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Au moment où je commence la rédaction de cet article (fin août 2022), je viens de perdre l’être le plus précieux de ma vie: ma maman. C’est douloureux, d’autant plus que sa maladie a été fulgurante et que nous n’avons pas eu le temps de nous retourner. Tout s’est enchaîné à une allure rapide. Beaucoup trop rapide. Son cancer était agressif et inguérissable.

Pendant cet été 2022, il m’a été très compliqué d’écrire. Je n’avais pas la concentration nécessaire pour le faire, car je m’occupais de ma mère et de tous les papiers. Par contre, l’écriture n’a pas été loin, car j’ai corrigé mon deuxième roman, “Le Prince d’Adria-tome 1: coup de foudre à Times Square”, qui est désormais en vente sur toutes les plateformes à tous les formats. J’ai également corrigé le mémoire de master de mon neveu en histoire.

Lire, corriger et écrire quelques articles de blog m’a éloignée des soucis pendant quelques heures. Cela m’a fait tenir. J’ai lu et écrit pour ne pas déprimer. Plonger dans l’écriture, corriger mon roman et le mémoire a atténué, pour un temps, les symptômes de tristesse et de douleur.

Chasser les émotions

Une étude américaine, menée auprès de plus de 200 participants, a révélé qu’écrire atténue de façon significative les symptômes de la dépression, si on est peu ou moyennement déprimé. Si on est attentif à ses émotions, écrire nous aide à demeurer présent à ce que nous ressentons et à accueillir avec bienveillance et compassion certains événements difficiles de notre vie.

Une autre étude américaine de 2018, menée avec des individus atteints de dépression majeure, confirme ces résultats. Ils se sont eux aussi prêtés à des exercices d’écriture expressive durant des séances de 20 minutes par jour, pendant trois jours consécutifs. Le but était de demander aux participants de décrire par écrit ce qu’ils ressentaient et de relater des événements traumatisants. Ils ont répondu à deux questionnaires normalisés, avant et après leurs exercices d’écriture. Les résultats ont permis de mettre en lumière une baisse significative de l’indice de dépression, amélioration qui a perduré 4 semaines après le test.

La conclusion de ces études prouve qu’écrire tous les jours est une forme de traitement possible contre la dépression. Les mécanismes mis en oeuvre par l’écriture demeurent encore obscurs. Les chercheurs supputent que “l’écriture de soi” favorise une forme de désinhibition individuelle et sociale. L’écriture permet de mettre des mots sur les émotions ressenties et modifie la mémoire de travail.

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Les bienfaits de l’écriture ne concernent pas seulement les personnes dépressives. D’autres études ont été menées auprès de personnes souffrant de troubles psychiatriques, au terme de leur thérapie. Cette fois-ci, l’écriture permet de se focaliser sur les aspects favorables de la vie quotidienne : les événements positifs ou les moments de bien-être.

En se focalisant sur les événements des jours précédents et les émotions positives que ces événements ont déclenchés, l’état dépressif des patients s’est considérablement atténué. En pratiquant des exercices d’écriture entre 15 et 30 minutes par jour, 3 fois par semaine, pendant au moins 4 semaines pour obtenir un résultat, cela permet de réguler plus efficacement les émotions.

La pratique de l’écriture, orientée sur la reconnaissance et l’analyse des éléments positifs de sa vie, n’a pas que des avantages d’ordre strictement thérapeutique. Elle peut être utile à tous. Par extension, cette pratique de l’écriture de soi peut prendre les allures d’un carnet de route dans lequel sont notées les analyses que nous faisons de nos faits et gestes de la vie quotidienne. Ceux sur lesquels nous jugeons qu’il faut que nous nous attardions pour évaluer nos capacités de réaction et affiner nos stratégies d’adaptation. Ce carnet de route pourrait alors nous servir de référence pour mesurer les progrès accomplis dans la poursuite de nos objectifs.

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Ecrire apaise et libère

L’écriture apporte beaucoup de plaisir, mais aussi de la distance sur le reste de notre vie. On peut écrire sur les difficultés qu’on rencontre au travail ou en famille, sur les relations avec ses enfants. On peut tout mettre en mots pour prendre le recul nécessaire qui permet ensuite d’avancer. Ecrire peut aussi être douloureux, bien évidemment. On peut avoir les larmes aux yeux, pleurer. Ecrire permet, à la longue, de se sentir moins vulnérable et d’avoir plus confiance en soi.

Ecrire pour ne pas déprimer, c’est sortir de soi les mauvaises ondes, expulser le négatif et exprimer sa douleur. Quand on ne parvient pas à exprimer oralement sa tristesse, mettre en mots peut s’avérer salvateur. On a le droit de prendre du temps pour s’aider soi-même à aller mieux. On n’est pas obligé de toujours aider les autres.

Il est vrai qu’une perte ou un deuil sont des épreuves insurmontables parfois. Alors, l’écriture devient la médecine de notre âme en perdition. Elle agit comme une potion magique, car en exprimant sa douleur et son profond chagrin, on se libère. L’écriture libératrice peut ressembler à un combat de boxe. On ne rumine plus, on se décharge de ses pensées négatives.

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En écrivant, on se soulage, on s’apaise. On envoie les mots et cela décharge de toutes les pensées négatives. L’écriture devient comme une amie, une confidente secrète, une thérapeute même. Elle est à notre disposition quand on le souhaite. On peut découdre sa vie, la recoudre. L’écriture est bienveillante, amicale et c’est gratuit. Ca ne marchera pas forcément pour tout le monde, car nous sommes tous différents. En tout cas, ça marche pour beaucoup de personnes.

En écrivant, on peut comprendre les raisons d’un blocage, d’une rupture. Bien sûr, ça fait mal, mais pensez-vous que ruminer dans son coin ne fait pas mal? Le but de l’écriture est d’exprimer ses émotions et d’accepter les événements passés. A quoi bon passer son temps à se plaindre, à dire que c’est la faute des autres, à dénoncer, à pointer du doigt ce qui ne va pas? A lieu d’être dans cette spirale infernale, il vaut mieux agir.

On peut évacuer sa colère ou sa tristesse sur le papier. On ne fait de mal à personne. Ecrire sur ses émotions est toujours une action positive, quelles que soient les racines du problème. Cela nous permet d’avancer et de passer à autre chose. On écrit pour soi, pas pour les autres. Et surtout, on cesse de se victimiser!

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Poser des mots sur ses maux, écrire ce qu’on ressent, raconter les événements traumatisants, cela permet d’aller nettement mieux. On se libère d’un poids émotionnel trop lourd à porter. En pratiquant l’écriture expressive, certains patients diminuent leurs douleurs physiques et la fatigue. L’écriture a un effet positif sur la tension artérielle et la fréquence cardiaque, notamment pour les personnes dépressives. Elle tend à rendre les pratiquants plus optimistes, et permet d’avoir une meilleure compréhension de soi, de faire preuve d’introspection et de questionnement intérieur.

Ecrire nous pousse à nous rappeler ce qui s’est passé et ce qui sera ou ne sera plus. L’écriture est à la portée de tous. Elle n’est réservée à personne en particulier. Toutes les expressions sont libres, car il n’y a pas de jugement. La puissance que concentre une lettre qu’on s’écrit à soi par exemple n’a aucune limite. Elle est précieuse de par sa sincérité.

Dans la lettre que vous vous écrivez, mettez à plat vos émotions, vos angoisses, vos accomplissements, vos joies, vos peines. Gardez précieusement cette lettre pour la relire dans quelques années. Vous verrez alors le chemin accompli! Ecrire des lettres a un vrai pouvoir thérapeutique. Il faut juste laisser parler votre ressenti … et vous vous libérez de votre souffrance.

Tout se passe dans le cerveau

N’avez-vous pas remarqué, depuis quelque temps, que les livres témoignages ou les livres-thérapie sont en bonne place dans les rayons des librairies ? Les auteurs s’y dévoilent, évoquent leur vie, leurs souffrances, leurs drames, leurs émotions, etc. Ils ne le font pas uniquement pour vendre des livres ou pour s’épancher. Ils le font, essentiellement, pour se libérer de leur souffrance. Cette fonction inattendue de l’écrit a été prouvée scientifiquement à diverses reprises.

Le premier qui s’y est vraiment intéressé est le professeur de psychologie de l’Université du Texas, James W. Pennebake.

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Il a fait une expérience avec 2 groupes d’étudiants. Pendant 20 minutes, l’un d’eux devait écrire sur ses plus grands traumatismes, et l’autre devait écrire sur des choses banales. Résultat : le premier groupe a vu son système immunitaire renforcé et son bien-être physique augmenté ! James W. Pennebake est à l’origine de l’écriture expressive. Par la suite, d’autres études sont venues confirmer le caractère thérapeutique de l’écriture.

L’écriture-thérapie, c’est de la psychologie active: les gens participent à leur propre guérison ou leur mieux-être. Car tout se passe dans le cerveau. Le centre de l’écriture se situe dans une très petite partie du cerveau, au niveau de la partie supérieure du lobe frontal, qui permet de faire passer une information de l’abstrait au concret, uniquement en traçant des mots sur le papier. Les recherches dans ce domaine n’en sont qu’à leurs balbutiements.

En guise de conclusion

L’écriture est résiliente, car elle permet de mieux surmonter les chocs et les traumatismes qu’on a subis dans le passé. On peut ainsi faire la paix avec soi-même, et accessoirement, avec les autres. Elle permet de purger le cerveau de tout ce qui l’encombre et qui nous pourrit la vie.

Il est souvent bien plus facile d’écrire des mots que de les prononcer. Personne n’est en face de nous pour nous juger. Le papier devient notre meilleur confident. L’écriture ouvre la voie au changement et à l’évolution. On peut ainsi repartir du bon pied.

Et un point n’est pas négligeable: l’écriture permet d’améliorer sa créativité, en se forçant à trouver de nouvelles idées. Au fil du temps, vous allez en trouver de de plus en plus, ce qui permettra d’améliorer votre vie personnelle, professionnelle et sociale. Elle améliore aussi la concentration. Finalement, l’écriture peut être considérée comme une forme de méditation.

Les livres que j’ai écrits




Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Je suis heureux d’apprendre par votre article que lire, écrire et corriger joue un grand rôle dans la vie psychologique et spirituelle d’un écrivain et de façon générale dans la vie de tout homme.

  • Très intéressant cet article, notamment l’expérience que vous relatez. Moi j’ai commencé l’écriture de mon premier roman l’an dernier, j’écris quand je peux. Mais je constate, bien que ce ne soit pas un roman autobiographique, que ce roman m’a fait entrer dans une nouvelle dynamique. J’entreprends énormément de choses. J’ai auto-édité 3 livres pour enfants cette année et j’aimerais animer des ateliers d’écriture pour les enfants et les jeunes en rupture sociale. L’écriture débloque quelque chose en nous même si on n’en a pas forcément conscience.

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