Crédit photo: livre.fnac.com

Vous ne connaissez pas les romans policiers d’Elizabeth George? Alors, précipitez-vous dans votre bibliothèque ou chez votre libraire pour faire connaissance avec cette grande écrivaine américaine! C’est une femme au grand talent, qui de plus, n’a pas hésité à confier ses secrets d’écriture dans un livre, intitulé “Mes secrets d’écrivain”, paru en France aux éditions Presses de la Cité en 2006.

Elle se rebiffe contre ceux qui disent que l’écriture ne peut pas s’enseigner. En fait, selon elle, l’écriture relève à la fois de l’art et de la technique, comme tout autre pratique artistique. Tout moyen d’expression artistique peut être enseigné. Pourquoi en serait-il autrement pour l’écriture?

Les gens, en toute bonne foi, croient que l’écriture est un processus mystérieux. Aux Etats-Unis, pays d’origine d’Elizabeth George, depuis longtemps déjà, les écrivains ont coutume de transmettre leurs connaissances avec plaisir, via des livres, des conférences ou des cours. Cela commence tout juste en France. La clé de tout art n’est pas l’art, mais l’artisanat! Belle formule, n’est-ce-pas? Et comme elle a raison!

Qui est Elizabeth George?

Elizabeth George est née en 1949 dans l’Etat de l’Ohio. Elle est effectivement auteure de romans policiers, dans la plus pure tradition du “whodunit” britannique (c’est-à-dire qu’on utilsie des personnages stéréotypés), car la plupart de des récits se déroulent en Grande-Bretagne. Elle vit en Californie depuis son enfance. Dès l’âge de 7 ans, elle manifeste un goût prononcé pour l’écriture. A 16 ans, elle découvre William Shakespeare, qui lui donne la passion de la Grande-Bretagne.

Elle commence sa carrière comme professeure de littérature anglaise. Elle soutient surtout des élèves en difficulté scolaire et leur présente un large panel d’écrivains, de Shakespeare à l’époque moderne, en passant par le roman policier. Avec ses étudiants, elle dissèque Agatha Chritie, Edgar Allan Poe ou encore P.D James.

Après 13 ans passés dans l’enseignement, elle enseigne les techniques de l’écriture à l’université. C’est à ce moment-là qu’elle commence à écrire. Elizabeth George fait ses débuts littéraires en 1988. Elle obtient, à cette occasion, deux prix prestigieux couronnant le meilleur premier roman aux Etats-Unis. Dans ses romans, elle aime étudier le caractère psychologique des personnages, décrire les ambiances et jouer avec la tension dramatique.

Crédit photo: elizabethgoergeonline.com

Que trouve-t-on dans “Secrets d’écrivain”?

Le guide de conseils qu’Elizabeth George a écrit ne fera de personne un William Faulkner ou une Jane Austen. C’est simplement un guide, le terreau où un auteur en devenir plantera la graine d’une idée, afin de la faire germer pour qu’elle devienne une histoire, selon les dires de l’écrivaine. Elizabeth George a participé à un grand nombre d’ateliers d’écriture et elle croit fermement à la valeur de l’artisanat. Selon elle, la maîtrise de la technique est eseentielle pour la plupart des auteurs.

Comme elle le dit si bien, les auteurs sont à la merci d’une Muse inconstante, qui peut lâcher au moment même où ils en ont le plus désespérement besoin. La technique ne résoudra pas tous les problèmes qu’un auteur peut rencontrer lors de la création de son oeuvre. Mais, elle lui permettra d’éliminer une masse de problèmes auxquels sera confronté celle ou celui qui l’ignore.

Mettre au point une méthode implique d’apprendre la technique, parce que la méthode est issue de la technique. L’art d’écrire est surtout fonction de l’inspiration du moment. C’est l’excitation de surfer sur la vague d’une idée. L’art d’écrire, c’est ce qui vient une fois qu’on a appris à maîtriser les outils, en bon artisan.

Dans ce guide si précieux, Elizabeth George dispense des conseils pour créer le suspense, comment ‘accrocher’ le lecteur. Elle nous livre son emploi du temps quotidien, ses recettes pour créer des personnages et écrire des dialogues, ses astuces pour repérer des décors et les retranscrire en leur donant une âme. Elle illustre ses propos avec de nombreux extraits d’auteurs américains ou anglais.

Les personnages font l’histoire

Le métier d’un écrivain est d’explorer des personnages. Un roman n’est pas fait que d’idées. Il s’agit avant tout de personnages. En fait, selon Elizabeth George, l’analyse de caractère est la distraction préférée des humains. La littérature ne fait pas autre chose. Le souvenir que l’on retire de la lecture d’un bon roman tourne principalement autour des personnages. Les personnages de roman n’existent pas; pourtant, ils sont bien réels, grâce aux auteurs qui leur ont donné une existence. Le lecteur s’intéresse à ce qui arrive aux personnages. Ils deviennent réels pour celles et ceux qui lisent.

Les vraies personnes ont des défauts. Nul n’est l’incarnation de la perfection physique, émotionnelle, spirituelle et/ou psychologique. Aucun lecteur n’est parfait non plus. En tant qu’individus, nous sommes toutes et tous la proie de doutes sur un ou plusieurs aspects de notre personnalité. C’est le lot commun de toute l’humanité.

Dans nos lectures, nous voulons retrouver des personnages qui commettent des erreurs de jugement, qui ont parfois des accès de faiblesse. Les personnages évoulent et changent au cours d’une histoire, si celle-ci est bien écrite. Normalement, les personnages retirent une expérience des événements qu’ils vivent. Ils apprennent, et le lecteur avec eux. Un personnage est lentement révélé par l’auteur, qui le décortique, pelure après pelure, comme un oignon.

Crédit photo: furansujapon.com

Tout ce qui rend les personnages intéressants, ce sont leurs conflits, leurs problèmes, leurs malheurs et leurs émotions, mais pas le bonheur ni la sécurité.

Le nom des personnages

Faire exister des personnages est la partie la plus lourde de conséquences de tout le processus d’écriture du roman, en dehors du langage utilisé. Quand Elizabeth George choisit un personnage, elle commence par lui donner un nom, qu’elle ne va pas attribuer de façon arbitraire. Un nom peut tout suggérer, notamment des traits de caractère, à notre insu. Le nom du personnage influence la perception que le lecteur a de lui. Pour l’auteur, il facilite aussi le processus de création du personnage.

Une fois que l’écrivaine a le nom du personnage, elle procède à une analyse de son caractère. Elle commence par une liste de données de base pour chaque personnage. Dans ce rapport, elle devient la psychiatre, la psychanalyste et biographe du personnage. Elizabeth George est convaincue qu’on ne peut pas donner vie à un personnage dans un livre à moins qu’il ne soit vivant avant même le début du roman.

Les personnages, comme les êtres humains, réagissent tous différemment aux événements de l’existence. Ce travail de création permet à l’écrivaine de comprendre comment le personnage va parler: quels mots il va utiliser, la syntaxe, la diction, qui deviennent d’autres outils qui permettent de révéler le personnage au lecteur. Ces outils peuvent révéler son niveau d’éducation, son environnement économique, ses attitudes, ses convictions, ses superstitions, sa pathologie.

Crédit photo: blog.lestroiscolonnes.com

Les dialogues font les personnages

De même que les personnages font l’histoire, les dialogues font les personnages, selon Elizabeth George. Grâce aux dialogues, le lecteur peut se faire une image des personnages. Donner vie à un personnage dépend de la connaissance préalable, approfondie, de ce personnage, complétée par une compréhension des fonctions du dialogue et de l’utilisation sélective de détails narratifs.

Le fait de créer ses personnages à l’avance permet au romancier de leur faire tenir des propos convaincants dans les dialogues, même sur des sujets totalement différents de ses préocupations habituelles dans l’histoire.

Le vocabulaire employé par les personnages dans les dialogues apporte au lecteur beaucoup d’informations sur eux, alors que l’auteur se contente de dérouler la scène. Les dialogues sont un des outils utilisables pour donner vie à un personnage, pour révéler certains détails sur son passé, par exemple. Le lecteur accroît ainsi sa compréhension.

Crédit photo: aproposdecriture.com

Le décor fait l’histoire

Un décor minutieusement exploré et exploité au maximum influera forcément sur les personnages. Il peut aussi jouer un rôle clé dans l’histoire. Le décor, c’est l’endroit où se déroule l’histoire, et chacun des endroits où se déroulent les diverses scènes de l’histoire. Le décor remplit plusieurs fonctions.

  1. Le décor est la création de l’atmosphère. L’un des objectifs de l’auteur est de provoquer une réaction émotionnelle chez le lecteur, et le décor fait partie des outils utilisables dans ce but.
  2. Le décor peut aussi servir de révélateur de caractère. On est l’environnement dans lequel on vit et on travaille. L’environnement personnel des personnages peut donc être utilisé pour faire passer quantité de messages au lecteur, sans que l’auteur ait besoin de rien exprimer explicitement.

crédit photo: france3 régions

Pour les auteurs débutants, Elizabeth George conseille d’utiliser un environnement familier, d’écrire sur ce qu’on connaît. Elle est persuadée qu’on a plutôt intérêt à choisir comme décor un endroit sur lequel on a envie d’apprendre quelque chose, dont l’exploration nous passionne, dont on a envie de parler, qui éveille des échos en nous ou qui suscite en nous une réponse personnelle.

N’importe quel auteur aura du mal à faire prendre vie à un endroit s’il n’y est pas allé, s’il ne l’a pas appréhendé par ses cinq sens. Pour rendre un décor, Elizabeth George s’appuie sur des détails, dont le plus important est le détail révélateur, une particularité qui révèle par elle-même un volume d’informations additionnelles qu’on n’a pas besoin d’expliciter par la suite et que le lecteur comprend tout de suite, intuitivement, de quoi il retourne.

Un décor, ça se met en action. Les détails du décor se mettent en mouvement. La description de l’endroit et celle du personnage ne doivent pas interrompre le récit. Tout cela est intégré à la narration.

Les paysages dans le décor

Le décor est l’endroit où une histoire se déroule. Le paysage est l’environnement beaucoup plus vaste, comme une perspective en fait. Cela englobe aussi les émotions provoquées par le décor. Elizabeth George conseille de bien réfléchir au paysage de son roman. Il faut arriver à lui donner une réalité, à le faire paraître réel. Dans un roman, il s’agit d’émotions et d’implication. Ni plus ni moins.

Pour comprendre un paysage, l’écrivaine se rend d’abord à l’endroit où elle a l’intention de situer son roman. Une fois sur place, elle s’intéresse à la région proprement dite. Elle observe beaucoup le ciel, différent partout. Le climat est un autre élément du paysage, de même que le temps qu’il fait un jour donné. Les sons et les odeurs sont aussi particuliers à chaque endroit. Ce que les gens y font ou ne peuvent pas y faire participe également de la vie du lieu.

A la fin du roman, si l’auteur a rendu le paysage avec talent, le lecteur a l’impression d’y être allé, de s’y être lui-même promené.

Crédit photo: lusile17.centerblog.net

Chaque individu que nous connaissons a un paysage extérieur. L’aspect extérieur d’un personnage, sa façon de s’habiller, la maison où il habite, son bureau, sa voiture, son vélo, son bateau, son appartement, son lieu de travail, tout cela fait partie de son paysage personnel, et chacun de ses détails peut transmettre des informations au lecteur.

Le paysage personnel d’un personnage contribue efficacement à lui donner vie. Le moyen le plus simple de créer le paysage personnel d’un personnage est de recourir à des détails spécifiques et évocateurs, assez forts pour marquer l’imagination du lecteur.

Nous avons tous des émotions, une psyché, une âme. Nous avons tous des désirs et des besoins. Nous sommes tous le théâtre de nos réflexions, de spéculations, d’obsessions et ainsi de suite. Cela constitue notre paysage intérieur. Un personnage qui serait sans paysage intérieur court le risque de devenir un stéréotype. Lui donner un paysage intérieur lui confère une dignité humaine. Parce que le personnage exploré plus en profondeur devient plus profondément réel.

Crédit photo: fr.aliexpress.com

Elizabeth George aime entrer dans la tête de ses personnages. Elle leur laisse souvent le temps de réfléchir sur un problème ou sur un autre point. Le paysage intérieur d’un personnage peut aussi apparaître dans les monologues. En tout cas, ce que tout auteur doit garder à l’esprit, c’est que tout dans l’environnement d’un personnage peut donner des indications sur son paysage intérieur, s’il est utilisé astucieusement.

L’importance de l’intrigue

En ce qui concerne Elizabeth George, Les idées jaillissent dans son cerveau à partir de plusieurs sources. La première est le personnage en lui-même qu’elle a créé. Pour un écrivain, les idées peuvent jaillir de partout, car il faut savoir rester à l’affût. Les idées de l’écrivaine sont parfois inspirées par un faits divers bizarre, ou un sujet qui lui paraît intéressant, ou une réflexion saisie au vol.

L’intrigue ne jaillit pas toute ficelée dans son esprit. Elle la tourne et la retourne dans sa tête. Elle se pose des questions jusqu’à ce que ça devienne une ébauche qu’elle peaufine en la peuplant de personnages.

L’intrigue est ce que les personnages font pour gérer la situation dans laquelle ils se retrouvent. C’est un enchaînement logique d’événements qui partent d’un incident initial venu modifier le statu quo des personnages. Pour qu’il y ait intrigue, il y a obligatoirement un conflit.

Crédit photo: rtl.fr

Le conflit est l’ingrédient indispensable pour qu’une histoire se déroule de façon intéressante, captivante et artistique. Mais, pendant le développement du conflit, l’auteur a besoin d’autres événements, qui devront être organisés d’une façon logique.

On peut imaginer que les événements du roman sont comme des dominos, plutôt dramatiques. Le premier événement du roman doit provoquer un événement consécutif. La scène 1 est le premier domino. Il fait tomber le suivant, et ainsi de suite. L’intrigue doit comporter des points forts, dramatiques, qui impliqueront fortement le lecteur.

Quel que soit le genre du roman, tout auteur peut créer ce frisson par une scène de conflit direct entre des personnages, une scène de découverte, de révélation ou d’information, ou un moment d’exaltation personnelle. L’intrigue doit avoir un point culminant, qui doit lui-même avoir un point culminant. Après le moment fort, l’auteur doit ménager des conclusions.

Les auteurs chevronnés savent qu’il faut continuellement ouvrir l’histoire. Pour y parvenir, on doit créer une succession de scènes où on posera des questions dramatiques. Pour obtenir ce beau résultat, on doit créer le suspense. Les auteurs débutants oublient parfois que le suspense se résume, en réalité, au désir de savoir ce qui va arriver aux personnages, et comment cela leur arrivera.

Selon Elizabeth George, c’est la clé de tout. Il convient de créer des personnages qui auront une réalité pour le lecteur, qui suscitent une réponse émotionnelle chez lui, et l’auteur créera le suspense parce que le lecteur aura envie de savoir ce qui va arriver aux personnages.

Une des façons d’y arriver est de charger ses personnages d’un projet. Le projet suscite un intérêt chez le lecteur; il génère une attente.

Si un auteur divulgue quelque chose trop tôt, tout son château de cartes s’écroule, et l’histoire avec!

En guise de conclusion

Dans cet article, je ne vous ai résumé que la première partie du livre de conseils d’Elizabeth George, “Mes secrets d’écrivain”. Il y a quatre autres parties que je vous dévoilerai un jour dans d’autres articles du blog. Ce livre est vraiment instructif et les conseils de l’écrivaine américaine sont précieux.

L’écrivaine livre sa conclusion : si vous avez du talent, de la passion et de la discipline, si vous avez ces trois qualités, vous serez publié. A l’inverse, ce sera beaucoup plus difficile. Pour s’en sortir, il faut mettre en place l’autodiscipline. Je vous rassure, ce n’est pas un gros mot. C’est la base de toute réussite.

Pour réussir dans le domaine de l’écriture, il faut s’y mettre tous les jours, faire passer le travail d’abord et rien que le travail. Beaucoup de gens veulent réussir dans l’art d’écrire sans subir les contraintes inhérentes. En d’autres termes, ils veulent avoir leur nom sur une couverture de livre. Cela ne s’appelle pas le talent. Ca flatte surtout leur ego! Ce genre de pseudo-auteurs rêvent surtout de se faire beaucoup d’argent très vite. Ce n’est pas le cas des vrais écrivains, qui écrivent, quoi qu’il arrive et qui écriront toujours!

Mes guides d’écriture

Voici venu le dernier de mes guides: mon calendrier d’écriture pour écrire chaque jour de l’année avec une consigne différente!

Lancez-vous, vous serez le premier ou la première surprise de vos progrès et ce la progession de votre créativité!

Il y a toujours le 1er guide que j’ai créé pour vous, pour progresser dans votre envie d’écrire! Des conseils qui ont permis à des amies et à des lectrices du blog de progresser et d’oser écrire!


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

Suivez-Moi sur les réseaux

  • Grand merci, Madame, pour ces articles très intéressants! J’anime des ateliers d’écriture en Belgique et j’ai toujours beaucoup de plaisir à vous lire… sans compter les idées que vous nous confiez si généreusement. Bien à vous, Françoise

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    >