Pour cette proposition d’écriture N° 70, c’est incroyable de voir comment 10 mots pris au hasard peuvent donner comme histoires, avec parfois, des points communs, alors que personne ne se connaît réellement! Je suis toujours fascinée de voir vers quels chemins une consigne d’écriture peut nous emmener! Incroyable mais vrai!Cela reste, semaine après semaine, un réel plaisir de découverte! Voici vos textes. Je vous souhaite une belle lecture. De Charlotte de France Surprise, surprise ! Vous ne m’attendiez plus et pourtant me revoilà. Je suis partie longtemps et loin, très loin. J’en avais un peu assez de ce monde qui ne me donnait rien alors que je lui offrais tant. Vous m’avez traité de lâcheuse, d’égoïste. D’amie, voire de bonne amie ou de petite amie, je suis devenue la bête à abattre, celle à ne plus fréquenter, celle qui a semé la pire crise qui soit. Alors, face à moi-même, j’ai pris cette décision incroyable, rompre les amarres, prendre mes clics et mes clacs, Dieu sait que j’en avais peu et enfin vivre ma vie. Lorsque je me suis mise en marche et que j’ai acheté mon premier billet de train, je me suis aperçue à travers le sourire des autres combien j’avais vécu seule. La seule valeur que j’emmenais avec moi était ma croyance en un monde meilleur. Mes rêves étaient intacts, ma bonne humeur inébranlable et tout au fond de mon sac à dos trônait un exemplaire dédicacé d’un petit roman à l’eau de rose Usé de l’avoir lu et relu et tout corné d’avoir changé de sac durant ces dernières années. Au bout de quelques jours, je me rendis compte que mes soi-disant amis et leur vie décalquée sur un modèle de société qui ne me convenait plus, ne me manquaient aucunement. Je décidai d’aller encore plus loin, de traverser l’Atlantique, et c’est à bord d’un cargo que je partis en mars pour une traversée qui allait durer un mois. Je fis de nombreuses connaissances à bord de ce navire, perfectionnais mon anglais et rencontrais même un homme qui travaillait dans une banque et qui gentiment me donna des adresses pour me loger et des lieux magnifiques à visiter lorsque l’on arriverait enfin aux États-Unis. Je dois avouer que je fus grandement déçue par le gigantisme de ce pays. Tout y était énorme, grand, immensément haut. Les avenues, les villes, les buildings, les Rocheuses, même les gens ! Je me sentais minuscule, une fourmi ! Je ne pouvais plus respirer et pris l’habitude de me réfugier dans les parcs au milieu des arbres qui, eux m’offraient leur protection. C’est ainsi que je compris que la nature était mon amie la plus chère et je partis m’installer au cœur de l’Amazonie. Je sais que là- bas finira la course de ma vie et cela même si je rentre au bercail de temps à autre pour savourer mon mode d’existence par rapport à ce que j’étais. De Lucette de France Dix mots au hasard pris dans un magazine: barbouillé- pauvre- boxeur-mercerie-citadin-dimanche-fille-course-allumettes-accompagner Jules est barbouillé de mousse au chocolat. Du haut de ses 3 ans, il aime partager des moments intimes dans ma cuisine, rien que tous les deux. Certes, nous ne sommes pas très riches, mais pas pauvres non plus, l’essentiel n’est pas l’argent, d’ailleurs surtout pas l’argent, l’essentiel est dans la complicité, l’écoute, le partage. Ce bagage -là ne s’oublie jamais quand on reçoit ce cadeau dès la petite enfance, on s’arme pour l’avenir. Quand on lui demande ‘qu’aimerais-tu faire comme métier quand tu seras grand ?’, en baragouinant un peu, sa réponse est boxeur. Je lui demande alors pourquoi « boxeur » ; il me répond avec un air de protection, “pour défendre ma maman” Effectivement, avant qu’il ne soit en âge d’aller à l’école, chaque jour je l’emmène avec moi dans ma mercerie située en plein bourg d’une station balnéaire, où la vie y est plutôt tranquille. Un soir à la fermeture du magasin, un homme cagoulé y est entré telle une tornade, avec un pistolet (factice, je l’ai su après) en me hurlant « le fric » « le fric » et tout de suite il s’est emparé de Jules pour m’intimider et me faire céder. Il a vu juste, je lui ai donné tout le contenu de mon tiroir. Comme presque tout le monde paie avec une C.B, il est reparti avec ce pécule insignifiant, mais Jules est traumatisé depuis ce jour. Vivre dans un milieu citadin devient de plus en plus difficile, les agressions ne sont pas que physiques, il y a le bruit, les odeurs, le stress. Je suis en pleine réflexion pour changer de vie. Grande question avec ce Covid qui fait peur. Pour le bien-être de mon fils, je vais devoir prendre une mesure radicale qui va sans doute nous perturber dans un premier temps, avant que l’on soit installés (en rêve) dans une maison avec un jardin, une balançoire, des légumes (je les imagine déjà) bref, tout est beau et facile dans ma tête, mais la réalité est toute autre… Pendant de courtes vacances, le dimanche de Pâques, je suis partie en repérage avec Jules et la fille de ma voisine qui me tient souvent compagnie, avec qui j’ai beaucoup d’affinités puisque nous sommes presque du même âge. J’arrive dans le mobile-home, je déballe toutes mes courses, on se pose, et si on prenait un thé ? Jules, tout heureux de cette escapade, réclame, lui, un chocolat chaud… Aussitôt dit, aussitôt fait, me voilà partie dans mon petit coin cuisine. J’ouvre les tiroirs, je regarde partout, j’ouvre les portes des éléments, je les referme, j’en ouvre d’autres, rien à faire, pas d’allumettes. J’appelle le propriétaire qui se fond en excuses, effectivement il a oublié d’en remettre. Au bout de cinq longues minutes, il est accompagné, d’une jolie petite fille blonde aux yeux bleus, et là, coup de foudre entre Jules et Edmée. Quand j’entends le papa l’appeler par ce prénom, je pense à cet instant « quel joli prénom romantique ! ». Comment pense-t-on à Edmée quand on habite en pleine campagne ? Je suis revenue souvent pour « tester » l’endroit, de fil en aiguille, mon adaptation s’est faite le mieux du monde. Jules et Edmée sont inséparables, et moi, je suis tombée en pâmoison dans les beaux yeux de son papa. Quelques années sont passées, une petite Nina est venue agrandir la famille, là, on vit une vie simple mais ô combien enrichissante et surtout apaisante… De Nicole de Belgique Les mots dans le désordre sont : ensemble-saison-déjeuner-vikings-èphémères-programe-histoire-fil-placard-carrefour. Ensemble, c’est tout. Le mot d’ordre est lancé. Une saison haute en couleurs. Tout commence par un solide petit-déjeuner. Après cela rien d’impossible. La rencontre d’Alice, celle du Pays des merveilles, une promenade sur la route des Vikings… Pour des rencontres inattendues, éphémères passagers, suivez le programme. Je suis, vous êtes une histoire, une de celles que l’on invente au fil d’une vie. Que trouverai-je, que trouverez-vous dans le placard ? L’amour des mots, un bric à brac de pensées incertaines, un lion peut-être ? Mais d’où vient le vent qui me chatouille ? Du carrefour des mondes, du Nord au Sud. Dans des caravelles aux voiles déployées, immergeons-nous dans le grand saut de l’aventure, découvrons un autre monde. Que ce soit “ni oui, ni non, que du contraire”, une ode à la vie. De Françoise V de France — FAUT-IL S’EN RÉJOUIR … Vous qui me suivez, Bonjour ! DIGNITÉ, exemplarité, sont inséparables de mon métier. J’ai parfaitement conscience de ma POSITION. Être professeur agrégé en médecine est une vocation, pas une étiquette collée sur un pion manipulable à distance par des clans aux intérêts obscurs. Mais toutes ces intrigues relèvent du passé. Désormais, nous entrons ensemble dans une ère nouvelle, une nouvelle CONSCIENCE. Car les recherches ont fait un bond de géant, et notre laboratoire dernier-né est enfin prêt pour sa mission sublime. Quid ? Voyez sur votre écran un aperçu global du SITE. Ainsi qu’un schéma en coupe. Par un ingénieux SYSTÈME de PIÈCES réunies entre elles et formant structure autour d’un noyau complexe – source d’une vitalité transmissible, quoique tenue secrète pour longtemps encore –, nous allons offrir aux personnes affaiblies des SOINS de RÉCUPÉRATION « dernière génération », c’est-à-dire avant l’altération des fonctions vitales, évitant donc que ne s’installe la maladie – et bientôt, nous l’espérons, la vieillesse. Le principe est simple. Par RÉSONANCE ORGANIQUE, ce qui agira ici, c’est-à-dire au cœur de ce noyau, agira pareillement partout ailleurs. Nouvelle médecine donc, dite holistique, mais incluant cette fois l’Humanité entière, à partir d’une source unique. Et je dirais presque, d’une seule manette ! Merci pour votre attention. (clap-clap-clap…. Applaudissements enregistrés) De Catherine de France Le pari Stupide ! Il était vraiment stupide ! Ah non ! CON conviendrait mieux ! C’est ça, il était vraiment con ! Comment avait-il pu croire qu’avec un accoutrement aussi sommaire, il aurait pu gagner son pari ? Un pari d’alcoolique de toute façon ! Pour ce que ça a comme valeur, un pari d’alcoolique …! Mais l’orgueil, mon cher, vous fait aller jusqu’au bout de votre stupidité, pardon : de votre connerie ! Gabriel était un homme fort sympathique, un vrai copain sur lequel on pouvait toujours compter, mais hélas, trop bon ami de la bouteille. Il avait tendance à abuser des alcools forts dans les soirées entre potes, et là, une fois sous l’emprise de son démon liquide et liquéfiant, on pouvait s’attendre à tout de sa part. Comme, hier soir, son pari lancé à la cantonade, sans détours ni jugeote, de grimper à main nue la falaise du Nid d’Aigle que surplombait le château du même nom au cœur du village. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Était-ce sa rencontre, ce soir-là, avec cette fille aux longs cheveux roux avec qui il avait longuement flirté ? Avait-il alors eu besoin de prouver sa grande virilité en lançant un défi pareil ? Ou n’était-il tout simplement vraiment qu’un pauvre type ? En tous cas, ce matin, il aurait aimé avoir oublié son pari, car il savait qu’il n’était pas homme à se défiler. Un pari était un pari et devait être honoré : on ne recule pas devant une provocation en duel, on affronte. Sauf, qu’à cet instant, contre qui avait-il un duel à assumer? Contre une paroi abrupte ? Contre lui-même ? Au pied de la falaise, entouré de tous les témoins de sa minable soirée qui l’encourageaient à renoncer à ses « conneries », Gabriel, à peine dessaoulé, commença par affronter visuellement le mur de pierre devant lui et fut parcouru de frissons de peur. Mais son caractère de cochon décida de la suite. Basket, jean et chemisette, il commença l’escalade, sous les yeux effarés de ses amis et de la belle rouquine. Petit à petit, il grimpa le long de la paroi, cherchant des prises à droite et à gauche, et petit à petit, à mesure que ses muscles fatiguaient et se mettaient à trembler dans un exercice jamais pratiqué, il dessaoula en prenant de la hauteur et prit conscience de sa connerie. Il se serait giflé s’il avait pu lâcher les mains des aspérités rocheuses. Que faire maintenant qu’il était de retour dans la réalité : redescendre et perdre la face, ou continuer et perdre la vie ? Il n’eut pas à décider, ses muscles le firent pour lui : ils se tétanisèrent, empêchant le moindre petit mouvement, ni en avant, ni en arrière. Il se retrouvait là, bloqué à mi-paroi, les membres crispés dans sa dernière posture de grenouille scotchée à la verticale. En bas, ses amis s’inquiétèrent de ce blocage et se mirent à paniquer. La mystérieuse rouquine appela les pompiers qui arrivèrent dix minutes plus tard. Avec la grande échelle, ils réussirent à atteindre le batracien ventousé à la paroi et à le redescendre, au grand soulagement de l’assemblée. La rouquine s’approcha de lui et lui glissa à l’oreille : « Pour ton prochain défi d’alcoolique, pense MARAIS plutôt que FALAISE : tu devrais mieux t’en sortir ! » Et elle lui tourna les talons. Humilié, Gabriel avait bien compris la leçon de la falaise, et qu’il devait renoncer absolument et définitivement au poison qui brûlait ses neurones et lui faisait lancer des paris improbables, inutiles, stupides, complètement cons, quoi ! De Laurence de France Les mots choisis dans une publicité dans un magazine : Lucie- France- engagements- efficace-origine- naturel- âge- choix- soins- argent Depuis longtemps, Lucie avait décidé de venir vivre en France . C’était son rêve à vrai dire. Les vins, les fromages, la cuisine, les divers accents régionaux, la beauté des paysages : tout la passionnait. Tout la changeait de son Angleterre natale, où le gris était la couleur dominante dans le ciel, la plupart du temps. A 45 ans, elle avait franchi le pas et s’était installée dans les Landes, pas loin de la mer. Elle recherchait surtout une certaine tranquillité, une certaine quiétude de vivre, une certaine sérénité et une paix intérieure. Avant sa nouvelle vie française, Lucie avait dû prendre des engagements vis-à-vis de ses parents âgés. Elle s’était occupée d’eux, jusqu’à la fin. Il y eut des moments difficiles et douloureux, quand ses parents, tour à tour, montrèrent des signes de la maladie d’Alzheimer. Son père avait commencé à perdre la mémoire en premier. Les soins que Lucie avait pu prodiguer à la maison se révélèrent efficaces et elle put ainsi garder ses parents un certain temps, avant qu’ils ne la reconnaissent plus du tout. Après, tout s’était vite enchaîné : à contrecœur, Lucie avait dû vivre sans eux, laissant à la structure hospitalière le soin de s’occuper d’eux. Envers et contre tout, elle restait naturelle et joyeuse, notamment lorsqu’elle rendait visite à ses « petits vieux ». Mais, au fond d’elle, tout au fond, elle était triste à la vue de ce spectacle de dégénérescence programmée. Quelle pouvait être l’origine de cette maladie ? Elle n’en savait rien, même après de maintes recherches. Tout était inconnu ; personne ne connaissait ce qui enclenchait cette saloperie de maladie. Certes, l’âge jouait, mais elle avait aussi lu que des personnes de moins de quarante ans étaient aussi atteints de cette maladie. Elle se répétait aussi tous les jours qu’elle n’avait pas eu le choix de placer ses parents. Elle était physiquement épuisée, étant seule pour tout gérer. Elle avait fait ce qu’elle avait pu pour leur prodiguer les soins à domicile que leur maladie nécessitait. Mais, cela avait coûté beaucoup d’argent. Elle avait dû vendre le bien immobilier de ses parents, qui était resté dans leur famille depuis trois générations. Elle n’avait pas pu faire autrement. Un peu comme si elle avait eu le couteau sous la gorge. Le cœur brisé. La mort dans l’âme. Elle était celle qui avait dilapidé l’héritage de la famille Granger. Elle en avait honte. Mais, comment faire autrement ? Elle avait dû arrêter de travailler pour s’occuper de ses parents, pendant ces longs mois avant qu’ils ne soient placés. Lucie était là maintenant, parmi les pins centenaires, la mer au loin, à contempler ce paysage landais qui ne bougeait pas, tranquille. Elle repensait de temps à autre à tout ce qu’elle avait vécu deux ans auparavant, entre espoir et souffrances. Cela s’était terminé par un grand deuil, une solitude infinie, étant enfant unique. Tous les jours, Lucie se disait qu’elle était heureuse et qu’elle avait bien fait de quitter son pays natal et d’acheter cette maison en bois, au coeur de la nature. Elle pouvait ainsi respirer et se reconstruire, petit à petit. Je tiens à rendre aussi cette rubrique participative: si vous avez des idées de propositions d’écriture, pensez à me les envoyer via le blog et je les proposerai de temps à autre. Chaque semaine, vous recevrez une proposition d’écriture, pourquoi ne pas vous lancer? Il n’y a que le premier pas qui coûte… Chaque proposition est un jeu de créativité. Laissez-vous guider par votre intuition, votre imagination, votre envie d’écrire! Laissez filer vos idées, laissez les mots sortir tels qu’ils sont tout simplement ; c’est tellement mieux et spontané ! Ecrire, c’est se sentir libre. Ecrire, c’est la liberté d’imaginer. Créer demande du courage ! J’ai hâte de lire vos créations! Pensez à m’envoyer vos créations dans la rubrique “me contacter” de mon blog, La Plume de Laurence. Je vous souhaite une belle semaine à vos plaisirs d’écriture et surtout, portez-vous bien! Créativement vôtre, Laurence Smits, La Plume de Laurence |