La proposition d’écriture N° 138 est la dernière de la saison. L’été est à nos portes, et, entre nous, ça fait du bien de souffler un peu.
Bien sûr, certaines et certains continuent de travailler. Je souhaite du courage à celles et ceux qui prendront le chemin du travail en juillet et août.
Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.
De Claudine Souvenirs En ce mois de décembre où le froid sec de l’hiver me fait me poser devant ma cheminée, je décide de me plonger dans des temps plus ou moins anciens. J’attrape ma boite à photos ; vous savez, celle que l’on pose sur une étagère et où l’on entasse pêle-mêle tous ses souvenirs en se promettant à chaque fois que notre regard se pose sur elle, de prendre le temps de classer tous ces instants qui sont une partie de notre vie. Les années défilent, sur le papier glacé, les moments heureux, les moments joyeux, les anniversaires, les Noël, les vacances… Une photo retient plus particulièrement mon attention ; elle est au fond de la boite que je viens de renverser sur la table basse du salon. Quel âge a-t-elle ? vingt ans ? plus peut être. Souvenirs, souvenirs ; la chanson de Johnny me revient en mémoire. Se déroule alors un fil qui a été un témoin de nombreuses années de ma vie. Constance ! celle qui fut ma Constance à qui je disais souvent qu’elle portait bien son prénom. C’était au moment des années tendres, des rires un peu idiots que nous seules comprenions. C’étaient les années où nous avions l’une pour l’autre une admiration sans borne. Nos proches et nos autres amies nous appelaient le binôme. Les inséparables. Constance à qui je confiais mes premiers émois et qui me parlait sans détour de ses amourettes ou de ses coups de cœur plus sérieux. Elle était au fil des ans devenue une femme brillante et j’arrivais à l’idéaliser. Quand j’y repense, je ne sais plus très bien pourquoi car je n’avais rien à lui envier ; mais c’est ainsi. Elle avait quelques difficultés à se faire des amies car elle voulait toujours la première place. C’est ce qui m’a attiré chez elle, cette double image qui la faisait paraitre arrogante et sûre d’elle mais qui en fait cachait une douleur, un mal être qu’elle n’arrivait pas à maîtriser. Je me souviens de nos premières rencontres, de nos premières discussions. La fière qu’elle voulait être a succombé à ma façon de la voir, de l’écouter, de l’entendre surtout. Je ne me laissais pas écraser par elle, je n’étais pas dans la fascination unilatérale. Je ne l’enviais pas sous prétexte qu’elle avait une famille qui comptait dans la région. Mes origines plus modestes ne lui posaient aucun problème et j’étais chez elle comme chez moi et vice-versa. Nous vivions en fait dans l’illusion qui recouvrait une forme de domination de sa part. Elle me dictait ma façon de m’habiller, de me maquiller, de me comporter. J’en éprouvais un certain plaisir et je me laissais emporter par une totale confiance. Tant et si bien que nous en étions arrivées à nous vêtir de la même façon. Ce qui n’était pas sans poser des problèmes à mes parents dont les revenus n’étaient en rien comparables à ceux de Constance. Lorsque je ne pouvais suivre ses conseils, elle se mettait à bouder ou à m’ignorer. Petit à petit, je prenais conscience que son intérêt pour moi ne recouvrait que sa crainte d’être seule. Et ça m’était devenu insupportable. Et pourtant notre duo continuait cahin-caha. Nous progressions chacune dans nos études, à notre rythme. Constance fut envoyée dans une grande école de la région ; moi, je suis entrée à l’université de notre ville. Nous nous retrouvions chaque fin de semaine, elle me faisait part de ses difficultés, tant à avoir des amies et amis, qu’à suivre les cours. Ses parents voyaient grand pour elle. Son père, qui tenait l’office notarial de la ville, la voyait prendre sa suite, sa mère rêvait de lui trouver un mari qui pourrait la choyer, la gâter et l’admirer comme la belle femme qu’elle était. Moi, plus modestement, si je puis dire, je continuais à poursuivre mon désir de petite fille, devenir avocate. Constance se moquait de ma propension à vouloir défendre la veuve et l’orphelin. Ce que je recevais jusque-là comme des preuves d’amitié m’est apparu alors comme un jugement, un refus de ce que j’étais. Nous continuions pourtant à jouer le grand jeu, à nous ressembler physiquement, au point de nous coiffer, nous habiller de façon identique. Cette photo que j’ai dans la main montre à quel point nous voulions être en osmose. A quel point nous voulions montrer notre accord parfait. Cet accord pas si parfait à un jour volé en éclat. Nous avons presque simultanément rencontré notre compagnon de vie. Pour elle, c’était un aboutissement qui la mettait à l’abri et lui permettait de vivre sans avoir d’obligations, Philippe, possédant une grosse entreprise florissante. Pour elle, l’amour était secondaire. Elle avait réussi ses études mais ne se voyait pas reprendre le flambeau familial. L’oisiveté était son passe -temps favori. Moi, mon diplôme tant attendu en poche, je suis entrée à corps perdu dans ce dont j’avais toujours rêvé. Et comble de chance, Julien a fait irruption dans ma vie. Il terminait sa dernière année de médecine. Dès ce moment, Constance a pris ses distances et est devenue agressive, hautaine, pour ne pas dire jalouse. Multipliant les remarques désobligeantes sur notre couple qu’elle qualifiait de « bonnes âmes » avec mépris. Ce fut la fin d’une amitié qui m’a marquée. Et qui a laissé un certain vide au moment de la rupture et surtout un chagrin émotionnel face à l’incompréhension et l’injustice de celle que je croyais être une amie sincère. La photo va retourner dans le fond de la boite…marque d’instants de vie qui furent parfois très heureux. De Nicole (proposition d’écriture N° 137) Une grosse bêtise Eté 1980, Alexis, 8 ans, est venu avec sa mère, à la campagne, chez des amis. Un grand jardin, un garage où maman parque la voiture, une Peugeot 304. Chez les Morel c’est toujours la fête. Les parents écoutent de la musique classique, parfois un peu fort, piano et violon jouent Prokofiev. Souvent, ça les fait planer, aidés par un peu de vin rouge. Les garçons jouent dans le jardin. Frédéric 13 ans, Laurent 11 ans sont un peu les mentors en bêtises et en gaffes diverses, Alexis les admire beaucoup. Surtout Laurent, le plus foufou. Ce jour-là, ils jouent à conduire la voiture de la mère. Alexis chapitré par les deux grands bouge le volant « vroum vroum », il devient pilote de course à Francorchamps. Laurent conseille d’enlever le frein à main, difficile mais ils y arrivent. Une légère pente, la Peugeot bouge vers l’arrière, les gamins rient. La voiture prend de la vitesse, plus moyen de l’arrêter. « Boum », elle cogne la porte basculante qui s’éventre. Ils paniquent et ne bougent plus, pas de blessés. Plus un bruit. « Toc toc » à la porte de la véranda, un voisin furieux, qui a dû en voir d’autres, se fâche sur les parents qui n’ont rien vu, rien entendu. « c’est une honte de laisser les enfants sans surveillance » ! Une petite leçon de morale plus tard, ls se précipitent, voient les dégâts. Alexis, penaud, pleure à gros sanglots. Les parents énervés ne crient pourtant pas, ce sera une leçon. La compagnie d’assurance familiale paiera la réparation et augmentera la prime. A 50 ans, Alexis s’en souvient encore. Sa plus grosse bêtise dit-il. Moi, sa mère je lui en connais d’autres… De PascaleMon Amie, Une fois n’est pas coutume, et aujourd’hui c’est par la plume que j’établis le lien . Pas de hasard, observe bien la date ! Flânant au fil des rayons de la librairie, mon regard a croisé cette carte postale et je n’ai su résister. Cette image me parle tant de nous, de cette amitié si intuitive, si solide et sincère qu’elle s’est rendue indispensable à nos chemins de vie. Sur cette photo, nous reconnais-tu , face à face, n’ayant jamais fui le regard de l’autre, et puisant dans nos mains tendues l’énergie qui parfois fait défaut à l’une d’entre nous ? Que de crépuscules nous ont subjuguées depuis plus de trente ans ! Le regard perdu vers l’immensité de l’océan, sur les bords du lac de Vouglans, ou simplement au soir d’une belle journée campagnarde, nous avons vécu des émotions magiques face aux derniers rayons de soleil filtrant à travers l’horizon. Souvent accompagnées des rires et cris de nos tribus, d’autres fois seules, parfois les yeux embués par le chagrin, ou à l’inverse une coupe à la main, ces moments ont toujours été partagés dans la même communion ! Quelle chance que notre rencontre, et quel bonheur d’affirmer qu’après tant d’années (où nos vies n’ont pas été de longs fleuves tranquilles) cette amitié n’a pas pris une ride ! Aujourd’hui, nos contrées sont éloignées, et nos mains ne peuvent physiquement se presser, pourtant à chaque crépuscule féerique nos pensées se rejoignent ….Les photos échangées en témoignent. Je crois qu’à jamais le coucher du soleil sera ce lien infaillible entre nous et j’en ressens tant de gratitude que mon cœur est en joie ! A très vite mon Amie, sur la dune ou au bord d’un étang…. Je t’embrasse coeurdialement Ta Fourmi De Marie-Josée La vallée des Merveilles Des flèches bleues, blanches, rouges Fendaient le ciel étoilé Tirées par un modeste archer Qui voulait célébrer le 14 juillet. C’était le bicentenaire de la Révolution Pas de flonflons ni de bal musette L’endroit ne se prêtait pas vraiment à la fête D’ailleurs ce n’était pas ma quête. Je suis allée dans la Vallée des Merveilles A la recherche d’évasion Sur les traces d’une ancienne civilisation J’ai été touchée par les flèches de Cupidon. Compagnon discret, soudain il s’est manifesté Tout le long de la balade Il était en embuscade Attendant que mon cœur batte la chamade. Nous avons contemplé le Chariot et la Grande Ourse La fraîcheur de la nuit s’est abattue sur moi Il m’enveloppa d’une couverture et de ses bras. Pour me protéger du froid Ensemble nous sommes repartis Plus de trente ans déjà, Nous marchons du même pas J’entends parfois, Cupidon rire aux éclats De Dominique Les glycinesJe pousse la barrière du jardin de la maison de mes grands-parents. Cette demeure au bord de la mer dans laquelle nous avons passé une grande partie de nos vacances. La maison du “bonheur” comme nous l’appelions. Grand-mère était si heureuse de recevoir toute sa troupe le temps des deux mois de congé, ses petits-enfants qui venaient prendre des couleurs. Je reviens ici après tant d’années comme en pèlerinage. J’ouvre la porte et les odeurs de sa cuisine me reviennent en mémoire. Au bout du couloir, c’est l’escalier qui mène au grenier qu’il me faut emprunter, j’ai besoin des anciens albums photos pour étoffer mon dossier généalogique en cours. La lumière est faible dans ce lieu où s’amassent pèle mêle ; de vieilles armoires vermoulues et des tiroirs pleins de vieux papiers. — Dans quelle boîte grand-père a pu ranger les photos de famille ? Peut-être au fond là-bas, dans cette bibliothèque où s’entassent les vieux bouquins poussiéreux que nous nous étions promis de trier un jour ? J’ouvre des cartons, je déplace des objets, je compulse quelques vieux albums photos, souvenirs oubliés que je redécouvre avec plaisir. Puis, là-bas, tout au fond de la pièce sur le mur en briques qui fait office de pignon, je remarque une pierre descellée. Mon cœur s’emballe, l’émotion me gagne. Derrière cette brique, j’avais caché il y a si longtemps déjà une boîte en bois, fermée par un petit cadenas, ma boîte à « secrets ». Sans doute est-elle encore là, personne n’étant plus jamais revenu dans ce grenier depuis la mort de mes aïeuls. Je tends la main, je tire sur la brique qui glisse doucement en laissant une trouée dans le mur. Je n’en crois pas mes yeux, la boîte est toujours là, comme si elle m’attendait. Avec d’infinies précautions, je sors la cassette de son long sommeil et je la prends entre mes mains. Je sens battre si fort mon cœur, j’hésite un instant puis, je l’ouvre. Je sais ce qu’elle contient… Une photo, notre photo. Nous nous tenons debout face à face, les yeux dans les yeux, baignant d’un amour incommensurable, immortalisé par ce cliché pris par ta sœur. Elle avait si bien compris nos sentiments. Notre adolescence à fleur de peau et notre amour si désespéré. Après la photo, nous nous sommes assis sur le sable, tu as posé ta tête sur mon épaule et nous avons regardé la mer. La plage semblait nous être réservée et les vagues berçaient notre amour. Nous goûtions chaque seconde du temps qui passait dans une plénitude heureuse et béate, mais nous savions qu’il nous était compté. La mer qui montait et le soir qui tombait sonnait le glas de notre histoire. Notre amour était interdit et on nous avait sommés de ne plus nous revoir. Nos doigts se sont désenlacés et je t’ai regardé t’éloigner pour toujours “mon amour”. As-tu pleuré ? Penses-tu encore à moi dans ton quotidien ? Longtemps j’ai rêvé de toi… Je vois ton visage souriant éclairé par tes grands yeux verts. Je te serre dans mes bras et je t’embrasse, enfin. De retour à la voiture, j’ai rangé les vieux albums photos de mon grand-père, ma boîte à secrets qui dorénavant ne me quittera plus et j’ai écouté la très jolie chanson de Serge Lama ; “Les glycines”. De Marie-Laure Une soirée inattendue Elles se sont rencontrées la veille, à la crémaillère de Tom et Virginie. Léa est venue avec son compagnon, c’ est une amie intime de Virginie, elles se connaissent depuis la fac et se retrouvent régulièrement avec toute la bande. Toutes sont maintenant en couple et ça commence à parler mariage et bébé. C’est une chance, les hommes s’entendent comme larrons en foire et les soirées sont toujours très joyeuses. Cécile est une collègue de Virginie, elles prennent souvent leur pause déjeuner ensemble et ont sympathisé. Ce soir, à part la maîtresse de maison, elle ne connaît personne. Virginie l’ accueille, puis confie à Tom la mission de la présenter aux convives, tâche dont il s’ acquitte volontiers, avant de la confier à son jeune frère Gaël, lui aussi venu tout seul. Cela a le don d’ agacer Cécile, cette manie qu’ont les gens de la fourguer au célibataire du coin ! Enfin bon, Gaël a la conversation facile et il ne parle pas que de son boulot, c’est déjà une bonne chose ! Sur le balcon, les esprits s’ échauffent, ça parle politique, tout le monde y va de ses arguments, pour ou contre la dissolution du gouvernement. Finalement, Cécile est plutôt contente de parler cinéma avec Gaël, les joutes politiques, ce n’est pas trop son truc. De loin, elle observe ce joyeux vacarme et elle remarque Léa qui enchaîne les tirades avec une gestuelle des plus théâtrales, cela l’amuse. Comme de bien entendu, pour le repas, elle est placée à côté de son galant chevalier Gaël, mais aussi en face de Léa, ces deux-là semblent bien se connaître ! La conversation va bon train, ce qui permet à Cécile de s’intégrer facilement ce soir. D’habitude, elle est plutôt timide. Elles se découvrent des goûts communs en littérature, Cécile est scotchée par les commentaires très pointus de Léa. Elle boit ses paroles en même temps qu’elle est subjuguée par sa gestuelle. C’est Tom qui prend l’initiative de transformer le salon en piste de danse. Derrière la console, Gaël est à la manœuvre, enchaînant les tubes du moment. Cécile est happée par Virginie qui se déhanche au milieu de ses copines, elle ne peut que suivre le mouvement. Elle abandonne là sa traditionnelle réserve et se mêle avec joie à la danse, elle se surprend même à se trémousser face à Léa, elle ne se reconnaît plus là ! L’ambiance est chaude et les corps s’ enhardissent sur les rythmes latinos. Lorsque Cécile frôle le corps de Léa, un méga frisson l’envahit, elle ne reconnaît pas cette sensation, elle ne l’a jamais éprouvée auparavant. Elle voudrait que cette soirée ne s’arrête jamais ; elle se trouve un peu bête, elle aimerait la revoir, devenir son amie, comme Virginie ! Au petit matin, c’est le compagnon de Léa qui lui propose de la ramener, c’est sur leur chemin. Elle ne sait pourquoi, cela la gêne terriblement, mais elle ne peut refuser. Dans la voitures, les deux filles parlent de leurs quartiers favoris pour faire du shopping et aussi de ce parc d’où il y a une si belle vue sur toute la ville. «On pourrait s’y retrouver demain soir, j’aime y photographier le coucher de soleil », lance subitement Léa ! Son compagnon acquiesce, il part en mission quelques jours et semble ravi de cette amitié naissante. La chose est entendue, l’heure est fixée et Cécile se retrouve devant son immeuble : « Au revoir et merci à vous de m’avoir accompagnée, à demain alors Léa ! » Le lendemain soir, elles se retrouvent dans le parc et papotent comme si elles se connaissaient depuis toujours. Léa est volubile, photographie à tout va, cherche le bon angle, la bonne plante en premier plan. Elles reparlent de la soirée et là, se faisant face, le temps s’immobilise. Elles se regardent, plus une parole ne sort de la bouche de Léa, seuls leurs yeux communiquent. Laquelle a esquissé un geste, laquelle a en premier tendu la main vers l’autre, elles ne pourraient le dire tant ce mouvement s’est posé de façon synchrone, comme une évidence. Face à ce magnifique coucher de soleil, le temps s’arrête, elles restent ainsi un bon moment, aucune n’osant prendre le risque de rompre le charme. Quelque chose de fort se passe à travers leurs mains, leurs regards et puis il y a ce sourire que Cécile esquisse, petit mouvement de lèvres qui pointe comme une autorisation à être pleinement soi. Mais intérieurement, quelque chose la tétanise, comme si on lui soufflait : « n’ y crois pas, demain tu vas souffrir, ressaisis toi, elle est en couple, c’est une chimère ». Assaillie par ce tourbillon de pensées et en même temps si bien dans l’instant présent, Cécile a l ‘impression de se transformer, là, en statue. Ne rien dire, ne pas poser de question, ne pas bouger, laisser ses mains dans celles de Léa, savourer ces quelques secondes qui vont encore s’ égrainer. Laisser Léa mettre en scène la suite de cet instant magique. Y aura t ‘il seulement un acte deux ? Avec ce naturel et cette désinvolture qui semble l’habiller de pied en cape, Léa fredonne un air sur lequel elles ont dansé la veille. Docile, Cécile se laisse guidée, de marbre son corps s’éveille et fait honneur à la salsa. Tout bouillonne en son for intérieur, seule sa tête s’est tue pour laisser place au ressenti. Suprême délice, elle se sent vibrer, elle se sent belle, elle se sent grande. Voilà, elle grandit, elle aimerait le crier au monde entier, mais elle n’en fera rien. Ce sera son secret, elle le logera dans son paysage intérieur, si elle en a besoin demain, elle saura le retrouver ! De Françoise V La dernière fois qu’ils devaient se retrouver, Claude téléphona à Camille. Ce fut un drame pour elle. – Je ne viendrai plus à nos rendez-vous. J’ai des choses importantes et prioritaires à faire chez moi. – Mais c’est pas possible, tu m’avais promis qu’on se retrouverait…. Tu m’abandonnes ? – Pardonne moi, mais c’est plus possible…. – Te rends-tu compte ce que tu m’imposes ? Je croyais que tu m’aimais …. tu m’as menti…. Et à ce moment-là, Camille éclata en sanglot au téléphone. Sa journée fut brisée, et les jours suivants se passèrent dans la tristesse et le chagrin. Quelques heures plus tard, Camille envoya une demande à Claude par sms, le priant de le revoir en face à face. Il lui fallait des explications dans la sérénité et le respect. Claude accepta le deal en repoussant deux fois le rendez-vous. Le jour J arrive. Camille s’attend à ce que Claude n’honore pas leur rencontre. D’ailleurs, il fait exprès d’arriver en retard d’une demi-heure, redoutant leurs échanges. Les deux ex-amoureux se retrouvent sous l’ombre d’un arbre, à l’orée du bois. Chacun s’installe face à face sur un banc. Claude est serein, se tient droit, ne laissant aucune émotion transparaître. Il veut être le maître de la situation. – J’ai beaucoup réfléchi, dit-il – Je t’écoute répond Camille. – Cela ne peut pas continuer comme ça. Cette situation est invivable. Cela me stresse beaucoup trop. Pas toi ? – Oui, c’est stressant, il faudrait vivre notre relation autrement, je crois. – Chacun de nos conjoints nous épie, nous contrôle. Cette pression devient insupportable. Je n’ai plus envie de poursuivre notre relation. On ne peut pas leur dire, on ne peut pas divorcer ni l’un ni l’autre. Cela devient infernal. Grand silence. Camille le regarde fixement derrière ses lunettes de soleil. Elle s’attendait à ce discours et s’était préparée à un retour amer. Elle ne veut montrer aucune émotion. Elle veut se montrer forte. Elle avait pleuré avant, bien avant et avait sangloté des jours avant de le retrouver pour l’entendre dire clairement ce qui lui pesait. – Et pourtant, c’est bien toi qui m’a séduite, n’est-ce pas ? Le vide, pas de réponse. Non, il reste dans le déni, il voudrait ne pas se sentir coupable. – Dis-moi, Claude, tu as voulu jouer avec moi, n’est-ce pas ? C’était un jeu de séduction, tu as voulu voir si tu plaisais encore, si tu étais désirable… avant ton anniversaire qui te faisait changer de dizaine… Et puis ta triste épouse t’étouffe ! Tu avais envie de te distraire ! Le mot affirmatif tarde à sortir de sa bouche. Fier, orgueilleux, voulant maîtriser la conversation, il laisse échapper un « oui » étouffé, sans commentaire. Un « oui » honteux. Oui ! il avait honte ! Honte de l’avoir séduite, honte de s’être moquée d’elle. Honte de s’être entichée de cette jeune femme. Honte de s’être engagé à lui faire croire qu’il aimerait vivre avec elle. Une trahison, c’était ni plus ni moins une trahison. Il avait cette honte car au fond de lui-même, il était cependant une belle personne qui se rendait compte combien elle souffrait. Il en était sensible. – Écoute, Camille, nous sommes mariés, nous avons signé, il faut respecter nos engagements. Restons amis, et c’est tout. C’est trop tard. Nous sommes trop vieux pour changer de vie, ce n’est pas possible. Si par hasard mon épouse apprend notre relation, elle me met dehors avec ma valise, je perds tout, ainsi que ma réputation. Et puis souviens toi, nous en avions parlé tout au début de notre relation, et tu partageais mon choix de ne rien changer dans notre vie. Au bout du compte, Camille comprend très bien, elle est d’accord avec cette sage décision. Elle aussi n’a pas le courage de changer de vie, même si cela la tente. Ce qu’elle regrette, c’est la façon maladroite, et traumatisante avec laquelle Claude lui annonce cette rupture. Elle prend conscience que sa vie va changer. – Camille, ce n’est pas une rupture. Restons amis. L’amitié ira beaucoup plus loin que l’amour. Nous sommes allés trop loin…. Cet espoir d’amitié était sa façon à lui de réparer son chagrin. Il fallait aussi qu’elle n’ait pas de rancune, que tout reste secret, afin que personne n’ait connaissance de leur relation. Ils se quittèrent sereinement en apparence. Claude semblait libéré du poids de cette relation embarrassante. C’est une personne qui aimait avant tout sa liberté. Camille, elle, garda le cœur serré pendant des mois . Elle s’était sentie salie, abusée, trahie. Elle avait pris conscience qu’il s’était moqué d’elle et l’avait manipulée. Sa naïveté lui déclencha la colère. Elle était persuadée qu’il ne l’aimait plus du tout. Elle n’était pas prête à vivre une blessure comme celle-là. De morbides idées lui passèrent par la tête plusieurs fois. Elle se raccrocha à la vie, car c’est une belle personne courageuse et forte au fond d’elle-même. Poème « LE VALET ET LA COMTESSE : Intérêt est principal »cde Françoise V C’est l’histoire d’une comtesse Aux allures de princesse Elle se mirait dans son miroir Pour se montrer et se faire voir Elle peignait ses ongles oblongs Cela voulait en dire long…. Un jeune homme, son valet, S’était épris d’elle et la chérissait Autant pour son plaisir Que pour l’éblouir Celui-ci répondait dans l’instant A ses caprices d’enfants Faisant moult concessions Pour satisfaire ses obsessions Lui écrivant poèmes d’amour Il la voulait pour toujours Lui tenant toujours la main. L’alliance cadeau confirma son lien Courbant l’échine bien trop souvent Il travaillait tout le temps. Un jour elle lui tourna le dos Et le regarda avec mépris et de haut Pour se venger il coupa ses chaînes La trompa, senti sa haine Il goûta aux doux plaisirs De se promener et de mentir Tombant amoureux d’une belle Il aurait voulu partir avec elle Mais sa conscience l’a retenu : S’il partait, moins de revenu Plus de logis et du cancanage, Qui lui ferait ombrage. Intérêt est principal Du respect aussi pour la morale ! Ne voulant pas quitter la scène Voulant garder une relation saine Ayant soin de sa réputation Il garda simple amitié de cette jeune relation Il réalisa qu’il ne faut pas perdre gain Étant lié à sa famille pieds et main. De Lisa Il en a passé du temps avec elle A rêver du duo, mais son coeur est pour le frère Comme il en est fou, à écrire ses mots Pour épater sa Belle et que ses yeux ne soient que pour elle Mais elle était là à penser à l’autre ça sonnait faux ses mots d’amour Il est dans un autre monde Quand l’amour l’inonde C’est le vide et fait tout pour être son guide Il prend sa main Quand l’amour l’inonde Alors tout donné et il sera à ses côtés Si elle n’est pas là Si elle n’est pas là Qui pensera à cet âme dans ses bras ? Si elle n’est pas là Si elle n’est pas là Pour qui son amour ira ? Il veut qu’elle se réveille En se souvenant de son visage Même un court instant comme du hasard Elle notera dans son coeur Cicatrisé par cet âme en pleure Dans ce « désert » où vivent leurs deux cœurs Plus personne ira recueillir leurs propres fleurs A elle Qui ne l’entend pas Mais dans ce désert, il lui prouve sa bonne foi A elle Qui sera toujours là Même si elle ne l’appelle pas Son « ange » sera là Poème de Mahé Boissel, « Manifeste de 2020 », proposé par Françoise T je revendique le ciel entier la vie dans chaque main le temps sans quartiers l’indocile me pousse au bout des feux de paille où que j’aille la grâce porte ma danse désinvolte je passe mais jamais n’oublie le pas de ma colère le sang de la révolte sur cette piste où j’attends ton déhanché danseur pour demain le bal festif que conduiront nos pieds vernis ensemble vers le Bel à Venir |
Ne restez pas sans écrire cet été. Ecrivez, gardez précieusement vos écrits, car je vous les demanderai à la rentrée.
Je serai bien sûr ravie, les amies et mais de plume, de vous retrouver à la rentrée, bien que je déteste ce mot que je trouve mal employé.
Je vous remercie sincèrement pour toutes vos productions durant ces 6 derniers mois. Ce fut un réel plaisir de vous lire et de vous publier.
Vous pourrez toujours lire les articles du blog le mardi, qui lui, ne prend jamais de vacances.
Je vous souhaite un bel été, fait de visites, de rencontres, de découvertes, de repos, de rêves, de projets.
Comme je pars assez longuement en juillet, vous n’aurez qu’une newsletter mardi 5 juillet. Elle reprendra début août.
Je vous dis donc à bientôt.
Je reste près de vous par la pensée…et le coeur!
Portez-vous bien pendant ces 2 mois et surtout continuez à prendre soin de vous.
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE