Les villes sont d’éternelles sources d’inspiration pour les écrivains, comme pour les cinéastes d’ailleurs. Paris, New York, Londres, Los Angeles, entre autres, sont partout dans la littérature classique comme contemporaine. La ville peut être belle, mais aussi laide, avec toutes les misères de la société. Comment ne pas penser aux personnages des Misérables de Victor Hugo?
Alors que les biens immobiliers atteignent des sommets vertigineux dans les villes citées, sur le papier, au moins, elles sont sans limites. Des villes à la croisée de tous les destins – des immigrants sortant épuisés des navires d’autrefois croyant à un Nouveau Monde dans le port de New York, aux flâneries parisiennes, les villes sont un creuset pour toutes les narrations.
Ces villes de papier qui nous sont offertes à la lecture sont loin des villes réelles: le beau dévoile ses laideurs, ses vanités mêlées de splendeurs sophistiquées, la mégalopole aux plus de 100 nationalités révélant ses bas-fonds, la capitale dite de l’amour associée aux pires crimes…C’est aussi tout cela que nous lisons avec gourmandise! Villes rêvées, villes imaginées, tout est possible!
Pour écrire cet article, je me base sur différents numéros de Lire Magazine de 2021 et de 2022. Je vais essentiellement me consacrer à Paris et à New York.
Des auteurs bâtisseurs pour une capitale au pluriel
Paris, ville révolutionnaire et capitale du XIXe siècle, a nourri l’imaginaire des maîtres du roman français, en en montrant la prodigieuse vitalité: Honoré de Balzac, Victor Hugo, Emile Zola. Ces auteurs ont lié la ville à leur création romanesque pour nous offrir des chefs d’oeuvre. Ces romans montrent l’évolution de Paris du début du XIXe siècle à la ville moderne de la fin de ce siècle.
Au début de ce siècle, Paris est une ville boueuse, sombre, sale, enfermée derrière ses barrières d’octroi, entourée de faubourgs et de champs cultivés. Puis, d’incessants travaux transforment radicalement la ville, notamment sous le Second Empire grâce à l’impulsion de Napoléon III. Les auteurs, dans leurs récits, écrivent sur la pauvreté et la misère de certains quartiers, ou sur certains qui s’enrichissent.
Le Paris des romanciers oscille entre la splendeur tapageuse de l’opulence et l’obscurité d’une misère qu’on cache sous le tapis, comme le Londres de Charles Dickens. D’un côté, Paris offre un visage attrayant de boulevards, de fêtes et de nouveaux grands magasins. De l’autre côté, la ville dépeint des populations miséreuses qui grouillent, qui inquiètent et qui ne sortent pas de leur condition misérable.
Dans ce Paris moderne de la fin du XIXe siècle, la classe ouvrière prolétarisée côtoie et se révolte contre la classe riche et bourgeoise.
Le Paris de Balzac
Balzac a été le premier à prendre conscience de la ville comme cadre dynamique de l’action romanesque. Dans La Comédie humaine, l’écrivain montre que la ville est un milieu vivant qui façonne le destin de ceux qui l’habitent. La ville n’est plus simplement un lieu ou un décor. Paris devient une source inépuisable d’inspiration.
Avec Balzac, le personnage, qui vient de sa province conquérir la capitale, prend conscience de ses ambitions et trouve les moyens de les satisfaire. Rastignac, qui rampe devant son goût effréné du luxe, prononce son célèbre cri, du haut du Père-Lachaise: “A nous deux maintenant!”.
La jungle grouillante de toutes sortes d’humains alimente l’imagination de Balzac. Le Paris de Balzac brosse le portrait d’une capitale en pleine mutation, où les rêves de gloire finissent parfois dans le caniveau.
Le Paris miséreux de Hugo
Hugo, c’est le père du Paris des misères de toutes sortes dans son chef d’oeuvre, “Les Misérables”(1862). Le Paris des masures, des barricades de 1832, des égouts souterrains, “l’intestin de Paris”. Le roman promène le lecteur dans toute la capitale. De la rue Saint-Martin au boulevard Saint-Michel, de la rue Rambuteau à la rue des Filles du Calvaire, du pont Notre-Dame à la rue Saint-Antoine, Paris est le personnage principal du roman.
Hugo avait une connaissance parfaite des différents quartiers de la capitale, tout en prenant des libertés par rapport à la réalité.
Paris et Zola
Dans sa saga Les Rougon-Macquart, Emile Zola s’attaque au Paris haussmannien, en pleine reconstruction. On a alors repoussé les classes populaires du centre. “Le Ventre de Paris” analyse les entrailles de la ville depuis le quartier des nouvelles Halles.
Zola était un amoureux de Paris, même s’il a résidé en banlieue. Il est l’un des auteurs qui en a décrit le mieux l’évolution. L’auteur prolifique nous laisse entrevoir, dans ses romans, ce qu’était Paris dans les années 1860-1900 en tant que ville, mais également en tant que société. Les trois livres décrivant sans doute le mieux Paris sont:
- La Curée
- L’Assommoir
- Au Bonheur des Dames.
Paris en mode polar
Derrière sa réputation de Ville Lumière, Paris est depuis le XIXe siècle la capitale du crime, avec ses mystères, ses faubourgs et ses bas-fonds, qui inspirent toujours autant les auteurs de romans policiers. Paris est devenu la première capitale du roman policier grâce à un double assassinat perpétré dans une rue qui n’existe même pas: “La rue Morgue” d’Edgar Allan Poe publiée en 1841. L’écrivain américain n’a d’ailleurs jamais mis les pieds dans cette ville!
La nouvelle précitée marqua le début de la fiction d’énigme policière. En 1842, Eugène Sue publie “Les Mystères de Paris”, un feuilleton criminel situé sur l’île de la Cité, le berceau de la capitale. Les épisodes montraient les classes laborieuses devenant classes dangereuses, les bouges souterrains, les rives lugubres de la Seine, contrastant avec les quartiers aux larges avenues et aux demeures somptueuses.
Barbès, Belleville et Ménilmontant, quartiers populaires des années 1970, sont restés les décors idéals pour les romans noirs après 1968, qui revendiquaient le réalisme social.
Le Paris qui s’encanaille
Au XIXe siècle, Alfred de Musset, Gustave Flaubert ou Guy de Maupassant fréquentent assidûment les bordels qui nourrissent leurs intrigues, rendant visible ce que la loi réprouve: les prostituées. A Paris, les maisons closes, légalisées en 1804, deviennent de hauts lieux de sociabilité masculine. En écrivant sur la prostitution, ces écrivains dérangent la société bien pensante de l’époque et au puritanisme plus qu’hypocrite.
New York, la prolifique
Les romans se déroulant dans la mégalopole américaine pourraient remplir des rayons entiers de bibliothèques. Depuis des décennies, des romans américains nous ont répété, à tour de bras, que la vie là-bas était toujours plus belle, plus riche, plus sophistiquée et plus palpitant qu’ailleurs. Ces romans s’intéressaient au snobisme des New-Yorkais, à leurs fortunes hyperboliques et indécentes.
Bret Easton Ellis a décrit sous forme de satire violente le monde ultra-libéraliste et privilégié du monde des traders, de la mode. New York , ville où les normes sont telles que les citoyens de sa haute société en deviennent des archétypes, derrière le rêve et ses lumières: l’éditeur, le trader, le mannequin, l’écrivain.
Le romancier Jay McInerney a fait de New York le sujet sociologique dans nombre de ses romans. Il dépeint la ville des années 1990, où les talents se pressent, où l’art côtoie la finance et où les stupéfiants coulent à flots. Dans ses derniers romans, il dépeint une ville qui ressemble plus à une sorte de parc d’attractions pour très hauts revenus.
Edith Wharton est un peu la grand-mère de tous ces auteurs. Née dans une famille de nantis, contrariée dans ses désirs d’écriture, mal mariée à un millionnaire dépressif, l’écrivaine connaissait les privilèges, comme les cruautés, de l’élite new-yorkaise.
New York, la mégalopole sombre et interlope
Surnommée “la ville qui ne dort jamais”, New York est devenue très tôt l’épicentre économique et politique des Etats-Unis, symbolisant le côté obscur du rêve américain: les tensions raciales, les troubles des années 1960-1970, l’explosion de la criminalité, des trafics de drogues, les guerres des gangs. La littérature a allègrement raconté ces bas-fonds. La ville de cette époque est sillonnée par les fous, les drogués, les assassins et les paumés avec des auteurs emblématiques: Stephen Crane, Colum McCann, Hubert Selby junior.
New York, au fil des décennies est devenue la capitale du polar avec Los Angeles. Harlem est devenu le ghetto des pauvres, décrivant les guerres entre Noris et Blancs, mais aussi entre les communautés italiennes, chinoises, juives. Chester Himes, Jerome Charyn, Richard Price, Ed McBain sont les représentants du genre littéraire policier.
New York et la jeunesse
Capitale de la culture, de la mode et de la finance, la ville aimante les jeunes Américains et finit souvent par les broyer. J.D Salinger, Lauren Weisberger, Sylvia Plath, Jonathan Safran Foer, Donna Tartt, Claire Messud: tous ces écrivains racontent comment New York pulvérise les illusions ou décrivent des orphelins errant dans des décombres.
Dans les romans de ces écrivains, la ville fait figure d’ogre. Elle attire les jeunes âmes innocentes avec ses promesses de réussite et s’empresse de les dévorer en débridant leur sexualité en prime. La ville va vite, elle emporte beaucoup de choses sur son passage, elle rend fou, encore plus depuis les attentats du 11 septembre 2001.
New York et le mythe
Berceau de la Beat Generation, le New York des années 1960-1970 a attiré les jeunes artistes fauchés en quête d’inspiration et d’authenticité. Le roman qui incarne le mieux ce mythe créé est “City On Fire” de Garth Risk Hallberg, publié en 2014. Dans les romans, le lecteur peut constater que les quartiers de la ville sont relativement hermétiques. Les habitants ne circulent qu’à l’intérieur de leur quartier.
Les membres originels de la Beat Generation, à la fin des années 1940 sont les écrivains Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs et Neal Cassidy. Ils sont unis par le rejet du conformisme, à la recherche d’une prose moderne capable de signifier ce qu’ils ont en eux, à la recherche d’un sens puissant de l’existence.
En guise de conclusion
La ville, c’est le lieu de tous les possibles, lumineux ou angoissants. La ville est souvent représentée dans sa diversité, dans sa complexité et dans ses contradictions. C’est un lieu ambivalent, car il est à la fois un lieu d’évasion, de liberté, de découvertes multiples, de rencontres et aussi un lieu de perdition, de solitude et de désillusions. La ville peut faire rêver ou cauchemarder, incarner la modernité ou la nostalgie.
La ville est devenue un sujet de roman, de poésie, de films, en somme une source d’inspiration inépuisable et moderne, notamment dans les romans policiers. Il est intéressant de visiter les villes en se rendant sur les traces des grands écrivains, notamment à Paris, capitale littéraire de l’Europe. C’est une bonne idée de visites plus étonnantes que les autres!
Votre roman de l’été! Il est toujours à votre disposition pour un coût modique! Voici un témoignage pour vous convaincre:
D’Isabelle
J’aime l’idée, et les personnages, je les trouve attachants.
De Françoise
J’ai adoré votre roman. Vraiment, j’ai apprécié votre simplicité dans la forme (j’ai trouvé facile et agréable à lire) , et la profondeur de l’histoire. Au final, cette histoire me touche par écho, pour certaines périodes de la vie d’Amanda. Je pense que bien des lecteurs/trices reconnaissent des personnes dans leur vie à partir de cette histoire.
Le dénouement de l’accident de Sébastien est formidablement bien mis en valeur avec cette annonce dans la presse. J’ai été saisie, surprise aussi, et émue bien évidemment. Ça remue un évènement pareil. Bon rebondissement après, vraiment ! Je m’aperçois qu’avec des écrits simples, on peut atteindre les émotions du lecteur, et ça j’adore ! Il y a du suspense aussi, j’avais toujours envie d’en savoir un peu plus sur la vie d’Amanda. Le retour arrière, période alternée ne m’a pas gêné pour suivre l’histoire. Et la boucle est bouclée juste à la fin… bravo pour concorder le passé et le présent de sa vie. Ce petit tour en Russie est charmant…. vous avez vécu cette période là-bas, cela se sent.
Tout cela me donne envie d’écrire…
De Karine
Je me suis plongée tout de suite dans l’histoire, j’y étais, et j’aime l’avancée. J’aime beaucoup les descriptions, elles sont comme j’aime, simples, précises, évolutives, donc complètes sans être éternelles. L’écriture est facile à lire, ce que j’apprécie, vu mes difficultés. Facile à lire, mais riche, en vocabulaire et en images. J’avais vraiment l’impression des connaître ces femmes et leurs vies. Déjà fini ! Trop court à mon goût, et c’est rare que je sois si emballée dès le premier chapitre. Vivement la suite. Merci !
Pourquoi ne pas profiter de l’été pour s’imprégner des conseils que je vous livre pour vous mettre à écrire? Pour un coût modique…et accessible sur toutes les plateformes!
Voici des commentaires de lecteurs de mon guide:
De Catherine
Je suis en pleine lecture de ton livre qui fourmille de formidables conseils et qui témoigne d’une riche culture. Je suis admirative, vraiment.
De Françoise
J’ai téléchargé votre guide écriture à partir de Kindle Amazon. Je suis
dedans ! Très Intéressant, je vais m’en imprégner.
De Cécile
J’ai acheté hier 299 conseils pour mieux écrire : une mine d’or même si certains items me sont familiers mais cela fait du bien de relire ce que l’on sait déjà.
Cela m’a boostée. Je me suis bien évidemment reconnue dans ce que vous écrivez.
Je vous remercie Laurence.
De Céline
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De France
J’ai commencé à lire votre guide d’écriture… j’aime beaucoup votre guide qui donne beaucoup de conseils sur l’écriture … je n’ai pas encore fini le livre car il comporte beaucoup de pages… bravo pour le travail que vous avez fourni.. c’est un vrai plaisir de le lire.
De PD
Tes bons conseils dans ton livre 299 conseils pour mieux écrire, que j’ai acheté sans tarder et qui me donnent envie d’écrire plus souvent.
De Béatrice
J’ai plaisir à vous lire et j’ai acheté votre guide pratique qui est très précieux.