Pour cette proposition d’écriture N° 27, je vous propose d’aller vous asseoir à la terrasse d’un café.
C’est un exercice assez courant en atelier d’écriture, qui se pratique assez rapidement.
Vous vous trouvez donc à la terrasse d’un café; une femme y est assise.
Vous écrivez une description de la scène, de la jeune femme, de vos pensées, de ses pensées que vous imaginez.
En un mot, imaginez aussi sa vie.
Voici mon texte:
“Une femme qui devait avoir environ dans les vingt-cinq ans, était assise seule à une table du café, proche de moi, à l’extérieur. Il faisait chaud et c’était agréable de s’attarder sous le parasol vert, en attendant l’ouverture de la médiathèque.
Comme j’attendais une amie, j’observais à loisir cette inconnue, n’ayant rien d ‘autre à faire pour le moment. Visiblement, cette dernière commençait à donner des signes d’impatience : une de ses jambes se balançait et ses doigts pianotaient sur son genou. Soit le service n’était pas assez rapide à son goût, soit elle était contrariée, car son visage se tendait de plus en plus au fil des minutes qui s’égrenaient lentement en ce mardi de mai.
Elle attendait sans doute son petit ami, car elle était vêtue de façon élégante. Elle portait une robe blanche, sans manche, dont les imprimés ressemblaient à des coquelicots. Quant au décolleté, il pouvait aisément être qualifié de sexy. Elle paraissait coquette, portant des sandales à corde et en toile, assorties à sa tenue. Son maquillage restait très discret, mais soulignait effrontément ses yeux et sa bouche, soulignée par un rouge vif, la mettant en valeur.
Comme le temps devenait de plus en plus lourd, elle avait relevé ses longs cheveux roux en un chignon assez lâche avec une baguette en bambou. Il se dégageait d’elle une certaine sensualité qui n’échappait pas aux regards des clients qui la toisaient avec une certaine envie, n’osant la regarder en face.
Je n’avais jamais auparavant aperçu cette jeune femme, et je ne souvenais pas non plus de l’avoir eu comme élève dans le passé. Elle était donc nouvelle dans la ville. Pourquoi se trouvait-elle loin de chez elle ? Que faisait-elle perdue dans cette petite ville de province quelque peu endormie ? Le mystère restait entier. Elle ne semblait pas se rendre compte de la présence des autres clients ni du décor champêtre autour d’elle ni du brouhaha des conversations animées.
Cette femme avait tout pour réussir, la prestance, une allure sophistiquée, elle n’avait sûrement aucune difficulté pour rencontrer des hommes. Je l’imaginais avocate; elle se trouvait dans ce coin perdu pour un entretien d’embauche, le café se situant face à un cabinet d’avocats. C’était une fille de la ville pour sûr, de la grande ville, de Bordeaux peut-être.
Elle habite un appartement cossu dans un quartier huppé, décoré à la dernière mode zen, peu encombré, vivant seule avec son compagnon à quatre pattes, un chihuahua qu’elle considère comme un bébé. Quand elle rentre chez elle, elle s’affaire sur son ordinateur ; c’est une accroc au travail. A peine rentrée du bureau, elle continue jusqu’à une heure tardive ; elle ne peut pas s’empêcher.
Elle ne prend pas le temps de boire un verre de temps à autre avec ses amies, jamais le temps. Pas le temps non plus pour une vie sentimentale épanouie. Elle ne veut pas s’engager ni fonder de famille, trop prenant. Elle désire avant tout rester maîtresse de sa vie, ne dépendre de personne, car elle est ambitieuse et seule l’ambition la nourrit. Elle vise un haut poste, qui pourra la mener dans les plus hautes sphères de la politique. Elle l’a toujours voulu, elle y arrivera, elle est née pour ça. Elle tient tout éloigné d’elle dans cet unique but, y compris sa famille, à laquelle elle rend visite de loin en loin.
Elle est toujours vêtue élégamment ; il faut tenir son rang, bien paraître aux yeux des autres, ne jamais baisser la garde. Avec elle, les apparences ne sont jamais trompeuses.
J’en étais là de mes réflexions, imaginant la vie de cette femme, quand elle se leva brusquement et disparut. Pourquoi en avais-je décrit un portrait plutôt désagréable ? Etait-ce l’image qu’elle me renvoyait ou étais-je jalouse de ce qu’elle représentait ?”
Chaque proposition d’écriture est un jeu de créativité.
Laissez-vous guider par votre intuition, votre imagination, votre envie d’écrire!
Laissez filer vos idées, même avec des mots simples.
J’ai hâte de lire vos créations!
Pensez à m’envoyer vos créations via la rubrique“me contacter”du blogLa plume de Laurence.
Créativement vôtre,
LAURENCE SMITS, La Plume de Laurence.