Chaque semaine, je publie les textes que mes chers lectrices ou lecteurs m’envoient via le blog.
La proposition d’écriture N° 13 était la suivante:
“Pour finir le mois de mai en beauté, je vous propose un inventaire autobiographique!
Vous allez vous évoquer de manière courte et simple, sans écrire réellement un autoportrait, à la manière de Roland Barthes.
Je vous invite donc à écrire un inventaire vous concernant en 2 phases:
1) vous commencerez une dizaine de phrases par “Je me souviens…” à la manière de Roland Barthes.
Voici son texte:
“Je me souviens que Michel Legrand fit ses débuts sous le nom de “Big Mike”.
Je me souviens du jour où le Japon capitula.
Je me souviens de l’admission de Jean Lec : « Le grenier de Montmartre. »
Je me souviens du contentement que j’éprouvais quand, ayant à faire une version latine, je rencontrais dans le Gaffiot une phrase toute traduite.
Je me souviens de l’époque où la mode était aux chemises noires.
Je me souviens de l’époque où Sacha Distel était guitariste de jazz.
Je me souviens des autobus à plate-forme : quand on voulait descendre au prochain arrêt, il fallait appuyer sur une sonnette, mais ni trop près de l’arrêt précédent, ni trop près de l’arrêt en question.”
2) Pour vous évoquer, vous allez nous faire partager ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, à la manière de Roland Barthes.
Voici son texte:
“J’aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d’amandes, l’odeur du foin coupé, les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurées, les poires, les pêches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, Pollock, toute la musique romantique, les trains, avoir la monnaie…
Je n’aime pas : les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le clavecin, Miro, les tautologies, les dessins animés, Arthur Rubinstein, les villas, les après-midi, Satie, Bartok, Vivaldi, téléphoner, les choeurs d’enfants, les concertos de Chopin, l’orgue, M.A Charpentier, ses trompettes et ses cymbales, le politico-sexuel, les scènes, les initiatives, la fidélité, la spontanéité, les soirées avec des gens que je ne connais pas, etc.”
Voici les textes de cette semaine:
De Lucette de France
J’aime- je n’aime pas |
J’aime les légumes verts, rouges, jaunes, tomate, poivron, blette, chou, poireau, champignons, pomme de terre, (surtout de l’île de Ré ou de Noirmoutier), le basilic, et le pesto, tous les légumes secs et le pain rôti, les oignons farcis, moyennement l’ail, le gout et le parfum du persil, l’estragon, la sauge, le romarin le thym et le laurier, tous les fruits, même exotiques, un bon poulet à la broche, ou des grillades au barbecue, toutes les fleurs, les jardins bien entretenus, la beauté de chaque arbre, les promenades avec les copines, avec mon mari, ou mes enfants, m’allonger sur la plage pour me dorer, me baigner dans la mer, préparer de bons menus le dimanche en famille, la visite de mes enfants et petits-enfants, avoir de leurs nouvelles, écouter Verdi (entre autre) à fond en faisant du ménage, une musique douce à la relaxation avec ma prof, le bonheur des petits enfants, des personnes âgées, des animaux, ne rien faire, juste méditer sur un transat à l’ombre, lire, écrire, faire des mots fléchés « force 4 », les vacances avec mon mari ou mes enfants, visiter Paris, rendre visite à des amis et les recevoir, rester humble, modeste et bienveillante, les tableaux de toute époque mais principalement à partir de 1900, les poètes, l’histoire de France, la géographie, écouter les scientifiques, assister à des concerts, le cinéma, les moutons, les chèvres, tout le cheptel des fermes et les animaux sauvages qu’on respecte dans leur contrée, la vie sereine…
Je n’aime pas faire les magasins pour passer le temps, mon voisin trop collant, les gens trop curieux, les femmes vêtues très légèrement dans la rue, la vulgarité, la cigarette, les jeux d’argent, les personnes qui boivent trop d’alcool, ceux qui se plaignent tout le temps, ceux qui ne sont jamais contents, les envieux et les jaloux, les sournois, les dépensiers, le métro et les bus, vivre à Paris ou les grandes villes, les embouteillages, les accrochages en voiture ou entre individus, les coléreux, certains politiques, les menteurs, les pervers narcissiques, ceux qui battent les femmes, les cyniques, ceux qui « écrasent » les autres, les salops qui battent les animaux , les enfants martyrisés, les personnes âgées qui sont méprisées, la pollution de l’air et de la nourriture, la fonte des glaciers, les films violents, les chanteurs « politiciens » les acteurs qui ont une opinion sur tout, les serpents, les rats et les souris, les bergers allemands, les loups qui dévorent les agneaux et leurs mères, les rivalités entre frères et sœurs, les mesquineries de toutes sortes, la sournoiserie, et les tricheurs au jeu, une trop forte chaleur ou un trop grand froid… |
Je me souviens…
Je me souviens que mon frère Jeannot nous faisait faire de grosses bêtises, étant enfant
Je me souviens que j’ai adoré mon frère, aujourd’hui disparu
Je me souviens que ma mère ne m’a jamais dit « je t’aime », mais m’a-t-elle aimée?
Je me souviens n’avoir jamais reçu de tendresse de mes parents
Je me souviens que je n’ai pas aimé mon enfance
Je me souviens que j’aimais l’école et ma maîtresse
Je me souviens des promenades en forêt avec ma mère, mon frère et ma sœur
Je me souviens que j’étais heureuse de partager ces rares moments-là, avec elle
Je me souviens que mon père n’était pas tendre
Je me souviens que mon père était devenu plus sensible en vieillissant
Je me souviens de l’endroit et du lieu du premier baiser de celui que j’aimais
Je me souviens du jour béni de mon mariage
Je me souviens du bonheur quand on m’a annoncé que c’était « une fille »
Je me souviens de la souffrance quand j’attendais mon fils
Je me souviens de tout l’amour que je leur ai donné
Je me souviens de tous les « mauvais moments » avec mes enfants
Je me souviens aussi de tout l’amour qu’ils m’ont apporté
Je me souviens de l’achat de mes premiers meubles
Je me souviens combien la vie était difficile pécuniairement
Je me souviens avec fierté, de tous les diplômes de ma fille
Je me souviens toujours avec fierté, quand mon fils est devenu « chef de magasin »
Je me souviens quand mon mari a été opéré du cœur
Je me souviens quand je suis devenue secrétaire
Je me souviens quand nous sommes venus vivre définitivement au bord de la mer
Je me souviens de chaque arrivée de nos chiens sortis de l’enfer
Je me souviens de la naissance de mes quatre petits-fils que j’adore
Je me souviens qu’à chaque fois j’attendais une petite-fille
Je me souviens de l’annonce « enfin » d’une arrière petite-fille qui fait ma joie
Je me souviens des repas familiaux avec tous mes proches
Je me souviens que je ne veux pas me souvenir de tout ce qui a été négatif
Je me souviens que maintenant je sais me faire respecter
Je me souviens que j’ai de l’amour à revendre, et que je peux le multiplier encore et encore
Je me souviens que je suis très heureuse depuis 30 ans dans mon univers au bord de la mer…
Je me souviens des superbes chansons de grands chanteurs
Je me souviens que je n’aimais pas aller travailler dans les champs, étant petite
Je me souviens que maintenant, j’aime planter et regarder mes arbres et mes fleurs
Je me souviens que ma vie est belle, quand je sais d’où je viens…
Je me souviens que j’aime apporter du bonheur à mes proches
Je me souviens que j’aime aussi en recevoir, et j’en reçois….
De Laurence de France
Je me souviens…
Je me souviens de mon école primaire, en face de la maison, qui portait un nom prestigieux, mais que j’ignorais à l’époque : Jean Jaurès.
Je me souviens d’un couple d’instituteurs, ‘Baronne’ était leur nom de famille, de vrais hussards de la République !
Je me souviens de mon premier chien, Blacky, arraché à son enfermement dans un cagibi chez un de mes oncles.
Je me souviens de mon plaisir infime à parler les langues étrangères au collège, pour ensuite en faire mon métier.
Je me souviens des idoles de mon enfance : Joe Dassin, C.Jérome, Claude François
Je me souviens d’une des 2 CV de mon père, la Titine, comme on la surnommait !
Je me souviens de notre petite maison en région parisienne, un havre de tranquillité au milieu de la course.
Je me souviens qu’adolescente, je regardais les matches de foot et de rugby et que j’avais pour idole, Dominique Rocheteau!
Je me souviens des pique-niques en famille, dans un coin verdoyant en Seine-et-Marne : le bonheur de quelques années !
Je me souviens de ma poupée Caroline, que j’avais prénommée comme l’héroïne des livres pour enfants !
Je me souviens des pantalons à pattes d’eph ; je détestais ça !
Je me souviens des trains de banlieue gris que je prenais pour me rendre à l’université à Paris.
Je me souviens que je pouvais lire toute une journée petite, sans rien faire d’autre, en restant en pyjama.
Je me souviens de la balançoire dans le jardin, elle a subi nos 400 coups. Je me souviens de mon ‘tac tac’ ou ‘tacatac’ en forme de boules de cerise avec lequel je jouais continuellement.
Je me souviens du décor orange de ma chambre, très années seventies.
Je me souviens des repas du samedi midi : steak frites ; je préparais les pommes de terre avec mon frère.
Je me souviens des émissions « Apostrophes » de Bernard Pivot qui m’ont amenée vers la littérature.
Je me souviens de mon premier voyage scolaire à l’étranger : direction Moscou et Kiev, du temps de l’URSS.
Je me souviens que j’écrivais beaucoup de poèmes adolescente ; j’en ai gardés quelques-uns.
J’aime : les fruits (surtout les fraises et l’ananas), la musique de Mozart, la lecture, les langues étrangères, les animaux (surtout les chiens et les chats), les jardins, mon jardin, les couleurs jaune, rouge et orange, le chocolat, les desserts, les vacances (pour réfléchir et créer), la campagne, la randonnée pédestre, le yoga, le cinéma, le théâtre, les boucles d’oreille, la littérature classique, les fromages, tout cuisiner moi-même, la broderie au point de croix, la décoration intérieure, le soleil, la chaleur, l’herbe verte, m’allonger dans mon hamac, la guitare, le jazz manouche, « Les Misérables » de Victor Hugo, écrire des histoires, tenir mon blog sur l’écriture, cuisiner, concevoir la décoration intérieure, la médiathèque de ma ville…
Je n’aime pas : la science-fiction, les films d’horreur, les orages, le vent, les tempêtes, l’hiver, le bruit, les grandes villes, les gens qui courent partout en tous sens, le hard rock, le rap, le football, les sports d’équipe, les réactions stupides des supporters de foot, la politique actuelle, les gens hypocrites et les mielleux, le mensonge, le politiquement correct, les chiens comme les pit-bulls, les cheveux très longs, le froid, le ménage, la procrastination, la vitesse, les gens qui parlent fort, les artichauts, le café, les soirées à rallonge, un trop grand nombre d’invités à ma table, l’effervescence autour de Noël, les choses rendues obligatoires par principe, les talons hauts, la mode perpétuellement changeante, les enfants qui travaillent comme des esclaves dans certains pays, la publicité au téléphone, la décoration toute en noir et blanc… |
De Nicole de Belgique
Je me souviens de la 11CV noire et poussiéreuse de mon père.
Je me souviens du tram 4 qui sillonnait Liège de part en part, de mes gants blancs, mes cheveux frisottés aux papillotes.
Je me souviens de la bibliothèque pour enfants et des aventures que me procuraient les livres.
Je me souviens de la solitude créatrice d’images.
Je me souviens du poulet du dimanche, des crêpes du jeudi chez ma grand-mère et qu’elle coupait mon steak avec une paire de ciseaux.
Je me souviens des coureurs cyclistes français du Bastogne/Liège logés à l’hôtel Notre tenu par une amie de ma mère.
Je me souviens comme Alain Delon était beau.
Je me souviens du magazine Elle, de Mary Quant, de la mini-jupe, de Courrèges, du maquillage.
Je me souviens de la superficialité des choses.
Je me souviens de mon insouciance.
Je me souviens de la découverte du Monde, de L’Express, du Nouvel Observateur.
Je découvrais la politique.
Je me souviens de ma première pilule, du MLF ou comment la conscience d’elles vint aux femmes.
Je me souviens des aînées qui montrent le chemin.
Je me souviens des pièces de théâtre écoutées à la radio le soir.
Je me souviens encore et encore…
En vrac
J’aime : le café du matin, l’éveil de la nature au printemps, le soleil dans les yeux de ma fille à la naissance de ses deux garçons, le thé de 17H apporté par mon charmant fils et la passion du théâtre de mon autre fils, manger, boire du bon vin, conduire ma voiture, voyager en train, le bruit du ressac, la campagne au bord d’une rivière, la douceur d’une conversation avec une amie, le calme, le chant des oiseaux, les “petits bonheurs”, l’excitation de moments politiques, les jeunes qui marchent pour le climat, les notes de chevet de Ses Shonâgon, écrire en atelier, rêver à un autre monde, au grand soir…
Je n’aime pas : la bêtise triomphante, les oreilles collées aux smartphones, le bruit omniprésent, le manque de civilité, l’autorité, le recours à la force, la politique politicienne, le manque d’envergure de ces hommes-là, la vue à court terme, ce monde où les hommes et les femmes sont des “marchandises” comme les autres, l’antisémitisme et le racisme qui ont conquis leur droit de cité; le crachin belge, la cervelle, les tripes, les pieds de porc, les assiettes à peine remplies des restaurants à la mode, le retard des trains belges, la vieillesse , les corps et les esprits qui se délitent……..
De Michèle de France
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Je remercie les participantes de cette semaine.
Je vous souhaite une belle lecture et une belle semaine créative. J’espère que vous serez plus nombreux à imaginer des textes.
Chaque semaine, le blog vous proposera une nouvelle accroche d’écriture. Pas à pas, nous construisons, n’ayez pas peur d’écrire, vous ne serez pas jugés!
Pensez à m’envoyer vos créations ou commentaires via la rubrique ‘ me contacter’ du blog, dont voici le lien:
Créativement vôtre,
LAURENCE SMITS, La Plume de Laurence