Qui ne connaît pas encore Stephen King? C’est le roi américain de l’horreur et du fantastique dans toute sa splendeur. Il a développé un genre littéraire, a vendu des millions de livres à travers le monde, traduits dans toutes les langues. Ce n’est pas parce qu’il est un auteur populaire qu’il n’est pas poursuivi par ses propres démons. Jusqu’à la quarantaine, il a eu honte de ses romans. Beaucoup de gens lui ont fait savoir qu’il gaspillait son temps et son énergie en écriture vaine!
Néanmoins, il fait partie de ces rares écrivains qui acceptent de livrer une partie de leur savoir et de donner des conseils pour les auteurs en herbe. Il est parfaitement capable de s’auto-critiquer, d’utiliser l’humour à ses fins. Il est quand même l’auteur le plus vendu au monde!
Stephen King est un empereur indétrônable depuis 50 ans dans le genre de l’horreur, avec une productivité hors du commun. Il dit qu’il fait de son mieux pour faire peur aux gens. Il a révélé au monde la face sombre de l’humanité comme personne. Mais, ses livres racontent les mêmes histoires que les contes qu’on nous racontait enfant. Je fais référence aux vrais contes, pas aux histoires édulcorées de Walt Disney.
Les inspirations de Stephen King
Stephen King a été profondément marqué par l’assassinat de John Kennedy, mais aussi par l’émergence aux Etats-Unis d’une violence jusque-là inédite. Un serial killer des temps modernes, Charlie Starkweather l’a aussi inspiré. C’est cette ligne de départ qu’il a choisie pour écrire sur des gens qui ont fait du mal aux autres.
Mais, s’il a écrit dans ce genre de l’horreur, c’est que le public était et est toujours au rendez-vous. Les gens ont un appétit féroce pour le macabre. En somme, les livres de Stephen King sont des contes de fées modernes qui mettent en garde contre les monstres du réel et des forces du mal. Il se sert du fantastique pour distordre la réalité, et nous sommes d’accord qu’il arrive que cette réalité dépasse la fiction!
Stephen King n’a pas eu une enfance facile. Il a été abandonné par son père à l’âge de 2 ans et il a eu une enfance ennuyeuse. Il se réfugiait alors dans l’espace, là où il voulait vivre, pour combattre des monstres.
Adolescent, il a découvert l’auteur Richard Matheson: c’est le premier écrivain, à ses yeux, qui a mis de l’horreur dans des endroits banals dans lesquels il voulait se projeter. Puis, il a dévoré des films de monstres et de science-fiction pendant toute sa jeunesse.
1er conseil: soigner ses descriptions
Pour Stephen King, des descriptions riches en détails permettent aux lecteurs de s’imaginer les scènes précisément. C’est comme si un auteur écrivait des scènes pour un film. Un roman rassemble néanmoins plus que des images: il y a une intrigue, un style, un ton, des pensées, des personnages et pleins d’autres choses. Mais, c’est le travail sur les descriptions qui fait qu’un roman sort du lot, lui donne vie aux yeux des lecteurs.
On doit se rappeler qu’une histoire jaillit d’une image. Un auteur en herbe doit se représenter la scène qu’il veut écrire avant de la coucher sur le papier. Un lecteur doit se rendre compte de la description tout seul, sans qu’on lui dise tout. Si une maison est sinistre, il doit le découvrir en lisant la description de cette maison.
2e conseil: visualiser avant d’écrire
Si les descriptions du roman sont efficaces, le lecteur pourra lors se représenter le monde décrit et faire ainsi appel à son imagination. L’auteur se doit de transmettre des images à ses lecteurs. Il ne doit pas donner tous les éléments de chaque scène, mais donner suffisamment de détails pour inspirer un sentiment de confiance à son lecteur pour que la lecture se transforme en plaisir.
C’est la raison pour laquelle il recommande vivement de visualiser chaque scène avant de l’écrire. L’auteur écrira alors peut-être plus lentement, mais gagnera en efficacité en se concentrant sur l’essentiel.
Il dit de fermer les yeux, d’imaginer la scène en se positionnant à un endroit précis et d’observer. Dès qu’on tient l’image, on la couche sur le papier. Insérez ensuite un personnage dans le décor. Prenez garde, néanmoins, à ne vous jamais laisser transporter entièrement par cette représentation. Vous écrivez une scène de roman, pas de film.
Prenez garde tout de même à ne pas noyer vos lecteurs sous une avalanche de détails. Il faut apprendre à sélectionner. L’image amène l’intrigue et l’intrigue mène tout le reste.
3e conseil: écrire régulièrement
Pour écrire régulièrement, Stephen King affirme qu’il faut travailler dans une atmosphère sereine, tranquille, sans être interrompu. L’auteur doit posséder une pièce à lui, dans un décor qu’il a choisi et dans lequel il se sent bien.
Dans le meilleur des cas, il convient d’écrire tous les jours, si possible. On peut se fixer un nombre de mots à atteindre ou se lancer des défis au quotidien. C’est comme tout le reste, l’inspiration vient en écrivant.
C’est un conseil que je donne souvent dans mes articles. Un roman ne s’écrira pas tout seul, à moins de payer quelqu’un pour faire le travail à sa place.
4e conseil: écrire sur ce qu’on connaît
Si je prends mon cas personnel, je n’aime pas trop les genres de la science-fiction et de la fantasy. Je ne me vois pas du tout écrire un roman dans ces genres-là, du moins pour l’instant. Comme je l’ai écrit précédemment, Stephen King adorait, enfant, les films de monstres et les bandes dessinées d’horreur. Il a écrit dans cette voie. Aucun auteur ne doit se détourner de ce qui lui plaît pour s’attaquer à un autre genre littéraire, histoire de faire comme les autres, parce que tel genre est à la mode ou rapporte de l’argent.
Quand vous écrivez votre livre, le but n’est pas d’impressionner votre entourage ou les réseaux sociaux, ou de vous faire du fric à tout prix. Stephen King le dit bien: “le travail de tout livre, même une fiction, est de dire la vérité”.
5e conseil: ne pas construire d’intrigue
Pour Stephen King, écrire à partir d’une intrigue très cadrée et prévue d’avance gâche la spontanéité de la création. Il compare la création d’histoire à l’extraction du sol d’un squelette de dinosaure. Il découvre son histoire au pinceau et à la brosse en même temps qu’il l’écrit. Utiliser une intrigue revient à utiliser un marteau piqueur pour extraire le précieux squelette.
L’écrivain ne dit pas qu’il ne faut pas d’intrigue. Vous devez avoir les grandes lignes, mais en laissant vivre vos personnages à leur guise. Votre histoire a un but, vos personnages prennent des décisions qui modifient le cours de leur existence. Tout cela a des conséquences sur la suite des événements.
Stephen King est persuadé que les personnages “inventent” l’histoire. Pour lui, ils sont presque doués ou dotés d’une volonté propre, une fois créés. Ils réagissent aux événements qui leur dictent la suite du récit.
6e conseil: limiter les descriptions physiques des personnages
Stephen King préfère favoriser le contexte plutôt que de décrire à fond ses personnages. Il ne juge pas important de savoir si telle personne porte un tee-shirt rouge ou blanc. Il vaut mieux que le personnage agisse et interagisse avec son environnement plutôt que de lire de longues descriptions le concernant.
Si la description d’un personnage n’intervient pas tôt dans l’intrigue, du moins quand il apparaît dans l’histoire, il vaut mieux laisser tomber ensuite. Laissez de la place au lecteur pour qu’il s’imagine le personnage. Si vous tenez vraiment à le décrire, commencez par le visualiser!
7e conseil: montrer au lieu d’expliquer
Stephen King, ainsi que bon nombre d’écrivains, préconisent de ne pas tout expliquer. L’histoire doit garder sa part de mystère pour que le lecteur accroche. Il doit lui-même déduire certaines choses. Il vaut mieux que le personnage se mette en action dans un contexte donné plutôt que le narrateur explique tout de long en large.
Ecrire un roman, ce n’est pas seulement faire état au lecteur de l’action qui se déroule. C’est bien plus, évidemment. C’est aussi et surtout savoir raconter les événements, comme si c’était la vraie vie. Il faut réussir à les relier entre eux pour que l’intrigue tienne la barre. Il faut garder en tête qu’écrire une histoire, ce n’est pas expliquer au lecteur le “pourquoi du comment” de l’action qui se déroule sous ses yeux, c’est-à-dire, à livrer des informations coûte que coûte. Il faut, avant tout, mettre en scène les personnages et les événements.
8e conseil: créer de vrais personnages
Les personnages que Stephen King crée pourraient être nos voisins ou nos amis. Ils pourraient exister dans la réalité. Dans la vraie vie, personne n’est tout noir ou tout blanc, ou le méchant de service ou le meilleur ami ou le gendre idéal en permanence. Chaque être humain a ses failles, les personnages aussi. Evitez de caractériser vos personnages par des clichés.
Aucun être humain n’est unidimensionnel. Nous avons toutes et tous nos faces cachées. Chaque être humain est unique, vos personnages aussi. Ils doivent donc avoir des pensées et des émotions propres à eux. Ils sont l’élément vivant de chaque histoire et sont donc très difficiles à construire. Rappelez-vous qu’un personnage existe d’abord parce qu’il est avant tout crédible.
9e conseil: rester fidèle à son style
“Personne ne peut imiter l’approche d’un écrivain à un genre précis, même si ce qu’il fait semble simple”, dit Stephen King. Il est évident que nous pouvons être influencés par les auteurs que nous lisons et apprécions. Mais, quand notre tour vient, on ne copie pas le style des autres, puisque ce n’est pas le nôtre.
Le style est ce que le lecteur va percevoir en premier. C’est ce qui va l’attirer ou le repousser! Le style est la marque de fabrique d’un auteur,. Il affiche sa personnalité. Un style brillant, littéraire ou pompeux ne suffit pas à retenir le lecteur, surtout si un grand nombre de mots lui est inconnu.
Pour écrire, nous n’avons pas besoin d’être Gustave Flaubert ou Victor Hugo. Nous ne pourrons pas rivaliser avec les plus grands, inscrits au panthéon de la littérature nationale ou internationale. Le style est un élément qu’on peut travailler et améliorer tout au long de sa vie. Inspirez-vous de vos lectures. Les auteurs, classiques ou contemporains, seront vos meilleurs professeurs.
10e conseil: conseils en vrac
- Stephen King conseille de soigner l’introduction, car elle doit inviter le lecteur à commencer l’histoire, puis à la poursuivre.
- Pour lui, il ne sert à rien d’écrire à toute vitesse, mais d’écrire un mot à la fois.
- Il n’aime pas la voix passive. Il dit que ce sont les écrivains timides qui utilisent la voix passive.
- Il préfère éviter les adverbes. Les adverbes ne sont pas ses amis.
- Il aime faire des paragraphes, car, sur le plan visuel, ils sont tout aussi importants que sur le plan significatif.
- Oubliez la grammaire. “Le but de la fiction n’est pas l’exactitude grammaticale, mais doit permettre au lecteur d’entrer dans le roman pour lui raconter une histoire”.
- Laissez tomber les passages qui vous tiennent à coeur. Supprimez vos passages préférés, même si cela vous brise le coeur. Cette coupure permettra d’accélérer le rythme.
- Le travail de documentation ne doit pas supplanter l’intrigue. Les recherches doivent apparaître en arrière-plan, dans la toile et la trame de fond de l’histoire.
- Quand vous écrivez, éliminez toutes les distractions.
- Respectez les délais que vous vous êtes imposés. Le premier jet d’un roman devrait s’écrire en 3 mois, pas plus, ce qui correspond à la longueur d’une saison.
- Faites des pauses. Votre cerveau n’est pas un robot. Une fois terminé, relisez votre manuscrit plusieurs semaines après.
11e conseil: écrire pour soi
Stephen King conseille d’écrire d’abord pour soi, sans penser au lecteur. Vous aurez le temps de penser au lecteur après. Racontez-vous à vous-même l’histoire que vous êtes en train d’écrire. Ecrire votre roman doit être un plaisir, non une corvée que vous vous infligez pour on ne sait quelle raison.
Ne vous préoccupez pas non plus du qu’en-dira-t-on. Cherchez à écrire le plus honnêtement possible, sans chercher l’approbation des autres, y compris celle de votre entourage. On vous critiquera ou on vous jugera toujours. Laissez cela de côté. Ne pensez qu’à vous!
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En guise de conclusion
“Le but de l’écriture n’est pas de faire de l’argent, de devenir célèbre, de décrocher des rendez-vous, de s’envoyer en l’air ou de se faire des amis. Finalement, il s’agit d’enrichir les vies de ceux qui liront votre oeuvre, et d’enrichir aussi votre propre vie… J’ ai écrit pour la simple joie de la chose. Et si vous le faites pour la joie, vous pouvez le faire pour toujours”, dixit Stephen King.
“Si vous voulez être écrivain, vous devez privilégier deux choses: lire beaucoup et écrire beaucoup. Si vous n’avez pas le temps de lire, alors vous n’avez pas le temps (ou les outils) pour écrire (…). J’écris moi-même tous les jours, même à Noël, le jour de la fête nationale et le jour de mon anniversaire.”
L’écrivain de 74 ans livre un dernier secret concernant sa réussite, qui ne manquera pas de vous faire sourire: “Je suis resté en bonne santé et je suis resté marié.”