La France et le monde francophone en général ont commencé à rattraper leur retard sur les pays anglo-saxons en matière d’ateliers d’écriture, de masterclass dédiées à l’écriture, de formations en ligne. Même le Festival du livre de Paris propose désormais des ateliers d’écriture aux visiteurs, en présence d’auteurs connus, tels que Franck Thilliez.
Les Français sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’écriture, surtout depuis le confinement de 2020. Il y a 10 ans, c’était un Français sur 5. La crise sanitaire a donc amplifié le phénomène. Les maisons d’édition sont désormais débordées et demandent à ce qu’on n’envoie plus de manuscrits; elles en reçoivent jusqu’à 50 par jour depuis 2020.
Les Français sont donc de nos jours chatouillés par la plume. Quelle est la raison qui explique le succès des ateliers créatifs? La tendance est désormais bien installée. je ne peux que m’en réjouir. En ce qui me concerne, je n’ai pas surfé sur la vague, car j’ai commencé avant: le blog en 2018 et mon atelier d’écriture en ligne en 2019.
Des chiffres pour y voir plus clair
Selon un récent sondage du Figaro-Ipsos Culture, un français sur 4 se rêve en écrivain. « Écrire est une passion française » conclut le magazine. En effet, à la question «Avez-vous écrit ou songé à écrire un livre», 23% des personnes interrogées répondent par l’affirmative. Et plus de la moitié d’entre eux désirent voir leur manuscrit publié.
Sophie Martin, directrice générale d’Ipsos Culture, a réagi aux résultats de ce sondage dans le Figaro littéraire. Elle pense que ces résultats sont très surprenants. Non seulement près d’un Français sur quatre possède dans son tiroir un manuscrit, ou un projet de roman, de mémoires, de témoignage…, mais, en plus, la moitié d’entre eux rêve à une éventuelle publication. C’est beaucoup.
26% des femmes ont répondu affirmativement à la question posée au départ, contre 19% des hommes. L’âge, en revanche, semble moins discriminant : 22% chez les moins de 35 ans contre 23% chez les 35 ans et plus. Le profil type d’une personne ayant écrit (ou songé à écrire) un livre est donc: une femme (59%), de plus de 35 ans (67%), plutôt inactive (48%), issue d’un foyer plutôt aisé (+ de 27 600 € net par an : 37%) et qui détient un diplôme supérieur au bac (42%). Elle habite en province (75%) dans une agglomération de plus de 100 000 habitants (28%).
51% des gens interrogés désirent voir leur livre en librairie. Cependant, cette idée semble intéresser plus particulièrement les hommes (59%) que les femmes (46%) ; et les plus âgés (35 ans et plus : 55%) que les plus jeunes (moins de 35 ans : 43%). En résumé, 1,4 million de personnes possèdent déjà un manuscrit.
Le désir d’écrire
Les autrices et auteurs potentiels, c’est le plus grand ‘parti’ de France, qui pourrait remporter n’importe quelle élection, de par sa force de création. Les chiffres donnés dans la partie ci-dessus sont énormes, mais pas étonnants. Il existe, dans tous les pays, un profond besoin d’écrire. Ce phénomène touche toutes les catégories de personnes, sans exception, quels que soient le sexe, l’âge, le niveau social, le métier exercé ou le lieu d’habitation.
A quoi est lié ce désir d’écrire? Au désir de laisser une trace? Au désir de léguer quelque chose de durable après notre passage? Pour raconter ses souvenirs? Les jeunes aussi montrent le désir de témoigner sur leur époque, de faire entendre leur voix, en bousculant quelque peu les tendances des genres littéraires qui se vendent le mieux.
Cependant, 15% des Français voient en l’écriture une forme de thérapie. Cela pourrait expliquer la développement spectaculaire des ateliers d’écriture, qui ne désemplissent pas. On aurait pu croire que ce genre d’exercice n’intéresserait que les personnes d’un certain âge, plutôt à la retraite, ayant du temps libre.
Assez curieusement, les Français sont épris d’écriture, mais pas de lecture. Près d’une personne sur 5 n’a lu aucun livre ces douze derniers mois (19 %), et seulement un tiers a lu entre un et cinq livres dans l’année. Une statistique douloureuse, d’autant qu’elle ne tient pas compte du genre – ce pouvait être une BD, un document ou un ouvrage de cuisine.
Un atelier d’écriture au Festival du livre de Paris
Franck Thilliez, l’un des écrivains les plus lus de France, auteur de romans policiers, proposait une masterclass durant le Festival du livre de Paris au mois de mai 2022. Il avait 50 minutes pour proposer quelques techniques d’inspiration à une assemblée dense et concentrée. Son but n’était pas de rentrer dans les détails, mais de donner quelques clés pour celles et ceux qui souhaitaient se lancer dans l’écriture d’un roman.
L’écrivain à succès affirme qu’il est important de garder en permanence une connexion avec l’histoire que l’on est en train d’écrire, avec les personnages. Car, même si on n’écrit pas sur l’histoire à un moment donné, le cerveau, lui, continue de travailler.
Il évoque l’importance de l’idée et des personnages. Il conseille d’écrire sur nos sujets de prédilection, car c’est plus facile. Voici un exercice qu’il a proposé durant cet atelier: “Amusez-vous avec cette phrase : que se passerait-il si … par exemple un homme arrivait un matin au bureau et que personne ne le connaissait. Essayez d’imaginer qu’un événement vient bousculer le quotidien”, suggère l’auteur de polars. “C’est important aussi de créer une empathie entre le lecteur et vos personnages”.
Franck Thilliez fait partie de ces écrivains, comme Stephen King, qui aime partager son savoir-faire. Il est persuadé que les ateliers d’écriture sont très utiles pour déclencher le processus d’écrire. Très souvent, les gens veulent écrire pour de bonnes raisons, mais restent bloqués et n’osent pas écrire à cause du regard des autres et de celui qu’ils portent sur eux-mêmes.
L’auteur explique qu’il a tout appris sur le tas et qu’il n’avait jamais imaginé publier un jour. Il a toujours aimé qu’on lui raconte des histoires, au cinéma ou dans les livres. En fait, il était fasciné par la capacité des écrivains ou des réalisateurs à déclencher des émotions à distance.
Par quoi on commence?
On commence à écrire par trouver une bonne histoire. On apprend, on écoute les conseils, on se forme, on écrit, on défait et on réécrit. Les formations pour apprendre à écrire existent depuis longtemps dans les pays anglo-saxons, y compris des cursus à l’université. A vrai dire, c’est encore mal vu ou assez bien connu et reconnu en France. Nous portons sur nos épaules le poids écrasant de nos écrivains célèbres, et nous restons persuadés que l’écrivain doit être un génie inspiré.
Il est très étrange de penser qu’il existe des conservatoires pour apprendre la musique, la danse, le théâtre, la peinture mais il n’existe rien pour apprendre à écrire. Je parle ici d’écriture créative, ce que l’on fait rarement à l’école. La bonne nouvelle, c’est que ça s’apprend!
Il est vrai que l’écriture est un exercice solitaire, qui peut en effrayer plus d’un. On est confronté à soi-même; on est souvent seul. Mais, c’est important de pouvoir échanger d’une manière ou d’une autre. La figure de l’écrivain est trop pesante. Beaucoup de personnes qui écrivent le font dans le plus grand secret, sans en avoir jamais parlé à leurs proches.
Les ateliers d’écriture et les formations fleurissent en France (je ne peux pas parler des autres pays, ne connaissant pas leur situation), et c’est une bonne nouvelle. Cette tendance répond à une inclinaison de plus en plus répandue pour l’écriture. Beaucoup de gens ressentent un fort besoin de s’exprimer. En joignant un atelier d’écriture, on ne deviendra pas toutes et tous des écrivains de renom. Mais quel plaisir on peut y trouver! Quoi de mieux que d’apprendre avec le plaisir en prime?
L’écriture, un rêve qui se réalise
Quand je regarde les chiffres liés à mon blog ou à l’atelier d’écriture que j’organise gratuitement en ligne chaque semaine, je me dis que l’écriture occupe une place de choix dans nos activités culturelles. Et c’est tant mieux! Internet a beaucoup aidé à démocratiser la pratique. Je reste persuadée que le rêve d’écriture est profondément enraciné en nous.
Souvent, pour la plupart d’entre nous, écrire est un rêve d’enfance. Mais, de plus en plus, les gens réalisent que l’écriture peut être thérapeutique. Beaucoup de gens qui passent le pas et se mettent à écrire ne se destinent pas « à un grand public mais le font pour la famille », comme dans le cas assez fréquent des « journaux de vie » rédigés dans un « souci de témoignage ».
Dans les années 1990, le journal intime avait plus la vogue. Il faut aussi avouer que la tradition française est bien ancrée et que notre pays a le plus de prix littéraires qu’aucun autre. Ce phénomène a aussi sûrement bloqué des générations de gens, se sentant indignes de ce niveau-là. Tout le monde considère la France comme un pays de lettres.
Le développement du numérique a permis de faire sauter des verrous. Les gens écrivent beaucoup sur les écrans. Ce nouvel essor du rêve d’écriture trouve aussi sa source dans la vague des ateliers d’écriture qui est arrivée en France après le début des années 2000. Les grands écrivains français admettent, ENFIN, qu’on peut apprendre à écrire, là où les écrivains du passé estimaient que si on n’avait pas de talent, il ne fallait pas essayer. Il n’y a aucune légitimité pour écrire: tout le monde peut le faire! Et ce n’est pas une question de diplômes!
Publier devient même possible grâce à l’autoédition. Beaucoup de gens s’autoéditent. Je le fais, comme d’autres auteurs. C’est un phénomène sans précédent. On peut constater que les barrières de l’édition sont tombées, ce qui permet au marché de l’édition de se démocratiser.
En guise de conclusion
L’écriture a cela d’essentiel qu’elle peut aider les uns et les autres ou les amener à une prise de conscience. Ecrire, c’est aussi être à la portée des mots, qui fait de cette pratique une activité très riche, humainement et émotionnellement. Il est possible de vivre de l’écriture, de vivre épanoui et heureux, tout en écrivant.
Pour devenir écrivain, bien sûr que le chemin sera long et difficile, mais il est possible. Et ça vaut le coup de l’emprunter! Sans persévérance, personne ne peut aller bien loin. Pour moi, il n’y a pas de talent. Seul le travail entre en compte. Ayez toujours à l’esprit que l’écriture est un espace de liberté sans cesse renouvelé.
Je ne peux que vous inciter à libérer votre plume et à oser tout ce dont vous rêvez. Ecrire est une aventure incroyable à vivre. Allez-y à votre rythme. Ecrire n’est pas une course effrénée pour rattraper les autres. C’est un chemin personnel d’exploration. Laissez libre cours à votre énergie créative qui sommeille en vous. Ecrire fait grandir, quel que soit notre âge. Personne ne traverse la vie sans blessures et sans larmes. L’écriture permet de purger notre douleur et de nous en libérer.
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Je suis en chemin pour créer mon arc en ciel d’écriture !
Catherine M.