Vos personnages m’ont fait des frayeurs à la lecture de vos histoires pour la proposition d’écriture N° 119. Ce petit SMS lu à la dérobée… provoque presque une crise de d’hystérie, après la scène de jalousie… bien compréhensible!

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

D’Annie

SMS empoisonné

« Je t’M chéri et je RV de ta peau douce. Vite ! Vite ! »
Qui a écrit ça ? C’est pas moi. Moi qui aime ses poils frisés qui crissent comme une fourrure sous mes doigts. D’ailleurs, je l’appelle Néandertal. MON NEANDERTAL ! On se marie aujourd’hui et c’est la fête. On danse sur la terrasse avec les copains. Je me repose un moment au fond de la salle. J’ai pris son téléphone qui traînait. Clic direct sur ses SMS.
« -Je pense à celui qui con-vole !! (Smiley) Signé Paul d’avant.
Vraiment c’est de l’humour à deux balles !
-La vie est courte. Prends les départementales !(smiley) Signé Bison
Ringard, va !
– Après la teuf c’est le taf ! On se rencarde pour lundi ? Signé Moi
Mais il bosse pas lundi. N’importe quoi. Et puis le bouquet :
-Je t’M chéri et je RV de ta peau douce. Vite ! Vite ! » Pas signé…
Je relis plusieurs fois. Pour un jour de mariage c’est vraiment pas top ! D’habitude, je ne lis pas ses SMS non plus, mais là avec son téléphone oublié sur la table… Je n’ai pas réfléchi. Heureusement ! Me voilà renseignée. Et cocue ! Cocue le jour de mon mariage. C’est un film ? Sonnée. Je suis un peu sonnée mais pas résignée. J’ai des envies de meurtre. Où il est mon Néandertal ? Il danse avec Carine et ils rigolent. C’est elle qui rêve de sa peau douce ? J’arrive avec le téléphone. Verte.
-« Tu rêves de sa peau douce ?
Elle rit.
-Réponds-moi !
– File moi du champagne ! Je me déshydrate.
Je lui agrippe le bras et Néandertal de sauter et de rire de plus en plus fort.Faut arrêter ! J’ai découvert votre manège !Je crie maintenant. Peut-être même que je hurle parce que tout le monde s’arrête.MA meilleure amie avec MON mec ! Le jour de MON mariage !! ».
Néandertal a les yeux en point d’interrogation. Carine est pétrifiée. C’est bien ça, j’ai deviné juste ! Les larmes viennent et le silence se fait. Stupeur. On arrête la musique. Tout le monde me regarde. Apocalypse.
Et soudain une voix au fond de la salle, celle de Luc, le mec de Carine :
-« Quelqu’un a vu mon portable ? ».

De Zouhair

La nuit de noces s’était bien passée. Bien qu’ils aient consommé leur mariage avant d’être mariés, cette nuit avait une saveur particulière. Ils firent l’amour trois fois dont une fois à quatre heures du matin alors que Jeff était profondément endormi.
Julie avait un appétit féroce de pouvoir jouir de celui qui était devenu son mari depuis hier. Elle désirait se l’approprier et le faire sien. A force de caresses tendres qu’elle lui prodiguait sur le dos, il avait fini par grogner et se retourner vers elle. Le corps chaud et ferme de sa femme avait fait le reste. Son désir dans les brumes ensommeillées s’éveilla aussitôt. Mais au moment ultime c’est « Marianne je t’aime » ! qui sortit entre deux halètements. Julie, choquée, se demanda s’il avait simplement rêvé de Marianne, sa meilleure amie ou s’il avait une liaison avec celle-ci. Si c’était le cas, elle allait l’entendre celle-là !
Julie attendit que Jeff se rendorme pour se jeter sur son téléphone portable. Peut-être allait y trouver des preuves de son infidélité ?
Elle connaissait son code et elle déverrouilla rapidement le téléphone. Elle ouvrit ses SMS. Il y avait plein de vœux de nouvelle année provenant de ses copains et de ses copines. Rien d’alarmant. Mais en les faisant défiler, l’un d’entre eux attira cependant son attention :

COUCOU ,
BONNE ANNEE MON CHERI . MALGRE TON NOUVEAU STATUT , J’ESPERE QUE CETTE ANNEE NE CHANGERA RIEN A NOS RENDEZ-VOUS COQUINS .
TA MARIANNE

Julie ne se rendormit pas. Elle avait l’impression que le monde s’écroulait sous ses yeux. Tout ce qu’elle avait construit depuis tant d’années s’effondrait tout d’un coup. En plus, être trahie par sa meilleure amie !Comment a-t-il pu lui faire ça ?!
Elle s’était levée avant lui et l’attendait de pied ferme, assise à la table du petit déjeuner.
Jeff se défendit de toute relation charnelle avec Marianne. Certes, il la trouvait sexy et très intelligente, mais loin de lui l’idée de coucher avec elle. Il réaffirma à Julie, consternée, qu’elle était la femme de sa vie et qu’il ne la tromperait jamais.
Les jours qui suivirent apportèrent un calme relatif. Julie doutait encore de la fidélité de son mari et voulut en avoir le cœur net. Un matin, elle emprunta le portable de Jeff pendant qu’il était sous la douche et répondit au SMS de Marianne :

OK CHERIE , PAS DE PROBLEME , ON CHANGE RIEN. ON SE RETROUVE DEMAIN AU PARC MONTSOURIS A COTE DE LA VENDEUSE DE CREPES A 17H. JE T’AIME.

Le lendemain, Julie se retrouva sur le banc près de la vendeuse de crêpes, à 17 heures pétantes. Si jamais Marianne se présentait, elle allait lui dire le fond de sa pensée.
Mais Marianne ne vint jamais. Avait-elle flairé le piège, dans la façon d’écrire les textos où dans le lieu de rendez-vous ? Julie se décida alors d’aller la voir chez elle. Elle sonna énergiquement. Marianne ouvrit, tout sourire.Ah, que je suis contente de te voir ! Et puis bonne année au fait !
Julie fut décontenancée par cet accueil. Son amie n’avait-elle rien à se reprocher ?
Elle la fit entrer dans le salon. Jeff était là, assis dans le fauteuil, les jambes croisées, un verre à la main. Un grand sourire illuminait son visage.
La perplexité fit place à la colère. Quelle pièce jouaient-ils ces deux-là ? Voulaient-ils la rendre jalouse ou souhaitaient-ils faire un couple à trois ? Les hypothèses se bousculaient dans la tête de Julie.
Marianne prit enfin la parole :Ma chérie, on ne se donne jamais rendez-vous au parc Montsouris, voyons, c’est beaucoup trop exposé. Et puis, nous n’en sommes pas aux amourettes d’adolescents, nous on se donne directement rendez-vous au lit, sous les draps !
Julie explosa :Alors quoi ?! Vous voulez qu’on forme un couple à trois, c’est ça votre plan ?!
Marianne et Jeff explosèrent de rire en même temps.Bon, on arrête la comédie, dit Jeff en premier, se rapprochant tendrement de Julie et l’enlaçant. Celle-ci se débattit et le repoussa brutalement.
Écoute, on voulait te rendre jalouse et te soigner de ta possessivité. Tout cela est monté, des râles de plaisir aux SMS (qu’est-ce qu’ils ont pu apporter ceux-là aux scénarios de fictions!). Cela montre à quel point on t’aime, différemment bien sûr, et que l’on restera liés, indéfectiblement tous les trois.
Julie, confuse, reconnut qu’elle était possessive et que sans le stratagème de son amie et de son mari, elle n’en aurait pas pris conscience et que cela aurait pu lui jouer de mauvais tours.

De Jean-Pierre

– C’est quoi ça ?
Sidonie n’a pas pu en lire plus. Elle s’attendait à lire des vœux plus ou moins bien tournés, elle tombe sur un texte quasiment porno. Alexandre décrit une relation amoureuse avec moult détails croustillants mais totalement indécents. On croirait le chapitre d’un cours d’éducation sexuelle. Elle a l’impression de déjà vu, cependant.
Le pied de lettre est incompréhensible.
“C’est mieux, non ?”
Alexandre.
Le destinataire n’est désigné que par des initiales. Cela peut être n’importe qui.

Sidonie a épousé en justes noces Alexandre, directeur artistique d’un grand éditeur. Ils vivent en couple depuis belle lurette et ont fini par décider d’officialiser et de légaliser leur union. Ils ont construit l’image archétypale du couple fusionnel, comme on en rêve dans la presse people.
Et voilà que par cette belle journée de printemps, Sidonie découvre l’infamie. Il y a une conquête dans la vie d’Alexandre et la nature de la relation est sans équivoque. Une illustration du tantrisme, remise à jour, en cette époque marquée par le Covid.
Des larmes jaillissent pour faire germer la déception. Elle peine à se reprendre, des feuillets à moitié froissés dans la main. Dans le miroir qui lui fait face, le visage radieux de la presque trentenaire conquérante a fait place à un masque d’amertume, cerné par des rides de doute soudain.
– Reprends-toi, ma vieille !
Elle est surprise du ton qu’elle a choisi. Jusqu’à il n’y a guère que quelques minutes, elle se serait exclamée :
– Du cran, Sidonie.
Elle s’est voté un coup de vieux, comme on dit. Et pire. Sa superbe est partie, recouverte par des phrases imbéciles. Cerise sur le gâteau, Sidonie n’a jamais rien refusé à Alexandre, ses phantasmes les plus osés ont toujours été comblés.
– Le salaud !

Quand même, elle reprend le dessus. D’abord, savoir qui. Une auteure en mal de lectorat, une collaboratrice en inter-contrat ? Tout est possible. Dans son travail à la maison d’édition, Alexandre est environné de créatures dont certaines donneraient le tournis à un jésuite endurci. Alors, savoir qui.

Alexandre ne s‘absente jamais et rentre toujours à l’heure de son boulot. Il prend la ligne 14, jusqu’à Mitterrand, puis le RER C jusqu’à Juvisy. Quelques courses quotidiennes ne lui laissent pas le temps de s’égarer sur la carte du Tendre. Il ne reste qu’une solution : ses égarements ont lieu sur place. Difficile de ne pas se faire gaufrer ! Il faut continuer à chercher.
Elle ouvre son PC et se connecte au compte de son mari. Elle a tous ses mots de passe, cela fait partie de leurs conventions. La machine, docile, donne accès à tout ce qui est sur le disque. Sidonie est dans l’état d’esprit de quelqu’un qui débouche sa canalisation de WC. Elle va certainement découvrir des choses écœurantes. Elle prend une profonde respiration, vérifie que l’imprimante est bien en service, avec ce qu’il faut comme papier pour constituer des preuves matérielles.
Elle navigue sans difficulté entre les fichiers et les répertoires : Alexandre organise son espace de travail comme elle l’aurait fait. Ils sont câblés pareillement.
– Quel gâchis !
Les larmes s’invitent à nouveau. Le premier répertoire qu’elle explore est intitulé “Carrière”. Ce n’était pas le but mais au moins, elle pénétrera dans l’intimité du traître.
Elle tombe de l’échelle. Alexandre n’est pas Directeur Artistique, mais relecteur avec une classification de débutant. Son traitement ne devrait pas lui permettre d’assurer le train de vie du couple : un loft luxueux, dans un quartier plutôt sélect à Juvisy. Intriguée, elle continue à découvrir son conjoint. Des fichiers manifestement sans intérêt sont aussitôt refermés.
Puis elle dégringole les derniers échelons : Alexandre a une double vie. C’était à prévoir. Ce que l’est moins, c’est la deuxième vie.
Sous le pseudonyme de Alcrofribas Dupont, il écrit des romans érotiques de qualité médiocre en s’inspirant de leurs ébats amoureux. Il utilise sans vergogne les services de la maison d’édition, même le commercial. Il a certainement la complicité d’autres employés. Le truc est juteux à souhait, et l’édition à compte d’auteur, avec la gratuité des services les plus onéreux délivre des bénéfices rondelets. La missive qu’elle a interceptée est la simple réécriture d’un passage jugé insuffisamment égrillard par le relecteur d’occasion.

Le pot aux roses est totalement décevant. Elle reste les bras ballants, c’est le KO debout, ou assis, ça ne change rien. Des larmes mêlées de rires viennent chasser l’avocat éventuel et son dossier de divorce. Alexandre est navrant mais au moins, il est fidèle.
Elle se rue sous la douche. Un truc de luxe que son amant et mari a installé. Ça coûte un bras, elle sait maintenant d’où provient l’argent. Elle reste un long moment, à profiter des jets en position “Massage relaxant”, puis arrive à s’extraire de la caresse ruisselante. Elle se pomponne, se revêt de quelques gouttes de Chanel n° 5 et autres fanfreluches.
Elle a pris sa décision : vivre en couple à trois, avec son mari Alexandre et son amant Alcrofribas.
Ça va être torride.

De Michaëla (proposition d’écriture N° 118)

Authenticité et intensité 
« Non mais tu ne crois pas que je vais t’obéir au doigt et à l’œil » crache-t-elle à la figure de son père, avant de quitter la maison en claquant la porte.
Voilà des mois que la relation entre Catherine et son père Alain est terriblement tendue, voire explosive. Faute de savoir s’écouter, ils en sont arrivés à ne plus se comprendre du tout, n’ayant pas les mêmes valeurs et donc pas la même vision de vie.
Lui, il est de la génération où la valeur travail est prédominante. Une journée « sans rien faire » est une journée perdue. Sa fille, elle, n’est pas « contre » le travail mais son rapport à cette exigence sociétale est différent. Elle ne veut pas être au service du travail ; elle souhaite simplement que son travail soit un outil au service de ses valeurs fondamentales.
Lui aurait voulu qu’elle pose sa candidature au poste, signalé par l’un de ses amis, de contrôleur permanent des ressources humaines à la Caisse des Dépôts et Consignations. Les possibilités d’évolution de carrière, le sérieux de la structure, l’implantation du site à proximité de la maison sont autant de critères positifs à prendre sérieusement en compte et Alain ne comprend pas le refus de sa fille.
Catherine, elle, a décidé d’aborder cette nouvelle année sous d’autres auspices. Ce n’est pas un mais deux défis qu’elle s’est fixés en ce deuxième jour 2022, à deux heures vingt-deux, après avoir claqué la porte de la maison. Les deux défis tendent vers le même et unique objectif : inventer la vie qui lui correspond pour lui permettre d’être authentique au quotidien.
L’authenticité est une des valeurs qui est enracinée en elle, au même titre que l’accomplissement, et le fait de vivre en conscience, mais aussi l’écoute et l’empathie. Les cours de maîtrise de l’art de la communication, qu’elle a suivis avec passion dans le cadre de sa formation en ressources humaines, ont été à l’origine de ses questionnements sur le sens qu’elle souhaite donner à sa vie. Et aujourd’hui, même si elle ne sait pas encore sous quelle forme son objectif se concrétisera, elle est en tout cas parfaitement sûre de ce qu’elle ne veut pas. Et ce poste auquel son père voulait qu’elle postule en fait partie.
Aussi ne regrette-t-elle pas d’avoir été ferme avec son père en ce début d’année. Elle va lui écrire ou lui téléphoner, pour le rassurer et pour ne pas rompre définitivement le lien. Mais il y a une chose dont elle est certaine : elle ne reviendra pas sur sa décision. Il est hors de question qu’on lui coupe les ailes.
D’ici quinze jours, elle sera sur les routes, elle tracera sa route. C’est son premier défi, et il la met en joie. Elle sourit en repensant à une phrase de Thierry Janssen qu’elle a entendue lors d’une conférence passionnante : « Pour moi, la joie est le signe de ma connexion à l’essence de moi-même ».
Elle veut plonger au cœur de cette solitude marchée, pendant au moins six mois, pour aller à la rencontre d’elle-même. Elle a bien conscience que tout un chacun, dans la société actuelle, est poussé au conformisme, mais de ça, elle n’en veut surtout pas. Elle veut donc prendre le temps de s’interroger profondément ; ne pas faire l’économie de ce questionnement intérieur car elle sait que c’est la condition sine qua non pour avancer et trouver sa voie, tracer son propre sillon, celui-là même qui lui permettra de vivre intensément et authentiquement.
Son deuxième défi viendra ensuite. Il s’agira de s’engager dans la formation en lien avec son projet et de trouver les financements. Il éveille également en elle une joie profonde car elle sait qu’ « apprendre est la lumière d’une vie, la lumière d’un être heureux et épanoui. » (Stéphane Briot)
Une fois les deux défis réalisés, elle pourra alors passer à l’action et à la réalisation concrète de son projet : auprès d’enfants et/ou d’adultes ? en France ou à l’étranger ? Sous la forme associative ou en tant qu’auto-entrepreneuse ? Bien sûr, elle n’a pas encore toutes les réponses, mais elle est sans inquiétude car elle a en elle la conviction profonde d’être sur le bon chemin. Les réponses viendront en leur temps.
Aujourd’hui, Catherine a décidé de prendre sa vie en main et cela la rend intensément vivante !

De Jean-Noël
 
Aujourd’hui est le pénultième jour de célibat de Margaux, demain sera le premier jour de sa nouvelle vie, elle sera femme et prendra mari…
Amélie, sa meilleure amie, vient de lui envoyer un message recommandant de ne pas oublier d’écrire les vœux qu’elle présentera à son futur époux, comme il est d’usage.
Margaux se pose derrière le petit secrétaire d’époque qui lui sert de bureau depuis son adolescence. Elle sait exactement ce qu’elle va offrir à son homme avant l’échange des alliances.
Mon amour, je pourrais me contenter du “oui je le veux” officiel pour sceller notre union, mais aujourd’hui, jour de notre mariage, je veux te révéler tout mon amour pour toi, devant nos familles et tous nos amis. Je veux mettre à tes pieds cette corbeille remplie d’amour, celui que j’éprouve pour toi depuis toutes ces années où nous nous côtoyons jour après jour. Est-ce que je veux devenir ta femme ? La réponse est oui, c’est une certitude. Ai-je envie de passer le reste de ma vie à tes côtés ? La réponse est encore oui !
Vivre à tes côtés est pour moi synonyme de rêver, sourire, pleurer, créer, voyager, s’embrasser, câliner, consoler, réconforter, écouter… enfin nous promener ensemble dans un avenir commun plein de bonnes choses et même avec de moins bonnes. Mon horizon sera aussi le tien et tout ce que nous ferons, nous le ferons ensemble coûte que coûte. Hier j’étais ta confidente, ton amie, ta maîtresse, aujourd’hui et les autres jours à venir, tout au long de notre vie, je serai ta femme, je te serai fidèle jusqu’à l’éternité.
Après avoir lu et relu son texte, Margaux décide d’appeler son amie pour le lui lire et recueillir son avis. Elle attrape le smartphone qui est posé au coin du bureau et au même moment un message apparaît sur l’écran : “Je t’attends avec impatience mon loulou” Nat.
Intriguée, Margaux ouvre le message et se rend alors compte qu’elle a dans ses mains le mobile de son futur mari ! Abasourdie, elle se lève et lit le message dans lequel l’invitation ne fait aucun doute : il y a une rivale entre elle et son homme.
Bien sûr, tous les messages défilent sous ses yeux et l’effarement fait place à la certitude : il n’y a pas anguille sous roche, mais bel et bien baleine sous gravier !! Comment a-t-elle pu passer tous ces derniers mois sans rien percevoir ? Elle faisait toute confiance à Xavier et le mariage avait lieu le lendemain. Après quelques minutes de flottement, l’infortunée future épouse tape le numéro de son amie Amélie et lui raconte tout. Après une bonne demi-heure, Margaux raccroche, une stratégie a été savamment élaborée entre les deux complices, Xavier allait avoir une jolie surprise demain !
Juste avant la cérémonie du mariage civil, la mariée s’approche du maire et lui parle discrètement à l’oreille sans que le futur marié ne se doute de rien :Monsieur le Maire, je souhaiterais formuler mes vœux de mariage à mon futur époux, sachant que celui-ci n’est pas au courant, est-ce possible ?
Mais bien entendu, rien ne s’y oppose, il sera fait comme vous le souhaitez, mademoiselle.
La cérémonie se déroule selon les coutumes traditionnelles jusqu’au moment où le maire s’adresse à la future mariée : Mademoiselle Margaux, je vous laisse la parole pour offrir vos vœux de mariage à votre futur époux.
Margaux se tourne vers son Xavier tout surpris de cet événement et commence à formuler ses vœux :
Mon amour, je pourrais me contenter du “oui je le veux” officiel pour sceller notre union, mais aujourd’hui, jour de notre mariage, je veux te révéler la surprise que j’ai eue en tombant par inadvertance sur un message de Nat apparu sur ton téléphone au moment où je m’en suis saisi, pensant que c’était le mien… J’attends avec impatience tes explications mon loulou, mais avant cela je vais formuler ces vœux, tels que je les aurais prononcés si je n’avais pas pris connaissance de ces messages ; car, tu t’en doutes bien , je les ai tous lus !
Et Margaux de réciter mot pour mot ce qu’elle avait écrit la veille.
Une fois qu’elle eut fini, elle se tourna vers l’assemblée et dit ces quelques mots : “mes amis, ma famille, tous ceux que je ne connais pas ou si peu, j’éprouve toujours les mêmes sentiments pour Xavier et je viens de dire que je serais toujours à ses côtés quoiqu’il arrive : je viens d’engager ma parole, je ne puis la reprendre dès lors que je viens de la donner devant le Maire et vous tous qui en êtes témoins. Je ne connais pas encore les raisons qui ont poussé Xavier à agir de la sorte, je lui donne donc la parole pour qu’il nous explique cela. De sa réponse dépendra l’issue de la cérémonie. Xavier, je t’écoute, tout le monde est tout ouïe.
Le marié potentiel se mit à balbutier des propos inaudibles, nul ne pouvait entendre le moindre mot qui sortait de sa bouche… Le regard lourd de Margaux fit le reste, Xavier venait de comprendre que son mariage était en péril et que ses sentiments pour sa promise étaient réels et forts, il se ressaisit et reconnut simplement son erreur, il aimait deux femmes et devait choisir, la bigamie n’étant pas tolérée dans ce pays. Les vœux qu’il prononça touchèrent tant et si bien l’assistance et Margaux que tous se levèrent d’un même élan pour applaudir et le Maire déclara les deux amoureux unis par les liens du mariage.
Margaux regarda son chéri en lui disant “Que j’ai bien fait de te donner cette chance mon chéri, si je t’avais lancé ton smartphone à la figure en te disant d’aller retrouver ta Nat, on n’aurait pas connu ces cinquante ans de bonheur, pas plus que ceux à venir, d’ailleurs !”.
Margaux et Xavier entraient amoureusement enlacés dans la salle de réception sous les applaudissements des invités, la célébration des Noces d’Or pouvait commencer, cela promettait d’être festif !

De Michèle

Tellement heureux d’épouser Melinda, Louis avait troqué avec plaisir, ses bottes, son jean et sa chemise à carreaux pour des richelieus, un costume 3 pièces et un nœud papillon.
Il avait écrit un grand message d’amour comme vœux à lire le jour de leur mariage, dans 3 jours. Il se sentait disposé à s’unir, après toutes ces années de recherches dans des rencontres plus ou moins agréables. Il ne les regrette pas. Aujourd’hui, elles lui avaient prouvé qu’il était arrivé à bon port. Pas à pas, il avait appris et compris ce qu’il désirait. Sans lui avoir tout révélé, il savait que Melinda était son âme sœur. Ce soir il profitera de sa soirée de vie de garçon. Que lui ont préparé ses amis??

De son côté Melinda s’était beaucoup investie dans les préparatifs de ce mariage qui semblait être l’aboutissement de ses désirs les plus profonds. Louis était l’homme que son coeur désirait depuis si longtemps…Jusqu’à ce qu’une jolie femme brune ait sonné à sa porte, hier soir. Elle était venue lui dévoiler les dessous de la vie de Louis avant leur rencontre.
La haine se lisait dans les yeux de Jane. Elle avait perdu Louis au moment de la révélation de son état de gestation. Il lui avait avoué ne pas être amoureux, et ne voulait pas d’un bébé. Elle avait fait une fausse couche 2 mois plus tard. Elle lui en voulait tellement de l’avoir larguée avec si peu d’humanité. Après l’avoir harcelé ces derniers mois, elle avait décidé de le suivre jusqu’à aujourd’hui. Melinda eut comme un haut de coeur en écoutant Jane, si furieuse et médisante. Lorsqu’elle se retrouva seule, elle fouilla dans les tiroirs de la commode de Louis, et trouva son ancien téléphone qu’elle brancha pour le recharger.
Le lendemain matin elle eut la surprise de constater qu’il n’y avait pas de mot de passe. Alors que son coeur battait la chamade, son ventre serré, elle entra dans ses contacts et y trouva pas moins de 25 prénoms féminins, et des messages.
A quelques heures de la cérémonie, sa mère la trouva tendue et fermée. Elle l’aida à enfiler sa robe sirène en dentelle sans toucher aux boucles fleuries ni au maquillage nude.
Son père la conduisit jusqu’à l’autel, fier de la confier à Louis, qu’il aimait beaucoup.
Dans la nef de l’église, le futur marié souriait d’amour devant l’arrivée de sa fiancée si belle et qui allait devenir sienne. Melinda embrassa son père et s’assit à côté de Louis sans un regard ni sourire. Le prêtre les invita à se lever et les présenta en quelques mots avant de leur laisser la parole pour présenter leurs vœux l’un envers l’autre.

Louis sourit comme pour lui dire« vas-Y…».
Mélinda sortit de son bouquet un téléphone et commença à lire
*De Laurence : « Chéri ne me laisse pas, je t’aime, je t’attends à notre RV habituel ».
*De Marie : « Tu m’avais promis de m’aimer pour la vie ».
*De Anaïs : « Quelle nuit délicieuse, Ce soir tu reviens ? ».
*De Priscilla : « Tu es un beau salaud…».
*De Jane : « Le bébé est de toi, je n’aime que toi ».

Mélinda continua ainsi pendant presque 10 minutes. Une éternité pour les invités gênés.
Louis ne broncha pas et écouta, le visage dévasté. Puis à son tour, il sortit une feuille rose et regardant dans les yeux, la femme qu’il aimait, il lui dit
* Laisse-moi la possibilité de lire cette lettre, écrite il y a 3 jours, ne sachant pas que tu allais découvrir mon vieux téléphone que j’aurais dû jeter. Je souffre du mal, de la douleur insupportable que tu dois ressentir.
Puis il reprit sa feuille rose pour lire

Ma Melinda chérie.
Je ne suis pas un maitre de la littérature, mais je t’écris avec mon coeur. J’ai fait dans ma vie beaucoup de rencontres mais aucune n’a touché mon âme. J’avoue que je me suis amusé, espérant toujours rencontrer celle qui pourrait me faire vibrer. Je ne peux rien effacer de ma vie, mais toutes ces rencontres m’ont montré le chemin de ton coeur, car à chaque rupture, je savais un peu plus ce que je voulais.
Lorsque je t’ai vue à l’anniversaire de Franck, tu as illuminé mon regard et j’ai ressenti les papillons d’amour dont tout le monde parle. Je savais que mon âme sœur était là, devant moi. Depuis notre rencontre, certaines m’ont recontacté sans que je donne suite. J’avais trouvé avec toi, mon havre de paix et de bien-être, rien d’autre n’avait d’importance. Je ne vis plus que par toi.
Je puise mes mots du fond de l’encre de mon coeur pour en sortir que tu es mon seul amour, ma douce moitié. Je t’aime quand tu as les cheveux ébouriffés, quand tu débats avec conviction, quand tu chantes, quand tu danses, quand tu souris ou que tu ris aux éclats, quand tu cuisines. Je t’aime pour tout, dans tout. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé, ma Melinda d’amour. Je veux vivre ma vie avec toi, tout contre toi, jusqu’au bout. Je t’aime.

Louis, rempli d’amour, mais plein de doute, leva les yeux et ne vit que les larmes couler sur les joues de sa fiancée. Melinda le regarda avec insistance et dans un doux murmure lui dit «Pardon….moi aussi je t’aime » et d’un air décidé elle se tourna vers le prêtre « ….on continue ? »


De Lisa 
Nous sommes au vin d’honneur et Éloïse, la mariée, victime, vient d’apprendre le jour de son mariage que son chéri la trompe grâce aux SMS de son portable qu’elle surveille discrètement, vu sa jalousie. Entre nous, elle commence à avoir les effets de l’alcool et du tabagisme qui peut lui faire de belles surprises. Donc, elle fait tout un scandale devant ses invités. Aux yeux du public, elle est un ange mais dans sa vie privée, elle est le bourreau de son homme.
Ce pauvre est obligé de l’épouser sinon gare à la raclée ! Il ne veut pas admettre qu’il est obligé de l’aimer, de la chérir pour épater ses copines. Discrètement, sa sœur, Lisa, présente à la cérémonie, décide d’aller au commissariat du coin, sachant d’avance que personne ne la comprendra car elle est la maîtresse de son mari qui l’aime de tout son coeur et qui connaît la situation.
En attendant son retour, le frère du marié est allé au cimetière sur la tombe de leur père pour faire une prière et lui parler de cet imprévu :
Papa , si tu nous entends
Elle est allée au Commissariat
Elle a besoin d’un avocat, Papa

Elle se rend Au bureau des plaintes
Devant ce Brigadier-chef
Mais elle n’a aucune preuve à part les SMS

Tu veux bien être son Avocat
On parle du vrai papa
On ne parle pas de l’autre Diable
Qu’on a enterré un matin d’automne

Tu veux bien être notre petit Papa
Bien sûr, on parle à son avocat
Tu veux bien apporter les preuves
Pour que le divorce s’invite aux noces

Papa, si tu nous entends
Tu veux bien nous rendre service
Pour demander à sa famille
Qu’elle est au fait coupable

Tu auras besoin d’un autre avocat
Je te conseille son Beau Papa
Entre deux frères d’armes
Vous conclurez plus vite l’affaire

Elle est une croqueuse d’Hommes
A vous d’en apporter les preuves
Car son homme a choisi une autre
Alors son cœur respire le bonheur

Vous allez mettre votre grain de sel
A vous de prouver qu’on a affaire à une bipolaire
Devant les invités, elle se fait passer pour une victime
Et on ne précise pas cet homme et ses cicatrices.


De Catherine

Coup de froid

Quelle déception ! Quand ma cousine m’a invitée à son mariage, j’ai accepté tout de suite, parce que je m’imaginais un mariage hors normes, plein d’excentricités, à l’image des quatre-cents coups que nous faisions ensemble dans notre enfance. Elle est tellement fantasque, incontrôlable, imprévisible , créative…Mais ce mariage ! Je suis déçue. Je n’ai pas connu cérémonie plus conventionnelle. Ce n’est pas possible, ce n’est pas ma cousine, ça ! Le mariage la rend complètement insipide et ringarde. Et ce repas est d’un ennui ! La pièce montée ne va pas tarder à arriver. Tiens, voilà Johanna qui monte sur sa chaise et appelle l’attention des convives en tapant sur son verre avec un couteau.
— Chers tous, il est l’heure du discours de la mariée ! Oyez, oyez, braves gens !
Les invités l’applaudissent et l’acclament, attentifs à la suite.
— Sur ma feuille, j’ai écrit tout mon amour pour mon chéri, mais j’ai changé d’avis. Je vais procéder autrement.
Applaudissements. La mariée jette sa feuille et invite le marié à grimper lui aussi sur sa chaise.
— Mon chéri, peux-tu me prêter ton portable ? J’ai laissé le mien à la maison.

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’impression que l’on va assister à quelque chose d’exceptionnel. Une intuition ! Aurai-je enfin retrouvé ma cousine préférée ? En tous cas, l’époux semble benêt devant la situation et joue la surprise en tendant son portable.

— Patience, patience ! Ça y est… je l’ai ! Écoutez ça : « Ton petit cul me manque. » Tiens donc, mais qui a pu t’écrire ça, mon cœur ? Ah, oui ! Tatiana, c’est écrit là, suis-je bête!
Le mari et les spectateurs commencent à rire jaune. Une gêne s’installe.
— Et ça : « J’aime ton verso, mais je préfère ton recto quand tu me prends sauvagement. ». Encore cette Tatiana !
Un murmure embarrassé parcourt la salle. Je suis aux anges. Jusqu’où va t’elle aller ? Le marié essaie de récupérer son portable, mais Johanna esquive ses tentatives et persiste :
— « Viens, je t’attends, j’ai mis mon déshabillé en satin. Je vais bien m’occuper de toi. » Encore et toujours Tatiana !
Les parents des mariés virent au vert et commencent à se détester mutuellement. Les familles s’indignent. Johanna ne lâche rien et continue à dévoiler l’ampleur de la trahison.
— Un dernier pour la route : « Laisse tomber ta grêle hé, elle ne sait pas ce qui est bon pour toi. Tu ne saurais résister à mes câlins brûlants d’amour pour toi ».
Elle jette le portable sur la table et invective son époux :
— Et tu as osé m’épouser aujourd’hui ? Tu es un salaud !

Protestations, réprobations dans la foule. Mais voilà le mari qui se rebiffe :
— Non mais, tu t’écoutes, là ? Tu veux qu’on en parle de ton Wilfried à la noix que tu te tapes dans mon dos ? Parce que tu crois que je ne le vois pas, ton petit manège ? Ça fait des mois que tu me trompes avec ce sale type sorti d’on ne sait où, et tu veux me donner des leçons ?

Le malaise est palpable. La mère de la mariée court vomir aux toilettes tandis que l’incompréhension règne sur la salle. Les gens ne savent plus comment réagir. Rester ou partir ? Se ranger dans un camp, mais lequel ? Et moi, je me régale de tout ce bazar dont j’attends la chute avec impatience. D’un seul coup, le couple se donne la main et salue son public, comme les personnages d’un vaudeville à la fin du dernier acte. Sauf que les applaudissements ne viennent pas ! Parce que personne n’y comprend plus rien !

Alors, Johanna rompt le silence glacé :
— Ben alors, c’était bien, non ? On a bien joué la comédie… non ? C’était notre manière de vous remercier d’être là pour notre mariage…
Les gens se regardent, interloqués.
— … et aussi pour vous annoncer la naissance de notre premier projet commun : nous allons ouvrir une école de théâtre !…
Incompréhension persistante dans la salle. C’est qu’elle y est allée un peu fort, la cousine, cette fois. Le mal-être a du mal à quitter les lieux. Alors, Johanna lance :
— Mais, c’était pour rire , juste pour rire ! On s’aime, voyons !
Et, au fond de la salle, sa mère, en pleine crise d’hystérie, hurle :
— C’est vraiment pas drôle, Johanna !

Ce que confirme belle-maman qui vole au secours de sa consœur. Au final, l’ambiance est irrémédiablement cassée, mais moi, je me suis régalée. J’adore ma cousine !  De Françoise V

Marianne pose son bouquet de roses sur la table, devant Monsieur le Maire. Benjamin, son stylo en main, tourne la tête et accorde un sourire à la jeune mariée avant de signer le premier le registre des époux.
Soudain, son téléphone émet une notification de SMS. Marianne saisit le téléphone dans la poche du veston de Benjamin et visualise la première phrase du message :
« Maude : Mon amour, je t’attends, mais que fais-tu ? ».
Marianne s’exclame haut et fort :
– Benjamin, qu’est-ce que c’est ? en lui montrant le texto.
Il se redresse avant de signer, se tourne vers Marianne.
– Quoi ? Qu’y-a-t-il ?
– Ton téléphone… le message… tu sais lire ? Tu te fous de moi ?
Benjamin lit en arrachant le téléphone des mains de sa jeune épouse.
– Heu… c’est quoi ? Oui en effet, je ne sais pas …. une erreur… sûrement.
– Non, mais tu te moques de moi ! C’est ta Maude, celle qui t’a appelé hier se faisant passer pour ta future belle-sœur. Tu m’expliques ?
A cet instant même, Benjamin bégaie et avance les arguments de l’erreur, du faux numéro. Marianne lui reprend l’appareil, le brandit devant les témoins en disant :
– Je crois que mon mari a une double vie ! Venez lire… approchez-vous ! Benjamin me trompe ! …Dis-moi, depuis quand cela dure ?

Benjamin se fond dans des explications incompréhensibles devant cette dénonciation, inventant qu’il est victime d’une mauvaise blague. Marianne le laisse terminer sa phrase, s’emmêler les idées et les mots en le fixant droit dans les yeux. Elle se concentre le mieux possible et lui inflige une paire de claques devant toute l’assemblée. Honteux, le jeune homme reste figé, stupéfié, ne sachant quel comportement adopté. Le « coupable » quitte les lieux, rouge de honte et de claques, étant arrivé au bout de ses arguments de défense stériles.
Le Maire, abasourdi, reste muet de stupéfaction. Jamais une situation de la sorte ne s’était présentée depuis ses mandats. Il reste coi sans réaction et pâle d’émotion. La mariée craque, elle fond en larme après son accès de colère, s’effondre. Elle se sent complètement abandonnée et humiliée. La famille n’en revient pas. Les discussions s’éparpillent, on s’insurge, on pleure, on se console. Jérôme, le frère du marié, sort en trombe rejoindre son frère, court après lui. Une cacophonie résonne dans le hall de la salle des mariages, on ne s’entend plus. La dispute des deux frères fait écho dans ce grand espace au-dessus des escaliers. Les murs de marbre renvoient les mots de haine, de reproches, d’émotions écorchées. Ils en viennent aux mains, Jérôme empoigne la chemise de Benjamin qui en se défendant pousse son frère, et par le déséquilibre, Benjamin trébuche en arrière, tombe dans l’escalier et se fracasse le crâne.
Le téléphone qui était dans la poche de Benjamin était celui de Jérôme, une erreur d’aiguillage !

De Lucette

Paule a son travail d’infirmière qu’elle adore, même si c’est prenant, elle ne se voit rien faire d’autre. Quant à Tom, lui, est régisseur dans un théâtre de la ville où ils vivent. Leur vie a trouvé son rythme de croisière, entre l’école, le sport pour les enfants, les sorties du weekend, tout va pour le mieux. Un matin, au petit déjeuner, ils annoncent à leurs enfants qu’ils vont se marier dans un an. Ils sautent de joie, depuis le temps qu’ils leur demandaient, ils vont enfin avoir le même nom tous les quatre. Ils pourront dire devant les copains, « mes parents sont mariés …
Que de préparatifs pendant un an. Chercher la salle. Qui va-t-on inviter ? Préparer les faire-part. Quels menus choisir et à quel prix ? Sur quel thème se déroulera le mariage ? Quelle toilette pour Paule et leur fille, pour Tom et leur fils… ?
Les préparatifs avancent, ensuite, le placement des invités, il y en a 60 à caser, car il faut faire attention aux susceptibilités, se rappeler qui est en froid avec qui, et qui s’entend bien, sinon gare à la soupe à la grimace…
Le grand jour est enfin arrivé, Paule, Tom et les enfants sont dans un état de joie et d’excitation en même temps. Les convives arrivent au fur et à mesure. Pendant que Paule s’apprête, sa sœur la maquille, la coiffeuse lui fait sa dernière boucle, la voilà magnifique dans sa robe longue dans les tons rose moiré. Quand Paule arrive tenant sa fille à la main, elle aussi est ravissante puisqu’avec sa maman elles ont choisi la même toilette, sous les bravos, elle cherche Tom du regard. Elle le voit enfin, lui aussi avec leur fils à la main, lui aussi habillé comme son papa. Leurs yeux se rencontrent, ils découvrent à cet instant tout l’amour qu’ils se portent depuis toutes ces années.
La cérémonie civile se passe bien, le « Oui » a été entendu de tout le monde, le cortège fait quelques mètres, et les voici dans l’église où leurs enfants ont été baptisés. Une grande émotion s’empare d’eux, le prêtre les unit, les cloches sonnent à tout va, les larmes coulent, les embrassades fusent de toute part.
Des fleurs de toutes beautés sont installées dans la grande salle, la table est prête. Tous rejoignent le vin d’honneur, des flashs crépitent à droite et à gauche. « Paule un sourire » « Tom regarde le petit oiseau », les enfants avec les parents.
Le menu est un délice, on danse, on rit, on plaisante. Tous les cadeaux sont posés sur une table un peu à l’écart, l’heure avance, ils les ouvriront demain matin…
La nuit a été récupératrice, après des semaines et des semaines à flux tendus pour faire face, pour que tout soit parfait, là enfin, ils vont pouvoir se relaxer tranquillement dans les jours à venir…
Ils déballent leurs cadeaux, comptent « les sous » dans la cagnotte, ils sont aux anges. Ils n’en espéraient pas tant… Ensemble, ils lisent et relisent toutes les cartes de vœux, quand un S.M.S. attire l’attention de Paule qui le fait remarquer à son mari, qui fait semblant de n’avoir rien entendu. Paule est intriguée par sa façon de fuir avec des paroles qui ressemblent à de la mauvaise foi. Ainsi toute la journée, ce S.M.S. résonne dans sa tête. Le soir, Tom est à la douche, elle en profite pour jeter un œil dans son téléphone. Elle ne le fait jamais, ayant toute confiance en lui. Elle découvre l’impensable « Je pense sans arrêt à toi » ». J’aurais tellement voulu être près de toi ». « Quand nous retrouverons-nous ? ». « Tu me manques tellement ». Des dizaines de messages qui ne laissent aucun doute sur une relation adultère…
Quand il sort de la douche, il trouve devant lui un iceberg qui lui demande des explications.
Il ne comprend pas son langage, tellement elle hurle. Et quand il est mis devant le fait accompli, qu’il lit les messages, il s’avance vers elle pour la prendre dans ses bras avec un beau sourire. Elle le repousse, d’abord, les éclaircissements…Il lui demande de s’asseoir face à lui, hésite, les mots ont du mal à sortir. Mais comprenant qu’il ne peut plus reculer, il se lance.
Il y a un an, il a appris sur l’extrait de naissance qu’il a demandé pour son mariage, qu’il y avait un petit encart qui stipulait qu’il avait été adopté. Il eut un face à face avec ses parents adoptifs (pour qui il a beaucoup de respect) mais qui lui ont menti pendant presque 40 ans, car ils ne pensaient pas indispensable de lui avouer. Pour lui, c’est dur à avaler un si grand secret de famille…
Tom, après maintes recherches, a retrouvé sa maman. Il a su pourquoi elle n’avait pas réussi à l’élever, et tous deux attendaient que le mariage soit passé pour en parler à Paule et se réunir enfin pour faire connaissance. D’où ces S.M.S d’amour pour le fils retrouvé. Les révélations faites, les larmes essuyées, ils se sont précipités dans les bras l’un de l’autre. Paule est confuse d’avoir pensé au pire. Enfin, la voie est libre pour vivre leur vie tous les quatre dans la sérénité et faire connaissance de sa maman tant attendue…

De Marie-Josée
 
Le plus beau jour de la vie.

Plus que deux heures avant la cérémonie et il y avait encore tellement de choses à faire. Christelle sentait l’adrénaline monter et sa sœur qui n’était toujours pas arrivée. Elle ne pourrait pas mettre sa robe sans son aide, quelle idée d’avoir opté pour une tenue aussi compliquée. Il faut que tu sois la plus belle, fais-moi confiance, la robe de la mariée c’est le plus important, lui avait dit Carine. Mais pour l’instant, elle trônait au milieu du salon. Enfin, la sonnette de la porte retentit Elle courut ouvrir et se trouva nez à nez avec un immense carton.
___ « Surprise, Surprise » claironna joyeusement son beau-frère en se frayant un passage pour le déposer sur la table. « A ouvrir seulement avec ton mari, vous allez adorer, fais-moi confiance ».
___ « C’est quoi ce délire, nous avions pourtant bien précisé : pas de cadeaux ni de plantes, uniquement la cagnotte pour notre voyage de noces et voilà le résultat. » dit-elle dépitée. « C’est ta femme que j’attendais, pas toi, elle devrait être là depuis un bon moment ! ».
___ « Elle ne va plus tarder, elle m’a demandé de te prévenir qu’elle aurait un peu de retard. Arrête de stresser, tout va bien se passer et même si vous n’êtes pas à l’heure, la cérémonie ne commencera pas sans toi. Je te laisse, il faut que j’aille prêter main forte au fiancé, il doit être dans le même état que toi. A tout à l’heure » et il dévala l’escalier quatre à quatre en sifflotant.
___ « Non, mais je rêve ! Heureusement que Fabien est différent de son frère. Ma sœur en voit de toutes les couleurs avec lui ».
Ce n’est pas banal, deux sœurs qui épousent deux frères, ils font toujours sensation quand ils en parlent à leurs connaissances. En déplaçant le carton, elle vit que Fabien avait oublié son téléphone et quand le signal sonore indiqua qu’il avait un nouveau message, elle l’ouvrit sans hésiter. Les messages de félicitations et de vœux de ses potes devaient être bien différents de ceux qu’elle recevaient, autant se marrer un peu. Elle ne fut pas déçue :
« Je sais bien qu’il y a le mariage, mais ce n’est pas une raison d’oublier ta choupette . Tu vas bien trouver un moment pour me ‘’caser ‘’entre tes obligations. On se voit quand ? Mardi comme d’hab ? »
Elle était sidérée, c’était comme si elle avait reçu un coup de massue. C’était donc avec ‘’Choupette’’ qu’il passait les mardis soirs et pas à la salle de sport pour sculpter ses ’’tablettes de chocolat’’. Elle n’eut pas le temps de lire les autres textos ni de se ressaisir, la sonnette annonça l’arrivée de sa sœur qui, toute essoufflée, pestait contre l’ascenseur en panne :
___ Quelle poisse, toutes ces marches à monter à pied ! Excuse-moi, sœurette, mon rendez-vous chez le coiffeur a pris plus de temps que prévu, mais ça valait le coup, qu’en penses-tu ?
Christelle ne pouvait pas répondre, elle s’effondra dans ses bras en pleurant à chaudes larmes.
___ Il ne faut pas te mettre dans cet état pour un petit retard, je sais bien que c’est le jour J, mais quand même.
___ « Ce n’est pas ça », dit-elle entre deux hoquets, Fabien me trompe, le jour de notre mariage, sa maîtresse lui envoie un texto pour lui donner rendez-vous mardi prochain.
Choupette, il l’appelle choupette. Tu te rends compte ? J’aurai dû m’en douter, il ne vaut pas mieux que son frère.
___ « Que veux-tu dire par là ? De quel droit tu te permets de juger mon mari ? Je sais bien qu’il avait une réputation de coureur de jupon, mais entre les rumeurs et la réalité, il y a un monde. C’est le meilleur mari qui existe. Depuis notre mariage, il ne regarde plus les autres femmes, non mais tu te rends compte de ce que tu dis ?
____ C’est pas ce que je voulais dire, je suis tellement hors de moi et anéantie. Qu’est-ce que je dois faire ?
____ Bon, je passe l’éponge, on ne va quand même pas se disputer dans une telle situation. On se calme et on réfléchit. Tu ne vas pas laisser un texto gâcher ta vie. L’heure tourne, il faut te préparer et cette robe n’est pas facile à enfiler sans compter les fleurs à épingler dans les cheveux.
____ Tu insinues que je ne dois rien dire, faire comme si de rien n’était et me marier avec un goujat. Tu plaisantes, j’espère. C’est mal me connaître ! J’annule purement et simplement le mariage.
____ Tu ne peux pas faire ça ! Tout est prêt. La cérémonie a lieu dans une heure, il n’y a plus une minute à perdre. Ressaisis-toi. Tu régleras tes comptes avec lui demain, pour l’instant, le mieux c’est de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
____ Il n’en est pas question. Je ne peux pas attendre demain, je règle mes comptes tout de suite. Je vais l’appeler et le mettre devant le fait accompli. Il ne va pas s’en tirer comme ça.
____ Tu ne peux pas l’appeler, c’est toi qui as son téléphone. Réfléchis, ce n’est pas bon de réagir à chaud. La colère est une mauvaise conseillère.
____Tu as sans doute raison, mais tu sais à quel point je suis une mauvaise comédienne, il faut que je lui parle avant la cérémonie .Je vais appeler ton mari, il pourra me le passer vu qu’ils sont ensemble.
____ Réfléchis bien avant de faire une bêtise.
____ Une bêtise, de mieux en mieux, ce n’est pas moi qui l’ai faite. Je vais lui laisser une chance de s’expliquer avant de prendre une décision.
Elle composa le numéro de son beau-frère en tremblant et sursauta quand le téléphone posé sur la table sonna. Elles se regardèrent toutes les deux, incrédules.
Blême, Carine le saisit et écouta la voix du répondeur qui disait :
‘’ Vous êtes bien chez Alain, le plus rigolo des frères Brunel, laissez votre message après le bip sonore. Elle raccrocha, mit le téléphone dans son sac à main et dit :
___ « Choupette, ça me disait quelque chose. Il me semble que c’est le surnom d’une de ses collègues. Je vais les atomiser, lui et sa..sa….et elle éclata en sanglots.
____ « Je suis vraiment désolée » tenta de la consoler Christelle.
____ « Pas grave, tu n’y peux rien. Tant pis pour moi, j’étais prévenue mais l’amour rend aveugle. Pas la peine de s’apitoyer sur mon sort. Préparons-nous pour le plus beau jour de ta vie paraît-il ».
L’heure tournait. Les invités trépignaient devant la mairie, se demandant ce que faisaient les filles aussi longtemps. Alain proposa au marié de les appeler pour voir si tout allait bien. Il fouilla dans ses poches sans trouver le précieux objet. Il se dit qu’il l’avait sûrement perdu en déposant le carton. La voiture de la mariée arriva enfin. Christelle était radieuse, sa demoiselle d’honneur splendide et les deux frères d’un regard convenu se félicitèrent d’avoir choisi les plus belles sœurs de la terre.
Quand Carine arriva à la hauteur de son mari, elle lui remit le téléphone en lui disant :
____ « Tu devrais répondre à Choupette, moi j’ai appelé un avocat pour demander le divorce ».
____ « Chérie, ce n’est pas ce que tu crois, je peux tout t’expliquer. Sois cool ! Tu ne peux pas faire ça, pas aujourd’hui» tenta-t-il maladroitement.
Elle lui prit le bras et avec un grand sourire lui dit :
____ « Je suis cool ! On ne va pas gâcher la journée aux mariés à cause de ta bêtise. On va faire contre mauvaise fortune bon cœur, le plus beau jour de ma sœur sera le plus mauvais pour moi. »

De Marie-Josée (proposition d’écriture N° 118)

La photo

Cyril travaillait depuis quelques mois en Italie et avait fêté Nouvel An avec des amis qu’il s’était fait là-bas. Il avait envoyé une photo de la joyeuse bande à ses parents, les informant qu’il allait rentrer pour trinquer avec eux à la nouvelle année et à ses 28 ans par la même occasion. Après les effusions des retrouvailles, les souhaits traditionnels, la photo du réveillon n’échappa pas aux commentaires. Sa maman voulait tout savoir à propos de ses nouveaux copains et son papa était intrigué par la fille serrée contre lui. Y aurait-il anguille sous roche ? Aurait-il enfin trouvé une copine ? Etre encore solo à son âge devenait suspect aux yeux de son père qui lui à cet âge, je ne vous en cause pas. Pour couper court au récit de ses exploits passés et à ses conseils de Don Juan ,Cyril mit fin à la conversation en expliquant qu’ils étaient serrés pour que tous puissent rentrer dans le cadre. A ces mots, il se rendit compte qu’il prenait beaucoup de place, trop de place. Un ‘’sac de patates’’ parmi les ‘’spaghettis’’ faisait tache. S’il n’y avait que cela, il pourrait s’en accommoder ; certes, 95 kilos pour 1, 70m , ce n’est pas top, des taquineries plus ou moins malveillantes aussi mais là de gros, il était en train de basculer dans la catégorie supérieure dont le nom lui faisait peur . Il se souvenait comment la copine obèse de son cousin avait été accueillie dans la famille, ce n’était pas la grande joie d’autant plus que son état lui causait des problèmes de santé. Là on ne plaisante plus. Comme tout hypocondriaque qui se respecte, il avait fait des recherches, à chaque visite chez le médecin la question du poids devenait récurrente mais son penchant pour la procrastination remettait cette question à plus tard. Il se rendait bien compte qu’il était essoufflé au moindre effort, qu’il devrait prendre l’escalier au-lieu de l’ascenseur, le vélo plutôt que la voiture et privilégier la piscine au cinéma les week-ends. La photo ne le lâcha plus. Le lendemain, il essaya de la chasser avec un plat de ‘’pâtes à la carbonara suivi d’un tiramisu, maintenant qu’il s’était mis à la cuisine italienne, il n’allait quand même pas se priver de ses merveilles à cause d’une photo. Le jour de son anniversaire, sa filleule enfonça le clou lorsqu’en jouant avec elle après le gâteau, son pantalon ne résista pas quand il voulut s’accroupir.
___ « Parrain, ton pantalon est trop petit, il faut changer de taille », lui dit-elle en riant aux éclats.
Sa maman en rajouta une couche en constatant les dégâts:
___ « Elle a raison, cette fois je ne pourrais pas le recoudre, tu devrais profiter des soldes pour refaire ton ‘’ garde-pantalon ‘’ » .
C’était comme un électrochoc , c’en était trop. Il mettait déjà du XL et passer au XXL n’était pas envisageable alors il affirma que l’année prochaine à cette période il mettrait du S. Les commentaires fusèrent de toute part du genre, tu n’y arriveras jamais, les bonnes résolutions de janvier on sait comment ça finit, mais c’était mal connaître ce capricorne. Sa maman savait à quel point il pouvait être opiniâtre voir même extrémiste.
Le lendemain, il bouda les croissants au petit-déjeuner, résista au Riesling qui scintillait dans les verres de ses parents et renonça au dessert. Son père approuva sa décision et le défi de son fils inquiétait un peu sa maman. Quoi qu’il en soit, il repartit pour le pays des pâtes et des pizzas avec une détermination farouche de s’attaquer à ces satanés kilos.
Il se rendit vite compte que cela était bien plus difficile qu’il ne le pensait, les sorties du week-end anéantissaient systématiquement les efforts de la semaine et l’idée de suivre un régime dont les médias vantaient les mérites le rebutait. Que faire ? C’est alors qu’un évènement planétaire vint à son secours, le corona virus débarqua dans sa vie et avec lui le confinement. Fini les repas au restaurant, il se lassa vite des livraisons à domicile de sushis alors il ne resta que la solution de se faire à manger lui-même. Si déjà il devait se mettre à cuisiner autant se mettre à la cuisine’’ healthy. ‘’. A son grand désarroi, il constata qu’il n’y connaissait rien, ni en produits bruts et encore moins comment les préparer.
Il se documenta donc sur internet, suivit l’un ou l’autre blogueur selon ses goûts et la difficulté des recettes. Il appela souvent sa maman à la rescousse quand il ne comprenait pas pourquoi il n’obtenait pas le résultat escompté, alors que selon la vidéo, même lui pourrait se mettre dans la peau d’un grand chef. Au bout de quelques jours, il avait pris le pli, ne restait plus que le volet activité physique à régler. Là aussi, internet s’avéra être la solution. Entre le télétravail et l’intendance, il occupa le reste de son temps par des séances de sport et grâce à la régularité et à sa ténacité, les kilos fondirent comme neige au soleil. Toutes les semaines, il annonçait fièrement à ses parents sa perte de poids progressive par téléphone et fin 2020, il avait atteint son objectif. Il ne pesait plus que 65 kilos, mettait du S et trinqua fièrement le 1er janvier 2021 à sa réussite.
Il a relevé le défi, il est devenu mince quasi maigre, mais dans sa tête il est resté gros.
Sa vie est devenue un combat permanent, il traque le moindre gramme si la balance n’affiche pas le chiffre souhaité. Est-il plus heureux pour autant ? Il n’y a que lui pour répondre à cette question. Un jour, il relèvera peut-être le défi du juste milieu mais celui-ci est l’affaire de toute une vie, pas seulement d’une boutade de nouvel an.

De Marie-Josée – texte sur la BONNE ANNEE

Bonne année

Revoilà le temps des souhaits et des vœux, de belles paroles que l’on adresse à tous ceux
que l’on aime beaucoup ou peu, qu’importe, tout le monde joue le jeu.
Je m’y suis également pliée, mots et images j’ai distribué.
J’ai répondu aux diaporamas et cartes virtuelles qui mettent en scène pingouins et père Noël, le tout accompagné de maximes et poèmes trouvés sur internet, ils vont et viennent.
Qu’adviendra-t-il de tous ces souhaits exprimés en janvier ? A défaut de se réaliser, ils seront oubliés sitôt formulés.
C’est le moment idéal pour résolutions et bilans, mais ça se passera comme tous les ans,
chacun mènera sa barque tant bien que mal bien sûr, tout ceci est sensé remonter le moral.
On fera parfois ce qu’on veut, souvent ce qu’on peut.
On essayera de s’améliorer et on retombera dans nos travers, on aura des réussites et des revers. Pas grave si tout cela n’est que du vent, l’année prochaine on recommencera allègrement. 
Poème de Thérèse Plantier, extrait de « Chemins d’eau » (1963), proposé par Françoise T 
Parce que j’avais senti la première odeur de l’été
j’avais cru que je vivrais mille ans
auprès de toi
mais j’étais en retard il aurait fallu
prendre le train de tes yeux
puis descendre à contre-voie
parmi les bardanes et les orties violettes
battre les buissons tambouriner dessus
avec des paumes de laine
cardée par les ronciers
l’avenir se chargea de me détromper
vira au bleu-silence
tandis que les gousses des genêts-à-balai
percutaient sec sur le ciel
plié à gauche dans l’odeur de tes doigts.

De Mac

En ce premier jour de l’année, Alice, confortablement installée sur son canapé, consultait ses messages. Son téléphone émettait régulièrement le petit bruit caractéristique de l’arrivée d’une nouvelle notification. Elle répondait aux messages avec application en prenant soin de personnaliser ses réponses tout en recherchant des formules de vœux originales et chaleureuses. Le téléphone de son compagnon vibra sur la table basse. Elle eut juste le temps d’apercevoir la photo d’une jeune femme blonde avant que celui-ci ne s’éteigne. Elle lança une œillade vers l’escalier qui conduisait à l’étage où se trouvait la salle-de-bain et tendit l’oreille. Elle entendit l’eau couler et son mari chanter – faux comme d’habitude-.
Curieuse, elle déroula ses longues jambes pour se lever et se saisir de l’objet. Il lui fut très aisé d’accéder à la messagerie de son compagnon qui ne comportait aucun code d’accès. Le dernier message provenait d’une certaine Pamela. Celui-ci, très bref, l’invitait à la rejoindre le soir-même à 19 heures à l’Hostellerie du Vieux Baron.
Alice reposa le téléphone et reprit sa place sur le canapé.
Elle était surprise. Son conjoint n’était pas le genre d’homme à avoir une maîtresse. Mariés depuis vingt ans, elle n’avait jamais suspecté la moindre incartade. Fabrice n’était pas un homme à femme. Plutôt mal à l’aise en leur compagnie, il parlait peu et se contentait d’acquiescer les dires de son épouse. Une seule chose comptait pour lui : c’était son métier. Il était ébéniste et passait le plus clair de son temps dans son atelier à réaliser des meubles pour ses clients. Il était très doué. Sa réputation croissait et les commandes dans son carnet également, ce qui l’avait contraint à embaucher récemment, un apprenti.
En y réfléchissant, elle constata que depuis quelques temps il rentrait plus tard le soir. Alice, qui n’était pas spécialement jalouse, fut prise d’un doute. Serait-il possible que son mari la trompe ? Cela lui semblait tellement incroyable. Il était toujours si attentionné, si amoureux.
Ses pensées furent interrompues par l’arrivée de son époux. Il dévala les escaliers laissant dans son sillage les notes boisées de son parfum. Il l’embrassa au passage puis se saisit du téléphone pour prendre connaissance des éventuels messages reçus.
Alice qui le surveillait du coin de l’œil, le vit manipuler le téléphone, puis le glisser dans sa poche.Chérie, j’ai un rendez-vous. Je suis désolée de t’abandonner un jour pareil, je ne peux pas faire autrement. Est-ce que je t’ai parlé de Sammy ? C’est un ami d’enfance qui est parti vivre aux États-Unis et qui, de passage à Paris, m’a demandé de dîner avec lui ce soir. Cela ne te dérange pas ?
Pas du tout chéri, je comptais manger légèrement et me coucher tôt ce soir.
Bien. Dans ce cas, je vais y aller, dit-il en l’embrassant une seconde fois en quelques minutes.
Alice, perplexe, le regarda s’en aller. Prise soudainement de l’envie de le suivre, elle décrocha son manteau et prit les clés de sa voiture. Après tout, se dit-elle pour se justifier, ce ne serait pas le premier à subir les effets du démon de midi ! Après dix minutes de trajet, le véhicule de son époux stationna sur le parking d’un restaurant, le plus huppé de la ville.Ah oui, quand même ! Il fait les choses bien. Il sort vraiment le grand jeu. Il veut vraiment l’impressionner.
Elle gara son véhicule un peu à l’écart, hésita un moment… Etait-ce une bonne idée, cette confrontation ? Ne ferait-elle pas mieux de fermer les yeux et rentrer chez elle ? Non, ce n’était pas son tempérament. Elle aimait les situations claires. D’un pas décidé, elle se rendit à l’accueil. A présent tout pouvait arriver : la surprise, les cris, la mauvaise foi, le déni.
Une jeune femme vint au-devant d’elle et l’accueillit :Bonjour Madame Cherrier, Monsieur nous a prévenu de votre arrivée. Il vous attend dans le salon privé. Suivez-moi je vous prie.
Abasourdie, je la regardai, puis la suivis telle une automate.
Lorsqu’elle s’écarta, je vis Fabrice me souriant, une rose rouge à la main : « Bonne année ma chérie ».  

 
De Claude
 

VŒUX BROUILLÉS


La veille de mon mariage, je reçois un texto étrange : « Ne te marie pas avec lui, tu finiras par le regretter ». Les pensées se bousculent dans ma tête. Il n’y a aucune signature et l’adresse de l’expéditeur me semble tout ce qu’il y a de plus fantaisiste. Jugez-en par vous-même : Anne. Nulassion@ gmail.com. Et pourquoi pas Marina Duletère ou Paul Hisson, pendant qu’on y est?
En revanche, deux photos suivent le message. J’y reconnais mon futur, Jean-Louis, en galante compagnie. Les attitudes sur les photos ne laissent aucune place au doute. Cela ressemble beaucoup, mais vraiment beaucoup, à une conférence au sommier.
Mon cœur bat la chamade. Je pense d’abord à un photomontage. C’est si fréquent à présent et il y a tellement de gens malveillants ou simplement jaloux pour lesquels internet est un exutoire. C’est vrai qu’il est beau et intelligent, mon Jean-Louis !
Je pense aussitôt à ma cheffe qui l’a vu quand il est venu me chercher au bureau la semaine dernière, et qui est une divorcée aigrie. A moins qu’il ne s’agisse de son ex, une bimbo délurée pour laquelle l’eau est une boisson dangereuse, et qui est alcoolisée du matin au soir. Je n’écarte pas non plus la piste de l’organisatrice de notre mariage, une jolie fille qui se fait toute mielleuse en présence de mon fiancé, et qui a pris son parti sur tous les choix qu’il y avait à faire, que ce soit sur le plan de table ou sur la cérémonie.
Je suis assaillie par le doute. Cela fait plus d’un an que nous vivons ensemble et je n’aurais rien remarqué ? En fait, je n’accorde aucun crédit à toutes ces médisances. D’ailleurs, de quand ces photos datent-elles ? Peut-être de bien des années avant notre rencontre !
Ce soir-même, pendant qu’il se douchera, et bien que je n’aie aucun doute sur sa fidélité, je vais jeter un coup d’œil à son smartphone. J’en aurai alors le cœur net.
Nous y sommes ! J’entends l’eau couler. Je m’empare de son téléphone et consulte sa messagerie. Ah ! tiens ! Où est passé le message d’amour que je lui ai envoyé hier ? Là, c’est une longue liste d’échanges avec ses clients. Mais qui est cette Sophie qui revient souvent ? Je lis, mais ma vue se brouille. Mais… que lui écrit-il ? J’ai le souffle coupé : « Ah, si ma copine était aussi douée que toi ! (Pas besoin de vous faire un dessin, j’imagine). Alors qu’il me répète à longueur de journée que je déborde de sex-appeal (à moins que ce ne soit de sexe… à piles) ! Et j’en passe, des vertes et des pas mûres ! C’était vrai, alors ! Je n’en crois pas mes yeux. Je suis éberluée, stupéfaite, mais pour me convaincre de cette trahison, je prends des photos de ces messages.
Pendant qu’il chante sous la douche, moi je déchante. Je crois que j’ai à présent suffisamment de preuves pour le confondre. Le voilà qui sort de la salle de bain. Il est douché. Moi aussi. Mais il ne sait pas encore que je lui prépare une petite surprise dont il se souviendra longtemps.
L’église est pleine. Tous les invités sont là. Mais tandis que je rejoins mon « fiancé » à l’autel, je lis la surprise sur tous les visages. Evidemment, vu les circonstances, il ne m’était pas venu à l’idée de mettre ma robe de mariée ! J’ai même refusé que mon père me conduise à l’autel, comme c’est la tradition. Jean-Louis est interloqué en me voyant dans cette tenue… et le visage fermé. D’emblée, je me tourne vers l’assistance : « Chers amis, je suis heureuse de votre présence, mais il n’y aura pas de mariage aujourd’hui. Jean-Louis n’est pas l’homme que je croyais. Et je ne peux prononcer mes vœux …dans ce lieu sacré…con, pardon… consacré.

Je bafouille. Je suis au bord des larmes. Un brouhaha s’ensuit. Le prêtre, gêné, montre des signes de nervosité. Jean-Louis est blême. Il semble perdu et sa famille aussi. Mes parents, pris de court, vont les rejoindre. Je parviens, non sans mal, à me ressaisir. Je sors alors d’une poche de mon tailleur (Chanel, tout de même !) mon téléphone portable et je commence à lire les textos ou plutôt les sextos qu’il a envoyés à une certaine Sophie, source de nos malheurs ; « Sophie, je t’aime ; j’aime ton corps ; j’adore tes seins qui sont loin d’être de glace ou encore : « Tu es chaude comme une bouillote…, quand je pense à toi, je b… Sur le texto, c’est écrit en toutes lettres, mais pour vous aider à comprendre, ça rime avec Fernande. Ah ! si ma copine connaissait aussi bien que toi le Kama Soutra, je serais aux anges ». L’assistance est horrifiée. Je perçois cependant quelques éclats de rire. Jean-Louis proteste et répète, indigné, : « C’est une machination!». Il tente de m’empêcher de parler. Je m’apprête à poursuivre au moment où quelques personnes font mine de se lever pour quitter l’église.
C’est alors qu’un des collègues de mon ex-futur hurle : « Arrête, et n’annule rien surtout ! » . Stupeur de l’assemblée. Il vient vers Jean-Louis et moi. « C’est nous qui avons écrit ces textes ! C’est une farce! Une grosse farce ! Vous avez peut-être oublié que nous sommes le 1er avril ! ».
Rouge de honte mais rassérénée, j’informe l’assistance d’une voix blanche, qu’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie de collègues de travail. Jean-Louis rit… jaune, puis se précipite pour me donner un baiser passionné, sous les applaudissements enthousiastes des invités. Tous les voyants sont au vert désormais et la cérémonie peut commencer comme si de rien n’était, au grand soulagement de tout le monde.
Personne n’a oublié ce mariage rocambolesque et la joyeuse réception qui s’est tenue dans les magnifiques jardins du château de Chantilly.. Beaucoup en parlent encore. D’ailleurs, demain nous fêterons notre vingtième anniversaire de mariage.
 

Je vous avais prévenus, elles sont bien ces histoires… certains continueront à s’aimer, d’autres vont régler leurs problèmes…c’est comme dans la vie en fin de compte! 

Pour cette fin de semaine hivernale et donc glaciale, restez bien au chaud ou prenez un bon bol d’air froid, ce que je ferai ce dimanche pour respirer à pleins poumons, après une nouvelle semaine à respirer et à parler dans les masques! 

Je vous souhaite donc un beau weekend.

Portez-vous bien et surtout continuez à bien prendre soin de vous!  

 Créativement vôtre, 


Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE  


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

Suivez-Moi sur les réseaux

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
>