Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De Jean-Michel

Il sera toujours difficile pour un collectif de jouer au solitaire, cartes en main. Il préférera être solidaire, quitte à s’encorder. Mais le jeu provoque une montée d’adrénaline et, à moins de trouver une porte de sortie, il n’y aura pas d’autre échappée que de réaliser une prouesse pour devenir champion.

Celui qui pensait sortir du lot et plus vite que les autres, réalisera, non seulement un faux-départ, mais il se retrouvera aussi très vite hors-jeu. Tout est une question de mental : seul ou ensemble ? Mieux vaut aller aux oranges ensemble, sans se presser le citron les uns les autres. Le fruit en sera plus sûr.

De Michel

Mémoires de nos anciens

Lors d’une réunion de travail, j’avais proposé au rédacteur en chef du journal « Le petit Breton » d’écrire une chronique mensuelle sur le thème : la parole aux anciens de notre belle région. On m’a donné carte blanche pour un premier portrait. C’est ainsi que je me suis rendu à l’EPADH du « Clair de lune » où j’ai pu exposer mon projet au directeur. Il a tout de suite senti l’intérêt qu’il pouvait en tirer et m’a présenté celui qui m’a permis d’écrire ce premier article. Voici le compte rendu de l’entretien tel que je l’ai rédigé avec un personnage haut en couleur :

« Je m’appelle Henri Duchemin, 97 ans. Après avoir brillamment obtenu mon certificat d’études avec mention « Très bien », je n’ai pas eu d’autres choix que d’arrêter l’école à 14 ans pour aider mon père forestier. Il avait besoin de bras solides et j’étais plutôt costaud à l’époque. Mon instituteur essaya sans succès de convaincre mes parents de me laisser poursuivre dans le secondaire.  Certes, je fus très bon élève mais la perspective de travailler en forêt m’enthousiasmait largement autant que d’user mes fonds de culottes sur les bancs d’un collège. Ce que l’on aurait pu considérer comme un faux départ dans la vie ne me laissait donc aucune amertume. Je ne l’ai pas du tout regretté, je me souviens du plaisir que j’éprouvais à grimper au sommet d’un arbre pour en élaguer la tête. Mon père était très fier de moi. « Regardez comme il est habile mon fils, un vrai petit singe » disait-il en parlant de moi à ses amis.

Oui habile, je l’étais mais pas très prudent. Je savais que même pour les arbres les plus faciles il faut s’encorder. Pour l’avoir négligé, un jour, je fis une mauvais chute qui me brisa les deux jambes. Je me souviens comme si c’était hier de la colère de mon père et du savon qu’il m’a passé « Mais quel con, mais quel con ! Je te l’ai pourtant cent fois expliqué, quand on ne respecte pas les règles on se retrouve hors-jeu». Oui, hors-jeu j’allais l’être pour un bon moment. Toutefois sans cet accident, je n’aurais jamais pu vivre l’une de mes plus belles expériences. Mon rétablissement fut long et assez pénible, mais avec la rééducation pour remuscler mes jambes, j’ai découvert le vélo. Ce fut une révélation ! A l’époque, mes parents qui s’étaient endettés avec l’achat d’engins mécaniques ne roulaient pas sur l’or. Néanmoins, je pus les convaincre de m’offrir un vélo de course et je ne les remercierai jamais assez.

Une fois rétabli, j’ai pu reprendre le travail avec mon père. Le petit singe était toujours aussi agile mais n’oublia jamais plus la sécurité. Je m’étais inscrit dans un club cycliste départemental et très vite commençais à progresser. J’ai découvert alors un monde bien différent de celui de mon métier. Il fallait non seulement appuyer sur les pédales mais savoir aussi jouer des coudes et surtout avoir un mental d’acier pour s’imposer au sein d’un peloton et cela je l’avais. Je ressentais la même poussée d’adrénaline en essayant de m’extirper de ceux qui me suçaient la roue qu’à monter à la cime d’un grand chêne. Mais, j’éprouvais dans cette équipe une certaine frustration. L’entraîneur m’imposait de jouer collectif, je devais aider le leader désigné pour l’amener au sprint et lui faire franchir la ligne d’arrivée en vainqueur. Collectif ! Moi dans mon boulot, personne ne m’aidait à grimper le long d’un arbre pour arriver à sa tête. Je me souviens de ce Roger Le Guennec dont on vantait la prouesse dans la presse locale à chaque course qu’il gagnait. Mon nom n’était que rarement cité, cela ne pouvait pas durer.

Je fus contacté par le dirigeant d’un autre club qui m’avait remarqué. Je n’avais rien à perdre, je savais que je n’arriverais jamais à jouer ma carte personnelle tant que Le Guennec serait le leader officiel et je ne voulais plus attendre. Très vite, je me suis imposé au sein de mon nouveau groupe. Mon père était mon premier supporter, toujours à m’encourager au bord de la route. Lui qui avait longtemps joué au foot en avait retenu cette expression pour m’encourager « N’attends pas d’aller aux oranges, vas-y fonce champion, fonce !». Encore aujourd’hui, cette formule très imagée me fait sourire.

Enfin, le grand moment arriva, celui que j’attendais depuis longtemps, ma première échappée dix kilomètres avant l’arrivée. Le seul qui a pu me suivre ce jour-là fut Le Guennec. Il a pris ma roue sans jamais vouloir me relayer, cela augmenta ma rage de vouloir lui régler son compte et ce fut fait. C’est en tête cette fois que j’ai franchi la ligne et il ne m’a jamais plus battu. Je commençais à avoir une belle réputation régionale. Au bout de deux saisons, je fus classé en première catégorie et c’est lorsque l’on m’a proposé d’incorporer une équipe professionnelle que j’ai dû faire un choix crucial. J’ai repris à mon compte l’entreprise de mon père qui devait cesser son activité. Une fois encore, avais-je vraiment le choix ? Je ne pouvais me résoudre à laisser une dizaine d’ouvriers sur le carreau. Je n’ai pas vraiment regretté, j’ai réussi non seulement à maintenir la boîte à flot, mais aussi à la diversifier. J’ai fondé une belle famille avec deux enfants, le choix du roi, une fille et un garçon. Aucun des deux ne s’est lancé dans l’activité forestière. Je ne les ai pas non plus encouragés, avec la concurrence des pays de l’Est cela devient trop difficile. »

Henri, veuf depuis dix ans, coule des jours heureux dans ce bel établissement du « Clair de lune » où il a retrouvé son vieil adversaire Roger Le Guennec qui fêtera ses 100 ans très prochainement. Cela fera l’objet de ma deuxième chronique. Rendez-vous le mois prochain.

De Pascale

Mon coach m’épuise depuis trois jours à me répéter cette phrase du matin au soir. Je finis par l’entendre dans mon sommeil, elle envahit mes rêves !

Mais quoi, quel mental ? Moi je fonctionne à l’adrénaline ! J’ai besoin de sentir la puissance du corps, quand il brule ses dernières particules d’énergie dans une échappée terrible. Et surtout de de ressentir la force du collectif, la vigilance de l’équipe, comme encordée, l’équipe qui me porte pendant l’effort. C’est cela, la véritable prouesse : monter en puissance toutes ensemble, se dépasser sans laisser personne hors-jeu. Alors oui, coach, tu as raison, il faut travailler le mental… Mais comme on allume un feu en assemblant plusieurs torches. Mon mental à moi, c’est Juliette, Cindy, Coralie, Léa et les autres. Si l’une d’entre elles se met à flancher, on n’a plus qu’à aller aux oranges.

« Le mental Charlotte, le mental ! » Aaaah, il me soule le coach ! Faux-départ, manquait plus que ça. S’il continue, on va louper la sélection.

De Corinne

Un monsieur en costume cravate est venu dans notre classe de cours élémentaire recruter pour une course de ski alpin. Seule volontaire, je convaincs mes parents de bien vouloir m’accompagner jusqu’en Savoie pour ma première participation à une compétition sportive.

En ce dimanche glacial de la mi-janvier, il fait encore nuit noire lorsque notre petit collectif familial s’encorde dans la SIMCA mille, qui nous conduit vaillamment depuis notre lointaine vallée jusqu’à la station dont je ne connais que le nom. Le panneau de l’entrée du coquet village montagnard à peine franchi, le premier défi consiste à trouver l’aire d’arrivée, lieu de remise des dossards et des forfaits. Sans aller aux oranges, je rejoins ensuite très vite le haut de la piste pour le faux départ officiel, la reconnaissance du slalom.

Les filles de mon âge font du chasse-neige. Je vire parallèle entre les portes et observe mes adversaires, tout en mémorisant la trace idéale, concentrée, avec un mental d’acier, renforcé à chaque virage. En mademoiselle Jourdain de la sophrologie, j’ai tant rêvé de gagner ! Je reprends sans attendre le téléski, car l’heure de la course a sonné. Au-dessus de la baguette du portillon de départ se tient, immense, le maître de cérémonie, un émetteur-récepteur au crachouillis intermittent collé à l’oreille droite ; il ressemble à mon tonton préféré, qui m’emmène parfois skier et que j’adore, bien qu’il ne comprenne rien aux maths modernes et qu’une patate pleine de sapins soit pour lui une forêt, pas un ensemble.

« Prête ?» me demande le chef d’orchestre, grand colosse gaulois au visage poupin, sa grosse moustache découvrant un large sourire complice. Je m’attends à voir surgir dans la neige poudreuse, juste devant mes spatules suspendues dans le vide, un Idéfix bondissant, m’encourageant lui aussi de ses aboiements joyeux. Mon esprit voyage en un éclair du bassin armoricain aux montagnes de la Sapaudia. Mon oui enthousiaste et l’adrénaline fusent de concert. Sous le casque bleu imaginaire, bardé de décalcomanies à l’effigie d’Astérix, comme celui porté par l’une de mes idoles du ski français, je m’élance ; galvanisée par mes aides de camp supposés ou réels, portée par les ailes de mon couvre-chef celte de métal, je vole de piquet en piquet et franchis l’arrivée tout schuss dans une gerbe de cristaux de neige ciselés, miroitant dans la lumière froide et bleutée de cette fin de matinée.

« Cinquante secondes » nasille le haut-parleur. L’échappée finie, j’exulte, certaine d’avoir réalisé une prouesse. Les taches de rousseur se sont décollées de mon bout du nez et de mes pommettes sous l’effet de la vitesse et ont pailleté mon regard. « Tonton, plus jamais tu ne pourras me charrier en me demandant pourquoi j’ai bronzé à travers une passoire ! ….. » Mes grands yeux bleus remplis d’étoiles pigmentées, je me jette dans les bras de mes parents et les entraîne dans une folle sarabande, autour d’un grand feu de joie, où se consument ma réserve naturelle et ma timidité maladive et dont les flammes reflètent déjà l’image de la plus haute marche du podium.

Après de longues minutes d’attente jusqu’à ce que toutes les catégories filles et garçons en aient terminé, les résultats tombent enfin ; mon nom est absent du palmarès. Je reste plantée devant l’affichage, paralysée par l’incrédulité. Papa se renseigne dans la cabine des chronométreurs et le verdict tombe comme un couperet : disqualifiée pour avoir raté une porte. Je relis encore et encore le polycopié agrafé à la hâte sur les rondins de bois patinés par le temps entassés près de la ligne d’arrivée. Les trois premières ont des temps au-delà de la minute et portent le même nom de famille que l’organisateur. La dégringolade des sommets de la joie et du plaisir infinis provoqués par la réalisation d’une performance et l’accomplissement d’un rêve de gosse vers les tréfonds de l’amère déception et de la colère sourde grondant sous ma petite cage thoracique est bien plus rapide que la descente du stade de slalom.

Mise brutalement hors-jeu, plus qu’une course, je perds ce jour-là l’innocence de l’enfance. Inutile de rester une minute de plus sur le lieu de cette haute trahison pour assister au triomphe de cette engeance d’imposteurs. Inconsolable, je pleure durant tout le trajet retour, les larmes entrecoupées de gros hoquets spasmodiques, secouant sans répit mes épaules crispées, comme si notre SIMCA mille n’était qu’une vieille charrette brinquebalante attelée à un cheval de trait sur un chemin caillouteux de montagne. Plus de cinquante ans plus tard, j’ai beaucoup de compassion rétrospective pour mes chers parents, spectateurs impuissants de la violence du ressac de mes émotions, qui endurèrent sans ciller le flot ininterrompu et bruyant de mon chagrin.

A quelque chose malheur est bon, car, très inspirée par cette journée, j’obtins en classe de sixième une excellente note en rédaction au sujet d’une expérience de vie marquante et je partage aujourd’hui encore avec vous cette histoire de course et d’illusions perdues.

Je ne suis pas et ne fus jamais championne de ski. Je déteste toujours autant injustices et tricheries.

De Francis

L’amour une épreuve olympique

Lorsque je t’ai rencontré, j’avais 20 ans, toi tu étais un peu plus âgé. Nous sommes tombés fous amoureux l’un, de l’autre. C’était sûr, c’était pour la vie, nous en étions certains. Mais comme le boxeur perdu aux Jeux Olympiques antiques, nous avons fini par demander le climax, nos avions couru le marathon de l’amour jusqu’à l’épuisement de nos sentiments.

Dans notre échappée amoureuse, nous pensions former un duo collectif, prêts à affronter tous les obstacles ensemble. Nous nous sommes lancés, plein d’adrénaline, prêts à réaliser des prouesses pour notre amour. Mais au fil du temps, nos chemins se sont éloignés, nos pas se sont désynchronisés. Un jour, tu as pris un faux départ, me laissant hors-jeu, le cœur en miettes

Tu as voulu fuir les tensions qui nous rongeaient. Ta prouesse de te dérober à nos problèmes m’a laissé perplexe. Je t’avais toujours vu comme un champion, mais ce faux départ m’a fait comprendre que notre amour n’était plus sur la même longueur d’onde. Nous étions constamment hors-jeu, incapables de nous comprendre et de nous soutenir. Le mental épuisé, il nous restait peu de forces pour tenter de recoller les morceaux.

Aller aux oranges, cette pause nécessaire, n’a fait que confirmer l’inévitable, notre rupture. Je pensais que notre connexion était solide, que nous étions encordés pour affronter les tempêtes de la vie main dans la main. Mais le mental a flanché, les désaccords se sont accumulés, et nos rêves communs se sont dissipés.

Maintenant, il est temps pour moi de rentrer aux vestiaires, de prendre du recul et de panser mes blessures. Cette rupture est douloureuse, mais je choisis de me relever plus forte, de me reconstruire loin de toi. Nos souvenirs resteront gravés, mais il est temps pour moi de tourner la page et de me consacrer à ma propre guérison.

La rupture a été un choc, un coup dur pour mon cœur déjà meurtri. Chaque souvenir partagé résonne maintenant comme une note discordante dans ma mémoire. Je me surprends parfois à repenser à nos moments de complicité, à nos rires partagés, avant de réaliser que tout cela fait désormais partie du passé.

J’ai dû faire face à la dure réalité que notre histoire d’amour n’était plus viable, que nos chemins devaient se séparer pour que chacun puisse suivre sa propre voie. Le sentiment de solitude et de perte m’envahit parfois, mais je m’accroche à l’idée que cette épreuve me permettra de grandir, de me découvrir davantage et de renforcer mon propre mental.

La vie continue malgré tout, et je sais que je finirai par guérir de cette blessure. Peut-être un jour, je pourrai regarder en arrière sans ressentir cette douleur lancinante, en me disant que cette échappée amoureuse m’aura permis de devenir la meilleure version de moi-même.

L’amour, épreuve olympique, pourquoi ne pas y penser, il a toute sa place pour sa complexité, ses relations humaines, sa maîtrise émotionnelle et l’harmonie de la relation.

De Elie

Un homme affranchi du feu des épreuves.

 L’un des besoins courants de l’homme consiste à combler ses vides émotionnels, ou à s’investir pour des visions à court ou à long terme. C’est donc par la bravoure que l’on parvienne à cultiver, en soi, l’héroïsme dans un monde qui exige le courage, l’endurance, le travail et le sacrifice. Je veux bien narrer la fragilité d’un homme face à des tempêtes de la vie. Il s’agit de celles d’Oscar, un ami d’enfance depuis les années mille neuf cent soixante-dix.

Oscar, un orphelin de père et de mère, avait perdu la joie de vivre parce qu’il se sentait abandonné, oublié des parents et alliés qui pouvaient assurer sa prise en charge. Mais il n’en a jamais été ainsi. Oscar ne jouissait des siens pas le moindre sentiment d’amour filial. Un tel environnement ne lui donnait pas un havre de paix. À ses yeux tous les gens de sa famille étaient comparables aux animaux de la jungle.

Cependant, la providence divine lui a permis d’apprécier la bienveillance de Faustine et de Cocouvi, tous ses cousins, revenus du Canada. Il a eu le bonheur de les rencontrer lors des retrouvailles des filles et fils de leur commune. Cocouvi, un architecte de renom, a su discerner le génie de l’art existentiel qu’il possédait. Il a fait d’Oscar un disciple très utile qui finirait par intégrer le collectif des architectes du Bénin.

Pourtant, les séquelles de ses ressentiments, de ses culpabilités et des accusations sont demeurées. Un tel état d’âme et d’esprit, a secrété de l’adrénaline dans son sang. Cette hormone, quoiqu’utile à la santé, avait coulé à l’excès dans ses veines. 

Que se passait-il dans la vie de mon ami ? Oscar était atteint depuis quelques mois de troubles d’anxiété sévère. Par le simple regard d’inquisiteur, l’on pouvait se rendre compte qu’une anomalie avait gagné le champ de son mental. Oscar se mettait parfois à délirer ou à gesticuler au point d’être hors-jeu dans les paroles. Comment le faire sortir de cette impasse ? Laisserions-nous une si précieuse vie à la merci d’une tempête de l’ombre ! Ne devrions-nous pas nous lever à l’instar d’un héros pour la guérison de notre frère Oscar ? Telle était la préoccupation des amis, surpris de sa condition dégradante. Pauline, architecte du collectif, saisie de trac, finit par lâcher de son cœur ses propos pleins de feu et de larmes :

-Travaillons à lui sauver la vie. N’est-Il pas un des champions du milieu de nous ? 

Cependant, certains amis se posaient maintes questions. Que s’était-il passé avec Oscar pour qu’il en arrive à ce stade de surmenage ? D’autres se demandaient s’il n’avait pas connu de faux départs dans ses relations maritales avec Bintou et Rosalie ?

Paul, un ami très rapproché de notre frère, Oscar, s’exprima d’un ton empathique et dit :

« Mes chers amis, et collectif des architectes de l’ordre du Benin : soyez remerciés de votre bienveillance. Je puis vous assurer qu’il existe des poussières sur la toile conjugale de notre ami. Et nous devons encorder à la situation nos affections et capacités pour le libérer des crises d’anxiété qui lui reviennent par intermittences ».

Suite à l’intervention de Paul, le Président du collectif, Célestin, enchaîna ses propos de la manière que voici :

—Notre frère, Oscar, en l’état actuel, est tombé au plus bas de ses compétences professionnelles. Il lui serait difficile de retrouver sa santé à moins qu’un soin d’urgence et efficace ne lui soit administré par des médecins de renom. Je suis de l’avis que nous mettions nos efforts ensemble pour sauver la vie d’Oscar.

Dans la condition actuelle du patient, les épouses, Bintou et Rosalie étaient mortes de chagrin car tant de commentaires et d’accusations ne cessaient de se répandre en fumée sous les toits des maisons du village.

Bintou, prenant la parole, fondit en larmes et sanglots pour exprimer son désarroi face à la santé critique de leur mari. Elle dit :

—Ce qui nous trouble, ce qui nous chagrine et ce qui nous tue le plus, ma coépouse et moi, ce sont les propos diffamatoires des hommes. Nous portons des échardes dans nos cœurs. Je voudrais apporter un faisceau de lumières sur l’état de santé de notre mari.

Elle expliqua en disant:

—Le cinq décembre de l’an deux mille vingt-deux, avec notre mari, Rosalie et moi avions effectué un voyage de Bohicon à Cotonou dans le cadre de la visite à mon père qui était malade. Le conducteur de taxi roulait en excès de vitesse. Nous nous sommes, sur le tronçon d’Allada, retrouvés nez à nez avec un camion-citerne qui aussi roulait à vive allure. Mon mari pris de panique, fit un saut d’acrobatie qui tourna en mal. Après un violent coup de tête sur le plancher du pavé, il entra dans le coma pour ne se réveiller que dix jours plus tard au Centre National Hospitalier et Universitaire de Cotonou. Nous pouvons conclure qu’en plus de traumatisme crânien s’est ajouté le problème de l’anxiété existentielle. Rosalie et moi, avouons-le, la mort nous a épargné grâce à une providence divine. Je puis dire que les médecins qui assuraient sa prise en charge au service d’urgence ont déployé de la prouesse pour sauver la vie de notre mari. Mais un an a suffi pour que Oscar connaisse une dégradation de son état mental. Ma coépouse Rosalie et moi sommes toujours en bonne relation avec notre mari. Nous nous battons au prix de nos sacrifices extrêmes pour que notre mari, Oscar, retrouve sa santé. Et il la retrouvera.

Rosalie rassembla ses énergies et redressa son torse courbé. Elle exprime sa défense dans les termes courtois et empreints de sagesse par ces mots :

—Les propos de Bintou sont exacts. Et je n’en ajoute pas assez. Bintou et moi savons partager la vie ensemble avec Oscar, notre chéri. Nous allons, de temps à autre, aux oranges où nous dégustons amour, joie et plaisir afin d’adoucir nos peines et souffrances momentanées. Permettez-moi, chers amis et collectif des architectes, de vous remercier, à notre tour, de votre bienveillance et amour éprouvé.

Après l’intervention de Rosalie, le doyen du collectif des architectes prit la parole disant :

—Chers amis, agissons vite pour envoyer Oscar en Turquie pour sa prise en charge.

Deux jours plus tard, il fut évacué d’urgence en Turquie pour ses soins. Oscar retrouva sa santé dix mois après des interventions chirurgicales qui avaient réussi. Ces épreuves ont purifié Oscar de ses imperfections. Il a appris de grandes leçons pour la vie à l’école des épreuves.

De Catherine M

OUI

« Oui … ». Ils avaient prononcé ce mot tour à tour, sans hésiter, devant le Maire de leur commune. Ils étaient donc unis devant la loi, « pour le meilleur et pour le pire » dit-on !

Et pourtant ….

D’arriver à cette démarche finale n’avait pas été un parcours simple et sans embûche.

Leur rencontre tenait d’une prouesse. Elle était libre, moderne, bavarde, très à l’aise, voire légèrement délurée. Elle évoluait dans un groupe d’amies et sortait beaucoup. Elle avait d’ailleurs beaucoup de succès auprès des hommes. Il fallait un sacré mental pour vivre auprès d’une telle femme ! Lui, était plutôt renfermé, casanier, plutôt à cheval sur les principes, on pourrait presque dire « un peu coincé ». Il vivait seul dans ses deux pièces, recevait peu et ne sortait pratiquement pas le soir.

Bref, on ne sait pas qui des deux avait fait le premier pas, mais cela faisait maintenant quelques semaines qu’ils se rencontraient, s’appréciaient (ou s’irritaient). C’était en général elle qui menait la conversation car lui, n’était pas vraiment un champion en communication.

Son but, à lui, c’était de rencontrer celle qui deviendrait sa femme pour la vie. Elle, elle ne se voyait pas encore, à son âge, s’installer dans un appartement collectif, s’encorder pour ainsi dire à quelqu’un qu’elle commençait seulement à connaître.

Il fut donc vite mis hors-jeu et elle reprit sa totale liberté.

Ce n’est que quelques mois plus tard, qu’ils se rencontrèrent de nouveau, totalement par hasard. Elle profitait d’une petite échappée en ville pour faire quelques emplettes et lui, se trouvait justement dans la même enseigne pour trouver une nouvelle cravate assortie à sa dernière chemise.

Ils discutèrent, se renseignèrent sur ce qui avait constitué leurs vies respectives depuis leur rupture …. Ils réussirent à en rire de ce faux-départ ! Il se pourrait même qu’à ce moment, une petite poussée d’adrénaline les ait rapprochés.

La réconciliation était actée et ils reprirent leur relation où elle en était restée, se promettant de tenter d’aller aux oranges, chacun essayant de se mettre au diapason de l’autre.

Jusqu’au jour où le « oui » en mairie devint une évidence.

Après un tel marathon, vous conviendrez que nous pouvons leur décerner une médaille …. bien méritée !

De Nicole

Après-midi sportive

Jeux sportifs dans la cour de récréation.

Sur le terrain de foot, rencontre amicale Tournai-Mouscron. Le coach comme toujours s’égosille « jouez collectifs ».

Pourquoi les coachs crient-ils, pour ne pas dire gueuler aussi souvent ?

Décharge d’adrénaline, le champion auto-proclamé Tony les crampons veut prendre toute la lumière, joue perso. Faute, hors-jeu.

Il est temps d’aller aux oranges.

Dans un autre coin, un mur d’escalade pour débutants, les petits sont encordés et sur les encouragements d’une monitrice perdent toute crainte, fiers d’arriver au sommet en poussant des hourras.

Plus loin, une course à pied, un 100 mètres.

Zut, un faux départ.

Marguerite a un moral d’acier.

Elle aime cette échappée, ce sentiment euphorique de liberté, le vent courant sur son dos, la sueur sur sa peau.

Elle bat son record précédent, une prouesse !

De Lisa

Les nouvelles du jour

Les Jeux Olympiques vont se dérouler cet été, mais une mauvaise nouvelle vient de tomber car il n’y aura pas de champion, un faux départ, un hors-jeu pour faute de dopage.

Le mental n’est pas au rendez-vous comme l’adrénaline. L’entraîneur explique qu’il faut s’encorder sur le terrain comme dans la vie de tous les jours.

On ne va pas dire ‘allez les petits’ comme au rugby, mais ‘Allez aux oranges !’

Le collectif vous donne rendez-vous aux JO de Los Angeles avec de prouesse

De Lisa (proposition d’écriture N° 39 – des personnages contraires)

Je vais vous parler de l’Abbé Pierre et de Dracula qui sont devenus copains malgré leur contraire.

Un jour, ils prennent la décision d’aller faire un tour sur la Terre pour montrer leur vie antérieure.

On commence par le gentil monsieur, qui l’emmène voir les lieux où les gens se croisent dans les couloirs et lui explique sa fondation. Ils vont dans la cuisine où un cuisinier pétrit la pâte pour une bonne pizza à la sauce tomate bien sûr.

Ensuite, c’est au tour de Dracula, de présenter son château et sa famille. Il est fier de lui montrer son petit-fils, qui est humain, sa cabane dans les arbres et la roue de voiture comme table.

Le temps passe et c’est l’heure de repartir là-haut pour renforcer leur complicité.

De Catherine S

Il est difficile à l’heure actuelle, voire impossible de trouver du travail dans une petite bourgade. L’activité économique se résume au strict minimum : quelques commerces de première nécessité, un bureau de poste (et encore…), une pharmacie, quant au médecin, il faut bien souvent aller le chercher dans une ville éloignée de plusieurs kilomètres. Nos jeunes l’ont bien compris, ils désertent nos campagnes et privilégient les grandes métropoles.

Dans notre village, une entreprise familiale, biscuiterie labellisée bio, résiste contre vents et marées et nourrit pas moins d’une soixantaine de familles depuis plusieurs générations. Sa production jouit d’une bonne réputation mais commence à souffrir de son image désuète. Le futur directeur, frais émoulu de son école de commerce, ne cessait de harceler son père, trop paternaliste selon lui et insensible au marketing. Il fallait du renouveau et il voulait être celui qui redynamiserait l’entreprise.

Nous reçûmes un message collectif nous invitant à assister à une séance de coaching, nouvelle technique très en vogue dans le milieu des affaires. Nos deux représentants du personnel, syndicalisés à l’occasion, commentèrent à loisir cette initiative.

Josette, la plus ancienne, chargée des lignes de production, oiseau de mauvais augure à ses heures, ne cessait de dire à qui voulait l’entendre “ça sent mauvais, je vous le dis ! On l’a échappébelle pendant des années, maintenant c’est la crise, le licenciement se profile à l’horizon…”.

Les femmes se pressaient autour d’elle, l’angoisse montait, portant l’adrénaline à son paroxysme. André, quant à lui, plus posé et curieux de nature essayait d’apaiser les esprits : ” Faut voir, il peut y avoir du bon, le petit monsieur il a pas fait des études pour rien ! Faut faire confiance aux jeunes, si les ventes chutent trop on sera hors-jeu!”. Deux écoles diamétralement opposées soufflaient le chaud et le froid sur l’ensemble du personnel.

A l’heure dite, nous étions tous dans la salle de réunion, assis face à un vaste écran, sorte de page blanche, que le jeune PDG Jean-Charles, s’apprêtait à illustrer.

“Je vais vous projeter un petit film, soyez attentifs, vous me direz ensuite ce qu’il vous inspire”.

L’incrédulité se lisait déjà sur les visages. On était donc au cinéma ??? Cela commençait sur un circuit automobile : les moteurs vrombissaient dans l’attente du départ, le starter s’apprêtait à agiter le drapeau vert, quand un pilote trop nerveux appuie sur l’accélérateur, s’élance sur le circuit, victime d’un faux départ, il se voit aussitôt sanctionné. Changement de décor, nous voilà sur un terrain de foot, des maillots tricolores contre d’autres aux couleurs inconnues. Le ballon circule mal, les joueurs n’arrivent pas à faire de passe, c’est désordonné, les adversaires profitant du manque de cohésion, se faufilent entre les mailles de défense, marquant plusieurs buts successifs. Le public siffle les joueurs qui, sous les huées, n’ont plus qu’à aller aux oranges, dépités par leur mauvaise prestation. 
Plusieurs ouvrières s’agitent sur leur siège, peu intéressées par ces reportages sportifs sans queue ni tête et surtout sans lien direct avec leur biscuiterie ! Jean-Charles, loin de se décourager, continue sa démonstration. Il nous entraîne dans un magnifique paysage de montagne dont les flancs neigeux, particulièrement abrupts donnent bien du mal à un groupe d’alpinistes encordés par plus de sécurité. L’ascension est pénible, rendue périlleuse en raison de la météo, mais tous se dépassent pour atteindre l’objectif ultime : le sommet. La vue y est époustouflante à la mesure de la prouesse réalisée ! Le film s’arrête sur cette image triomphale.

Le retour brutal de la lumière surprend l’assistance qui ne sait trop quoi penser ni quoi dire de cette étonnante projection. Josette, en sa qualité de doyenne, se sent obligée de commenter “C’est par rapport aux Jeux Olympiques ? On va être sponsor avec le logo sur les maillots ?»

“Ce n’est pas de cela qu’il s’agit mais cela pourrait être, effectivement, un projet porteur pour notre notoriété mais actuellement beaucoup trop onéreux”.

Les regards sont tournés vers lui, on peut y lire l’incompréhension la plus totale. Où veut-il en venir ? André, fine mouche, dans son coin toussote :

“Ne s’agit-il pas d’images subliminales, comme dans les pubs pour inciter les gens non pas à consommer mais à produire plus encore, à œuvrer ensemble pour un meilleur résultat ? Le coureur automobile, il échoue parce qu’il joue en solo sans respecter les règles imposées. Les footballers n’ont pas l’esprit d’équipe, ils perdent parce que chacun joue dans son coin, sans stratégie commune. Quant aux alpinistes, ce sont sans conteste les champions de ce reportage, ils sont solidaires, se soutiennent dans l’effort et ont le mental nécessaire pour endurer cette épreuve.”

Surpris, Jean-Charles se tourne vers lui, voilà une personne dotée d’un esprit analytique remarquable !

– “Sauf votre respect, Monsieur, ici on est tous motivés, conscients du rôle que nous avons à jouer au sein de la biscuiterie pour la faire tourner. On est peut-être pas instruits, mais on a du bon sens et un réel attachement à cette entreprise qui nous fait vivre. La main d’œuvre, c’est la force vive, votre père l’a bien compris. Nous continuerons comme nous l’avons toujours fait tout en vous faisant confiance pour l’avenir.”

L’assistance applaudit longuement. L’avenir se dessinait sous un meilleur jour avec des objectifs à redéfinir, certes, mais une volonté et une solidarité renforcées.

 De Françoise V

 Je me suis échappée de mon handicap en visant le sport de haut niveau : je suis sélectionnée au marathon des Jeux Paralympiques. Aucun faux-départ toléré ! Un entraînement de rigueur.

Participer aux Jeux Para-Olympiques en tant que candidate au marathon fait partie de mes objectifs depuis plus de quarante ans. Le pied qui me manque est remplacé par une prothèse. Cet état m’a poussée à rebondir devant les privations : scores, challenge, dépassement de soi, marcher comme tout le monde.

Courir est mon sport favori, il était aussi mon déplacement préféré depuis ma plus tendre enfance. Je courrais tout le temps pour aller et revenir de l’école élémentaire jusqu’à mon domicile. En 1980, l’accident chirurgical m’a privée de liberté en me mettant sans cesse hors-jeu des plaisirs de la vie. Le sport est une « échappée belle », une prouesse avec un mental de fer stimulant mon adrénaline que je cultive grâce à un collectif de sportifs et de managers. Quand je m’entraîne, je me mets en situation de compétition et aller aux oranges fait partie de mon programme. Mais le marathon des Jeux Paralympiques n’a pas de mi-temps, pas de repos. Il sollicite l’endurance jusqu’à la fin de l’épreuve sans coupure de temps.

C’est comme s’encorder pour gravir une falaise : se concentrer, calculer son rythme, chercher un équilibre rassurant, et regarder devant soi pour atteindre son but, c’est respirer pour gagner. Ce dépassement à développer une confiance en moi.

Dans mon épreuve, je compte bien achever la course des 40 kilomètres devant l’Esplanade des Invalides, tel un champion ou une championne !

De Dominique J

Compte-rendu de la réunion du 6 mars 2024 :

Après un faux-départ dû à l’échappée de monsieur Moulineau vers les lieux d’aisance, la réunion du Collectif d’entraide des Champions retraités a pu commencer à 9 heures 27 minutes précises.

La première intervention a été celle de monsieur Leverchu. Il a rappelé qu’il faudrait s’encorder sur le respect des horaires des réunions. A quoi madame Pécharmant lui a fait remarquer qu’il était hors-jeu rapport à la langue de Molière. Sur le coup, Monsieur Leverchu a alors présenté les signes d’une confusion mentale que l’on pourrait qualifier de forte. Madame Pécharmant a pouffé. Manifestement réjouie, elle a précisé qu’il convient de dire « s’accorder ». Une brusque bouffée d’adrénaline a alors envahi la face de monsieur Leverchu.

Là-dessus prend place l’intervention de monsieur Escarpiau qui a conseillé à madame Pécharmant d’aller aux oranges plutôt que d’étaler ses prouesses langagières.

9 heures 37 minutes : suspension de la séance sur décision unanime du Président et report à une date ultérieure non encore fixée.

Le secrétaire :

Edmond Desfoues

De Louisiane

Les dîners d’Inès

Nous nous étions connus chez une amie commune, Inès, qui se faisait une joie d’inviter un collectif de célibataires afin d’en faire des couples. Le hasard faisait ou défaisait ses prédictions. Pendant l’apéritif, Alain et moi avions décidé de nous assoir côte à côte durant le dîner. Je crois que je n’ai pas dit trois mots à mon voisin de droite.

Maintenant, nous nous connaissions depuis presque un an. Ayant des semaines chargées, j’étais heureuse de randonner autour de Paris. Alain, lui, travaillait chez lui. Nous n’ignorions rien de nos forces et de nos failles, mais la forêt de Rambouillet n’avait rien à voir avec les Alpes. Nous avions pris un TGV jusqu’à Sallanches, 550 mètres d’altitude, pour randonner face au mont Blanc par trois pics, la tête Noire, 1746m, de la tête des Saix 2120m, et du Prarion 1969m. Cinq ou six jours en plein été dans le silence à fouler la rocaille et la neige sans rencontrer grand monde, et oublier Paris pour mieux la retrouver.

Alain avait tout prévu. Les cartes, les équipements, les provisions, les charges dans les sacs à dos, et nos arrêts pour chaque nuit dans les refuges. J’avais confiance en lui, beaucoup moins en moi. Je n’avais plus 20 ans et mes randonnées autour de Paris n’étaient pas comparables aux échappées alpines que nous nous préparions à faire, même si notre mental était prêt.

Partis de Paris tôt le matin, nous avons fait notre première halte à Sallanches où nous avons déjeuné légèrement, puis pris le chemin du refuge de la Croix Saint Pierre, 800 mètres de dénivelé pour digérer et arriver avant la nuit. L’allégresse et l’adrénaline encordées m’avaient donné les forces nécessaires pour cette première randonnée où j’étais arrivée à bout de forces.

Il n’y avait évidemment plus d’eau chaude pour la douche mais un pipi tiédasse que nous nous sommes partagé. La promesse de la tartiflette était restée promesse et l’aimable hôtesse ne put nous préparer qu’une soupe aux oignons en sachet trempée de croûtons de pain grillés. Ces six premières heures de marche qui n’avaient rien d’une prouesse m’avaient éreintée, j’étais partie me coucher sans force pour une conversation.

Aux premières heures du soleil, j’ai pris un solide petit-déjeuner avec les marmottes qui se roulaient dans l’herbe avec joie. Alain avait eu du mal à se lever. Je suis du matin et lui du soir, s’il faut vous le préciser ! Nous avons pris notre temps pour nous préparer à rejoindre notre premier pic, la tête Noire. Mes pieds étaient hors-jeu, encore gonflés, je dus mettre de fines chaussettes pour pouvoir lacer mes chaussures. Alain de même.

 Le temps était magnifique, le ciel d’un bleu éclatant, on apercevait au loin le mont Blanc entouré de nuages blanc cassé et les crêtes légèrement grisées qui bordaient le Lac de la Blanche couleur turquoise. On entendait le cri strident de la marmotte olympique qui faisait fi de celui de l’aigle glatissant. Je n’avais aucune envie de partir, mais de faire quelques photos. Ce lieu était magique après les souffrances d’hier. Rien ne nous obligeait de tenir absolument notre emploi du temps. Un faux -départ pouvait avoir lieu aujourd’hui et nous ne parcourions que deux pics au lieu de trois. Le monde ne s’arrêterait pas pour les champions que nous étions.

Nous nous sommes prélassés toute la journée dans l’herbe, pieds nus, autour du refuge, à l’entrée des trous des marmottes, à guetter les aigles et leurs petits, les faucons crécerelle, les accenteurs alpins et les pics noirs. En fin d’après-midi, des marcheurs fourbus arrivaient les uns après les autres, crachant leurs poumons, morts de soif et rouges de coups de soleil.

Nous fûmes les premiers à goûter la fondue savoyarde et le reblochon à l’orange. Demain, nous arriverions à l’heure pour la raclette. Nous nous sommes couchés en pleine forme et heureux. Au Prarion, il serait bien temps d’aller aux oranges.

De Roselyne

Clin d’œil

Comme chaque printemps, le groupe de randonneurs se fait la belle, une échappée dans une autre région que la sienne. Ces journées sont une bonne aubaine pour faire des rencontres, visiter du patrimoine et se faire les gambettes sur un terrain plus souvent accidenté que celui du bord d’océan.

Mais en amont, toute une préparation, tout un travail pour l’équipe organisatrice. Discuter et arrêter le lieu du séjour en accord avec toute la troupe, fixer les dates, rechercher l’hébergement, négocier les prix.  Faire un pré séjour pour mettre sur pied les randos qui seront proposées etc… Véritable prouesse pour les organisateurs, rien ne doit déraper, pas de faux-départ envisageable, enfin sur le papier !

Dans quelques jours, la bande ira traîner ses guêtres durant trois jours à Saumur. Il faut environ neuf mois, le temps d’une gestation pour que le programme soit bouclé. Rien ne peut être laissé au hasard, car un collectif de vingt-cinq personnes minimum, ne s’emmène pas comme cela. Mais, au terme de douze années d’expérience, en général tout se déroule bien, les rouages sont bien huilés.

Mais, une troupe de gais lurons, c’est comme une classe de mômes à qui l’on doit toujours rappeler les consignes. Vous savez, il y a toujours un champion de la mémoire courte. Celui qui ne sait plus si son inscription est faite ou s’il a donné ses chèques, quelques jours avant le départ. Si tout a été fait dans les règles, rien à craindre, sinon il est hors-jeu. Il sera plus attentif à la saison prochaine. Ce genre de situation n’arrive pas souvent, mais il a pour effet de faire grimper l’adrénaline chez les organisateurs.

Cette sortie débutera par une petite dégustation chez un viticulteur. Ben, oui ce n’est pas parce que nous sommes randonneurs que l’on ne s’offre pas du bon temps. Bien au contraire !

Le célèbre Cadre Noir saura émerveiller nos âmes d’enfants que nous sommes restés. Celui-ci, depuis à peu près deux siècles fait rayonner l’excellence de l’équitation de tradition française. Il est aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Un mental d’acier pour toutes ces écuyères et tous ces écuyers qui font vivre un art d’exception pour le bonheur absolu des petits et grands.

Ce temps se terminera à Fontevraud où se situe une formidable abbaye fondée par Robert d’Arbrissel, moine itinérant. Des abbesses dirigeront cet endroit d’où elles seront expulsées en 1792 par la Révolution française. En 1814, elle devient une prison. Puis, son devenir est assuré grâce à son classement aux monuments historiques dû à Prosper Mérimée. Pour ma part, lorsque je suis entrée dans les lieux la première fois, j’ai été happée par des émotions tellement intenses que tout mon corps vibrait. Une espèce d’exaltation qui amplifie ces instants de plénitude. Je ne sais, si les randonneurs auront ces mêmes sensations, au moins pour ceux qui la visiteront.

Vous allez me dire, dans tout cela, point de randonnées. Bien sûr que oui !  Il y en trois de prévues, il ne faut quand même pas exagérer, nous sommes randonneurs avant tout. Nous allions nature, patrimoine et convivialité. C’est tout un programme.

Notre « famille de randonneurs » est comme un bastion. Elle a su s’encorder, personne ne lâche la main de l’autre. Toujours, elle soutient celle ou celui en difficulté morale ou physique. A mi-parcours, elle sait aller aux oranges, enfin disons plutôt que chacun va sortir sa tasse pour y recevoir du café, accompagné d’un petit gâteau fait maison. Les pique-niques peuvent être mémorables. Tous ces petits riens, toutes ces attentions font la nourriture de l’association.

Une trouée, une percée, une échappée de lumière, à travers le feuillage tombe sur un collectif de randonneurs. Ensemble, ils s’encordent, se soutiennent. Le mental, parfois, est nécessaire pour faire une prouesse. Là, vous voyez, le raidillon qui va solliciter un peu plus les mollets… Dans la troupe, personne n’est champion de course, nous ne sommes pas là pour ce genre de choses. Jamais de faux-départ, l’attention est toujours présente. L’œil est comme celui du caméléon aux aguets, le hors-jeu ne fait pas partie de la troupe. L’adrénaline peut accompagner certaines randonnées ce qui est parfait pour aller aux oranges.

De Nicolas

Notre Président décida en 2018 que tous les Français devaient s’encorder derrière des investisseurs, des financiers, des gagnants qui seraient les premiers de cordées enrichissant la France par leur dynamisme et leurs intelligences associées.

Ce projet collectif parut prendre rapidement un faux-départ, les premiers de cordées privilégiant leurs gains pour leur avantages personnels et réservant leur adrénaline pour créer une échappée financière bénéfique à leur mental…

Notre champion national de Président a donc réussi la prouesse de nous mettre tous hors-jeu, appauvrissant ainsi toute la France pour enrichir encore plus quelques rares privilégiés.

La France attend depuis, avec impatience, que ce Président puisse enfin aller aux oranges que nous pourrions lui apporter dans un autre lieu que l’Elysée.

De Catherine M

Tous ces textes arrivés dans votre escarcelle, chère Laurence !

Une prouesse pour nous tous de pouvoir aligner tant de mots et pour vous d’imaginer tant de consignes aussi riches que variées.

Un vrai défi collectif, telle une association de champions en herbe. C’est comme si nous étions tous encordés pour atteindre un même but : écrire un texte qui « tienne debout ».

Pas toujours facile …

Il peut y avoir de faux-départs, des idées en l’air qui retombent comme un soufflé raté, un sentiment de hors-jeu qui décourage. Il faut alors faire une pause, aller aux oranges comme les footeux, se requinquer, rebooster son mental,prendre quelques profondes respirations et hop, une poussée d’adrénalineplus tard, on se remet en selle, l’inspiration nous fait de l’œil à nouveau pour l’échappéefinale.

Ça y est, le texte est écrit, on le relit, on allège ici ou là.

Ça va. On le tape. On l’envoie.

200ème défi relevé ma foi !

De Michel

Ma part d’orange

N’importe quoi, oui c’est ce que je me suis dit en pénétrant dans cette boîte. Jean Marc m’avait caché le but de cette fameuse soirée. Comment aurais-je pu me douter du coup fourré dans lequel il allait m’entraîner ? Je n’ai jamais été un champion pour organiser quoi que ce soit, je n’en ai pas le mental,suiveur plutôt qu’organisateur. Jean Marc est l’ami idéal pour un timide comme moi.

Il m’avait simplement dit d’un air énigmatique « Es-tu prêt à me suivre pour une échappée belle ?». Que répondre, je savais qu’avec lui, une fois encore il me suffirait de me laisser embarquer. Unfaux départ de ma part n’arrêterait pas son désir d‘avancer coûte que coûte. Je crus un moment qu’il allait encore m ‘emmener dans la salle de sport dans laquelle il pratique régulièrement l’escalade. Cela le fit bien rire et me dit :

« T’inquiète, cette fois ci nul besoin de s’encorder, du moins si tu le fais ce ne sera pas avec moi ».

Nous prîmes le Tram pour nous arrêter place du Commerce. Il faisait chaud ce vendredi soir de juin. On prit place sur la terrasse d’un bar bizarrement délaissée. Je compris vite pourquoi, à l’intérieur on pouvait apercevoir un grand écran qui diffusait la finale de la coupe de France de foot. Les cris fusaient :

« Regarde-moi ce con, il ne voit pas l’autre démarqué, passe ta balle du con, joue collectif !»

« T’as raison et ben voilà il est horsjeu !».

A bout de patience je dis à mon ami :

– C’est pour ce spectacle pitoyable que tu m’as amené ici, pour entendre les prouesses verbales de ces drogués du ballon rond ?

– Hé bien dis donc, tu en as mis du temps à réagir !

Le brouhaha et les cris s’étaient subitement estompés. On allait pouvoir souffler et surtout discuter :

– Ouf, enfin c’est plus calme, on commande autre chose Jean Marc ?

– Non, le calme ne va pas durer crois moi, le temps d’aller aux oranges.

– Aux oranges, y’a plus de buveurs de bières que du jus de fruits ici.

– T’occupe, c’est une expression, bon allez on se casse. Viens, on va autre part, une autre ambiance tu verras.

Nous n’avons pas été bien loin, une boîte près du château d’Anne de Bretagne. Je connaissais l’endroit, j’y suis venu avec Michel, un copain disparu du paysage nantais depuis un bon moment. Je me souvenais surtout du mal de tête du lendemain matin. Je n’étais pas d’humeur à renouveler l’expérience et dis à mon ami :

– Écoute, après les agités de la cage, j’ai pas envie de m’abrutir les tympans ici.

– Patience, en fait c’est ici que je voulais venir depuis le début.

– Alors pourquoi avoir subi cette horde hurlante ?

– Mais pour que tu aies envie de la fuir et de me suivre sans discuter, je te connais.

– Et tu crois qu’ici cela va être plus calme ?

– Arrête ta tête de ronchon, viens.

A l’entrée, au vestiaire, nous sommes accueillis par une jolie blonde toute d’orange vêtue. De la salle s’échappait un air de jazz en sourdine. Mes yeux s’accrochèrent sur une affiche.

– C’est quoi ce binz ? Une soirée de supporters ?

– Détends toi Christian, regarde ce qui nous attend !

Nous pénétrons dans la salle. Une vingtaine de tables sont réparties dans l’espace chacune encadrées de deux chaises. Soudainement, une montée d’adrénaline m’envahit, je compris ce qui se passait en ce lieu. Comment pouvait-il croire que moi, grand timide, je pourrais me confronter à une telle épreuve. Autant retourner dans ce bar de braillards.

Alors cette soirée, me demanderez-vous? Je ne plus envie de partager ma part d’orange avec qui que ce soit, elle est déjà prise.

Poème de Ludinitza C.Tigirlas, « Le silence écouté, proposé par Françoise T (hors proposition d’écriture)

Le silence écoute
La peur du monde quémande une langue
à se languir
pour le cours du ruisseau
de l’enfant qui cherche
à détourner
le vent hardi vers des rémiges
et une autre sonorité
en vol plané      haut

Poème de Lisa Debauche, « Je suis aux mots », proposé par Françoise T (hors proposition d’écriture)

Je suis aux mots ; à leur texture et à leur danse.
Je suis aux mots : avidement et dévêtue.
Car rien ne m’appartient plus
que les mots qui me contiennent.
Car rien ne m’appartient autant
que le souffle en eux-mêmes.
Et tandis que je titube, que je trébuche,
que je bégaie,
et malgré que je m’élance, que je m’ivresse,
que je me brûle,
la terre tourne et moi avec elle.
La terre tourne autour du soleil.

De Pierre

En ce temps-là l’Ile de France était desservie par un réseau de car, les cars Citroën, reconnaissables, de couleur marron. Ils assuraient les transports de passagers et de marchandises. Dans les zones mal desservies par le rail, le car jouait un rôle vital dans les échanges.

Un certain jour d’automne, jeune adolescent, je rendais visite à ma tante vivant dans un village du Vexin et je devais lui apporter un petit paquet préparé par ma maman, sa sœur ; à cette époque Uber et Amazon n’existaient pas.

Je suis monté dans le car au point de départ de la Porte Maillot en bordure de Paris. Il faisait frisquet en cette saison et je m’étais installé au fond du car pour y avoir plus chaud et être tranquille afin de lire le livre que j’avais avec moi. J’avais également pris avec moi mon vélo posé sur le porte bagage afin d’accomplir les derniers kilomètres pour aller chez ma tante.

A l’arrêt de Pontoise, une fois l’Oise traversée, je l’ai vu monter dans le car, celui qui m’accompagnerait un bout de chemin. C’était un homme de forte corpulence sans être gros, la trentaine passée, je supposais et d’allure martiale, semblable à certains acteurs hollywoodiens de l’époque.

Il s’est assis près de moi au fond du car même s’il n’y avait pas grand monde à cette heure matinale. Il avait une grosse croix autour du cou.

-Permettez, me dit-il, mon nom est Franz et vous, ou toi ?

-Pierre.

-Joli prénom.

-Nous allons faire un bout de chemin ensemble ; tu vas où ?

-Chez ma tante près de Gisors ; je descends avant. 

-Je connais bien, je suis né à Gisors, il y a longtemps comme tu vois ; je vais voir ma maman souffrante.

Il m’expliqua son parcours d’engagement dans l’armée, ses campagnes d’Indochine et sa démobilisation.

-Tu vois me dit-il, l’armée c’est dur, mais c’est aussi une école de la vie là où on vit dans le collectif, où on se doit être solidaire, sinon tout casse, tu comprends. A l’armée, il faut savoir s’encorder dans les missions périlleuses ; tout se faisait de concert.

Ce monsieur parlait très bien et je le comprenais bien malgré mon jeune âge.

-Franz une question, que faites-vous maintenant ?

-Je vois que tu suis bien, voilà, je suis entré dans les ordres au service de Dieu et d’une communauté, ce qui explique la croix que tu as vue. Je ne cherche pas à faire des prouesses, je ne suis pas unchampion même si j’ai réussi à m’échapperde l’enfer dela guerre. Tu vois, Pierre, la guerre c’est sale ; j’espère que tu ne la verras pas. Enparlant de guerre, tu vois Pierre sur ta gauche ce sont des bâtiments fortifiés utilisés par les Allemands pour l’envoi des fusées V2 vers l’Angleterre.

L’arrêt suivant durant quinze minutes fut l’occasion pour le chauffeur de livrer le courrier, de papoter un peu avec le patron du bar. Cet arrêt était une étape habituelle sur le trajet comme si nous allions aux oranges. Faux départ ;une vieille dame avec son chien courut pour prendre le car. Le chauffeur la connaissait bien ; elle était toujours en retard. Pendant l’étape, Franz et moi poursuivions notre échange ensuite, il s’assoupit. Je le regardais et je ne pouvais imaginer un homme de sa trempe avoir des pousséesd’adrénaline, il semblait si calme. Il s’éveilla brusquement et me dit :

-Pierre où sommes-nous ? Pas très loin. Je suis fatigué, hors-jeu et j’ai le mental embué ce matin.

-On approche, Franz, je descends bientôt ? Voilà, je dois te laisser. Content d’avoir fait ta connaissance.

-Et moi, donc. Je te souhaite mon gamin longue vie. Tu es quelqu’un de bien ; tu réussiras.

Je sortis du car comme prévu, pris mon vélo du porte-bagage et fis un grand signe en direction de Franz, qui fit de même de la fenêtre.

De Claude

TRAIN D’ENFER

Le train électrique reçu à Noël est là, devant moi, rutilant. J’ai passé des heures à le monter avec mon père. Tout y est : la grande gare, les voitures flambant neuf, les passages à niveau, les aiguillages, les ponts et les tunnels. Et, à ma grande joie, il fonctionne ! Un beau travail collectif et aussi une vraieprouesse.

Car il faut bien reconnaître qu’installer un train qui remplit une pièce entière n’est pas chose aisée. Je pense aussi que les locaux motivent et je rêve de faire un long voyage dans un vrai train. Ceci afin de sortir du train-train habituel, je parle de la voiture familiale, une Juva 4 poussive. Les trains, ça sert d’auto !

Malheureusement, le championde la vitesse, le TGV, n’existait pas à l’époque !

C’est aujourd’hui l’Ascension, mais il n’est pas question de s’encorder pour faire de l’escalade. Nous en profitons plutôt pour aller rendre visite à ma vieille tante Marie à Nice.

A peine entré dans la gare, je suis agressé par une odeur fétide de charbon mêlée de tabac qui me donne immédiatement des haut-le cœur.

Notre voyage commence par un faux départ : nous étions bien installés dans notre wagon lorsqu’une voix à l’accent méridional nous invite à changer de train. Nous voilà maintenant dans un compartiment bondé, mais j’arrive néanmoins à poser mon postérieur menu (c’est antérieur à la situation présente) ou disons plus simplement, mon arrière–train, entre une grosse dame qui engloutit un sandwich au saucisson à l’ail, et une religieuse (ce n’est pas du gâteau !) digne des loges, qui semble prier. Je ne m’en fais pas pour si pieux et je me dis : «Jamais Dieu sans croix ! ».

Dans le couloir, c’est un passage incessant de gens qui cherchent une place assise. Il y a aussi beaucoup de voyageurs debout, le nez collé à la vitre, qui admirent le paysage. Il est vrai qu’en ce mois d’Août, la vue est magnifique car défilent sous nos yeux des champs d’un beau vert anglais qui alternent avec d’immenses étendues jaune d’or parsemées de meules de foin.

Tiens, sur notre droite, un train nous dépasse. Tenterait-il une échappée ?

La chaleur aidant, certains passagers somnolent tandis que d’autres sont plongés dans un roman ou remplissent des grilles de mots croisés.

Moi, coincé entre ma religieuse qui prie à tout prix (mais je veux en avoir la cornette) et mon affamée qui entame à présent un pan-bagnat, j’étouffe. Que n’ai-je des pastilles Mentalpour rafraîchir mon haleine !

Et je sens monter en moi une poussée d’adrénaline. Hors-jeu Or je n’aspire qu’à une seule chose : aller vite prendre l’air, près d’une fenêtre avant de faire connaître à tout le wagon la composition de mon petit déjeuner. Vomi soit qui mal y pense ! D’autant qu’il est dangereux de s’épancher par la portière, c’est écrit en toutes lettres sur une vitre ! 

Sans crier gare, le haut-parleur crache une bonne nouvelle : nous arrivons à Nice ! Je vais enfin pouvoir aller aux oranges et même aux citrons.La délivrance !

Au train où vont les choses, je ne suis pas près de renouveler cette expérience qui ne m’a pas transporté du tout.

Un train peut en gâcher un autre !

De Dominique L

La randonnée du défi.

On ne naît pas toujours sous une bonne étoile ou dans une famille attentive et aimante que chacun est en droit d’attendre. Cette infortune fait parfois qu’un rien peut faire basculer le destin en sa défaveur. Et voilà que la société, sans autre forme de procès, les signale d’office « hors-jeu ».

Aussi, pour donner un petit coup de pouce à ces jeunes sans projet, sans envie, sans objectif, un petit groupe d’éducateurs avait décidé de leur lancer un défi de taille : parcourir à vélo les derniers 100 kilomètres du fameux « Paris Roubaix ». Un peu pessimistes, nous doutions fort de la réussite de notre pari. Comment allaient réagir nos jeunes « désœuvrés » ?

Le challenge était simple : « aller jusqu’au bout du défi lancé ». Peu importe la place, peu importe le classement, un seul mot d’ordre était donné : passer la ligne d’arrivée.

En préambule du parcours, nous avions invité nos participants à suivre leschampions du vélo lors de la mythique épreuve du « Paris Roubaix ». Admirer les prouesses physiques sur les terribles « pavés du Nord » et essayer d’en faire autant.

Avec l’association cycliste de la ville, nous nous étions engagés à trouver un vélo pour chaque candidat qui n’en aurait pas. À notre grande surprise, c’est uncollectif très motivé qui s’est impliqué dans notre projet. Plus de cent candidats s’inscriront, les pompiers, la police nous assuraient de leur concours. Nous ne pouvions rêver mieux et le défi fut organisé dans l’euphorie générale.

Le jour J, tout ce beau monde fut transporté en bus sur le lieu du départ à Valenciennes. Les vélos étaient déjà sur place grâce aux camions municipaux réquisitionnés pour nous aider.

Pas de faux départs possibles, tout le monde était prêt pour cette aventure humaine hors du commun. À l’heure dite, tous nos jeunes s’élançaient avec courage et détermination pour affronter le pavé saillant et piégeur.

L’adrénaline à fleur de peau, les athlètes au mental d’acier appuyaient de tout leur courage sur les pédales. Notre crainte était de voir chez nos sportifs en herbe, trop de zèle et d’empressement à jouer du mollet mais, nos motards de la route surent les canaliser en refrénant leurs ardeurs juvéniles.

Au fil des kilomètres qui défilaient, c’est à une belle solidarité des coureurs que nous avons constatée. C’était comme si chaque participant s’était «encordé» l’un à l’autre pour s’entraider. Parfois, quand un plus faible « aller aux oranges » ou aux « pâquerettes », c’est le groupe des pompiers qui se laissait distancer pour ramener le malheureux dans le groupe. Personne ne devait rester sur le bord de la route et l’équipe médicale veillait au grain.

Elle soignait le moindre « bobo » dans la minute.

Après 90 kilomètres d’effort collectif, les organisateurs libérèrent les jeunes qui avaient des fourmis dans les jambes. C’est alors qu’une volée de moineaux s’envola, heureuse de pouvoir exprimer leur talent dans une échappée belle débridée.

Les plus combatifs se firent la « pige » pour arriver le premier, héros d’une journée.

Le Vélodrome de Roubaix ouvrait alors ses portes et nos jeunes furent accueillis triomphalement par les familles venues les attendre avec impatience. Les mamans et les papas purent alors voir leurs enfants sous un autre jour, noirs de poussière, la mine fatiguée mais, heureux d’avoir accompli un exploit qui les rendrait fiers d’eux.

Pas de récompense, ce n’était pas l’objectif affiché mais, des souvenirs, des beaux gestes d’amitiés et une solidarité retrouvée grâce aux vraies valeurs du sport telle qu’on aime la voir.

Vous lire embellit franchement le début de mon weekend. Les histoires sont tellement variées et prêtent souvent à réflexion. 
Juin se profilant, je commence à préparer mes vacances. Nous partons en montagne, dans les Hautes Alpes, souhaitant poursuivre notre envie de hauteurs. 
Nous partons, mon conjoint et moi, camper. Nous adorons nous installer dans notre tente. Le confort, on l’a toute l’année, alors, quand on part en été, on aime aussi décompresser et nous alléger par rapport à notre quotidien. 
Cela fait longtemps que je veux me rendre dans les Alpes l’été. Je connais un peu les Alpes l’hiver, j’aime bien, mais pas trop longtemps, car voir du blanc tout le temps ne me ravit pas franchement, en plus de subir le froid mordant. 
Je vais aller méditer en haut des sommets, admirer les hauteurs, me sentir toute petite face à la grandeur des paysages. J’ai hâte!
 
Je vous souhaite un beau weekend et je vous donne rendez-vous samedi prochain pour de nouvelles lectures palpitantes sur le blog LA PLUME DE LAURENCE.
 
Portez-vous bien, prenez soin de vous et apprécions ensemble le cadeau qu’est l’écriture.
 
Créativement vôtre,
 
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE
 

Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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