Avec la proposition d’écriture N° 154, vous avez inventeé des personnages, en ajoutant certaines caratéristiques. 

C’est avec ce genre de méthode que l’on commence à créer une histoire, voire un roman. Ensuite, on dénoue, un par un, les fils de l’intrigue. 

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De Pierre

Trois Personnages en quête de vie.
Différents les uns des autres, nous le sommes tous par nos origines et notre ADN, comme le sont les sept milliards ou plus d’humains sur cette terre. Les trois témoignages qui suivent reflètent cette richesse que nous avons tous en nous et aussi cette capacité de résilience.

ALBAN

Le premier des personnages, un homme, de nationalité française, issu de la petite bourgeoisie, âgé de soixante-deux ans, un bel âge dans le monde d’aujourd’hui, qui n’envisage nullement une retraite proche car tellement absorbé par ses activités professionnelles qui lui consomment l’essentiel de son existence ; cadre supérieur dans un compagnie multinationale Alban Ceyrac voyage énormément.
Alban, son prénom, qui donne confiance, confirme ses origines bourgeoises dans une certaine intemporalité.
Marié depuis vingt-cinq ans, père de deux enfants, fille et garçon, grand-père de quatre petits-enfants, tous en bonne santé et les enfants bien dans leur « botte » professionnellement et dans leur vie personnelle. Son épouse, Maryse qui a énormément d’activités associatives et caritatives, pour s’occuper, est spectatrice par rapport à son époux, ses réussites et son travail, mais c’est le prix à payer pour le confort matériel qui lui est assuré, mais est-ce suffisant ? Est-elle vraiment heureuse ?
De taille moyenne par rapport aux standards du présent, élégant, un peu charmeur auprès de la gent féminine, Alan Ceyrac jouit d’une santé solide, indéfectible lui permettant de travailler douze heures par jour sans relâche, cet état lui étant confirmé lors des visites médicales annuelles. Un peu de sport le samedi pour l’entretien du corps : jogging, vélo.
Alban, sa femme et leurs enfants vivent dans un cocon protecteur, loin des réalités du monde, dans une banlieue très « middle class « supérieure. De ses voyages professionnels, il ne retient que les vols, les passages en douane, les hôtels 4 étoiles, les staff meetings, etc. ce qui lui laisse peu de place pour se plonger dans le tumulte et la vie du lieu où il se trouve.
Bon manager, bon collaborateur, efficace dans tous les domaines, Alban reconnait dans son for intérieur que tout cela n’est pas suffisant. A ses rares heures perdues, il essaie d’imaginer une autre vie qui lui appartiendrait, pour son plaisir, peut-être sans son épouse. Sa place à la maison est rare, les vacances annuelles passées dans leur résidence de montagne obligent Alban à faire une pause, mais le peut-t-il et le souhaite-il vraiment ? Ses vacances sont souvent écourtées pour cause d’urgence professionnelle.
Depuis quelques temps, sans en parler à son épouse, il consulte un ami psychologue et lui fait part de ses états d’âme, de la part trop grande du travail dans son existence, lui « Workaholic », mais peut-il faire autre chose ? Sinon que se reconstruire une existence et il compte beaucoup sur son ami pour l’aider à atteindre cet objectif.

MARIE-THERESE
Agée de cinquante-deux ans, Marie-Thérèse Hoareau légèrement métissée, d’origine Réunionnaise, se regarde dans sa psyché et s’interroge comme tous les matins sur son devenir. Elle se regarde et se trouve « moche », épaissie, sans grâce, elle qui était jolie, agréable à regarder dans sa prime jeunesse, mais les années et les soucis sont passés par là. Comptable de métier, licenciée économique d’une entreprise partie s’installer en Turquie, elle peine à retrouver du travail malgré une solide formation financière, une bonne maîtrise de deux langues étrangères et tous les CV transmis. Séparée de son ex-époux parti vivre à l’étranger, elle doit s’occuper de son fils adulte handicapé, pris en charge dans un établissement spécialisé mais cela a un coût. Elle a essayé de se reconvertir dans le domaine social et l’aide à domicile mais activité cauchemardesque et peu rémunérée.
Sa famille se réduit à peu de personnes, ses parents décédés d’un accident de voiture, une sœur vivant à Lyon qui vient la voir deux trois fois par an ; peu d’amis et depuis le départ de son ex, des liaisons sans lendemain. Elle suit des formations en distanciel de remise à niveau ; elle s’occupe de son intérieur, de ses animaux deux chats et deux inséparables qui lui apportent une présence. Son passe-temps favori, c’est la lecture et accessoirement la télévision. Elle ne va jamais dans un spectacle car cela lui coûte cher, elle qui ne vit que grâce aux indemnités du Pôle Emploi qui ne sont pas éternelles.
Elle envisage de retourner à la Réunion, son île qu’elle a quittée très jeune, mais lorsque sa situation financière le permettra. La Réunion, elle y est retournée une fois avec son ex en touriste.
Ce matin, après avoir acheté les Echos, journal quotidien économique dans lequel figurent des propositions d’emploi, elle remarque et lit une proposition de poste qui conviendrait bien à son profil. Elle émane d’une entreprise multinationale appelée IDC ; elle envoie aussitôt son CV par Email et reçoit très rapidement une réponse pour un entretien. Le monsieur qui la reçoit, membre du conseil d’administration lui dit après lui avoir fait passer un test d’aptitude :
-Votre CV est magnifique ; je suis convaincu que vous avez les compétences pour le poste que je vous propose, donc je vous embauche à partir de lundi. J’ai un autre RV, je vous laisse et vous dis à très bientôt, bienvenue chez IDC, madame.
Le monsieur qui l’a reçu s’appelle Alban Ceyrac – Marie-Thérèse est heureuse, le soleil brille ce matin, la vie c’est magnifique, pense-t-elle….

KARIM
René Lebihan, fonctionnaire préfectoral usé, caractériel et aigri par trente-cinq années dans les mêmes fonctions, attend sa retraite proche pour retourner cultiver son jardin dans sa Bretagne natale. Il a en main la fiche signalétique de l’individu qui lui fait face, un homme du Moyen-Orient, très grand, visage à faire peur, gros sourcils, nez busqué, le visage grêlé de tâches sombres, semblables à la petite vérole.
L’individu en question s’appelle Karim Bakhtiar, Syrien de nationalité mais d’origine persane par son père et chrétien par sa mère, originaire d’une communauté en danger de mort, communauté parlant encore l’Araméen, la langue du Christ. Le passage de Daech a tout détruit dans le pays au nom d’Allah et ceux qui ne se convertissent pas sont exécutés sur le champ. Ayant perdu femme et enfant dans un bombardement, Karim put s’enfuir après avoir donné la quasi-totalité de sa fortune à des passeurs mafieux. Arrivé en France via l’Italie, Karim erra longtemps dans une banlieue de la capitale en recherche d’un havre et d’un emploi, n’importe lequel. Grâce à un réfugié syrien plus chanceux que lui, il fut nourri et logé pendant quelques jours. De profil administratif, maîtrisant l’anglais, Karim aspire à une légalisation de sa situation, qui est pour le moins intenable.
René Lebihan lisait et relisait la fiche qu’il avait en main. Après un bref échange par l’intermédiaire d’un interprète, sa décision était prise, elle était sans appel : l’individu ne répondait à aucune des cases permettant une légalisation et René recommanda le déclenchement de la procédure d’OQTF et son expulsion vers le pays d’origine. René était satisfait de cette prise de décision, lui qui en avait ras le bol de ces « bougnoules » comme il les appelait. Il demanda à l’interprète d’expliquer à Karim en quoi consiste l’OQTF et ses conséquences et de lui rappeler également ses droits.
Après avoir entendu la traduction de la sentence en arabe, Karim se sentit soulagé : il allait être interné pendant un mois, voire plus, durant lequel il serait en sécurité et nourri. Ce temps d’attente, il le consacrerait à développer un nouveau plan de fuite vers un autre pays, plus accueillant. En aucun cas, il ne retournerait en Syrie car ce pays « mort » pour lui n’était plus le sien.

De Françoise

Je vous présente : CLAIRE AINETTE. Une copine d’enfance que j’ai toujours côtoyée. Une fille sur qui on peut compter. Une jolie jeune femme aux cheveux longs et blonds qu’elle attache en formant une tresse aux reflets dorés. Pas mal la fille ! Je lui ai déjà dit : « Toi, personne ne peut t’ignorer. Tu es belle comme un ange, tu es sincère et franche. Ton sourire emballe la première personne qui s’adresse à toi, tant tu fais confiance. Tu es nette dans tes propos qui n’ont jamais évoqué de sous-entendus. »
Quand je lui dis cela, elle rougit, et se confond en me disant : « Tu es un peu excessive, j’ai aussi des défauts, j’ai mes côtés sombres et troubles ! ».
Sans prétention, elle affiche sa gentillesse et son humilité. C’est clair et net ! Et c’est mon amie.

J’ai rencontré un jour une autre personne au profil intellectuel, que je qualifierais d’idéaliste, voire de rêveur. Quelqu’un qui ne parle pas beaucoup, mais qui a une bonne élocution face au public. Cette personne se nomme AGILE PRUDENT.

Un bel homme de 50 ans à la barbe courte et aux moustaches galantes et séduisantes. Son crâne brillant lui donne des complexes, il aurait tant aimé avoir ses cheveux souples et ondulés. Mais la vie ne lui a pas laissé le choix. Cet aspect lui donne une allure intello, et cela lui va bien. Ses yeux sont piquants d’intelligence et de gentillesse, son sourire est désarmant et plein de séduction que l’on ne peut pas ignorer. Il en est bien conscient et utilise ce don pour communiquer, pour convaincre, pour entrer en relation avec des personnalités plutôt féminines. Vous l’avez bien compris, c’est un vrai séducteur ! Et devant de jolies femmes, il ne se retient pas. Sa timidité le conduit à formuler ses phrases choisies avec soin, délicatesse, flirtant avec le romantisme. Il réfléchit avant de se lancer, il observe avant d’entreprendre. Analyste et psychologue il ne se trompe pas souvent. Il est prudent et agile dans ses prises de positions, ses choix. Il a de l’empathie et du respect. Il manque un peu d’audace par moment… c’est dommage. Mais il se rattrape dans une stratégie d’action car il sait s’organiser pour aboutir à ses fins. Une personnalité fine, agile et prudente dans l’entreprise de ses relations avec autrui.
Durant ma carrière professionnelle, j’ai travaillé avec AIRVÉ CONTENT.

Un homme de 40 ans, corpulent, grand, aux cheveux fournis. Son sourire est légendaire. C’est une preuve de timidité aussi pour engager un échange verbal. Il ose difficilement échanger, parler, il se retient. Son faciès détendu nous accorde une bienveillance. On peut interpréter cette attitude positivement. On croit qu’il est content. Mais content de quoi ? En son for intérieur, je sais bien qu’il cache un malaise, un inconfort dans sa vie. Mais il ne veut pas le montrer, si bien qu’il sourit facilement pour effacer tout questionnement. Son air sympathique brise son mal être. Son physique est imposant, ses épaules sont larges et ses 1m80 masquent cette fragilité qui est au fond de lui. Cette corpulence lui donne un air protecteur. Son faciès sympathique lui permet d’avancer, de faire fi de ses soucis personnels. Il use d’un humour pertinent pour cacher une grande tristesse. Je ne le connais pas suffisamment pour dévoiler l’obscurité de son âme, même si je connais une partie de sa vie. Mais ai-je le droit de tout savoir sur lui ? Certainement pas. Après tout, c’est sa vie, ses secrets. Je le perçois content sous son air rassurant.

De Zouhair (suite de la proposition d’écriture N° 152, « Les aventures de Bertrand au Maroc »)

Une fois dans le taxi, le chauffeur lui confie, malicieux :

Après la période sèche du COVID, on est comme des bébés qui attendent le lait de leur maman !

Bertrand, qui ne s’attendait pas à être comparé à un sein nourricier, reste scotché sur son siège.

Vous allez où comme ça ? Vous avez réservé un hôtel ? Parce que si vous n’avez pas réservé, moi j’en connais un très bien, vous savez ?
Non merci, j’ai réservé dans un Riad, par internet.
Ah, c’est où ?
Dans la médina…
Ah, méfiez-vous, il y des arnaques dans la médina. Ils vous annoncent un prix et c’est un autre quand vous arrivez…Coup d’œil dans le rétroviseur pour guetter la réaction de Bertrand.
Non, non, là c’est un ami marocain qui m’a conseillé ce Riad.
Ah, faites comme vous voulez, mais moi j’ai mon cousin qui tient un Riad…La classe !

Sur ces entrefaites et après avoir coupé deux fois la ligne continue, la première fois pour doubler une charrette tirée par un âne, la deuxième fois pour dépasser toute une file de voitures sur la voie de gauche et se rabattre au dernier moment sur la file de droite, le taxi dépose Bertrand sur la place Djamâa El Fna.
Cette place, classée patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, est le lieu incontournable pour toute personne visitant Marrakech. C’est un creuset pour toutes les traditions orales populaires marocaines. On y trouve, pêle-mêle, conteurs, poètes, charmeurs de serpents, musiciens berbères ou danseurs gnawis. De plus, on est obligé de la traverser pour pénétrer dans la médina, la ville médiévale.
Envahi par l’agitation frénétique de la place, Bertrand perd ses repères. Le son strident de la ghita, petite trompette qui sert à charmer les serpents, le tambourin à cordes, tenu par un musicien berbère, les harangues des conteurs et des diseurs de bonne aventure pour rameuter les badauds…tout cela se mélange dans une cacophonie digne des foires à bestiaux d’antan.
A sa descente du taxi, Bertrand manque de se faire renverser par une mobylette qui zigzague entre les gens.
Un petit jeune, casquette à l’envers sur la tête, baskets Adidas de contrefaçon et survêt Nike, lui lance:

-Eh ! Tu fais attention oui ?

Prend un transporteur de bagages, lui a conseillé Hamid. Ce sont de petites carrioles poussées par un homme, la plupart du temps. Ils prennent trente à quarante dirhams pour acheminer vos valises à l’hôtel, les voitures étant interdites dans la médina.
Bertrand pénètre dans la médina. Marchands de tapis, de sacs en cuir, de djellabas, d’objets en bois, en terre ou en cuivre. Il n’avait jamais vu un tel étalage de formes, de couleurs et de senteurs dans sa vie. Il est à la fois émerveillé et perdu. Il ne sait plus où porter son regard.
Certains marchands le hèlent :
-Bienvenue ! Revenez me voir quand vous serez installé, Inchallah !
Ce qui le perturbe aussi, c’est ce flot ininterrompu de motocyclettes transportant des marchandises dans leurs remorques. Ils ne ralentissent pas à l’approche des promeneurs et il faut se plaquer contre les murs des ruelles étroites de la médina pour ne pas se faire accrocher.
Peinant à se frayer un chemin dans cette foule, Bertrand perd de vue son bagagiste.
-Mais où est-il passé nom de Dieu ? S’il était parti avec mes affaires ? Se morigène-t-il.
Il se met tout d’un coup à courir pour essayer de retrouver le conducteur de la carriole. Il ne sait pas qu’il est très mal vu de courir dans la médina. Il n’y a que les voleurs qui courent, lui avait-on expliqué, après. De ce fait, il se fait interpeller par un policier :

-Où tu cours comme ça Monsieur ? Papiers s’il vous plaît !

Bêtement, Bertrand avait glissé son passeport dans la poche extérieure de sa valise. Le voici dans de beaux draps !
Finalement, indulgent, le policier le conduit au Riad où il avait réservé. Le conducteur de la carriole l’y attend patiemment devant la porte.
Le Riad est au fond d’une de ces ruelles qu’on appelle Derb.
Bertrand paye et remercie le transporteur. Il se trouve devant une grande porte cloutée, peinte dans un bleu turquoise. Il sonne. On ne lui ouvre pas tout de suite. Il attend. Il a compris maintenant que le temps ne s’écoulait pas à la même vitesse ici. De jeunes gens désœuvrés, assis sur le seuil d’une maison, le regardent fixement. Le vieil homme se serait-il trompé d’adresse ?
Enfin, la porte s’ouvre. Un jeune homme bien habillé et courtois apparaît, fait un geste ample de bienvenue avec son bras et fait entrer Bertrand. La porte à peine refermée, toute l’agitation et la frénésie de la médina disparaît. Un calme impressionnant règne, interrompu seulement par le chant d’un oiseau venu boire à la fontaine située au milieu du patio. Le sol, aussi bien que les colonnes sont recouverts de petites pièces de faïence bleues, jaunes et vertes, que l’on appelle Zellige. Les dessins que forment ces Zelliges sont différents d’une maison à l’autre, permettant ainsi de personnaliser l’habitation. Autour du patio, s’organisent les pièces à vivre qui sont maintenant autant de chambres particulières et de suites. L’architecture des riads, qui sont des maisons traditionnelles héritées de l’art andalou du quinzième siècle, est faite de telle sorte que l’on puisse admirer le jardin (d’ailleurs Riad veut dire jardin en arabe) depuis n’importe quelle pièce…

De Saxof

TRAVAIL DE GROUPE

THEO RAIME est un psychologue spécialisé dans les noms difficiles à porter. Il y a des patronymes malsonnants tels que : Cocu, Mouchard, Fessier, Cafard, Groslard, Batard….etc.
Théo a aidé beaucoup de ses patients à évacuer leur colère, à exprimer leur ressenti et les a aidés à changer une lettre de leur nom afin de finir par se sentir à l’aise en société et ne plus craindre le regard des autres.
Chaque semaine depuis 6 mois, il reçoit en groupe, 3 jeunes qui ont un malaise avec leur nom. Ce n’est pas qu’ils en soient encombrés, mais l’ensemble, prénom et nom de famille, les mets dans une situation qui ne leur correspond pas ou plus.

La 1ere qu’il a reçue était MELODIE DIEZE, quel joli nom lui a-t-il dit. MAIS elle s’est rebiffée rapidement « Ah on voit bien que ce n’est pas à vous que les gens demandent avec instance de jouer quelque chose »
Mélodie est une jolie et longue fille blonde aux yeux bleus pétillants, bien faite, de 27 ans, qui ne connaît même pas le solfège et écoute très peu de musique. Ses parents, en secret, lui ont attribué ce prénom en espérant qu’elle joue du piano, étant mélomanes tous les deux, avec le regret de ne jouer d’aucun instrument. Mélodie, rebelle, n’a jamais voulu essayer ni le piano, ni le violon, et à l’école elle a même refusé de souffler dans sa flûte.
Elle fait des études d’horticulture et contrairement à sa façon braque de s’adresser aux humains, elle est d’une douceur exquise avec ses fleurs et ses plantes. Elle n’a pas besoin d’un homme dans sa vie, pour elle, « être seule » ne veut pas dire « être solitaire ». Cela signifie simplement que l’esprit n’est pas influencé et contaminé par la société. Son chat, Gaspard, lui apporte tellement de satisfactions. Elle refuse même de devenir mère. Pourtant, elle se sent bien avec les enfants qui s’intéressent à son métier et à qui elle prodigue des conseils profonds sur la nature et la terre.
ELLE VEUT SAVOIR SI SON COMPORTEMENT EST UNE DEVIANCE VIS A VIS DE SON NOM OU SI C’EST SON COMPORTEMENT NATUREL A ACCEPTER.

La 2eme était SUZETTE FEVRIER. Elle a raison, c’est vrai que quand on entend son nom en entier, on pense tout de suite à la Chandeleur. Certains s’en amusent à ses dépens et c’est un lourd fardeau pour elle. Elle est arrivée, comme une minuscule chose recroquevillée sur elle-même, très introvertie. Elle est petite, pas plus d’1m50, brunette aux yeux noirs de 32 ans, au chômage avec peu de diplômes. Ses parents sont morts dans un accident de voiture alors qu’elle venait de fêter ses 7 ans. Les familles d’accueil ont été des passages douloureux pour Suzette. Elle a un amoureux qui est plus souvent au café et au foot avec ses amis qu’auprès d’elle. Elle voudrait le quitter mais a peur de lui dire qu’elle n’est pas heureuse. C’est l’hôpital qui l’a envoyée au cabinet, à la suite de sa tentative de suicide. Elle va un peu mieux. Son plaisir est de lire des romans qui la transportent et de faire des gâteaux pour les offrir aux personnes âgées à la maison de retraite, à deux pas de chez elle. De plus elle chante, elle leur chante de vieilles chansons avec son joli grain de voix. Quand elle sourit, elle est si jolie.
ELLE VEUT SAVOIR COMMENT TROUVER UNE AUTRE DIRECTION A SON HISTOIRE DOULOUREUSE.

Le 3eme était un homme de 29 ans. AXEL PATIN. Un gaillard blond aux yeux verts, bien bâti, musclé qui a perdu de son côté sûr de lui depuis son accident de moto. Son nom m’a tout de suite fait penser au patinage artistique. Pour lui pas de soucis. Avec ce nom que lui ont donné ses parents, il a accepté de monter sur des patins dès son jeune âge, et en a joué beaucoup avec les filles. Il a travaillé d’arrache-pied pour gagner des concours avec sa partenaire qui était sa petite amie, jusqu’au jour où elle l’a quitté lorsque ses jambes n’ont plus répondu. Il se sent perdu dans son fauteuil ou avec ses béquilles, devant cette incapacité à se dépasser dans ce sport choisi depuis longtemps. De plus, les médecins ne l’assurent pas d’une reprise satisfaisante. Il aimait Julia et souhaitait un enfant avec elle.
Voilà 6 mois qu’il ne se reconnait plus. De battant, il est devenu pantouflard, de positif il est devenu hyper négatif. Il ne s’amuse plus avec ses amis.
IL VEUT SAVOIR COMMENT SORTIR DE CETTE IMPASSE.

THEO RAIME les a réunis tous les trois pour un débat en chassé-croisé. Un travail de groupe sur plusieurs semaines afin de stimuler leurs réflexions. Il en est sorti que chacun a complimenté les deux autres avec des arguments valables et parfois solides. Leur bienveillance réciproque les a beaucoup aidés.
MELODIE DIEZE s’est adoucie vis à vis des autres et a compris que sa solitude est son chemin parmi les fleurs. Elle a aussi admis que la musique était un atout supplémentaire pour le développement des plantes, et pour elle aussi. C’est la musique classique qui a eu sa préférence. Elle va devenir prof d’horticulture ou influenceuse en horticulture. Expliquer son amour des plantes est un vrai bonheur, mais ne sait pas encore si ce serait mieux de visu ou en vidéo….elle doit encore travailler là-dessus pour choisir.
Finalement son nom sera le bienvenu dans son domaine fleurs/ musique.
SUZETTE FEVRIER, après avoir tant écouté ses collègues de travail psy, a fini par s’avouer que cuisiner du sucré est sa voie et après réflexions, discussions, a décidé d’ouvrir un food-truck pour vendre des crêpes et des gâteaux. Elle a même choisi son enseigne « Suzette Février tout est sucré », fière de son nom désormais. Justement son voisin a mis son utilitaire en vente et lui a proposé de l’aider à l’installer.
AXEL PATIN, quant à lui, après maints échanges, tout en restant souvent sur ses idées fixes, a finalement laissé entrer celles des autres pour avoir plus d’eau pour alimenter son moulin. Patiner est son grand plaisir, et en osant se remettre en question, il a décidé de s’occuper des débutants, et aussi de donner des cours pour aider les jeunes à accéder aux concours.
Son nom sera le reflet du bonheur de la transmission passionnée.
Ce soir THEO RAIME s’endormira heureux et fier d’avoir encore réussi et pourra se dire à lui-même « AIMER THEO ».

De Francis

Les trois font la paire

Si Georges BRASSENS les avait connus, ils figureraient sans aucun doute dans sa chanson les copains d’abord. Ces trois-là sont de vrais copains. On peut les rencontrer, là où ils se sont connus, au boulodrome. Prosper, Adrien, Ugolin, trois personnages qui devenus les vedettes du le terrain.
Prosper MOUISETTE est un homme grand, svelte, plutôt bel homme, ses cheveux sont de couleur poivre et sel. Ils sont ondulés. Il porte de fines lunettes. Il a le visage noble, le teint clair. C’est un homme sympathique. On sent qu’il a toujours soigné sa tenue et son élégance. Il est discret sur son parcours professionnel, on sait seulement qu’il avait un poste à responsabilité dans la capitale. En hiver une veste matelassée, une casquette en toile, à la mode. Dès les premiers beaux jours, il est en short avec des tennis de marque. C’est la touche légère et réfléchie du trio. Sur le terrain, on le sent concentré, il joue sérieusement. Il assure son tir, le bras bien tendu et quand la boule part, il reste immobile, attentif. Il sera dans quelques instants joyeux ou déçu. Il reprend calmement sa place et se tient prêt.
Adrien BICQUEMAERT, le deuxième comparse, a travaillé dans une usine de construction automobiles. Il a un visage serein, sa tête est ronde avec de grandes oreilles. Il est grand, stature très élancée. Généralement, il porte des vêtements amples. On sent en lui une certaine retenue. Il est très calme, son regard est vif. Il a débuté comme ouvrier et il a gravi tous les échelons pour finir chef d’atelier. Il est mesuré dans ses actions et dans ses propos. Toujours prêt au compromis mais ferme dans ses avis. C’est un passionné de cinéma en particulier de policier. Adrien est le tireur du groupe, son visage s’éclaire quand il déloge une boule. D’un pas lent il reprend sa place. On le sent heureux, son visage s’éclaire mais c’est tout.
Ugolin BARAMBOLES, c’est le bout en train du trio, sa profession : vendeur d’enclumes à la sauvette quand il l’annonce on sait tout de suite à qui on à faire. Sa tenue d’été : short, polo, tennis, l’hiver il sort peu, il a froid sur le terrain. C’est un impétueux. Il est tellement différent des deux premiers que l’on se demande comment il a pu se lier d’amitié avec Prosper et Adrien. Il est petit, trapu, charpenté. Son visage est rond et ses yeux rieurs, le teint bronzé. Il a les bras musclés d’un ouvrier. Ses mains sont larges et épaisses, mais cependant très fermes. Bien sûr, il n’était pas vendeur d’enclumes mais ouvrier agricole dans le midi. Il parle fort avec un léger accent. Marcel PAGNOL aurait pu faire de lui un de ses personnages. Il se dit de descendance espagnole. A table c’est un bon vivant. C’est un compagnon charmant qui apporte la bonne humeur, la touche populaire et légère du trio qui le fait apprécier de ses camarades qui trouvent en lui le complément de personnalité qu’ils n’ont pas eu ou pas pu acquérir.
Tous les trois forment une équipe que l’on apprécie pour son jeu et son fair-play. Sur le boulodrome, on les surnomme les trois mousquetaires, ce qui ne les empêche pas d’être parfaitement intégrés parmi cette bande où sévissent Matthieu, Benoît, Olive, Mathurin et même Fatoumata, qui rit tout le temps.
Un melting-pot de personnalités venues chercher sur le terrain un peu de vie sociale et de distraction à la retraite.


De Lisa

2023 …Retour de « the Mentalist News avec toujours plus de surprises !
La soirée arrive et les convives s’installent à leur place. Place au spectacle !
Le mentaliste que vous connaissez, arrive sur scène :
« Bonsoir, Bonsoir, Mesdames et Messieurs, oh ! Quelle joie ! d’être nombreux et Bonsoir, Bonsoir, Mesdames et Messieurs, soyez prêt pour ce moment merveilleux. Alors, pour les personnes qui me connaissent, je suis le célèbre Mentaliste qui vous montre le classique de chez classique, mais aujourd’hui nouveau show.
Contrairement à la dernière fois, je ne vais pas vous faire un show classic de chez classic, une expression que j’ai inventée.
Tiens ! En parlant d’invention, oups ! Je vois encore des défunts qui se baladent dans la salle. Cette fois-ci, pour être sûr que je ne vous mens pas, j’ai invité des collègues médium ».
Ces derniers arrivent sur la scène et se présentent l’un derrière l’autre. Tout à coup, ce dernier, pour détendre l’atmosphère propose un petit jeu :
« Est-ce que vous voulez que l’on vous caractérise les personnes invisibles ! »
Et le public crie « oui ! » car ils ont lu sur l’affiche la présence de « nos chers voisins ».
« On démarre ! Est-ce que Didieric …. Debrevicus est là, notre cher gars de la Sécurité. Je l’aperçois ! Mais dans l’autre monde ! Aucun rapport avec Telepomme ! Hi ! Hi ! Je ne sais plus le vrai nom du groupe ! Mais il s’est présenté et je vous répète son nom et son prénom.
Chef ! Un petit verre, on a …Je rigole ! Allez chose sérieuse. Vous permettez que je commence par ce Monsieur qui était en chair et en os. Alors, nous avons affaire à un grand homme, cheveux blancs moutonnés. Je suis désolé mais je dis comme je pense. Moutonnés comme le chanteur populaire des filles que je ne vais pas citer son nom car je ne veux pas avoir de problème avec la famille et les fans. En plus, il est vêtu en toute simplicité. Vu aux apparences sans jeu de mots, il doit être fort timide car il ne dit rien de mes blagues. Il devrait dire un petit mot de défense. Mais non ! Il doit être poli et gentil. Bon ! Je fayotte, on ne sait jamais !
Tout à coup, sa collègue prend la parole :
« Comme il est pipieux, notre médium populaire ! Mais j’ai appris que l’année dernière, on m’a parlé d’un duo de « PAPA ».
-Non ! Mais sans blague !
-ILSSSSS SONT LA?
-Les gaulois !!!
Et le public rigole aux larmes.
-très drôle !
-Non ! Les deux papas !
-Tiens ! Comme tu les adores, tu peux nous les décrire. Vous êtes d’accord (au public)
-Bon je suis gentleman ! Je commence par celui à ma gauche et bien sûr, vous ne voyez rien comme d’hab !
Il dit « Lucassillus merdecus »,il est rigolo notre Jean-Pierre !
-Pardon !
-Non je rigoooole ! Il est rigolo et il n’y a pas photo ! Petit et fort à la fois ! Sans jeu de mots encore une fois !
Il n’arrête pas de papoter et heureusement que vous n’avez pas le son, pour une fois que je suis « le maitre du monde » hommage à Titanic car je coule !
Et enfin son compère, un clin d’oeil à Gérard !
-Il s’appelle Gérard !
Mais non ! Il porte le prénom de Maricus Debrecus ! Ils sont tous comme ça là-haut ! Vous êtes sortis des albums des Gaulois ! Je vais pas sortir le nom car je n’ai pas envie de payer les droits d’auteur et avec ces gens-là, il vaut mieux être prudent ! Pas vrai ! Jean-Pierre ! Jean-Pierre !
Attendez, il est grand comme son fils, gentil et muet et pas comme son voisin qui est pipieux. Oh ! Oui ! Je l’ai déjà dit. (Il m’énerve ! ), habillé à la Columbo, désolé mais j’adore cette série. Ensuite, il a des cheveux blancs comme de la chantilly, vu son âge, des yeux en forme de noisettes, le nez normal comme sa bouche.
FINITO !
-Ah ! Vous avez fini votre cirque ! Car entre nous, personne ne croit à votre histoire de présence de l’autre monde, un clin d’œil à Telepomme. Allez Musique !


De Jacques

Histoires

Le chercheur
Il s’appelle Gal Videnskabsmand. Il est né dans le pays Eksisterer Ikke. Il n’est pas très grand avec des verres presque aussi grands que sa figure. Ça lui donne une drôle d’allure. Il a étudié à la Biologiske undersøgelser.
C’est un chercheur indépendant. Sa recherche sur le cancer l’a amené à échafauder une théorie qui s’articule autour des nombres périodiques. Sa théorie veut que les cellules cancéreuses se sont perdues dans une suite de nombre sans fin. Cette suite de nombre détériore les fonctions pour lesquelles les cellules ont été créées, pas l’organisme (n’étant pas biologiste, j’explique comme je l’ai perçu… Enfin!).
Je l’ai connu par l’entremise de mon frère qui lui avait dit à quel point ma connaissance en informatique était « étendue » (nette exagération). Je l’avais aidé à élaborer un système de gestion de données qui, d’après lui, pousserait sa recherche encore plus loin. C’était bien avant Internet. Seuls les babillards électroniques existaient à l’époque, mais sans grande utilité pour Videnskabsmand. Pour exprimer encore plus simplement (ou pas) sa théorie, il avait créé un nouveau type de police de caractères. Cela me paraissait complexe.
En fait, après 20 ans de recherche, au hasard d’une rencontre dans une grande surface, il m’annonce : min teori er endelig klar. Il m’a dit : « Jeg sender dig en kopi ». Bien que je ne m’attendais pas à en voir la couleur, cette étude ne m’est jamais parvenue. Drôle de bonhomme ou comme on dit chez lui : sjov fyr!

Le peintre
Il signait ses toiles Estofador (son vrai nom était : Pincel Azul). Il avait un talent fou pour se mettre dans la merde. Tous lui disaient : Cale-se. C’était comme une seconde nature. Quelqu’un lui demandait s’il fumait de l’herbe alors que même si ce n’était pas le cas il disait : Sim. Un jour, en parlant avec des amis, une femme de couleur se glissa dans la conversation. Toujours en quête de bêtises à dire, il lui demanda : você está usando uma peruca? L’enfer ! Tous les organismes de défense des minorités se ruèrent sur lui le traitant maldito racista. Les journaux, tels que l’O jornal da tarde, l’injuriaient avec des propos particulièrement durs. Il dût fuir devant la vindicte populaire. Effectivement, un soir, assis à sa table préférée au café Cafeína Arábica, quelqu’un le reconnut et le serveur, aidé de quelques clients et clientes, l’a foutu à la porte comme un vulgaire déchet.
Depuis des mois, il préparait une exposition que devait le propulser aux sommets de l’art dans le pays. Or, l’exposition tant attendue à Lisbonne a été annulée.
Se retirant du monde sur une île dans une maison au bord de la mer, Estofador changea de nom, de style et de médium. Estofador devint Anacoreta. Les collectionneurs se les arrachaient à prix d’or. Son nouveau gérant ne l’a jamais vu. Ils ne communiquent que par courriel, il vend maintenant ses œuvres partout dans le monde, mais personne ne revit son visage. Ses toiles ont fait sa fortune. On dit : QUE TALENTO! Anacoreta reste un mystère encore de nos jours.

L’écrivain
Après le succès de son premier roman, Hubert Lousseize a obtenu une bourse du Conseil des Arts du Canada. Son roman, Le retour à l’acte, racontait l’histoire mouvementée d’une famille riche des années 1920 qui avait fait fortune en rachetant à bas prix des actions tant à la bourse de Londres, de Paris, de New-York et de Francfort pour les revendre à la hausse juste avant la crise de 1929. L’argent attire l’argent mais aussi des inimitiés, voire de la haine. Le roman s’achève à la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit à la mort du chef de famille. Son testament contenait 350 pages et ne permet à aucun de ses descendants de faire fortune.
Son deuxième roman se veut une reconstitution des radioromans des années 1940. Sa recherche l’amène à lire sur Internet des informations telles que : « Les radioromans québécois se développent au courant des années 1930 et restent populaires jusqu’à l’arrivée de la télévision dans les années 1950. »[1] Puis à faire un constat sur la « …radio permet de mettre en paroles un type de création littéraire qui est déjà courant à l’époque : les feuilletons écrits et publiés dans les journaux. En ondes, cependant, ces histoires sont racontées et jouées par des comédiens, sous la forme d’un texte de théâtre. Chaque nouvelle diffusion fait progresser l’histoire. »[2] Les radioromans permettaient ainsi à une partie de la communauté artistique du Québec de vivre à peu près décemment.
Il veut donc écrire sur les interrelations entre les personnages dans l’œuvre radiophonique mais aussi à l’extérieur dans la vie comme au théâtre, mais il est confronté à une page récalcitrante : la page blanche. Après plusieurs semaines à se tourner les méninges, à sortir, à aller se mêler aux gens dans le Carré Saint-Louis et à aller prendre de nombreux cafés au Capulus tout près de chez lui, il finira par résoudre cette douloureuse incapacité et son roman quelques mois plus tard. Le titre ? Tout simplement, Radio.

[1]https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/montreal-sur-les-ondes-dans-les-radioromans-de-robert-choquette
[2]Idem.​



D’Inès

Mémé Georgette
Chaque dimanche, les petites dames du village avait tendance à se mettre debout sur une colline. En effet, elles attendaient Cendrillon, C’est ainsi qu’on la surnommait, mais en réalité elle s’appelait Mémé Georgette.
Dès son apparition au loin avec sa charrette, mémé Georgette déployait un air de festivité et de magie, sur le village… hommes, femmes, enfants, tout le monde s’agglutinaient autour de cette bonne femme. En effet, Georgette ramenait toutes sortes de fromages frais, lait, et petit-lait à ravir les papilles des grands et des petits. Malgré son jeune âge, son visage était pâle et ridé, ses cheveux bouclés lui tombaient sur le front et les épaules. Elle prenait soin de noter toutes les nouvelles commandes avec ses petits doigts ridés, ressemblant à ceux d’un agriculteur ; ces dernières étaient percées de petites blessures noires et de gerçures. Ses petits yeux étaient atteints de myopie à force de travailler sous le soleil. Elle portait un grand chapeau de paille, un grand tablier bleu et des savates en guise de chaussures. Elle avait souvent un petit rire drôle et timide, elle parlait un français avec un accent portugais. Tout en comptant ses petits billets, elles avaient tendance à tirer la langue d’un air hébété, puis rangeait ces derniers dans son soutien-gorge en guise de portefeuille. Avec sa voix cristalline, elle n’hésitait pas à chanter haut et fort les louanges de ses fromages.
De notre côté, impatients, on réceptionnait nos petits fromages bien ficelés dans du papier blanc … tout en rêvassant à la prochaine visite de notre petite Cendrillon.
Noah Vaisseur

Un capitaine de renommée, après le naufrage de son navire, il décide de quitter la Californie pour s’isoler et s’installer dans les grottes qui corroborent le grand fleuve du Colorado … comme nous le savons tous, cette rivière très active alimente les villes américaines. Elle se mue aujourd’hui en un spectacle désolant et poignant, la sécheresse a littéralement pris le dessus.
Noah est un homme de forte corpulence, il porte souvent sa casquette de capitaine. Il aime passer sa main sur sa longue barbe grisonnante, ses cheveux châtain clair ressemblent à la tignasse d’un lion, ses prunelles sont d’un bleu océan où l’on peut remarquer une immense tristesse.
Le visage impassible, il va souvent contempler le long fleuve, et méditer sur son passé … il reste des heures silencieux tel un bouddha ! Sa carrière de capitaine l’a initié au minimalisme, au courage, et à l’honneur.
La grotte où il s’est installé est un peu le miroir de son être… dépouillée de tout apparat… sa devise est : « l’acceptation Et l’apaisement contre toutes les épreuves, jouir de l’instant présent et ne plus penser au passé glorieux où il naviguait de rivage en rivage. Son âme est devenue le reflet de ce fleuve… Le Colorado qui aujourd’hui desséché, reste aux yeux du monde une rivière paisible mais tellement majestueuse !

Walid Matheux
Walid vivait dans la ville d’Alep, c’était un homme solitaire, il déambulait dans les quartiers toujours murés…il avait perdu toute notion de temps. Walid était ingénieur en Nucléaire. Un beau jour, il devint fou. Depuis, il portait des lambeaux de tissus qui lui couvraient à peine son corps. Il était tellement chétif que l’on pouvait apercevoir ses os. Il marchait les pieds nus, sans faire attention aux objets pointus qui se trouvaient sur sa route, les yeux rouges et hagards, il gesticulait en pestant contre lui-même. Ses cheveux bouclés et noirs lui tombaient sur les épaules. Lorsqu’il se montrait agressif, les enfants n’hésitaient pas à l’appeler Walid le FOU ! mais lorsqu’il se montrait conciliant, ils l’appelaient Walid l’EXCELLE ! Alors les enfants se précipitent vers lui, et l’entouraient pour qu’il les aide à résoudre leurs devoirs de maths et de physique.
Alors Walid, fier de reprendre ses fonctions de professeur, fit sortir dans la rue, au seuil même de la porte de sa maison, sa petite table en guise de bureau. Subitement, cet homme se transformait en une machine à cogiter, ses prunelles brillaient de toutes leurs intelligences. Enfin il retrouvait son aire digne d’enseignant.
Néanmoins, un profond sentiment de tristesse s’était abattu sur le quartier où vivait Walid. Ses proches, ses amis qui l’avaient connu du fait de ses brillantes études, n’arrivaient pas à se résoudre que la destinée de Walid était irrémédiable et irréversible.


De Nicole

Personnages en vrac

– Le Major anglais – Reginald Mc Intosh
– Mademoiselle Josépha
– Dr.Arsena Lupinien

A Bruxelles, le Café des Voyageurs est un rendez-vous incontournable situé près de la Grand’Place.
Il accueille le matin et la soirée quelques habitués.
Au cours de la journée, touristes et trentenaires branchés viennent y déjeuner et à 17H c’est tea time.
Tous les matins, le Major Reginald Mc Intosh y boit son café au lait.
Il est en poste à Bruxelles pour la British Army comme consultant.
Ce natif du Surrey, au maintien droit, à la moustache fournie, façon Terry Thomas, attend Arsena Lupinien, doctoresse à l’hôpital St Pierre, ancienne MSF.
Leurs discussions parlent souvent des pays en guerre et il y en a beaucoup, des postes avancés des Médecins sans Frontières, des difficultés du terrain, des migrations.
Avec l’humour détaché du major, ils ne tombent jamais dans le misérabilisme.
Quelques cafés plus tard, arrive Mademoiselle Josépha, la danseuse de flamenco, habillée de cuir noir, fleur rouge dans les cheveux et bandana autour du cou.
Une tigresse femme en mode douceur.
Un vent de légèreté souffle sur le café des voyageurs.
Le mur entier couvert de malles et de valises semble les ouvrir pour partir rêver dans d’autres contrées pour les trois amis…


D’Elie

La réconciliation, la force de l’unification.

Ce matin le soleil se réveille de sa demeure timidement. Et la fraîcheur de l’harmattan de décembre continue de se rendre maître sur le département de la vallée au sud-ouest du Bénin. Cette fraîcheur attiédie par la chaleur matinale de l’harmattan donnait à l’organisme des bouffées d’oxygène bienfaisant.
Mais chez Paulin, il semblait vivre un bouleversement apocalyptique. Il tremblait d’émotions au point de perdre le contrôle de soi. Rougi de colère, Paulin vociférait et crachait des propos orduriers sur son frère, germain, Lazare. Cette situation est due à une mauvaise gestion de l’héritage, sur des dizaines d’hectares de terrain et de maisons laissés par leur feu mère, Djeliba.
Lazare, le grand frère a fait preuve d’un abus de confiance grave en vendant trois hectares de terre par dévers son frère, Paulin. Les jours s’écoulent et les fossés de conflits et de haine ne cessent de s’approfondir. Durant trois ans, les deux frères ne s’entendaient plus et ne se voyaient plus non plus. Pire les épouses, Sabine et Jeanne et les enfants des deux frères, étaient emballés dans ces conflits d’héritage qui ne finissaient jamais. Une telle atmosphère toxique ne favorisait aucun épanouissement, ni un progrès. Comment vivrions-nous auprès des frères qui ne se saluent plus et interdisent à nos enfants de se saluer même à l’école ?
Les épouses des deux frères s’efforçaient de se parler et jouaient le rôle de médiatrices sans que leurs voix soient entendues des époux égoïstes. Elles prient qu’une aurore de la paix puisse poindre sur la famille en informant les réels faits à qui de droit.
Le notable, Fanou, constatant les ruines que causent le conflit entre frères, a convoqué une réunion à dessein. La concession familiale, bâtie en terre cuite est située à côté du verger de mangues, accueillant les invités de la réunion à Domè. Depuis six heures du matin, le notable Fanou, la tante Salomé, Lazare et Paulin avaient tous répondu présents.
Le notable, Fanou, un homme de taille courte, était vêtu d’une tenue locale tissée et brodée avec la dernière finesse de l’art. Fanou, ayant les deux mains jointes et posées sur l’un de ses genoux introduit l’entretien en ses termes :
— Une sagesse de chez nous dit : « un linge sale se lave en famille » aussi « la langue et les dents s’affrontent mais demeurent toujours ensemble. Et chacun jouant pleinement son rôle pour le bien de l’organisme humain. » Ainsi donc, prendra fin le conflit existant entre Paulin et son frère Lazare. Et comptant sur le sens de respect aux aînés, l’humilité et la volonté à pardonner l’offenseur, nous allons sortir de cette maison, comblés et guéris de nos maux psychologiques et physiques.
Suite à la voix de Fanou, on pourrait déjà vivre la décrispation de l’atmosphère sur les visages de Paulin et Lazare.
La tante Suzanne donnant appui à la voix de la sagesse venant de l’oncle Fanou a dit :
—- C’est aujourd’hui le temps de la guérison pour mes enfants. Mes seuls neveux issus des entrailles ma grande sœur, Djeliba. Elle a très souffert dans la pensée de laisser quelques biens à ses enfants. Ses biens, acquis au prix de tant de sacrifices et non par des voies de la corruption, serviront nécessairement au bonheur pour mes enfants que voici : Paulin et Lazare.
Par ces mots, la tante Suzanne éclata en pleurs. De ses yeux, on dirait un torrent de larmes, puis la gorge serrée, elle s’est vue pour quelques instants dans l’incapacité de parler. Elle s’était noyée dans des souvenirs douloureux qui l’avaient étranglée la gorge.
Mes chers enfants, veuillez alléger la peine que nous endurons depuis plusieurs années pour des questions d’héritage.
Au nom de la paix, j’ai déjà racheté pour la famille au prix vingt-cinq millions de francs. Par conséquent, je souhaiterais l’oncle Fanou que vous nous aidiez, avec la sagesse des autres notables du village Gnitin, à faire le partage équitable des biens de ma sœur Djeliba sur ses enfants et petits fils. Je ne veux qu’une seule chose : la vie et non la mort ; la paix et non la ruine pour la descendance de ma sœur Djeliba.
À la suite de ces mots de la tante, Suzanne, Lazare s’effondra de son orgueil et tomba aux pieds de tout le reste. Il parla ainsi :
—- Je vous remercie et je demande pardon à notre oncle Fanou, à ma tante, Suzanne et en particulier mon frère Paulin. Je confesse trois faits qui m’ont mis dans cet état malheureux : au premier instant, j’ai abusé de mon droit d’aînesse sur mon frère Paulin.
Secondo, j’ai été méchant envers mon frère puisque à plusieurs reprises, j’ai attenté à sa vie en voulant le détruire par des procédés mystiques et physiques en rançonnant des mercenaires pour le tuer. Mais il a toujours échappé aux plans de destruction savamment montés.
Enfin, je n’ai pas été honnête envers moi-même, puisque j’ai manqué de tirer les meilleures leçons à l’école de la sagesse de ma mère qui s’était battue pour nous laisser toutes les richesses. Mon jeune frère Paulin a compris cette leçon et travaille comme le faisait notre feu mère Djeliba.
Lazare se mit à genoux devant son frère Paulin puis réitéra ses regrets et pardons.
Paulin prit la parole exprima son sincère regret à son grand-frère.
Comme à l’accoutumée, de tels actes de paix sont des occasions de communion et de gratitude envers les hommes de paix. Les épouses de Paulin et celle de Lazare apportèrent de copieux repas à la famille. Quelques semaines s’écoulèrent. Les sages furent invités pour le partage des biens de Djeliba, leur mère.
Quand la voix de la sagesse est comprise par tous les hommes, la paix est évidente. Mais il est opportun que les conflits trouvent un terrain d’entente le plus tôt possible. Ce sera la santé pour les membres de la famille.

D ’Eric

Suite de Ninon (proposition d’écriture N°153)

Assis sur le divan, face au feu qui crépite dans la cheminée, ses mains entourant un mug empli de vin chaud pour se réchauffer, Laurent discute avec Ninon :
– Afin de pourvoir le poste laissé par Martin au travail, tu as fait trois entretiens cette semaine, peux-tu m’en parler ?
– Avec plaisir, cela m’éclaircira les idées.

Voila :
La première s’appelle Bruneline CLOCHE, 58 ans, 1,65 M, yeux noisette, cheveux châtain foncé, visage un peu anguleux, il lui manque à mon gout quelque kilos. Maquillée impeccablement, elle s’est présentée en tailleur brun avec un chemisier jaune. Originaire du Berry, mais a vécu dans plusieurs régions de France au cours de sa carrière,chez Suez où elle a fini responsable régionale. Habitué à diriger, calculatrice, aimant contrôler et se contrôler : le ton de sa voix pendant tout l’entretien est resté monocorde. Un tantinet psychorigide avec une tendance à la domination, elle a, suivant l’expression consacrée, une main de fer dans un gant de velours. Intelligente efficace et compétente. Défaut apparent : manque de chaleur et d’empathie.

La deuxième c’est Aicha BOUM, 54 ans, 1,56 m, yeux et cheveux noirs, visage arrondi, le corps aussi. Elle est arrivée en jogging, prétendant être venue de loin à pied. Originaire du Maghreb via le 93, elle travaillait dans le social au travers de différentes associations. Souriante chaleureuse, dynamique, elle respire la joie de vivre. Sa voix est mélodieuse et captivante. C’est une meneuse. Par contre, j’ai relevé des anomalies dans son discours. Je me demande si, sous ses allures sympathiques, ne se cache pas une manipulatrice et une mythomane. Le bouquet, c’est de l’avoir vu repartir avec sa voiture !
Défaut prouvé : menteuse.

Le troisième se nomme Serge GLAS, 55 ans, 1,75 m, yeux vert, tignasse rousse, allure sportive avec un grand sourire qui allume son visage. Il se présente vêtu d’un polo bleu moulant ses pectoraux, d’un pantalon noir impeccablement repassé avec des chaussettes et chaussures assorties. Quelqu’un qui prend soin de lui et du regard des autres. Il vient du monde du spectacle. A la fois conteur professionnel, musicien et poète, il parcourt le pays au gré des engagements qui s’offrent à lui. Il est non pas dans le laisser aller mais plutôt dans le laisser venir. J’ai tout de suite été sous le charme de sa voix et des anecdotes qui faisaient suites à mes questions. Un ego bien présent, mais attentionné et à l’écoute il…

Laurent l’interrompt : Ça va Ninon, je connais l’heureux élu: quand la CLOCHE fait BOUM ça sonne le GLAS! Ninon éclate de rire et lui propose de continuer en passant à table !

De Zouhair

Abdulhassan Etaïbi est un grand homme, dans tous les sens du terme. Mesurant pas loin de deux mètres, il était impressionnant. Lorsqu’il se promenait dans les rues pavées de la médina de Fès, tout le monde le regardait passer. Il était, de surcroît, très élégant. L’hiver, il arborait un burnous blanc fait de laine de chèvre angora et des babouches jaunes traditionnelles aux semelles de cuir. L’été, il portait élégamment un saroual et une tunique blanche dont les broderies au fil d’Amann lui donnaient un éclat exceptionnel. Lorsqu’il se promenait dans la médina, Abdulhassan n’évitait aucun regard et répondait avec courtoisie à tous ceux qui le saluaient. Ce sont ses yeux qui fascinaient le plus. Dans un pays où la plupart des personnes ont les yeux noirs ou marron, ses pupilles bleu cobalt, enfoncées dans des orbites profondes, surprenaient. Les sourcils épais qui les surmontaient ajoutaient encore plus d’intensité à son regard. Enfin, sa barbe blanche, très fournie, le faisait ressembler à un prophète.
Abdulhassan était le descendant d’une longue lignée d’érudits kairouanais venus s’installer au Maghreb au huitième siècle. Il est docteur de la Loi Islamique, issu de l’université Karaouine de Fès, une des plus prestigieuses universités du monde arabo-musulman.
Malgré son érudition, c’était un homme très simple et très accessible. Lorsque ses adeptes ou les membres de sa famille lui posaient des questions sur ce qu’il était admis de faire ou de ne pas faire en conformité avec les préceptes de l’Islam, il ne haussait jamais le ton et répondait avec sérénité et nuance à ces problématiques.
Abdulhassan avait cependant un défaut : il était très gourmand. Le soir, après avoir lu longuement des ouvrages sophistiqués, il ne pouvait pas s’empêcher d’aller visiter le placard où étaient rangés les gâteaux au miel et aux amandes que confectionnait sa femme. Malgré les limites que lui imposait son diabète, il en mangeait trois ou quatre, avec délectation.

Bertrand Gagnaire est rondouillard et dégarni. Les rares cheveux qui lui restent dépassent de chaque côté de son crâne en petites touffes grisonnantes. Il est touchant avec son air toujours étonné, son pantalon qui tire-bouchonne sur ses chaussures et son immuable gilet en satin bleu.

Ah bon !? dit-il à chaque fois qu’on lui apprend quelque chose, ben j’chavais pas !

A part cela, Bertrand est l’homme le plus serviable du village. On peut lui demander ce qu’on veut, il ne dit jamais non. Sa porte est toujours ouverte pour qui souhaite partager avec lui une petite prune ou un verre de rouge.
Bertrand ne s’est jamais marié et n’a pas d’enfants. Il a été recueilli par l’Aide à l’Enfance très jeune et est passé de foyer en foyer jusqu’à l’âge adulte. A force de volonté et de persévérance, il a construit lui-même sa maison et s’est entouré de beaucoup d’amis. On dirait que toutes les années passées « chez les autres » ont servi à établir chez lui l’idée que les autres, quand ils viennent chez lui, sont chez eux. Lorsque la guerre a éclaté en Syrie, il a même accueilli, pendant plusieurs semaines, des réfugiés. Par contre, il ne connaît pas le monde, n’étant jamais sorti de son village.
Un jour, un collègue de travail lui parle du Maroc et lui conseille de le visiter. Malgré son appréhension de sortir de son territoire et de prendre l’avion, Bertrand se décide et franchit le pas.

Jacques Bensimon.
C’est ce qui est inscrit sur la plaque à l’entrée du laboratoire de recherche sur le Bozon de Higgs, à Genève. L’homme, d’une cinquantaine d’années, est affable. Il parle facilement des travaux qu’il mène au CERN.
Son front, lisse et sans une ride, dément cependant l’image que l’on se fait du savant tracassé par des problèmes insolubles à résoudre. De même, il n’a pas de cernes autour des yeux. Sa peau claire et ses cheveux blonds frisottants font penser à un enfant de cœur. Si l’on s’attarde sur ses mains et sur ses ongles en particulier, on ne doute pas que Jacques se fait manucurer régulièrement.
D’ailleurs, on voit que ses vêtements sont choisis avec soin. La chemisette verte en soie tranche avec le pantalon orangé au pli impeccable. La ceinture en cuir, de couleur fauve, est assortie avec des mocassins italiens pleine fleur.
Jacques n’a absolument pas l’allure du savant à laquelle on s’attend et pour cause ! Jacques est aussi un homme d’affaires averti. Il a réussi à conceptualiser et à donner une forme et une couleur au Bozon de Higgs, alors que tout le monde sait que celui-ci est tellement petit qu’il est invisible. On ne le repère, dans l’accélérateur de particules situé à Genève, que grâce au champ qu’il crée en se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière. Jacques a créé le « Bozig’s ». Pour cela il s’est inspiré du Spiner, cet objet qui tourne autour de lui-même pour occuper les mains des enfants hyperactifs lorsqu’ils sont en classe.
Le bozig’s, lui, est fait de trois hélices en métal aux couleurs chatoyantes, qui, contrairement au Spiner qui ne tourne que sur un plan, tournent, elles, sur trois plans à la fois. L’effet est surprenant et les enfants se l’arrachent. La « Bozig’s Corporation » est devenue ainsi une des entreprises du CAC 40 et engrange d’énormes bénéfices.
Face aux critiques qui considèrent qu’il est malhonnête de détourner des objets scientifiques à des fins commerciales, Jacques répond qu’au contraire ce jouet pourrait susciter une curiosité chez les enfants et les amener peut-être à devenir des ingénieurs et des chercheurs.
Jacques est donc loin d’avoir des rides sur le front.

De Jean-Claude

En cette matinée de l’an de grâce 1025.

Exactement, nous étions le 10 juillet, l’air était doux, le parfum des fleurs de tilleuls se répandait dans les coursives du château, les grillons chantaient à tue-tête, les animaux se réjouissaient de cette belle journée à venir, le coq réveilla tout le monde par son chant comme pour défier la bataille à venir. La grande porte du château s’ouvrit, le grincement des gonds claironnant aux oreilles du maître des lieux comme une musique des ménestrels……
Tout ceci embauma les narines de Robert…dit le Magnifique….( personne à la cour n’avait remarqué cette éloge )…mais en cette matinée il était plus magnifique que les autres matins, très brillant comme le soleil, et de bonne humeur d’être levé du pied droit, et du pied gauche !
Jamais à son habitude, Robert se mira dans l’eau claire du bassin, son visage rayonnait par son teint halé, il était dans une forme extraordinaire. Il était torse nu, et gonflant un poitrail dominateur, avec pour seul habit un slip kangourou. Il Traversa la pelouse d’un pas assuré, la rosée lui lavait les pieds, il s’approcha à quelques pas de la sentinelle… (lui tapant sur l’épaule)
-Eh bien mon brave garde bienveillant à son maître…. Qu’as-tu vu cette nuit ?
(Le garde, voyant son maître dans cette tenue, le reconnait à peine, il bégaie )
-Sei…sei…seigneur personne…même pas un lapin, sauf le chat de la mère Michel !
-Quoi ? Mais tu as de bons yeux, le matou de la mère Michel est tout gris, dans la nuit !
-Seigneur, avec mon heaume infra rouge, il était aussi blanc que le jour quand il fait sa ronflette sur les remparts, mais pas aussi noir que la saint Barthélémy.
-Qu’est- ce que tu me chantes ! Il sort d’où ce Saint….tu as dit Barthélémy ? J’en connais plein de seins à ma cour féminine au château, certains sont pales, même pas noir comme ton saint Bart!
Ah…ah, diables de serviteurs vous avez toujours raison….. Bref, pour te dégourdir les jambes, va me chercher mon café, pas du déca…pas du corsé…celui qui est macéré au gui, et au gout d’hydromel.
(Le garde a fini sa corvée, et ne revient plus )….( le Bouffon arrive, regarde son maitre de la tête aux pieds )
-Sire, voilà votre café très chaud, mais vous n’allez pas le boire ici, et dans cette tenue des Savanes Australiennes ?
-Ah…Ah en tenue d’aborigène… mais si, je suis chez moi, il fait un temps magnifique, je veux boire mon café sur les remparts, le dos au soleil. Tu as oublié ma dague pour le touiller ! Permettez-moi de vous dire, elle est déjà dans votre poche du cache kangourou…..mais vous l’avez mise à l’envers? Sire si je peux me permettre une remarque ; la poche qui se trouve normalement par devant est pour la bourse de vos écus. Et par derrière au-dessous de votre ceinture ; c’est pour ranger votre portable, et les clés de la porte d’entrée….de l’usine à gaz.
-Idiot tu es… et puis vous, mes serviteurs, tous des nanars, des tarés, décidément je n’ai que des andouilles à ma cour.


D’Elisabeth

Nom : Trompe
Prénom : Ronald

Sexe : masculin (en principe)
Taille : 1,76 m (pour l’instant)
Yeux : bleu (normalement)
Cheveux : blond
Couleur de peau : blanche (sauf quand il est en colère, il vire au rouge)
Signe particulier : mâle, blanc (ça fait deux)
Date de naissance : ne sait plus
Parents : père américain, mère européenne, tous les deux nés quelque part, mais le fils, ça le rend malade. Il est a-mé-ri-cain, il n’arrête pas de le leur seriner à tout bout de champ.
Caractère : emporté, très sensible à la moquerie, à la raillerie, qu’il pratique lui-même comme un art accompli et consommé. Brut de fonderie. Il ne craint qu’une chose : que sa femme le quitte. Mais comme il se plaît à le dire à qui veut l’entendre : « ce n’est pas pour demain la veille ! ».

Nom : Rare
Prénom : Perle

Sexe : ne sait pas encore
Taille : au moins
Yeux : bleu-gris clair, couleur de perle
Cheveux : bleu, comme la mer
Couleur de peau : auburn tirant sur l’abricot, une peau comme on en fait peu
Signe particulier : la douceur incarnée
Date de naissance : sans importance
Parents : père irlandais, mère ilienne, tous les deux nés quelque part, et la fille en est ravie et enchantée.
Caractère : empathique, gaie, vivace, un rien l’amuse et la fait rire ; elle danse pour tout le monde et le monde, elle danse pour enchanter le quotidien parfois compliqué et pas rigolo, elle danse pour apporter du beau dans la vie des gens.

Nom : Voyage
Prénom : Océane

Sexe : sans importance
Taille : tout pareil
Yeux : elle s’en fiche, pourvu qu’elle puisse voir
Cheveux : courts, ras, ce qui lui fait un crâne bien rond et un visage tout pareil
Couleur de peau : bronze doré
Signe particulier : longiligne
Date de naissance : sans importance
Parents : probablement croisée d’un naufragé sur une île qui rencontre une tortue rouge ; cette dernière, touchée par la douceur de l’homme, son regard vague mais beau et frêle, décide le temps d’une vie, d’être une femme humaine et de partager sa vie océanique avec cet homme, beau et doux.
Caractère : calme, posée, réfléchie, gaie et sensible ; elle chante, adore cuisiner et cultiver un jardin merveilleux d’où elle tire tout ce qu’il faut pour ses parents, elle-même, et les rares égarés qui passent par là.

De Françoise (proposition d’écriture N° 153 sur la gratitude)


GRATITUDE – EMOTIONS – RECONNAISSANCE

Il avait des remords. Comment pourrait-il se faire pardonner ? Il avait trompé son épouse car sa vengeance était au fond de lui. Il n’avait pas supporté qu’elle mette le doigt sur sa fragilité, ses défauts, ses railleries gratuites, ses comportements psychorigides et abjects. Alors pour se consoler, et parce qu’il était désarmé, se sentant abandonné et mal aimé, il l’avait trompée. Ses mensonges le rongeaient, lui grignotaient ses valeurs de fidélité. Il n’en pouvait plus. Il était perdu. Il fantasmait aussi.
Pour se faire pardonner, pour retrouver la femme qu’il avait aimée, il usa d’abord d’un mutisme de protection le laissant davantage libre dans ses actions. Il lui fallait en priorité une liberté pour respirer, se défaire d’un carcan de reproches, de justificatifs.
Comme un adolescent, il avait besoin de faire du mal pour se faire du bien. Il savait bien rendre son épouse jalouse et en jouissait ! C’était sa première étape pour se venger, pour la faire souffrir, pour se convaincre qu’il avait gagné.
Dans un deuxième temps, il fut pris de remords après l’acte désespéré de son épouse, il était revenu sur de meilleurs sentiments, sur une culpabilité dont il voulait se débarrasser. Son gros problème était comment revenir vers celle qu’il avait tant fait souffrir. Il sentait une reconnaissance de ce qu’il avait vécu avec elle.
Il avait réalisé combien il lui devait tant : elle avait élevé ses enfants oubliant sa carrière, ne se consacrant qu’à lui et sa famille. Son épouse était d’une gentillesse avec lui qui le désarmait. Toujours à ses petits soins, il en était conscient sans le dire. Mais elle l’avait mis au pied du mur en se rebellant de ses railleries sitôt la vie en duo, dès le temps de la retraite. Avec un égo, un narcissisme développé, s’il voulait continuer à la garder pour l’avenir, il lui fallait faire des efforts. Trop difficile tout seul, il lui fallait de l’aide avec ses connaissances amicales, avec sa sœur.
Son épouse avait tout compris. Elle prenait des notes pour suivre ses comportements et surtout dénouer la complexité de ses agissements. Ayant plus de maturité que lui, et après maintes réflexions et engagements dans son autonomie, elle décida de l’aider psychologiquement, comme une mère aide son enfant dans la bouderie. La douceur, la compréhension, la retenue, l’analyse, l’aide amicale, mais aussi la fermeté et la clairvoyance. La confirmation de son moi, sa force de caractère la propulsèrent dans une énergie digne d’un cavalier aux armures de combat. Son courage et sa ténacité lui valurent admiration et étonnement de son entourage proche et solidaire.
La bataille fut dure, longue, voire désespérante. Mais elle avait elle aussi une gratitude vis-à-vis de lui. Un mari modèle durant 20 ans, un père présent pour guider la vie de ses enfants. Un accompagnement dans ses soucis familiaux, de deuils, une acceptation de vivre avec une artiste, alors qu’il déteste les artistes ! Que de contradictions.
L’un et l’autre se sentaient sur le chemin de la gratitude. Chacun faisant un pas en avant, puis un pas en arrière. Mais finalement, l’énergie de l’épouse les poussa tous les deux en avant. Un parcours fragile qui pourrait s’écrouler d’un moment à un autre. La persévérance, l’endurance venant de l’épouse sécurisèrent le mâle dominant.


AIKUS et GRATITUDE

Pleine gratitude
Pardonner et redonner
Générosité

Ne pas oublier
User de l’humilité
Avancer, donner

Chaleurosité
Du nouveau et faire plaisir
Oublier offrir

Faire une confiance
En faire une alliance
Etre aussi présent

C’est une naissance
Très belle reconnaissance
Un pas en avant

C’est intervenir
Secourir dans un soupir
Réveiller une âme


De Catherine (proposition d’écriture N° 153 sur la gratitude)

La lune

Noémie a passé une sale journée. Une de plus, direz-vous ! Mais celle-ci plus particulièrement, tant par son contenu que par sa longueur. Car il fait déjà nuit quand elle reprend sa voiture, une nuit qui s’annonce encore bien froide. Comme un automate, elle quitte la ville. Son village se situe à une vingtaine de kilomètres de là et elle a hâte de retrouver son cocon douillet, loin de tous ses tracas professionnels. Elle n’aime pas cette ville et ses hauts immeubles qui lui cachent le ciel. Quitter la ville et se laisser envelopper de l’immensité du ciel qui la fait se sentir à la fois toute petite et perdue mais aussi protégée de tous dangers, dans un paysage sans accident rocheux ni vallonnement.
Ce soir, la nuit est étonnamment claire par rapport aux jours précédents. Ciel pur et limpide imprégné d’une clarté particulière. Et c’est alors qu’elle la voit au bout de sa route si droite et monotone, une boule parfaite et incandescente. La lune semble lui montrer le chemin et dialoguer avec elle. Elle change de place dans le ciel en fonction des légères sinuosités de la route.
Noémie est fascinée par sa grande luminosité et sa pleine rondeur. Elle agit sur elle comme un aimant et comme une amie qui lui veut du bien. Elle la ressent au plus profond d’elle-même et son ventre semble irradier de la magnifique clarté. Elle ne peut détacher son regard de cet astre de lumière. Sa conduite pourrait alors s’avérer dangereuse mais il n’en est rien : Noémie se sent en sécurité. La lune est son phare et la conduira à bon port. Adepte du yoga, elle ressent des vibrations au niveau du plexus solaire quand elle est sur sa droite et en plein front quand elle est juste en face. Quelles drôles de sensations ! Que ça fait du bien ! Oubliés les tracas de la journée : la lune est son amie et la guérit de tous soucis.
En arrivant à la maison, comme chaque soir elle se fera un thé puis ouvrira son carnet de gratitude où elle notera les bienfaits prodigués par sa nouvelle amie. Ce sera un temps fort de sa routine d’écriture quotidienne, conseillée par sa psy. Elle n’y consigne que le positif de petits moments de vie, en occultant ce qui dérange, ainsi relégué en lointain arrière-plan. La lune de ce soir sera un des plus beaux chapitres et ses bienfaits, aussi minimes soient-ils, s’additionneront aux autres, pour rendre sa vie meilleure.


De Catherine

Fanfaronnade

Les trois filles se poussent du coude en regardant passer la fanfare. Ce n’est pas tant la musique qui les intéresse que les musiciens, enfin trois d’entre eux en particulier. Leur passage soulève des gloussements de la part des trois midinettes qui minaudent au bord du trottoir en espérant attirer le regard des adolescents. Ce qu’on peut être bête à cet âge-là !
Chacune a son préféré. Juliette en pince pour Jojo, dit Jojo la Malice, un petit blondinet qui ne paye pourtant pas de mine, mais dont les yeux vifs piquent …au vif la demoiselle émoustillée par le jeu habile de ses doigts sur les pistons de la trompette. Elle pense que c’est lui le meilleur choix, car c’est un malin plein de roublardise, sans méchanceté qui la fait rire en exagérant ses aventures rien que pour susciter son admiration. Il l’a repérée sur le trottoir, devant le bar-tabac, et le clin d’œil qu’il lui adresse la fait rougir jusqu’aux deux oreilles.
Annette a jeté son dévolu sur Henri et sa clarinette, Henri surnommé Riton Belle Gueule. C’est qu’il a une certaine allure, avec sa haute stature et sa grande mèche brune qui lui cache un œil. Il connaît parfaitement sa réputation de de beau gosse et son pouvoir d’attraction sur les filles. Il défile, droit comme un I, et fait semblant de ne pas voir sa copine, juste pour mieux goûter les regards des autres filles sur lui… Histoire de garder une poire pour la soif. On ne sait jamais, au cas où ça ne se passerait pas bien un jour avec Annette. Mais pour l’instant, celle-ci n’a d’yeux que pour lui.
Simone, c’est Lucien qu’elle préfère, avec ses lunettes rondes qui lui valent le surnom de Lulu Binocle. Elle n’est pas aussi démonstrative que ses copines qui piaillent en voyant l’élu de leur cœur. Elle, elle aime son Lulu pour son côté sérieux, genre premier de la classe, même si elle sait pertinemment qu’il n’en est rien. Sa double personnalité l’attire : rassurant en apparence, mais en réalité complètement déjanté. Là, avec son bugle, le voilà le plus sérieux du monde et elle en est fière. Tout-à-l ’heure, quand ils se retrouveront, il se montrera déluré et espiègle et il la fera rire aux larmes.
Les trois larrons forment un trio d’enfer, digne des Pieds Nickelés, aussi fous, stupides et marrants que les compères de la bande dessinée. Mais quand les trois demoiselles les retrouvent, elles ne sont pas en reste pour initier de nouvelles bêtises à partager.
Ce que l’on peut être bête à 13 ans !

 Inventer des noms de personnages, c’est la partie la plus jouissive quand on crée une histoire: on donne vie à des êtres de papier! C’est un sentiment particulier.

Une fois cette étape franchie, on commence à voir les grandes lignes de l’intrigue…Y a plus qu’à, comme on dit…

Je compare l’intrigue à une pelote de laine: on dénoue progressivement le fil, on le tortille, on lui donne une forme et l’intrigue, c’est comme un pull fini! 

Je vous souhaite une belle semaine créative.

Je vous attends, nombreuses et nombreux, pour la proposition d’écriture N° 155. Vous avez jusqu’au vendredi 24 février 18 heures pour m’envoyer vos textes.

Portez-vous bien et prenez soin de vous!

Créativement vôtre,

Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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