Crédit photo: rphfm.org

“Il y a les mots qui font mal… Ces mots qui égratignent, blessent, heurtent, balafrent, abîment. Et parfois tuent. La tumeur des mots sales qui forment le cancer de la haine. Ceux qui, en se métastasant dans l’espace public, peuvent tuer une société.”

Quelles ballades ne pouvons-nous faire dans notre belle langue séculaire qu’est le français! Nous sommes comme des voyageurs qui traversent des contrées qu’ils ignorent! A travers ce voyage dans la langue, nous verrons des choses étranges, désuètes ou ordinaires. C’est ainsi avec le vocabulaire. Nous possédons un stock de mots considérable, qui s’est développé sur plus de 1000 ans, avec des racines latines, qui elles-mêmes sont issues de l’indo-européen, qui lui-même vient d’origines encore plus lointaines!

La langue française, comme tout autre, est un patrimoine riche. Nous avons trop tendance à l’oublier, ou tout simplement, à l’ignorer. Alors, n’hésitons plus pour célébrer notre langue avec le mérite qui lui revient!

Pour écrire cet article, je me base sur l’émission de France Inter, “Grand Bien vous Fasse,” d’Ali Rebeihi, diffusée le 15 novembre 2019.

Les mots modestes

Alain Rey participait à l’émission citée précédemment et il disait de ces mots modestes qu’ “ils étaient humbles et emmerdants”. Cette phrase figure dans la préface de son livre “Trop fort les mots”.

Alain Rey- Crédit photo:Lerobert.com

Ces mots modestes sont simples en apparence et sont extrêmement usités, brefs en général et possèdent une histoire très chargée, difficile à démêler pour le lexicographe si réputé Alain Rey. Ce sont des mots plein de pièges, comme “jeu” et “jouer” selon lui. Ces mots modestes sont remplis de tellement de possibilités que de les tracer devient un challenge.

L’invention du Schmilblick

Le mot “schmilblick”, selon Alain Rey, est d’apparence germanique, mais ne vient pas du tout de l’allemand. C’est une invention de Pierre Dac. Cet humoriste se basait sur un comique de l’absurde.

Crédit photo: Franceinter.fr

Le Schmilblick est un objet imaginaire créé par l’humoriste Pierre Dac dans les années 1950. Selon son concepteur, cet objet ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout car il est «rigoureusement intégral ». Le mot est de nos jours utilisé pour qualifier quelque chose d’indescriptible ou de très compliqué.

“Faire avancer le schmilblick” est une expression devenue populaire et entrée dans le dictionnaire.

Je ne résiste pas bien sûr à vous mettre les liens du sketch de Pierre Dac de 1958, et celui repris plus tard par Coluche autour du même mot.

La perte du mot juste

Nous avons malheureusement perdu la pratique du mot juste, par paresse, par habitude du langage. Nous nous restreignons à peu près à 10% de notre lexique. Notre langue française comprend environ 60 000 mots.

Nous nous cantonnons au premier mot qui vient, par facilité, comme quand nous utilisons “avoir, être, faire, dire, mettre”. Pour ces verbes basiques, il existe un mot plus joli, plus précis, plus juste, plus original, plus savoureux, voire rare, inévitablement. C’est l’opinion de Bertrand Périer dans son livre “Sur le bout de la langue”:

Le vocabulaire français représente de telles possibilités qu’il est compliqué de trouver le mot juste en toutes circonstances. Les dictionnaires, selon Alain Rey, ne représentent que la partie visible d’un iceberg, bien plus profond.

Des milliers de mots nouveaux apparaissent tout le temps, qu’on peut trouver dans la presse, dans les médias ou en entendant les gens parler dans la rue. On peut se délecter à rechercher des mots différents, peu usités par les autres, sans pour autant passer pour un savant ou un prétentieux.

Lorsque la recherche du mot juste est pratiquée, non plus par des rédacteurs d’un dictionnaire, mais par de grands écrivains ou de grands poètes, elle va très au-delà de l’exercice lexicologique et devient un art véritable.

Prenons un exemple chez Marcel Proust, avec son extraordinaire richesse du vocabulaire, les ruissellements d’adjectifs délibérément disparates, d’où émerge la réalité non pas de l’objet lui-même, pour la définition ou désignation duquel un seul terme aurait suffi, mais la réalité supérieure qu’assume cet objet dans la perception qu’en a le narrateur. Au début du premier volume de “À la recherche du temps perdu“, le son du grelot à la porte d’entrée de la maison de Combray, — je cite : « Le grelot profus et criard, qui étourdissait de son bruit ferrugineux, intarissable et glacé toute personne qui le déclenchait en entrant. » Ici, c’est l’adjectif « ferrugineux » qui constitue la trouvaille, parce qu’il fond en une seule perception les notions de fer, d’oxydation et de rouille.

Marcel Proust- Crédit photo: Franceculture.fr

On peut légitimement se poser la question suivante: comment peut-on raisonner juste si l’on n’est pas sûr des mots qu’on emploie? Un mot juste n’est pas forcément un mot compliqué, mais c’est celui qui exprime notre pensée au plus près. Le pensée est plus construite si on choisit des mots plus précis. La langue française est suffisamment riche pour ne pas se contenter de toujours choisir les mots les plus simples!

Notre manière de parler influence la pensée de chacune et de chacun. Il est facile d’ouvrir un dictionnaire au hasard et d’apprendre 2 ou 3 mots nouveaux chaque jour: ce peut être un défi génial au quotidien! Le choix du lexique exprime une pensée plus ou moins fine. La pensée finit par devenir paresseuse si on utilise toujours les mêmes mots. Le rétrécissement du lexique aboutit à un rétrécissement de la pensée. On pense conforme parce que l’on parle conforme.

Pour un écrivain, choisir le mot juste reste probablement la deuxième difficulté après l’inspiration. Le choix des mots est un élément essentiel de l’écriture car il est en relation directe avec les réactions des lecteurs.

Les mots fourre-tout

Il est primordial de faire la chasse aux mots fourre-tout, qui somme toute, sont souvent des superlatifs à la mode, comme dire “hallucinant” au lieu d’“étonnant“. Cela donne l’impression, par cette surenchère actuelle dans le langage courant, que les mots n’ont plus assez de valeur.

Les mots fourretout — expression utilisée par analogie avec un fourretout, grand sac souple sans compartiment intérieur — sont des termes à la signification floue, polysémique, ambigüe. Chaque mot est biface, avec d’un côté la musicalité qui fait qu’on le choisit ou pas, et d’autre part, le sens. Il existe un rapport très intime entre le son et le sens, et ce, pour chaque mot.

Des mots fourre-tout sont des mots ou des formules si vagues que tout le monde s’y retrouve. Lorsqu’ils apparaissent, ils ne sont pas creux ou absurdes mais, à force d’être employés de façon excessive et dans des contextes les plus variés, ils se retrouvent vidés de leur sens, galvaudés : chacun peut leur faire dire ce qu’elle ou il veut.

Crédit photo: courrierinternationalcom

Les mots de la gastronomie

S’il existe un domaine où les mots excellent par leur diversité, leurs couleurs, c’est bien celui de la gastronomie. Le langage de la cuisine est fascinant. Il existe des mots pour les produits, pour les façons de les préparer ou de les cuire. Le lexique est riche parce que la cuisine française l’est tout autant. Les mots utilisés dans ce domaine sont très évocateurs.

Dans le domaine de la gastronomie, on peut parler de festival des mets, mais aussi de festival des mots, par les noms des plats donnés par les chefs. Le gastronome rêve d’abord par les mots. C’est bien la lecture du menu qui titille en premier nos papilles.

Le langage de la gastronomie est un langage très imagé et joue avec les mots! C’est un domaine littéraire et gustatif. “Parlez de ce que vous mangez, et vous serez cultivé”, est l’adage inventé par Henriette Walter.

La langue française regorge d’expressions autour de la cuisine. Elle fait bon ménage avec la gastronomie. Prenons les exemples suivants: mettre son grain de sel, être soupe au lait, mi-figue mi-raisin, tomber dans les pommes. L’UNESCO ne s’y est pas trompé d’ailleurs, puisque la gastronomie française est inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité!

En guise de conclusion

J’aurais pu aussi évoquer la langue de l’amour, si riche et charmante, dans le plaisir des mots. Alain Rey était convaincu que les mots d’amour sont les carburants de l’amour. Nous retirons des satisfactions de l’utilisation des mots. Nous éprouvons parfois une certaine jouissance par les mots que nous cherchons à apprivoiser, dans la parole, dans l’écriture ou dans la lecture.

Les mots nous ouvrent tous les champs des possibles. Nous avons toutes et tous notre propre façon d’habiter la langue française. Elle fait entièrement partie de notre quotidien. C’est un puits au-dessus duquel nous nous penchons pour chercher notre image: un miroir singulier composé de tous les mots glanés au fil des ans de livres en livres, de films en films, de conversations en conversations.

Ayons conscience que tous les mots que nous avons engrangés depuis notre enfance nous ont appris à devenir grands et à devenir la personne que nous sommes aujourd’hui!

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