Vous avez été nombreuses et nombreux à exprimer votre gratitude dans la proposition d’écriture N° 153.
La gratitude, ce n’est pas simplement de grands mots ou de grands actes. C’est aussi respecter les uns et les autres, les accepter tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts.
C’est aussi s’accepter soi pour pouvoir grandir et évoluer, au service des autres.
Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.
D’Aline
« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ».
A cette époque, les transactions financières ne se faisaient pas en ligne. Les assureurs passaient dans les maisons, pour encaisser le montant des primes d’assurance. Monsieur J-J C. était un de ceux-là. J’étais enfant, puis adolescente. Il venait tous les trimestres chez mes parents. Il passait un long moment à boire un café, en discutant de tout et de rien avec mes parents, qui parlaient très mal le français. Ils avaient fui la guerre civile d’Espagne, à 15 ans pour mon père et 18 ans pour ma mère. Monsieur C. appréciait beaucoup d’échanger avec moi… et moi avec lui. Nous parlions de littérature, de philosophie et de psychologie. Lorsque j’ai eu 15 ans, dans une de ces conversations, il m’a dit : « vous devriez lire “Le développement de la personne” de Carl Rogers.»
Dans une grande confiance, j’ai suivi son conseil et je lui en serai reconnaissante à jamais.
J’aimerais exprimer ma gratitude à ces deux hommes, qui sont reliés par une pensée commune : Monsieur C. et Carl Rogers, psychothérapeute humaniste.
Ils ont changé ma vie.
Monsieur C. m’a montré l’art de l’écoute. Dans nos échanges, je me sentais comprise et respectée dans ce que je vivais et ressentais. J’aimais la douceur de sa voix, le calme qui émanait de lui. Monsieur C. était pour moi très sécurisant. J’étais heureuse qu’il aime passer du temps à parler avec moi : je me sentais valorisée. Je pense à Christian Bobin et sa définition des anges : un ange n’est pas cette créature ailée, blanche qui nous attend dans le ciel et nous protège sur cette terre. Non, pour Christian Bobin, un ange est une personne, un événement, une rencontre qui nous remet sur notre chemin et nous ramène à l’essentiel. Cet ange peut être parfois brutal. Il peut être souffrance : une rupture amicale ou amoureuse, un deuil, un accident, une maladie. Mon ange à moi, Monsieur C., était d’une extrême délicatesse. C’est bien pourquoi je pouvais lui faire confiance et le suivre dans ses indications de lecture. Je ne serais pas aujourd’hui celle que je suis, sans cette rencontre. Elle a déterminé mon orientation professionnelle, vers un métier dans lequel je m’épanouis encore aujourd’hui.
Merci à vous Monsieur C. !… Mille mercis. Là où vous êtes maintenant, j’ose vous espérer en paix. Vous avez apporté du bien, du bon et beaucoup d’amour autour de vous, dans votre vie terrestre.
Je ne vous oublierai jamais.
J’ai lu avec passion « Le développement de la personne » de Carl Rogers. A lui aussi, je dois beaucoup… si ce n’est presque tout !
J’avais quinze ans et j’étais le vilain petit canard de la famille, depuis ma naissance. Il faut dire que l’identité de mon père reste un mystère pour moi. Un secret de famille, qui m’a été violemment révélé lorsque j’ai eu 50 ans. Pas du tout pour me faire du bien, croyez-moi.
Après cette lecture, une évidence m’est apparue : j’avais le droit d’être qui je suis. Une révélation, un soulagement presque enivrant, m’habitaient alors.
Carl Rogers (1902-1987) était le chef de file des thérapies humanistes. Il a, le premier, théorisé trois attitudes fondamentales, dans l’écoute centrée sur la personne venue demander de l’aide :
– l’empathie, qui permet de comprendre l’autre comme si on était à sa place.
– le regard positif inconditionnel posé sur lui : non pas sur ses actes, mais sur ce qu’il est en tant qu’être.
– la congruence du thérapeute, qui cherche l’accord entre ce qu’il ressent, pense et exprime à la personne venue demander son aide, s’il estime que ce partage lui permettra de trouver sa propre congruence, c’est-à-dire son accord avec lui-même.
Je pense que chacun aimerait être écouté et compris à cette hauteur. Non ?
Carl Rogers a été suivi dans sa pensée puissante et positive par de nombreuses écoles du domaine de la psychologie. Il s’est très tôt démarqué de la pensée freudienne. Carl Rogers pensait que l’homme est fondamentalement enclin à la solidarité, à l’échange, à la bienveillance, à l’authenticité, à l’amour des autres. Seule une éducation ou un accident de vie éloignent certains de ces valeurs universellement partagées.
Personnellement, c’est pourquoi je suis infiniment reconnaissante à Carl Rogers. Je l’honore pour m’avoir appris ces trois attitudes. Je les ai intégrées aussi bien que possible, pour vivre à travers cette manière d’être en relation, tout d’abord avec moi-même et bien évidemment avec les autres. Parce que j’y trouve une sagesse et un apaisement merveilleux à ressentir. Incontestablement, j’ai rencontré ainsi la liberté. Non pas la liberté de faire tout ce que je voudrais pour mon bon plaisir, mais la liberté de choisir ce que je fais, à partir de mon propre ressenti. La liberté sans « il faut », « tu dois », ces diktats venus de l’extérieur qui nous éloignent de nos valeurs et nous mettent dans un conflit intérieur. L’accord avec moi-même plutôt que le désir d’être satisfaisante pour ce qu’on attend de moi… et toujours dans le respect de ce que pensent et vivent les autres. Chaque jour, je m’efforce d’être dans cette philosophie existentielle. Je tends vers… même si comme chacun, je me trompe, j’échoue. Puis l’autre reste l’autre. C’est la rencontre de l’altérité. Les bonnes relations se font à deux, me semble-t-il.
Oui, j’ai pour Carl Rogers, une gratitude infinie. Il m’a tout enseigné. Il m’a appris que je pouvais faire confiance à ce que je ressens, à me laisser guider par ce ressenti. Il m’a appris que je pouvais me reconnaître dans ce que je suis de bien ou de beau. Il m’a appris le respect de moi-même. Il m’a appris que je pouvais être aimée telle que je suis. Il m’a appris l’affirmation, l’estime et la confiance en moi. Il m’a appris que j’avais beaucoup d’amour à donner.
Son héritage est inestimable. Il m’a légué une force intérieure… pour être à l’écoute de mes besoins fondamentaux, pour actualiser mes ressources, pour épanouir mon être profond.
Comment pourrais-je renier cette certitude qui est la mienne : je lui dois beaucoup, bien plus que je ne saurais le dire. ?
Carl Rogers, vous avez toute ma reconnaissance et mon amour éternel.
Votre Aline
De Pierre
Ce témoignage est celui d’un homme de ce siècle à l’approche du passage d’un monde à l’autre :
« Au crépuscule de mon existence, avant d’accomplir un dernier grand voyage et j’en ai fait un certain nombre dans ma vie, ma gratitude, je l’exprime en m’adressant au très haut celui qui doit m’accueillir et en le remerciant en premier lieu de m’avoir permis de vivre si longtemps dans un confort relatif, loin des tourments qui agitent ce pauvre monde, mais je lui en veux de m’avoir enlevé des êtres chers.
Je suis plein de gratitude pour ma petite femme, une fleur fragile qui m’a quitté le jour d’avant le nouveau millénaire après trente-quatre années de vie commune aux cours desquelles nous pûmes fonder un foyer et élever nos deux enfants qu’elle m’offrit malgré sa santé fragile. Je la remercie aussi de m’avoir supporté au cours de ces années car je n’étais pas d’un caractère aisé, rongé un peu par des obligations professionnelles, qui à certains égards, ne m’ont pas permis de profiter pleinement de ma vie familiale.
Je suis plein de gratitude envers mes parents, ma maman, ayant eu un parcours de vie qui ne correspondait pas forcément aux préceptes du temps. Mon père parti relativement jeune, je ne le connaissais pas bien, il était là sans y être, travaillant de nuit, dormant le jour, mais c’était un être bon. Mes parents, je salue leur courage et leur obstination face aux difficultés de l’époque, la guerre, l’après-guerre et grâce à leur travail pénible et soutenu, ils ont pu nous élever, nous nourrir ma sœur et moi et prendre en charge neveu et nièce ayant perdu leur maman. En ces temps-là, l’argent social n’existait pas, ou très peu.
Mes enfants, cadeau de ma petite femme, je les aime, je suis fier d’eux et reste à leur côté malgré les distances qui nous séparent. Mes petits-enfants, bien dans leur « godasses » et en bonne santé, heureux de me voir et d’échanger malgré les différences d’âge, je les remercie aussi.
Les animaux, je les respecte et je les aime ; j’en ai toujours eu depuis tout jeune. J’apprécie leur présence et leur silence qui m’apportent un certain réconfort et aussi un sentiment de sécurité.
J’exprime ma gratitude envers tout celles et ceux qui m’ont soigné et qui m’ont accompagné au cours de mon existence et ma vie professionnelle.
Le monde d’aujourd’hui est dur, c’est un monde brutal comme celui d’hier d’ailleurs avec les millions de morts durant toutes les guerres. Aussi, je remercie celles et ceux faisant preuve de clairvoyance, d’humanité, de sagesse, qui œuvrent pour que le droit à la vie soit respecté car la vie est le don le plus précieux et elle est irremplaçable.
La terre, notre planète terre en danger de mort, il faut encourager et remercier celles et ceux qui consacrent leur existence à la sauver. Enfin, j’exprime ma gratitude envers les livres et leurs auteurs qui m’ont apporté connaissances et capacité de raisonner, à moi qui suis un autodidacte toujours en recherche de quelque chose, de mon « Graal ».
La vie est courte et il faut se consacrer à l’essentiel des choses de l’existence, au partage de ses connaissances et de ses richesses pour le bien de tous sur cette terre, mais aussi pour soi-même ».
Voilà ce qui m’a été rapporté.
D’Hélène
Les bruits de la rue montaient à sa fenêtre, des enfants riaient dans la cour de l’école adjacente, une femme parlait fort sur le parking, un parechoc frotta contre le dos d’âne, et d’autres, moins plaisants, provenaient du couloir en se glissant sous sa porte de chambre. Il reconnut le crissement du chariot de petit déjeuner, les pas précipités des infirmiers, et soupira d’ennui. Il n’avait plus envie de regarder la télévision, il l’avait assez vue ces dernières semaines. L’an dernier, lorsqu’il s’était retrouvé à cette même place, pas dans la même chambre mais une très similaire, avec plus de tâches sur le papier peint bleuté, il avait tué le temps en montant dans sa tête des projets, tel un prisonnier visualisant sa sortie. Rien de bien folichon, mais pour lui, c’était la vraie vie : un restau, une visite au zoo (il adorait les zoos et paradoxalement adorait les animaux), embrasser sa femme, passer une main dans les cheveux de sa fille. Aujourd’hui, il n’était plus temps de dessiner un avenir qui n’arriverait plus, c’était terminé. Il attendait son heure, simplement. Les médecins, à tour de rôle, déambulant devant sa couche, avaient beau le bercer de pâles illusions, il savait, et ce n’était pas si grave. Après tout, il fallait bien en finir un jour. Tout le monde devait passer par là, plus ou moins tôt ; et il avait eu le temps de le faire, ce dernier resto, ce dernier zoo, ce dernier baiser, cette dernière caresse. Il avait coché toutes les cases et pouvait s’estimer heureux, cette chance était loin d’être donnée à tous. Il ferma les yeux et emplit ses poumons de l’air saturé d’alcool, de produits d’hygiène. Et partit. Le cœur léger.
Tout d’abord, ce fut comme une chute brutale dans un abîme de douceur cotonneuse, comme s’il s’enfonçait dans son matelas, un matelas infini, à moins que ce ne soit lui qui soit devenu tout petit, mou, élastique. Puis, il s’éleva lentement, tiré par un fil fixé juste au-dessus du nombril, le dos cambré, les bras et les jambes ballottant agréablement. Il inspira de nouveau profondément et attendit qu’apparaisse la lumière au bout du tunnel et, à travers celle-ci, les mains et les bras des disparus qu’il avait tant aimés, son oncle, son père, et même, l’espérait-il naïvement, tous ses animaux. Mais la lumière n’apparut pas, les bras ne se tendirent pas, et à la place d’un bien être paradisiaque, un petit quelque chose vint lui picoter le fond de l’estomac. Une petite pointe de métal froid, un goût aigre de remord. Tout n’était pas terminé pour lui, il avait encore une dernière chose à accomplir. Une toute dernière. Il ouvrit une bouche et des yeux immenses, inhala tout ce qu’il put, air, lumière, couleurs, images. Il était de retour dans sa chambre d’hôpital. Ce n’était pas pour tout de suite.
Son index tremblant s’écrasa contre le bouton rouge pendant au bout de son fil contre l’accoudoir. Une infirmière, jolie mais sentant fort la cigarette, entra en souriant, lui demandant si tout allait bien. Il lui demanda un téléphone et un annuaire. Quand elle le lui apporta, il sanglotait. Elle ne comprit pas, lui essuya les yeux, le rassura, et s’assit à côté de lui, lui tenant la main lorsqu’il composa le numéro, les yeux rivés sur le bottin. Il leva le combiné à son oreille, bredouilla. L’autre au bout n’eut pas l’air de comprendre, alors il réitéra. Lorsqu’il entendit les larmes au bout du fil, il raccrocha, souriant. Il posa sur l’infirmière un dernier regard, et ne la lâcha pas des yeux lorsqu’elle quitta sa chambre pour remettre à sa place l’appareil et l’annuaire. Alors, seulement, il referma les yeux.
D’Inès (proposition d’écriture N° 152, parler de son pays)
Tradition africaine
Je me promenais calmement dans cette ville africaine appelée la ville d’Alkebulan.
Une ville ancestrale qui a su développer des traditions et croyances très ancrées provenant souvent des tribus anciennes. Nous savons que les marchés reflètent souvent l’âme d’une tribu.
J’essayais de m’arrêter devant chaque cercle de spectateurs autour d’un sorcier qui essayait de retenir notre attention par des gestes et prières. Des danseurs qui nous donnaient une représentation artistique sur un thème des rituels religieux avec leurs totems, des comédies populaires, des cracheurs de feu. En effet, c’était tout simplement un spectacle de la rue qui se présentait devant nous.
Mais, les symboles les plus ancrés dans les traditions africaines, en effet, ce sont les totems. Ces derniers ressemblent à des statuettes ou à des emblèmes sculptés, racontant l’histoire de chaque famille. Nous les trouvons à chaque entrée du village. L’animal totem est un emblème fort depuis toujours. Il constitue une base importante des relations entre les humains.
Tout au long du marché, dans de petites boutiques vendant toutes sortes de sorcelleries, nous trouvons des écriteaux suspendus devant chaque magasin tels que :
– Médecine et magie africaine
– Sorcellerie à votre portée
– Retour affectif et protection,
– Envoûtement
– Rituels de retour amoureux
-Rituels magie blanche.
Bref, un vrai eldorado pour tous ceux qui pensent être frappés par la malédiction.
Non loin du grand marché, d’immenses cases africaines et huttes s’élevaient avec leurs grands édifices. On entendait des champs préparant l’événement somptueux d’un mariage qu’on appelait “labola”. Il s’agissait du fils du chef de la tribu qui allait épouser la fille d’un richissime Africain. Une centaine de génisses et et chameaux étaient entourés par une clôture ; c’était la dot de la mariée. De belles femmes en apparat doré et avec des vêtements multicolores portaient de grands plats de viandes grillées … La viande dans ces tribus est la base de tous les plats africains.
La tradition culinaire est caractérisée par l’influence des cultures africaines, européennes avec les colons, asiatiques, le zoulou est basoha. Les Africains sont connus par leur goût pour le barbecue, appelé Braai en AfriKaans.
L’Afrique est également réputée pour ses vignobles : le climat méditerranéen que l’on trouve dans la région du Cap, à l’extrême sud du pays permet une récolte de qualité.
Au milieu des quartiers, nous trouvons souvent des altercations entre militaires et étudiants, militant contre la vie chère.
L’intervention de nombreuses politiques étrangères d’ajustement, ne tenant pas compte de la spécificité, du terrain se sont soldées sur un échec.
Avec des gouvernements au pouvoir souvent instables, subissant des putschs, le citoyen démoralisé vit dans un sentiment d’insécurité et de mal vivre.
De Magali
Je m’appelle Merci.
Je suis un petit mot d’à peine cinq lettres, mais mon pouvoir est immense.
A qui m’entend, je ramène le sourire, le récompensant de ses efforts. Je fais travailler gratuitement les zygomatiques à qui je suis adressé. Je motive celle ou celui qui me reçoit, quand la résignation se lit sur son visage. J’encourage, je fais en sorte que celui qui est mon destinataire se sente reconnu. Rien de surprenant donc si je viens du mot latin « merces », qui signifiait « salaire, récompense » et qui, par la suite, a pris le sens de « grâce, faveur d’épargner quelqu’un ».
Je suis particulièrement heureux quand on me glisse au milieu d’une conversation, ou même d’un silence… Merci de… eh bien de m’aider, d’exister, d’être là, tout simplement !
Merci, maman, papa, de m’avoir donné la vie.
Merci à l’aide à domicile qui quitte le logis, en laissant derrière elle un appartement à la propreté irréprochable, le linge lavé, repassé, rangé, et une bonne odeur de frais, alors que la lassitude et la résignation se lisent sur son visage.
Merci à mon kinésithérapeute qui voit défiler des dizaines de patients par jour, dont certains grincheux, alors qu’il garde, quant à lui, son sourire et sa bonne humeur à toute épreuve, tout en soulageant ma douleur.
Merci à mon chauffeur de bus qui me dépose inlassablement et obligeamment à mon arrêt, alors qu’il subit mille incivilités par jour.
Merci à cette dame dévouée que je ne connais hélas que virtuellement, et qui partage sa passion – l’écriture – avec autant de générosité et d’humanité, bien qu’essuyant parfois injustement des râleries.
Merci à ceux dont la bienveillance et le non-jugement ne viennent pas polluer leur existence et celle des autres, mais l’embellissent.
Et la liste peut être si longue…
Je vous invite, en toute bienveillance, à tester mon pouvoir autour de vous… même si vous estimez que la personne en face ne fait « que son travail… »
Donnez-leur cette lumière dont une partie vous reviendra.
Testez mon pouvoir en accordant chaque soir cinq minutes en réfléchissant à qui, voire même à quoi, vous pouvez m’offrir.
La liste est inépuisable : mes yeux, pour m’avoir permis de voir cette si belle fleur, ou ce coucher de soleil indescriptible ; mes oreilles pour avoir entendu chanter cet oiseau ; mon conjoint pour avoir préparé le repas quand je n’avais pas le courage de le faire ; mon enfant pour m’avoir cueilli un simple pissenlit au jardin ; un/e ami.e pour cette surprise, ou ce beau message ; cette ou cet employé.e qui s’est donné tant de mal pour m’aider à résoudre un problème…
Vous découvrirez que la liste est infinie et que cet exercice changera votre vie par son pouvoir de guérison.
Ah, mais, j’allais oublier… Qu’est-ce qu’on dit ?
Merci !
Pour m’avoir lue et m’avoir consacré du temps !
De Saxof
PETIT GESTE DEVIENDRA GRAND
La gratitude est une appréciation qui vient directement du coeur, un vrai MERCI bien plus grand que celui que l’on dit par habitude sans, souvent, le ressentir réellement. C’est de la reconnaissance envers soi-même, envers les autres. Pratiquer la gratitude offre une diminution du stress, offre du bien-être. Lorsque le coeur est mis au centre, c’est la magie (l’âme agit) et la lumière jaillit car la gratitude est essentielle (essence-ciel)
Manon est une jeune boulangère qui se lève tôt pour préparer ses pâtisseries et ranger les différents pains cuits par son chef boulanger. Son père, étant décédé l’an dernier, elle avait hésité à reprendre la boulangerie jusqu’à ce qu’elle trouve son second, un jeune boulanger qui avait fait aussi des études de pâtisserie comme elle. Elle a pris un apprenti pour les seconder dans le fournil.
Elle est toujours gaie, elle chante en préparant sa boutique avec amour. Les croissants, les pains au chocolat, les brioches… Tout est en ordre et elle ouvre sa porte pour laisser entrer le premier client « la délicieuse odeur du pain dans la rue ne peut que me conduire vers vous » dit le monsieur en payant ses achats.
Manon est très sociable, avec toujours un mot gentil pour chaque client qui la fait vivre.
Vers 10h, elle voit arriver, comme tous les jours, un homme d’une trentaine d’années qui installe sa couverture à l’angle de la rue, et comme chaque jour elle lui apporte deux croissants ou deux pains au chocolat ou un sandwich. Il lui dit merci dans un sourire triste. Ce rituel s’est installé entre eux depuis plus de 6 mois.
Manon est un ange avec un coeur immense, et distribue le soir, aux associations, les quelques pains invendus quand elle n’a pas le temps de faire du pudding ou du pain perdu. Elle dit toujours “Dieu sait ce qui peut m’arriver demain !! “
Aujourd’hui, ça pince fort dehors et Manon, en plus du sandwich, donne 10 euros au SDF. « Pour que vous puissiez vous réchauffer dans le bar autour d’un ou deux cafés ». Ce qu’elle décide de faire de temps en temps par temps rigoureux.
Un matin, son protégé ne vient pas, ni le lendemain. Elle se sent triste et en même temps pense qu’il a peut-être trouvé un chemin bénéfique, ce serait fabuleux pour lui. « J’espère qu’il n’est pas malade ». Elle y songe pendant plusieurs jours puis oublie, accaparée par son travail.
Voilà 7 ans que son père est parti et Manon travaille énormément. Elle n’a presque jamais le temps de sortir avec ses amis, ni prendre de vacances, si elle veut conserver son héritage. C’est un coeur solitaire mais qui ne se plaint jamais, heureuse de la voie qu’elle a choisie. Pas le temps pour la bagatelle.
Le problème, depuis quelques mois, est l’augmentation de l’électricité, le gouvernement devient fou, sa facture des deux mois précédents a été multipliée par 10.
Alors qu’elle songe à différentes solutions, un livreur lui tend un magnifique bouquet de pivoines roses et une enveloppe. Elle trouve à l’intérieur le mot « gratitude pour tout » et en dessous, en moins gros, qu’une somme faramineuse a été versée sur son compte le matin. Elle ne comprend pas, retourne enveloppe et bristol, mais pas de numéro de téléphone, ni de nom, juste une signature – Bruno –
Perplexe, elle met les fleurs en évidence dans le magasin après avoir sorti le vase en cristal de mamie. Elles sont magnifiques et Manon prend le temps de les contempler. Elle appelle son banquier qui lui confirme le versement, mais sans pouvoir lui donner le nom du donateur. Ce geste est une aubaine pour ne pas déposer le bilan à cause des factures, mais elle décide faire son enquête dès le lendemain, car elle ne peut accepter sans comprendre. Aurais-je un parent américain qui aurait fait fortune ? dit-elle tout haut en riant et en dansant.
A 20h, alors qu’elle allait fermer sa boulangerie, un homme, tout sourire, entre en la regardant dans les yeux. Son visage semble familier à Manon. Quelques secondes d’un silence de connexion entre eux avant qu’il ne dise « Vos 10 euros ont trouvé la voix de la fortune ». Manon s’interroge, ses neurones se bousculent et rapidement, elle comprend, revoit l’image de cet homme à qui elle souriait chaque matin et qui a disparu sans un mot « Vous êtes l’homme du trottoir !! ». Il sourit devant le qualificatif et lui explique qu’il a joué plusieurs fois au loto avec l’argent qu’elle lui a offert. Il a gagné une jolie somme, lui permettant de démarrer une start-up qui roule merveilleusement bien.
Devant les yeux embués et heureux de Manon, il murmure « Vous êtes libre, je vous invite à diner ».
De Roselyne
La Gratitude
Le feu crépite dans la cheminée. Alban est calé dans son fauteuil crapaud au ton bleu gris qui s’accorde aux couleurs ambiantes. Les yeux mi-clos, il savoure un cigarillo. Sur la table basse un verre de cognac posé à côté de son triller » Le Duel de Manhattan ».
Il songe au voyage qu’il vient d’effectuer au Mexique dans le cadre de son travail. Il est ingénieur-informaticien dans une entreprise de satellites. Il est perdu dans ses pensées, lorsque son téléphone se met à vibrer. Sur l’écran, le visage de Silvène. Il décroche :
-Alban bonjour, c’est Silvène est-ce-que tu es chez toi ?
-Oui, tout à fait
-Est-ce-que je peux venir sans te déranger ?
Alban hésite un instant.
-Oui, Silvène, mais si tu veux, viens vers 19 H 30.
-Parfait, à tout à l’heure.
Il était fatigué par le décalage horaire et par les grosses journées de travail passées au Mexique. Il aurait aimé se poser et passer la soirée seul. En général, Silvène ne le dérangeait pas pour rien. Il monta dans la salle d’eau pour se rafraichir et enfiler une tenue plus appropriée pour recevoir. 19 H 30 précises, Silvène sonna, Alban alla lui ouvrir la porte.
-Bonjour, Silvène.
-Bonjour Alban comment vas-tu ? Je suis un peu épuisé par mon voyage, mais ne t’inquiète pas tout va bien. La dernière fois que l’on s’est vu, c’était pour … ah oui, lorsque tu as eu tes difficultés pécuniaires, je t’avais dépanné.
-Oui, Alban c’est bien cela, et crois moi, je n’en suis pas fière car lorsque je t’ai remboursé, je n’ai pas été tout à fait correcte.
-Comment cela ?
-Je n’ai pas fait preuve de beaucoup de gratitude envers toi. Bien sûr, je t’ai remercié comme si c’était une chose normale. Mais, ce n’était pas normal.
-Silvène, je ne comprends pas, que se passe-t-il ?
-Tu sais Alban, j’étais tellement mortifiée de te demander de l’aide qu’il m’a semblé que mon merci avait été dit dans l’entrebâillement d’une porte, à la volée, d’un air totalement détaché, satisfaite de moi-même.
-Mais Silvène que vas-tu chercher là ? Je t’ai prêté cet argent et je l’ai fait naturellement, sans me poser de questions. Je savais que tu me restituerais la somme. Tu sais Silvène, la gratitude est pratiquée par chacun d’entre nous. Tu dois engranger tout ce qui est positif. Cela peut-être un simple merci à la vie pour ce qu’elle te donne, une pensée positive qui te met en joie.
Tu vois, en ce moment j’éprouve un énorme sentiment de bienêtre, te voir me procure un bonheur tout simple, sans fioriture. Cet instant d’être ensemble, d’aborder les choses avec sérénité, sans heurt, façonne le chapelet de nos relations aux autres, mais aussi à nous-mêmes. C’est merveilleux, de donner de la joie, de remercier, de donner une parole bienveillante, de prendre les mains d’une personne qui va mal, apporter un soutien moral. Je ressens comme une cascade qui coule dans mon corps, me rafraichit, un jaillissement de gouttelettes qui, dans l’arc en ciel de mon cœur donnent mille couleurs au monde et les distribuent comme un faisceau à l’Humanité. Ne sois pas peinée, par ce qui t’a paru être une attitude anormale de ta part. Tu étais forcément gênée par la demande. Il a fallu que tu prennes sur toi pour avoir la force de te dépasser. Tu étais, si je puis dire, dans une émotion négative. Aujourd’hui, tu as renversé la vapeur, l’onde positive est venue, ce qui t’a donnée la force d’agir comme tu viens de le faire. Tu es bien dans le processus de la gratitude envers toi, et c’est super. Silvène, nous avons partagé ce moment et ensemble nous pouvons dire merci pour ces instants qui ont illuminé la soirée. Il faut savoir écouter notre cœur.
-Alban, je te sais gré d’avoir pris sur ton temps, je te remercie de tes paroles, maintenant je suis plus sereine. Je me sens plus légère. En fait, la gratitude au quotidien c’est de dire merci, c’est de sourire à l’autre, de s’émerveiller aussi, de savoir regarder autour de soi, d’être ouvert à la vie. Merci, beaucoup.
-Silvène je te propose une petite coupe de champagne, oui avec plaisir. Alors champagne !
« La gratitude est le secret de la vie ? L’essentiel est de remercier pour tout. Celui qui a appris cela sait ce que vivre signifie. IL a pénétré le profond mystère de la vie. »
Citation d’Albert SCHEWEITZER (1875-1965)
« Si la seule prière que vous aviez fait toute votre vie était « Merci, cela suffirait ».
Meister ECKHART (1260-1328)
De Lisa
Inspiré de la chanson de « Donne un peu de toi » de Mike Brant
Donne donne donne un peu de temps
Sois gentil comme avec tes parents
Donne donne donne à chaque moment
Tout ton savoir-faire, et ne fais jamais semblant
Donne donne donne un peu de temps
A ta princesse comme le coeur d’un diamant
Ta gratitude est dans tes veines
Ne te fais pas trahir par la haine
Donne donne donne un peu de bonheur
Ouvre ton coeur et n’attends rien à cette heure
Pense à tendre la main
Donne leur tes joies
Donne leur tes bras
Donne donne donne sans compter
L’amitié, une rareté
Si un jour tu es mal
Ils viendront vers toi
Te rendre la monnaie de ce jour là
De Francis
Gratitude
Etienne est en promenade avec son grand-père. Un moment complice et délicieux pour l’enfant. Ils bavardent tout au long du chemin. Le grand père souhaite faire une pause. Bien installé sur un banc, Etienne profite de l’occasion pour poser une question.
-Dis-moi papy, j’ai entendu la mère de mon copain lui demander d’avoir un peu de gratitude. La gratitude c’est quoi ?
L’homme est surpris, il prend le temps de la réflexion et lui répond.
-Je vais te donner un exemple pour que tu comprennes : tu es heureux de vivre dans ta maison, à la campagne, de mener tranquillement ta vie d’enfant. Ta maman, ton papa font de leur mieux pour que tu aies une vie heureuse, en retour tu leur dis que tu les aimes, tu leur dis merci, en faisant cela tu leur témoignes de la gratitude. Tu comprends ?
-Je commence à comprendre, je dis souvent merci parce que on me l’a appris, mais je ne pense pas que les mercis que tu évoques soient des mercis de politesse ?
-Effectivement, ces mercis-là expriment la reconnaissance pour un bienfait reçu, un sentiment affectueux pour celui ou celle qui s’intéresse à toi et bien d’autres choses. C’est une des façons de témoigner de la gratitude mais il en a mille et bien plus encore. La gratitude dès le matin, c’est apprécier ton bol de céréales et le lait qui l’accompagne et avoir une pensée pour tous ceux qui te permettent de bien commencer ta journée. La gratitude, c’est le regard appréciatif que tu portes sur la vie en famille, sur la société, sur la nature, sur le soleil qui réchauffe et bien d’autres choses qui se présentent à toi chaque jour.
-Alors grand-père, dire merci à tous ceux qui nous ont aidés pendant le COVID, c’est de la gratitude?
-Exactement, tu as compris. Tu as été touché dans ton cœur, tu as été ému par leur dévouement et tu exprimes ta gratitude par tes applaudissements et le respect que tu leur témoignes. Quand ton instituteur te rend ta copie avec une bonne note, tu es heureux, tu lui souris, tu éprouves de la gratitude. Nous allons nous remettre en route, nous n’allons pas faire preuve d’ingratitude devant ce magnifique paysage mais de gratitude en continuant notre promenade, dire merci à la vie qui nous fait profiter du soleil, de la beauté de la nature et de la joie d’être ensemble.
Un kilomètre à pied, ça use, ça use………..
D Elie
La gratitude : un bienheureux cri de cœur.
Un père et une mère est un cadeau du Ciel
À toi mon Père,
Et à toi ma mère
Quelle libation vous offrir ?
Et quels parfums méritants
Dois-je vous offrir ?
Rien ! Rien de valeureux
Je ne possède qui égale
La libation de votre vie,
Aux parfums de votre Amour,
À votre sagesse, la source de vie.
À toi mon Père, Héros de notre Foyer
À toi ma Mère, Héroïne de notre Maison.
Plusieurs fois l’épée de la mort
A tenté m’arracher la vie.
Mais votre bravoure a toujours fait montre.
Quels sacrifices méritants vous offrir ?
Des trophées de Sardoine, de Topaze, de diamant, de Chrysolithe,
D’onyx, de Jaspe, de Saphir, d’Escarboucle, d’Émeraude, et d’or ?
Aucun des biens cités plus haut,
Et aucun autre bien de ce monde ne vous égale.
Je vous offre néanmoins
Mes bouquets de gratitudes.
Mes bouquets d’affections.
Un père une mère est un cadeau du Ciel.
Ta mère et moi,
Tressaillons de joie et d’émoi.
Tu es notre huile d’honneur intarissable,
Tu es la prunelle de nos yeux.
Et ton existence seule est notre bonheur.
Raisons de nos actions de grâces.
Pour moi, ta mère, je pleure de joie,
Et mon cœur s’élève en actions de grâces.
Tes bouquets de gratitudes valent autant pour nous.
Que tes faisceaux de lumière,
Ne s’éteignent point.
Qu’ils éclairent toujours les ténèbres.
Oh ! La gratitude, tu es une arme.
Par toi, les entrailles de granite
Donnent des pluies de grâces.
Par toi, sont suscités des libérateurs face aux combats
Et par toi, la grandeur transcendent les endroits maudits.
Oh ! Gratitude ma compagne
Ne m’abandonne pas.
Que l’oubli et la négligence
M’abandonnent.
Et que tu demeures ma compagne de tous les jours.
Gratitude! Sois présente dans mon foyer.
Sois constante dans ma vie relationnelle.
Partout et en toutes circonstances,
Sois ma compagne.
Gratitude, remplis mon cœur,
Que ma coupe en déborde.
Oh ! Gratitude, tu es Puissance.
Ma coupe soit un torrent.
Un torrent qui coule en force.
Coule en force, ma Compagne.
Torrent de Gratitudes emporte loin les velléités humaines.
Dans ta souveraineté rétablis l’ordre là où il est absent.
Gratitude, tu es adorable.
Flambeau de ma vie à très bientôt.
De Nicole
La gratitude, dites-vous
Dans ce temps d’égocentrisme poussé au bout d’un raffinement
Du chacun pour soi.
Du cocon où l’on s’enferme seul.e, à deux ou en famille en pensant
Se protéger du monde extérieur.
« C’est par leur murmure que les étangs mettent les fleuves en prison », J.Brel
Pour éprouver de la gratitude, grand besoin d’ouvrir les portes, d’aérer sa vie, son esprit, ses pensées.
L’extérieur choisi provoque la gratitude pour la vie au jour le jour.
Le sourire d’un enfant, la gentillesse d’un.e inconnu.e, un coucher de soleil
Illuminé de pourpre, voir, remarquer chaque belle chose, chaque joli moment que je vis tels les petits bonheurs, consciente du bien-être qu’ils me procurent.
Reconnaissance pour mon corps qui « fonctionne encore », le coeur qui bat, mes poumons qui respirent.
Mes enfants qui m’aiment.
La vie qui entre en moi, fenêtres grandes ouvertes sur le monde.
Transformer ma routine en jour de fête.
« Tous nos tourments sur ce qui nous manque me semblent procéder du défaut de gratitude que nous avons » Daniel Defoe- Robinson Crusoé.
Et, une gratitude éternelle à l’équipe médicale qui a sauvé mon fils d’un désastre annoncé.
D’Hervé
GRATITUDE
Il n’avait toujours pas fermé l’œil. La nuit silencieuse et morne lui réservait encore une fois son lot de tracasseries. Impitoyablement, le refrain de son indignité lui fouettait le sang avec suavité et précision. Pourquoi tant de cruelles pensées l’assaillaient-elles ainsi au milieu de la nuit ? Il ne pouvait le deviner ou plutôt il ne voulait comprendre que seul son mental et ses pensées le conduisaient sans cesse à ce carrefour caverneux qu’il se sentait incapable de franchir…Maudits songes interminables…Son indignité encore et encore le poursuivait !
D’un flanc à l’autre, ses incessants tournoiements dans sa couchette l’épuisaient et ses tourments devenaient plus vifs au fur-et-à-mesure de l’avancée de cette séquence nocturne interminable. Sa raison, pourtant, faisait parfois vaciller son émotion, lui interdisant d’accorder trop de crédit à ses brûlures internes et cérébrales. Mais, même s’il simulait l’abandon, le sommeil ne le cueillait pas et il se morfondait dans ce lit devenu peu-à-peu synonyme de torture psychologique.
Quand cinq heures arrivèrent et qu’il en prit conscience à la lecture de sa montre, il s’aperçut qu’il émergeait d’un rêve perturbant ensemencé par ses angoisses diurnes. Il savait que les vapeurs de la nuit prennent racine dans le dédale des journées précédentes, mais cette fois son trouble était significatif et il identifiait clairement l’origine de ses songes.
Mais quelle était cette indignité qui le faisait tant souffrir ? Ni un complot, ni une réalité intangible, plutôt une sourde sensation de culpabilité qui l’étreignait et le mortifiait.
Lui revinrent alors les douces et sages paroles chuchotées en rêve, amicales et fraternelles, par une amie sincère et compatissante. Se pouvait-il que ces affects et ressentis ne soient qu’une illusion d’un esprit trop perturbé par l’égo ? Lui revenaient les paroles apaisantes de cette vieille camarade dont le sourire bienveillant embellissait l’impact : se départir de soi, remettre en perspective, prendre de la distance face à la blessure d’orgueil, savoir se pardonner pour des paroles ou actes dont on n’est pas fier…tels étaient les conseils qui lui revenaient maintenant à l’esprit.
La veille, il avait entendu les mêmes recommandations, avec un sourire narquois. Ce matin, émergeant des limbes, il n’était plus aussi assuré de sa superbe indifférence. Quelque-chose insidieusement avait remué en lui durant ce bref somme agité. Il imaginait maintenant cette femme à ses côtés. De lui-même, il plaçait dans sa bouche les paroles qu’il imaginait qu’elle pourrait lui dire, mais c’était bien lui qui les inventait, comme si son rêve lui avait rendu limpides les mots guérisseurs qui pouvaient le sortir de sa torpeur.
Il était temps maintenant d’agir. De hâtifs préparatifs le jetèrent rapidement sur le trottoir d’où il courut vers le domicile de son amie. Plein d’un charisme inusité, il avait préparé son plus beau sourire et quand la porte s’ouvrit et que cette femme admirable lui offrit le spectacle de ses yeux endormis, il la prit dans ses bras avec chaleur en lui disant
simplement : Merci!
De Claudine
La gratitude ! J’avais oublié ce mot ; pas son sens, non, mais le mot. Pas qu’elle soit absente de mon quotidien, bien au contraire, elle est là, elle m’accompagne, elle est comme qui dirait inscrit dans mon ADN. Sans prétention, sans gloire, c’est ainsi. Une petite chose, un sourire, une fleur, un geste et c’est ma journée qui voit le soleil même sous la grisaille.
Une attention de l’une ou de l’autre et je suis dans un état de bonheur, parfois fugace, mais toujours intense.
Je suis convaincue que pour vivre ainsi, il a fallu que ma vie soit parsemée de ce que j’appelle mes « anges » ; pas ces petits êtres évaporés aux ailes diaphanes ayant trait à la religion ; certainement pas ! Ce furent des êtres de chair et de sang bien présents à chaque période cruciale de ma vie. Qui par leurs actes engagent tout notre être à découvrir les bases solides et qui développent en nous la capacité d’être conscient de ce que nous sommes capables d’accomplir.
Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce en partie à ces personnes dans ma vie, pour qui j’éprouve une profonde reconnaissance. Je pense que certaines n’ont pas eu conscience du pouvoir de leur présence, de leurs mots. Et pourtant, elles m’ont aidé à grandir, à avancer, à aimer, à donner, à m’épanouir.
Je m’arrête fréquemment, encore aujourd’hui à penser à elles, à parler d’elles. Je les fais encore vivre alors que j’entre dans mon quatrième quart de siècle. C’est dire la force de cette gratitude ancrée à jamais en moi. Je ne peux malheureusement plus leur dire, leur écrire…en direct.
La première qui est à jamais proche de moi est ma grand-mère maternelle. Celle qui a été là dès le début de ma vie ; ce n’était pas gagné cette affaire. Mais, c’est ne pas la connaitre ma douce et tendre grand-mère. Que j’appelais, que nous appelions mémère Louise.
L’émotion me gagne et ce soir, seule, face à moi-même, j’ai envie de t’adresser ce petit message, tu le mérites car toi, ta gratitude était immense et surtout les autres ne pouvaient avoir pour toi qu’une immense reconnaissance pour ton courage, ton aide discrète, tes mots murmurés et si forts pourtant.
« Mémère Louise,
J’ai le désir de te dire combien je t’aimais. Et combien je suis reconnaissante pour ton attitude envers maman et moi.
Dix-sept ans ! En 1946, pas facile d’annoncer une future naissance. Surtout pour une famille « d’émigrés » du Nord de la France. Moyennement intégrée à leur arrivée, faute de soutiens chaleureux ; des bons français mais du Nord. Quel remue-ménage dans ma Bretagne natale. Surtout face à une famille, qui sera un jour la mienne, bien installée, des nantis, des presque notables.
A cause d’eux, j’ai failli ne pas naitre ; et toi ainsi que Pépère Arthur, tu as tenu tête à cette caste. Oh, ils t’en ont voulu, mais tu as tenu bon. Je suis née en plein soleil, petite chose qui devait se demander qui avait raison. Rester ou partir ?
Merci ma douce grand-mère pour ta ténacité à tenir ma main, pour me garder près de vous qui m’avaient tant aimée. Merci de m’avoir fait grandir. Merci d’avoir été là quand maman était prise dans le tourbillon des critiques anonymes. Merci de m’avoir élevée avec autant d’amour et d’avoir essuyé mes larmes d’enfant. Merci de m’avoir appris que la vie est belle et que l’important c’est d’aimer. Merci de m’avoir élevée dans ces valeurs qui sont les miennes aujourd’hui.
Tu ne peux pas savoir combien je t’aime et combien tu as été importante. Surtout lorsque celui qui était mon père me renvoyait à ma faute. Celle d’être née. Mon cœur se serre au moment où j’écris ces lignes. Mais ta gratitude et ton amour diluent les soubresauts de ce cœur qui a gardé les grands moments positifs de ma vie.
Je ne sais si je t’ai dit tout ceci, non certainement ; mais je pense que tu savais car nos moments de bonheur étaient si intenses, ton attitude était si chaleureuse, si douce. Comment, en suivant ton exemple serais-je devenue autre que ce que je suis aujourd’hui. Oui, ma gratitude est immense. Je ne peux dire tout ce que mon cœur renferme. Si, je veux dire que j’associe ces instants de bonheur, à toi mon grand-père chéri, qui a veillé sur moi jour et nuit, malgré ta charge de travail harassante.
A vous deux qui m’avez toujours accompagnée, même lorsque nous sommes tous venus vivre dans la capitale. Votre soutien sans faille, votre reconnaissance indéfectible sur mes capacités à aller toujours plus loin m’ont permis de suivre mon chemin de vie. Pour ceci, vous avez toujours eu ma gratitude sans restriction.
Cette gratitude qui apporte un sens à notre passé et qui apporte la paix à notre présent et notre avenir.
Si nous sommes reconnaissants envers le fait d’exister, tout ce que nous avons déjà, nous nous portons mieux, éprouvons une joie profonde et la partageons avec notre entourage. En toute clarté et générosité.
La seule fois où je n’ai pu partager avec toi, c’est ce jour exceptionnel où je courais te dire merci avec un grand M, avec mon amour; diplômée je venais d’obtenir mon premier poste à l’hôpital. Je courrais vers ta chambre de souffrance. Tu ne souffrais plus.
De Marie-Josée
Ginette
Ginette était une battante et malgré les coups durs de la vie, elle ne se plaignait jamais. Bien au contraire, elle exprimait chaque jour sa gratitude à l’Eternel de l’avoir dotée d’une santé de fer pour y faire face. Elle était particulièrement reconnaissante d’être encore autonome alors que les seules amies qui lui restaient ‘’végétaient en maison’’. A bientôt 100 ans, elle avait gardé de l’intérêt pour les autres et appréciait les visites de ses connaissances. Elle accueillait les bonnes et les mauvaises nouvelles avec bienveillance et appréciait particulièrement quand quelqu’un lui racontait une bonne blague. Le rire sonore qui la caractérisait retentissait alors et il était bien plus contagieux que le plus virulent des virus. L’épisode Covid la laissait de marbre : pensez-vous, disait-elle, j’en ai vu d’autres. Elle regrettait de ne plus voir que des visages masqués, mais remerciait tout le monde de prendre autant d’égards envers elle.
Elle se levait invariablement à 7 heures du matin, histoire de bien profiter de la journée selon la maxime à laquelle elle n’a jamais dérogé : « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Elle faisait son petit ménage en attendant son voisin qui lui montait le journal. Elle l’accueillait toujours avec un café et ne se privait pas de commenter les gros titres ce qui donnait lieu à des discussions animées quand son visiteur n’était pas de son avis.
Toujours tirée à quatre épingles, il était hors de question de se laisser aller, et elle n’aurait renoncé pour rien au monde au passage de la coiffeuse. A cette occasion, elle se laissait volontiers aller aux confidences et avait toujours une pensée émue pour son défunt mari qui lui avait légué un petit pactole, lui permettant ainsi de s’offrir cette petite fantaisie hebdomadaire.
Tricoter et crocheter était désormais ses activités favorites. Elle a dû abandonner la couture, sa grande passion, car sa vue baissait. Elle ne s’en plaignait pas, au contraire, elle était reconnaissante de pouvoir encore bouger ses mains alors que ses jambes l’avaient lâchée comme elle disait avec humour. Elle se contentait désormais de ces petits riens qui avaient tant d’importance comme une tisane, un café, des petits gâteaux, des chocolats qu’elle avait toujours dans son tiroir « réserve » et que son auxiliaire de vie était chargé de renouveler sous peine de s’attirer les foudres de Ginette qui ne plaisantait pas à ce sujet.
Doyenne du village, elle espérait secrètement devenir la première centenaire et entrer ainsi dans les annales de la commune. Dès que le tocsin sonnait, elle haussait les épaules disant avec humour qu’elle était sûrement en tête de liste pour le grand voyage et gloussait de plaisir quand on la contredisait, en lui rappelant son obligation de devenir centenaire. Alors, elle reprenait son ouvrage et étalait les maniques terminées en énumérant les personnes à qui elle les offrirait à Noël. Il fallait qu’elle accélère le rythme, il y en avait du monde à gâter. Les aiguilles s’entrechoquaient de plus belle et elle posait son ouvrage qu’à la tombée de la nuit.
Contre toute attente, elle s’est éteinte le 24 décembre au matin après une vie bien remplie. Son désir de devenir centenaire ne s’est pas réalisé et comme elle n’a jamais eu la langue dans sa poche, je suis persuadée qu’elle en a touché un mot à qui de droit.
Son départ a ému tous les habitants qui lui ont rendu un vibrant hommage en lui témoignant leur reconnaissance pour avoir montré que le grand âge peut être vécu de manière sereine et heureuse.
D’Eric
Au terme de sa randonnée, Ninon contemple les montagnes alentours. Le soleil couchant colore d’un camaïeu de tons roses, leurs sommets enneigés. Véritable régal pour ses yeux mais l’heure du retour a sonné. Arrivée devant sa petite maison, sise en lisière du village, elle découvre un énorme tas de bois devant la porte du garage. Elle avait complément oublié cette livraison. Et demain, elle doit aller travailler à la ville voisine. Pas de panique ! Pour chaque problème, il existe toujours plusieurs solutions. Commander un Uber dans ces contrées dépeuplées n’est pas chose aisée. Déplacer toute seule ce tas de bois, elle se sent trop fatiguée. Elle réfléchit, voilà la solution !
Elle décroche son téléphone et appelle Laurent, un de ses collègues qui habite le même village qu’elle :
– Allo Laurent, bonsoir, c’est Ninon. J’ai un problème pour demain. Il y a un gros tas de bois qui m’empêche de sortir la voiture.
-Tu tombes mal, j’ai posé ma journée pour réparer la mienne.
-Si j’osais, je te demanderais bien de…
-Ça va… j’ai compris, j’arrive.
Un quart d’heure plus tard, Laurent s’affaire à ranger les bûches sous l’appentis alors que Ninon, le coeur léger, s’active en chantonnant dans la cuisine. Elle est émue par cette réaction rapide et généreuse. Elle en éprouve de la gratitude. Cela commence par une sensation de chaleur dans le ventre et se termine avec l’envie de remercier, d’embrasser, de donner un peu d’elle-même, de partager un voile d’humanité. C’est ce qu’elle apprécie ici, les gens sont peu nombreux certes, mais ils sont solidaires et attentionnés. Ils se rendent service à tour de rôle, et, chacun(e) remerciant chacun(e), se tissent des liens qui leur procurent bien être, confiance et joie.
Chaque jour elle se félicite d’être venue s’installer dans ce petit village reculé.
Quelle contraste avec l’anonymat et l’indifférence de la ville où elle habitait avant!
Par la vitre, elle aperçoit, dans le halo des lampes extérieures, son voisin, qui a presque terminé. Pour le remercier, elle se hâte de préparer en chantant ce qu’elle sait qu’il appréciera.
Quand Laurent pousse la porte d’entrée, Ninon l’accueille avec un grand sourire :
– Merci Laurent. Sincèrement merci, pour ta disponibilité et ton efficacité ! Enlève ton manteau, je t’ai préparé un vin chaud !
– Cela tombe bien, ton bois m’a donné soif.
La soirée ne faisait que débuter…
D’Inès
La gratitude
Le week-end venu, je me levais heureuse, légère, avec beaucoup de quiétude et de sérénité dans mon cœur.
Néanmoins, une étrange idée me tortilla l’esprit ; ce fut comme l’appel des sirènes au fin fond des larges lointaines.
Il fallait que je visite le musée des catacombes de Paris.
Arrivée sur place, je longeai un long couloir souterrain froid, sombre, et lugubre. Néanmoins, de petits luminaires diffusaient une lumière tamisée qui donnait aux visiteurs un repos de l’esprit face à ce qu’ils allaient découvrir.
Une frayeur me submergea à la vue des ossements et crânes qui meublaient les lieux. J’avais l’impression d’apercevoir et de sentir des ombres d’âmes errantes joyeuses qui me chuchotaient et me caressaient les cheveux. Face à moi, une armada de crânes bien en ordre, entassés les uns sur les autres, meublaient les murs souterrains.
Est-ce possible que cet amas dos eut formé à un moment donné des êtres de lumière et qui étaient la condition sine qua non de notre univers ? Est-ce possible que ces objets, ces restes de poussière fussent un jour des êtres doués d’intelligence, d’ambition, de raisonnement et d’émotions ?
J’étais perdue dans mes pensées lorsque l’heure de la fermeture du musée sonna comme le glas. Cette dernière marqua mon esprit, telle une coupure, une fin… la fin d’un moment est le commencement d’un autre. Finalement, nos vies n’étaient-elles pas constituées simplement d’intervalles … de moments où le meilleur et le pire s’enchevêtraient ?
Je remontais lentement à la surface de la ville, pour quitter sereinement cet immense tombeau laissant derrière moi ce lieu énigmatique. A l’extérieur, la vie grouillait par l’agitation, le crépuscule lentement déployait son voile sombre sur les lieux…
Je pressais le pas pour rentrer chez moi, je longeais l’un des grands boulevards. Des jeunes filles charmantes, insouciantes, gaies, en tenue chic, déambulaient avec légèreté, main dans la main avec leurs petits copains, arpentant avec sérénité les dédales de la ville. Des taupes et rats jonchaient et pullulaient les ruelles et boulevards, mais les passants et spécialement les jeunes gens étaient tellement enchantés qu’ils n’y faisaient point attention.
D’autres jeunes étaient assis aux terrasses des cafés, le nez dans leur portable. Perdus dans les méandres de la toile internet, ils avaient perdu toute notion du temps. Des peintres étaient assis par terre, presque endormis avec leurs cheveux ébouriffés. Ils exposaient leurs beaux tableaux, ressemblant à des Van Gogh.
Je passais devant le grand portail d’une école, ce dernier s’ouvrit brusquement, et une gigantesque avalanche d’enfants se dispersa sur les trottoirs et s’éparpilla petit à petit, tels des ruisseaux d’eau au milieu des labyrinthes de la ville. Émerveillé, enthousiaste, enivré par cette atmosphère, je m’emballe tel un derviche tourneur, dans la grande magie de la vie.
Arrivée à la maison, je monte sur les terrasses de Paris, face à moi la grande ville des Lumières …avec ses mystères, ses ténèbres. Tout au loin, j’aperçois … la fameuse merveille du monde, La Tour Eiffel. Resplendissante et éblouissante par ses lumières. Une forte émotion m’étreignit, des larmes de gratitude et de remerciements coulèrent sur mes joues.
Je remerciais Dieu, le grand architecte de l’univers de m’avoir donné cette force, et cet optimisme qui m’a permis d’apprécier les pires et les meilleurs moments de ma vie.
En ce moment, je remercie le soleil d’être aussi généreux en plein hiver dans ma région du sud-ouest de la France. Je remercie le fait de vivre dans un pays où je peux avoir des vacances et vivre bien, faire ce que je veux quand je veux, malgré ses imperfections.
La liste de mes mercis serait tellement longue que je vais arrêter là. L’ingratitude est la pire des choses à supporter, avec la méchanceté gratuite.
Après ces propos, je vous souhaite une belle semaine créative.
Portez-vous bien et prenez soin de vous.
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE