Crédit photo: lexpress.fr

Soyons clairs dès le départ: peu nombreux sont les écrivains qui peuvent vivre confortablement de leur plume. La réalité éditoriale est bien loin de ce que l’on peut s’imaginer. Plus des 2/3 des auteurs doivent exercer une autre activité pour vivre. Plus de 9 auteurs sur 10 n’atteignent pas le Smic avec la vente de leurs écrits.

Il faut aussi constater une baisse parmi les “gros lecteurs”, parmi les achats de livres papier. Le nombre d’auteurs augmente radicalement. De plus en plus, il y a un intérêt massif qui se porte sur un nombre restreint de livres.

L’inflation galopante ne va pas non plus aider en ce sens. Acheter un livre n’est pas un bien primordial quand les prix flambent. Cela peut aisément se comprendre.

Comment se vend un premier roman?

Comme dans tout domaine, les débuts d’un écrivain sont souvent pleins d’illusions. La publication d’un premier roman est évidemment un événement pour son auteur. Il n’en est pas de même du côté des éditeurs. C’est logique: comment exister dans les rayons, parmi les auteurs déjà bien installés, appréciés des lecteurs, et dont les romans sont toujours des succès de librairies?

Les éditeurs sont des entreprises comme les autres, qui ont besoin de faire des bénéfices. De plus, depuis la pandémie de 2020, les maisons d’édition croulent sous les manuscrits. D’ailleurs, voici la note que les éditions Gallimard ont fait paraître en avril 2021:

Compte-tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits. Prenez soin de vous toujours et bonnes lectures”.

Crédit photo: sortiraparis.com

Suite à ce message, on imagine la tête des apprentis auteurs qui viennent de plancher pendant plusieurs mois ou années sur leur manuscrit et qui voient tomber à l’eau leur rêve de publier chez le plus grand éditeur français.

On peut aussi comprendre les éditions Gallimard: ils recevaient jusqu’à 30 manuscrits par jour, voire 50. Chaque maison d’édition a des programmes surchargés et leur planning est déjà défini pour les 2 années à venir, en général. Les éditeurs ne retiennent que 3 ou 4 nouveaux livres par an, pas plus. Les éditions Actes Sud reçoivent 600 manuscrits par an. Ils en publient 20 en tout par an, en en retenant 3 nouveaux. C’est tout.

Crédit photo: actes-sud.fr

Les différentes publications possibles

Lorsque j’ai envoyé mon manuscrit “Amanda en quête d’amour” à certaines maisons d’édition (modestes), certaines l’ont accepté d’emblée au bout de 3 semaines…à compte d’auteur. J’ai reçu une lettre fort aimable, acceptant de me publier…moyennant finance. Les sommes pouvaient aller jusqu’à 750€. Et là, je pouvais espérer voir mon roman être publié et se vendre par leurs services. Ne vous y fiez pas, c’est un miroir aux alouettes.

Il convient de s’interroger sur les maisons d’édition qui acceptent de publier à compte d’auteur. Pour que l’opération soit rentable pour l’auteur, il doit vendre. Cela dit, il existe un exemple illustre dans la littérature française d’un auteur qui a publié son roman à compte d’auteur: Marcel Proust avec “Du côté de chez Swann” en 1913 chez l’éditeur Bernard Grasset. C’est l’exception qui confirme la règle: éditer à compte d’auteur est souvent une voie de garage.

Je vais être très claire: les maisons d’édition qui proposent cette solution n’ont aucune visibilité sur le marché de l’édition. Aucune promotion n’est faite. Vous payez un simple service, rien de plus. La promotion viendra des réseaux que l’auteur a lui-même. Avec ce genre de solution, on se fait juste plaisir à voir son livre publié. Il existe d’autres formules moins onéreuses!

Crédit photo: coolibri.com

Le choix de l’autoédition est de plus en plus courant. Il a toujours été considéré avec méfiance, mais la pratique s’est largement développée ces dernières années, grâce à différentes plateformes, de plus en plus nombreuses et qui se diversifient aussi. A mes yeux, c’est un nouveau maillon de la chaîne du livre à ne pas snober.

En 2019, l’autoédition a progressé de 19.6%. Les auteurs autoédités représentent 34% du nombre total des déposants. L’autoédition gagne de plus en plus de terrains, avec des sociétés qui se spécialisent sur ce marché.

En France, KDP (Kindle Direct Publishing d’Amazon) et Kobo Writing Life de la Fnac restent les plateformes les plus utilisées. Amazon n’exige aucun frais de publication, contrairement à toutes les autres plateformes qui existent. Mais, la société américaine prélève au moins 20% des revenus de ventes.

Crédit photo: kanebanway.worpress.com

Sur KDP et Kobo, les textes sont mis en ligne au bout de 48 heures. La procédure est simple et facile. L’accès à ces plateformes est gratuit. Le processus d’édition est automatisé dès que le livre est téléchargé. Sur Amazon, on peut vendre dans n’importe quel pays, y compris au format papier. Sur KDP, les auteurs perçoivent jusqu’à 70% des ventes de leurs livres numériques. Les livres autoédités sur Amazon représentent autour de 40% du top 100 hebdomadaire des ventes sur Amazon.

Crédit photo: julielitaulit.com

Les nouveaux auteurs se tournent aussi vers des start-up indépendantes: Librinova, Books en Demand, Publishroom, Iggybook, Edith et Nous, Les Nouveaux Auteurs ou encore Lulu. A la différence de KDP et de Kobo, ces sociétés proposent ce que tout le monde recherche: du conseil et de l’accompagnement.

Le secteur de l’édition est un secteur qui bouge et évolue profondément. Certains auteurs rencontrent un public sur ces plateformes et finissent par rencontrer un éditeur plus classique. Nous sommes d’accord: les exigences des lecteurs ne sont pas moins grandes sous prétexte qu’ils achètent un livre numérique autoédité.

Le marché de l’autoédition s’est considérablement développé ces dernières années, et certains auteurs gagnent très confortablement leur vie grâce à ce moyen. L’autoédition constitue un modèle désormais incontournable dans l’écosystème du livre. Des auteurs préfèrent se passer d’éditeur pour vendre leurs livres par leurs propres moyens.

Crédit photo: lamalleauxlivres.com

Avantages et limites de l’autoédition et de l’édition traditionnelle

Il ne suffit pas de savoir écrire pour s’autoéditer. Cette condition seule ne suffit pas. Cela demande un investissement personnel important, parfois difficile à gérer. En choisissant l’autoédition plutôt que l’édition traditionnelle, les auteurs peuvent certes bénéficier d’une publication presque immédiate une fois leur manuscrit terminé.

En revanche, se faire éditer en maison d’édition traditionnelle requiert de la patience. Beaucoup de patience. Il faut souvent attendre longtemps les réponses (quand on en reçoit) et savoir essuyer de nombreux refus. En général, les maisons d’édition ne publient que très peu de livres par an.

Pour se faire connaitre, l’idéal est de se constituer une communauté de lecteurs. Les futurs auteurs autoédités communiquent beaucoup sur les réseaux sociaux avec leurs lecteurs. Cette proximité est essentielle pour attirer l’attention des lecteurs potentiels, mais aussi des maisons d’édition classiques. Nombreux sont les auteurs autoédités, repérés par des éditeurs grâce à leur base de lecteurs fidèles.

En fait, les éditeurs sont moins frileux à l’idée de publier un auteur avec un lectorat solide plutôt qu’un auteur totalement inconnu du grand public. De ce fait, ils peuvent rapidement identifier à quel type de cible l’auteur s’adresse et connaissent déjà son potentiel en termes de ventes à plus grande échelle.

Il est vrai que se faire publier par une maison d’édition constitue le graal pour un auteur. Un livre publié chez un éditeur traditionnel bénéficie du prestige de la maison d’édition. Au-delà de cela, signer chez un éditeur constitue souvent le but premier de tout écrivain en quête de reconnaissance de ses pairs. On a alors l’impression d’être devenu un écrivain, et non plus juste un auteur parmi d’autres.

Une fois publié en maison d’édition classique, le livre bénéficie de l’aura de son éditeur et peut ainsi être diffusé à plus grande échelle. Une maison d’édition possède des contacts privilégiés dans les réseaux de diffusion et de distribution, favorisant la vente de l’ouvrage en librairie. Les éditeurs investissent également dans la promotion de leurs livres : articles de presse, signatures dans les librairies et les salons, tout est souvent mis en œuvre pour séduire et attirer les lecteurs.

Finalement, que ce soit l’autoédition ou l’édition traditionnelle, les deux mondes ne sont pas si éloignés l’un de l’autre, à ceci près que l’autoédition peut constituer un tremplin vers les maisons d’édition. Un autre avantage donc pour l’autoédition !

En guise de conclusion

S’autoéditer permet aussi de casser ses peurs et ses freins. Cela fait forcément peur au début. Mais, avec de la patience et de l’abnégation, on finit par s’en sortir et publier son livre. Quand on a peu de moyens comme moi, on se débrouille avec la couverture et avec l’autoédition. Au début, ça prend du temps pour bien comprendre les rouages, puis ça devient un jeu.

Lorsqu’un auteur édité doit vendre 10.000 livres pour gagner sa vie, un auteur auto-édité a besoin d’en vendre 2000. S’il n’y a en France que peu d’auteurs qui vendent 10.000 livres par an, il est facile d’en vendre 2000, même sans être très connu.

Même s’il est plus facile de vivre de sa plume par l’autoédition, cela demande le développement d’un certain nombre de compétences. Il est nécessaire de développer soi-même une audience suffisante. Il faut être capable de comprendre par soi-même ce qui fonctionne ou non. Il faut apprendre à communiquer de la bonne manière. Pas toujours si simple…


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

Suivez-Moi sur les réseaux

  • La couverture est réussie. C’est vrai que se faire éditer est comme une reconnaissance, alors qu’en autoédition on peut douter encore de son talent. Je suis auteure hybride, les deux systèmes ont leurs avantages et inconvénients. Par contre, entre l’autoédition et un petit éditeur, c’est plus rentable en autoédition, parce qu’on en fait tout autant et on gagne plus.

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    >