Les pauvres personnages dans la proposition d’écriture N° 160 ont été empêchés de partir vers leur destination de rêve.

Bravo à vous toutes et tous, vous avez joué la carte de la créativité!

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De C

Lola entrouvre les yeux. Elle n’arrive pas à émerger, elle a la tête comme une citrouille. Où est-elle ? Pourquoi se sent-elle si vaseuse ? Une odeur d’antiseptique caractéristique des hôpitaux lui monte dans les narines, et ça lui revient : l’arrivée aux urgences d’Edouard Hériot, l’interne qui la prend en charge et l’expédie en radiologie : double fracture ouverte du tibia, direction le bloc. On lui annonce qu’elle a eu de la chance, elle aurait pu se rompre le coup et finir paraplégique, voire pire.
Lola, abasourdie, n’a pas pu répondre, elle qui d’habitude n’a pas la langue dans sa poche. Elle se revoit descendre les escaliers de son immeuble à toute vitesse, chargée comme un mulet tout en envoyant un texto à Chloé pour lui confirmer qu’elle serait à l’heure pour son train de 15H30, son taxi l’attend en bas pour aller gare de Lyon Part Dieu. Elle arrivera à Marseille Saint Charles à 16H45. Mais, c’était sans compter avec son petit voisin de palier, âgé de trois ans, qui a laissé traîner une de ses balles dans les escaliers. Lola l’a vue à la dernière minute et a posé le pied dessus. Les mains prises par son téléphone, elle n’a pas réussi à attraper la rampe. Elle a fait un plongeon spectaculaire et atterri quinze marches plus bas, la jambe pliée en équerre. Cela aurait effectivement pu être bien pire. Elle va avoir le temps de ruminer sa « chance » pendant ses deux mois de plâtre sans compter la rééducation qui suivra.
Elle qui avait tout réglé minutieusement depuis des mois. La traversée de Marseille vers Bastia en ferry, le bus vers Calenzana , la réservation des refuges le long du GR20 pour découvrir en seize étapes la Corse dans toute sa beauté jusqu’à Conca. Cent quatre-vingt-dix kilomètres de bonheur au milieu des montagnes avec des vues à couper le souffle et des rencontres authentiques avec les habitants. Tout était prêt : le matériel, les aliments lyophilisés, les vêtements, la crème solaire, les lunettes de soleil, la trousse de secours, enfin tout. Elle s’était préparée physiquement en montant quasiment tous les soirs après le boulot, une série de dix allers/retours des deux cent cinquante marches qui mènent à la basilique de Fourvière avec un sac à dos de vingt kilos, et en faisant une randonnée de trente kilomètres chaque week-end depuis trois mois. Elle était fin prête pour l’aventure avec sa copine Chloé.
Et patatras, tout était annulé. Il ne restait plus qu’à patienter en rêvant devant les photos du monte Cinto, du lac de Nino, de la citadelle de Corte et de la cascade des Anglais. Peut-être pourra-t-elle vivre tout cela l’année prochaine ?

D’Isabelle

Costa da Morte

Dernier jour, enfin ! Les vacances sont le principal sujet de conversation dans l’open space et à la machine à café. Les collègues évoquent des destinations, des prix, des préparatifs, des visas, des vaccins, des bons plans… J’écoute distraitement le regard plongé dans ma tasse de café. La conversation va bon train, chacun s’anime dans ce moment de connivence joyeuse. Comme je n’ai pas encore pris la parole, Marie-Jo me questionne : « Et, toi ? Costa da Morte, j’imagine ? ». Oui, évidemment : « Costa da Morte ! ».
Je n’ai jamais imaginé que je pourrai passer mes vacances ailleurs que dans la Maison de la côte. La Maison de La Corogne, en Galice. Cette maison appartient à ma famille depuis 1920. Elle est située au sommet d’une corniche escarpée qui domine la falaise, en bordure d’océan. Elle revêt un charme ancien et cossu. Elle est faite pour résister aux caprices des vents et des marées.
La façade blanche ornée de fer forgé est visible depuis le phare. Elle est un repère pour les marins et les surfeurs. Sur le perron, les figuiers de Barbarie, les cactées et le palmier de Chine lui donnent un cachet typique et font toute sa splendeur. L’intérieur est rustique mais fonctionnel. Il y a suffisamment de pièces pour que la famille puisse s’y retrouver en toute quiétude. Chaque pièce est pourvue de tout ce qui est nécessaire à tous et des effets personnels que chacun laisse au fil des années. C’est un détail, mais cela simplifie la préparation des valises. Nous transportons seulement le minimum de linge pour chacun et quelques bouquins.
Nous partons tôt le matin et faisons une pause rapide pour le déjeuner. Après une journée de route, nous nous arrêtons à Burgos pour nous restaurer et dormir. L’auberge est accueillante et confortable, les repas sont excellents. Les enfants ont une admiration sans faille pour le cuisinier et son jambon cru. Ils en parlent pendant des mois et rêvent d’en manger toute l’année. Chaque été, depuis leurs sept ans, leur père leur fait la même blague : « Alors les jumeaux, j’espère que vous êtes prêts pour la grande randonnée car demain vous continuez à pied par les chemins de Compostelle ! ». Bien que grandissants, chaque année nous rions de leur stupéfaction et de leurs protestations. S’en suit généralement un marchandage sur le partage des tâches ménagères ou sur la place de chacun dans le dériveur… Je suis curieuse d’entendre leurs réactions ! Va-t-on entendre des ados blasés : « Ouaip ! Vas-y P’a, c’est gênant, on n’a plus 7 ans ! » Ou bien vont-ils jouer le jeu encore une fois ?
Avoir des repères fixes me permet de savourer l’évolution de mes enfants. D’une année sur l’autre, la comparaison est aisée. Car oui, chaque année, nous partons pour la même destination, en suivant le même itinéraire et en nous arrêtant dans les mêmes endroits pour retrouver la famille dans la Maison de Costa da Morte… Pourtant, chaque année c’est différent. Chaque été possède sa propre ambiance et sa propre couleur. Il y a eu les années châteaux de sable avec les enfants en bas âge, puis les cours de natation, l’école de voile, le surf… Jamais, je ne me suis ennuyée !
Mon café avait refroidi depuis longtemps et il était temps de rejoindre l’open space pour cette dernière journée de travail. Le simple fait d’évoquer les vacances me donnait la force d’affronter les dernières tâches à réaliser.
Il était déjà dix-sept heures et j’allais éteindre mon ordinateur quand une sensation étrange est venue perturber l’enthousiasme du départ en vacances. Je me sentais parfaitement bien, pourquoi douter ? Je me dirigeais à pied vers l’arrêt de bus et je repensais à l’année qui venait de s’écouler. Une année plus complexe, lors de laquelle Pierre et moi avons tenter d’atténuer les conflits et de trouver la bonne place auprès de nos enfants devenus grands. Peut-être lâcheraient-ils cette moue boudeuse, peut-être se sentiraient-ils plus investis dans la vie familiale si nous acceptions de faire un pas vers eux ? Thomas voulait voir les tournois de basket organisés par son club et Elodie avait du mal à se séparer de ses amies, la connexion n’est pas bonne à Costa da Morte et elle disait s’ennuyer…
En descendant du bus, je me raisonnais. Non, ce n’était pas possible de tout changer à la dernière minute, je ne pouvais pas faire cela ! En marchant, j’imaginais le séjour à la Corogne: qui allait veiller sur les ados ? Qui préparerait les pique-niques et les équipements ? Qui irait en ville pour le ravitaillement ? Qui s’attellerait à la préparation des repas ? Plus j’avançais et plus cette sensation prenait de la place, elle s’imposait. Plus je luttais, plus elle s’imposait. Je tentais de me raccrocher aux moments heureux mais les déconvenues des années précédentes, sur lesquelles j’avais passé l’éponge, me questionnaient. Julie s’était vraiment comportée comme une chipie et Martine n’était pas intervenue. Pascal s’était fabriqué un séjour en solitaire, évitant soigneusement toute activité commune. Georges et Eliane s’étaient disputés, plus souvent qu’à leur habitude et j’avais pris leurs enfants en charge… Le ciment familial était-il en train de se fendiller ?
Lorsque je suis arrivée à la hauteur du magasin de bricolage, au lieu de poursuivre mon chemin, j’y suis entrée. Sans réfléchir, je me suis dirigée vers le rayon peinture et papier peint et j’ai acheté de quoi rénover entièrement l’appartement. Je suis arrivée à la maison chargée comme un mulet. Pierre a compris immédiatement et a parlé en premier : Mais ! tu ne veux pas aller à Costa da Morte ? dit-il. La sensation étrange s’en était allée et j’étais maintenant déterminée : non, pas cette année !


De Lisa

Est-ce que tu viens pour les vacances ?
A ta fameuse adresse
On sera, on pense
Un peu en avance
Au rendez-vous de nos faiblesses

T’avais tout préparé
Avec plein de valises pour quelques journées
On te connaît très bien
Au soleil, au même endroit

T’étais excité de venir
Au camping pour voir tes amis
Mais pour faire le malin
On t’envoie un Sms en italien

Est-ce que tu viens pour les vacances ?
A ta fameuse adresse
On sera, on pense
Un peu en avance
Au rendez-vous de nos faiblesses

On ira tous danser
Au bal, un slow d’été
On s’amusera
Jusqu’au petit matin

On pense fort à toi
Pour les nuits de folies etc…
On n’oubliera pas ta venue, cela te fera du bien

Est-ce que tu viens pour les vacances ?
A ta fameuse adresse
On sera, on pense
Un peu en avance
Au rendez-vous de nos faiblesses

Mais on apprend ton absence
Car tu prends mal le Sms
Une blague du 1er avril


D’Oncle Dan

Ah ! La Floride ! Mon rêve. J’avais préparé mes bagages depuis un mois afin de ne rien oublier. J’avais préparé mon circuit avec beaucoup d’attention. Miami et son quartier huppé South Beach, Orlando et ses parcs à thème, Cap Canaveral et sa base de lancement des fusées… Je rêvais de Walt Disney World.
Tout était réservé, lorsqu’un inconnu qui semblait vouloir passer pour un de mes bons amis, m’aborda dans la rue en me tapant dans le dos et en me disant — Tiens ! Voilà un type qu’il est courageux !
Cet individu semblait bien me connaître en me qualifiant de courageux. J’ai en effet la réputation d’être un homme de cran, audacieux et téméraire – on a pu dire héroïque – du jour où j’ai entrepris de poser des chaînes sur les roues de ma voiture au bord d’un chemin pentu et verglacé. Toutefois, je doutais que cet importun fît allusion à ce haut fait (1140 mètres d’altitude, environ).
Devant mon regard interrogatif, l’envahissant crut bon d’ajouter — Tu pars bien pour la Floride ? Ben oui. T’as entendu parler de cet avion qui s’est écrasé dans les marais des Everglades ? C’est truffé d’alligators là-bas. Pas un survivant ! Et dans un éclat de rire, — Tu vas te réincarner en sac à main ! Ha ! Ha ! Ha !
Je me demandais bien en quelles circonstances hasardeuses, cet esbroufeur rabat-joie avait pu pénétrer le cercle très fermé de mes bons amis. Il poussait ma mémoire dans ses derniers retranchements, mais en vain. C’est terrible, j’ai une sorte d’effaceur dans la tête et je laisse tout filer vers l’égout de l’oubli. C’est mon problème et je n’osais avouer cette faiblesse à mon enquiquineur.
Ce raisonneur, doué de la même sensibilité qu’un jeune chien de terre-neuve, enchainait — Et ce n’est pas tout ! Le 17 juillet, une mère brésilienne qui se promenait en famille au bord des marais, a retiré la tête de son fils des mâchoires d’une de ces charmantes bêtes qui infestent littéralement les lieux ! — Et cet avion espagnol qui a été détourné le 26 juillet sur MIAMI !— Et la bombe sur le Boeing New York – Paris ! 240 morts ! Et l’attentat d’Atlanta ! 2 morts, 130 blessés ! Non, vraiment, tu es très courageux d’aller aux Etats-Unis.
Cette fois j’en menais très étroit, mais ce n’était pas ce présomptueux, cet outrecuidant, qui allait m’empêcher d’aller en Floride. Il avait beau évoquer les ouragans qui nettoient souvent cette région du globe, ni même la criminalité, multiforme et omniprésente sur ce terrain d’aventures, cela ne changerait rien à ma détermination de découvrir ce paradis terrestre. Enfin, selon certaines affiches de l’agence de tourisme.
J’avais presque oublié cet enquiquineur en me rendant à l’aéroport le jour du départ. Comme disait ma grand-mère, la mémoire, c’est comme les haricots, quand on tire sur le fil, il faut y aller tout doucement. Sinon, le bon à manger, il fiche le camp à la poubelle et il ne reste plus rien. J’avais sans doute tiré trop fort sur le fil.
J’avais enregistré mes bagages et satisfait à toutes les formalités douanières. Je flânais dans la librairie de l’aéroport en attendant mon embarquement. J’adore feuilleter les livres. Je pourrais y passer des heures. J’ai un faible pour les journaux intimes, les mémoires, les correspondances et les biographies. Il y a toujours un endroit réservé à ce genre d’ouvrages. C’est comme cela que j’en suis venu à consulter un livre intitulé « Mémoires d’un homme ordinaire ». Vous aurez du mal à le croire, mais figurez-vous que j’en étais l’auteur. Je l’ai écrit à la fin du XIX° siècle.
C’est quelque chose que l’on a du mal à expliquer, mais je dois bien avouer que j’ai toujours eu cette impression de « déjà vécu », ce sentiment de réincarnation sans pouvoir situer précisément à quelle époque j’avais déjà sévi sur cette bonne vieille terre. J’hésitais entre l’époque des pharaons, le Moyen-âge et la semaine dernière. Cette fois, je tenais la preuve irréfutable de ma propre réincarnation. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Il existe depuis l’origine du monde, et je n’étais qu’à moitié surpris. Platon, Plutarque et Socrate ont confirmé cette réalité. Certes, elle est sujette à polémiques, mais de nombreuses personnes ont déjà fait des révélations sur leur propre expérience en la matière. Je pense en particulier à Paco Rabanne, mais pas que.
Me rendant fébrilement à la fin de l’ouvrage, je découvris que cet « homme ordinaire » était mort en Floride. Abandonnant mon projet de voyage, je décidai d’aller consulter immédiatement l’éditeur afin d’en savoir un peu plus sur mon compte. Il allait falloir aussi que je remette de l’ordre sur la question des droits d’auteur !


De Françoise V

Louis était décidé. Il avait économisé. Son objectif était de faire plaisir à sa famille, et se faire plaisir aussi. Il utilisa son épargne pour investir dans une remorque à la foire exposition. Transporter les bagages de cinq personnes avec la tente, le matériel de camping était un casse-tête. La solution était dans les pas du problème posé. C’était leur premier voyage dans le sud, à Argelès sur mer, et à côté du logement de sa tante qu’il comptait bien visiter et revoir. Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait vue et embrassée. Des vacances auprès d’elle était une chance à saisir.
Dans l’appartement, les bagages s’entassaient dans une des chambres. Les filles avaient vidé leur penderie, frou frou et tralala ! Il régnait une ambiance électrique. Chacun s’agitait à chercher l’essentiel… et l’inutile aux yeux de Louis.
– Mais vous en emmenez trop ! C’est pas possible, je ne pourrai pas tout ranger ! s’énervait-il.
Affichant sa carrure de colosse, s’exprimant sur un ton autoritaire, Louis vociférait et s’agaçait à voir les allers retours des filles. Les filles se disputaient pour des bricoles.
La veille du départ, la remorque était attachée à la 403 Peugeot. Louis l’avait remplie des affaires de camping et le véhicule était à l’abri, au garage pour le départ. Toute une organisation afin de partir à l’heure H, c’est-à-dire à 5h le lendemain. La carte routière sur la table, il traçait habilement le parcours par la nationale 7., la route des vacances.
A 15h : le téléphone sonna.
– Allo, Louis ?
– Oui, bonjour
– C’est le Docteur Sandoute, votre médecin. C’est votre épouse… il y a un problème.
Louis savait Lucie en course pour les derniers préparatifs. Elle était partie depuis une heure. Rien ne l’avait inquiété jusque-là.
– Et bien que se passe-t-il ?
– Elle est aux urgences, au SAMU. Elle est tombée après un malaise.
– Ah bon ? C’est grave ?
– Heu… en réalité elle a fait un AVC. Elle est prise en charge. Elle va rester à l’hôpital.
– Oh, non….
Un silence de plomb. L’émotion bloque les paroles de Louis. Ses yeux brillent de tristesse, les larmes coulent… il ne voit plus clair, sa gorge est serrée, il n’arrive plus à parler non plus.
– Allo, Louis, vous êtes toujours là ?
– Heu, oui. Elle est consciente ? Comment va-t-elle ? … Je vais venir. Nous sommes en train de finaliser les préparatifs de nos vacances, je crois que… et Louis fond en larmes.
– Louis, allez aux urgences. Lucie est consciente, elle est paralysée et ne peut pas parler. Ils vont bien s’occuper d’elle. Elle a été prise assez tôt par l’équipe d’intervention. Ne vous en faites pas, elle va être sauvée. On vous attend aux urgences.
Je prendrai de ses nouvelles et je vous rappellerai demain.


De Francis

Vivent les vacances

Voyez comme on danse…………Dansez oui, mais aussi prendre du bon temps, du repos, ne penser qu’à soi. Adieu la télé, adieu le métro, le boulot, bonjour le soleil, parenthèse bien agréable au milieu d’une année de travail.
Cette année, c’est décidé je vais au Maroc me plonger dans une culture qui m’attire depuis très longtemps et qui bizarrement ne me paraît pas étrangère.
Je commence à rêver de palais aux somptueux décors dignes des 1001 nuits, de jardins luxuriants, de souks et leurs odeurs d’épices, de babouches, de tajines, de mosaïques en faïence colorée. Je m’évade. Je salive en pensant à la cuisine marocaine, ses spécialités culinaires à la fois méditerranéennes et africaines, couscous, tajine, pastilla, méchoui, briouats… et le fameux thé à la menthe.
Il faut maintenant préparer le voyage. La valise sera rapidement faite. Je vais consacrer plus de temps à la documentation qui ne manque pas. Fez, Meknes, seront les points de départ idéaux. Je séjournerai dans un Ryad, je souhaite le contact avec les autochtones. J’imagine déjà mes balades dans la médina au milieu de la foule où l’on se frôle sans animosité, en évitant les vélomoteurs et autres véhicules. J’imagine les étals où je vais pouvoir fouiller et marchander. Je vais acheter tous les fruits secs que je trouverai. J’ai envie d’’une djellaba brodée. Je vais aller de découverte en découverte, j’en suis sûr.
Voilà deux mois que je prépare, que je cogite, que je projette, tout semble prêt, il ne me manque que les billets d’avion, le passeport en poche, encore un peu de patience et en route pour l’aventure.
Ce matin j’arrive au bureau, c’est la routine, tout semble normal et pourtant, je vais être surpris.
Nous avons reçu une proposition de scientifiques américains pour mener une campagne pour retrouver l’épave du TITANIC. C’est une excellente nouvelle pour l’institut, aussi bien du point de vue scientifique que budgétaire. Nous nous réjouissons. Nous devons l’accepter.
Pour moi, la réjouissance sera de courte durée car il va falloir que je décale mes vacances. C’est impératif, les crédits sont là, la fenêtre d’intervention est courte.
J’accuse le coup, grosse déception. Je vais essayer de négocier ma non-participation, j’ai déjà tant investi dans mes vacances, je les veux et il n’est pas question de les reporter aux calendes grecques. Je vais me battre. Mes arguments bien affûtés, je prends rendez-vous avec le responsable de la mission pour lui faire part de mes intentions, de ma non-participation. Pour lui, il compte sur ma présence, d’autant qu’il ne voit pas qui pourrait me remplacer, c’est flatteur mais des irremplaçables, il y en a plein les cimetières qui ont été remplacés (G. Clemenceau). Impossible de négocier, je dois faire le deuil de mes vacances au Maroc.
La déception passée, je me fais une raison en pensant que des vacances au Maroc ou ailleurs, il y en aura d’autres, mais l’occasion de retrouver l‘épave du TITANIC elle, elle est unique.
Cette mission a été intense en rebondissements et nous avons fini par toucher au but.
Note collaboration avec nos amis américains a été une réussite. Nous avons retrouvé l’épave du TITANIC. Août 1985, cette date mémorable restera dans ma mémoire et dans l’histoire.
Les déceptions sont généralement suivies de joies et ce fut le cas. Quelques mois plus tard, j’ai fait un séjour merveilleux à Zanzibar.
Lorsque j’entends parler du Maroc, je pense à ces vacances avortées. Un jour peut-être, l’envie d’y aller me retraversera l’esprit et je le ferai me remémorant le choix que je dûs faire et que je n’ai jamais pas regretté.


De Marie-Josée

Namaste


Katmandou, un mot magique qui résonne dans ma tête depuis la sortie du livre ‘’Les chemins de Katmandou » et du film homonyme. Je n’ai pas lu l’un et je n’ai pas vu l’autre, mais depuis lors, je m’intéresse au Népal, ce petit pays de l’Himalaya.
Adolescente, je rêvais de le visiter. Les paysages, la conquête de l’Everest, les temples, le bouddhisme, tout cela nourrissait mon imaginaire, mais c’était loin, si loin. J’avais d’autres priorités à cette époque et surtout pas les moyens d’y aller. Une lubie d’adolescente qui s’était émoussée au fil temps, reléguée dans la boîte des rêves impossibles.
Des années plus tard, à mon retour de déjeuner, une collègue m’a demandé:
-Tu as vu l’album photo de Sylviane ? Il est trop génial.
-Ah bon? lui ai-je répondu, elle était où ?
-Quelque part dans l’ Himalaya, à Katmandou, il me semble. Je ne sais plus exactement, en tout cas, les photos sont très belles.
Le mot magique était ressorti de sa boîte et ma curiosité piquée au vif. Le lendemain, lorsque j’ai voulu regarder l’album, Sylviane était absente mais elle l’avait laissé sur son bureau à la disposition de tout le monde. Je l’ai feuilleté avec émerveillement. Des sommets majestueux, des photos où elle traversait des passerelles suspendues, des drapeaux de prières qui flottaient dans le vent.
Je connaissais Sylviane que très superficiellement et ne prêtais guère attention aux rumeurs sulfureuses qui circulaient à son sujet. J’avais surtout hâte d’échanger avec elle à propos de ce voyage. Elle était ravie que quelqu’un y apporte autant d’intérêt. Elle ne se lassait pas de commenter les photos, de raconter des anecdotes à propos de ses rencontres avec les habitants, de leurs conditions de vie. Un trek était une merveilleuse aventure avec des difficultés certes, mais pas insurmontable, et l’un des meilleurs moyens pour découvrir un pays de façon plus authentique.
J’en parlais avec excitation les jours suivants à mon conjoint qui ne partageait pas du tout mon enthousiasme quant à entreprendre une telle aventure, d’autant plus que les conditions du moment ne s’y prêtaient pas. On verra ça plus tard, avait-il dit, autant dire jamais, et Katmandou était retourné dans la boîte des rêves impossibles.
Contre toute attente, l’occasion de réaliser mon rêve s’était présentée à nouveau. Lors d’un dîner, j’avais fait la connaissance d’un passionné de randonnée qui organisait des treks au Népal tous les deux ans et par le plus pur des hasards, il restait deux places pour le prochain. J’étais aux anges, le Népal était enfin à ma portée. Certes, il faudrait que je m’entraîne mais c’était tout à fait réalisable. Je m’étais donc inscrite à une salle de sport, ne ratais pas une séance d’aquagym, le Népal méritait bien quelques efforts. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes quand on m’annonça un cancer du sein lors d’un banal contrôle. Branle-bas de combat, il fallait agir le plus vite possible pour mettre toutes les chances de mon côté m’a-t-on asséné : chirurgie, chimio, radiothérapie et adieu Katmandou.
J’avais tiré un trait sur l’épisode Népal, mais pas mon conjoint. Une fois guérie, il avait décidé de tenter l’aventure, je l’ai vivement encouragé mais ma condition physique ne me permettait pas de l’accompagner. Il était donc parti sans moi et en était revenu tout feu tout flamme, bien déterminé à y retourner avec moi. Il avait pris le relais et en parlait sans arrêt, me racontait chaque étape en des termes tellement élogieux, tant et si bien, qu’il avait ranimé mon ancien rêve et l’envie de le réaliser. Il me restait deux ans pour me préparer, même si j’étais affaiblie par les traitements, il était convaincu que je pourrais y arriver. Je tenais le bon bout, cette fois c’était sûr, je serais de la partie.
J’avais progressivement intensifié les séances de sport, j’étais plus déterminée que jamais, jusqu’au jour où j’entendis un journaliste annoncer à la radio
-Un violent séisme a secoué le Népal et le pays a été fermé aux touristes.
J’étais consternée. C’était le 25 avril 2015 et le voyage prévu pour novembre de cette année-là a été annulé. Décidément, ce voyage n’était pas pour moi. Je me suis souvenue d’une citation de Ramana Maharshi : « Tout ce qui doit arriver arrivera, quels que soient vos efforts pour l’éviter; tout ce qui ne doit pas arriver n’arrivera pas, quels que soient vos efforts pour l’obtenir »
Foutaises, a dit mon conjoint, ce n’est que partie remise
Pour l’instant, le Népal est retourné dans la boîte des rêves impossibles mais j’ai gardé un lien avec ce pays à travers une association humanitaire que je soutiens.


De Pierre

En 1939, voulant profiter des congés payés et ayant quelques économies, mes parents décidèrent de partir en Italie dans le courant du mois de septembre ; ma mère née là-bas souhaitait revoir les lieux où elle avait vécu dans son enfance. A cette époque, loin de l’Internet et du téléphone portable, ce projet nécessitait une solide préparation.
Avec les règles instituées en Italie par le gouvernement, un tel voyage requerrait des autorisations préalables. Mon père n’était que moyennement enthousiaste à ce voyage, lui plutôt terre à terre, attaché à son pays, loin de toute escapade lointaine, mais il ne put que s’incliner devant ce projet cher à ma mère.
Une fois les autorisations italiennes reçues, mes parents se lancèrent dans les préparatifs en réservant leur billet de train pour Rome car à cette époque les liaisons aériennes étaient quasiment inexistantes ou réservées à une élite. Ils achetèrent tout un nécessaire de voyage dont une valise robuste capable de supporter tous les chocs ; ils étaient donc prêts pour le grand voyage.
Juin, juillet 1939, la situation géopolitique se dégradait en Europe et les visées expansionnistes du chancelier Hitler ne manquaient pas d’inquiéter les Français ; la guerre aux frontières était probable et était redoutée. Peu importe, ma mère d’un naturel optimiste restait persuadée que tout aller s’arranger et que Dieu, car elle était croyante, ferait tout pour ramener les « hommes » à la raison…
1er septembre 1939, fin du rêve Italien pour mes parents : l’Allemagne envahit la Pologne, la guerre est déclarée et la mobilisation générale promulguée le même jour.
Deux jours plus tard, mon père fut donc incorporé dans un service de santé de l’armée (lui qui était boulanger !!) laissant ma mère s’occuper du foyer. Il n’était bien entendu plus question de voyage néanmoins, mon père put se déplacer à travers la France, grâce à l’armée française, à bord d’un train sanitaire qui avait pour mission de prendre en charge les blessés et les réfugiés de zone de combat, qui se trouvaient sur son itinéraire. Mon père put découvrir ainsi le sud du pays qu’il ne connaissait pas. Il fut démobilisé à Marseille en zone libre dès l’occupation du pays et les conventions d’armistice et put reprendre son activité professionnelle de boulanger.
Je naquis l’année suivante, en 1941.
Beaucoup plus tard, ma tante, la sœur de mon père, s’occupait beaucoup de moi. J’étais atteint d’une surdité de naissance que l’on appelle « Hypoacousie ». Ma tante, qui avait plus de moyens que mes parents, m’emmenait consulter de grands spécialistes dans le domaine ORL. Les consultations et la prothèse auditive requise coûtaient très chères. Cette année 1953, j’avais douze ans, ma tante décida de m’emmener à Lourdes une semaine afin que des miracles puissent s’accomplir grâce aux séances collectives de bain, très en vogue à cette époque et que je puisse retrouver une audition parfaite. Malgré mon jeune âge, je n’étais pas très « chaud » pour ce voyage, n’osant lui dire car elle m’adorait mais elle était très « directive « ; le projet était donc « ficelé », le départ pour Lourdes prévu les tous premiers jours du mois d’août ; tout était réservé trains, hôtel, cure, etc.
Cette même année, il faut le rappeler, un climat social détestable dans le pays entraîna une paralysie totale de l’activité tout le mois d’aout et la mise à l’arrêt de tous les transports, en particulier. Cette crise avait pour origine des lois impopulaires de report de l’âge de retraite, déjà à cette époque … Ma tante dût annuler et reporter à plus tard ce voyage. J’étais très heureux de cette situation, mon souhait était exaucé. Ma tante, quant à elle, furieuse, renonçât à prendre des vacances et réouvrit son commerce de mercerie habituellement fermé en cette période de l’année.
En 1953, l’automobile individuelle n’était pas encore à la portée des classes moyennes et les déplacements n’étaient possibles qu’en utilisant les transports publics.
Malgré ces grèves, ma mère voulait que nous prenions quelques jours de vacances. Sa sœur, résidant dans l’Oise, nous invita à passer quelques jours chez elle dans un petit village, en plein milieu champêtre, loin des bruits et des problèmes de la ville. Nous pûmes, après plusieurs heures d’attente, emprunter un des rares cars Citroën qui circulaient encore depuis la Porte Maillot aux portes de Paris. Nous fûmes tous heureux de pouvoir partir, de fuir la ville. Après deux bonnes heures de route, ma maman et la petite famille, ma sœur plus âgée que moi, moi-même, ma nièce que nous élevions sans oublier ma petite chienne qui s’appelait « Cora » que j’adorais, sommes bien arrivés à la « campagne ». Mon père vint nous rejoindre quelques jours plus tard.
Cette escapade en pleine nature, loin de tout, fut très agréable je ne l’oublierai jamais. De plus, elle me libéra des « affres » de subir les bains collectifs de Lourdes… je m’en souviendrai toute ma vie.
Trente ans plus tard, milieu 1983, mon épouse et moi préparions nos vacances d’été dans un centre de vacances de Haute Savoie, région de montagne que nous avions connue et appréciée. Tout était prêt pour ce voyage : réservations, révision de la voiture, etc. Deux jours avant le départ ma belle-mère nous appelle angoissée :
-Les enfants, venez vite, Papy vient de faire un accident cardiovasculaire et il a été transporté d’urgence à l’hôpital de Montreuil.
-Ne t’inquiète pas maman, dit ma femme, nous arrivons tout de suite…
Ma femme, très proche de son père qu’elle adorait, ne pouvait concevoir de partir en vacances, le sachant très malade. Le projet de voyage tomba à l’eau, tout fut annulé. L’organisateur de voyage, considérant que nous n’avions pas rempli les bonnes cases du contrat d’assurance, refusait toute indemnisation. Des mois passèrent avant qu’une petite partie des sommes versées nous soient restituées. Les vacances de ce mois d’aout 1983 se passèrent en Ile de France, qui est riche en parcs, forêts et lieux à visiter.
Le papy, quant à lui, sortit de l’hôpital quelques jours plus tard, son état de santé s’était rapidement amélioré…
Il n’y a pas de lien direct entre ces trois histoires vécues par mes parents et moi-même, mais il faut souligner la capacité d’adaptation de l’être humain à de nouvelles situations provoquées par les hasards de la vie.

De Françoise B

Voyage Voyage.

Je regardais les valises posées dans l’entrée. Elles étaient bouclées, fin prêtes. Le plus difficile avait été évité, le surpoids de bagage. Même si des vacances au soleil induisent tenues légères et maillots de bain, c’est leur nombre qui me pose toujours un problème. Je mets, j’enlève, je remplis, je vide. A chaque voyage, je vivais un cauchemar. Dans une chambre sens dessus dessous, j’étais saisie d’une panique, qui pour en finir me faisait consentir avec résignation à un choix irrité et insatisfait. J’imaginais que j’étais riche, que je pouvais partir les mains libres avec passeport et carte bleue, que j’achetais toutes choses sur place pour mieux les abandonner le jour de mon retour. Je n’étais pas riche, j’avais choisi ma destination sur catalogue en combinant prix cassés et dates hors saison. Je rêvais d’exotisme mais toutes les pages que je feuilletais me ramenaient invariablement au même endroit. Et pour la troisième fois consécutive, je partais pour les Baléares. J’adorais Majorque que j’avais déjà parcourue en tous sens.
Ses petits villages côtiers, ses calanques profondes, ses longs murets de pierres sèches, ses amanderaies, ses monastères, son architecture, son histoire. L’île avait sur moi un pouvoir d’attraction que je ne savais expliquer et pour m’en défendre, je disais que c’était ma Corse à moi. Quand je pensais à Palma, je ressentais comme un besoin impérieux de retour au pays alors que mes origines n’avaient rien de commun avec l’archipel.
C’était la fin de l’après-midi, le décollage était prévu à vingt et une heures. Je devais me présenter à l’aéroport à partir de dix-neuf heures. J‘avais décidé de quitter mon domicile une heure avant. Dès dix-sept heures, je tournais en rond, à la fois perplexe et angoissée. La perspective de prendre l’avion causait en moi une instabilité émotionnelle qui me faisait vérifier maintes fois billets, passeport, et autres documents indispensables au voyage. Je connaissais le périple qui m’attentait, je revivais mentalement toutes les étapes de ce voyage pourtant relativement court. L’atterrissage était prévu vers onze heures, l’arrivée à l’hôtel sans doute vers une heure du matin. J’ignorais l’accueil nocturne qui me serait réservé. Je me rappelai qu’il n’y aurait pas de repas servi à bord.
Pour tromper mon attente, j’inspectai le réfrigérateur et découvris, oubliée, une boite d’œufs à demi remplie. Je décidai que cela pouvait être un en-cas bienvenu et rapide à préparer. Je plongeai les œufs dans une casserole pleine d’eau que je mis à chauffer. Je n’avais pas pris garde au temps qui maintenant filait à toute allure. Il me fallait partir très bientôt. Impatiente, je pris la casserole de la main gauche. Je retournai l’ustensile lourd et instable au-dessus de l’évier. L’eau brûlante se déversa sur ma main droite qui tentait de retenir les œufs. Je lâchai casserole, œufs dans un cri d’animal torturé. Je me mis à sautiller en tous sens dans la cuisine en me tenant le poignet. Au supplice, je pleurai, je criai, je jurai. Je me tordais jusqu’au sol, sûre d’être brulée au troisième degré. Dans un état second je m’approchai à nouveau de l’évier et plaçai ma main sous un jet d’eau froide. Le soulagement arriva progressivement mais je ne pouvais me soustraire à l’eau sans éprouver à nouveau une douleur insoutenable. J’observai, sidérée, la peau de mes doigts se boursoufler au contact du froid.
Je fus conduite aux urgences. Dans la voiture, je grimaçais, en gigotant, des cris muets de souffrance aiguë. A l’hôpital, je dus décrire plusieurs fois les circonstances de ma mésaventure. On diagnostiqua des brûlures au deuxième degré. Je fus désinfectée, pansée. Sous la douleur insupportable, je tentai d’arracher le bandage tout frais. Mes pleurs et mes supplications m’obtinrent une piqûre de morphine. Afin apaisée, j’évaluai les dégâts. Je ne disposais plus que du pouce et de l’index droits, le reste de ma main disparaissait sous la gaze qui englobait tout le poignet. Je demandai l’heure. Il était très tard. Je vis plusieurs images : l’attente à l’aéroport d’un passager qui ne viendrait pas, l’appel répété et vain des hôtesses et surtout un avion qui décolla sans moi à destination d’une île lointaine à jamais perdue. Je sortis de l’hôpital, dévastée, munie d’une ordonnance de soins infirmiers et d’un arrêt de travail de quinze jours.
L’ombre de mon accident me poursuivit longtemps. Je ne pus revenir à Majorque. Peut-être, sans le vouloir, attribuais-je à mon île si chère un pouvoir maléfique qui m’avait volontairement éloigné d’elle ? M’avait-elle repoussée parce que ma passion était trop forte ? Que je l’idéalisais trop ? Elle n’avait plus voulu de moi. Ça, je le savais. Je me consolai : je préférais croire qu’elle avait voulu me réserver sa plus belle image, en figeant mes souvenirs à jamais. Comme pour m’éviter de la voir lentement se dégrader.
Au fil des années, je partis pour d’autres échappées plus exotiques. Je me laissais séduire par des destinations paradisiaques. Je m’enivrais de rhum, de soleil et de vanille. Mais, je ne connus jamais le même appel.

De Saxof

LA NEGLIGENCE

Loïc, père de 5 enfants de 6 à 13 ans, a décidé avec toute la famille de louer un camping-car pour visiter la Bretagne en juillet, dès la fin de l’année scolaire. Un bonheur ressenti par chacun, une semaine comme ils n’ont jamais vécue. D’ici là, Laurence, la reine de la ruche, va s’occuper de de la logistique car les vêtements pour 7 pour une semaine, n’est pas chose simple à prévoir. Fera t’il chaud, froid, humide etc ? Pour la Bretagne, tout sera nécessaire.
Elle achète des caisses fermées, pour que chacun s’y retrouve, et prépare une liste de tout l’indispensable. Départ dans 6 semaines.
Loïc a déjà contacté les campings, les différents visites et parc attractions, et doit juste confirmer les réservations avant la fin de la semaine. Il a repéré un camping-car proche de chez eux, chez un particulier qui pourrait correspondre. Il rentre de son rendez-vous pour annoncer aux enfants que le camping-car est retenu.
Tout le monde s’affaire autour de ce voyage qui arrive à grands pas.
La veille du départ, tôt le matin, Loïc reçoit le bolide. Il est blanc, grand. Le propriétaire lui a confirmé que tout était ok et pour 7 personnes. Loïc prend la carte grise que lui tend l’homme à la frimousse bienveillante et la glisse directement dans son portefeuille en échange des chèques de location et de caution.
Les vacances leur coûtera plus de 3500€, les économies de 3 ans, en prévision de ce plaisir commun.
Les enfants se jettent à l’intérieur, mais leur mère les fait ressortir pour tout vérifier et constater un ménage qui laisse à désirer. Chacun prend son éponge et son chiffon pour dégraisser et astiquer. Deux heures plus tard, l’intérieur du camion brille comme un sou neuf.
Loïc demande aux enfants de s’installer pour tester la sécurité. Il se rend compte que seules trois places ont une ceinture de sécurité en dehors de la cabine du conducteur/passager. Il manque donc 2 places. Il réfléchit, imagine d’autres solutions, mais aucun n’est possible. Le père est dépité. Il regarde la carte grise qui est prévue finalement pour 5 places sécurisées. Brave homme non sanguin, il lui a été difficile de discuter avec le propriétaire qui n’a pas voulu reprendre son camion, lui disant qu’il aurait dû tout vérifier avant de signer.
Aucune autre possibilité puisque Laurence ne pourra pas suivre avec la voiture n’ayant pas son permis de conduire. Ils n’ont plus les moyens de louer autre chose et toutes les réservations des campings et autres plaisirs doivent être annulés.
Les enfants sont tristes et même dégoûtés par la situation, sans en vouloir à leur père, mais quelle déception pour la famille. Les vacances tombent à l’eau, et près de 1500€ perdus !!
Le gentil Loïc va s’occuper de ses droits, il n’est pas question d’entériner l’entourloupe, même s’il est conscient de sa négligence. il a décidé de se battre…
En attendant, les enfants ont choisi de dormir, dans le camping-car, toute la semaine.

De Catherine

Impatience

Le décompte est lancé ! Plus que 6 heures avant mon départ pour l’aéroport ! Tout est prêt : les valises, mon billet d’avion… timing parfait. A moi les grands espaces enneigés.
Je pars rejoindre Alison, ma meilleure amie, qui vit dans les Îles Lofoten depuis un an déjà avec son nouveau petit ami. Et moi, j’ai mis un an pour économiser de quoi me payer le billet d’avion aller-retour. Un vol sec puisque Alison va m’héberger dans sa nouvelle maison, dans un charmant petit village scandinave, avec ses coquettes petites maisons rouges tournées vers la mer, sur fond de neige immaculée. A moi les aurores boréales, les morsures du froid sur mon visage (je déteste la chaleur !), les phoques, les étendages de poissons séchés, la douceur d’un bon feu de bois bien à l’abri des intempéries… J’en rêve depuis que mon amie est partie.
Elle file le parfait amour avec Larson qu’elle a rencontré lors d’un séminaire à Oslo. Elle a juste oublié de rentrer, abandonnant ainsi le poste de ses rêves (enfin, de ses rêves d’avant Lui !). Elle a trouvé du travail sur place et resplendit de bonheur. On se manque tellement, toutes les deux. Ça va être trop cool de se retrouver après tout ce temps. J’espère que je vais bien m’entendre avec son prince charmant. Peut-être a-t-il un ami qui… et qui, peut-être… Allez, je m’emballe !
Je guette les heures qui passent trop lentement à mon goût, prête à faire feu dès que le gong sonnera la minute du départ. Je trépigne d’impatience, les pieds dans les starting-blocks, et quand ça devient trop insupportable, je tourne en rond (au sens propre) dans mon petit appartement. Mon gros blouson, offert à Noël par mes parents pour cette occasion, trône sur mes deux valises (les pulls, ça prend de la place et les bottes fourrées aussi !), prêt à sauter sur moi au moindre signal.
H-3 : que c’est dur d’attendre ! Le taxi est commandé et en une demi-heure nous arriverons au dépose-minute. Pas d’angoisse. Reste calme. Bois un thé, lis un livre, fais quelque chose, mais arrête de tourner comme un lion en cage ! Un magazine sur la table basse : voilà de quoi occuper ces interminables heures. On n’a pas idée de se préparer si tôt : après, on ne sait plus quoi faire de sa peau ! Je tourne machinalement les pages, incapable de fixer mon attention sur quoi que ce soit.
Soudain, le téléphone sonne. Ma mère, sans aucun doute ! Comme si j’avais le temps de discuter ! Avec elle, ça s’éternise et j’ai toujours du mal à clore la conversation. Mais non, ce n’est pas elle : c’est Alison ! Mais pourquoi ? Pour me souhaiter un bon voyage bien sûr… et me dire qu’elle m’attendra à l’aéroport comme convenu…
— Allô, Alison, ça y est, je suis prête…
— Allô Laura, oui c’est Alison, je suis à Roissy …
QUOI ? Incompréhension totale !
— Qu’est-ce que tu dis ? Tu es à Roissy ?
— Oui, à Roi-ssy…
— Mais que … ?
PLEURS À L’AUTRE BOUT DU FIL.
— Tu peux venir me chercher ? Et aussi, est-ce que tu peux m’héberger ?
— Mais que…qu’est-ce qu’il se passe ? Roissy… je ne comprends pas…
— C’est Larson… c’est fini… il m’a larguée…
— Larguée ? …Tu veux dire que …
— Je quitte ce p… de pays où tu ne peux faire confiance à personne…
RE-PLEURS
— Mais…euh… tu es déjà là… ?
Même plus l’espoir d’un furtif aller-retour ! Envolées, les îles Lofoten et les aurores boréales! Exit, les phoques et autres curiosités marines ! Me voilà précipitée dans le désespoir le plus profond et je n’ai ni le temps ni le droit de m’appesantir sur mon triste sort: ma mission première est de voler au secours de ma meilleure amie qui, elle, vient égoïstement de me voler les vacances de mes rêves ! SNIF !!! C’est trop injuste !

De Khadija

Avec les doigts fébriles, Séphora tournait les pages du dernier magazine sorti au sujet des momies d’Égypte. Sont coeur battait à l’idée de visiter ces lieux magiques ; les yeux fermés, elle rêvait déjà des sphinx de Gizeh se dressant face au géantes pyramides, aux tombes des rois et particulièrement à celle de la reine Néfertiti… Et pour mieux s’imprégner de ces milieux occultes, elle s’allongea et s’en alla à ses évasions …
Soudain, elle eut l’impression d’apercevoir une belle silhouette d’allure sublime, avec une coiffure dorée en base de carré, son visage qui était d’une grande beauté avait une teinte rose pastel. Cette silhouette s’approcha d’elle, et déposa un léger baisé furtif sur sa joue, et laissa sur sa table de chevet une petite coupelle en bronze sculpté de cobras ; on y trouvait du miel parsemé de petites fleurs de lotus noires. Délicatement ; la silhouette disparut dans un grand éclat de rire, laissant derrière elle une odeur savoureuse et exotique.
Séphora se réveilla, avec une sensation incompréhensible de déception qui lui serrait la poitrine … L’odeur sensuelle et enivrante du parfum inondait encore les lieux … Perplexe, elle se demanda si ce qu’elle venait de vivre était bien réel ou si ce n’était que des chimères; mais Séphora eut vite fait de tout oublier !
Le jour de son départ, elle eut la singulière idée de se déguiser en une femme antique égyptienne. Elle mit une perruque noire et força sur du l’eye-liner vers les sourcils et les tempes ; satisfaite, elle virevolta devant son grand miroir. Séphora voulait absolument ressembler à la mystérieuse princesse dont elle avait rêvée… puis elle prit sa valise et y mit des vêtements amples pour se protéger de la chaleur du désert, un chapeau, des jumelles, sans oublier ses crèmes solaires.
Arrivée à l’aéroport, elle fut surprise par la longue file d’attente qui se tenait devant le comptoir d’enregistrement , un bruit assourdissant et continuel inondait l’immense hall de la salle d’attente. D’une voix soft, le steward annonça l’imminent retard de la compagnie Égypte Air.
Séphora comprit qu’elle devait s’armer de patience, et alla s’installer dans un bar et commanda un espresso. Soudain, une main tapota son épaule. Sephora se retourna et fut agréablement surprise de voir son amie d’enfance, Christelle.
-Hey ! Quel bon vent t’amène vers nous Christelle !
-J’ai un vol à prendre pour Miami ! et toi !
-Eh bien moi aussi ! J’ai hâte de visiter certaines merveilles ! Les tombeaux des pharaons ! et spécialement les momies !
-Non mais sérieux, Séphora ! tu souhaites vraiment visiter ces lieux ! Ne sais-tu pas que ce sont des lieux maudits à jamais !
-Maudits ? Que veux-tu dire par lieux maudit ?
-Il y a quelques années de ceci, un égyptologue un peu zélé avait tenter d’ouvrir le tombeau du roi Toutankhamon pour soulever la momie, et la retourner de tous les côtés sous les yeux ahuris des touristes qui l’entouraient. Mais, au retour du voyage, leur avion a chuté au large de la Méditerranée !! Sans parler de toutes les mésaventures qu’ont subi les archéologues anglais dans les années cinquante pendant leurs fouilles ! Il paraît qu’ils ont tous étaient décimés par la malédiction de ces lieux !
Séphora baissa la tête, ne sachant plus quoi faire … elle songeait à ce rêve qu’elle avait fait cette nuit … à cette bise qu’elle avait reçue… serait -ce la bise de Juda ! … la bise de la trahison ! Et cette coupelle de miel ! Elle ressemblait curieusement aux coupes que l’on offrait aux jeunes filles qui devaient être sacrifiées sur l’autel des dieux …
Avant que Séphora ne s’éloigne pour rejoindre la porte de sortie, et prendre un taxi pour rentrer chez elle, Christelle l’interpella encore une dernière fois :
-Rejoins moi à Miami ! hôtel Sheraton ! je te promets on s’amusera beaucoup Séphora !
-OK, Christelle ! de toute façon on reste en contact !

Comme annoncé, l’atelier d’écriture ferme ses portes pour les vacances de printemps. Vous avez bien travaillé, il a besoin de repos! Bravo à vous!Je vous enverrai la prochaine proposition d’écriture le 20 avril 2023. 

D’ici là, je vous souhaite de belles FETES DE PAQUES, en famille, avec vos amis ou seule-seul. N’abusez pas trop des chocolats! Trop tard pour moi, j’ai déjà commencé à dévorer des chocolats de pâques! 

Ne vous inquiétez pas si je ne vous réponds pas à vos mails. Quand je pars en vacances, je fais une détox numérique aussi. Je vous répondrai avec grand plaisir à mon retour.

Dès le mercredi 5 avril, je n’aurai plus le temps de vous répondre. Je me lève à 4h du matin jeudi; donc, mercredi soir, je me couche tôt…

Je vous souhaite le meilleur pour cette période!

Portez-vous bien et prenez soin de vous!

Créativement vôtre,

Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE 

 

Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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