“Le style consiste à traduire une idée”, selon l’écrivain David Diop. En fait, le style est l’ensemble des caractères, des expressions et des images qui définissent l’identité d’un auteur. Cela implique sa manière d’appréhender chaque thème, de traiter chaque sujet et la façon de formuler ses idées. Tous les auteurs reconnus (ou pas) ont leur style propre.
Le style, pour moi, c’est une certaine façon de dire les choses. Chacun a la sienne; c’est une façon personnelle de raconter les choses. Il est cependant important de rendre son style intelligible au lecteur. Le style, c’est l’âme d’un auteur, son moi intime.
Je pourrai aussi ajouter que le style est un élément impalpable. C’est plutôt une impression agréable ou pas quand on lit un livre. En ce qui me concerne, ce sont les impressions qu’il me reste une fois le livre refermé. Le style, c’est l’efficacité à toucher droit au coeur du lecteur. C’est arriver, pour un auteur, à dévoiler des sentiments sans verser dans le voyeurisme, le sentimentalisme, le glauque. Susciter plutôt que d’utiliser des images préfabriquées ou autres clichés qui ont tendance à envahir notre monde.
La définition de Valentine Goby
Valentine Goby, romancière, raconte sa pratique intuitive de l’écriture, les recherches qu’elle effectue, le long travail de réécriture. Elle a été maître de conférences à Sciences Po en littérature et ateliers d’écriture de 2013 à 2016, conseillère littéraire pour le festival du livre de Metz depuis 2016, et chroniqueuse pour le journal La Croix de septembre 2016 à janvier 2017. Outre ses 13 publications en littérature générale, elle écrit une œuvre importante pour la jeunesse.
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Valentine Goby attend qu’une étincelle fasse vivrer en elle un désir d’écriture, qui n’est pas permanent. Elle réécrit beaucoup ses premiers jets, mais elle écrit très lentement. Elle s’interrompt souvent pour écrire ses phrases. Elle a d’abord une idée sonore de ses textes. Elle a le tempo, l’amplitude de la phrase, la manière dont elle sonne et comment elle s’articule musicalement. Souvent, ce qu’elle écrit ne correspond pas à cette pré-écriture mentale qu’elle avait en tête.
Son travail consiste alors de mettre en adéquation les éléments sonores qu’elle a en tête et de les retranscrire sous forme de mots. Elle reprend beaucoup chaque phrase, quand bien même elle réécrit ensuite. Elle relit chaque paragraphe, qu’elle réécrit souvent aussi. Elle procède avec ce même processus avec chaque chapitre.
Elle cherche à trouver une cohérence, ce qui l’oblige à reprendre constamment des morceaux de textes qui ont leur propre cohérence interne. C’est le même travail qu’entreprend un peintre avec les couleurs dans un tableau. Les mots doivent vibrer et s’accorder entre eux à chaque paragraphe. Cette façon de procéder en lui permet pas d’écrire des grands jets. Elle n’écrit pas plus de 10 lignes d’affilée.
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L’exemple de David Diop
David Diop écrit directement sur l’ordinateur pour ses livres universitaires, mais dès qu’il écrit de la fiction, il a besoin d’écrire à la main. Il met en place des rituels et utilise un certain papier, un certain stylo pour la ritualiser. Il cherche à faire correspondre le plus fidèlement possible l’image accompagnée de sensations, qui mettent en oeuvre d’autres sens que la vue, avec le geste d’écrire.
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Dans son roman “Frère d’âme”, David Diop utilise la première personne du singulier. Ce choix a pour but d’immerger le lecteur dans l’histoire des tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre Mondiale. Il voulait que le lecteur entre dans les pensées d’un tirailleur, sans filtre, sans intermédiaire. Il ne voulait pas écrire un roman historique.
L’écrivain ne perd pas de temps à chercher comment faire car il sait désormais comment il fonctionne. Comme il écrit sur des carnets, il aménage un espace à gauche pour noter ses idées au fur et à mesure pour être sûr de les garder.
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Développer son style
Progresser dans sa pratique d’écriture est essentiel si on souhaite partager ses textes avec des lecteurs. Développer son style d’écriture, ça s’apprend. On n’est pas obligé d’y passer beaucoup de temps non plus. Il suffit s’apprendre et d’être efficace. Si on interroge des passionnés de l’écriture, tous vous diront qu’ils souhaitent progresser, qu’ils veulent trouver leur propre style mais également le moyen de plaire aux lecteurs, de les toucher, de leurs procurer des émotions fortes.
Le problème de la plupart des gens qui ont envie d’écrire, c’est qu’ils se sentent isolés, seuls devant leur page blanche et ne savent pas comment s’y prendre pour avancer. Vous avez peut-être essayé de montrer vos textes à des amis pour avoir des conseils. Vous avez reçu des retours vagues tels que « j’aime bien » qui n’apportent rien ou des critiques cuisantes. Elles vous ont marqué à vif et découragé.
Vous avez alors cherché par vos propres moyens, fouillé les livres de grammaires et les articles de blog. Force est d’admettre que vous avez du mal à trouver une méthode complète. Et qui ne soit pas prise de tête ! Le problème, ce n’est pas tant de trouver des informations susceptibles de vous aider à progresser. Le vrai problème, c’est de savoir comment améliorer votre style de façon efficace et rapide tout en y prenant du plaisir. Ce dont vous avez vraiment besoin, c’est de moyens simples pour progresser vraiment. C’est possible en réservant uniquement quelques minutes par jour.
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On ne peut pas améliorer son style sans texte. Il convient de laisser aussi libre cours à sa créativité, à son inspiration et d’oublier les exercices scolaires. L’ingrédient principal est le plaisir, voire la passion.
Des conseils pour améliorer son écriture
Il n’y a pas de secret, rien ne vaut la pratique. Pour s’améliorer, il faut écrire tous les jours. A force, cela devient un réflexe. Prenez l’habitude de vous corriger. On est d’accord; cela ne se fera pas en une nuit. Peu importe, écrivez quand même!
Ecrivez des phrases courtes. N’hésitez pas à couper, à simplifier. Des phrases trop longues, construites avec plusieurs propositions deviennent vite des phrases complexes, lourdes et peu agréables à lire. Rien n’est plus difficile que de garder le rythme dans de longues phrases à rallonge. Certes, certains grands auteurs maîtrisent parfaitement l’exercice, mais c’est si rare et ça date d’un autre siècle!
C’est un des conseils donnés par Stephen King : partez à la chasse à tous les mots superflus, coupez, élaguez, votre roman y gagnera. C’était aussi un des mantras d’Ernest Hemingway quand on lui demandait de donner des conseils aux écrivains : écrire des phrases courtes, dans un langage vigoureux, et en évitant les tournures négatives.
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Employez un vocabulaire riche et descriptif. Le mot juste peut en valoir plusieurs. Apprenez à sélectionnez celui qui colle parfaitement, cela rendra votre texte plus rythmé que s’il est alourdi par des adverbes et adjectifs à tout va. Avouez que « siroter son martini » a plus d’allure que “boire lentement”, que “griffonner un numéro” est plus percutant que “noter rapidement”…
Et de façon générale, mieux vaut éviter tous ces adverbes (lentement, rapidement…) pour plutôt trouver le juste mot. Certes, ce n’est pas toujours facile, mais vous enrichirez vite votre vocabulaire, et aimerez jouer ainsi avec les mots. Pour vous aider, deux dictionnaires sont indispensables: le dictionnaire des synonymes et le dictionnaire des analogies. En vous permettant de rechercher des termes par associations d’idées, ils vous permettent d’aller beaucoup plus loin dans la créativité et la subtilité du langage. Essayez, vous ne pourrez bientôt plus vous en passer…
Relisez-vous à voix haute, écoutez vos phrases, vos mots. Sentez le rythme dans votre texte, vous découvrirez également vos tics de langage et vous pourrez alors les corriger. Beaucoup de grands écrivains utilisent régulièrement cette technique qui a fait ses preuves. Il ne s’agit pas de susurrer doucement et d’un ton monocorde, mais de vraiment donner vie au texte ! Gustave Flaubert, qui était en un fervent adepte de cette lecture à voix haute, parlait même de son « gueuloir », ce qui donne une idée assez claire de l’énergie qu’il y mettait, le laissant « les poumons en feu ». Car comme le disait Guy de Maupassant « les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements de cœur, et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie ».
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Inspirez-vous des auteurs que vous aimez. S’inspirer ne veut pas dire plagier bien évidemment. Vous pouvez vous pencher attentivement sur les auteurs que vous appréciez. Observez comment ils jouent avec la langue, leur façon d’introduire les personnages, l’intrigue…
Pour progresser, je ne peux que vous conseiller de lire de tout, de lire ce que vous pouvez et ce que vous voulez. C’est bien connu, le succès, c’est 1% de talent, et 99% de travail.
Les conseils d’écriture d’Agnès Martin-Lugand
Agnès Martin-Lugand ne s’arrête jamais. Depuis le succès de “Les gens heureux lisent et boivent du café” en 2013. Elle s’impose régulièrement en tête des ventes, au rythme d’un roman par an. En mars 2018, elle a publié “A la lumière du petit matin”, son sixième livre aux éditions Michel Lafon, et a déjà le cœur à l’ouvrage.
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L’autrice n’hésite pas à dire qu’elle pleure ou qu’elle rit en écrivant. La musique l’aide beaucoup pendant la phase d’écriture. Pour elle, il est indispensable de faire relire sa prose par une personne de confiance, qui n’hésite pas à critiquer, mais qui n’est pas là pour juger. Les personnages et les décors doivent être travaillés et pensés avant de commencer à écrire.
Ce n’est pas la peine de chercher des situations complexes. Agnès Martin-Lugand aime écrire sur les gens de tous les jours. Pour structurer son récit, dans un premier temps, l’autrice cogite, prend des notes dans un petit calepin. Elle fait en sorte de bien connaître ses protagonistes : leur vie, leurs goûts, leurs mots fétiches, leurs tics. Elle sait où elle va, elle connait le point final. En revanche, elle ne sait pas forcément comment elle va y parvenir. Et, plus le temps passe, plus elle s’autorise à se laisser surprendre, surtout par les personnages secondaires. Mais elle a besoin de cette fusion avec le personnage principal.
Elle se met dans la peau de ses personnages. Elle doit ressentir ce qu’ils vivent. Il faut qu’elle aie la boule au ventre. Elle écrit à la première personne du singulier pour s’effacer derrière ses personnages. Elle choisit toujours des décors qu’elle connaît. Elle a besoin de l’aspect sensoriel d’un lieu : l’avoir senti, respiré, entendu, y avoir eu chaud ou froid.
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Agnès Martin-Lugand insère beaucoup de dialogues dans ses romans. Selon elle, il faut imaginer avoir la conversation en face-à-face avec quelqu’un. Comme elle raconte des histoires qui peuvent arriver à tout le monde, elle n’a pas besoin de faire des figures de style. Mais, elle n’hésite pas à introduire des grossièretés. C’est la vraie vie, non?
Il faut écrire les histoires qu’on a envie de défendre. Que ce soit un polar ou un essai, il faut être à fond. Pour le reste, il n’y a pas de mystère, c’est du travail. On ne peut pas faire ça en dilettante : c’est dur, c’est fatigant et parfois douloureux. Mais, en même temps, il faut continuer à avoir du plaisir dans l’écriture. On ne peut pas écrire blasé.
Des conseils de Librinova
Un livre agréable à lire doit avoir une écriture fluide et concise. Préférez par exemple employer la voix active pour un style direct et franc. Limitez l’enchaînement de principales et de subordonnées dans une même phrase, sinon vous risquez de vous perdre dans votre récit et votre lecteur aussi !
Enfin, faites attention à votre ponctuation et à la typographie : les virgules ne se placent pas n’importe où, les points-virgules ont une signification particulière, tout comme les points de suspension. Il faut à tout prix rechercher la fluidité.
Il faut aussi surtout éviter les expressions convenues. « Il y a », ou encore l’emploi excessif des verbes « avoir », « faire », et « être », sont à proscrire. Pourquoi ? Car ils sont communs et vides de sens. En cherchant des alternatives, vous allez améliorer votre style à l’écrit. Par exemple, on peut remplacer « avoir peur » par « craindre ». Traquez également les adverbes : « dire agressivement » peut être remplacé par « reprocher » ou « gronder ».
Recherchez plutôt comment dire la même chose à votre manière. Votre récit doit porter votre empreinte, votre personnalité : autant bannir les mots et expressions employés à toutes les sauces. Surveillez également vos tics de langage à l’écrit : les « du coup », les « s’agissant de », les « en effet » ou les « clairement » ou “au jour d’aujourd’hui”… Ces expressions qui reviennent systématiquement dans votre écriture doivent être maîtrisées et utilisées à bon escient.
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Donnez du relief à votre récit. Enchaîner des tournures similaires rend la lecture d’une histoire monotone. Alterner les phrases longues et courtes permet de donner du relief à un récit. À vous de tester différentes formulations pour que votre écriture soit rythmée.
Autre solution pour rendre vivant un récit : soigner la mise en situation. N’hésitez pas à entrer dans les détails pour aider le lecteur à visualiser la scène que vous décrivez. Cette technique est résumée dans l’expression anglaise « show, don’t tell » (montrez, ne dites pas). Au lieu d’écrire simplement que le personnage est à bout de nerfs (ce qui tient dans une phrase…), imaginez une scène où le personnage est en train de craquer nerveusement. Par exemple, il s’effondre en larmes en trouvant une nouvelle facture dans sa boîte aux lettres. Le lecteur sera ainsi immédiatement plongé dans l’action et votre style d’écriture meilleur.
Utilisez le dictionnaire. Ouvrez un dictionnaire pour travailler votre style d’écriture. La langue française est riche de termes ayant chacun un sens précis. En choisissant avec minutie vos mots, vous allez produire un texte beaucoup plus impactant. Que préférez-vous entre « je me réveillais avec le bruit des cigales » et « je me réveillais avec le chant des cigales » ?
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L’orthographe, la grammaire et la conjugaison sont indispensables pour un style agréable à lire, sinon vous risquez de rebuter vos lecteurs. Pour vous aider à améliorer votre style d’écriture, il existe aussi des dictionnaires informatiques, comme le Robert Correcteur. Au-delà des corrections d’usage, ce type d’outil est précieux pour traquer les répétitions et les verbes faibles (dire, faire, voir…).
En guise de conclusion
Pour améliorer son style, je ne peux que vous conseiller de participer à des ateliers d’écriture, en présentiel et en distanciel. Vous inscrire à un atelier d’écriture peut vous aider à résoudre ce problème. L’œil neuf et bienveillant de la personne animant l’atelier va vous permettre de pointer ce qui ne va pas dans votre écriture. Ses conseils vont vous aider à améliorer votre style d’écriture.
Quoi qu’il en soit, ne vous découragez pas ! Bien écrire n’est pas uniquement une question de talent. Persévérez et exercez-vous : avec un peu de travail, vous parviendrez forcément à améliorer votre écriture.
Le style d’écriture parfait n’existe pas et, surtout, il n’est pas universel. Selon le dictionnaire Larousse, le style est « la façon particulière dont chacun exprime ses pensées, ses émotions et ses sentiments ». Le style est donc personnel et chaque auteur ou autrice a le sien propre. Alors, n’essayez pas de copier un style, mais faites en sorte de trouver le vôtre!
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A paraître à la rentrée…
Aussi en préparation pour la rentrée
J’ai décidé, pour vous et rien que pour vous, de compiler toutes les propositions d’écriture que j’ai proposées dans mon atelier d’écriture en ligne. Je proposerai à un prix modique le 1er tome à la rentrée.
Je donne aussi des conseils sur la façon d’aborder chaque consigne et des ouvertures possibles.
Merci pour tous ces conseils et toutes ces références .