J’ai déjà écrit un article sur mon blog prodiguant les conseils d’écriture de Joël Dicker, le célèbre romancier depuis son premier grand succès, “La vérité sur l”affaire Harry Quebert” en 2012. Il est resté modeste et évoque toujours sa passion dévorante pour la lecture et l’écriture.
Il doit tout à son éditeur fétiche, Bernard de Fallois, désormais décédé. Les récits de Joël Dicker sont toujours captivants et fourmillent de personnages attachants. Pour créer ses personnages, le romancier joue beaucoup avec les idées et se pose des questions avant de réellement écrire.
Avant la publication de “La vérité sur l’affaire Harry Quebert”, on lui avait refusé 6 romans. Joël Dicker aurait pu tout arrêter, mais il ne le pouvait pas. Il avait trop d’histoires dans sa tête. Il ne conçoit pas sa vie sans l’écriture. On lit ses romans sans s’arrêter, en deux jours, c’est mon cas. Ses histoires me donnent des insomnies, tant je veux savoir la fin tout de suite!
Comment procède Joël Dicker?
L’écrivain suisse commence sans aucun plan et avec une liste restreinte de personnages. Il n’aime pas l’idée de rédiger des notes avec la couleur des yeux, des cheveux, le poids ou l’origine sociale des héros qu’il crée. Il souhaite avant tout laisser au lecteur la liberté de s’approprier ces détails, de les façonner au fil de son imagination. Il se sent libre d’écrire sans plan. Il explore des pistes, quitte à se perdre et à revenir en arrière. Cette technique appelle d’autres pistes, d’autres idées, auxquelles il n’aurait pas pensé avec un plan établi à l’avance.
Certains écrivains font un plan et une fois que tout est verrouillé, ils écrivent. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode. Il faut tout simplement se connaître pour réaliser comment on fonctionne et ensuite faire confiance à ce fonctionnement. Toute la difficulté est là.
En général, Joël Dicker met 18 mois pour comprendre ce qu’il est en train d’écrire. Il écrit donc sans note, sans plan, sans fiche, parce qu’il a l’impression que cela le bride. Il veut pouvoir tout changer jusqu’à la dernière minute. Le personnage doit exister en lui de façon forte et claire pour avoir sa place dans l’histoire. Si ce n’est pas le cas, il fait disparaître ce personnage.
Peu à peu, l’écrivain va se rendre compte de quoi parle le livre et il va lui donner ainsi une direction. “C’est comme une boule de neige,” précise-t-il, “qui grossit au fur et à mesure qu’elle avance en ramassant des petits bouts de bois et des cailloux qui sont sur son trajet”.
Au départ de toute écriture, tous ses personnages ont la même importance. Il n’y a pas de premier rôle, même si certains ont plus la parole que d’autres. Il n’est pas à la recherche d’une prouesse stylistique et ne désire pas écrire de texte alambiqué. Il est avant tout un lecteur. Il essaie donc de pallier des défauts qui lui auraient déplu dans d’autres romans, notamment dans ceux où il y a beaucoup de personnages.
L’écriture est le moment préféré de Joël Dicker. Ce temps n’est qu’à lui, à personne d’autre et personne ne peut lui prendre. Il éprouve beaucoup de plaisir à écrire. Et ce plaisir-là est indélébile.
Pourquoi Joël Dicker écrit-il?
Le romancier écrit parce que cela lui est indispensable. Parce que cela enrichit sa vie et lui procure des sensations si fortes qu’il lui est impossible d’arrêter. Pendant le temps d’écriture d’un roman, il se lève à 4 heures du matin, parce que sa curiosité est plus forte que la fatigue qu’il peut ressentir. Retrouver ses personnages, son livre et savoir comment ils vont évoluer au fil des pages le ravit.
Cette joie de retrouver ses personnages quotidiennement est toujours à la hauteur de la tristesse de les perdre quand le livre s’achève. Un roman fini, c’est comme un petit deuil, car il a passé plus de temps avec ses personnages qu’avec n’importe qui d’autre, n’importe où ailleurs dans le monde.
Joël Dicker dit qu’il est toujours en apprentissage, qu’il a encore beaucoup à faire et à apprendre. C’est comme cela qu’il dit progresser. Il aime simplement inventer des histoires; il prend beaucoup de plaisir à inventer.
Romain Gary, Roald Dahl, Albert Cohen ou Dick King-Smith sont des auteurs qui ont marqué l’écrivain suisse. Dans ces livres, il y a, selon lui, tout le bonheur d’être conteur et cela a eu une grande influence sur son travail. Pour lui, “Belle du Seigneur” d’Albert Cohen est le roman le plus réussi au monde.
Qui sont les personnages de Joël Dicker?
Dans tous les romans de Joël Dicker, les anciens ont un rôle prépondérant. Il vient d’une famille qui a fui la Russie lors de la Révolution de 1917. Il évoque, par exemple, ses deux grands-parents dans le roman “La disparition de Stéphanie Mailer”. Ce roman lui a permis de retrouver les siens. En écrivant, il essaie d’exister en eux, de vivre leur enfance, leur éducation. Comprendre cette façon d’être a une résonance très forte en lui.
Comment fait-on pour écrire un roman?
Selon Joël Dicker, il n’y a pas de secret: il faut du travail. L’écriture n’est pas magique. Il est rare qu’on sache exactement où l’on va. La plupart du temps, c’est du travail à la pioche, dit l’écrivain. Il faut travailler millimètre par millimètre, et parfois, on pioche dans le mauvais sens. Pour lui, le moteur, c’est le plaisir. Si le travail d’écrire procure un découragement permanent, c’est que ça ne vaut pas la peine d’écrire.
En revanche, si l’on prend du plaisir (oui, on peut prendre du plaisir dans la difficulté sans être masochiste!!), c’est plutôt bon signe. Ecrire, c’est comme la course à pied. Au début, c’est dur. On court 5 minutes, puis 10 minutes, puis 20 minutes, etc. Assez vite, on se rend compte qu’on arrive à passer à l’étape supérieure. Cette difficulté, justement, est agréable parce qu’on se rend compte qu’on construit un truc pour soi. Ce qui donnera envie de retourner à son oeuvre!
Comment écrire un bon scénario?
L’atmosphère dans un roman doit faire en sorte que l’on se sente bien et intrigué. Il est nécessaire d’avoir des personnages qu’on a envie et hâte de retrouver. Les personnages peuvent être antipathiques avec des mauvais côtés. Les personnages gentils, en général, sont ennuyeux.
Pour Joël Dicker, c’est le lecteur qui va décider du rythme du livre. L’auteur n’est qu’un accompagnateur, mais il faut que l’ensemble lui convienne. La fin d’un chapitre doit être une respiration pour laisser souffler le lecteur et pour le laisser reprendre ses esprits.
A quel rythme écrire?
Le rythme de travail dépend entièrement de chaque auteur. Certains aiment se lever tôt pour écrire, voire même avant d’aller d’aller travailler, d’autres vont préférer s’activer la nuit. Selon Joël Dicker, il est important d’avoir un endroit à soi, loin des distractions. On travaille sans téléphone, sans wifi et sans personne pour nous déranger. Pendant le temps imparti à l’écriture, on se consacre à son texte.
C’est à vous de trouver le rythme d’écriture qui vous convient. L’écrivain suisse va se coucher à 21 heures et il dort la nuit. Il est donc du matin.
Trouver sa maison d’édition
Une fois le livre terminé, il faut le faire lire à la bonne personne, à un éditeur choisi en conséquence et qui corresponde au livre, ce qui n’est pas toujours simple comme le précise l’auteur. “Il y a des éditeurs de polars, des éditeurs de littérature générale, des éditeurs de romans pour la jeunesse“, développe Joël Dicker.
Il préconise également d’aller dans des salons ou encore d’utiliser les réseaux sociaux pour entrer en contact avec des éditeurs. Enfin, il suggère de se tourner aussi vers des petites maisons d’édition et de ne pas se laisser happer par des grands noms. “Vous aurez plus de chances chez un éditeur un peu plus petit, un peu moins connu, qui aura le temps de lire votre texte et puis qui aura le temps de s’occuper de vous après comme auteur, et ça, c’est important aussi“, ajoute-t-il.
Défendre ses droits
Autre point crucial : prendre connaissance de ses droits. “Quand vous cédez votre livre à un éditeur, il garde les droits, il garde la propriété intellectuelle sur votre texte jusqu’à 70 ans après votre mort donc faites attention aux droits que vous cédez“, explique Joël Dicker.
Par exemple, il conseille de garder ses droits pour tout ce qui est audiovisuel. “C’est-à-dire les droits pour la télévision ou le cinéma, parce que si vous les cédez directement, votre éditeur sera celui qui sera en charge de les négocier, de les adapter, qui sera celui qui pourra dire oui ou non ou qui pourra se mêler de ce qui se passe“, conclut-il.
En guise de conclusion
Joël Dicker est un auteur très talentueux et je lis ses romans toujours avec un grand plaisir. Il met son coeur et ses tripes dans ses histoires. Ses romans sont des enquêtes policières avec des personnages qui possèdent des noms bien singuliers, qui impriment la mémoire des lecteurs.
Il maîtrise les rebondissements, les fausses pistes qui ressemblent à un jeu. Le lecteur ne peut que se demander ce qui va se passer à la page suivante. L’auteur explore des pistes et livre des indices, disposés ici et là. Il oriente le lecteur vers des fausses pistes. C’est tout simplement jouissif!
Joël Dicker a acquis son propre style et a une façon de raconter les choses assez singulière, qui ne ressemble à personne d’autre. Il y a beaucoup de cliffhangers et de suspens. On ne s’ennuie jamais quand on lit un de ses romans. On est tenu en haleine avec des histoires toujours fortes!
Un roman moderne, contemporain, d’amour et de reconstruction
Toute sa vie, Amanda a été en quête d’amour. Elle en a beaucoup reçu de sa mère, Nicole, enfant de la guerre. Elle a attendu d’en recevoir de Max, son premier mari. En vain. Après avoir vécu un drame personnel intense, elle tente de se reconstruire, tant bien que mal. A la croisée des chemins, elle doit réapprendre à aimer la vie, pourquoi pas en retrouvant son premier amour ? Amanda part alors à la reconquête d’elle-même par un étonnant retour aux sources.
De Claudine
J’aime beaucoup votre style, direct, clair, net et bien envoyé. C’est un plaisir à lire.
Ecrire demande du travail, de la rigueur et de mettre en pratique des théories et des conseils. Ecrire procure une joie infinie, mais cela ne s’improvise pas. Dans ce livre, vous trouverez 299 conseils pour mieux écrire pour vous aider à assouvir votre passion et progresser dans l’art de l’écriture.
Bonjour, en ce moment je tombe beaucoup sur Joël Dicker. Pas directement, bien sûr, mais sur des articles, sur ses livres… et en le lisant , ces propos sont en lien avec mon dernier article, notamment sur ce qui fait écrire. Et la première source d’inspiration, c’est l’envie d’écrire. C’est vrai que cette envie doit tenir au corps, pour perdurer dans la volonté d’écrire. Etonnant aussi, de savoir que cet auteur vient de créer sa propre maison d’édition.