Vous avez été peu nombreuses et nombreux à envoyer votre texte, j’espère que vous allez bien toutes et tous. Car, quand je ne vous lis plus, je m’inquiète pour vous. 

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De Manuela

La météo est clémente en cet fin de printemps 1992. Je viens d’installer une petite piscine dans mon jardin, le soleil brille, les transats sont sortis, les enfants se baignent, un vrai bonheur. En début d’après-midi, ce samedi, de nombreux vrombissements se font entendre. Ma maison est tout proche de l’aéroport de Poitiers-Biard. Des parachutes tombent du ciel, un ciel bleu turquoise, sans aucun nuage : c’est magique.

Une envie soudaine me prend. Je voudrais bien moi aussi faire une descente. Je me rends à l’accueil de l’aéroport, je prends une feuille d’inscription avec toutes les informations nécessaire pour effectuer ce saut. Le prix de cette folie est de 1 000 francs, il faut rajouter 100 francs pour une visite médicale obligatoire, je trouve le prix bien élevé !

Je rentre à la maison. Ils sont tous autour de la piscine, les enfants courent vers moi sauf Etienne qui n’a que trois mois.

  • Alors, alors, racontes maman, c’était bien.
  • Oui, c’était bien, j’aimerais le faire.

 Les enfants me coupent la parole…

  • Nous aussi, on pourra y aller ?
  • Oui, vous viendrez avec papa s’il est d’accord pour que je le fasse, ce saut. Mais vous ne sauterez pas avec moi, vous resterez au sol pour me regarder.

A son tour, Gérard prend la parole :

  • Tu as vraiment l’air d’y tenir, alors OK pour moi. Ce sera le cadeau pour la naissance d’Etienne que je ne t’ai jamais fait.

Je rentre à la maison en sifflant, remplis ma feuille d’inscription ainsi que mes deux chèques. Le rendez-vous est pris pour le lendemain, à seize heures, pile poil après la sieste des petits. Ce soir-là, tout le monde est intenable, un saut en parachute, vous imaginez !!! Je me lève tôt, tout excitée après une courte nuit. Je cherche un jogging à ma taille, prépare un sac pour les pitchouns avec des changes, un biberon, des gâteaux et de la boisson.

  • Alors, on y va maman ?
  • Pas encore, ma belle, on ira après la sieste.
  • C’est encore loin la sieste ?
  • On mange puis on se repose et ensuite on y va !

L’excitation se fait sentir et pour moi, le stress. Suis-je capable de faire ce saut ? Pourquoi ai-je voulu le faire ? De multitudes questions envahissent mon cerveau. Arrive 15 heures 30, on charge la voiture et on part, distance environ deux kilomètres. Gérard et les enfants trouvent une place à l’ombre et moi, je file à l’accueil. On m’envoie à la visite médicale obligatoire dans la salle d’à côté, durée environ dix minutes, efforts physiques, mon cœur est parfait, je suis apte pour le saut.

Dans une autre salle, un moniteur du nom de Marcel me tend la main et me dit avec une voix douce :

  • Je voudrais te présenter ton binôme François. Il a une très longue expérience dans le domaine.
  • Bonjour, Manuela, dit François. Nous allons faire un bout de chemin ensemble, non plutôt un vol ensemble. Ecoute bien les consignes, écoute-moi bien tout au long du saut et tout va bien se passer.

Marcel reprend la parole :

  • Mettez vos harnais avec l’aide de vos binômes. Je vais vous montrer quelques exercices indispensables pour la descente.

J’écoute attentivement, le stress est à son maximum, c’est de la folie ce saut.

  • Votre descente de 4 000 mètres se compose de deux parties, 2 000 en chute libre, puis 2 000 mètres avec un parachute. Lors de votre chute libre, vous descendrez à la vitesse d’environ 200 kms/heure, soit une durée de 45 secondes. Il vous faudra rester le plus à l’horizontal possible, les bras en croix afin de freiner au maximum votre descente. Puis vos binômes vous passeront la poignée d’ouverture du parachute. C’est à vous de voir si vous souhaitez le faire ! Il y aura un choc suivi d’une légère remontée et enfin les 2 000 derniers mètres avec une descente douce. Profitez- en bien. Votre avion est arrivé, il vous faut sortir. Merci pour votre confiance.

Nous traversons le tarmac, montons dans l’avion. François me donne une dernière consigne, qu’il répètera à différentes reprises : si tu ne veux ou ne peux pas sauter, lève le bras et nous retournerons dans l’avion, bien reçu ! Le bimoteur est très bruyant, il faut crier pour se faire entendre. On décolle. Au fond de l’avion, une voix masculine se fait entendre, une voix stressée qui parle, et qui parle… Il ne semble pas à son aise. Va-t-il sauter ? 

L’avion est bas, il faut nous pencher, pas de siège on s’assoie par terre, enfin sur la carlingue. Le vol me semble long. Ce sera à moi de sauter la première. Une lumière rouge s’allume, il faut se lever. François vérifie que notre harnais soit bien en place, puis on avance doucement jusqu’à la porte de saut ouverte.

Et là, j’ai un trou noir, plus aucun souvenir jusqu’à la reprise de ma respiration. Avec le recul, il a bien fallu que je donne mon accord, sinon pas de saut. Après une longue inspiration, j’ouvre les yeux, le vide, la vitesse, une joie intense devant ce spectacle qui ne dure finalement que 45 secondes. Le frottement de l’air sur nos combinaisons est bruyant. Mon binômes me donne la poignée, signe de l’ouverture imminente du parachute. Je l’attrape, je sens une main se posée sur la mienne et nous tirons sur cette poignée. Un choc brutal… on remonte légèrement. Le parachute est ouvert. Un silence règne. Je suis aux anges. Nous passons au-dessus de ma maison, maison bien petite vue du ciel. François me montre son poignet avec un altimètre si rapidement que je ne vois rien. Le plus important pour moi est ce que je vois au fur et à mesure de notre descente. J’aperçois maintenant ma petite famille qui gesticule et hurle sans doute, mais je ne les entends pas.

Tous les binômes ont sauté, ils sont tous autour de moi. Il nous faut atterrir. Rien à dire. On se pose en douceur, enfin François nous pose en douceur. Il nous détache, je l’embrasse sur les deux joues , je le remercie chaleureusement pour ce merveilleux moment. Ma famille arrive, ma grande me demande :

  • Alors, maman, ça s’est bien passé. T’est pas morte ?
  • Avez-vous eu peur pour moi ?
  • Ben oui, je n’ai même pas pu prendre le gouter que tu m’avais préparé.

Sur la route du retour, ils me posent pleins de questions. C’était un inoubliable après-midi. Je ne l’oublierais jamais. 32 ans plus tard, le trou noir est encore gravé en moi et je pense qu’il restera toujours là. Je suis contente de l’avoir fait ce saut mais je ne recommencerais pas. Je l’ai fait un point c’est tout.

De nombreux sentiments m’envahissent après la descente : le stress, la peur, la joie mais pas l’angoisse, le respect de François, sa patience, son calme. Je ne revois plus son visage, mais j’ai gardé son prénom dans ma mémoire ainsi que la descente qu’il m’a fait vivre. Merci encore François.

De Roselyne

Rafting

Emeline est ravie, elle va se frotter au rafting dont elle rêve depuis très longtemps. Elle a déjà pratiqué ce sport mais en loisir, de façon très cool. Or, son désir est de connaître le grand frisson dans des rivières un peu plus tempétueuses que celles dont elle a l’habitude.

Emeline est une fille sportive. Depuis sa tendre enfance, elle a tâté à de nombreux sports. Elle a goûté aux joies du vélo, de la marche, du judo, de l’escrime, de l’escalade, de la natation et d’autres encore. Elle a touché à beaucoup d’activités sportives. Puis, elle est tombée dans la course à pied qu’elle pratique intensément, seule ou en groupe.

Cette préparation physique va lui être très utile pour le défi qu’elle se lance. Néanmoins, malgré l’endurance qu’elle a acquise, elle va devoir travailler sa force musculaire. En effet, celle-ci est très sollicitée au rafting, assouplir les articulations pour leur donner la flexibilité, l’agilité pour pagayer afin d’éviter les obstacles.

Tout cela va lui demander des efforts considérables, du temps et une mise en condition mentale car la coordination et la concentration sont aussi importantes que la préparation physique.

Emeline prépare son projet pour ses prochaines vacances en septembre. Elle fréquente déjà la salle de sports et avec son ami, le planning des différents entraînements est établi. Elle n’a qu’à se laisser porter, mais ne pas s’endormir. Elle sait que ce sera intense. Mais, que ne ferait-elle pas pour réussir cette aventure qui va forcément lui plaire et lui donner l’ivresse de s’enfoncer dans l’eau du Verdon.

Elle jubile, de jour en jour elle sent l’excitation qui monte en elle. La salle des sports chauffe, cardio, haltères, assouplissements, étirements. L’ostéopathe accomplit un travail de fourmi, massages doux pour détendre les muscles, toutes les articulations sont choyées, rien ne lui échappe. Deux séances de yoga pour la méditation, la concentration. Des séances de bien-être qui permettent à Emeline de vivre cette préparation intensive dans le meilleur des mondes. Elle sait, que quoiqu’il arrive le challenge qu’elle s’est lancé sera abouti.

Les jours s’écoulent entre son travail et sa préparation physique, mais aussi les sorties entre amis qu’il ne faut pas négliger. Chacun s’anime autour du projet d’Emeline. Certains sont même prêts à prendre quelques jours pour l’accompagner et vivre avec elle ses émotions. Tout, s’enchaîne, location d’un gîte, intendance, transport etc… Voilà une aventure qui va faire du bien à tout le monde. Emeline ne pensait pas qu’elle serait ainsi soutenue dans son délire. Mais, la bande de copains est prête à tout pour suivre l’aventure de leur amie.

Le grand jour est arrivé. La petite équipe est sur place depuis la veille. Une superbe journée s’annonce, ciel bleu magnifique, température idéale pour une journée sportive. En route, pour le club de rafting choisi par Emeline. Car, bien évidemment, il n’est pas question de s’embarquer seule dans une discipline qu’elle ne connaît que très peu.

Sur place, le moniteur accueille les participants. Il donne les consignes. Chaque équipier reçoit gilet, casque et pagaie, élément indispensable pour diriger le raft. Puis, c’est la prise en main du raft qui, pendant deux à trois heures, va être leur compagnon de voyage.

Emeline sent l’adrénaline qui monte doucement. Tous ses sens sont en éveil. Son regard est émerveillé par la beauté du paysage, les Gorges du Verdon s’ouvrent à elle. Son ouïe, son odorat sont à l’affût des bruits, des odeurs qui parcourent les lieux. Sans aucun doute, celui du goût sera sollicité lorsque le raft sera submergé par l’eau.

Les derniers conseils du moniteur sont donnés. Premier coup de rame sur un départ plutôt calme, ce qui est très bien pour prendre la mesure du milieu. Emeline est aux anges, la première descente dans une eau un peu plus tourbillonnante provoque déjà quelques frissons. Il faut être aux aguets car des rochers peuvent apparaître en surface. Toujours suivre les consignes, la concentration est un atout majeur. Les participants s’amusent tout en manœuvrant le raft. L’eau éclabousse les visages. Les descentes et rapides s’enchaînent. Emeline est à son aise, sa préparation physique lui est bienfaitrice. Elle ressent une joie indescriptible, une excitation comme une enfant à qui l’on vient d’offrir un superbe cadeau. Le spectacle qui défile devant ses yeux est tellement magique qu’elle l’imprègne au plus profond d’elle-même.

Attention informe le moniteur, nous allons franchir un rapide beaucoup plus brusque que les autres avec une succession de multiples rochers qu’il faudra éviter et ensuite une descente un peu raide. Waouh ! Quelle émotion ! Des gerbes d’eau aspergent, entourent le bateau comme des milliers de bulles. Le raft se soulève, tape sur l’eau. Les corps des pagayeurs rebondissent tant que le raft est chahuté. Emeline est subjuguée, envoûtée comme par magie par cet univers aquatique de rivière. Elle connaît l’univers marin, mais celui dans lequel elle se trouve est d’une beauté enchanteresse. Ce long ruban qui se déroule à la fois calme, tumultueux, impétueux entre des falaises ne laisse personne insensible.

Dans quelques instants, se terminera ce périple par l’entrée du grand canyon. Cette expérience qu’Emeline a tentée est sans conteste une de ses plus belles réussites. Adrénaline, excitation, efforts, défi, confrontation aux éléments, émerveillement devant les paysages font de cette petite aventure une nouvelle page écrite dans son histoire. Oui, Emeline n’a pas tout dit, suite à un accident de la vie, elle a perdu partiellement l’usage d’un bras.

A son retour, Emeline est entourée et félicitée par ses amis. Ils ont une surprise pour elle, ils avaient un drone et ils ont filmé une partie du parcours. Emeline est folle de joie et leur saute au cou. C’est promis, l’année prochaine ils reviennent tous, pour cette fois-ci être dans le même bateau.

De Zouhair (proposition d’écriture N° 198 – un livre qui vous a marqué enfant)

Quand ma grande sœur m’a mis « Les malheurs de Sophie » de La comtesse de Ségur entre les mains, je me sentis investi d’une mission de la plus haute importance : celle d’être capable de lire un livre entier, de comprendre ce qu’il racontait et de restituer son contenu à quelqu’un.

Elle me l’avait remis personnellement en main, comme une relique sacrée. Je me souviens encore de sa reliure en cuir bordeaux et son poids dans ma main.

Jusque-là, je n’avais lu que des livres pour enfants avec beaucoup d’images et peu de texte.

Ils ne comportaient que quatre ou cinq pages, insérées dans une couverture en carton épais. Il était facile pour moi de lire ce genre de livres.

Par contre, le livre que m’avait confié ma sœur était beaucoup plus lourd et dense. Cela m’impressionnait. Etais-je capable de lire autant de pages ? Serais-je à la hauteur de la confiance que ma sœur plaçait en moi ? Voilà les questions que je me posais en prenant le livre et en allant dans ma chambre pour le regarder de plus près. Ce livre était ma propriété à présent.

Mais pensait-elle vraiment que j’étais capable de lire autant de pages ? Je n’avais que huit ans et mes compétences de lecteur étaient encore à consolider. Je pense qu’elle avait voulu me tester. D’ailleurs, j’aurais très bien pu renoncer et prétexter de mon jeune âge pour ne pas m’infliger cette épreuve (car je vivais vraiment cela comme une épreuve).

Après tout, je ne voyais pas souvent mes frères et sœurs tenir un livre entre leurs mains. Ils ne pensaient qu’à s’amuser. Pourquoi serais-je différent ? Pourquoi m’avait-elle choisi moi et non pas mon frère de cinq ans plus âgé ? Avait-elle une tendresse particulière à mon égard ou pressentait-elle déjà mon goût pour la lecture et pour des activités intellectuelles ?

En tout cas, elle a vu juste car malgré une nombreuse fratrie, je me sentais seul dès l’enfance. Et les livres allaient être mes fidèles compagnons, aujourd’hui encore.

En effet, avant dernier de la fratrie, je me retrouvais seul avec ma mère. Les autres étaient partis au collège. Ma mère était tout le temps occupée. Avec sept enfants et le bébé qui venait de naître, elle avait évidemment fort à faire. J’ai souvent recherché son attention, mais je ne la sentais pas disponible. Par exemple, je voulais participer aux tâches ménagères, l’aider à faire la cuisine ou l’accompagner au jardin. Mais je me faisais systématiquement rejeter.

« Ce n’est pas une activité pour un garçon » ! grondait-elle.

Il faut dire que dans ma famille, les rôles féminins et masculins étaient bien définis. Les filles à la cuisine et au ménage, les garçons dans le jardin ou dans la rue !

J’étais différent. Moi, j’appréciais les activités dites « féminines ». Avec le recul, je pense que ma sœur a dû ressentir ma frustration et l’impossibilité pour moi d’avoir la place que je souhaitais avoir. Elle a dû alors penser que la lecture constituerait une évasion pour moi et qu’elle me permettrait de vivre, l’espace de quelques heures par jour, dans un autre monde, un monde qui deviendrait le mien.

Ce fut le cas. J’allais souvent me réfugier dans ma chambre ou, quand il faisait trop chaud, dans un coin ombragé du jardin et je lisais.

« Sophie peigna et habilla sa poupée, parce que ses amies devaient venir. En l’habillant, elle la trouva pâle. Peut-être, se dit-elle, a-t-elle froid, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amies voient que j’en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement ».

J’étais de tout cœur avec Sophie qui, sans se douter des conséquences de ses actes, faisait bêtise sur bêtise et se punissait elle-même à chaque fois. Dans ce récit en effet, lorsque Sophie mit sa poupée au soleil sur la fenêtre du salon, par conséquent le pourtour de ses yeux fondit et les globes oculaires tombèrent à l’intérieur du crâne. Elle se fit gronder, mais cela ne l’empêcha pas, quelques jours après, de faire de nouvelles « expériences » avec sa poupée.

Voilà, j’étais dans le monde de Sophie pendant de longues heures et cela me permettait de m’échapper du monde étriqué dans lequel je vivais. Plus tard, ma sœur me mit en main « Mémoires d’un âne ». Ce fut encore la même compassion et la même solidarité avec cet âne, Cadichon, à qui il n’arrivait que des malheurs !

Enfin, un jour, elle me permit d’accéder librement à sa bibliothèque.

Infime honneur car j’étais le seul à jouir de ce privilège.

Je ne m’en privai pas et dévorai tous les ouvrages.

Mon goût pour la littérature était né.

De Lisa (proposition d’écriture N° 31/ se mettre dans la peau d’un légume)

Je suis le poireau et je vais vous raconter une histoire chez mes propriétaires.

Tous les ans, à cette saison, Georgette dit à Marcel de planter mes copains dans le jardin. Il faut avouer que je ne suis pas un légume trop cher si on me sème comme eux.

Je peux partir en vacances au ski. Non ! Je rigole ! Au congélateur !

Et tu sais la dernière. Ils m’adorent à tous les niveaux comme en soupe, en gratin, en salade et j’en passe !

Mais tu ne sais pas le chiffre. Eh bien ! Mon petit ! Il est de 3000. Mais entre nous, la patronne, elle n’exagère pas sur le résultat.

Bon je vous laisse car j’attends d’être à ma place dans le jardin.

Ah ! Oui ! J’ai oublié de dire que le fiston ne peut pas même pas jouer au foot.

Nous sommes les chouchous de la patronne et mon petit va jouer ailleurs.  Nous d’abord !

De la part du poireau

De Brigitte

La première fois où Tim a enfilé un baudrier.

L’enfant regardait depuis le bas la verticale de la paroi, il n’en menait pas large car il savait que tout à l’heure il devrait grimper tout là-haut.

Son grand-père, à côté de, lui, s’affairait en silence et triait avec précaution :  les mousquetons, les dégaines, les pitons, il déroula la corde de 60 mètres qu’il avait enroulée à son épaule. Il s’approcha de Tim et lui dit : 

  • Allez, mets tes chaussons d’escalade.

Tim s’exécuta sans attendre, à la fois impatient et inquiet. Il fut surpris de l’inconfort du chausson très raide et serré, il fit la grimace, mais son grand père le rassura en lui disant :

  • C’est comme ça que ton pied s’accrochera sur 1 cm².

Le grand-père était un alpiniste aguerri et voulait initier Tim à cette aventure, comme il l’avait fait avec ses enfants et ses autres petits-enfants. Il lui resserra le baudrier sur sa petite taille enfantine, fixa la corde avec un nœud de 8. Tim sentit les sangles se resserrer autour de ses cuisses, et qui allaient le suspendre dans le vide. Il ajusta son casque sur sa tête et le grand-père dit : 

  • C’est parti ! 

L’enfant aborda le rocher avec ses mains tandis que son pied cherchait un appui sur la rugosité de de la roche. Juste une minute avant, tout lui semblait facile, avec plein de possibilités d’accroches, et là il sentait que tout ça glissait. Regarder le relief, voilà ce qu’il devra apprendre en premier, pensa le grand-père qui le voyait patiner sur la roche.

Une écaille lui offrit volontiers un appui minuscule sur lequel il s’appuya, tout étonné de la stabilité, il commença à progresser une main, puis un pied, le grand-père lui dit : 

— A ta main droite, tu as une fissure formidable, tu pousses sur ton pied tu vas l’atteindre. Tim poussait, poussait sur son pied, mais sa main était trop loin pour atteindre la roche, il devait se balancer sur le pied gauche pour modifier la position de son corps et s’accrocher à la fissure. Il commença le mouvement quand soudain il vit un lézard sortir de son trou et le fixer dans un face à face immobile, il souffla dans un cri :  

—Y a une bête ! 

— Ah bon et quelle bête ?

— Un lézard

— C’est normal, il est chez lui, ça t’impressionne ? dit le grand-père, 

— Non, mentit l’enfant peu rassuré de la proximité de la rencontre

— Allez… cherche ta fissure et grimpe.

Tim leva la tête et vit que le sommet était loin là-haut. Sans attendre, il rassembla son corps. Dans une détente, il atteignit la fissure où ses doigts trouvèrent un appui immédiat, il entendit : 

— Bien !  Tu continues, tu vois, tu montes.

Il sentait le baudrier sur sa ceinture qui le retenait fermement et quelque chose comme un plaisir inconnu l’envahit tout entier, il entendit :  

—Quand tu arriveras au relais, je te rejoins. 

La progression devenait aisée, un pied, la main qui s’agrippe puis l’autre pied, et hop ça passait bien, la danse avait commencé, il se retourna et vit le casque de son grand-père tout en bas. Il était seul attaché, il avait atteint son relais, et cria fort :

— J’y suis !  

Chaque geste qu’il avait découvert lui avait donné la sensation de diriger sa vie comme ça au bout de ses doigts, et qu’il ne pouvait compter que sur lui pour progresser, il découvrait l’idée de l’autonomie et surtout que l’on ne doit ni reculer ni renoncer. La peur l’avait quitté et il commençait à découvrir un sentiment de joie pleine et exaltante. Son grand-père lui dit: 

—Tu attaches ton mousqueton au relais.

— C’est fait, lui répondit Tim, 

—Bien, maintenant, lâche une main… je vais faire une photo.

Interloqué, Tim répondit hésitant :

—Ok ! 

Puis lâcha une main et sourit, heureux. 

Après la photo, le grand-père lui dit : 

— J’arrive.

Tim l’attendait, tout fier de sa première escalade. 

—Ça t’a plu ? 

—Ouais, répondit Tim, largement en manque de vocabulaire pour toutes ces sensations nouvelles.

—Maintenant, dit le grand-père, tu te détaches, tu récupères tes esprits et on va redescendre par-là, tu me suis.

Le “ par-là” désignait une rivière bouillonnante en contrebas qu’il fallait traverser pour le retour, avait-il dit.

—Ah bon ? avait soufflé Tim en redressant son torse comme pour s’encourager. 

La marche se fit dans les éboulis de calcaire éclatés de soleil qui roulaient à chaque pas, ça lui plaisait bien de sauter sur les pierres instables et de devancer son grand père qui souriait de voir ce Tim s’amuser autant. En secret, il se dit que le pari était gagné, il reviendra avec moi.

 Arrivés sur le bord de la rivière, le grand-père s’approcha et lui dit : 

—Tu attends que je sois de l’autre côté pour t’engager. Il faudra bien t’attacher au câble et te tenir comme ça pour traverser.

Il le vit partir, attaché au câble, confiant tout en marchant sur un câble qui bougeait de droite à gauche à chacune de ses avancées. Tim ravalait sa salive. Quand il fallut à son tour s’engager faire les gestes précis sous les consignes du grand-père, tout ça ne l’empêchait pas d’entendre le brouhaha de la rivière en dessous, il sentit un frémissement dans son dos:

—Je dois y aller vraiment ?

Son grand-père lui cria : 

—Tu n’as pas le choix…  mais prends ton temps, appuie- toi sur le câble, ça va aller.

Il riait in petto de voir la mine de Tim. Il savait que le tour était joué et que le prochain exercice serait de descendre en rappel ; ça aussi il allait le lui faire découvrir à la sortie du lendemain.

De Zouhair

Cela faisait longtemps que je voulais faire un saut dans le vide. Les jeux olympiques 2024 en France m’ont permis de me lancer enfin.

Emporté par la ferveur des jeux dans le pays, le club aéronautique de ma ville organisait des sauts en parachute. Je m’y suis présenté, la peur au ventre. Ben quoi, il fallait bien se lancer un jour ?

Nous montâmes dans un avion. Nous étions sept. L’avion décolla et prit de l’altitude.

Les maisons et les routes paraissaient maintenant toutes petites et les champs formaient un quadrillage géométrique, comme un patchwork de toutes les couleurs.

« C’est le moment de sauter », déclara le moniteur.

Les moins téméraires, comme moi, reculèrent d’un pas. Les plus courageux s’avancèrent vers cette ouverture béante qui donnait sur le vide.

« Allez saute » ! cria le moniteur et le premier sauta. On le voyait s’éloigner et devenir tout petit. Puis ce fut un deuxième et un troisième. Mon tour arriva. Je ne pouvais plus reculer.

« Tu l’as bien cherché », me murmurais-je intérieurement « alors va maintenant au bout de ta folie » !

Pour me donner du courage, je pensais à la tyrolienne que j’avais empruntée dans un accrobranche il y a quelques années. Comme elle était très haute par rapport aux autres tyroliennes, j’étais le seul du groupe qui avait osé sauter. Mais là, c’était autre chose. Contrairement à la tyrolienne, on est assis sur rien et on n’a rien pour se tenir !

Je n’avais plus le choix, il fallait y aller !

Le moniteur me poussa presque pour que je saute. Ça y est, c’est fait. C’est abyssal cette sensation d’être aspiré inexorablement vers le sol où l’on allait forcément s’écraser avec fracas et désintégration. C’est une sensation assez ambivalente cependant. Il y a cette peur et le sentiment que sa dernière heure est arrivée, mais aussi une ivresse folle de se sentir voler comme les oiseaux, sans limite et sans entrave. La peur est toujours là et le sentiment que son destin est maintenant scellé quand, d’un coup, une force incroyable vous tire vers le haut (c’est Dieu ?) et vous arrête brusquement dans votre chute. Le parachute s’est ouvert (OUF !) … et vous sauve la vie.

Le reste n’est que du bonheur de voir de magnifiques paysages défiler sous vos yeux. Vous êtes au-dessus du monde et faites partie du monde.

De Jean-Michel

Pierre Desproges écrivait : « L’intelligence, c’est comme le parachute : quand on en n’a pas, on s’écrase ! » C’est ainsi que Paul Hauchon décida de relever le défi. Il en avait marre de passer son temps à dormir sous la couette… Il était temps, enfin, de se réveiller ! Il rêvait de sensations fortes, de goûter aux lois de l’apesanteur, ne fût-ce qu’un instant et se poser tout en douceur, après une chute vertigineuse…

Rien ne put entamer sa détermination…sauf qu’il n’avait jamais utilisé de parachute. Qu’à cela ne tienne, il s’engagea pour un stage commando chez les paras ! Il en bava : finies les nuits tranquilles, tous les matins, c’était réveil à cinq heures, pour être prêt à sauter, au lever du jour, dans la garrigue. Et ce, durant six mois. À ce rythme intensif, il acquit rapidement les rudiments du métier.

Le jour venu, il était fin-prêt à sauter depuis un Mirage 2000, à une altitude de 3500 mètres, pour atterrir au beau milieu des cigales, du thym frais et de la lavande, dans l’arrière-pays provençal. La montée d’adrénaline ne le fit pas reculer, accentuant même son désir. Quand il entendit le « Go ! » de son instructeur, il se lâcha, ferma les yeux l’espace d’un instant, avant de sauter. Au moment propice, il appuya sur le bouton pour déclencher le parachute. Il crut défaillir quand il réalisa que rien ne se passait… alors que le sol se rapprochait à une vitesse vertigineuse… Heureusement, un bruit se fit entendre et tout se déploya en un seconde, lui permettant d’amortir sa chute et de se poser tranquillement à l’endroit prévu.

Fier de son exploit, il se recoucha, histoire d’évacuer un stress trop fatigant…

De Pierre

Alban, c’était son prénom, était un garçon sensible, élevé par deux femmes, sa mère et sa tante. Enfant unique, il n’avait pas connu son père mort dans un accident de la route peu après sa naissance. Alban se sentait très bien dans ce cocon douillet avec ces deux femmes qui le maternaient et le protégeaient du monde extérieur. Il vivait dans une petite ville du centre de la France, l’appartement familial se situait au premier étage d’un magasin tenu par sa mère et sa tante.

Sur le plan scolaire et universitaire, Alban, très doué, était un « pro » dans la plupart des matières, en particulier les mathématiques, cependant, les activités sportives l’effrayaient et il les fuyait. Timide avec les filles, il n’avait pas de petite amie ; il vivait à l’abri dans son cocon, avec ses livres, sa musique et ses projets de voyage lointains qu’il comptait concrétiser un jour. Il sortait quelques fois avec des amis mais à vrai dire, il en avait peu.

A la fin de son brillant parcours universitaire, Alban trouva facilement un emploi, à la mesure de ses compétences, un emploi dans le secteur de recherche d’une entreprise de haute technologie. Quelques semaines après son recrutement, son « manager » direct lui proposa une semaine de séminaire en résidentiel.  Alban accepta d’emblée ; c’était l’occasion de sortir de son quotidien, même s’il appréhendait un peu l’inconnu. Quelques jours plus tard, il fut rendu près d’Orléans en pleine Sologne, dans un cadre agréable propice à l’échange et la réflexion. Le but du séminaire était de former et d’initier les nouveaux embauchés aux techniques de l’économie et au management d’entreprise.

Le séminaire comportait également un volet différent qui avait pour objectif de s’assurer de l’endurance de chacun face aux situations de crise. Pour cela, il convenait d’évaluer le niveau d’agressivité de chacun des dix participants. Le contenu de ce volet devait leur être dévoilé le matin du dernier jour du séjour. Durant cette semaine, Alban se sentait à l’aise dans cette ambiance studieuse et appréciait la qualité des échanges qu’il pouvait avoir avec les autres participants qui venaient d’horizons divers.

Tout allait bien pour Alban jusqu’au jour, le dernier jour du séminaire, lorsque le responsable chargé  de la formation et de l’évaluation de chacun , le « coach » prénommé Jean-Claude,  un homme d’allure peu sympathique, un peu brutal, de formation militaire, leur dévoila ce matin-là le contenu du dernier volet. Manifestement, l’homme n’aimait pas Alban, son intelligence d’esprit le déstabilisait, et son « look » efféminé » inacceptable pour lui qui ressemblait à Rambo. Il se jurait de le mettre à l’épreuve et de lui en faire « baver des ronds de chapeau » comme il le faisait à l’armée avec les nouvelles recrues.

—Voilà le programme, dit Jean Claude en s’adressant au groupe : vous allez tirer un papier du bol présent sur la table ; vous le lisez. Ce papier mentionne l’épreuve que vous devez exécuter. Ne vous inquiétez pas, toutes les mesures de sécurité sont prises. Il ne vous arrivera rien. Si vous n’avez pas de questions allez-y, piochez. J’oubliais, vous avez le droit d’échanger votre épreuve avec un autre à condition d’être d’accord tous les deux. Enfin, les épreuves comportent trois disciplines 1) le saut à l’élastique, 2) l’équilibre sur un fil et 3) la traversée de la Loire à la nage sur dix kilomètres. Nous partons dans une demi-heure, les véhicules nous attendent.

Avant de tirer son petit papier, Alban eut un début de panique. Il sentait le danger, mais ne voulant pas paraître une mauviette, il n’avait pas le choix, il devait y aller car iI voyait bien que le « coach » Jean-Claude ne l’aimait pas et c’était réciproque. Alban tira son papier : horreur, c’était le saut à l’élastique. A ce moment-là, Jean-Claude reprit la parole :

—Montrez-moi vos papiers, ensuite pour les trois candidats ayant l’épreuve du fil à l’élastique, vous allez prendre la voiture qui vous conduira sur un pont dans le Loir et Cher et on vous attend là-bas.

Dans le minibus les menant au fameux pont enjambant une rivière, Alban échangeait avec les deux autres participants, Lisette une grande fille sportive très élancée et Arthur, comme Alban, était inquiet des suites.

Arrivée sur le pont, la plateforme de saut était prête avec tout son équipement. Il y avait deux journalistes, un cameraman sans doute d’une télé locale et un policier et un infirmier chargés de veiller sur le déroulement du saut. Alban devait sauter le dernier. Arthur sanglé, harnaché, s’élança dans le vide. Quelques minutes après, il était sur la berge de la rivière, heureux d’avoir accompli l’exploit de sa vie. Ce fut le tour de Lisette s’élançant dans les airs, hurlant de joie. Elle atterrit dans un pré, accueillie par quelques vaches qui paissaient tranquillement. Ce fut le tour d’Alban, tremblant de peur, une peur atroce du vide. Il s’avança lentement vers la plateforme de saut en faisant un signe de croix. Une fois équipé et le signal de départ donné, Alban s’élança. Au même moment, un orage violent non annoncé survint et la foudre s’abattit sur lui, foudroyé. Son corps fut retrouvé sous le pont au bord de la rivière.   

Ainsi se termine la courte histoire d’Alban qui était destiné à une brillante carrière mais le destin en décida autrement. Cet accident mit immédiatement fin au volet final de la formation. Le cœur dans l’âme, les neuf participants reprirent leurs affaires et la route vers leur port d’attache, leur logis.

De Dominique

Le grand frisson.

Que m’a-t-il pris de vouloir, tout comme Icare en son temps, approcher l’astre solaire ?

Sans doute pour honorer la promesse faite par le jeune homme de quinze ans qui se voyait, au moins une fois dans sa vie, réaliser un saut en parachute. Je l’ai pensé si fort, qu’aujourd’hui la promesse devient réalisable grâce au cadeau fait par mes enfants.

J’ai ouvert l’enveloppe et le carton d’invitation se voulait une certitude :

« Le premier saut de Thomas ».

Le jour J est arrivé, me voilà au centre d’école de parachutisme. Au mur, sont suspendus les harnais, les sangles et les parachutes. L’instructeur nous donne les consignes de sécurité. Il nous rassure et nous explique qu’avec les dispositifs de secours actuels, les accidents sont devenus très rares.

Je sauterai en tandem avec un « chuteur » confirmé.

Accompagné de mes enfants, ils perçoivent mon angoisse. Je la pensais pourtant bien cachée au fond de moi. Pour m’encourager, ils affichent un large sourire mais, le stress qui m’envahit est si intense que je suis incapable de le leur rendre. Pourquoi ai-je donc accepté ce cadeau ?

J’engage les jambes dans ce que les spécialistes appellent « le piège », le harnais qui va me permettre de vivre des sensations extrêmement fortes et je comprends que je ne peux plus reculer. Me voilà pris à mon tour, dans ses filets.

J’entends s’approcher l’avion qui vient nous chercher, c’est un Pilatus conçu pour atteindre très vite de hautes altitudes. Je grimpe sans parachute dans l’appareil, c’est mon tandem expérimenté qui le porte sur le dos et nous nous accrocherons pendant le vol.

Dans l’appareil, mes compagnons d’aventure plaisantent et se taquinent mutuellement, j’ai bien du mal à rire de leurs blagues.

— Peut être à tout à l’heure ? dit l’un d’entre eux. Lequel d’entre nous battra la durée de chute libre ? Ou bien, celle du parachutiste qui face à sa toile qui ne s’est pas ouverte, décide finalement de sauter les derniers mètres à pieds joints !

À l’altitude donnée, les portes s’ouvrent, le vent s’engouffre dans la cabine. Mon moniteur me sangle et contrôle les dernières attaches, nous sommes prêts.

Assis au bord de la carlingue, les pieds dans le vide, je perds tous mes repères, je ne reconnais plus rien. Le monde d’en bas est dérisoirement petit. Au loin, un rond gris dans l’herbe verte nous rappelle que c’est le point à viser pour se poser. Dehors, le vent me flagelle le visage. Jamais je n’aurai pu imaginer un jour me retrouver dans une telle situation. Je subis tout, je ne suis acteur de rien. Le vidéaste, chargé du tournage de la bande souvenir, est accroché telle une chauve-souris au fuselage de l’avion. Je ressens une forte poussée dans le dos et je tombe telle une pierre que l’on vient de propulser d’une fronde.

Je plonge la tête en avant dans l’immensité bleue. Quelques secondes de tournis intense et enfin nous nous stabilisons sur le ventre. Je viens de me prendre une telle dose d’adrénaline que rien ne pourra plus jamais me faire peur. Nous flottons sur l’air et c’est de la pure extase ; je vole, je flotte, je nage, aucun verbe ne saura vraiment décrire ce que je vis. Je n’ai plus peur, je ne suis plus inquiet, je suis le roi du monde qui survole son œuvre magistrale. L’air frais qui me fouette le visage me fait prendre conscience que j’ai bien fait de me vêtir d’un pull chaud. Tout à coup, je sens notre tandem faire plusieurs tours sur lui-même. Je comprends que Le moniteur a décidé de pousser à fond les sensations que la « chute libre » peut procurer. D’un geste précis, il déclenche le déploiement d’une petite toile destinée à ralentir notre chute, elle freinera le choc de l’ouverture de la grande toile.

Régulièrement, l’instructeur me replace les bras en position allongée pour stabiliser le vol « plat ventre ». Il me met l’altimètre sous le nez et d’un geste du doigt, m’indique le glissement régulier vers la zone rouge. Encore quelques dizaines de mètres de « chute libre » et le parachute s’ouvrira. Je me prends un tel « lifting » de la figure, que ma bouche et mes joues tremblent d’un rictus incontrôlable.

Le moniteur tire sur la poignée libérant un petit extracteur qui fait se déployer la toile principale, elle s’ouvre avec majesté. Je me sens aspiré vers le haut et c’est bon signe, tout s’est bien passé.

C’est à présent le calme qui domine, un silence de cathédrale vient de s’établir.

L’homme qui a dirigé toute la manœuvre pourrait me parler mais, je sais qu’il ne dit rien pour me laisser profiter pleinement de l’instant présent. L’air nous porte et nous transporte, je vois se rapprocher le point gris d’atterrissage mais, l’instructeur a décidé de nous rapprocher au plus près du « centre école ».

Nous nous posons alors tel le grand « albatros » de Baudelaire, majestueux dans son vol et si maladroit au sol.

Le vidéaste déjà arrivé sur Le « plancher des vaches », vient recueillir mes premières sensations. Je n’ai pas de mots pour décrire une telle aventure, je suis ravi et j’ai la « banane » comme jamais.

Je remercie à n’en plus finir mes enfants qui m’ont offert ce cadeau.

Je sais que l’on va se repasser souvent cette belle vidéo avec le plaisir infini de revoir le rêve de ce gosse de quinze ans à présent réalisé.

Poème de Joëlle Thienard, « L’écriture est un vaste pays », proposé par Françoise T

L’écriture est un vaste pays
ou s’abritent tour à tour
un foisonnement d’essences
sous un soleil radieux
ou la lune dans l’ombre
la rencontre des mondes

Lac
miroir de l’être
ou flots tumultueux
d’une mer en colère
nuages en transparence
herbes folles, en tous sens
elle est l’ilot perdu
infini de cadences.

En rimes ou sage prose
louant ou dénonçant
ses rives sont d’étranges
refuges

Apercevoir, sentir,
sonner ou se maudire
la seule certitude
est ce vaisseau torride
qui franchit tous les flots
se moquant de la forme
ou d’elle, prisonnière

Poésie, liberté
images certifiées
effroi d’une révolte
contemplation soudaine
elle aurait tous les droits
surtout fidélité
à celui qui la trace
en toute impunité…

Je vous avais parlé que j’étais revenue pleine de boutons, suite à mon escapade en Vendée. Eh bien, je me suis fait attaquer par une horde de sauvages…des sauvages minuscules, des aoutâts qui m’ont attaquée, alors que je traversais un nuage qui ressemblait à des moucherons.

Résultat des courses: j’ai plein de boutons sur les lieux de l’attaque, et en prime, j’ai fait une réaction allergique aux morsures de ces bestioles minuscules. 

Méfiez-vous même quand vous tondez: la pharmacienne m’a dit que certaines personnes s’étaient fait attaquer en tondant leur jardin. Avec l’humidité constante que nous avons eue, l’hiver pas assez froid et l’habitude désormais de ne plus faucher (ce qui est bien pour la faune sauvage), les bestioles attaquent!

Alors, attention à vous quand vous vous promenez! Petit conseil d’amie! J’ai un traitement que je vais apporter avec moi en juillet.

Mon médecin traitant m’a raconté qu’elle était partie en vacances l’été dernier dans les Pyrénées et qu’elle avait été attaquée par des moustiques tigre. Elle a dû raccouricr ses vacances.

Les sales bêtes!

Portez-vous bien, prenez soin de vous et écrivons ensemble de belles histoires.

Créativement vôtre,


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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