Que ce fut compliqué ce soir pour finaliser la newsletter de la proposition d’écriture N° 129!

Vous êtes en droit de vous demander quelle en est la cause? Diego, la tempête Diego du jour!!Le vent a soufflé bien fort et le courant a sauté plusieurs fois, m’obligeant à recommencer la relecture de vos textes plusieurs fois pour la mise en page.

J’espère donc avoir reçu tous les textes en temps et en heure.

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De Gérard

187 874 953 Euros !
Ce chiffre indécent était celui du gain de Marcel TRUMIER.
Le billet qu’il tenait dans les mains affichait les 5 bons numéros et les deux étoiles de la grille.
Sa chance de gagner le jackpot n’était pourtant que de 1 sur 139 838 160, comme il l’avait fait remarquer à ses collègues quand ces derniers l’avaient emmené au café-tabac du village fêter sa retraite et remplir plusieurs grilles de l’Euromillions.
Marcel ne croyait pas aux jeux de hasard et refusait par principe de jouer à quelque jeu d’argent que ce soit, mais ce jour-là, après quelques verres de l’amitié, il n’avait pu s’opposer à ses collègues et fini par inscrire quelques numéros et cocher quelques cases.
« C’est bien pour vous faire plaisir ! » avait-il dit à la cantonade.
Ce vendredi à 21H50, il avait pour la première fois de sa vie regarer le tirage sur TF1 et n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles : un de ses bulletins portait TOUS les numéros et les cases gagnants…

Sa première réaction fut de ne pas y croire.
C’était impossible, un tel hasard tomber sur lui, Marcel, il y avait nécessairement un truc, une erreur quelque part. Il fallait donc vérifier auprès de la Française des Jeux.
Mais surtout, surtout ne rien laisser paraître, ne pas aller questionner les patrons du bar-tabac de GRÉPIGNAC, éviter toute rumeur qui ferait le tour de la ville en quelques heures.
Marcel s’obligea donc à attendre le lundi suivant, ce qui lui laissait le temps de garder la tête froide, et de réfléchir à toutes les éventualités.
188 millions d’Euros (eh oui, il faut bien arrondir car il est impossible de retenir un nombre aussi fou) …
Et si c’était vrai…

Marcel dormit très mal les trois nuits qui suivirent. Il prit plusieurs centaines de fois le billet dans sa main, vérifia et revérifia le tirage sur internet en cliquant sur Google, sur Firefox, sur les journaux en ligne, alla l’air de rien, la tête basse, à la Maison de la Presse de GRÉPIGNAC acheter SUD-OUEST, plusieurs quotidiens nationaux : tous donnaient le même résultat.
Quelque part, c’était logique, la speakerine n’avait-elle pas déclaré à la télévision ce vendredi soir : « Nous avons un gagnant français ! Dans le département de la Dordogne. Bravo à elle ou à lui ! ».

Pour éviter tout soupçon et donner le change, Marcel ne changea pas ses habitudes et assista le dimanche après-midi au match de rugby contre les voisins de COULIGNAC.
Il y rencontra ses collègues à qui il avoua avoir allumé le feu de sa cheminée avec ses grilles d’Euromillions, ce qui selon lui n’avait pas la moindre importance puisqu’aucune d’entre elles n’était gagnante, il l’avait bien vérifié.
La semaine suivante, la ville fut en ébullition : la grille gagnante de 188 millions d’Euros avait été validée au café-tabac de GRÉPIGNAC selon les révélations de la Française des Jeux.
Pendant des semaines, des mois, on chercha le gagnant, on traqua le moindre indice, l’achat d’une nouvelle voiture par le maçon, la construction d’une piscine dans le jardin de l’institutrice, le voyage au PÉROU de l’adjudant-chef de gendarmerie, rien n’y fit : le gagnant restait inconnu, car tel était son choix déclara la FDJ qui affirma lui avoir remis son gain.
Le mystère restait entier, puis le soufflé de la rumeur et de la curiosité publique retomba.

Ce n’est que deux ans plus tard que le premier virement arriva sur le compte bancaire de Mélanie, mère d’un enfant de la commune atteint d’une maladie auto-immune : 5 millions d’Euros versés par la SBD, mystérieuse « Société de Bienfaisance Désintéressée », basée à ELEUTHERA, petite île des Bermudes, somme qui permit une opération chirurgicale fort coûteuse dans une clinique privée canadienne.
Puis ce furent le facteur, un éboueur, l’apprentie de la boulangerie, le club de rugby, le fleuriste, un exploitant agricole, la paroisse qui put ainsi faire réparer le clocher de l’église du XVème siècle qui risquait de s’effondrer, l’institutrice en retraite, une sage-femme, le jeune médecin qui venait de s’installer, jusqu’à l’atelier d’écriture « La Muse de Florence », tous reçurent des virements dont l’énorme montant faisait pâlir d’envie les autres habitants.
« Pourquoi eux, et pas moi ? » déclara chez le boucher la femme du notaire BRÉMOND, dont la pingrerie était proverbiale.
La semaine suivante, elle reçut un virement de dix euros qui provoqua l’hilarité générale des habitants de GRÉPIGNAC.
Les virements pleuvaient.
Mais pas pour tout le monde.
La presse locale, régionale, nationale, les réseaux sociaux, tous les média s’en mêlèrent.
TF1 en fit la Une de son journal de 13 heures.
Les journalistes cherchaient le mystérieux bienfaiteur dans tout le village.
Marcel fut comme beaucoup soupçonné mais comme il n’avait rien changé à son train de vie pourtant fort modeste, sa piste fût rapidement écartée.
Chacun cherchait à comprendre les choix qui motivaient les extraordinaires virements de la SBD mais on n’y comprenait rien : les bénéficiaires étaient de tous sexes, de tous âges, de toutes classes sociales, d’opinions politiques de tous bords. Il n’y avait apparemment aucune logique à cette miraculeuse distribution d’euros.

Ce fut une journaliste danoise qui trouva finalement la clef de l’énigme. Elle eut l’idée géniale de faire appel à un profileur qui, après plusieurs semaines passées dans la commune à questionner de nombreux habitants, établit le portrait-robot du bénéficiaire des dons de la SBD, et déclara lors d’une conférence de presse :
« Le point commun de tous les destinataires des dons de la SBD à GRÉPIGNAC est la gentillesse. Ces personnes sont fondamentalement gentilles, ne disent jamais du mal d’autrui, ne jalousent pas, ne colportent aucune rumeur, ne s’emportent pas, tout le monde s’entend à leur accorder le qualificatif de « gentil ». »

Depuis ces étonnantes déductions, GRÉPIGNAC est devenu le village le plus « gentil » de ce pays. Chacun s’efforce de s’y comporter du mieux qu’il peut. N’a-t-on pas remarqué que madame BRÉMOND elle-même est devenue la plus généreuse donatrice lors des quêtes de bienfaisance ? Et même si de mauvais esprits décrient cette « gentillesse » qu’ils jugent fort intéressée, la vie sociale à GRÉPIGNAC n’en est pas moins devenue pour tous un modèle à suivre.
Et Marcel TRUMIER dans tout ça ? Il n’a rien changé à sa vie ni à ses habitudes.
Il continue à suivre les matchs de rugby au stade le dimanche, et se promène régulièrement dans la ville, un mystérieux sourire aux lèvres.

De Véronique

Le Gros lot

Véronique
-Félix a gagné le gros lot !
-Comment est-ce possible ? Ce grand bonhomme qui se nomme, non sans fierté, l’homme des bois, qui sort dans son petit bar préféré pour rigoler et parfois pour aider les copains. Avait-il l’habitude de parier ?
-Celui qui vit retranché dans sa masure avec sa nouvelle copine alors qu’il est veuf depuis si longtemps ? Un vieux « près de ses sous » dit-on !

Tout le petit village est déjà rassemblé dans le seul bar rétro du bourg situé en forêt de Bretagne. On se pousse, on s’injure, on s’esclaffe à grands cris, petits et grands, vieux et jeunes, femmes, enfants et hommes sont tous là. La population, en peu de temps, se retrouve entassée dans ce bar devenu si minuscule aujourd’hui alors que la salle d’habitude paraît immense. Tous sont là pour admirer ce grand gaillard d’homme nommé Félix. Toujours discret, malgré sa taille de géant, il est ému et confus parmi toute cette foule. Cheveux blancs et moustache à la gauloise, son regard est droit et sa main tremble au contact d’un papier tout froissé à la phrase magique « Vous avez gagné 1 500 000 euros ! ».

Ce simple petit bout de papier lui donne droit à une somme colossale incroyable, jamais autant espérée. Bien qu’il soit un fidèle du jeu de l’Euromillions, chaque fois lui donne la chance d’encaisser quelques euros, histoire de rembourser sa mise hebdomadaire, pas plus. D’ailleurs cela lui suffit, il vit confortablement de propriétés acquises, il y a longtemps avec sa femme, qui lui procurent de bons revenus locatifs mais qu’il laisse un peu à l’abandon par fainéantise. A quoi bon investir et rénover ? Il vit bien et sa nouvelle copine, Germaine, peu ambitieuse et vénale, modeste et du terroir, un peu arriérée somme toutes, ne lui réclame pas grand-chose tellement elle est timide et introvertie. Le logis, le couvert et sa présence de mâle si protecteur.
Aujourd’hui, Felix est muet devant ce petit bout de papier qui lui propose l’immensité de rêves et de possibles financiers. Tout se bouscule dans sa tête.

-Papy Félix, vous allez pouvoir vivre la grande vie et voyager, rencontrer, quelle chance inouïe à votre grand âge, c’est magnifique ! lui chuchote sa belle-fille Audrey, toute émue elle aussi de ces changements en vue.
Elle n’accepte pas la nouvelle compagne de son beau-père, alors qu’il a déjà rencontré de jolies femmes, plus jeunes, dynamiques et modernes mais trop « citadines » disait-il. Une vie commune dans sa longère ancienne et restée dans son jus, comme on dit, n’a pu retenir aucune des prétendantes.

-Je vous ai réservé un super voyage avec départ immédiat vers les Cyclades grecques, les îles Sifnos et Milos, encore préservées des grands flux touristiques. Ce seront vos vacances, papy Félix, à la rencontre de Vénus et d’Apollon ! se réjouit Audrey en brandissant un billet d’avion et de voyages, départ dans deux jours, on vous accompagne à l’aéroport.
-Qui c’est çà Vénus et Apollon ? s’enquit Félix, abasourdi par cette idée, on ne peut plus géniale, et la surprise de ne pas avoir à réfléchir à rien.
Tout a été planifié en peu de temps et organisé par Audrey. Hop, hop, valise remplie et bouclée, et le voilà dans l’avion avec son groupe de touristes attitré, en direction de ces belles îles bénies par les dieux grecs, de l’Amour et de l’Art papy Félix, comme lui avait expliqué Audrey en riant avant son départ.Surprises, surprises vous allez en avoir papy Félix ! Nous gardons Germaine près de nous, pas d’inquiétude. A vous la grande aventure !
En effet, Audrey ne croyait pas si bien dire ! Le voilà, notre Félix, accompagné de son groupe de touristes et très vite entouré de belles et jolies femmes, d’âge mûr et toutes en quête de l’âme sœur pour finir leurs vieux jours. Que de choix, des femmes intelligentes, de caractère doux ou bien trempé. Le visage de Germaine s’estompe dans sa mémoire alors que chaque jour il admire toutes ces belles âmes en tenue estivale aussi originale que recherchée. Un vrai challenge de séduction. Vous pensez bien, un bel homme aux cheveux blancs à l’allure bien gauloise fait sensation auprès de ces dames. Les journées passent à merveille dans des paysages aphrodisiaques et paradisiaques de mer azur sous soleil ardent méditerranéen. Des décors naturels époustouflants aux villages ravissants et des promenades dans des petits ports de pêche. Félix reste médusé par tant de beauté naturelle et humaine. Il file d’une île à une autre en prenant l’hydroglisseur, moins romantique que dans l’antiquité, soit, mais il devient le héros moderne de ces dames et en partance pour un beau et long voyage qui sait initiatique…

Félix qui, comme Ulysse, parcourut de longues années toutes les îles grecques, revient un jour retrouver sa fidèle Germaine qui l’a attendu désespérément dans ce fin fond de Bretagne. Il ne la reconnaît pas. Quelle est cette vieille femme, toute ridée et au regard terne, immobile devant son feu de cheminée ?

-Qui êtes-vous, madame, pour vous être confortablement installée dans mon âtre ? lui demande-t-il, surpris alors qu’elle se met à rougir.

Quelques larmes coulent discrètement sur ses joues que Germaine cache en s’apprêtant alors à faire ses bagages. Félix en est troublé et son cœur ne fait qu’un bond. Toute sa générosité si méconnue depuis tant d’années se trouve chahutée au plus profond de son être.

-Je vous présente Pénélope, ma belle et jeune épouse, et notre fils Télémaque ! Germaine, bienvenue à vous, mamie de notre foyer !

De Tidjane (hors proposition d’écriture)

Le silence de mes nuits

Le silence de mes nuits me donne bonne mine
Le silence de mes nuits m’éloigne des fictions
C’est là que je trouve la voix de mes émotions
Et je me laisse guider par une pensée masculine

Moi mes nuits sont tempérées et harmonieuses;
J’entends le silence faire de bruits intelligibles
Indiscret, je fais appel à mon esprit captivant,
Je deviens alors un bonhomme, un apprenant

Oh ! c’est ma psychanalyse qui m’analyse
Avec un air amical, fidèle puis somptueux,
J’écoute ce silence avec une grande franchise
Car il reste le langage provenant des dieux

Je vois le silence laver et habiller mon avenir
Je vois le silence donner vie à mes projets
Avec une voix douce, il me parle de mon devenir
Le silence de mes nuits ne sont de simples jets

Mais parfois, il faut craindre le silence des nuits
Son ambiguïté t’inflige une grande phobie naturelle
Tous les noctambules en témoignent de ces bruits
Tu gardes des regards méfiants de ta vie personnelle.

De Tidjane (hors proposition d’écriture)

Un coup-bas

Mon objet de valeur
Mon objet consolatrice
Avec toi plus de solitude
Au seuil de mon cœur.

Un coup-bas tu m’as fait !
Si tu avais l’air parfait,
Je n’aurai pas ce cœur
Écœuré dans la douleur.

Aujourd’hui, souci de tactile;
Demain sera celui d’écran,
Écran qui fait des fouilles
Utiles sur les grands fans.

Ta panne est mon choc
Ta panne est mon angoisse
Mon emjoy de joie, le poc
Au petite gueule qui croisse.

Mon téléphone arc-en-ciel
Qui crée des conflits partiels
Dans les couples fragiles,
Je suis isolé comme une île,
Un lieu des cœurs ci brisés.

D’Elisabeth

LA PLANETE CHOCOLAT

J’ai toujours aimé le chocolat, rien d’original me direz-vous, mais lorsque les hommes ont commencé à marcher sur la lune, je me suis dit que je ne pourrai jamais quitter la terre, car c’est la seule planète où on trouve du chocolat. Mon Bac en poche, et ne souhaitant pas continuer des études supérieures au grand désespoir de mes parents, j’adresse ma candidature dans la seule et unique chocolaterie de ma ville et aussi la plus importante de la région. Je connais un peu cette entreprise familiale créée à la fin du 19ème siècle pour y avoir effectuer des petits boulots durant les vacances.

J’accepte avec entrain l’emploi de manutentionnaire qui m’est proposé. Le jour de mon arrivée, Gaspard, que je dois seconder à l’atelier de transformation des fèves de cacao et qui va bientôt partir à la retraite, m’explique les différents stades de la production de ce divin produit. Il me précise, d’un ton malicieux, que les machines sont comme le patron, très âgées, et que sa proposition de faire venir des machines plus modernes et fonctionnelles n’a pas aboutie. Auprès de cet ouvrier très qualifié et minutieux, j’apprends rapidement à démarrer, huiler, entretenir ces “vieilles dames”. Les parfums des différentes activités de l’atelier, la torréfaction des fèves, le broyage des grains de cacao m’enchantent et me rendent joyeux. Je suis fier d’appartenir à cette grande maison du chocolat. Mais rapidement, les pannes s’enchaînent et depuis le départ de Gaspard, je suis seul à trouver les solutions pour continuer à fournir la pâte aux préparateurs. Les commandes de fèves diminuent, certains ateliers ne fonctionnent plus que 4 jours par semaine. Les senteurs et les arômes qui m’entourent n’arrivent pas à masquer l’odeur inéluctable de faillite.

Je sens que ce magnifique paquebot doté d’une superbe passerelle Art déco est en train de sombrer corps et âmes. Quelques jours après Noël, l’entreprise est en liquidation judiciaire et le tribunal demande la cessation complète de ses activités. La chocolaterie de la famille Templier née le 4 février 1897 est morte et enterrée le 10 avril 2003. Ces dates et tout ce qu’elles représentent, le gout des bonnes choses et le dégout certains pour d’autres, vont me hanter quelques temps.

Quelques semaines plus tard, j’arrive à Paris gare Montparnasse, un emploi dans une célèbre chocolaterie parisienne m’attend. Mon dieu ! le bruit, les lignes des transports en commun, les vélos, les trottinettes qui roulent sur les trottoirs, les gens qui marchent vite, me dépaysent et me font sentir que le rythme de vie est différent et nouveau pour moi. Mais l’effort d’arriver jusqu’ici en valait la peine car je suis rapidement récompensé par le plaisir que me procure ma nouvelle activité commencée au début de l’été au sein de la société parisienne : La Chocolaterie de Berthe.

Après plusieurs mois, j’ai droit à quelques congés qui me permettent de revenir dans ma famille et ma région natale, je ne peux pas m’empêcher d’aller voir ce que sont devenus mes collègues. Ils sont sans emploi et les locaux de la chocolaterie chère à mon coeur sont toujours là, les machines sont parties à la casse mais la magnifique porte d’entrée n’a pas été dégradée et en m’approchant de plus près j’aperçois le courrier de l’administration judiciaire référencé par une série de 12 numéros. Je décide le soir même de les cocher sur une grille de loto et de recommencer jusqu’à ce que cette suite devienne gagnante.

Cela fait deux ans que je vis à Paris, ce samedi matin je suis réveillé par un magnifique soleil hivernal qui illumine la ville, je suis en congé et cette superbe lumière est une invitation à la promenade. Je flâne sur le quais où les bouquinistes constituent pour moi un véritable enchantement et puis je m’arrête au tabac-presse où j’ai mes habitudes pour vérifier si ma combinaison de jeu au loto a fait de moi un gagnant, j’y achète aussi un cahier et un stylo. En ressortant, je remarque qu’il y a beaucoup de monde sur les trottoirs, des gens joyeux, souriants, des personnes tristes, des enfants bruyants, la foule habituelle avec ses peines, ses joies, ses projets, ses difficultés. A propos d’émotion, je dois de toute urgence me trouver un endroit calme, chez moi ? Non, j’ai besoin de marcher quelques temps pour apaiser les battements de mon coeur, reprendre ma respiration. Mes pas me mènent jusqu’à un somptueux hôtel où je suis conduit vers une élégante terrasse cachée au milieu d’un jardin où enfin je peux commencer à me détendre et ne pas me laisser submerger par ce qui vient de m’arriver. Je commence à écrire au sujet du projet que je souhaite concrétiser.
Quelle revanche sur le destin ! La référence, la suite de chiffres notée sur ce courrier maudit, s’est transformée en plusieurs millions d’Euros. J’ai le temps de débuter quelques démarches avant de recevoir cette somme.
De retour dans ma région et, après avoir gâté ma famille, mes proches amis, aidé des personnes en difficulté, remis des dons aux associations et à ma commune de naissance, j’ai acheté la chocolaterie abandonnée. C’est le début d’un grand travail de rénovation et de prospection auprès des fournisseurs de cabosses et de fèves de cacao par des déplacements au Venezuela, en République Dominicaine, au Brésil, sur les continents africain et asiatique afin de rencontrer les producteurs du meilleur cacao cultivé de façon durable et éthique par le retour des pratiques traditionnelles.

10 avril 2005, 9 heures du matin, jour d’inauguration, une brume légère et dansante s’est posée sur notre magnifique campagne la rendant irréelle, le soleil de printemps est sur le point de la dissoudre. Tous les invités sont là, dont les anciens propriétaires heureux de voir se perpétuer une tradition chocolatière dans la région, le maire, les élus, les employés et leur famille, très émus par la concrétisation de la reprise de l’activité. Ce n’est pas un rêve, c’est une douce réalité. Beaucoup d’entre eux connaissent bien ce bâtiment qui vient d’être modernisé et sont pressés d’y entrer pour se remettre au travail, apprendre aux plus jeunes les métiers de la transformation du cacao.
Les commandes affluent, les premières cabosses sont livrées, nous découvrons les plus grands Criollo, Trinitario et Forastero que nous allons “choyer” en les torréfiant, les broyant afin d’obtenir un produit de très haute qualité qui ne manquera pas de sublimer les papilles et le palais de nos clients de notre nouvelle Maison qu’ensemble nous avons baptisée “La Planète Chocolat”.

De Françoise V

Dans la ville de Kichangetou, au tabac presse une affiche fait face à Oscar qui lit : « Le propriétaire du numéro gagnant 250519 ne s’est pas encore manifesté. 50 millions d’euros avec un billet d’Euromillions sont à retirer ici. »
A cet instant même, notre gagnant fouille ses poches. Son ticket d’Euromillions est encore là. Ouf ! Il lit le numéro. À sa surprise, et grande surprise, il lit les chiffres affichés en comparant son petit ticket. Ce sont les mêmes numéros. Il le lit une fois, mais le relit deux fois, trois fois, quatre fois. Puis il rentre dans la boutique, et se fait confirmer son billet gagnant.
Il ressort émotionné, perturbé. Il n’y crois pas encore vraiment. Il vient de gagner 50 millions d’euros. Oscar file chez lui, cachant sa joie sur son visage masqué de lunettes de soleil et d’un grand chapeau. Il veille à le conserver précieusement dans sa poche, sans montrer son air victorieux. Il se retourne. On ne le suit pas.
« Ah je suis riche ! pense-t-il.
Plein de sous, pleins de projets ? Non , pas vraiment. Je n’avais même pas prévu que cela pouvait m’arriver », se dit Oscar faisant tourner en boucle ses réflexions.
« Juliette va être ravie quand je vais lui annoncer. Elle aimerait bien faire le tour du monde ». Mais à sa surprise, Juliette ne regarde plus l’argent de la même façon, maintenant qu’ils sont devenus riches. L’argent est difficile à gagner, elle en a bien conscience. De cigale, elle est devenue fourmi. La vie l’a rendue mature.
– Non, Oscar j’ai changé d’avis. Cet argent va servir à autre chose. D’abord nous allons aider nos enfants. Cette génération n’est pas gâtée en matière de cotisations. Nous allons partager en trois et leur constituer un compte épargne retraite.
– Ah quelle bonne idée. Vraiment ma Juliette, tu penses à tout.
-Et le reste qu’en penses-tu ?
– Il me semble que de notre côté, nous pourrions aussi compléter nos réserves pour notre vieillesse. Nous aurons besoin d’argent plus tard pour nos frais de dépendance.

Oscar approuve les bonnes idées de Juliette qui sait voir loin. Son épouse a toujours travaillé pour sa famille, pour les autres. Elle s’est privée de loisirs, a vécu des moments difficiles, des moments de manque. Elle a rêvé d’un grand voyage dans sa jeunesse. Mais c’était un rêve. Les temps sont difficiles. Il faut être réaliste. Il faut assurer l’avenir.
– On peut se payer des voyages de temps en temps, Oscar, ou s’acheter un pied à terre sur une île, mais je ne sais pas encore laquelle. Ce n’est pas parce que nous sommes riches, subitement, qu’il faut éparpiller ou gaspiller nos billets. Et puis, j’ai aussi envie de faire avancer la science. Nous devrions faire un don pour la recherche contre le cancer, contre la maladie d’Alzheimer, et les accidents vasculaires cérébraux. Notre ville a besoin de faire construire des espaces, des lieux de prises en charge pour les malades. Cela déchargerait les aidants de leur lourde tâche familiale. Et pourquoi ne pas penser à construire ou acheter une maison pour accueillir une famille dans le besoin ?
– Tu es pleine de bonnes idées et d’intentions ma Juliette. Je ne sais pas combien cela va coûter. Je propose l’aide d’un professionnel.
– Ne t’en fais pas Oscar, nous allons recevoir des courriers pour faire des dons. Nous pourrons choisir et nous faire conseiller.
Le couple met du temps à faire le point. Tout va trop vite, trop trop vite. Il leur faudra calculer, écouter, réfléchir, s’engager, jusqu’à penser que c’est un vrai métier que de gagner de l’argent.

De Marie-Laure


Le projet de Georges

Georges est joueur dans l’ âme, mais il n’est pas attiré par les jeux de hasard, il est fan de jeux de cartes, surtout le tarot. C’est son rendez-vous du mardi soir, avec les copains. Il n’empêche qu’ une grille de loto, c’ est son petit plaisir de fin de semaine. Vis à vis de son épouse, il se dédouane en assurant ne jamais dépasser le prix de ses cigarettes, lorsqu’il était encore fumeur. Argument qui ne parvient pas à convaincre Madame, car il était gros fumeur, son budget hebdomadaire auprès du buraliste avoisinait les 50 euros tout de même ! Si l’aspect bénéfice pour la santé est récurrent chez Georges, après de longues discussions, le montant hebdomadaire de jeu fût fixé à 30 euros par semaine, c’ était son argent de poche, en monnaie sonnante et trébuchante. Georges a accepté le deal, mais il trouvait que le loto ce n’était pas assez. Dorénavant, il se laissait aussi tenter toutes les semaines par une grille de l’ Euromillions.
Il était scotché tous les vendredis soir devant son téléviseur, c’était tout un cérémonial. Il chaussait ses lunettes, dégainait un stylo prêt à transcrire les numéros gagnants et le résultat de l’ Euromillions teintait les premières heures du week-end. Ce vendredi, il avait frisé l’apoplexie, son bulletin en main, son stylo notant les numéros sortant de l’autre côté. Il balayait ces deux espaces graphiques à la fois perplexe et éructant de joie, le rouge inondant progressivement tout son visage. Il avait hurlé, sauté, dansé, embrassé Madame, il avait gagné le gros lot ! Il avait toujours su qu’un jour il serait riche ! Ils avaient sablé le champagne et les bulles s’accompagnaient déjà de mille et une questions.
Georges a repris derechef le statut de capitaine du navire, il fallait avant toute chose garder la tête froide et ne pas de suite le chanter sur tous les toits. Demain il ferait jour et ils auraient les idées plus claires. Ce fut sa toute première nuit d’insomnie !Le gain est colossal, son échelle de valeur étant son salaire, il a empoché d’ un coup une somme équivalente à 87 ans et demi de salaires. Il a 57 ans, ce qui en projection peut le mener jusqu’à ses 144 ans, c’est juste incroyable ! La première des évidences était d’ arrêter de faire le pingouin face à son patron. Ensuite, il aidera ses filles qui démarrent dans la vie active. Spontanément, il aurait envie de se montrer généreux envers toute la famille, mais sans faire de jaloux et la famille est grande ; ce point mérite une profonde réflexion. Il avait aussi envisagé de futurs travaux dans sa maison, quand il serait à la retraite, alors l’idée de s’aménager un cadre de vie idyllique lui plaisait bien. Assurément, il ferait aussi un don, mais un don conséquent à une association ou plusieurs plus petits dons à une myriade d’ associations, car au fond comment choisir ? Là aussi, il lui fallait prendre un peu de temps pour se positionner. Avec son épouse, ils avaient passé le samedi à faire des plans sur la comète, à noircir des feuilles avec des tableaux prévisionnels de leur vie future.
Sa deuxième nuit de grand gagnant fut tout aussi chaotique, même s’il avait l’impression de garder la tête sur les épaules. Il voulait rester très pragmatique, dès lundi il prendrait rendez-vous auprès de son banquier. Il savait qu’à ce stade, il fallait qu’il soit hyper-vigilant car personne ne manquerait de lui proposer tel ou tel placement mirifique. Dans la foulée, comme ils avaient décidé de rester dans leur maison, il ferait appel à une entreprise de rénovation pour embellir son cocon de vie, faire une piscine couverte dans le jardin. Un devis chiffré, sans faire de petites économies, l’aidera à se projeter. Ravi de ce projet, il y avait néanmoins comme un sentiment étrange, comme une impression de se dire, bon voilà, cette somme est casée, utilisée, bonne chose de faite ! Il prendrait aussi rapidement conseil auprès d’un notaire, pour appréhender sa succession, sans léser son épouse mais en optimisant la transmission vers ses filles.
Georges s’imaginait quelques mois très occupé à mener de front les visites aux entreprises et aux banquiers, mais après, que ferait – il de ses journées s’il ne voulait pas sombrer dans l’oisiveté ? Il souhaitait que cette manne financière soit aussi l’ occasion de réaliser ses rêves. Sa troisième nuit fut une nuit blanche, par le manque de sommeil, mais aussi par la lumière qui apparaissait dans ses cogitations. Dans sa tête, il avait fait sa répartition en quatre grands axes : tout d’abord assurer ses arrières avec des placements pérennes. Ensuite repenser sa maison et aider ses filles en leur achetant à chacune un appartement et un local commercial, l’une étant fleuriste et la seconde esthéticienne, elles rêvaient de se mettre à leur compte. Le troisième axe de son business plan concernerait les dons aux associations et certaines largesses envers la famille, mais ce point ne le laissait pas en paix car quoiqu’il fasse il savait qu’il serait jugé, il ferait des jaloux et des envieux. Il y reviendrait plus tard. Le quatrième axe s’affichait comme une évidence maintenant, il serait entrepreneur et ce pactole lui permettrait de réaliser un beau projet qui regrouperait à la fois une crèche, un habitat pour le quatrième âge et une maison paramédicale. Il avait de tout temps milité pour le vivre ensemble, ce don de la providence devait être mis au service de cette cause aussi, cela coulait de source.
Sa démission laissa son employeur un peu pantois, mais Georges réussit à s’en tirer sans donner trop d’explications. Entre son préavis, ses congés et heures supplémentaires à écluser, il sera libéré dans quelques semaines. Il organise déjà ses prochaines semaines, d’abord étudier la faisabilité du projet, les normes en vigueur pour obtenir les agréments. Il était un peu de la partie, mais l’ envergure du projet lui demanderait des heures de réflexion, cogitations et de démarches auprès des administrations compétentes. Il se trouvait comme une petite souris face à une montagne, sans que cela ne l’ébranle pour autant car l’adage «le temps c’est de l’argent » ne le faisait plus frissonner.
Durant ces trente dernières années chez son employeur, il en avait fait des projets d’extension, il en avait rédigé des missions, qui se voulaient toutes transversales pour soi-disant n’oublier personne et inclure chaque salarié. Aujourd’hui, il se sent d’attaque pour mener son projet, étudier les textes, affronter les imbroglios juridiques, on pourrait même dire qu’il se sent pousser des ailes. Alors que Georges commence ses démarches, alors que lui-même n’a rien dit, hormis à ses filles, il sent bien qu’on le regarde bizarrement dans la famille. Il a une drôle d’impression, à plusieurs reprises déjà son épouse avait lancé le sujet d’une certaine répartition de cette manne financière, argumentant les difficultés de sa sœur, sa nièce au chômage, sa mère mal logée. Georges avait toujours appréhendé ce moment où il faudrait se positionner. Bien sûr, il voulait bien aider, mais distribuer à tout va pour devenir la vache à lait de toute la famille, ce statut le faisait enrager. Les discussions avec son épouse devenaient de plus en plus houleuses, le montant qu’il proposait pour chacun ne suffisait jamais et sur ses lèvres pointait le mot d’ égoïste.
Il est fréquent que Georges s’en aille à tel ou tel rendez-vous, pour échapper aux discussions. Il se lance à fond dans son projet, c’ est comme l’œuvre de sa vie, même si au fond, il le sent bien, il est de plus en plus seul sur le pont. Au fil des jours, une invitée de taille habite ses nuits, elle s’appelle « communauté des biens ». Georges se dit qu’il faut faire son business plan avec cette acolyte, car il sent bien que son couple se délite, mais il refuse d’abandonner son projet. Envers et contre tous, avec ou sans son épouse, il veut mener à bien son projet, c’est ce qui le tient, c’est ce qui donne un sens à sa vie maintenant.
Un an après la fameuse soirée où sa vie a basculé, une maison partagée pour seniors ouvrira ses portes prochainement. C’est son épouse qui gérera le personnel et l’intendance, lui continue ses investigations pour réaliser la mini- crèche attenante et la maison où seront réunis les paramédicaux. Ils n’ont plus trop de temps pour voir la famille et au final ce n’est pas plus mal ainsi, car il a eu très peur pour son couple. Il y a eu de grands moments de solitude, il pensait même être devenu parano, il s’était arrimé à son projet comme à une bouée de sauvetage. Au final, ensemble ils avaient passé le gros de la houle, ils vivaient à l’aise au quotidien mais sans excès faramineux. Son épouse avait compris ses motivations profondes. Ce projet qui lui tenait à cœur de façon viscérale, ce que cette œuvre venait racheter des errances passées de ses parents et après un certain temps d’errance, elle s’y était inscrite et y avait trouvé toute sa place.

De Lisa

Inspiré de la chanson « Viens te perdre dans mes bras » de Frédéric François

Viens te perdre dans ses bras
Et ne pense plus à rien
Quand tu t’éveilleras
Tu serviras à épater ses biens

Viens te perdre dans ses bras
Toi qui est là comme une goutte d’eau
Tu seras son esclave
On parle de toi « l’Argent »
Qui coule à flot

Elle t’aime, elle t’aime
Elle sait t’enchanter
Tu prends des vacances au soleil
Tu es son guide de ses étrennes
Tu pourras comprendre ses caprices d’enfant
Tu pourras la combler à chaque instant

Viens te perdre dans ses bras
Tu es là pour lui faire oublier
Qu’elle a gagné un million d’€uros
Prouve ton talent, toi qui s’appelle l’« Argent »

Viens te perdre dans ses bras
Tu pourras vivre comme un couple
Et tu seras son « prince charmant »
Et combler tous ses désirs tout simplement

De Lucette


Toute ma vie j’ai galéré, étant « fille de rien » pour certain. N’ayant jamais accepté la situation injuste d’être née dans un milieu aussi démuni. J’ai décidé de me battre, et ma foi, ma vie est sans doute celle que je n’aurai jamais imaginée il y a de ça des années…
Un jour j’ai eu un déclic. « Et si je jouais au loto pour m’assurer une vie encore plus douce ».
Je me suis mise à jouer sans jamais trop y croire. Depuis plus de trente ans, je joue les mêmes numéros. Oh ! J’ai bien gagné quelques broutilles, pas vraiment pas de quoi faire le tour du monde…
Lasse, j’ai arrêté de jouer pendant plusieurs mois. Puis, une petite voix insistante me disait « et si c’est aujourd’hui que tes numéros sortent ? » Non, je ne cèderai pas, j’en ai marre d’être accroc devant mon poste à baver devant mes numéros. Chaque semaine, j’exige le silence total, l’adrénaline monte, et c’est le fiasco. Et à chaque fois, je m’en veux de n’avoir pas su résister.
Je me vante autour moi, d’avoir gagné sur ma mise, enfin « non » sur mes mises puisque je ne joue plus…
Vingt euros par semaine pendant 30 ans, si on compte ça fait un bon petit pactole pour la Française des jeux, et moi je reste comme une andouille avec mon bulletin en mains que je regarde et regarde encore, au cas où j’aurai mal vu…
Je pars faire mes courses, il me faut absolument des timbres. Je rentre chez le buraliste, je prends mes timbres, à côté de moi, un homme fait des gratte-gratte. Et oh ! miracle il gagne 80 euros. L’envie, la pulsion ont été plus fortes que moi, et je m’entends prendre des tickets, je ne vous dirai pas pour combien, j’en ai honte.
Je ne pense plus, ou je fais semblant de ne plus y penser. La vie reprend son cours, je vaque à mes occupations. Des amis arrivent à l’improviste, et je rate la diffusion des résultats.
Le lendemain matin, dès 6 heures, j’entends à la radio que le gros lot est pour un habitant du Sud-Ouest. Je prends mon petit déjeuner comme d’habitude, fais ma petite vaisselle, puis cherche mon ticket. Je cherche, je cherche, pas de ticket, en tout cas pas à sa place. Je réfléchis en me remémorant où je l’ai rangé… Au bout d’une heure « tilt », je repense que j’ai changé de sac la semaine dernière. Je fouille dans toutes les poches, et oui, je l’ai retrouvé un peu négligé. Je l’avais complètement oublié…
Fébrilement, je regarde un à un mes numéros, je les compare avec ceux du tirage, et au fur et à mesure, je les coche presque tous. Je suis presque soulagée de ne pas avoir gagné tous ces millions d’euros, mais malgré tout une très importante somme d’argent me tombe gracieusement du ciel.
Que vais-je faire de tout cet argent. Je n’en parle à personne, je veux trouver la solution toute seule, sans influence.
J’ai décidé d’aider mes proches pour qu’ils aient un bel apport pour se lancer dans l’achat d’une maison. Ensuite je vais faire des améliorations dans la mienne, je vais l’embellir pour m’y sentir encore mieux. Je vais faire des dons pour la misère des enfants dans le monde, pour la recherche du cancer, pour aider les enfants malades à réaliser leurs rêves, etc.
J’ai réuni ma petite famille, et sous leur serviette, ils avaient chacun une enveloppe. Ils se demandaient ce que ça pouvait être. A mon top, ils l’ont ouvertes tous ensemble, et là, quelle surprise, des larmes, des cris, ils ne savaient pas si c’était vrai ou pas. Il leur a fallu un certain temps pour qu’ils réagissent en étant tous bouleversés par cette nouvelle stupéfiante…
Le repas s’est passé le mieux du monde. Et moi dans tout ça, et bien j’ai un peu voyagé dans des pays que je voulais vraiment connaître. Mais au bout de ce tourbillon, je suis rentrée chez moi, avec la satisfaction d’avoir fait au mieux.
Je n’ai jamais cherché à avoir de l’argent à tout prix. Je ne me suis pas pervertie pour devenir plus riche que mon voisin. Je vis ma vie avec ceux que j’aime, je vois toujours les mêmes amis, et pour rien au monde je ne changerai de vie, enfin celle que je me suis faite à la force du poignet, unie à mon mari.
Les immenses villas, les voitures de luxe, les habits de marque, rien ne me fait rêver. Mon rêve à moi, c’est chez moi, et ça me suffit amplement…

Poèmes de Françoise V


LE MAGICIEN

Incroyable et mentaliste,
Le magicien est un artiste
Ses jeux de cache-cache
Nous bluff en un flash
Ses chaussettes mal rangées
Sont soudains à ses pieds
Il fait d’une corde
Deux morceaux qu’il raccorde
D’un verre d’eau rempli
Sortent des confettis
Ses mains très habiles
Dévoilent l’impossible
C’est illusoire
Hallucinatoire

LE DÉSIR DU RENARD

Comme renard le désir
Poule sera son plaisir
A la vue des plumes rousses
Il lèche babines douces
Le renard étant rusé
Met en oeuvre ses pensées
Dégustant avec fierté
Son trophée tant désiré
Dans ses dents il la transporte
D’une bouchée il la croque
Dans son terrier préféré
Pour ses petits nouveaux-nés
Comme l’homme, le renard
Assouvit tous ses désirs
Réfléchit avec passions
Pour contenter ses pulsions


PETITE POULE DOUCE


Poule rousse, poule douce
Je caquette et je glousse
Je frétille , me dandine
Devant coq qui domine
Quand Monsieur fait la cour
Aux copines fait discours
Moi je fais la ponte
Et Y’a pas de honte !
Quand Monsieur se redresse
Et chante l’allégresse
Moi je pique le grain
Comme tous les matins
De ses muscles je fais fi
Méprisant son défi
J’assure la survie
De tous mes petits
Mais qui que nous soyons
Nous sommes chez l’marmiton
Nous irons sans dispute
Dans la cocotte-minute


VENGEANCE D’UNE POULE ROUSSE


L’an dernier est un cauchemar
Avec le désir du renard
On m’a crue zigouillée
Dans le fond du terrier
J’nai pas été dévorée
Toute crue et déplumée
Pas du tout,
C’est une histoire de fou
Moi, petite poule rousse
J’ai eu la frousse
Du renard fou
Qui me voulait dans son trou
Quand il courut à mes trousses
Mes copines vinrent à ma rescousse
Appelant à perdre haleine
« Poulette, faut qu’tu reviennes ! »
L’assaut donné, aucune pitié
Elles foncèrent tête baissée
Renard fut abattu, piqué,
Écorché et tué !
On le dépeça
On le mangea
Merci copines je fus sauvée
Ça c’est d’ l’amour, de l’amitié !

De Nicole


Appelez-moi Crésus

J’ai trouvé le Pactole dans la poubelle à côté de mon banc de nuit au fond du Parc Royal : un ticket d’Euromillions validé, sans nom.
Je me suis pointé chez un marchand de journaux. Bingo, ce n’est pas le mirage de l’Eldorado,
non, 170 Millions d’euros.
Me voilà Crésus !
Quelques bonnes boutanches et un resto avec mes potes.
Une chambre d’hôtel, un bon lit avec des draps frais, des lunettes, des habits et des chaussures confortables.
Et puis, pour la banque qui m’avait jeté lors de ma dégringolade, ma faillite de patron de PME et qui maintenant me harcèle, veut me faire placer l’argent pour devenir encore plus riche. Zut. Stop.
Une maison au soleil, le long d’une rivière, un jardin, un potager cultivés par un jardinier, mes os ont trop souffert sur les bancs et les cartons.
Retrouver mon ex-femme et mes enfants pour les aider, les gâter. Enfin.
De l’argent pour les associations d’aide aux SDF.
Et après, investir dans des programmes d’aide à l’éducation et au bien-être des enfants. Ici et ailleurs.
Une belle vie s’annonce.

D’Elisabeth

Voilà plus d’une semaine que j’ai perdu le sommeil, l’excitation m’a gagné. Enfermé à la maison, ayant pour unique compagnie mes pensées. L’origine de ce bouleversement soudain dans ma vie, L’EUROMILLIONS.
L’univers s’est penché sur ma petite personne, faisant de moi la grande gagnante. Hier encore, je recevais mon maigre salaire, aujourd’hui je n’arrive plus à compter, tant il y a des zéros. Personne n’est au courant de ma nouvelle situation, et pour le moment, c’est mieux ainsi, le temps d’y voir plus clair. Et il n’est non plus question de m’affirmer avec des biens matériels. J’opte pour la discrétion et retenue. Différents projets fusent dans mon esprit, et impliquent une grande réflexion.
Mais, avant de m’y lancer, je souhaiterais en réaliser un , qui me tient particulièrement à cœur. Celui du DON ! Des valeurs et du partage, pratiqué la gratitude au quotidien, voilà ce que je vibre et veux incarner. En congé cette semaine, je décide de contacter certaines associations, pour amples renseignements, sans révéler mon lourd secret tentant de garder une attitude légère, pas facile lorsque l’on détient ce fameux gain… Par moments, j’aimerais le crier, mais la prudence est de mise. Après plusieurs rendez-vous, je me suis arrêté, sur une association qui m’a émue et convaincue de son sérieux, qui œuvre depuis des années dans l’ombre. Devenir riche financièrement, c’est tout de même quelque chose d’éprouvant, mais la seule richesse qui perdure, est celle du cœur. Les jours passent, et je reste toujours la même, mais une question me taraude, dois-je continuer mon boulot ou démissionner ?
DING DING DING, ce bruit persistant, me sort de mon sommeil, et m’ôte brutalement de mon doux rêve. Le casseur de rêve, en attendant, l’heure est venue de me rendre au travail.
Fini les millions !

De Zouhair

A qui profite le gain ?

Il avait été reçu par le président de la Française des Jeux qui lui a remis en mains propres le chèque de 35 Millions d’euros qu’il avait gagné. Il ne jouait jamais. La buraliste, ce jour-là, n’avait plus de monnaie et lui avait proposé de prendre un billet d’Euromillions à la place. Bingo !
Marcel était agriculteur dans un petit village de Haute -Savoie. Il vivait dans une grange qu’il avait réaménagée sommairement et vivait chichement. Cela ne l’empêchait pas d’être généreux car il était toujours prêt à rendre des petits services à ses voisins où à les inviter « boire un coup d’gnole », comme il disait, chez lui.
Il ne changea rien à ses habitudes, sauf que ses invitations et ses services prirent une autre dimension. Pour recevoir dignement ses voisins, il fit refaire toute sa maison par un architecte renommé. L’intérieur présentait maintenant de vastes pièces aux plafonds très hauts et aux murs en pierres apparentes. La cheminée, qui existait déjà mais qui était noire de suie, fut rénovée et les pierres en silex du manteau, polies. Ce côté ancien et rustique contrastait clairement avec les grandes baies vitrées et le parquet en bambou de Chine flambant neuf. Quant aux vieux fauteuils de velours élimés, ils furent remplacés par un mobilier ultra design de chez Roche Bobois.
Marcel avait beau être paysan de père en fils, il avait du goût pour les belles choses. Il avait toujours admiré les belles sculptures grecques et romaines ainsi que des sculptures plus modestes mais réalisées par des Maîtres. C’est ainsi que dans une exposition d’art, il tomba amoureux d’une sculpture de Pablo Picasso : la Lampe Femme Madura en faïence blanche.
Elle coûtait 29000 euros, mais maintenant il avait les moyens. Il plaça la sculpture sur le petit guéridon près de la cheminée, de façon à pouvoir l’admirer depuis le canapé où il s’installait tous les soirs.
Les voisins, comme vous vous en doutez, commencèrent à se poser des questions.
Mais que s’est-il passé, se demandaient-ils ? Aurait-il gagné au Loto ? Les ragots allaient bon train.
Marcel, secret comme à son habitude, n’avait pour seule réponse qu’un sourire bonhomme et un œil malicieux. Il finit par laisser croire qu’il avait vendu un de ses nombreux terrains hérités de son père. Puis un jour, tout le voisinage fut épaté par la Lamborghini vert pomme flambante neuve garée devant sa maison. On avait plutôt l’habitude de voir Marcel perché sur un tracteur qu’enfoncé dans le siège baqué d’un bolide !
Marcel consultait régulièrement son compte en banque et malgré tous ces travaux et ces achats, il avait dépensé moins d’un million d’euros. Comment allait-il diable dépenser tout cet argent ?
Alors, il décida de transformer son jardin en parc de loisirs. Il y fit construire une immense piscine, installa des balançoires, des trampolines, un mini-golf et un stand de tir à l’arc.
Cela fit la joie des grands et des petits et, de samedi midi à dimanche soir, le parc ne désemplissait pas.
Aux anniversaires des enfants, il se mit à offrir des cadeaux fabuleux. On aurait dit que tous les gamins du village avaient gagné le ticket d’or de « Charlie et la Chocolaterie ».
Tiens, à propos de chocolat, voici qu’à Pâques les enfants découvrirent avec bonheur que dans les œufs il n’y avait pas que du chocolat mais des billets de banque, pliés pour qu’ils puissent entrer dans l’œuf !
Mais tout ce luxe et cet apparat finit par attiser les convoitises. La maison fut cambriolée. Les placards et les tiroirs furent vidés, à la recherche d’argent ou de bijoux. Il n’y en avait pas, Marcel mettant toutes ses valeurs à la banque.
Par contre, la lampe femme Madura avait disparu. Marcel avait un attachement viscéral à cet objet. Il vécut cela comme un viol, une atteinte à son intégrité physique. Depuis cet événement, sa joie de vivre disparut. Il invita de moins en moins. Il se replia sur lui-même et ne sortit plus de chez lui.
Au bout de plusieurs mois à vivre comme un ermite, il fut convaincu que cet argent ne lui portait pas bonheur.
Alors, un an jour pour jour de la date où il avait gagné le gros lot, il se rendit à la mairie de son village et légua tout ce qui lui restait au centre d’accueil pour les réfugiés et apatrides du monde entier.

De Catherine

Le prix de la liberté

Marina est revenue affolée du marché. Sa vieille camionnette avait remonté le chemin caillouteux jusqu’à la bergerie en pilotage automatique, tant la jeune femme était préoccupée et pas du tout concentrée sur la route. Depuis, elle errait au milieu de ses brebis qui ne reconnaissaient plus son calme habituel.
C’est qu’elle n’avait jamais voulu ça ! Pas autant ! Ce sont les autres bergers qui lui avaient conseillé de jouer au loto, parce qu’elle se plaignait que son véhicule donnait des signes de fatigue et qu’elle n’avait pas les moyens d’en acheter un autre. Elle était installée depuis 3 ans et arrivait tant bien que mal à vivre de la vente de ses fromages et de la laine. Ses économies avaient servi à financer sa formation de bergère et à acheter son troupeau dont elle était si fière.
Sa vie ici, elle l’avait choisie, abandonnant son poste de DRH d’une grande entreprise du CAC40. Elle n’avait jamais regretté son choix, tant elle aimait ses montagnes verdoyantes et ses compagnes laineuses. Elle aimait son travail par-dessus tout et n’avait pas besoin de grand-chose, si ce n’était une nouvelle fourgonnette pour aller vendre ses fromages d’un marché à l’autre. Alors, elle avait joué au loto, pour la cagnotte du 1er avril, et la voilà bien embêtée, pour le coup ! 140 millions d’euros ! Elle avait gagné 140 millions d’euros !

C’était la panique dans sa tête ! Elle voulait juste un véhicule d’occasion, maximum 25000 euros , mais pas tout ça ! Certes, elle pourrait pousser le luxe jusqu’à acheter du neuf, mais le reste, elle n’en avait pas besoin ! Le montant exorbitant de ses gains semblait l’aspirer vers une vie dont elle ne voulait plus, où l’argent était dominant et qui referait son malheur, elle en était sûre, car il pourrissait tout. Elle ne voulait pas retourner dans les travers d’avant. Elle voulait rester en paix au milieu de ses brebis, sans aucun parasitage artificiel. Elle voulait rester libre alors que l’argent n’est qu’aliénation et addiction.
Pourtant, elle ne pouvait pas faire comme si elle n’avait gagné, parce qu’il lui fallait absolument changer la fourgonnette. Mais le reste ? C’est-à-dire la plus grosse partie de la somme ? Elle pourrait en donner à ses amis bergers mais elle craignait que cela change leurs relations auxquelles elle tenait trop. Voyager ? Ses montagnes lui suffisaient amplement. Gâter ses parents ? En avaient-ils vraiment besoin ? C’étaient des gens simples et non envieux ! Et puis tous ces ennuis en perspective avec les gens de la finance qui ne manqueront pas de la harceler pour des placements, c’était au-dessus de ses forces.
Alors, elle continuait à arpenter les pentes sans s’apercevoir que les brebis s’étaient rapprochées de la bergerie pour rentrer comme chaque soir. Elle bêlaient en cœur pour l’alerter, mais Marina turbinait du cerveau. Quand enfin elle s’aperçut que la clarté avait baissé, des solutions commençaient à poindre à son horizon : elle se donnait deux jours pour lister les associations qui seraient bénéficiaires de son pactole. L’idée de faire du bien la remplissait de joie et préserverait sa précieuse liberté.

De Pascale

Vendredi, fin de journée…
La soirée entre amis se profile.
J’ai le temps. Pas envie d’arriver trop tôt, pas envie d’assister aux préambules.
Paisiblement, au gré de mes rêveries, je déambule, léchant les vitrines sans même leur prêter attention. Pourtant, devant l’une d’entre elles, une odeur familière m’invite à m’attarder. Mon regard croise alors l’enseigne du « tabac presse ». Non, je n’y entrerai pas ! Dix ans d’abstinence, je ne céderai pas ce soir. Peine perdue, mon bras pousse la porte et avant même de le réaliser, je fais face au comptoir. Ne pas craquer, ne pas céder. « Mais qu’est-ce que je fous là ? »

– Monsieur, Que puis-je pour vous ?
Sans plus y réfléchir, je m’entends répondre :
– Un Euromillions s’il vous plait.
Vite sortir, s’éloigner de la tentation … Respirer !
Penaud, mais malgré tout fier de cette modeste victoire, je soupire. Machinalement, après avoir coché et validé quelques chiffres fétiches , je glisse le ticket au fond de ma poche.
Il est temps de rejoindre mes amis.

Quelques jours plus tard…
La fraîcheur matinale m’invite à plonger les mains dans les poches de ma veste. Mes doigts frôlent alors le ticket délaissé par omission. Je souris. Et si le destin me faisait un clin d’œil. Et si la vie, dans son infernal tourbillon, avait décidé de m’entraîner sur une piste où je n’imaginais pas danser ?
De retour à la boutique tentatrice, aujourd’hui pas d’envie de tabac. Juste une petite appréhension, une petite boule qui noue le ventre, comme lorsque enfant, j’attendais de découvrir mon cadeau au pied du sapin.
La collision est violente… Le choc est si brutal que la réalité devient fantasmagorique ! Je m’endors ce soir sur un matelas de plusieurs millions d’euros !
Il y a bien longtemps que je ne crois plus au hasard, que je sais que quel que soit le chemin qu’il emprunte, le plan est toujours parfait ! Alors dans quel sens dois-je lire cet improbable plan ? Va-t-il me conduire vers des eaux plus troubles ou vais-je naviguer plus sereinement ? La réponse est en moi. Le moment est venu d’accueillir le changement, de consentir à repousser les limites, mes limites ! Il est temps de vibrer, écouter, espérer et croire différemment pour transformer cet essai et tenter de respirer d’un souffle nouveau.
Depuis la collision, le temps s’est écoulé…
Des millions j’en ai beaucoup partagés, des amis quelques-uns se sont éloignés. J’ai eu besoin de m’isoler, et c’est dans le silence que j’ai ébauché quelques réponses, face à la mer j’ai construit de nouveaux repères.
Le bateau sur lequel je navigue aujourd’hui abrite mes temps de solitude et guide le stylo qui décrit de ses mots mes émotions présentes. Il navigue sans prévoir les escales, affronte les tempêtes et suit le vent du moment. Il tangue vers mille horizons et m’offre des rencontres justes extra ordinaires !
Il est le bateau libre qui oublie le temps, accueille chaque événement, m’offre du courage face aux dangers à affronter, la sagesse face aux difficultés à dépasser, l’amour à recevoir et à partager !

De César

Suffisance fait richesse et convoitise fait pauvresse.
Je ne pouvais pas le croire !
Ce matin je me suis réveillé, je me suis étiré, je voulais rester un peu plus au lit mais je me suis dit : allez, debout la France !
J’étais, comme chaque matin, content de voir une nouvelle journée pleine de surprises. Qui sait ?
J’ai pris donc une douche et puis mon petit déjeuner et ensuite j’ai regardé les nouvelles sur internet. Dans la foulée, je me suis rappelé que, peut-être par ennui ou curiosité, quelques jours auparavant, j’avais acheté un billet de loterie.
On ne dit pas que le hasard fait bien les choses. Qui sait ?
J’ai donc sorti le billet de mon portefeuille et j’ai comparé avec les résultats qui s’affichaient sur l’écran de mon ordinateur : 08 70 12 13 57 40 01. Je me suis frotté les yeux pour vérifier encore et encore.
Et oui ! sur l’écran de mon ordinateur et sur mon billet figurait le même numéro.
Mince ! zut ! Je venais de gagner le gros lot mais chose bizarre, je me suis senti plutôt embarrassé, comme si un poids venait de s’abattre sur moi, comme si tout à coup j’avais un boulet au pied et un fardeau qui me poussait vers le bas.
Bienvenu au club ! -me suis-je dit-, le club des riches et des fortunés, des privilégiés, des maitres et seigneurs de la Terre.
Même F. Scott Fitzgerald serait content. Maintenant tu es « César le Magnifique ! ».
Sérieux ? je me suis quand même mis à réfléchir :
Ferais-je le tour du Monde ? Non. Irais-je manger aux restaurants les plus chers et les luxueux de Paris ? Non. Ferais-je des somptueuses fêtes ? Non.

Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces.
Ce n’est pas tout cet argent qui va me faire changer de vie maintenant. Donc, j’étais sûr, les millions que je viens de gagner :
Je ne les garderai pas pour moi
Je ne les flamberai pas non plus
Mais je les donnerai aux associations :
A Amnesty International France
A la SPA (Société protectrice d’animaux)
A Médecins sans frontières et
A Greenpeace. Un point c’est tout !

« Ne te force pas à augmenter ta richesse mais à réduire ta cupidité ».
« L’homme (ou la femme) qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien ».

Cela fait plus de trente uns que je mets en pratique ces maximes d’Epicure.
Je m’efforce de vivre en dehors de la destructrice Société de Consommation où les gens ne travaillent pas pour vivre mais vivent pour travailler, pour acheter, encore acheter et accumuler jusqu’à leur mort.
A présent ? Je ne manque de rien.
Le manque ? je ne le connais pas ni le connaitrai jamais.

De Michèle

Euromillions

Le 20 32 45 39 8 les deux étoiles 10 et 2
Louise vient d’avoir 31 ans. Elle regarde dix fois son ticket. Ecrit sur une feuille les numéros affichés, les comparent avec les siens…l’évidence est là, elle est gagnante. Elle perd pied, s’assied bruyamment pour éviter de tomber. Elle a besoin d’un verre de…l’eau fera l’affaire pour l’instant.

Ce n’est que le lendemain qu’elle appelle l’émission. Est-elle la seule pour ces 28 millions?
Elle se rend à l’adresse indiquée en prenant bien soin de son bulletin tout en évitant tout contact dans la rue.
Ils sont deux gagnants, elle recevra donc 14 millions. Elle en devient ivre, ivre de joie, de peur, de questions, de projets….

Elle rentre dans son petit appartement. Elle ne comprend pas encore ce qui lui arrive. Elle se laisse porter par ses émotions variées et décide de dormir pour éviter de trop penser.
Le lendemain matin, c’est samedi jour de repos. Elle ne veut en parler à personne et s’installe devant son ordi en ayant ouvert une page excel et commence à inscrire les projets qui ont trotté dans sa tête, toute la nuit.
C’est décidé, lundi elle sera malade, pas envie de croiser le regard de ses collègues du laboratoire. Il lui faut un peu de temps.

Elle commence

1/ Se faire plaisir : Une thalasso. Un voyage au Québec sa destination favorite. Un abonnement à des massages. Aller dans un très grand restaurant avec ses parents, sa sœur divorcée, sa nièce de 7 ans, et sa meilleure amie, pour leur annoncer qu’elle a gagné.
2/ Elle donnera 500 mille euros à ses parents qui ont une trop petite retraite. Et autant à son amie, sa sœur de coeur pour qu’elle ouvre le magasin de ses rêves. 500 mille aussi à sa sœur tout en ouvrant un compte à sa nièce avec la même somme. Elle compte, ça fait 2 millions.
3/ Résilier la location de ce minable appartement. Je vais m’acheter une maison avec un verger. J’y mets 800 mille euros tous frais et restauration compris, pour qu’elle soit domotique mais pas trop connectée.
4/ Se faire aider : un jardinier hebdomadaire et une femme de ménage bi-hebdomadaire.
5/ Une nouvelle voiture hybride, de gabarit normal, pour remplacer le clou qui lui sert actuellement et qu’elle aime beaucoup. Elles ont fait tant de virées ensemble.
6/ Elle cherchera une ou 2 associations locales pour aider les enfants en détresse et les êtres battus. Mais pas une association qui est trop reconnue, elle n’a pas confiance sur la distribution de l’argent dans ces grosses boites qui se disent au service de …de l’état surtout!!
7/ placer 8 millions sur un compte qui rapporte (voir avec la banque et aussi avec son oncle juriste)ou un investissement très probant.
8/ elle réfléchit au placement de ses 8 millions. 6 millions seront placés à long terme, et desquels elle touchera un dividende très intéressant annuellement, qui lui permettra de se faire plaisir, mais aussi de faire plaisir autour d’elle. Les 2 derniers millions sur un compte plus facile d’accès en cas de besoin.

Sa liste établie, elle la relit encore et encore et cela lui plait. Elle fera ainsi évoluer sa vie
avec plus de confort, mais ne changera rien au plus profond d’elle-même.
Elle demandera peut être à travailler à mi-temps pour se sentir plus libre, et pour ne pas couper le lien social. Mais ce sera pour plus tard.
Elle ne tient pas à côtoyer les millionnaires dont la vie ne l’attire pas.
Elle ne dira jamais la somme qu’elle a gagné. Personne ne sait qu’elle joue à l’Euromillions. Elle se méfie des prédateurs. Et le jeu lui a promis que son nom ne serait jamais révélé.
D’ailleurs pour que personne ne fasse le rapprochement, elle ne changera rien avant plusieurs mois, et jouera au casino ouvertement, pour faire illusion. Ce qui lui permettra d’annoncer un gros gain de chance un samedi soir à la roulette, beaucoup moins important que la réalité.

De Marie-Josée

Ticket gagnant

Le thermomètre était descendu à moins dix la nuit dernière. Annie et son mari étaient venus passer les fêtes de fin d’année à Belle Montagne, le village où elle a grandi avant de s’installer dans la région parisienne. Elle appréciait particulièrement, ce dimanche matin, le feu qui crépitait dans le poêle et diffusait une agréable chaleur, l’odeur du pain frais et des croissants, le journal posé à côté de son assiette. Elle parcourait les titres tandis que l’odeur du café lui chatouillait les narines et se focalisa soudain ,le cœur battant, sur l’un deux : ‘’ Un gagnant de l’Euromillions retrouvé mort de froid’’. Elle feuilleta fébrilement les pages à la recherche de l’article en se disant : pourvu que ce ne soit pas Mathieu, mais ses craintes se confirmèrent, il s’agissait bien de son ami d’enfance.
Cela faisait bien dix ans, peut-être plus, depuis que Mathieu avait remporté la cagnotte. A l’époque, elle faisait ses études et elle avait suivi l’événement de loin. Tout le village est en effervescence, tu penses bien, lui avait dit sa maman quand elle lui annonça la nouvelle par téléphone. Oui, elle pensait bien, elle regrettait simplement de ne pas être sur place pour le féliciter mais elle avait des examens à passer et ne rentrerait que fin août. Elle réussit néanmoins à le joindre. Ils se donnèrent rendez-vous à Paris, mais pris par ses sollicitations multiples, Mathieu ne vint pas.
Inséparables quand ils étaient enfants, ils se sont perdus de vue à l’entrée en seconde. Annie avait poursuivi ses études en pensionnat ,Mathieu quitta l’école et devint apprenti dans le bâtiment. Il avait hâte de gagner de l’argent, ne plus être aux crochets de ses parents avec lesquels il entretenait des relations conflictuelles, il voulait vivre quoi. Il aimait retrouver ses copains au bar et était un fervent adepte des jeux de hasard.
Optimiste de nature, il leur disait qu’un jour il gagnerait quand ceux-ci lui conseillaient d’économiser plutôt cet argent si durement gagné. La chance semblait pourtant lui sourire. Il gagnait des petites sommes de temps à autre, ce qui le conforta dans son habitude. Il s’était marié, avait créé sa propre entreprise. Sa femme n’appréciait guère son penchant pour le jeu mais s’en accommodait. Ils ne roulaient pas sur l’or mais s’en sortaient tant bien que mal. La vie coulait avec des hauts et des bas jusqu’au soir où il fut propulsé au sommet : il avait le ticket gagnant de l’Euromillions entre les mains. Il n’en croyait pas ses yeux quand les chiffres s’affichaient sur l’écran de la télé. Il ne ferma pas l’œil de la nuit, commença à échafauder des plans tandis que sa femme était plus réticente, lui demandant d’attendre la confirmation avant de s’emballer. Il n’y avait plus aucun doute quand il passa le lendemain devant le bistrot qui faisait office de bureau de tabac et qu’il vit une grande affiche avec une somme à 8 chiffres. Il la nota soigneusement mais n’osa pas entrer, il fallait d’abord qu’il réalise ce que cette somme représentait, il s’agissait bien de plus de 10 millions d’euros.
La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, les habitants se rassemblèrent au bistrot, attendant que l’heureux gagnant daigne bien se manifester à moins qu’il veuille rester anonyme. A 18 heures tapantes, Mathieu est allé comme d’habitude au bistrot mais cette fois en brandissant son trophée. Ce fut la liesse suivie de tournées générales jusqu’au petit matin. On le félicitait, lui tapait dans le dos, en un clin d’œil, il était devenu quelqu’un et il comptait bien le rester. Finis les chantiers, le froid en hiver, la chaleur en été, à lui la belle vie. Sa femme n’était pas aussi emballée, elle aurait préféré un peu plus de retenue mais c’était lui le gagnant, c’était lui qui décidait.
A partir de ce jour-là, leur vie changea radicalement. Leur fils fut envoyé en pension dans une école prestigieuse, comme Annie, maintenant qu’il avait de quoi payer, il ne fallait pas l’en priver. Il couvrait sa femme de cadeaux pour se faire pardonner ses infidélités qu’il cachait à peine. Généreux de nature, il comblait ses nombreux anciens et nouveaux amis, donnait aux associations, content de participer à soulager la misère des moins veinards que lui. Voyages au bout du monde, voitures rutilantes dont il changeait au gré de ses envies. Palaces et casino ouvraient grandes leurs portes à ‘’Monsieur Mathieu ‘’ le millionnaire du loto. Bientôt le village était devenu trop petit pour lui. Il s’acheta une grande villa avec piscine et tutti quanti sur la Côte d’Azur, où il donnait des fêtes somptueuses. Le champagne coulait à flots, il fallait bien profiter du ‘magot’. Il avait envoyé sur les roses son ancien banquier qu’il avait jugé trop frileux quand il était sans le sou et l’avait remplacé par ceux qui s’y connaissaient en investissement. Il fallait quand même songer à le faire fructifier ‘ce magot’ qu’il dépensait sans compter. Son couple ne résista pas quand son fils se tua dans un accident de voiture qu’il lui avait offerte pour son dix-huitième anniversaire.
Il voyait bien que sa vie allait à vau-l’eau mais il ne fit rien pour redresser la barre. Il avait perdu le goût de l’effort et la capacité de se battre contre l’adversité. Les faillites se succédaient suite à des investissements hasardeux, les créanciers réclamaient leur dû. Les portes se refermaient et les amis qui avaient bénéficié de ses largesses étaient aux abonnés absents. En une dizaine d’années, l’argent était parti en fumée, les excès répétés de nourriture, d’alcool et de drogue avaient ruiné sa santé.
Il perdit pied et se retrouva dans la rue. Il aimait raconter à ses compagnons de galère, qui ne l’écoutaient que d’une oreille distraite , sa gloire passée et le prenaient le plus souvent pour un affabulateur. Au fond du gouffre, il décida de retourner au village mais sans doute sous l’emprise de l’alcool, l’autopsie le confirmera, il trébucha en chemin et tomba dans un ravin. Il ne fut découvert que le lendemain par un homme qui promenait son chien mais il était trop tard, le froid avait eu raison de lui.
Deux lignes avaient remplacé l’article dithyrambique avec photo lorsqu’il avait gagné et qu’Annie avait gardé. Elle alla chercher les ciseaux, découpa soigneusement ce filet qui mentionnait qu’il serait enterré vendredi, dernier rendez-vous qu’il lui donnait et le rangea avec le premier.
Elle avait une réunion importante à Paris ce jour-là. Elle ne pourrait pas y aller.

De Dominique

Je m’appelle Raymond.

Il a un prénom banal et il a vécu une histoire tristement banale, de son époque. Fils d’ouvriers et bien qu’aimant étudier, son parcours scolaire s’est arrêté au centre d’enseignement professionnel. Muni de son certificat d’aptitudes de mécanique, il fut embauché dans une grande entreprise de fabrication de machines agricole. Dans le quartier où Raymond a grandi, on le connaissait comme un gars bien, un brave gars sans histoire gagnant honnêtement sa vie. L’usine qui l’employait faisait l’horaire des “trois huit” et ne s’arrêtait pas de tourner. Il était de service soit de cinq heures du matin à treize heures ou de treize heures à vingt et une heures. Le dimanche, Raymond mettait sa belle chemise blanche amidonnée avec soin par sa maman puis, il allait au bal.
Un jour, il croisa une “chic” fille au joli prénom d’Anita. Ce fut l’amour fou et elle n’aimait que son Raymond. Ensemble, ils ont fait de grands projets d’amoureux, une belle maison, de beaux enfants puis vint le temps des crédits et encore des crédits. Un jour, la maison est devenue trop petite et il devint nécessaire de la reconstruire en plus grand, en plus moderne. Les crédits s’accumulèrent et il ne fallait pas oublier de faire plaisir aux enfants. Le travail de Raymond ne suffisait plus, la famille piaillait, reprochait, incriminait le pauvre homme qui ne savait plus où donner de la tête. Après s’être un peu reposé de son labeur, il repartait pour quelques heures de travail au “noir”. Raymond, moins présent, devint moins causant. On le trouvait terne, éteint. Un jour, juste avant les vacances d’été, Raymond reçut une belle médaille en récompense de ses vingt ans de travail et sa lettre de licenciement. Anita, la « chic fille » qui l’avait épousé, ne le regardait plus. Ses quatre enfants lui tournèrent le dos. Ses amis le plaignirent beaucoup et compatissaient à son malheur ; « on est tous avec toi Raymond, courage ».
Depuis ce bien triste jour, Anita s’est trouvé un autre amoureux et même qu’elle n’aime que lui. Les premiers temps, Raymond dormit sur le banc public du parc, pas loin de chez lui. Il se lavait où il le pouvait, au ruisseau qui coulait paisible pas loin de là ou dans une salle de sport qui voulait bien de lui.
Un beau matin, il suivit le petit ruisseau qui menait à la grande rivière. Un magistral pont l’enjambait. Raymond l’a emprunté jusqu’en son milieu et là, il s’est accoudé au garde-fou. En regardant l’eau qui coulait sous ses pieds il a réfléchi, beaucoup trop réfléchi. Sauter ou ne pas sauter ? Quelqu’un va-t-il me regretter ?
Quelques heures plus tard, Raymond se réveillait aux urgences régionales. Un chiffonnier d’Emmaüs, chinant quelques affaires à récupérer le long de la berge, l’avait vu se jeter dans l’eau froide de l’oubli. C’est lui qui l’en avait sorti. Raymond ne savait pas s’il devait le remercier ou le haïr.
Dans ce genre d’histoire banale, les services sociaux prirent en main les affaires du suicidé. Curriculum vitæ, agence nationale pour l’emploi, formation, diplômes mais rien dans sa branche. La région, sinistrée de son industrie ne proposait plus rien et puis il y avait l’âge.
« Raymond on a bien quelque chose pour vous mais ça n’est pas forcément dans vos cordes, il suffit de vous poster à la gare et de placer des billets de la loterie Nationale aux voyageurs ».
Raymond, sans plus réfléchir et au bout de l’espérance, dit « OK pour moi ».
Le soir venu au café des « amis réunis », il retrouva son copain Alex, le compagnon d’Emmaüs qui lui avait sauvé la vie. Il s’empressa de tout lui raconter et lui confia son espoir de refaire sa place dans la société. Ah ! Ces bons compagnons des jours sans pain, eux qui n’avaient pas hésité à partager le gîte et la table, le temps de se refaire une santé.
Le lendemain matin, à l’ouverture de la gare, Raymond prit son poste. Il avait revêtu son beau costume de service et sa casquette avec « loterie nationale » écrit dessus.
Mais, les passants toujours trop pressés de passer ne s’arrêtaient pas. Les trains n’attendent pas les voyageurs. Ainsi, six jours par semaine, ils lui marchaient sur les pieds sans le voir. Ils le bousculaient sans se soucier des billets de “loterie nationale” que Raymond leur tendait. Comme il aurait aimé s’en faire des amis ces gens qui passaient, si seulement ils avaient bien voulu s’arrêter pour acheter un billet et prendre le temps de bavarder un peu.
Seule Alice, qui vendait des fleurs pas loin de là, eut un peu de compassion pour ce cabossé de la vie. Elle arrangeait ses roses, ses tulipes en jolis bouquets prêts à vendre et venait s’asseoir près de lui. Raymond a parfois pleuré en lui racontant ses déboires. On a beau être un homme, il y a des souvenirs qui font trop de mal. La jeune femme qui aurait pu être sa fille le réconfortait et parfois lui achetait deux billets, un pour elle et un pour lui. Les deux compères mettaient les tickets dans la casquette de Raymond et elle fermait les yeux pour en choisir un, l’autre revenait à Raymond. Le vieil homme était heureux de ce petit moment de complicité et de partage.
Un jour Alice fut surprise de ne plus voir Raymond ouvrir sa guérite et après plus de dix jours d’absence c’est un autre locataire qui vint s’installer, un ancien combattant parait-il.
« Avez-vous des nouvelles de votre prédécesseur » lui demanda-t-elle ?
— Non, personne ne sait ce qu’il est devenu, il a démissionné, je pense qu’il a dû en avoir ras la casquette des billets de loterie Nationale !
La vie reprit son cours normal et chacun vaquait à ses occupations, le meurtri de la guerre à ses billets et la fleuriste à ses fleurs.
Quelque deux mois plus tard un homme avenant du nom d’Alex vint la surprendre à son comptoir de fleurs.
« Bonjour Mademoiselle, je suis chauffeur et on me demande de venir vous chercher.
— Vous devez vous tromper monsieur, j’ai mon travail et des fleurs à vendre !
— Vous vous appelez bien Alice ? — Oui c’est mon prénom, répondit-elle ! — Alors il n’y a pas d’erreur ».
Interloquée et un peu inquiète, la jeune femme finit par le suivre. Elle prit place dans une superbe voiture qui sentait le cuir et bois de noyer. Alex, le chauffeur en costume de chez “machin” la conduisit chez “Monsieur Jean”, restaurant gastronomique de haut standing. Un homme très élégant, d’âge mûr vint à sa rencontre, lui prit le bras et l’emmena vers la plus belle table. Alice, attendrie par cet accueil en “grande pompe”, comprit bien vite que c’était Raymond, son cabossé de la vie qu’elle avait reconnu. Elle et lui avaient partagé tant de confidences. Ils déjeunèrent amicalement sans se soucier du temps qui passait.
« Mes fleurs ? dit-elle inquiète.
— Alex s’en charge, il est en ce moment en train de récupérer ton stock pour le transférer dans ton magasin de la rue de la Paix.
— Mon magasin ?
— Oui ton magasin, j’ai tous les documents qui font de toi la propriétaire.
— Mais, avec quel argent ?
— Le billet gagnant du loto tout simplement, la moitié pour toi, un peu pour moi et le reste pour la communauté d’Emmaüs, je rencontre l’abbé Pierre ce soir ! »
Juste une histoire banale quoi ! 


De Laurence D

Jules n’en crut pas ses yeux en regardant le résultat du tirage de la loterie ce soir-là. Il regarda encore une fois le numéro de ce billet qu’il avait acheté un soir de déprime la semaine dernière. C’était bien le numéro gagnant qu’il voyait là sous ses yeux incrédules. Il n’en finissait pas de retourner dans tous les sens ce bout de papier grâce auquel sa vie allait peut être changée. 200 millions d’euros ! C’était le montant des gains qu’il venait de gagner. C’était fou et il en eut presque le tournis ! Il se dit que c’était un canular, lui l’éternel perdant en tout, lui le perpétuel loser, quoiqu’il entreprenne, tout tournait au fiasco systématiquement ! Mais non ! C’était belle et bien la réalité !
Allait-il avoir pour la première fois de sa chienne de vie une petite chance de changer le cours des événements ? Aurait-il l’opportunité de recommencer ailleurs où personne ne le connaîtrait ?
Il ne perdit pas de temps pour aller retirer ses gains. Il confia les clefs de son petit appartement sous les toits à son ami Oscar et prit le premier train pour Deauville. Il voulait voir la mer. Il ne l’avait jamais vue : la plage, les galets, les vagues et les mouettes. Seules quelques cartes postales punaisées au-dessus de son évier de cuisine lui avaient donné le change toutes ces années. A deux heures de Paris, il fut vite arrivé et se prit une chambre à l’hôtel des Flots bleus, seul hôtel ouvert à cette saison. Nous étions en janvier. Mais Jules se moquait bien de la météo. Il se couvrit d’un manteau bien chaud et de baskets et commença à arpenter la plage. Il ne rencontra personne. Le vent du large lui fouettait le visage avec bonheur. Il exultait.
Il finit par rentrer au restaurant de l’hôtel qui réussit à lui concocter un plateau de fruits de mer. Il sirotait son verre de muscadet par petites gorgées toute à sa dégustation. Que c’était beau et bon ! Il faisait plaisir à voir ! Une fois le ventre plein, il étendit ses jambes devant lui et se mit à rêver à sa nouvelle vie. Il la voyait paisible. S’acheter une vieille ferme normande face au large. Il la meublerait au gré de ses envies. Il prendrait un chien pour l’accompagner. Depuis toujours il en désirait un.
Il se rendait bien compte qu’il n’était pas habitué à dépenser l’argent sans compter. Ayant tiré le diable par la queue durant toute son existence, il avait appris à faire attention pour tout. Cependant, il se dit qu’il prendrait le temps nécessaire pour réfléchir à ce qu’il pourrait bien faire d’une fortune pareille !
Mais aujourd’hui, c’était un jour de fête, comme un second Noël et il voulait en profiter jusqu’à la dernière minute. Il faisait bon. L’air était vif. Il se leva et repartit d’un bon pas vers la dune qui longeait la mer. Il se sentait enfin heureux et libre avec la promesse d’une nouvelle vie !

Poème d’Oksana Lutyshyna, « Ne m’aide pas », proposé par Françoise T

Oksana Lutsyshyna est une Poète écrivain ukrainienne, née à Uzhhorod , dans l’ouest de l’Ukraine, prés de la Hongrie. Titulaire d’un doctorat en littérature comparée, elle enseigne la langue ukrainienne et les littératures d’Europe de l’Est à l’Université du Texas à Austin. Elle est l’auteur de quatre recueils de poésie, d’un recueil de nouvelles et de deux romans. Elle est récipiendaire de plusieurs prix littéraires.
Publié sur : https://www.facebook.com/lademeuredulivre/

Ne m’aide pas, demande-t-il,
aide les soldats
Je n’ai plus besoin de rien
ni médicament, ni chaleur, ni lumière
ni un verre d’eau
La chambre que je quitte n’est pas celle-ci
mais la chambre de mon corps
ils disent que Dieu n’existe pas
que celui qui existe est humain
mais en tant qu’humain — peut-il exister ?
son existence est-elle nécessaire ?
ils disent que je suis en fin de vie
mais je ne comprends toujours rien
hier soir ça faisait si mal
que j’ai tout oublié, même qui j’étais
pas de paradis, pas de ténèbres bénies
je n’ai vu que des soldats
J’ai senti leur soif dans mes os
ne viens pas m’aider
aide ceux qui veulent encore
faire des enfants.”

Je vous souhaite un beau weekend où notre avenir pour 5 ans, en France, se joue dans les urnes ce dimanche! 

Je vous donnez rendez-vous la semaine prochaine.

D’ici là, portez-vous bien et continuez à prendre soin de vous!

Créativement vôtre,


Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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