par un autre. La prescription d’un essai narratif dans un but médical est une pratique reconnue depuis longtemps pour le traitement des syndromes de stress post-traumatique ou des états de deuil dépressif. Les patients ont pour tâche de décrire le détail de ce qu’ils ont vécu et qui les hantent encore. Le simple fait de mettre les mots sur le papier apporte souvent une sensation de soulagement. C’est comme une énorme pierre qu’on n’a plus à porter.

Redonner naissance aux mots semble aider les émotions bloquées à se diffuser et libérer les énergies intérieures. L’écriture devient comme une antidote à tout ce qu’on a vécu et qui nous pollue.

Quelques exercices pour se soigner grâce à l’écriture

Vous prenez une feuille sans craindre la page blanche et vous ne jugez surtout pas. Faites les exercices suivants dans un endroit calme, seule ou seul, détendu.

  • 1er exercice: listez tout ce qui vous passe par la tête, en complétant les phrases suivantes:
  • aujourd’hui j’écris pour …
  • aujourd’hui je me sens …
  • aujourd’hui j’ai envie de faire…
  • 2e exercice: rédigez une lettre, soit à la personne avec laquelle vous venez de vous disputer, soit à un proche qui n’est plus là, soit à la personne que vous aimeriez être dans 10 ans.
  • 3e exercice: choisissez rapidement 10 mots qui vous plaisent par leur sonorité et ce qu’ils vous évoquent. Utilisez-les ensuite pour raconter une courte histoire, ou dresser votre autoportrait.
  • 4e exercice: sélectionner une photo dans le support de votre choix. Racontez l’instant d’après la photo ou imaginez à quoi pense la personne sur le cliché.
  • 5e exercice: dressez la liste de ce que vous n’avez pas osé dire – aujourd’hui, au travail, à votre mère, à votre épouse ou époux. Déchirez ou mieux encore brûler ce que vous venez d’écrire.

Article écrit par Laurence Smits dans le blog LA PLUME DE LAURENCE

En guise de conclusion

Pour surmonter un traumatisme, pour sortir d’une dépression, pour faire face à la maladie ou à un deuil, l’écriture aide. cela nous permet d’avancer et de vivre mieux notre quotidien. Vous le savez, je ne cesse de vous le dire, écrire apaise nos angoisses.

La phrase suivante “soigner nos maux par des mots” paraît banale ou galvaudée. Cela ne devrait pas être le cas. Toute souffrance restée dans le corps se retournera, un jour ou l’autre, contre le corps. Je suis d’accord que vouloir guérir par les mots est un long cheminement intérieur, qui doit être fait si nous voulons aller mieux et progresser dans notre vie.

Les événements de notre vie ne devraient pas nous amener à nous plaindre et à jouer le rôle de victime. Ils existent pour nous secouer, pour que nous devenions une meilleure version de nous-même. Il y a un temps pour pleurer, un temps pour accepter, un temps pour digérer et un temps pour évacuer. L’écriture a toute sa place dans ce processus.

Voici mes livres


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Bonjour
    La journée commence bien. Vos écrits font du bien. Il y a de l’espoir dedans. L’écriture nous tend la main pour aller vers le positif. J’écris facilement mais je n’avais pas pensé à “l’écriture thérapeutique ” et pourtant, c’est vrai que je me sens mieux après avoir rempli mon agenda ou fait un courrier. Merci. Bonne journée ?

  • un grand merci pour votre blog.
    Je dois animer un atelier d’écriture pour une journée consacrée aux mamans d’enfants porteurs de handicap et l’article que vous citez m’a beaucoup aidé dans la préparation de ce temps fort.
    un grand merci pour votre partage

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