Bien sûr, vous aurez reconnu l’image de la proposition d’écriture N° 175: il s’agissait du film TITANIC avec Jack et Rose sur le paquebot en question.
Un beau film de James Cameron, certes, grandiose mais poignant.
Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.
De Dominique L’Amour éternel Ils avaient cru en leur destin. Pour elle, c’était un jour si différent de d’habitude, c’était la première fois qu’elle naviguerait, qu’elle quitterait la France. Elle avait toujours un air rêveur et croyait que le monde ne pouvait nous apporter que des bienfaits quand on savait sourire à la vie. Rien ne lui laissait imaginer cette rencontre. Lui, tous ses amis le surnommaient, Feu follet. Tout était bon à prendre sur son chemin. Il aimait la vie et la dégustait, ou plutôt la dévorait, comme cet être sauvage, un peu fou, exubérant qu’il était … Il n’avait peur de rien, ne croyait ni en Dieu ni au diable et savait toujours retomber sur ses pieds. S’il s’était embarqué, c’était pour voir du pays ; il ne croyait pas en l’amour, mais en la vie et tout le bonheur qu’elle pouvait lui donner. Quand ils embarquèrent, ils se trouvèrent, par un heureux hasard, dos à dos. Puis, sans savoir où ils devaient se diriger, ils se retournèrent et tombèrent nez à nez. Ils se mirent à rire, lui d’un gros rire qui prenait tout l’espace, elle, avec une sorte de hoquet qui lui coupait le souffle. Elle se surprit à lui parler comme s’ils s’étaient connus depuis toujours. Les jours avançant, ils se confièrent leur vie, et puis leur corps, leurs mains, leur regard. Et l’amour s’ancra en eux pour toujours. Peu importe ce qu’il leur arriverait, ils seraient tout l’un pour l’autre. Rien ne les séparerait, ils se l’étaient juré. De Cécile Tania ne savait pas dire non. Elle ne jugeait pas cela comme une faiblesse. Elle attribuait cette particularité si courante chez les personnes de son sexe à son grand cœur. Evidemment, cela avait des conséquences positives dans sa vie. Son carnet d’adresses était rempli, elle ne s’ennuyait pas. Marc, qui étonnement, était le seul à qui elle s’accordait le droit de dire non, n’était pas de cet avis. Au fil des ans, il voyait Tania s’aventurer dans des histoires d’amour toujours plus désastreuses. Au travail, elle n’était pas respectée et se trouvait au bord du burn-out, sans toutefois vouloir se l’avouer. Dire oui était devenu une sorte de drogue. C’était comme si son cerveau avait été configuré pour faire plaisir et se faire accepter en acceptant inconditionnellement les requêtes de tout le monde. Ses collègues se moquaient de sa naïveté, d’autres lui lançaient des regards noirs en s’imaginant que sa gentillesse n’était qu’une ruse pour gravir l’échelle sociale. Tania ne voyait rien de tout cela. Elle connaissait les contradictions de la nature humaine et acceptait les changements d’humeur de ses pairs sans chercher à comprendre plus avant le pourquoi du comment. Il était facile de comprendre l’origine de son mal. Des parents froids et peu enclins aux démonstrations. Tous deux excellaient dans la finance et se désolaient du manque de caractère ou d’intelligence de leur fille et elle avait beau faire tous les efforts du monde, elle n’avait reçu que des brimades et de l’indifférence. Rien de ce qu’elle avait fait toute son enfance n’avait plu, elle s’était sentie rejetée et continuait, adulte, de faire l’impossible pour un sourire ou un remerciement. Marc, qui la connaissait bien, essayait de lui faire comprendre les bienfaits du respect de ses besoins et de la nécessité de se faire respecter, mais Tania n’était pas prête pour le grand saut dans le vide. Elle sentait qu’il avait raison, mais cela lui faisait peur et elle rejetait constamment ses propositions de sortir avec lui. Un jour, cependant, elle n’eut pas le choix. Après une semaine harassante au travail qui l’avait laissée sur les rotules et avait façonné en son ventre une boule d’angoisse nourrie par une abondance d’humiliations plus soutenue que d’ordinaire, elle s’était échouée sur son canapé dans l’espoir candide de retrouver un peu d’énergie. Si quelqu’un était rentré alors dans la pièce, il aurait pensé qu’elle était proche de la catalepsie. Quand le téléphone sonna, elle ne réagit pas tout de suite, mais l’interlocuteur insistait. Quand elle vit le nom s’éclairer sur l’écran de son téléphone, elle décrocha, les yeux emplis d’espoir. C’était Anna, sa chef de service. Si elle l’appelait un samedi, cela devait être important. -Tania, c’est Anna, je ne te dérange pas, j’espère ? -Non, bien sûr, ça fait toujours plaisir de … -Tu es chez toi ? -Eh bien, oui, je pensais… -Tant mieux, Jean Luc passe chez toi d’ici une demi-heure. Mets des tennis et un pantalon de sport. -Ah, bon, d’accord, c’est pour all… -Bon, je raccroche, à tout’. Tania n’en avait pas cru ses oreilles. Enfin, sa chef l’invitait à ses fameux week-ends à la campagne, elle n’invitait que les hauts placés dans la boite et ses plus fidèles collaborateurs. Enfin, son dévouement se voyait récompensé. Elle avala une triple dose de caféine, essaya de trouver les vêtements de sport qui la mettraient le plus en valeur et attendit patiemment que Jean Luc arrive. Il arriva avec cinq minutes d’avance, elle avait bien fait de se dépêcher. Cela n’avait pas été facile, car son corps ne répondait que difficilement à ses injonctions en raison de l’extrême fatigue qui l’accablait. Il était, lui aussi, froid, à la limite de l’impolitesse. Elle tenta une discussion -Et où va-t-on ? Anna ne m’en a pas parlé. -Ben, chez elle, bien sûr, quelle question. -Oui bien sûr. Tania n’était sûre de rien, à part le haussement de sourcil et le regard de mépris que Jean-Luc n’avait pas essayé de dissimuler. Quand ils arrivèrent dans la banlieue chic après une demi-heure de silence, elle vit ses collègues attendant devant un camion de déménagement. Il ne s’agissait pas des patrons et préférés d’Anna, mais une secrétaire, le chauffeur et un réceptionniste amoureux d’elle. Elle comprit vite qu’elle n’était pas invitée pour participer à jeu d’orientation en pleine nature mais à un déménagement. Anna la salua rapidement et lui donna des indications sur les meubles et cartons à déplacer. Après deux heures de mouvements, qui à coup sûr se traduiraient en courbatures, elle monta à l’étage pour trouver la salle de bains. Elle s’arrêta devant une porte entrouverte d’où sortaient des rires. Elle reconnut la voix d’Anna et celle du chef de la DRH. -Eh bien, je te félicite, voilà du bon boulot, tu as réussi à économiser les déménageurs. Je ne savais pas que tu avais des amis. -Ce ne sont pas des amis, ce sont des sous-fifres, ils me mangent dans les mains, je n’ai qu’à claquer des doigts et ils rappliquent. Tu ne peux pas imaginer à quel point je m’amuse ? Le plus drôle, c’est cette petite sotte de Tania ? Tu peux lui en faire et en refaire, elle ne dit jamais non. -C’est quoi son problème ? -Tu sais quoi ? Je m’en tamponne, en attendant, les serpillères, c’est toujours utile. Tania chancela. Ses jambes perdirent leur force, elle sentit sa tête tourner et eut la nausée. C’était trop, il fallait qu’elle parte, elle appellerait un taxi. Elle se dirigea vers les escaliers mais vacilla, son pied heurta un carton laissé en plein milieu et elle trébucha. Elle se retrouva en bas de l’escalier. Quand elle se réveilla dans sa chambre d’hôpital, Marc appela une infirmière. Il la raccompagna chez elle. Avec sa jambe plâtrée, elle dût s’asseoir à l’arrière. Elle ne put sortir un mot. Marc resta auprès d’elle deux semaines et elle finit par se livrer et lui raconter sa mésaventure -Cette fois-ci, tu ne peux t’échapper, alors tu vas m’écouter. -Je quoi que j’ai compris, Marc, mais je t’écoute. Marc installa sur le sol une peinture représentant un paysage champêtre vu d’en haut, il installa un tabouret et un gros ventilateur près du sol. Il la fit grimper sur le tabouret, lui fit mettre des lunettes de plongée, la tint par la taille pour éviter qu’elle ne chute et lui demanda de déployer ses bras à la verticale. -A présent, répète après moi : je suis libre de dire non ou de dire oui. Mon plus grand devoir est de respecter mes besoins et mes sensations intérieures, mon plus grand devoir est de m’aimer et de me respecter inconditionnellement. Si quelqu’un est vexé par ma décision, cela le regarde, chacun est responsable de ses émotions et je n’ai pas besoin d’être quelqu’un d’autre que moi pour plaire. Je ne garde dans ma vie que ceux qui m’acceptent comme je suis et ne me mettent aucune pression de la sorte. Tania s’exécuta. Durant sa convalescence, Marc et elle parlèrent. Beaucoup. Tania réapprit à se faire confiance, à ne pas faire dépendre son bonheur d’autrui. Elle ne retourna pas au travail. Elle démissionna, elle se sentait prête à vivre la vie de ses rêves. Elle avait toujours voulu être fleuriste. On lui enleva son plâtre. Elle tituba un peu, mais refusa l’aide de Marc. Elle apprendrait à marcher tout seule. Le parc de l’hôpital était en fleurs, le printemps avait fait jaillir des gerbes de joie et l’air pétillait. Un rossignol chantait. Ils se regardèrent, émus, longuement. Marc lui prit la main. -Je t’ai appris à dire non, mais j’ai une question à poser et j’espère que ton cœur dira oui. -Alors, modèle ta phrase en conséquence. -Est-ce que ça t’embêterait qu’on continue notre cohabitation dans une maison qui serait la nôtre ? Le non que Tania prononça était un oui à la vie, à l’amour sans condition. De vraies ailes s’étaient déployées. Elle était prête à s’envoler vers le bonheur.De Francoise VLe duo est magnifique. A la proue du navire, c’est pathétique. Quel bonheur de les voir bras ouverts Enflammés face à la mer S’ils ne s’étaient pas rencontrés, là sur ce navire, Auraient-ils regardé l’avenir avec autant de plaisir ? C’est ma foi, merveilleux De les voir passionnés et amoureux Une romance commence On attendrait presque une alliance. Mais, le mari de la jolie Julie se mit à observer depuis sa cabine, les va-et-vient de son épouse, car il avait détecté son drôle de comportement. Julie n’avait pas de raison de sortir si souvent, prétextant d’aller prendre l’air à bâbord ou à tribord. Elle était devenue rayonnante tout à coup. Elle souriait beaucoup et ses coquetteries n’étaient pas habituelles. Elle s’épanouissait. Le mari en devint jaloux. Mais jaloux de qui ? Là était la vraie question. Julie était discrète, ne regardait jamais son Cupidon en présence de son mari. Les distances étaient respectées, mis à part la nuit, quand la danse était finie. Elle avait rencontré son Cupidon dès le premier jour du bal. L’étreinte avait été si forte entre elle et lui, les regards fusionnels si intenses, qu’un dialogue en secret s’en suivit. Ils se donnèrent rendez-vous au bar, les jours suivant en catimini, quand l’époux avait rejoint sa cabine. Plusieurs soirées furent une suite de romance cachée, et une réunion de corps à corps de plus en plus souvent. Jusque là l’époux n’y voyait rien. Il dormait tôt et quand il se réveillait tôt Julie était à ses côté. Quant à Julie, son programme était tout autre. Elle ne pensait qu’à faire la fête et sur le paquebot, rien de plus facile. Tout était organisé pour passer de belles soirées en musique, à boire, à s’amuser, et à rejoindre son cupidon au beau milieu de la nuit. Les deux tourtereaux très éprit l’un de l’autre, commencèrent à faire des projets. Jusque-là, l’histoire est un vrai roman à l’eau de rose. Un jour de tempête, Julie ne put rejoindre son Cupidon sur le pont. Les vagues le recouvraient. Il frappa à sa porte prétextant qu’on l’appelait au restaurant pour y avoir oublié son téléphone. Le mari fronça les sourcils. Il suivit Julie et découvrit l’enlacement des deux amants, mais conserva son calme. Il patienta. Le beau temps revenu, les soirées continuèrent inlassablement. Mais, le mari n’en pouvait plus de ce manège discret et inquiétant. Au lieu d’entamer un dialogue constructif, il se chargea de régler le compte à Cupidon. C’était une belle nuit, l’avant dernière avant la fin de la croisière. L’époux s’était installé derrière le contrefort d’une cabine. Il attendait d’être seul. Et avant que son épouse n’arrive, il se jeta sur l’amant dos tourné. Avec une corde en acier, il l’étrangla de toutes ses forces. Puis il balança son corps par-dessus bord. Le souffle du vent masqua le bruit de la chute de l’amant depuis le pont. Julie fut témoin de la scène. Face à la violence, elle fut tétanisée par l’acte irréversible. Le mari se jeta sur elle, l’assomma sur le rebord du parapet. Le sang coula, elle s’écroula et perdit connaissance. Et pour être certain d’en finir avec elle, il procéda avec la même corde en acier. Même bruit en mer et ni vu ni connu. Seul à bâbord, il fut débarrassé des deux amants. Il fallait maintenant qu’il invente l’absence régulière de sa femme jusqu’à la fin de la croisière, et même après, ou qu’il disparaisse lui aussi dans les flots. De Catherine M LEA Je ne veux plus y penser Je ne veux plus y penser Je ne veux plus y penser C’est son mantra à Léa Depuis qu’il la prise dans ses bras Ça a commencé comme ça Elle ne s’y attendait pas Le bureau fermé à clef Ça aurait dû l’intriguer Asseyez-vous, je vous en prie Un sourire figé La moquette gris souris Je vous sers un verre Il est passé par derrière Le bruit des glaçons Un bruit tout con Et puis plus rien Une appréhension Une oppression Des bras qui la soulèvent Non, c’est pas un rêve Après ça elle est partie Elle n’a jamais rien dit Jusqu’à aujourd’hui Peut-être demain ? Allez Léa, on est avec toi. De Claudine LE VOYAGE L’agitation diminue, il est l’heure pour chacun, de rentrer dans sa vie de tous les jours. Je reste là à contempler le paysage. Par confort, je me suis assise dans le sable ; c’est déjà être ailleurs. Je suis bien, je vagabonde, j’oublie la morosité ambiante, je vole vers d’autre cieux. Le jour s’enfuit, l’indigo a remplacé le bleu du ciel. C’est une véritable invitation au voyage. Ce soir, j’imagine que je suis dans un bateau, en pleine mer. … J’ignore tout de ce voyage, je ne sais où ni quand aura lieu l’accostage sur la terre ferme. Ce qui compte pour moi, c’est que les jours aient un sens, avec une proue qui glisse lentement en avant en compagnie du temps. L’air du large est enivrant et la mer sous ses reflets argentés m’hypnotise. Les yeux perdus vers l’horizon, je vois les mouettes en folles sarabandes qui s’approchent du port, espérant becqueter quelques résidus de la pêche. Devant un tel spectacle, je me prends à imaginer une autre vie, un autre ailleurs. Tout balancer pour découvrir d’autres horizons. Respirer, vivre. Le temps passe, normal est calme. Etre aux premières loges de ce spectacle fabuleux, bien installée à l’avant du bateau. Toujours accompagnée de ces oiseaux bruyants aux grandes ailes blanches. Des dauphins qui sautillent de vagues en vagues m’entourent de leur présence joyeuse. Ils dansent, heureux ; c’est du moins ce que je pense. Je me dis qu’il est important de protéger cette Méditerranée qui réunit tant de peuples et nous offre de si belles rencontres. Je fais aussi un constat qui m’effraie : le temps passe, vite, trop vite, entre le travail et les tracas quotidiens et routiniers, j’ai l’impression de marcher à coté de ma vie. Je n’ai jamais mis les pieds sur un bateau avant cette belle journée. Mon seul grand voyage sur la mer, ce sont quelques traversées dans un énorme machin bleu, entre St Raph’ et St Trop’. Autant dire, LA grande aventure. Mes seules lectures maritimes sont limitées ; je me souviens avec délice de la prose de Michel Tournier : » Vendredi ou la vie sauvage », précédé des aventures de Robinson Crusoé sur son île entourée d’eau. C’est ça, tout vient de ces récits ! Le goût de l’aventure a germé en moi qui suis plutôt casanière. C’est donc décidé, je ne me pose plus de questions, j’embarque pour l’inconnu. A moi, les grands espaces, les contrées sauvages, les paysages débordant de palmiers, de neige, de sable. La vie, sans contraintes, sans soucis, les cheveux au vent. Mettre les voiles, larguer les amarres, voguer vers la liberté ; offrir à mes yeux décillés de nouveaux paysages, croiser d’autres visages, d’autres vies, découvrir le soleil des pays chauds, les icebergs des pôles, les forêts tropicales et les plages sans fin bordées de cocotiers. C’est pour certains un rêve d’enfant, qui les happe, et toujours hante leur subconscient. Le mien a mis du temps à émerger. Les palmiers, le bruit de l’eau m’emportent sur un nuage. Voir le soleil se lever ou se coucher à l’horizon et respirer de l’air pur. Au bord d’une île au sable chaud. Dans la nuit fraîche, la mer était assez douce au début. Mais une violente tempête commence à se déchaîner sur notre embarcation, qui alors tangue dangereusement. Jack s’approche de moi, il m’enlace et nous semblons voler, dépasser les limites. Ensemble, nous voguons vers l’aventure. Ses bras sont le rempart qui me fait tenir debout. Ensemble, les yeux fermés, nous nous délectons de la langueur de ce début de traversée qui nous emmène vers l’inconnu. Nous savourons cette phrase de Baudelaire dans « Le Voyage » : “La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.” Un coup de vent plus fort lève une vague qui m’atteint au visage. Surprise, j’ouvre les yeux. C’est un ballon qui, lancé par un jeune enfant, vient d’atterrir dans le grand bassin du jardin du Luxembourg et qui a projeté une gerbe d’eau douce sur ma figure étonnée. Seule désormais, bien calée dans mon fauteuil en fer, j’émerge de ma somnolence et je vois sur le bassin voguer de jolis petits voiliers. De Lisa 1962…C’était l’histoire de deux anciens, rares survivants, qui regardaient cette photo, souvenir de leur passage sur le Titanic. 1912…Ils étaient comme ce couple célèbre à regarder l’océan. Le « Roméo » venait d’une famille ouvrière, pauvre et même je dirais très pauvre. Il était italien originaire de Naples, et pour survivre, il avait décidé de travailler chez son oncle richissime dans un restaurant réputé. La « Juliette » était d’une famille bourgeoise où son mariage était programmé à un parent éloigné de sa mère. Elle était passionnée de dessin comme notre héros, sauf qu’elle ne faisait que des paysages et surtout pas des portraits. A ce moment-là, elle décida de faire un croquis du « prince de l’océan ». En fumant sa cigarette, à la seconde où il la vit de dos, il tomba sous son charme et trouva une excuse pour lui donner des idées, sachant que leur milieu les aurait empêchés. Leur conversation fut d’une courte durée car le futur mari arriva à leur hauteur. Chacun reprit sa place de rang et de leur vie. Mais quelques années plus tard, le destin les rattrapa car ils se retrouvèrent sur cette croisière, mais cette fois-ci, il ne laissa pas sa belle à d’autres gars. Il apprendrait par hasard qu’elle avait divorcé. Alors, il décida de retourner sur leur lieu de rencontre et là il l’aperçut sur ce balcon. Il s’approcha près d’elle en lui chuchotant dans l’oreille : « A quelle étoile à quel dieu Je retrouve l’amour de ce lieu Qui souhaite de là-haut Que Roméo aime Juliette sans hésitation A quel ange, à quel dieu Je dois l’héritage de ses yeux Même si je dois me battre pour l’épouser Plus personne ne va m’arrêter S’il faut l’écrire, je l’écrierai S’il faut la rassurer, je la rassurerai Mais pourquoi le milieu social veut nous détester ?»De Jean-ClaudeAu-delà des étoilesL’histoire se déroule plusieurs années après le naufrage du paquebot le Titanic. Jack et Rose ont miraculeusement survécu à la tragédie, ils ont été sauvés in extrémiste par un bateau de pêcheurs de morues, des Terres Neuvas. Ils ont réussi à se reconstruire chacun de leur côté. Jack a suivi sa passion pour la peinture, il est devenu un artiste renommé à New York, et dans les autres grandes villes des Etats-Unis. Quant à Rose, elle a épousé un homme riche et est devenue une mère de famille de deux enfants, une femme respectée, et appréciée de la haute société. Cependant, malgré le temps qui passe et les chemins divergents qu’ils ont pris, Jack et Rose n’ont jamais oublié leur amour intense à bord du paquebot. Un jour, faisant du shopping dans New York, Rose remarque une grande affiche d’une exposition de peinture, et reconnaît le visage du peintre. Elle reste figée comme un piquet, tout en lisant son nom Jack Dawson. La tête lui tourne, elle se retient au réverbère pour ne pas tomber à terre. Une dame la voit, accourt, « vous vous sentez mal, je peux vous aider madame » ? « Non ça va passer, merci. » Elle reprend ses esprits, sort de son sac à main un carnet, note au crayon d’une main toute tremblante la date et le lieu. Arrive le jour de l’exposition, elle est habillée toute simplement, elle ne veut pas apparaître « bourgeoise » pour éviter les regards. Elle gravit l’escalier pour arriver dans un grand hall chichement décoré. La pièce est élégamment décorée, avec des lustres imposants, des tapis luxueux, des meubles en bois précieux et des œuvres d’art accrochées aux murs. L’ambiance est celle d’une soirée aristocratique, avec des personnes en tenues raffinées qui circulent et admirent les œuvres de Jack. La salle est baignée dans une lumière tamisée, créant une atmosphère intimiste. Jack expose principalement des portraits de gens dans le Titanic, des croquis et des peintures de paysages, reflétant son talent artistique. Parmi ses tableaux les plus célèbres, il y a un portrait de Rose, l’héroïne du film. Ce portrait devient emblématique tout pendant cette exposition, il a été réalisé au début de leur relation. Les chuchotements vont bon train…C’est l’héroïne du film ! Lorsqu’ils se croisent dans la galerie, leurs yeux se rencontrent, et l’étincelle de leur ancienne passion se rallume. Les retrouvailles sont à la fois joyeuses et douloureuses, car Rose est maintenant prise au piège dans un mariage sans amour avec un homme puissant et possessif. Jack est déchiré entre son désir de réunir sa vie avec celle de Rose et son respect pour les engagements qu’elle a pris. Ils décident de se revoir en secret, à l’insu de son mari. Ils sont confrontés à la réalité pour préserver leur amour tout en échappant à l’attention de ceux qui cherchent à les séparer. Leur histoire se transforme en une aventure romantique, où ils doivent faire preuve de ruse et de détermination pour être ensemble. Finalement, leur amour est plus fort que tout, même les obstacles imposés par la société et les mariages arrangés. Ils prennent la décision difficile de quitter leurs vies respectives pour suivre leur cœur et vivre leur amour pleinement. C’est une note d’espoir, que Jack et Rose reprenant leur vie ensemble, cette fois-ci en choisissant leur propre destin et en poursuivant leur rêve de construire une nouvelle vie remplie de bonheur, d’amour et de liberté. Comment leur vie ensemble se déroule, vont-ils faire le chemin inverse et partir en Angleterre ? Après avoir pris la décision de suivre leur cœur et de vivre leur amour pleinement, la nostalgie de leurs vies passées et de leurs familles commence à les hanter. Ils décident de quitter discrètement New York pour partir en Angleterre. Un retour non pas en bateau, mais en avion pour gagner du temps et pour éviter le long et émotionnel voyage en bateau. Une fois de plus traverser l’Atlantique, cette fois-ci dans des circonstances bien plus sereines. Une fois sur le sol anglais, les retrouvailles sont chaleureuses et émotionnelles. Jack et Rose passent du temps avec la famille de Rose, partageant des histoires sur leur vie en Amérique et les aventures qu’ils ont vécues ensemble. Ils rassurent la famille de Rose sur leur bonheur et leur amour l’un pour l’autre. De Marie-Laure (proposition d’écriture N° 174) Sur la moleskine rouge Une fois n’est pas coutume, ce mardi midi, Thérèse a pris son courage à deux mains, elle a décidé de s’offrir un petit restaurant pour fêter sa troisième année de retraite. L’idée de se trouver au milieu de la population active lui plaît bien et avec l’affluence dans cette brasserie, personne ne fera attention à elle, seule devant son assiette. A son âge, il faut encore qu’elle se trouve des alibis, des justifications, pour s’encourager et oser se faire plaisir ! Pour être sûre que rien ne viendra contrarier ses plans, elle a déjà réservé de bonne heure et maintenant elle se pomponne gaiement. Arrivée au restaurant, la serveuse lui propose soit une table dans un coin, soit une place sur la grande banquette de moleskine rouge. Puisqu’elle est en mode immersion sociale, elle choisit la banquette et toute l’ambiance brasserie véhiculée par la moleskine. Pour se donner une certaine contenance, elle sort de son sac à main un livre, ainsi que son petit carnet de notes qui ne la quitte jamais. Intérieurement, elle sourit, elle sait bien que c’est comme un « doudou ». Petit à petit, la brasserie se remplit, à sa droite trois jeunes hommes, costard cravate, qui comparent les salaires du Luxembourg et ceux de la Suisse. A sa gauche, deux dames et à en juger par les sourires qu’elles s’adressent, elles se connaissent bien et semblent très complices. Ces deux dames parlent de leurs enfants et notamment de la relation qu’elles entretiennent chacune avec leur fille. Les mouvances de la relation mère – fille, voilà un sujet qui a souvent heurté Thérèse ; elle se permet d’être un brin indiscrète et fait tout pour suivre cette conversation, veillant toutefois à passer inaperçue ! Apparemment, l’une ne voit ses petites filles que très rarement, elle a osé dire à sa fille qu’elle ne la trouvait pas épanouie dans son couple et elle en paie le prix fort. Certes, cela ne la regarde pas, mais elle voit bien sa fille de plus en plus nerveuse, qui manque de patience envers ses enfants, qui fume comme un pompier, qui ne prend plus trop soin d’elle alors qu’elle était très coquette. Certes, elle n’a rien à dire, mais en fait elle a peur pour sa fille et elle se sent complètement impuissante. L’autre dame évoque son été avec beaucoup de trémolos dans la voix. Sa fille a choisi d’élever seule son enfant qui a maintenant neuf mois. Elle était enceinte du deuxième en début d’été, mais on lui avait prédit une fausse couche dans les prochaines semaines car c’était un œuf clair. Alors, elle l’a accompagnée sur son lieu de villégiature en bord de mer, pour l’aider avec son gamin. Apparemment, elle s’était fait un scénario catastrophe dans sa tête : si sa fille faisait une hémorragie, ou aurait eu besoin d’être hospitalisée, qu’en serait – il advenu du bambin ? Elle exprime ses nuits d’insomnie, ses vacances la peur au ventre, une certaine colère qui l’habite aussi, car élever deux enfants si rapprochés, seule et avec un petit salaire, elle imagine les fins de mois compliquées et toutes les galères du quotidien. Elle comprend le désir d’enfant, elle comprend le chamboulement engendré par la fausse couche, mais elle voudrait aider sa fille à relativiser, son petit garçon lui apporte tant de joie ! Elle se confronte à l’irritabilité de sa fille, la discussion impossible, souvent hyper- tendue. Elle a les larmes aux yeux en parlant et son amie est d’une grande tendresse envers elle. Thérèse a l’impression qu’elles ont l ‘une et l’autre besoin de vider leur sac. C’est comme si elles avaient tout déversé là, avant même le début du repas, comme une urgence à se délester de ce qui fait mal. Et puis leur conversation continue, avec cette fois plus de recul. Elles savent bien qu’elles n’ont pas à s’immiscer dans la vie de leurs enfants, mais en fait dans leur maladresse, c’est surtout leur peur qui s’exprime. L’une explique comment elle a réussi à prendre de la distance, sans couper les ponts, elle prend avec joie les moments que sa fille lui accorde avec ses petites filles et pour le reste, elle a décidé de penser d’abord à elle maintenant. Non, ce n’est pas de l’égoïsme, c’est pour se protéger d’une relation qui pourrait devenir toxique. Elle ne veut pas rejouer les relations où l’autre souffle le chaud puis le froid, elle a bien connu avec sa propre mère et elle en a beaucoup souffert. La conversation prend alors un autre tournant entre penser à soi et / ou mettre constamment les autres, la famille, les enfants, en pool position, au risque d’oublier ce qui est bon pour soi. Se respecter, ne pas ignorer ses propres besoins, s’aimer pour mieux aimer l’autre. Voilà ces deux dames engagées dans une rhétorique philosophique. Intérieurement Thérèse sourit, elle s’imagine devant un sujet du bac, « vous avez trois heures », ça lui rappelle de bons souvenirs ! Thérèse écoute en faisant semblant de lire, en même temps qu’elle mange. Elle est émue, cette conversation la touche car les relations mère – fille fluctuantes, elle aussi elle connaît ! Elle se dit qu’elle aurait aimé partager tous ses questionnements avec une amie. Dans la conversation entre ces deux dames, il n’y a pas de solution énoncée, pas de conseils donnés, mais juste une belle écoute, chaleureuse, réconfortante. Elle est heureuse de son repas, de ce moment sur la moleskine rouge de cette brasserie, où finalement, à travers l’écoute d’une conversation, elle s’est replongée dans cette question qui lui trotte régulièrement dans la tête : comment, au fil du temps qui passe, construire et sans cesse reconstruire sa vie, en restant sur le chemin qui mène à soi ? De retour à son domicile, elle se prendra trois heures et une grande feuille blanche ! De Marie-Laure Un rafiot pour de grands rêves Jessica et Benjamin étaient amis d’enfance. Ils habitaient à quelques maisons l’un de l’autre dans la cité De Wendel, là où le nom des patelins se termine en « ange », comme dans la chanson. Benjamin lui chantait souvent « la vallée de la Fensch, ma chérie, c’est le Colorado en plus petit… ». Alors ils s’étaient donné un surnom plus branché, elle s’était Jessy et lui Benjy, ça collait mieux avec l’image d’aventurier. De tout l ‘été, il n’y avait pas grand-chose à faire dans la cité. Finalement, le bahut c’était là où il se sentaient bien, avec leurs potes, les petites histoires et les intrigues, ça remplissait leur vie d’ados. Ils avaient l’habitude de zoner à droite et à gauche, ils aimaient aussi aller vers le fleuve qui traversait toute la vallée. Les grandes péniches les faisaient rêver, ces maisons glissant tranquillement sur l’eau avaient quelque chose de poétique. A chaque fois, ils inventaient de nouvelles destinations, de nouvelles terres inconnues. Leurs parents n’avaient jamais quitté la cité, tout comme leurs grands-parents, mais eux avaient les médias à portée de main, alors des contrées lointaines, ils en avaient des images plein les yeux ! Aux abords du fleuve, il y avait aussi les barques des pêcheurs. Ils se demandaient d’ailleurs ce qu’ils pouvaient encore ramener à la maison, mis à part de gros silures. Un peu en retrait de la rive, un peu cachée sous les arbres, il y avait une carcasse de vieille barque. Elle était là depuis des lustres, déchet oublié par un pêcheur peu soucieux de l’environnement ou objet inanimé qui attendait tranquillement de s’effriter sous l ‘érosion pour retourner à la mer ou à la terre, qui sait ? Jessy et Benjy aimaient s’y retrouver. Ils l’avaient dégagée du feuillage envahissant, tout en veillant bien à laisser le petit rafiot à l’abri des regards. Ils s’y inventaient des voyages au long court, comme le Titanic, tiens ! Mais eux n’avaient pas du tout l’intention de couler, ils refaisaient l’histoire. Et puis de toute façon, ils n’étaient pas amants, étaient – ils seulement amoureux ? Au fond, ils n’en savaient même rien, ils avaient toujours vécu l’un à côté de l’autre, ils se connaissaient depuis toujours ! Jessy avait un jour émis l’hypothèse que l’attrait de nouveaux horizons apporterait avec lui son lot de nouvelles rencontres et de nouvelles amitiés. Benjy n’aimait pas trop cette idée, mais il ne s’y opposait pas franchement non plus. Il avait mis fin à la conversation avec un vague « on verra bien ce que l’avenir nous réserve », formule suffisamment floue pour passer à autre chose. Aujourd’hui, lorsqu’ils mimaient la fameuse scène du film, c’étaient leurs rêves d’avenir qu’ils mettaient en jeu, pas une histoire d’amour, mais une découverte d’un autre monde. Ils s’imaginaient prendre le large, quitter cette vallée qui leur collait à la peau. Dire à tout jamais au-revoir à la cité et au monde ouvrier, petites mains des De Wendel. Ils se rêvaient entrepreneurs. Dans quel domaine ? Ils n’en avaient encore aucune idée. Ils voulaient juste être leurs propres patrons et décider de leur vie. A chaque fois qu’ils se retrouvaient, le scénario était le même. Ils s’installaient à la proue de la barque, ce petit rafiot véhicule de toutes leurs aspirations, puis ils se choisissaient une destination. Qu’ils voguent vers le grand Nord, ou qu’ils descendent sous l’équateur, le voyage était semé d’embûches qu’il fallait affronter vaillamment. Dans ces aventures fictives, ils puisaient des trésors d’ingéniosité, de ressources, de force, car oui ils étaient vainqueurs à chaque fois ! Au fond ce qu’ils aimaient le plus dans ces jeux d’ados, c’était endosser le costume d’aventurier, de warrior. Au fur à mesure, c’était comme s’ils apprivoisaient ce rôle, ils savaient bien que pour sortir du chemin tout tracé par leurs parents, ils allaient devoir se battre et garder juste leur détermination en ligne de mire ! De Pierre L’histoire d’amour d’Estella et de Lars, aussi brève fut-elle, est sans doute banale car Aimer, avec un grand A, c’est vieux comme le monde, cependant leur courte histoire n’avait rien de banale. Lars, suédois pilote et parachutiste, travaillait pour une petite compagnie privée basée aux Canaries. Estella, espagnole, comédienne, jouait des seconds rôles dans les théâtres de province en attendant de décrocher un contrat avec un studio cinématographique. Ils s’étaient rencontrés à Paris lorsqu’elle faisait un stage d’art dramatique et lui, se promenant sur les boulevards le temps d’une escale. Elle était assise à la terrasse d’un café, c’était le soir, il faisait très beau, nous étions en mai et les jours rallongeaient. Elle était avec deux amies et toutes les trois dissertaient sur les rôles qu’elles devaient jouer le lendemain dans un théâtre parisien en finale de leur stage. Lars, assis à une table toute proche des trois jeunes femmes, s’intéressait à leur conversation mais n’osait y prendre part, ne connaissant rien à l’art dramatique. Il était surtout intéressé par le visage et les yeux magnifiques d’Estella qu’il trouvait jolie, attirante. Il attendit que les trois jeunes femmes se quittent pour aborder Estella, ce qu’il fit en lui demandant maladroitement l’heure en anglais, ce qu’elle comprit et répondit avec un accent ibérique prononcé. Ensuite, il lui proposa une autre consommation et engagea avec elle une conversation bien « nourrie » sur leurs activités respectives, ce qu’ils faisaient dans la vie en dehors du travail. Il lui proposa de diner avec elle ; elle accepta d’emblée car elle aussi ressentait une sorte d’attirance envers ce bel homme d’allure sportive en apparence bien dans sa peau. Après le repas, ils firent une grande balade dans un Paris illuminé, rempli de touristes en cette période de l’année et il la raccompagna à son hôtel. Ils promirent de se revoir le lendemain au théâtre. Une fois dans sa chambre d’hôtel, Estella appela son père qui se trouvait en voyage d’affaires en Amérique du Sud. -Papa, je crois que j’ai rencontré le prince charmant, l’homme de ma vie ; il est beau comme un acteur italien des années soixante. Elle lui raconta l’échange qu’elle avait eu avec Lars et leur soirée. -Content pour toi mon enfant, mais pas trop vite, sois prudente. Au fait, tu me dis que ce garçon est aviateur et parachutiste : ce n’est pas commun. Tu sais pour mes activités comme je te l’ai dit un jour, je recherche un pilote digne de confiance ; tu comprends, tu pourrais lui en parler. Agacée par la requête de son père, Estella mit fin à sa conversation prétextant la révision de ses textes pour le spectacle et lui promit de le rappeler le lendemain soir. Le père d’Estella, Don Pedro Alvarez, était un homme d’affaires très riche qui s’était forgé un empire à la force du poignet en jouant et en spéculant sur les matières premières. Le sous-sol sud-américain en était bien fourni, tout en restant dans une certaine légalité. Don Pedro franchissait parfois la ligne jaune lorsque l’appât du gain était évident et les risques bien mesurés. Estella et son père étaient très proches, surtout depuis le décès de la maman d’Estella dans un accident de voiture. Don Pedro, très généreux avec sa fille, la couvrait de cadeaux mais il était aussi possessif, un peu étouffant, ce qui la dérangeait. Elle était âgée de vingt-deux ans et aspirait à son indépendance et voulait vivre sa vie. Le spectacle fut un triomphe, la salle était pleine. Estella et ses amies furent ovationnées. Lars, qui était dans la salle, apprécia aussi la pièce de théâtre, mais il était surtout heureux de retrouver Estella. Après le spectacle, ils partirent directement à l’hôtel d’Estella car elle devait rappeler son père. Après un court échange avec lui, elle passa le téléphone à Lars à la demande de Don Pedro qui voulait lui parler et lui proposer la mission dont il avait parlé avec sa fille. Après vingt bonnes minutes d’échange, Lars accepta après avoir insisté sur le caractère très temporaire de la mission et les conditions financières posées que Don Pedro accepta sans hésitation. Après une nuit « torride » où ils se jurèrent de ne jamais se quitter, Lars et Estella durent libérer la chambre d’hôtel au petit matin et lui la sienne aussitôt après. Lars prit immédiatement un congé sans solde de son employeur et comme convenu avec Estella, qui en était ravie, ils décidèrent de prendre le premier vol, vers Santiago du Chili où ils devaient rencontrer Don Pedro. Lars connaissait bien le pays et la ville pour y avoir donné des leçons de parachutisme dans un petit aérodrome situé non loin de la capitale. C’était précisément là que l’aéronef affrété par Don Pedro était mis à la disposition de Lars pour y convoyer divers matériels vers une destination qui devait lui être précisée. La mission devant débuter le lendemain matin, nous étions la veille en milieu d’après-midi. Il faisait beau, Lars proposa à Estella un vol en parachute à deux, une première pour elle qui était heureuse et excitée de pouvoir voler, de voir la terre de haut, protégée par Lars qui la tenait par la taille. Ils s’élancèrent de l’appareil et un court instant, volèrent libres comme des oiseaux mais soudainement, venu de l’horizon, une tornade imprévisible suivie d’un orage extrêmement violent s’abattit sur eux. Ils ne purent en réchapper et furent foudroyés, leurs corps retrouvés quelques centaines de mètres plus loin. Don Pedro, qui put se réfugier dans un bâtiment durant la tornade, apprit la nouvelle, hurla de douleur et décida de mettre fin à ses jours, sa fille bien-aimée, son seul être cher, sa raison de vivre, n’était plus. Ainsi se termine cette courte histoire qui aurait dû être un conte de fée, une belle histoire d’amour, qui s’acheva dans l’horreur. De Catherine G L’envol 103 ans. Bon pied, bon œil pour son âge ! Geneviève a revendiqué un dernier vœu, sans doute l’ultime, vu son âge, mais elle y tient vraiment : elle a toujours rêvé de sauter en parachute, un grand saut où elle a envie de se sentir voler avant de partir dans un autre ailleurs. Elle a tenu bon, jusqu’à ce que Véronique, sa fille de 75 ans, mette sa frayeur de côté et cède à ce caprice insensé de son point de vue. C’est ainsi que Geneviève se retrouve sur le tarmac, en préparation de saut, harnachée comme un GI, et surtout prise en charge par Stéphane ! Le beau Stéphane qui, une fois la stupeur passée, prend sa mission très à cœur. Il déploie son immense gentillesse et sa joie de vivre, tout en faisait preuve de grands talents pédagogiques. Ça a matché tout de suite entre eux, et la vieille dame, tout sourire, se montre attentive aux explications du jeune professeur. Il se place derrière elle et lui écarte les bras, tout en lui racontant le déroulé du saut qu’ils allaient faire ensemble après. Geneviève rayonne de bonheur et sa fille s’émeut de son plaisir. La simulation terminée, Stéphane prend doucement la main de son élève et la mène jusqu’à l’appareil qui les attend, prêt à décoller. Un dernier coucou à Véronique, paralysée de peur pour sa mère, et la voilà installée dans la carlingue. Tel un enfant avide de découvertes, elle bavarde, questionne, veut tout savoir sur son environnement. Quand Stéphane lui annonce que c’est le moment, elle n’hésite pas un seul instant à se lever. Que pourrait-elle craindre, à son âge ? Debout au bord du vide, les grosses lunettes dévorant son visage émacié, elle sent Stéphane tout contre elle dans son dos. « Écarte les bras, Geneviève ! Allez, on y va ! » Ensemble, ils plongent dans le vide, et ça y est : elle vole et cette sensation la remplit d’un immense bonheur ! Elle vole, elle est heureuse, elle a 20 ans ! Je ne peux pas finir cette chronique sans évoquer le drame qui s’est déroulé dans un lycée à Arras en ce vendredi 13 octobre. Quelle horreur! Encore un professeur lâchement assassiné, sans raison aucune et des victimes innocentes! Je pense de tout coeur aux vicitmes et à leurs familles. Pourquoi tuer des innocents? Au nom de quoi? De fous furieux fanatiques extrémistes qui donnent des ordres? Au nom de la religion? Aucune religion ne prône de tuer ses semblables, ni des humains. Aucune religion ne prône la haine envers les autres. Aucune religion ne prêche l’intolérance. Seuls des humains fanatiques prônent ce genre de choses. Et ils osent déclarer qu’ils croient en dieu. Un dieu qu’ils bafouent, qu’ils déshonorent par leurs actes barbares. On n’est plus au Moyen-Age et la guerre des religions ne devrait plus exister. Aucune religion n’est supérieure à une autre. Croire ou pas d’ailleurs relève de la liberté individuelle. Personne ne doit imposer quoi que ce soit à personne. Pourquoi tant de misères dans ce monde? Envers des humains, envers des animaux! Pourquoi tant de cruauté? Pourquoi faut-il tuer, faire des guerres pour s’imposer ?…à la fin, le seul résultat de tout ça, c’est la misère des mères qui perdent leurs enfants. Quand les humains comprendront-ils que tout ça, ça ne sert à rien? Quand comprendront-ils les leçons de l’Histoire? Je suis abasourdie, sans voix devant devant ce déchainement de haine! Je vous souhaite, malgré tout, une belle semaine créative. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour vos textes de la proposition d’écriture N° 176. Portez-vous bien et prenez soin de vous! Créativement vôtre, Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE |