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Avant d’envoyer un manuscrit, il convient de connaître certaines clés sur la réalité du monde éditorial. On a le droit de s’interroger, et on n’est pas forcément naïf pour ça. Pourquoi veut-on publier son livre? Parce qu’on l’a écrit? Ce n’est pas si simple de répondre à cette question.

Publier, c’est prendre un risque, celui de se soumettre au verdict des lecteurs et du monde. Rien que ça! On prend aussi le risque de ne pas être compris, ni entendu, ni apprécié ou accepté. On prend le risque de vivoter de refus en refus, au point de perdre sa confiance et d’abandonner l’écriture.

Publier, c’est jeter une bouteille à la mer. L’auteur peut se sentir tel un naufragé dans un vaste océan. C’est aussi laisser ses personnages, avec lesquels on a partagé plusieurs mois au minimum, vivre leur vie, comme des enfants qui quitteraient le nid familial. C’est se détacher d’eux et lâcher prise!

Pour écrire cet article, je me base en partie sur le magazine “Lire magazine-hors série: écrire et se faire éditer” de juillet 2021. Je tenterai de répondre à des questions que tout auteur se pose, d’une façon ou d’une autre.

Les écrivains gagnent-ils bien leur vie?

Les écrivains, dans leur grande majorité, n’arrivent pas à vivre de la publication de leurs livres. Seuls les auteurs les plus connus s’en sortent bien financièrement. Plus de 2/3 des auteurs doivent exercer une autre activité professionnelle pour vivre décemment. De plus, le nombre des “gros” lecteurs diminue et le nombre de livres publiés s’accroît d’année en année.

Un premier roman se vend-il bien?

Les débuts d’un écrivain sont souvent remplis d’illusions, mais la réalité les rattrape vite. Et parfois violemment. Il est évident que la publication d’un premier roman est un événement pour son auteur; après, rien de plus normal, il a accouché de son “bébé”. Ce n’est pas le même bonheur du côté de éditeurs ou des libraires.

Comment trouver sa place, en effet, face à des auteurs connus de longue date et dont chaque livre est quasiment un succès de librairie? On considère qu’un premier roman s’écoule à moins de 1000 exemplaires, quand il se vend bien.

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Combien un auteur gagne-t-il sur un livre?

Il existe tellement d’intermédiaires dans la finalisation d’un livre que vous vous doutez bien qu’un auteur arrive en dernier, en ce qui concerne la rémunération. Il ne se taille pas la part du lion. Loin de là! En moyenne, un auteur touche entre 6% et 10% sur un livre à 20€, soit entre 1.20€ et 2€. Ce ratio peut changer en fonction de la célébrité d’un auteur et du nombre de ventes. En effet, il faut rétribuer l’éditeur, le libraire, le diffuseur, l’imprimeur, les services de logistique, sans oublier l’Etat avec la TVA.

Au nombre de mois passés à écrire un livre, on est en droit d’être scandalisé d’être si peu rémunéré. L’édition, comme je vous l’ai spécifié dans un article précédent, c’est la loi de la jungle. Certains auteurs débutants -dont je fais partie- préfèrent se tourner vers l’autoédition, qui proposent des taux de rémunération plus importants.

Crédit photo: juliejodts.fr

Un service de presse est-il utile pour un auteur?

Chaque maison d’édition a un service d’attachés de presse, dont le rôle est de faire connaître le livre en question à la presse locale et nationale, à la presse écrite, sur Internet. Cette personne possède un carnet d’adresses dans lequel figurent les numéros des journalistes, des dirigeants de médias, des experts. L’exemplaire en question est donc envoyé aux services concernés en grand nombre, y compris aux journalistes, aux critiques littéraires ou aux producteurs.

Celles et ceux qui s’autéditent peuvent faire appel à un service de presse, que l’on peut trouver, moyennant finance, sur les sites de publication en ligne.

Crédit photo: juliemag.com

Faut-il faire une croix sur les maisons d’édition prestigieuses?

Tout auteur a le droit de caresser le doux rêve d’être publié dans une maison d’édition reconnue et prestigieuse. Une maison d’édition, telle Gallimard, a reçu plus de 50 manuscrits par mois en 2021. Or, le personnel a des programmes surchargés. Par exemple, ils avaient prévu de publier 14 romans pour la rentrée littéraire en septembre 2021. Ils ont un planning défini 2 ans à l’avance.

Comment un primo romancier peut-il trouver sa place dans ce labyrinthe aux contingences rigoureuses? Telle est la question …

Crédit photo: babelio.com

Que vaut une publication à compte d’auteur?

Je vous le dis tout de go: à mes yeux, c’est une grosse arnaque! Certaines maisons d’édition qui proposent ce genre de formules (presque miraculeuses, pour ne pas dire alléchantes) ont une mauvaise image et répondent en général très vite après avoir reçu votre manuscrit. Comprenez bien: ils ne vous publieront que moyennant une somme importante. Cela ne garantit en rien le succès du livre en question. Ces éditeurs, curieusement, ne refusent jamais aucun manuscrit.

Refusez quand on vous propose ce genre de formule à compte d’auteur. Soit vous publiez en autoédition, soit vous publiez à compte d’éditeur. N’acceptez aucune autre formule. Ce serait à vos dépens!

Crédit photo: farence.org

Comment participer à un salon du livre?

C’est la décision de votre éditeur. Il sait ce qu’il a à faire. Dans chaque maison d’édition, il y a un responsable “salons ou festivals”, dont c’est le travail d’organiser ce genre de manifestations. Certes, il est intéressant de rencontrer son public. Mais, ce n’est pas l’auteur qui demande à participer à tel ou tel salon. C’est, en général, le fruit d’une étroite collaboration entre les éditeurs et les programmateurs des divers salons.

Si vous êtes un auteur autoédité, participer à un salon équivaudra à un certain coût. Ce n’est pas gratuit, il faut le savoir. Vous devez en plus arriver avec votre propre matériel, vos livres déjà édités, une table de présentation, etc, vous loger et vous restaurer. Cela peut vite vider votre bourse pour un weekend!

Crédit photo: europe1.fr

Pourquoi se relire avant de soumettre un manuscrit?

Nous oublions parfois, en écrivant, les règles élémentaires de la langue française, mais qui peuvent être rédhibitoires pour un éditeur. Je vous propose 20 erreurs à éviter absolument avant d’envoyer un quelconque manuscrit à un éditeur, sous peine de le voir jeter directement à la corbeille.

  1. La concordance des temps existe encore en français, ne vous en déplaise! Vous ne pouvez pas dire ” beaucoup doutaient qu’il y est de réelles raisons de s’inquiéter”. On corrige en insérant “qu’il y ait”.
  2. La négation en français comporte 2 mots que je sache. Il existe une fâcheuse tendance d’en oublier un des deux de nos jours. Donc, vous ne pouvez pas dire “il fallut rapidement reconnaître que l’on en savait rien”. Malheureusement, dans les médias et à l’oral, la négation fait figure de cache-misère. On peut l’accepter dans une B.D, mais pas dans un roman!
  3. A l’inverse, certains ajoutent des négations là où il n’en faut pas. Il y a comme un hic! On ne peut pas dire “la seule chose que l’on n’ait jamais sue, …”. Un auteur se doit de raconter fidèlement ce qu’il pense et non l’inverse!
  4. Je constate souvent la confusion entre “infractus” et “infactus”, entre “rénumère” et “rémunère”, entre “omnibule” et “obnubile”. Certes, il y a de quoi en perdre son latin! Vous, chères lectrices et lecteurs, vous aurez rétabli les mots qui conviennent!
  5. L’impératif aussi, visiblement, pose certains problèmes. Les uns et les autres oublient qu’il existe des groupes verbaux différents en français et que les terminaisons diffèrent selon cet état de fait. En conséquence, on ne peut pas dire “n’oublies pas de…“. Les verbes du 1er groupe ne prennent pas de ‘s’ à la 2e personne du singulier de l’impératif présent.
  6. Il y a aussi souvent une confusion entre ces homonymes “emprunt” et “empreint”. L’un concerne le financement et la police apprécie l’autre.
  7. A l’oral, on confond souvent “il fallait” avec “il valait mieux”. A l’écrit, ce n’est pas possible. ‘Falloir’ traduit une nécessité et une obligation.
  8. “se” et “ce” posent aussi des problèmes. ‘Se’ se place devant des verbes pronominaux. ‘Ce’ est un démonstratif. On ne peut se permettre de confondre ces 2 homonymes.
  9. L’accord est compliqué en français après les verbes pronominaux. La règle veut que le participe passé d’un verbe conjugué avec l’auxiliaire ‘être’ s’accorde avec son sujet. C’est vrai. Mais, cette règle ne concerne pas les verbes pronominaux, qui ne s’accordent pas, comme les participes passés employés avec l’auxiliaire ‘avoir’.
  10. On ne peut pas dire “elle s’était faite acquitter”. Le participe passé du verbe ‘faire’ est toujours invariable quand il est suivi d’un infinitif.
  11. On entend confusément “dont” à la place de “de” aussi. On ne peut pas dire “c’est de l’émergence du variant anglais dont il fut question”.
  12. La formule de politesse “je vous saurai gré de…” subit les outrages du temps. On ne peut pas dire ‘serais’ à la place de ‘saurai’, puisqu’il s’agit bien du verbe ‘savoir’.
  13. Que dire de “je vous avez prévenu” entendu et lu de ci de là. Le verbe ‘avoir’ dans ce cas ne s’accorde pas avec ‘vous’ mais avec son sujet.
  14. Dans la formule “il eut été …”, il manque l’accent circonflexede toute évidence. On dit bien “il eût été”.
  15. Voici encore une autre erreur très courante: “nul n’est sensé ignorer la loi”. ‘Sensé convient bien à un personnage raisonnable. On doit donc corriger et écrire “censé”.
  16. Je constate, de plus en plus, que les gens oublient de contracter “si ils”. On dit bien “s’ils” et non l’inverse.
  17. Ne trouvez-vous pas qu’il y a une grave erreur dans la phrase “il avait beau téléphoné ...”? Il est évident que le 2e verbe doit se conjuguer à l’infinitif. Il n’est pas possible de trouver un plus-que-parfait dans cette phrase.
  18. “Là où le bas blesse” : enfilez-vous un collant dans cette expression? Vous aurez rectifié de vous-même, on écrit “bât”.
  19. “L’immunité collective n’était pas prête d‘être atteinte”: vous la voyez l’erreur, communément lue et entendue? Après ‘prêt de’, il n’y a pas d’accord, qui signifie “sur le point de”.
  20. “Il tardait à plus d’un que l’on voit enfin le bout du tunnel”: Il faut dire “vît” (subjonctif imparfait – concordance des temps) à la place de “voit”. Je suis d’accord, c’est tordu. Mais, c’est ainsi..Enfin, pour cette dernière erreur de la liste, on ne vous en tiendra guère rigueur…

En guise de conclusion

Les noms les plus illustres de la littérature française ont parfois quelque peu malmené la langue. Donc, il convient de ne pas craindre outre mesure certaines erreurs. Gustave Flaubert, qui se disait irréprochable sur la maîtrise de la langue, maniait parfois le passé de façon étrange. Ne nous pensons pas médiocres face à ces ilustres prédécesseurs! Eux aussi avaient des correcteurs!

Cela dit, chez les grands écrivains, les fautes, même involontaires, reflètent souvent leur création. Ils ont créé certains néologismes, qui ont fini par pénétrer la langue française. Il ont aussi utilisé des pléonasmes à faire pâlir les éditeurs actuels, comme Stendhal dans “Le Rouge et le Noir”, avec Mme de Rênal “se levant debout”.

Relativisons, d’accord. Néanmoins, il est impératif de se relire, de corriger et de se faire corriger. Il faut soigner son ouvrage! Les éditeurs donnent certains conseils: accorder du soin à son envoi, éviter d’écrire sur la pandémie liée à la Covid, prendre conscience que toutes les histoires ne peuvent pas être publiées, prendre le temps de lire les livres des autres auteurs, faire en sorte que les lecteurs greffent leurs émotions sur celles des auteurs, ne pas se décourager à la première lettre de refus et accepter de se laisser conseiller et guider.


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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