Après les mythomanes, cette semaine, pour la proposition d’écriture N° 146, c’était au tour des tricheurs. Je vous rassure, je m’arrête là. Souvent, d’ailleurs, les mythomanes sont des tricheurs. En tout cas, avec les mots, puisqu’ils travestissent la réalité en mentant.
Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.
De Gérard
Tout commença lorsqu’il entra dans sa septième année. Louis, dernier de sa fratrie, était précédé de deux frères et une sœur.
Lorsque la famille jouait aux jeux de société, il lui était bien difficile de gagner face aux aînés plus âgés qui ne se privaient pas de le narguer. Ce jour-là, son grand frère s’en était pris à sa sœur :
« Arrête de tricher, c’est pas drôle ! »
Louis avait alors demandé : « Ça veut dire quoi tricher ? »
« T’occupe, tu comprendras bien assez tôt ! »
Le soir, il avait questionné sa mère qui lui avait expliqué ce qu’était la tricherie, sans omettre de lui préciser que c’était un acte déloyal, et qu’il ne fallait surtout pas s’adonner à cette vilaine pratique.
« Mais alors, pourquoi Sarah elle le fait ? ».
Quelques années plus tard, Louis était devenu un as de la tricherie. A la belote, il multipliait les tierces et les carrés de valets. Au Nain Jaune, il abattait systématiquement le Roi de Cœur ou le sept de carreau au moment opportun. Il gagnait très souvent. Surtout, il avait découvert le plaisir de tricher. Là où les autres aimaient jouer, lui préférait gagner déloyalement, avec ce délicieux petit frisson du risque d’être démasqué sans jamais l’être.
C’était jouissif.
Sa meilleure astuce, c’était au MONOPOLY.
Il s’était procuré un second jeu et en avait extrait les cartes de « Chance » et de « Caisse de communauté » qui l’avantageaient à tous coups ou affaiblissaient ses adversaires. Ses derniers tombaient sur « Rendez-vous Rue de la Paix » alors qu’il venait d’y construire un hôtel, ou devaient hypothéquer pour payer les réparations dans leurs maisons quand Louis tirait opportunément « Placez-vous sur la case départ ».
Louis ne se fit jamais prendre en flagrant délit en famille, mais hélas fit le vide autour de lui : ses frères et sœurs ne voulaient plus jouer avec lui.
Pendant ses années d’étudiant, Louis n’eut pas besoin du soutien financier de papa maman pour financer ses loisirs et nombreuses sorties en discothèques. Il jouait aux cartes « à l’argent ». Ses gains lui permirent de passer ses années estudiantines de la meilleure façon.
Il rata ses examens, s’en ficha, ayant compris qu’avec sa science de la triche, il pouvait vivre largement sans aller pointer tous les matins dans une quelconque entreprise.
Lorsqu’il eut un pécule suffisant pour s’y risquer, Louis se mit alors à fréquenter les cercles de jeux privés parisiens. Adroit, il commença par perdre plusieurs fois pour se faire accepter dans un Club.
Au moment où ses adversaires croyaient avoir cerné le parfait pigeon, il prenait soudain un risque inconsidéré pour gagner le jackpot à la surprise générale. Sa méthode était parfaite, mais difficile à reproduire sans danger.
Le jour où il gagna un million d’euros dans un cercle de jeu contrôlé par la mafia corse, il sut en regardant les regards des tenanciers et des autres joueurs qu’il était urgent pour lui de se faire oublier au plus vite. Il partit aux Antilles où il vécut plusieurs mois de ses talents.
Hélas, dans ces petites iles, sa réputation fut rapidement faite, on se méfia de lui, il ne trouva plus de partenaires, et dut finalement rentrer en métropole.
Nous étions en décembre 2007.
Dans l’avion de retour, ouvrant un magazine, il découvrit avec un vif intérêt le scandale de l’affaire de la riche héritière de l’ORÉAL, Liliane BETTENCOURT : François-Marie BANIER devint instantanément LE modèle à suivre. Séducteur et « homme à femmes », il savait faire.
Ne restait plus qu’à trouver la victime idéale…
Après plusieurs semaines à dépenser ses économies en fréquentant les clubs les plus huppés de la capitale, Louis fit enfin LA rencontre espérée, chez CASTEL, rue Princesse.
Au bar, se tenait une séduisante créature sirotant seule un Cuba Libre. Louis tenta sa chance. Elle s’appelait Sophia OBRECHT, célibataire, se déclarait suisse, héritière de BIOGIRL, laboratoire cosmétique au chiffre d’affaires à dix chiffres.
Le Jackpot en MAUBOUSSIN …
Et en plus elle était jolie, fière trentenaire.
S’en suivirent trois semaines de folies, grands hôtels, dîners aux chandelles, virées sur la côte. À la fin, Sophia demanda à Louis :
« C’est superbe, les grands hôtels, mais tu ne m’as jamais invitée chez toi…
Cela me ferait tellement plaisir… »
Le lendemain de cette nuit dans son appartement parisien, Louis se réveilla avec un solide mal de crâne. Sophia avait disparu.
D’instinct, il alluma son Mac, consulta son ordinateur : tous ses comptes bancaires avaient été vidés jusqu’au dernier centime, il ne restait rien de ses économies.
Beau joueur, Louis ne porta pas plainte, battu à son propre jeu.
Inutile d’alerter la PJ ou le fisc, il y avait trop à perdre.
Il ne lui restait qu’une chose à faire : retourner jouer dans les cercles de jeux interlopes corses de la capitale dans l’espoir de se refaire.
Trois jours plus tard, Patrick LEGRAS, pêcheur retraité de POISSY, découvrait son corps inanimé sur les berges de la Seine.
D’Elie (proposition d’écriture N° 145)
Le mensonge, la chenille d’une vie sans couvercle
Combien la vie n’est-elle pas précieuse ? C’est le meilleur cadeau de Dieu. C’est l’expression ultime de son amour à l’homme. La vie mérite que l’homme appréhende toutes les dimensions du bonheur pour soi et pour tous les semblables qui passent leur existence sur la terre. Ceci étant compris, la vie doit faire l’objet de l’éveil, de l’attention et d’un excellent soin au quotidien. C’est à juste titre qu’une parole de sagesse du peuple Ditamari, au nord-Ouest du Bénin, exprime cet adage disant : « Un vase sans couvercle expose son contenu à la détérioration due aux intempéries. »
Autrement dire, une vie livrée au gâchis au détriment des nobles intentions de son Donateur se perd. C’est ainsi que, par une matinée d’évasion, je me suis rendu dans la maison de Kossou, l’un de mes amis d’enfance.
Pour m’avoir retrouvé après dix-huit mois d’absence, c’était l’occasion pour mon cousin Kossou de concevoir une succession d’idées mensongères afin d’abuser de ma bienveillance. Par un tic qui consiste à se gratter la tête par sa main gauche et à frotter le nez par celle de la droite, mon cousin Kossou m’annonça qu’il avait été malade durant trois mois et que
son fils Sègnonan avait été braqué, puis blessé à mort.
—Mon frère, Elie, je souffre d’angoisse depuis plusieurs mois dans cette famille sans que je n’aie eu un accompagnement de nos frères dans notre famille.
Je ne pouvais m’empêcher de croire à ses propos, car personne, à en croire, n’était présent dans la maison.
Pendant que la discussion entre mon cousin et moi évoluait, nous avons entendu quelques bruits familiers de mon oncle et sa femme qui sortirent de leur maison. L’oncle Sossa prit la parole et s’adressa à moi, son neveu dans les termes que voici :
—Sossa : Le mensonge chez mon fils, Kossou n’est plus un fait ordinaire. On dirait qu’il a commis une profanation, un sacrilège contre les mânes de nos ancêtres. Aucun membre de notre famille n’a plus confiance aux paroles de Kossou. Tout en mon fils, et en tout lieu et sur toute chose, n’est qu’une nappe de vapeur nauséabonde qui s’est répandue sur les notables, les princes et les princesses de notre collectivité. La réalité sur la bassesse de Kossou se vérifie par les quelques faits que voici :
Il y a trois ans, Kossou a fait une semence mensongère au sein des foyers de nos enfants, Sourou et Dénagan. Que notre enfant Sourou a couché avec Sisignon, la femme de Dénagan. Pour cette raison, Sourou a quitté la femme. Et grâce à la sagesse et le dynamisme éprouvés de vos tantes, Saï, Akotègnon, et de votre oncle Zanmènou, le soleil de la vérité a projeté sa lumière sur ce problème qui a sali toute a collectivité.
Nous en étions à ce niveau quand quelques membres avisés de la famille étaient venus pour la circonstance. Parmi ceux qui se joignirent à nous, la tante Yèyinou, une octogénaire de son état, avait rassemblé ses énergies, puis se jeta aux pieds des dignitaires de la collectivité pour implorer grâces et réconciliation de toute la famille.
Tante Yèyinou : elle engagea ses propos en saluant d’abord la mémoire des grands parents comme Dandjinou, Oussou et Fassinou et bien d’autres. Aussi, elle se tourna vers les dignitaires en face et dit:
—Un adage populaire dit que le linge sale se lave à la maison.
La tante Yèyinou, une personnalité aux lèvres de laquelle se trouve toujours la sagesse, fut relevée du sol par Adoukonou, le chef actuel de la collectivité. Kossou, après l’intervention de sa grand-mère paternelle, se jeta aussi aux pieds des dignitaires de la famille et pleura en sanglots. Il avoua tous ses péchés et confessa à la famille qu’il avait menti sur le compte Sourou, parce que ce dernier l’avait réprimé et frappé sur un fait mensonger. Après qu’un châtiment corporel lui ait été donné, le souhait de la grâce et la réconciliation a trouvé un écho très fort dans les esprits des membres de la famille. Et dès lors, des dispositions sont prises pour la prise en charge de Kossou.
Quand les valeurs morales désertent des familles, les nations sont en danger. Leaders de l’éducation, œuvrez sans relâche. C’est la condition pour faire des familles justes et prospères.
De Sandra (proposition d’écriture N° 145)
Par une belle soirée d’été,
Sous un ciel étoilé
Enfin, voilà MON BAL de finissant
J’étais accompagnée par des amis de longue date.
Or, Amy, ma meilleure amie d’enfance, avait un nouveau petit copain depuis deux mois, Pierre. Il était irresponsable, grossier et très impoli avec peu importait qui se trouvait sur son chemin. Un gars intelligent, mais insignifiant. Nous dansions tous entre amis et nous avions du fun.
C’est un souvenir magnifique et mémorable qui marque la fin d’une étape. D’ailleurs, c’est noté dans mon journal de bord, soigneusement.
Mais pendant tout ce temps, Pierre but, but. Il fut ivre par la fin de la soirée et il s’entêtait qu’il voulait semer la bagarre dans la place et s’engueuler avec tout le monde. Finalement, Amy finit par le convaincre de s’en aller chez eux. Alors, les parents d’Amy le reconduisirent chez eux. Mais, tout le long du trajet, Pierre n’arrêta pas d’insulter les parents d’Amy et de blasphémer. Une fois arrivés chez eux, ses parents sont venus le chercher à l’auto. Son père, particulièrement, était en colère de la manière qu’il s’était conduit et l’engueula à son tour.
Le lendemain après-midi, mes parents ont fait une fête dans la cour arrière de chez nous. Ils avaient invité quelques amis. Puis, la température était parfaite. J’étais aux anges.
Il y avait des ballons un peu partout, des jeux, des chaises, des tables bien garnies de manger, avec des décorations de couleur orange, de la musique et un énorme cadeau- surprise au centre du parterre. L’atmosphère était plaisante et amicale.
Il faut que je vous dise que la couleur orange est une de mes couleurs favorites. Elle ravive l’espoir de la vie en général; c’est être prêt à faire face à de nouveaux défis.
Tout le monde se réjouissait, partageait, dansait, c’était la fête.
Quand soudainement, Monsieur Pierre pointa le bout du nez. C’est alors que tout a changé. Il brisa tout sur son passage, les chaises, les tables, le décor. Tout était arraché. Mon père se mit en colère, de sorte qu’ il l’assit sur une chaise, l’enrôla d’une corde et attendit l’arrivée des policiers.
De Françoise V (proposition d’écriture N° 145)
MENSONGE ET VERITE, un duo infernal.
Quand la Vérité tourne autour du Mensonge, le Mensonge se cache pour ne pas être découvert. Mais La vérité veut des preuves. Le Mensonge pris au piège doit en inventer. Il manipule. Il use de sa perversité pour justifier ses propos.
Elle et Lui s’affrontent dans une danse qui pourrait durer jour et nuit.
Ils ressemblent aux flammes enveloppant et léchant la bûche dans la cheminée pour atteindre le plus profond de leurs âmes. L’une désirant faire avouer l’autre, qui se confond en répliques improbables.
Pourrions-nous penser qu’ils se donnent la main ? Parlons-nous d’un duo ? Très certainement. Le Mensonge existe parce que la Vérité existe, et vice versa. Ils s’opposent, mais sont liés par leurs contraires. Ils s’attirent et se repoussent, comme le feraient deux amants qui se cherchent ou s’éloignent l’un de l’autre.
Les deux veulent le pouvoir. La Vérité veut avouer et faire avouer.
Le Mensonge transforme la réalité pour se protéger. La Vérité veut tout dévoiler en s’aidant de la réalité. Le Mensonge veut éviter de se remettre en question et cherche à se protéger.
Vérité et Mensonge ne se séparent pas. Ils ont besoin de l’un et l’autre pour se justifier, pour faire lumière sur une situation, un comportement. Ils jouent à cache-cache, provoquant l’un et l’autre. Un équilibre difficile à maintenir, chacun voulant avoir raison.
Mais la Vérité s’appuie sur des faits réels, alors que le Mensonge use de prétextes incroyables.
Ces deux-là sont infernaux.
Mais la Vérité est-elle toujours bonne à dire ? User de mensonges pour éviter des conflits, pour rester en paix, pourrait être une solution. Alors que la Vérité peut déclencher des débats dangereux, des disputes ingérables, inutiles, et des séparations.
Que veut-Elle, que veut-Il ? C’est la vraie question.
– Rester dans la paix et la bienveillance, vivre sereinement et en harmonie.
– Ou bien vouloir absolument dire la vérité par conviction personnelle et tout bousculer sous prétexte de clairvoyance ?
La Vérité permet cependant de comprendre des situations complexes, de les élucider. Le Mensonge, par contre, masque les vraies histoires et nous fait croire à d’autres histoires. Le Mensonge est l’ami du déni. Il le côtoie pour ne pas se questionner.
De Jacques
Le tricheur
Son nom était Zaungast Wolfred. Il était petit, assez mince avec un visage qui attirait la sympathie. Il passait inaperçu un peu partout, sauf au Casino de Kort. Zaungast était un tricheur. Toute sa vie, il avait étiré sa chance. À la petite école, il avait volé les réponses d’un examen essentiel pour poursuivre ses études. Doté d’une intelligence supérieure à la moyenne, c’était plus fort que lui. La triche était son dada, son péché, sa carence.
Rendu au collège, il avait continué sa quête de l’excellence frauduleuse. Il choisissait ses aides. À un examen d’anglais, il avait triché. Il regardait les réponses de son voisin et les corrigeait sur sa copie. Même s’il était excellent en anglais et prononçais les « the » parfaitement, c’était encore plus fort que lui. Égoïste, il n’aidait personne, seule sa réussite comptait par de remarquables notes aux examens. Que des examens. Parfois obligé de rédiger des travaux de recherches, il se liait d’amitié avec des anciens qui avaient fait les recherches avant lui et corrigeait les erreurs.
C’était un fou de la perfection. Lors de tempêtes de neige, il déblayait tout comme si rien ne s’était passé. Les bancs de neige étaient coupés au carré : 90º et pas moins. Il calculait tout. Il comptait les carreaux aux fenêtres, le nombre de pas entre l’école et chez lui ou le nombre de personnes qu’il croisait aller-retour entre le centre d’achats et son appartement.
Zaungast avait des trucs pour tout et rien. Il ne jouait pas aux courses, mais les cartes étaient sa spécialité. Pas encore à l’université, il avait gagné une petite fortune au poker contre des caïds qui ne s’en aperçurent que longtemps trop tard. Les pontes l’avaient cherché presque
interminablement, puis s’en étaient fatigués. Wolfred Zaungast s’en était tiré avec plus de peur que de mal. Toutefois, l’adrénaline du jeu et de la triche étaient les plus fortes.
Entrée remarquée à l’université, WZ, comme l’appelaient ses amis et victimes, était beau et charmeur. En amour aussi, il trichait et entretenait les cœurs de nombreuses jolies demoiselles. Il se servait de tous et de toutes pour arriver à ses fins. Le diplôme, mais pas n’importe lequel : les probabilités et les statistiques. Contrairement à son habitude, WZ avait bûché pour décrocher son diplôme. Il avait réussi avec mention. Cela lança sa carrière et beaucoup d’emplois s’offrirent à lui.
La triche était son loisir préféré. Il courait les casinos et testait ses méthodes. C’est alors qu’il se fit bannir du Casino de Kort. Bien évidemment, il apprit de ses erreurs. De méthodes en truquages, il amassa une fortune. Son travail ne lui apportait plus de satisfaction. Alors, il quitta son emploi pour faire des voyages. Il rencontra sa belle, son amour : Sirdi Ponia. Le poker l’attirait et il cherchait les endroits où jouer, mais jouer gros. Dans la ville de Kockarnica, il trouva chaussure à son pied. Il s’installa à la table. Devant lui, Txar Handia et d’autres personnages peu recommandables. WZ se lança. C’était l’explosion. Il gagna et gagna et gagna encore, toujours en trichant. Les autres joueurs n’y voyaient que dalle.
Par un samedi soir orageux, il perdit et perdit et perdit encore. Il emprunta quelques centaines de milliers de bogatstvo et les perdit les uns après les autres. Sa chance avait tourné. Menace après menace, il réussit un temps à semer les Balams Ubica de ce monde, mais ce qui devait arriver arriva. Verlobt, le tueur à gages de Txar Handia, à sa recherche depuis quelque temps, le vit tourner dans une ruelle (sûrement pour aller jouer). Verlobt le suivit et lui tira une balle dans la tête.
Dans le film sur sa vie, cette fin prévisible était accompagnée d’une musique d’Étienne Moulinié : « Airs avec la tablature de luth ». À la fenêtre de leur appartement, Sirdi Ponia attendit la venue de l’homme de sa vie. Une autre prise de vue montra le corps de WZ étendu dans une mare de sang avec des cartes qui sortaient de sa manche gauche et de la poche droite de son imper.
De Tavana
LE FANFARON
Tout au rien tel est ma devise
Réussir à n’importe quel prix
Impossible est un mot que je bannis
Ce qui compte c’est la gagne
Habilité et ruse son mon quotidien
Et à ce jeu je sais faire mieux qu’un politicien
Mythomane on dit de moi
Exagère dit on parfois
Ne voyant pas de quoi ils parlent
Inexacte sont leurs propos, mais quel importance
Raconter des histoires et plus faciles à vivre
De Lisa
C’est une femme simple et honnête
Plus personne ne la prendra pour une pouponnette
Elle s’est fait une promesse
Aucun macho lui prendra la tendresse
Ne triche jamais
Elle est si fragile
D’ être une femme autonome
Ne joue pas avec son coeur
Si tu es amoureux de cette demoiselle
Tu la protègeras comme Kevin Coster
Le macho se rend compte qu’il est fou d’elle
L’arnacoeur ne s’est plus s’en remettre
Ne triche jamais
Elle est si fragile
D’ être une femme autonome
Ne joue pas avec son coeur
Il va tout faire pour la reconquérir
Car il est fou d’elle à en mourir
A deux, ils vont franchir les murs
Et la triche peut reprendre ses valises
Ne triche jamais
Elle est si fragile
D’ être une femme autonome
Ne joue pas avec son coeur
De Martine
Elle ment comme elle respire. Non, ce n’est pas tout à fait vrai. Elle ment pour respirer, oui c’est ça. Le mensonge lui donne de l’air, un espace et un temps au sein desquels elle peut se retrouver, reprendre pied, pour ne pas s’abîmer, pour ne pas se perdre, pour continuer à exister.
Elle ne ment qu’à lui, celui auquel elle a pourtant promis vérité et transparence. Ironie du mensonge qui l’habille de cette transparence. Il pense qu’elle est là, sans se douter qu’elle est réfugiée au fond d’elle-même, invisible à ses yeux, habillée de diversions, de faux-semblants, un vêtement en tout point conforme à ses convictions à lui, à ce qu’il attend d’elle. Non ! À ce qu’il exige d’elle, mourir pour devenir sa marionnette. Ce vêtement, c’est sa création à lui, une sorte de miroir.
Elle a bien tenté de rester fidèle à ses convictions propres, de suivre sa logique, sa raison, ce que lui dicte son cœur, d’être tout simplement au monde avec ses valeurs, son goût des autres, ses désirs d’harmonie, de vie paisible. Cependant, comment ne pas être détruite par cette colère froide, cette rage toute puissante, cette voix basse et pourtant hurlante qui la réduit au silence, la tétanise, l’anéantit dès que la moindre divergence d’opinion se fait jour.
Alors, elle tait son avis, elle muselle ses arguments, elle fait violence à sa raison, elle l’abandonne dans sa folie paranoïaque, elle le voit s’égarer, rester au bord de la route dans ses convictions qu’il lui impose, dictateur de ses moindres pensées, de ses relations aux autres. C’est douloureux, elle a essayé maintes fois de donner une chance au dialogue, pour avancer ensemble, en vain. Mais elle n’en peut plus de ses dénigrements, de ses injonctions à se conformer à ses croyances, de ses tentatives pour annihiler sa volonté.
Ne pas lui offrir de raisons de l’atteindre, esquiver, ignorer le conflit qui couve, faire comme si.
Elle résiste comme elle le peut, elle est terriblement vivante sous son apparence trompeuse. Elle reprend son souffle dans les bulles de ses petits mensonges. Ils sont anodins, dérisoires. Cependant, ils sont vitaux, ils la protègent.
Ils lui donnent le recul et la force de s’affirmer, d’accomplir ce qu’elle estime devoir faire.
Perdu et isolé dans son monde rigide des règles qu’il édicte lui-même, déconnecté des autres à force de ne laisser place qu’à sa propre voix, il ne se questionne pas sur sa passivité, sur sa docilité. Il est trop loin de tout pour réaliser qu’au final, c’est sa voix à elle qui trace leur route. Si la vie était une comédie, elle pourrait dire : parle, parle, moi j’agis, je décide.
Elle ne veut pas penser au chemin qui reste à parcourir. Combien de temps, sera-t-elle capable de continuer dans cette voie de la duplicité ? Combien de temps lui faudra-t-il, à lui, pour réaliser que les fils de sa marionnette ne commandent rien ?
De Françoise V
Tricheur,
On dit que tricher n’est pas jouer,
La règle a été déjouée
La victoire a été programmée
Dans le but de vouloir gagner
Afin d’obtenir une récompense
Sur de faux talents volant la confiance
Tricher est une infidélité
Effaçant la loyauté
Cachant en secret
Des plaisirs que l’on tait
C’est rompre un serment
D’une promesse dite publiquement
Le tricheur est un menteur
Un poltron, un manipulateur
Un malhonnête, un truqueur
Un voleur, un mauvais joueur
Il faut s’en méfier, le redouter
Le soupçonner et s’en protéger
Il peut devenir traître
Pour afficher son paraître
Ses diplômes sont des faux
Présentés sur plateaux
On le crois vrai et sincère
Mais c’est une chimère
Le tricheur n’est pas fréquentable
Il n’a pas de courage, il est misérable.
D’Elie
La tricherie, un fléau obsessionnel présent dans la vie politique.
Le meilleur pour l’homme sur la terre, c’est de mener une vie intègre et dans un environnement salubre. C’est ce qui peut assurer la quiétude, la vie relationnelle franche, la santé et la prospérité. Mais, les acteurs de la vie politique, assujettis à des passions dévorantes, empruntent des voies illégales. Ces dernières entravent, par endroits, le processus des votes et l’épanouissement de la vie sociale au sein des peuples. C’est à propos de cette actualité que j’ai ranimé ma curiosité pour examiner la saison des élections municipales dans la commune de Todomè, en république des Atininkou. Je ruminais et analysais les faits des années précédentes et me posais mille et une questions. Assis sous l’ombrage luxuriant des palmeraies de la concession Tankpinou , je vis venir les amis quand Sali, Tounkpé, Bodjo et Tadegla, tous des amoureux de la vie politique dans notre commune. Quelques salutations pleines d’humour ne m’ont pas fait rire aux éclats. Je les ai fait asseoir et ma femme leur apporta de l’eau et du maïs frais grillé au feu. Après la dégustation, Sali, l’ancien maire de Todomè, introduisit l’objet de leur visite dans les termes humoristiques suivants :
—- Mes amis : Nous sommes à huit mois des élections communales et il urge déjà que nous montions nos stratégies si nous ne voulons pas laisser la commune aux mains des enfants irrespectueux qui se croient être les savants, et qui ne pensent même pas céder une place de considération ni aux notables et aux aînés qui ont posé les premiers fondements du développement de la commune de Todomè.
—- D’un ton grave, on pouvait discerner l’esprit de domination dont Tounkpé était animé. Il déclara de façon solennelle : nous déploierons tous nos efforts pour écraser ses petits aspirants à la vie politique, qui en réalité possèdent quelques brins de savoir mais manquent d’expérience pour l’avenir, donc pour notre commune.
Tadegla, notre émérite professeur, à son tour, prit la parole et jura par le ciel et la terre quand il dit :
—Nous nous donnerons pour mission de mettre nos éléments, les éléphants et les rhinocéros. Ce sont des jeunes braves, sages et agissants comme des Caterpillars quand cela est nécessaire. Ils s’évertueront à travailler dans nos villages pour cette cause. Aussi, nous allons mouiller les maillots avec des billets d’argent et des sacs de riz.
Le professeur a donné un appui qui alla dans le même le sens que Tounkpe et Sali.
—- Je pense que nous devrions aussi faire une réunion dans les meilleurs délais avec tous les membres de notre parti pour serrer les dernières vis de nos stratégies pour la victoire certaine.
Tous à l’unanimité se donnèrent rendez-vous pour la prochaine réunion au collège d’enseignement de la commune de Todome dans le département de Misité. Et pour bien acérer les décisions de la séance Bodjo, une femme politique dynamique reçut comme tâche de transmettre les courriers d’avance apprêtés à tous les dignitaires, les femmes politiques et les jeunes.
Le jour de la réunion politique précéda les campagnes des élections fixées pour le dix janvier 2022. L’Assemblée résolut d’utiliser toutes les voies de corruption, voire celles du mysticisme pour la cause noble.
Au jour tant espéré pour les élections, les hommes d’influence, le professeur Tadegla et l’ancien maire n’eurent pas la chance de gagner ces élections municipales.
Les résultats provisoires gravissaient en hauteur à la faveur de Toundé et Sanni, les adversaires du professeur.
Bodjo, face aux nouvelles informations, prit parole, puis se leva avec une allure héroïque et sut parler au cœur en disant :
—Je voudrais que Sali, notre ancien maire, qui connaît bien les rouages dans la vie politique depuis une vingtaine d’années, soit accompagné de nos amis, les éléphants et les rhinocéros pour rencontrer la commission chargée de gérer les élections. Nous mettrons à leur disposition au moins cinq millions de francs. Puis secundo, nous monterons nos machines mystiques pour anéantir et semer des confusions et causer des blocages aux adversaires.
Tounkpé, fier de lui-même, se leva et se porta volontaire pour ces missions.
Deux jours plus tard, la mission ut exécutée et reçut l’approbation des chargés des élections municipales.
Les résultats définitifs traînaient et diverses interprétations se répandaient dans toute la commune.
La troisième semaine déclinait et était sur le point de se faire succéder par la quatrième.
Vers les environs de dix heures, un vendredi, la commission des élections municipales arriva à la place publique dénommée ‘’ Aux enfants de Todomè morts pour la patrie.’’
M.Tadégla Joseph était élu nouveau maire de la commune de Todomè.
Les soupçons avaient circulé. Les bulletins de vote des véritables gagnants avaient été substitués par ceux des perdants.
Nous sommes dans un monde où ceux qui sont faibles deviennent les plus forts.
La justice a perdu sa force dans un monde où règne l’anarchie. Quel avenir réservons-nous aux générations qui nous succèdent ? Accepter de se mettre en cause. Réfléchir mieux afin de marcher sur les voies de la piété, la justice et l’amour du prochain.
D’Asma
Une enseigne en saigne !
Elle a toujours rêvé d’être une enseigne qui éclaire les sentiers de vérité à ceux qui aspirent au bonheur, à la sagesse et à la sérénité.
Rêve accompli ! Jasmine découvre la réalité qu’elle a toujours niée : il faut saigner pour enseigner… Etre une sentinelle alerte, pondérée et brave pour faire face aux défis auxquels elle se heurte chaque année… pour ne pas s’enliser dans les sables mouvants des administrations et des politiques insaisissables, telles un mirage de désert.
Sa journée se divise en deux temps particuliers: pendant le premier, elle apprend à être “élève”, spontanée et candide, elle ouvre son cœur à ses apprenants. Chaque fois qu’elle les rencontre, elle leur offre un gracieux bonjour coloré d’une rose de joie, une orchidée d’amour, une tulipe de réussite et un Lys de plénitude…
Elle erre, frêle dans l’océan instable de leurs regards, pour remodeler les cristaux brisés de leurs âmes sensibles, espérant leur ouvrir les yeux à nouveau sur la beauté des petites choses.
En second temps, elle essaie en toute simplicité d’être une bonne élève…
—Etes-vous d’une autre planète ? répliqua un jour l’un de ses étudiants téméraire… souriant mais aux tréfonds, abattu et épuisé… dressant son bouclier d’ignorance face à la sérénité d’une science consciente !
Jasmine, le cœur gros percé de douleur, reconnaît sa défaite. Ses mots n’étaient pas à la hauteur de ses maux et de ses ambitions. C’est une autre victime d’une société qui se désocialise… une victime de la culture de peur et de soumission… un peuple qui agonise dans le matérialisme y sacrifiant son humanité…
Hélas ! Un autre stéréotype fallacieux… mais elle croit intensément au pouvoir des mots. Jasmine résiste.
Le jour de l’épreuve, elle ne peut retenir ses larmes en contemplant ces tristes épaves. L’espace insoucieux les étreint, le temps les égare… les effraie. Il accentue avec une acuité terrible la présence non souhaitée des enseignants qui les entourent.
La triche à l’ancienne fait son apparition !
Quel gâchis ! Au lieu de se préparer et en être fiers, ils diversifient leurs stratagèmes farfelus à duper les surveillants !
Dorénavant, ils ont tellement peur d’échouer, non parce qu’il ont un rêve ou le désir d’apprendre, mais juste parce que leur gloire dans les réseaux sociaux compte plus que l’épanouissement de leurs personnalités… mieux que leur bien-être.
Jasmine, émue, veut réagir quand l’énoncé spontané et brusque de son collègue vient suffoquer ses attentes :
—Madame, je vous prie, ne mettez point les bâtons dans les roues de la démocratie
—!!?..
Elle l’a bien vu! Ce sont juste des clichés qui se reproduisent machinalement.
La jeune enseignante se tait. Elle agit , aiguisée, ne voulant point être mise au pas par la bride.
La morale !? Ne fait plus partie de leur dictionnaires usé.
La nuit venue, elle redevient le rêve, la vie …et la mort. Puis, elle s’engloutit dans le silence profond de la nuit pour se purifier l’âme et l’esprit.
De Dominique
Le jeu en vaut-il les trente-six chandelles ?
Arrivé à la maison, Sam montre les photos compromettantes à son épouse.
— Regarde, les faits sont là, et tu ne pourras pas dire que tu n’as pas été prise sur le fait… Qu’as-tu à dire devant ces preuves ?
— Oui, c’est bien moi, c’est bien lui, c’est bien nous, je reconnais tout ! De toute façon, il était temps que cesse cette vie de mensonges. Sam, c’est fini entre nous.
Groggy par cette annonce, il bafouille un — mais pourquoi ?
— Tu ne vis que par ton métier de détective, moi je n’existe plus à tes yeux. Tu n’es jamais là et, quand tu rentres, je n’entends parler que de tes enquêtes et de tes préoccupations. Depuis combien de temps n’est-on pas allé au restaurant tous les deux ? Tes réunions, tes planques, j’en ai assez, et à quand remonte le dernier bouquet de fleurs que tu m’as offert, peux-tu me le dire ? Tout est fini et je m’en vais dit-elle, en claquant la porte.
Puis, c’est le silence lourd, insupportable. Sam, sous le choc, s’effondre sur le canapé. Que faut-il faire à présent, rester là à ruminer sur son sort ou, lui courir après et tenter de réparer ce qui peut l’être encore ?
Sa décision est prise. Il se lève et va directement vers le tiroir de son bureau, il l’ouvre. Sa main se dirige vers son “colt Cobra”. Mais, ce n’est pas sur lui qu’elle se referme. Il prend la pleine enveloppe de billets de cinquante euros qu’il avait économisés pour leur prochain voyage et, la glisse dans sa poche revolver en bougonnant :
— Elle l’aura voulu.
Au volant de sa vieille voiture orange, il allume son autoradio en prenant la direction de la banlieue périphérique. Bob Marley lui tiendra compagnie jusqu’à la “cave”. Certes, c’est un endroit un peu glauque mais, on peut y jouer à la roulette, au rami, au poker. Seuls les initiés y ont accès.
Nous y voilà, encore quelques marches à descendre au bout de ce couloir sombre et c’est la salle de jeux.
Après une fouille au corps et une vérification de la “solvabilité” du client, le sbire de service introduit Sam le conquérant dans l’antre du plaisir. Là, le détective en dilettante salue quelques relations “douteuses “, composées de quelques-uns de ses indics ou de potes de mauvais aloi, croisés au gré de ses pérégrinations d’enquêteurs.
Il repère au fond de la salle une table où l’on peut jouer au poker.
— Je peux me joindre à vous Messieurs, demanda Sam ?
— Approche mon gars, mais on ne joue pas pour des “petits pois”, on mise pour du sonnant et du trébuchant ! Tu as ce qu’il faut ?
– J’ai ce qu’il faut, dit Sam en sortant les billets de sa poche.
—Barman, une bière fraîche s’il te plaît, j’ai une de ces soifs et la soirée risque d’être longue !
Le donneur prend les cartes, les bat, les coupe et les trie, le jeu peut commencer.
Les premiers tours sont à l’avantage du détective qui rafle les mises comme un “mort de faim”.
— Tu as une chance de “cocu” mon gars, lui dit un joueur dépité, fais attention à ta femme. Des cornes vont te pousser !
Sans répondre, et pour cause, Sam ramasse les gains.
— Joue et tais-toi, lui dit-il, et ne parle pas de chance, elle n’offre jamais rien, elle prête seulement ! Elle fluctue, elle est capricieuse et change d’âne selon son bon vouloir.
Les bristols sont face à lui, il les soulève sans les décoller de la table et voit se dessiner deux paires.
— Ma foi, c’est une belle main, je mets le fric sur le tapis.
Mais, au moment de découvrir la donne, c’est la déconvenue.
— Carré de dames, dit son adversaire, tout sourire en ramassant le pactole.
Dès lors, c’est la lente descente aux enfers, son ange gardien l’abandonne et ses billets fondent comme neige au soleil. Le limier perd pied. Des sueurs froides lui parcourent le dos. Pourquoi est-il venu se fourvoyer dans cet endroit aussi peu amical ?
Qu’est-ce qu’il a voulu se prouver en venant ici ? Assouvir sa vengeance ? S’autoflageller ? Ou n’est-il venu ici que pour montrer qu’il est un sacré “imbécile”? Te voilà dans de beaux draps maintenant, et comment s’en sortir sans trop de dégâts ?
C’est alors que “Dieu et diable”, de connivence, s’associèrent comme deux larrons en foire pour lui torturer l’esprit.
Dieu : ” tu ne vas pas te mettre à tricher quand même ? “
Satan : ” vas-y Sam, sors leur un as de ton chapeau ! “
Dieu : ” Tricher une fois c’est tricher toujours !”
Satan : ” Rien qu’un as dans ta manche et ni vu ni connu !”
Dieu : “tu ne l’emporteras pas au paradis Sam !”
Satan : “De toute façon, tu vas t’ennuyer au paradis !”.
— Je n’ai pas le choix, je dois me refaire, songea-t-il, ou c’est la ruine, la paille pour le reste de mes jours.
C’est alors qu’une idée lui vint.
— C’est ma tournée Bernard, prend les commandes s’il te plaît !
Subrepticement et, en profitant de la diversion ainsi créée, l’as de trèfle laissé sur le tapis se retrouve sur ses genoux. L’adrénaline lui brûle le sang, personne n’a remarqué la manœuvre audacieuse.
Les joueurs, verres à la main, trinquent à la santé de Sam. Une nouvelle partie commence, on ramasse les cartes, on bat les cartes, on distribue les cartes.
— J’ai un as de trèfle bien au chaud, pensa Sam, ça peut servir !
En ouvrant son jeu comme un bel éventail, carte après carte, une jolie couleur s’étale devant ses yeux ébahis. C’est de bon augure ; il fait son annonce, c’est le jack pot.
— Quinte flush royal à l’as de trèfle s’exclame-t-il !
C’est alors que son adversaire direct renchérit :
— Carré d’as !
Les joueurs attablés se regardent avec consternation.
— Comment diable peut-on sortir cinq as dans le même temps, s’écrie le caïd de la table ?
D’un geste large en direction de ses deux gorilles, genre “Lino Ventura”, il ordonne alors l’évacuation “manu militari” des deux félons qui se retrouvent le nez dans le ruisseau.
Sam, la lèvre boursouflée, cherche alors son mouchoir dans sa poche revolver afin d’éponger le sang qui lui coule de la commissure.
Il en ressort une enveloppe désormais vide, écrite de quelques mots : “our notre anniversaire de mariage”.
De Claude
LE GRAND ICARE
L’avion commençait à perdre de l’altitude et la panique s’emparait des passagers. Hervé V…, le commandant de bord, avait pourtant bien, au départ de Roissy, donné le ton de ce voyage de plus de huit heures vers Fort-de France, en faisant annoncer par son copilote le message suivant : « Bonjour à tous, nous avons une personne qui vole pour la première fois aujourd’hui et c’est aussi son 40-ème anniversaire !” (Applaudissements des passagers). “Souhaitons tous un joyeux anniversaire à notre capitaine !”. Mais, à une heure de l’arrivée, les conditions climatiques se détériorent soudain (la météo prévoit un ouragan). L’équipage ne maîtrise plus l’aéronef.
Le commandant de bord, fébrile, agit de façon désordonnée et son copilote est incapable de réagir. La tour de contrôle hurle des ordres qui restent sans effet. L’avion finit par s’abîmer en mer. 130 victimes.
Pourquoi suis-je peiné par la perte de mon ami Hervé, mais pas vraiment surpris d’apprendre cette terrible nouvelle ?
Hervé, c’est un camarade de classe et nous nous fréquentons encore assidûment aujourd’hui. Il aime les fêtes, sortir avec les filles, et n’hésite jamais à se vanter de sa réussite professionnelle. Je lui sers de confident.
Mais quel besoin avait-il de me confier qu’il était fou amoureux d’une hôtesse et qu’il n’envisageait jamais de piloter un avion sans elle ? Excès des ailes ?
De même, il me racontait dans le détail, et sans rougir, toutes les façons qu’il avait de tricher aux examens. Bien sûr, les classiques antisèches sur les mains, voire sur les ongles, l’étiquette de la bouteille d’eau (autorisée aux examens) mais aussi des techniques plus « high tech » utilisant une calculatrice électronique ou une oreillette tout à fait invisible. Il m’avoua un jour qu’il n’aurait jamais obtenu son diplôme de pilote sans l’aide d’un complice (un pilote confirmé) avec lequel il communiquait grâce à un microémetteur. Une technique digne d’un film d’espionnage ! J’avais fait un Bond en apprenant cela.
Pourtant, alors que nous étions en terminale, après un contrôle de sciences naturelles où nous avions tous les deux rendu copie blanche, il s’était montré inquiet à l’idée que le professeur puisse penser qu’on avait copié l’un sur l’autre !
« Tricher c’est permis, c’est se faire prendre sur le fait qui est interdit » ou encore : « Je ne triche pas, j’augmente mes chances d’avoir une bonne note », me disait-il en guise d’excuse.
Il était maître dans l’art de la triche. J’irais même jusqu’à dire que c’était de la haute triche et, dans son cas, une triche de haut vol.
Cependant, pas un seul instant il n’avait songé aux conséquences tragiques que sa fraude (car c’en est une) pouvait avoir. Il l’a payé de sa vie et a malheureusement entraîné avec lui une centaine d’innocents qui ne sauront jamais pourquoi ils sont montés au ciel, tout en plongeant dans les profondeurs de l’océan.
Heureux qui comme l’hélice à fait un beau voyage !
A la réflexion, notre société n’a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité dans cette catastrophe ? L’esprit de compétition et la culture de la performance ne se traduisent-elles pas par l’idée que tous les coups sont permis et que seul compte le résultat ?
Il fut un temps où, à l’école primaire, la leçon du matin commençait invariablement par une leçon de morale. Ces temps sont désormais révolus, mais si les élèves trichent, c’est parce que le système scolaire met plus en valeur le fait de réussir que le fait d’acquérir des connaissances. L’interdiction de participer à tout examen de l’Éducation nationale pendant 5 ans au maximum (bac ou postbac), assortie de l’interdiction de s’inscrire dans un établissement public du supérieur pendant 5 ans, n’a jamais dissuadé qui que ce soit de tricher au baccalauréat !
Il faut pourtant reconnaître aussi qu’il est parfois nécessaire de mentir et de tricher pour préserver son amour-propre. Dans le monde politique, la triche, en dépit de commissions de contrôle diverses, notamment de la « Haute Autorité pour la transparence de la vie publique », prend la forme de pots-de-vin, d’arrangements entre politiciens de tout poil et organismes de toutes sortes. Les « emplois fictifs », très tendance, ont quant à eux, porté préjudice à tous ceux qui visaient des postes importants.
On assiste ainsi, ébahis, à des démissions de ministres qui avaient « oublié » de déclarer l’intégralité de leur patrimoine ou omis de mentionner leurs avoirs dans des paradis fiscaux. Il est même arrivé que « La Petite Maison dans la Prairie » se transforme en « Petite Prison dans la Mairie ». L’éthique (les tics ?) serait-elle en perdition ?
Tricher aux cartes porte généralement moins à conséquence car comme le faisait remarquer Marcel Pagnol : « Si on ne peut plus tricher aux cartes avec ses amis, ce n’est pas la peine de jouer. »
De Sandra
Enfant unique, le susnommé Charles est né dans une famille anglaise. Dès son jeune âge, Charles a fréquenté des écoles privées. Actuellement, il étudie à l’université, en science pour devenir un chimiste.
Évidemment, que dans la faculté où Charles va, la tricherie n’a pas sa place, puisque les règles sont bien claires et précises. De même que la direction exige que les élèves les suivent à la lettre. C’est une école sous surveillance et très stricte. Ses parents aujourd’hui sont tous les deux retraités. Sa mère était professeur d’histoire et se consacre maintenant à être autrice et créatrice de photos d’amateur. Son père est tout un personnage : artiste, scénariste, humoriste, tout à fait sympathique et généreux de son temps. Aussi, il est un excellent maire de son village, cela depuis huit ans et ça continue.
Bien sûr, que les conséquences sont grandes, un zéro immédiatement. S’il y a tricherie, en plus, il faut qu’on l’attrape la main dans le sac. Seul le directeur peut décider de le mettre à la porte ou lui donner une autre chance.
Charles est un élève travailleur. Il étudie et pratique dans le laboratoire des heures et des heures, d’autant plus que la fatigue s’accumule très facilement.
Noël approche, de même que la période d’examen. D’ailleurs, pour Charles, c’est un temps où il perd son assurance, étant donné qu’il devient très anxieux et agité. Quelquefois, il perd le contrôle de lui-même et fait des folies qui ne lui ressemblent pas. Oui, cette période est très intense.
Évidemment, Charles est affecté, il dort peu et mange peu. La veille de son dernier examen de chimie, il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Le lendemain matin, il est très nerveux, il a un gros mal de tête et un méchant trou de mémoire. Puis décidément, il a trouvé comme porte de sortie d’écrire les réponses sur ses bras. Il porte un chandail à manches longues, de cette façon personne n’a rien vu. Arrivé à son examen, il s’assoit, s’installe et tout doucement, il retrousse sa manche et il transcrit ses réponses sur le papier.
Or, vu qu’il était un élève doué, personne ne lui prête attention, alors on ne le suspecte pas. Hourra! Monsieur Charles a réussi carte sur table.
Finalement, tout va bien et finit bien pour accueillir la nouvelle année.
Poème de Laetitia Bighetti, « Nous étions le monde », proposé par Francoise T (hors proposition d’écriture)
Jusqu’à ce qu’on se vautre,
Une histoire profonde,
Dans le regard des autres,
Nous étions le monde,
Dans mon cœur meurtri,
Aux mille et un éclats,
Nous étions l’infini,
Qui croule sous tes pas,
Non, ce n’est pas un drame,
Il reste l’incassable,
L’allégresse de nos âmes,
Elle, intarissable,
Malgré ce court-circuit,
D’amour dans la matière,
Qui frôle l’ombre de la nuit,
Et l’envol de l’éphémère.
Ces thématiques pour l’atelier d’écriture m’ont été inspirées de comportements étonnants de personnes qui se permettent de juger.
Je vous donne 2 exemples récents qui me sont arrivés.
J’ai récemment acquis un vélo électrique pour mes trajets de courte distance, notamment pour me rendre au travail. A la médiathèque où je me rends habituellement pour emprunter des livres, j’en fais part à l’employée, qui voit mon casque.
Réaction: “c’est de la triche, ça”. !!!
Vous pouvez imaginer la tête que j’ai fait à son discours éloquent. Nous sommes alors un grand nombre de tricheurs en France et ailleurs. Et en quoi ça embête les gens que je n’ai plus envie de faire des efforts pour gravir les côtes! A mon âge!!
Autre exemple.
Un dimanche ensoleillé de l’automne sur la côte atlantique, mon conjoint et moi arpentons le sentier des douaniers avec notre chien, que je tiens avec le harnais. C’est un jeune chien de 25 kilos, donc il tire beaucoup. Je trottine presque à sa suite. Nous dépassons un couple avec sa fille, marchant à une allure plus académique que la nôtre.
Commentaire du mari: “c’est de la paresse!”. Je ne savais pas que suivre l’allure rapide de mon chien, c’était de la paresse, chien que j’ai adopté en juillet dernier. Je me trouve plutôt sportive à l’allure à laquelle il m’oblige à marcher, étant donné que ça s’apparente plus à du cani-rando qu’autre chose. On ne peut rien faire contre la bêtise, que voulez-vous! Ca me fait au moins 2 anecdotes à raconter à mes chers amis et chères amies de la plume, répartis dans le monde entier. A tous les gens qui râlent, qui se plaignent en permanence, qui jalousent les autres, je tenais à dire quand même, qu’en France, nous vivons en paix, avec un toit, nous mangeons à notre faim et notre sort est enviable. Je vous souhaite une belle semaine, sans doute de préparatifs de Noël.
J’attends vos textes pour la proposition d ‘écriture N° 147. Encore une proposition et les vacances pointeront le bout de leur nez!
Portez-vous bien et prenez soin de vous, avec tous les virus qui traînent!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE