
Les mots, ce ne sont pas juste des paroles en l’air qu’on prononce ou qu’on écrit sur une feuille de papier. L’écriture peut être thérapeutique. Certains hôpitaux créent des ateliers d’écriture pour apaiser la douleur, la souffrance morale et physique et mettre des mots sur les maux des patients.
Les ateliers d’écriture thérapeutique sont aussi des outils de médecine à part entière. C’est un outil de l’esprit, qui se tient dans un cadre médical. Cela s’apparente au domaine de la psychopathologie. Ecrire permet de mettre de la clarté dans le tourbillon cérébral et émotionnel. Coucher les mots sur le papier soulage, libère. Alors, la prise de conscience devient elle-même libératrice.
Le papier devient alors le réceptacle des états d’âme des patients. Cela allège leur fardeau. En effet, de nombreuses études ont démontré les bénéfices de l’écriture sur notre santé mentale et physique à toutes et tous, malades ou pas. La plume pourrait bien devenir notre médicament préféré…
Pour écrire cet article, je me base sur une publication du magazine Femina, par Loreleï Michel du 19 octobre 2015.
La plume libératrice
La contrainte proposée en atelier (ou la consigne d’écriture) a pour vertu de faire surgir des pensées refoulées ou oubliées, des émotions tues. Tout un chacun peut arriver à mettre sur le papier ce qu’elle ou il n’arrive pas à prononcer oralement. Déposer ses émotions sur le papier permet de s’en libérer. Parfois, nous les refoulons à un point tel que nous n’arrivons plus à y voir clair.
Une fois couchées sur le papier, sous une forme ou une autre, nos émotions perdront de leur intensité à l’intérieur de nous-mêmes. C’est bien cela le plus important. Tout ce qui ne sort pas du corps se retourne un jour ou l’autre contre lui, d’une manière ou d’une autre. Une fois exprimées, les émotions perdent de leur intensité et s’atténuent.
Pour se soulager, tout est permis. Il n’y a aucune censure, sauf celle que vous pourriez vous infliger. Vous pouvez écrire le meilleur comme le pire. Vous avez parfaitement le droit d’exprimer votre colère, vos rancœurs, vos déceptions, vos ambitions contrecarrées, vos regrets, votre impuissance ou vos remords. Comme bon vous semble. Vos écrits ne seront pas faits pour être publiés.

En écrivant vos émotions, vous allez apprendre à vous lâcher, sans les interdits moraux de la société ou vos propres interdits. Si depuis des mois, vous souhaitez insulter le ou la collègue qui vous pourrit la vie au travail, ou régler vos comptes avec vos parents ou avec une autre personne, allez-y. Franchissez le pas! Laissez tomber cette conscience qui tente de vous rattraper constamment!
Autorisez-vous tout sur le papier. Vous verrez, vous appréhenderez ensuite la relation avec ladite personne au travail différemment.
Un face-à-face avec vous-même
Dans une journée, nous sommes tellement soumis à diverses sollicitations extérieures que nous n’avons parfois même pas le temps de nous retrouver face à nous-mêmes. Pourtant, à l’intérieur de nous, tout un tas d’émotions prennent vie sans pouvoir être exprimées. Ce rendez-vous «écriture» va très vite devenir votre moment quotidien préféré. Vous autoriser cet espace pour exprimer votre ressenti va vous permettre de vous sentir plus léger et de vous reconnecter avec vous-même. Vos relations avec les autres ne s’en trouveront qu’améliorées.
Vous allez aussi en découvrir plus sur vous-même. Comprendre votre fonctionnement, la cause de vos émotions, vos valeurs: c’est indispensable pour évoluer. Mieux vous connaître est gage de paix avec vous-même. D’ailleurs, au lieu de ruminer constamment sans jamais trouver de réponses à vos questions, l’écriture permet de dénouer des nœuds, de mettre en lumière certaines clés auxquelles vous n’aviez jamais pensé.
A ce sujet, j’ai écrit 2 petits livres qui pourraient vous aider à mieux vous connaître. Ils sont disponibles sur toutes les plateformes à un prix dérisoire, au format papier ou numérique.


Vous avez déjà essayé de vous confier à vos amis sans recevoir une panoplie de conseils, de jugements, de remarques toutes faites que vous avez entendus une centaine de fois? Avouez-le, ça n’arrive pas souvent. Sans renier l’utilité de vos amis, votre journal d’écriture va devenir votre meilleur confident. Lui, il ne vous jugera jamais. Et parfois, ça fait du bien de se confier, sans analyse et sans détour. Toutes vos émotions trouveront leur légitimité et pourront être exprimées librement.
L’écriture, un médecine douce à la portée de tous
Médicaments, psychothérapie ou encore médecines alternatives engendrent un trou important dans notre porte-monnaie. Bien que ces méthodes ne soient pas à bannir, parfois, le journal intime nous aide à retrouver le potentiel d’auto-guérison que nous possédons tous. Peut-être qu’un travail thérapeutique initial peut aider suivant la présence de traumatismes et leur gravité.
Mais pour les maux quotidiens ou peu graves, voire même graves qui nécessitent des soins, ce journal est accessible à toutes et tous. Pas besoin d’être un roi de la prose pour tenir un journal. L’important c’est d’exprimer vos émotions, peu importe le vocabulaire, l’orthographe et la syntaxe utilisés. Afin de faire de ce moment d’écriture un instant des plus agréables, offrez-vous un cahier que vous allez adorer ainsi qu’un stylo original et tentez l’expérience.

Des événements qui laissent des traces à plus ou moins long terme
Les terrains favorables à ces manifestations douloureuses peuvent aussi bien être le passage d’examens compliqués, un deuil, une maladie grave, une séparation, une naissance, une maladie, des difficultés professionnelles comme un licenciement, un changement de domicile, voire une expatriation… Au cours de la vie, tout un chacun est soumis à une série d’événements tantôt positifs, tantôt douloureux et qui laisseront des traces à plus ou moins long terme dans l’esprit… et donc sur le corps. L’inconscient n’a d’autres choix que d’en faire son otage. C’est le principe de la somatisation.
Il est souvent difficile d’estimer l’impact de ces situations ou événements sur notre psyché. Le corps, lui, traduit ces souffrances immédiatement ou à retardement. Face à cette situation, les soins classiques chez des spécialistes de santé n’ont alors pas l’efficacité attendue. Certains médicaments agiront pour calmer la douleur, mais le mal restera souvent tenace. Et pour cause, il est bien plus profond. Émotionnellement bouleversé, le corps renvoie un/des message(s) en guise de réponse comme l’expliquait Salomon Sellam, médecin français et essayiste : « la maladie est un transposé exact, au niveau du corps, d’un conflit psychologique conscient ou non. »

Cette situation nécessite une intervention ciblée pour agir sur les maux grâce aux mots. L’écriture-thérapie revient à faire de ces derniers autant de remèdes forts de leurs pouvoirs. Qu’ils soient troublants, tranquillisants, réconfortants, les mots ont la capacité de soigner nos angoisses, nos douleurs. Le corps n’est pas un simple « instrument » mécanique, il emmagasine nos souffrances. Il est ainsi préférable de ne pas trop les accumuler. Parfois, il reste malgré tout nécessaire de coupler cette réalité avec l’intervention des spécialistes de médecines douces qui favoriseront la guérison.
L’écriture permet de “vider son sac”
Les souffrances physiques intériorisées peuvent conduire jusqu’à la dépression. « Vider votre sac » pour mettre les mots sur le ou les malaises latents vous permettra d’aller de l’avant. Aller chercher dans le passé, proche ou lointain et déterrer des événements blessants ou bloquants est une épreuve complexe. Entrer « en contact » avec ce qui agit au plus profond de soi n’est en effet pas une partie de plaisir, mais s’avère pour le moins essentiel quand l’esprit fait mal au corps.
A l’instar de la colonne vertébrale ou de différents organes, dans les cultures orientales, certains courants de pensée font état du lien fort entre les régions du corps, les émotions qu’elles contiennent et les messages psychiques envoyés par l’inconscient. Pour se débarrasser d’un mal dont la médecine traditionnelle ne vient pas à bout, traiter l’individu dans sa globalité devient dès lors nécessaire. Une fois les émotions négatives ciblées, admises et évacuées, le corps pourra cesser de vous solliciter.
La lecture et l’écriture: des soins possibles
En soins palliatifs, par exemple, la lecture apaise les angoisses des patients et les invite au dialogue. Soignants, psychologues et bénévoles font en sorte que cette thérapie par les livres agisse comme un véritable soin relationnel. A l’hôpital de Castres, il y a quelques années, la bibliothérapie a été proposée aux patients, soit la thérapie par les livres.
Plus qu’une simple lecture, les mots deviennent alors des médicaments qui apaisent les angoisses et invitent au voyage et au dialogue. En ce sens, la bibliothérapie constitue un véritable soin relationnel qui met le patient en confiance et l’invite à confier ses craintes.
Les textes, courts pour ne pas fatiguer les malades, agissent un peu comme un antalgique : ils apaisent les douleurs et détournent l’attention du patient à l’occasion par exemple d’un soin stressant. Pour mener à bien ce projet, soignants, psychologues et bénévoles travaillent ensemble. La bibliothérapie constitue donc un outil de soin et de prévention efficace et complète parfaitement la prise en charge globale des patients, en leur offrant des instants inestimables.

Il en va de même pour les ateliers d’écriture pour les patients atteints de cancer par exemple. Des ateliers sont proposés par de nombreuses associations, comme La ligue contre le cancer, l’association RoseUp ou encore l’association SKIN. L’objectif de ces ateliers d’écriture est de s’exprimer de façon libre et sans jugement pour penser à autre chose qu’à la maladie.

Exprimer ses sentiments n’est pas toujours une tâche facile et c’est d’autant plus compliqué chez les patients atteints d’un cancer pendant les phases de diagnostic et de traitement. Pourtant, retenir ses émotions peut augmenter l’anxiété, voire même diminuer la qualité de vie. Pour ces patients qui n’arrivent pas à exprimer oralement ce qu’ils ressentent, l’écriture peut s’avérer être une véritable échappatoire.
L’écriture offre aux patients un espace rassurant leur permettant de se confier, de partager leurs craintes et leurs incertitudes vis-à-vis de leur maladie. Elle leur permet également de faire part de leur questionnement face à l’avenir.
Il a été prouvé que l’écriture a des effets bénéfiques sur le sommeil, sur la douleur et sur d’autres symptômes psychologiques et physiques pouvant ainsi permettre aux patients de retrouver un équilibre émotionnel. L’atelier d’écriture peut aussi devenir un lieu de résilience.
En guise de conclusion
En psychologie et en psychiatrie, l’écriture est reconnue pour ses vertus thérapeutiques. Cette pratique s’apparente à une forme de purification. Tous les mots et toutes les idées qu’on peut ressasser à longueur de temps sortent de nous au moment où on les écrit, ce qui permet de faire de la place.
L’écriture est alors vue comme un défouloir. Vous pouvez aussi aller taper avec des gants de boxe. Mais, en écrivant, c’est le subconscient qui s’exprime. Écrire permet de donner une forme à ce qui n’en a pas, de mettre des mots sur quelque chose qui est de l’ordre de la souffrance. Cela permet aussi de s’en éloigner.
Une recherche quantitative a toutefois montré que le fait d’écrire ses émotions dans un journal allège leur impact sur le psychisme. Cela diminuerait en effet l’activité de l’amygdale cérébrale, la zone du cerveau qui donne naissance à ces émotions.