Certains d’entre vous ont fait appel à leurs souvenirs, d’autres ont imaginé, certains ont voulu fuir la ville, d’autres ont essaimé de l’espoir. La proposition d’écriture N° 204 vous a inspiré et c’est tant mieux!
Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.
De Lisa
Inspiré de la chanson de New York, new York de Franc Sinatra
Ma chère New York, comme il t’aime
Et surtout répand la nouvelle
Il veut être un gigolo
Et vagabonder à la cité de la Pomme
Ces moments de déprime et ne jamais dormir
Car Il veut vivre dans le monde Féerique
Pour aller voir les comédies musicales
Chez toi à New York
New York, New York
La nuit est comme au Moulin Rouge
Sauf qu’il voit la folie des grandeurs
Pourtant ta grande sœur Las Vegas
Ne peut pas être ta rivale
Chez toi à New York, New York
De Lisa (proposition d‘écriture N° 13)
J’aime/J’aime pas |
J’aime les légumes verts (poireau par exemple), rouges (tomates), jaunes (poivrons).
J’aime la pomme de terre (mais pas celle de l’île de Ré car dans ma région, elle coûte un bras).
J’aime les fruits surtout les pommes (je devrais épouser un Normand car il ne sera pas déçu de ma gourmandise).
Un bon poulet à la broche (j’en rêve car ce n’est un plat que je mange vu qu’on est un peu viande rouge), les grillades de mon père.
J’aime la nature en général pour prendre en prendre plein la vue, les promenades pour prendre un bol d’air et de la vitamine D.
J’aime visiter notre France, qui a, mon goût, est riche pour la culture touristique.
J’aime écouter de la musique, où le tube dure dans le temps.
J’aime méditer, lire, et surtout participer à l’atelier d’écriture où j’entame ma 4ème année en septembre.
J’aime les mots à caser, à coder.
J’aime être proche de personnes âgées, que je connais, où je leur envoie des Sms.
J’aime visiter les musées (surtout où la masse de personnes est absente).
J’aime les animaux surtout les chats où je les observe.
Je n’aime pas la blette, le pesto, les champignons, l’ail, la sauge, les fruits exotiques, sauf l’ananas.
Je n’aime pas la mer pour se baigner, faire bronzette avec ses conséquences.
Je n’aime pas rester à table mais bien manger, vite et bien.
Je n’aime pas la musique commerciale.
Je n’aime pas les mots fléchés.
Je n’aime pas partir en vacances classique.
Je me souviens |
Je me souviens que je pense à mon grand frère (longue histoire).
Je me souviens que mon père était souvent absent pour manque d’amour.
Je me souviens que je garde un bon souvenir de mon enfance avec des hauts et des bas.
Je me souviens que j’aimais l’école mais pas les vacances.
Je me souviens des rares moments avec mon père.
Je me souviens que mon père était comme on lui a appris.
Je me souviens que mon père était devenu plus sensible et plus présent en vieillissant.
Je me souviens des repas familiaux avec mon grand-père qui me manque.
Je me souviens des chansons que mes parents écoutaient dans la voiture.
Je me souviens qu’il ne faut pas oublier nos défunts même si l’on parle d’un sujet tabou.
De Brigitte H
Ville en chantier Larmes refoulées Saisons absentes
Coup de frein à l’horizon Vie au marteau-piqueur Des larmes sur la vitre
Oiseau disparus Échappée nulle Bassesse verticale
De Anne-P
De Michel
Evanescence
Elle est belle ma ville, comme j’aime arpenter ses rues, ses avenues, découvrir ses petites ruelles où s’affaire une foule bigarrée. Chaque échoppe y propose des produits provenant des parties les plus reculées du monde. Une multitude de tissus, d’objets d’art, d’épices et de plats les plus exotiques. Les musiques les plus diverses s’échappent dans les airs. Est-ce d’ici que le mot « capharnaüm » aurait pris sa source ? Il me plaît de le croire et de l’associer avec l’entente cordiale. Malgré les différences de cultures, de couleurs de peau, de religions, nous vivons en douce et sainte harmonie.
Gisant sur le sol froid et humide, je regarde une photo que j’avais accrochée sur le mur de ma chambre. Je peux maintenant la voir qui repose sur le sol juché de débris de verre et de gravats. La vitre qui la protégeait s’est brisée dans sa chute. Si je pouvais bouger mes jambes, je pourrais presque toucher des pieds la cime des arbres au bas de la photo. Je ferme les yeux. Je me revois dans ce parc, poumon vert au sud de la ville. Je me laisse envahir par le souvenir des senteurs de l’essence des arbres, le gazouillis des oiseaux, le rire de mes amis Djibril, Aron et Amir avec qui nous nous disputions le sourire de la belle Yasmine.
M’étais-je endormi ? J’ouvre les yeux. Des plaintes sourdes se font entendre, des sanglots étouffés. Le soleil bizarrement se lève encore, j’aperçois ses premiers rayons qui transpercent les murs au travers des trouées faites par des éclats d’obus. Je parviens à bouger mon bras gauche mais impossible de me tourner sur le côté. Au moindre mouvement une douleur atroce me traverse la poitrine. Les rayons du soleil perdent de leurs intensités, pour s’obscurcir lentement me laissant dans l’obscurité dans laquelle mon esprit s’enfuit.
Que s’est-il passé, qu’avons-nous laissez faire ? Pourtant elle était belle ma ville…
De Louisiane
Bertrand le brestois
Bertrand, né à Brest, était paysagiste. Il avait une passion pour son métier hérité de son grand-père Emile, le brestois lui aussi. Enfant, il suivait son grand-père qui œuvrait dans les jardins aux alentours de son village. Tout ce qui pouvait pousser, Emile le plantait et ça prenait. Son propre jardin faisait sa fierté et celui de sa femme Colette. Il y avait le potager pour l’utile et le jardin pour l’agréable. Parfois, il vendait sous le manteau aux Parisiens qui le félicitaient pour la beauté de ses produits, sinon il échangeait contre un poulet, des œufs, du lait, du beurre, quelque chose dont Colette avait besoin pour sa cuisine.
Bertrand n’était pas une flèche à l’école, seul le dessin comptait. A l’adolescence, le conseil de famille décida que Bertrand entrerait dans une école d’horticulture. Il en sortit brillant et diplômé d’Etat. Restait à trouver des clients. Le bouche à oreille fut très utile. Bertrand était « le p’tiot à l’Emile, c’était pas rien ».
Le p’tiot ne comptait pas ses heures. Il savait se vendre. Il dessinait et donnait le nom des plantes et leur utilité en latin, en toute humilité. Il parcourait la région tenant compte du climat. Le temps breton n’était pas tendre avec les plantes. Il le savait et s’en souciait. Il eut une commande dans le midi, qui lui ouvrit bien des portes, notamment à Versailles. Quelques années plus tard, un grand ponte parisien, chez qui il avait créé une merveille de jardin anglais, lui fit une proposition particulière.
L’un de ses clients du Moyen Orient se faisait construire un palais où la nature devait prendre le pas sur la construction. Quelle gageure ! Bertrand était quelqu’un de prudent, peu alléché par l’argent. Bien sûr qu’il en fallait ! Mais il avait appris que l’air, l’eau, le feu, prenaient toujours le pas sur la terre.
Ce Breton bon teint demandait à voir cet émirat de sable. Le Cheikh Mohamed avait tenu à le recevoir en grandes pompes. Mais Bertrand préféra arriver de nuit et se rendit directement à son hôtel où une suite l’attendait.
Bertrand s’éveilla de bon matin, la climatisation était trop fraîche. Il demanda son petit déjeuner, tira les rideaux, recula brusquement, les genoux flageolants. Il avait le vertige. La vue le prit au dépourvu. A quel étage était-il ? Il se laissa tomber dans le premier fauteuil venu, moelleux et profond. Le garçon d’étage lui approcha une table roulante avec un petit déjeuner pour quatre. Le café était délicieux et le requinqua. Par gourmandise, il se laissa aller pour un croissant et délaissa le breakfast. Il demanda à quel étage il se trouvait. Quatre-vingt huitième, le dernier.
Il trouva une enveloppe à son nom. Un chauffeur l’emmena sur le chantier où se trouvait le Cheick Mohamed. Entre l’hôtel et la limousine climatisés, il avait l’impression de traverser un four. Dans un anglais économique, Bertrand posa des questions au chauffeur sur la vie à Ras Al Khaima.
Le chauffeur était presque muet. Il traversa plusieurs quartiers où la pauvreté cachée côtoyait des immeubles luxueux. Il n’y avait pas de square ni de jardin publics. La verdure était absente ou bien pendait depuis quelques balcons. Bertrand se trouvait bien loin de sa Bretagne natale. Arrivé devant une sorte de palmeraie qu’il avait aperçue depuis sa chambre, il fut conduit dans un petit pavillon où se trouvait le Cheick Mohamed, vêtu de blanc, entouré d’hommes en blanc, tous coiffé du keffieh. C’est là que se prenaient les décisions pour la construction du palais.
Le Cheick avait prévu un interprète. Il avait bien fait, l’anglais de Bertrand n’était pas très étendu. Il écouta avec attention notant de temps à autre. Il n’était pas architecte, comment faire tenir des fondations de béton sur du sable, et d’autre part peu de plantes persistantes vivaient sous ce climat où au plus chaud de la journée les cinquante degrés étaient atteints. Ce n’était pas un problème pour le Cheick, de la terre biologique était prévue. Combien ? Soixante mille tonnes pour le palais et les balcons. Et l’eau ? demanda Bertrand ? Des usines de désalinisation d’eau de mer seraient captées le long du littoral. Ici 200.000m2 d’eau potable par jour seraient produites pour la capitale. Il était prévu de faire plus pour les environs et les villages disséminés dans l’émirat. Il est prévu trois à quatre ans de travaux. Ses honoraires lui permettraient de finir sa vie sans travailler.
Tout était démesuré dans ce pays ! Qu’en pensait Bertrand ? Bertrand ne disait rien, il pensait à Emile. Bien sûr les temps avaient changé. Bien sûr, il était diplômé d’Etat. Ce serait un honneur pour la France des travaux de cette envergure. Bertrand demanda à faire un tour dans la palmeraie. Le tour et le cœur représentaient environ 20 kilomètres sous 44 degrés, on ne pouvait que lui proposer une voiture de golf ou un dromadaire. Pour le chauffeur, l’architecte et lui la voiture de golf s’imposait. Après ce tour sous cette chaleur et la bouche pleine de sable, Bertrand demanda à réfléchir à son hôtel et proposa un rendez-vous pour le lendemain. Si tôt ? demanda l’architecte. Oui oui, répondit Bertrand. En gros, il avait déjà pris sa décision. Il voulait seulement lister les raisons de celle-ci.
La douche était plus que la bienvenue ! Nu, il se coucha sur le dos et attendit, avec la clim, de se sentir bien. Il avait l’impression d’avoir dormi quelque temps. En peignoir, il se mit à écrire, puis fit des flèches. Il ne tenait pas à ce que le Cheick perde la face, mais ce projet n’était pas pour lui. Il n’avait pas les épaules ni le désir pour une telle folie. Le climat le tuait. Il imaginait les terrassiers travaillant à ce projet. Il ne voulait pas être responsable de leur mort. De même pour les usines de désalinisation. Il n’imaginait même pas quelles plantes, quels arbres il pourrait y planter, ni comment renouveler la terre. Etc. etc. … Qu’il trouve quelqu’un d’autre … !!!
Il demanda un ordinateur, tapa les raisons de son renoncement et les imprima en laissant sa carte. Il se présenta le lendemain, ayant retraversé une autre partie de la capitale et ne regretta rien. Il laissa l’interprète traduire sa lettre, salua le Cheick Mohamed et demanda d’être conduit à l’aéroport. Dans l’avion du retour, il rêva à la tête qu’il allait piquer dans la mer près de Brest.
De Luc
Ma ville
Une photo aérienne, tout du moins une vue prise en hauteur, d’une ville où s’épanouissent de toutes parts les buildings à la manière d’une prolifération de champignons, me rappelle inéluctablement cette cité que j’ai aimée dès le premier instant. Pourquoi à la vision d’une telle photo cette capitale me revient systématiquement à l’esprit ? Je vais tâcher de vous l’expliquer.
Dans un temps, hélas, lointain, je décidais de postuler un poste en ambassade dans un pays lointain, pas tant par la distance, mais par l’histoire et le mystère qui l’entourait. Il avait été fermé, on peut dire que sa population était restée prisonnière durant des décennies d’un dictateur de la pire espèce, Enver Hoxha. Le tyran mourut, mort en 1985, et son régime s’écroula quelques années après.
Ayant réussi les diverses épreuves et ayant rempli les différentes formalités, à mon grand bonheur je fus sélectionné pour occuper ce poste tant convoité. Me voilà parti pour une aventure extraordinaire de trois ans qui sont passés à la vitesse de la lumière. Cependant, j’en reste marqué pour la durée de ma vie. Pourquoi le fait de poser le regard sur un conglomérat de buildings m’y fait-il penser aussi systématiquement ? Justement parce que lorsque j’y suis arrivé, des skyscrapers, il n’y en avait pratiquement aucun. Je crois me souvenir, l’immeuble diplomatique dans lequel je vivais et au centre-ville l’hôtel Intercontinental d’une douzaine d’étages. Elle symbolisait alors la cité balkanique, tel qu’on les imagine, mélange d’orient et de stalinisme, des maisons individuelles à l’allure ottomane et des immeubles de petites tailles de quelques étages au style très communiste. L’ensemble était dans un état de délabrement achevé. L’effondrement du régime despotique avait plongé le pays dans la plus totale anarchie.
Les Balkans sont une région de foisonnement en perpétuelle mutation où alternent améliorations et régressions. J’arrivais dans ce que l’on pouvait décrire comme un chaos généralisé. Mon fils m’avait demandé pourquoi j’avais besoin d’un véhicule 4X4. Il a compris le soir où en centre-ville je me suis enlisé et les quatre roues motrices eurent de la difficulté à nous sortir de ce mauvais pas.
Cette métropole est située dans une cuvette entourée de montagnes, dont la plus haute se nomme le mont Dajti. Il culmine à plus de 1600 mètres. Il m’arrivait souvent de la gravir par différents itinéraires et j’étais toujours fasciné par les changements rapides de la ville que je pouvais observer de ce belvédère. Très rapidement, je me suis amusé à compter à chacun de mes passages les immeubles qui sortaient de terre à un rythme toujours plus effréné. Je vous ai dit qu’à mon arrivée deux édifices atteignaient les dix étages. A mon départ trois ans après, ils étaient plusieurs centaines. La ville changeait de physionomie d’une semaine à l’autre. Elle perdait rapidement son cachet balkanique et se fondait dans la mondialisation uniforme.
Depuis cette époque, j’y suis retourné à plusieurs reprises, les constructions colossales y sont toujours plus nombreuses, au point que je ne reconnais absolument plus certains quartiers. Ma dernière visite remonte à quelques mois, et là, nouvelle évolution, les gratte-ciels atteignent des hauteurs vertigineuses. Cependant, les formes s’affinent et affichent de l’originalité. La ville a perdu son cachet rétro XIX siècle, remplacé par une note très futuriste qui ne manque pas de charme. Certains ingénieurs trouvent ces excès de hauteur et ces formes propices aux déséquilibres inadaptés à une région sismique.
De ma chambre d’hôtel au 18ème étage, je contemple la ville et je me remémore ce qu’elle était 25 ans plus tôt. Que de changements, mais l’âme du lieu semble préservée, les églises, catholiques et orthodoxes, ainsi que les mosquées ont été protégées et je ressens fortement cet esprit de syncrétisme comme il y a un quart de siècle, où toutes religions confondues la population participait aux festivités. Le pape lui-même s’en était étonné au cours d’une visite récente. Voilà cette ville de Tirana où j’aime encore et toujours revenir et où des amitiés fortes m’unissent à ce peuple très attachant.
De Françoise V
ROMAN DE VILLE
Depuis le hublot du Boeing, je regarde avec soulagement défiler les immeubles serrés, les rues noires et sombres, cet aspect minéral construit sans verdure qui me rebute. Je suis fille de la nature et je fuis l’étouffement des villes comme celle-ci qui m’a oppressée depuis un an. Le bruit, l’agitation, l’insécurité, la criminalité m’ont fait vivre des moments anxiogènes : je retourne en France, dans mon pays natal.
J’étais venue me réfugier, me distancer de ma famille afin de pouvoir écrire en solitaire sur une ville américaine. Dans mon studio au 11ème étage, je vivais enfermée, avec juste deux fenêtres pour dominer les autres immeubles. Il fallait que je me concentre sur un lieu hostile pour raconter une histoire sordide : des crimes dans des quartiers de trafiquants de drogue pour mon dernier roman. J’ai écrit tous les jours en imaginant ce qui se passait tout en bas de mon immeuble. Les cris des habitants du quartier, les échos de pétards ou de coups de fusils m’ont permis d’illustrer mon histoire. Les articles dans les journaux citant les trafics d’héroïne, de cocaïne, de Lsd et les attaques à main armée ont illustré mon roman.
J’avais sympathisé avec les occupants de mon immeuble et lorsque je les croisais, ils me racontaient leurs témoignages. Le fait d’être française et de garder mon anonymat m’a permis de questionner et d’aller au fond des choses. Je m’étais transformée en inspecteur… mais c’était tout simplement pour écrire et m’appuyer sur des faits réels. Une manière de témoigner comme l’aurait fait une journaliste.
C’est mon deuxième roman noir. Pour cela, j’ai été obligée de me mettre en situation réelle pour décrire, et raconter des scènes horribles, des crimes aux descriptions qui font froid dans le dos. J’ai été contrainte de vivre proche du milieu du banditisme pour comprendre et écrire cette histoire. Curieusement, je suis une personne sereine, calme, joyeuse et enthousiaste. Ecrire ce genre de roman déclenche chez moi une sorte de soulagement, un lâcher de tension intérieure. Est-ce une façon d’évacuer mes angoisses, mes inquiétudes, de libérer des cauchemars ? Je ne sais pas vraiment. Ce dont je suis sûre, c’est que je suis très heureuse de quitter cette ville qui m’a oppressée depuis un an. J’envisage d’écrire mon prochain livre dans un autre état d’esprit. Il sera beaucoup plus romantique. Je devrai trouver un lieu proche de la nature, un endroit où j’aimerais vivre une histoire d’amour en France.
De Catherine M
YES !
New-York a tenu ses promesses
A dévoilé ses richesses
La diablesse !
Pas de faiblesse
De bonnes adresses
Du béton, des néons, des klaxons
Tourbillon
Buildings, jogging, happening
Marketing
Splendeur, chaleur, hauteur
Fureur
Multitude, solitude
Envoûtante, déroutante
Culture, imposture
Mythique, énigmatique
Un peu tout ça, et plus encore
J’adore …
De Jean-Michel
Il avait grandi dans cette ville, il la connaissait par cœur, cette mégapole qui puait le béton et le bitume, triste à en mourir…Non, ce n’était pas dans les riches quartiers, qu’il avait vécu. Avec le salaire de misère de ses parents, il n’en aurait pas eu les moyens. Et d’ailleurs, il n’avait que faire de ce luxe qui ne faisait que cacher une véritable misère humaine derrière une richesse étalée à tout bout de champ.
Non, son univers à lui, c’étaient les favelas, ces quartiers périphériques où sont relégués ceux qui nous gâchent la vue, dont on veut se débarrasser parce qu’ils nous font peur et qu’ils nous mettent face à nos fragilités. Sa maison était un simple toit de tôle ondulée, où l’eau courante était celle qui coulait dans les caniveaux. Il serait bien allé à l’école, mais qui pouvait lui payer une éducation dont ses parents n’avaient même pas pu bénéficier… Alors, il traînait, vivait au jour le jour de ce qu’il trouvait dans la rue. La tentation était grande de se servir sur les étalages pour se sustenter, mais sa dignité lui interdisait cela.
Un jour qu’il était au fond du désespoir, il croisa un visage, une vieille dame, à qui on n’aurait pas donné d’âge. Elle portait un voile qui cachait ses cheveux et une longue robe de même couleur que le voile. Elle se pencha sur lui, sans rien dire… Longtemps ils s’observèrent. Puis elle lui tendit la main qu’il prit, sans savoir pourquoi… Il ne la connaissait pas. « Veux-tu rencontrer d’autres petits camarades ? » lui dit-elle. Comme il acquiesçait, elle l’emmena quelques rues plus loin, dans une maison où vivaient d’autres garçons de son âge, au milieu d’autres dames comme celle qu’il venait de rencontrer., habillées comme elle. Et là, il commença à jouer, à s’amuser, à découvrir un autre univers. C’était une école pour enfants de la rue, tenue par des Sœurs Missionnaires de la Charité, héritières de Mère Térésa. Bien sûr, il fallut convaincre les parents de permettre à leur enfant de venir, mais quand ils comprirent la chance que cela pouvait être pour lui, ils acceptèrent tout de suite.
Ainsi, il put recevoir une véritable éducation, apprendre à lire, écrire, découvrir, grâce aux sœurs, qu’il y avait un Bon Dieu qui l’aimait. Cet amour fut le ferment de sa vie et lui permit d’avancer en confiance pour fonder, plus tard, une véritable famille, heureuse et solide.
D’Elie (proposition d’écriture N° 203)
Les aventures dans les forêts classées de Lama.
Aux confins d’un ciel parsemés d’étoiles, un chemin s’est esquissé, rocailleux et doux à la fois. Il fait un froid terrible, un froid de loup comme on dit. Je crois bien que je tremble. J’emprunte l’ébauche du sentier avec quelque hésitation. Devant moi se sont dessinées de lourdes marches de pierre, étroites et larges, toutes bosselées de mousse et de quelques herbes folles qui s’y sont perdues au détour d’une histoire sans fin. Il fait nuit noire.
Parvenu en haut des marches, je me retrouvai dans une grotte ouverte sur un horizon nuancé de bleus peints de petits nuages cotonneux et frais. Je m’assis en tailleur. Je fermais les yeux. En les fermant, je consacrai quelques minutes à méditer sur les effets climatiques et la profondeur des ténèbres qui m’assaillirent dans cette grotte. J’y ai passé toute la nuit. Je rouvris mes yeux et saisis mon téléphone pour appeler mon grand-frère, Victor et lui expliquer ma condition en ce lieu lugubre.
—Bonjour, Fofo, Victor.
(Fofo : c’est l’équivalent du mot aîné.)
Je lui parlais, la voix toute tremblante, en termes de celui qui attend un secours d’urgence. Et je sentais mon esprit m’abandonner dans cette solitude extrême.
—Je suis perdu dans la forêt classée de la Lama, dans la commune d’Allada.
Il promit alerter les forestiers, maîtres de terrain dans cette forêt classée. Les instants après mon entretien, je tombai dans un profond sommeil. La providence divine étant en marche, j’entendis les sons sonores de trois trompettes qui se répondaient par des chansons aux mélodies exquises et réconfortantes. L’un des forestiers m’aperçut grâce au phare de chasse qu’il portait sur la tête. Je sortis de mon sommeil.
Mon frère, Victor, qui était en compagnie des trois forestiers, exprima ses intentions dans les termes que voici :
—Pourquoi sortir de la maison sans informer, quelques parents ? Le sentiment d’irresponsabilité et le manque de considération due aux personnes âgées sont des vices en soi. Aussi, tu oublies que notre époque se révèle de plus en plus dangereuse par les actions des bandits qui ont permis au mal de leur arracher le cœur.
L’un des forestiers prit la parole pour dire :
—J’appuis ces vérités et t’informe que la méchanceté s’accroît dans monde. Aussi, les génies du mal agissent sur les esprits faibles dans les forêts pour anéantir les vies précieuses. Comment parviens-tu à te retrouver ici au point de passer la nuit au gré des moustiques, de la rosée, des reptiles et bien d’autres ?
Je répondis avec toute la sagesse nécessaire.
—Merci à vous tous qui portez les attributs les plus honorables qui vous caractérisent par l’amour, la bienfaisance, l’esprit de sacrifice et de la détermination à me secourir. Je vous suis redevable de votre sacrifice à mon endroit. En prenant par les sentiers des savanes et cette forêt classée, j’avais pour objectif de contempler la beauté et les richesses des végétaux qui s’étendaient à perte de vue. Ma seule ambition et tout mon plaisir consistaient à m’investir dans les recherches scientifiques pour le bonheur de nos peuples.
Et le forestier, Sènakpon, un homme svelte et au teint clair, me demanda :
—Comment as-tu traversé cette nuit, pour que tu ne sois dévoré par les animaux féroces de cette contrée ?
Je pris cette fois-ci parole pour leur narrer mes aventures mystérieuses de la nuit :
—Par les temps atmosphériques orageux, on dirait que les écluses des cieux se sont ouvertes aux pluies torrentielles. Je sentais qu’il faudrait avoir la rage dans le cœur, mais surtout posséder en soi une immunité naturelle contre ce terrible froid. Quelques minutes s’écoulèrent et j’étais pris de vertiges et de lassitude dans cette grotte ouverte. Je sentais me lâcher tous mes membres postérieurs et inférieurs. La terre semblait faire mille tours avec moi à la minute. J’ai perdu connaissance et ignorant tout ce qui se passait autour de moi. La nuit était très avancée. Et le froid exerçait la force de sa loi sur la nature. Je tremblais d’émoi. Il me semblait mourir à petits coups. C’est en ce moment, que je sentis approcher de moi un illustre inconnu disant :
—Je suis venu te secourir car j’ai compris que les lions, les crocodiles, les boas de cette forêt t’environnaient dans le dessein de te détruire.
Je ne tardais pas à s’adresser à mon visiteur illustre. Mon âme s’écriait en moi en ces termes :
—Je te remercie, toi mon ange gardien. Par ce temps singulier qui s’est annoncé à mon insu, je constatai parvenir jusqu’à moi un souffle d’air chaud et bienfaisant. Mon corps glacé reçut un souffle d’air chaud qu’alimente les faisceaux de lumière d’une torche mystérieuse. La température redevient normale à tous les corps mortels qui séjournent sur la terre. J’ai retrouvé la vie puisque les énergies me sont revenues.
Et l’espoir de continuer le chemin de mon aventure devint convainquant. L’astre du jour accélérait sa course journalière. Il était réveillé de son lit. Il sonnait déjà six heures et demie. La conscience s’éveilla en moi puisque j’avais retrouvé l’énergie nécessaire à la vie. Mon frère Victor avança, m’ordonna de me lever pour rentrer. Je montai leur véhicule pour rentrer au domicile. Nous sommes arrivés en famille.
Les aventures ont leurs délices mais elles possèdent leurs revers.
De Catherine M
DISCUSSIONS ECLAIRÉES
Ohé tu m’entends ? Je sais que tu ne dors pas, tes lumières sont allumées…. Ne fais pas semblant. Peut-être t’es-tu endormie devant l’écran, ce qui t’arrive souvent en ce moment ! Il faut dire que c’est l’Euro de football et que ce n’est pas passionnant pour tout le monde.
En attendant ton retour dans le monde des discussions nocturnes, je vais chercher ailleurs. J’ai le choix. Du haut de mon 22ème étage panoramique, je surplombe la ville. Je vous connais toutes, les couche tôt et celles qui veillent tard dans la nuit. Je peux me vanter de vous dominer. Je vous surveille, je vous épie. Je connais toutes vos petites habitudes. Toi, en face, qui reste ouverte jour et nuit. Facile, tu es une « oscillo-battante » ! Toi, juste en dessous, qui grince légèrement quand on t’ouvre. C’est comme ça quand on coulisse sur un rail ! Et toi, on te surnomme la prisonnière, toujours recouverte d’une moustiquaire !
Vous êtes des centaines, que dis-je des milliers et chacune a ses particularités. Certaines se cachent derrière un store blanc dès que le soleil s’éloigne, d’autres disparaissent sous un gros rideau épais occultant. Avec celles-ci, impossible d’échanger mais il y a toutes les autres : les toute simples avec châssis en bois ou en aluminium, celles plus modernes en pvc. Il y a les petites et les double battants, les grandes baies vitrées. Et puis il y a celles qui forcent l’admiration de toutes : ce sont les belles vitrines décorées, protégées par un petit auvent, accompagnées bien souvent d’un petit soupirail. Quel charme ! Les plus prétentieuses sont celles qui se trouvent en rez-de-chaussée agrémenté d’un joli jardin où explosent toutes les couleurs de l’arc en ciel. Elles sont peut-être fières, mais elles n’en parlent pas des insectes qui, toute la journée, viennent les chatouiller et déposent même leurs excréments !
Nos discussions sont très agréables et très variées. Nous parlons de ce qui se passe derrière nos vitres, à l’intérieur … et croyez-moi, ce n’est pas toujours très joli ! Il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple, là-bas, quelques rues plus loin, au 3ème étage, ce joli balcon tout en longueur encombré de jardinières et ses baies vitrées étincelantes cachent des habitants aux mœurs un peu particulières. Chez d’autres c’est plutôt la monotonie et l’ennui qui se reflètent comme un miroir dans les doubles vitrages. Il y a la maladie aussi, et les maladifs qui aèrent toutes les heures pour renouveler l’atmosphère !
Nos moments préférés sont ceux où l’on parle de nos « soigneurs », ceux qui nous aspergent de produit bleu avant de nous masser longuement de haut en bas, de gauche à droite ; qui reviennent parfois sur certains endroits qui sont plus sensibles. Des odeurs, il y en a de toutes sortes. Certaines « collègues » sont enchantées et fleurent bon pendant plusieurs heures, et puis il y a celles qui ne supportent plus le parfum trop pesant et qui espèrent en silence qu’elles pourront rester ouvertes très longtemps, ne serait-ce qu’à l’espagnolette, pour chasser ces relents incommodants. Certains soigneurs oublient le doux chiffon microfibres pour une raclette en silicone. Alors là, c’est peut-être plus efficace mais c’est aussi plus douloureux. A cause de cet outil archaïque, Il y en a qui deviennent envieuses.
Nos discussions sont souvent très douces. Evidemment, il ne faut pas réveiller les voisines endormies ! Il faut tout de même parler distinctement pour que nous entendent les hublots, velux, lucarnes mansardes et autres orifices que nous surnommons entre nous « les ratés ». Parfois, il arrive que la conversation s’anime, qu’un désaccord s’invite … Alors, le ton monte et quelques insultes peuvent même s’échapper « œil de bœuf » « espèce de Bow Windows » … Mais dès que les lumières s’éteignent tout revient dans l’ordre et les esprits se calment.
Dernièrement, il y a eu un accident : à la tombée de la nuit, la température étant à peine supportable, nombre d’entre nous étaient encore grande ouvertes. Dans la petite maison logée entre les deux grandes tours, Madame avait ouvert partout … devant, derrière, sur les côtés …Effectivement, elle devait mieux respirer sauf que Monsieur, revenant du travail, a ouvert brutalement la porte et là, un énorme courant d’air a parcouru l’habitation. La petite fenêtre qui était déjà en mauvaise santé, a claqué brusquement. Catastrophe, des dizaines de morceaux de toutes formes et bien coupants jonchaient le sol. Rien à faire ! Impossible de la soigner, il a fallu appeler le vitrier en urgence pour la changer et la remplacer par une toute neuve, plus solide peut-être.
Ce soir, la discussion était un peu confuse. Trop de monde …. Evidemment c’était samedi, LE jour où tout le monde se couchait tard. On en profitait pour veiller nous aussi, mais la conversation était compliquée, tout le monde parlait en même temps, on n’entendait même plus les réponses aux questions. On finissait par envier les bavardages du lundi, où nous étions moins nombreuses et plus disciplinées.
C’est alors que, d’un coup, toutes les lumières s’éteignirent : coupure de courant généralisée.
Toute la ville était plongée dans le noir et la situation ne semblait pas prête à s’arranger. Inutile de vous dire que cet incident nous a immédiatement cloué le bec, mais ce n’est pas grave, nous aurons encore plus de choses à nous raconter demain !
De Francis
Monsieur Blanche
Après une journée harassante de réunions, j’observe par le hublot de l’avion le défilement des villes et villages de France. J’essaie d’imaginer pour chacun d’eux selon la tache de lumière qu’ils envoient la vie plus ou moins intense de leur population. A cette époque, j’habite Paris dans l’indifférence et l’effervescence d’une grande ville. Je me laisse aller et mon esprit divague au point où il me revient à la mémoire sur une péripétie pénible de ma vie, qui n’aurait certainement jamais existé sr j’avais habité un petit trou perdu à la campagne.
L’hiver était bien avancé. Il pleuvait depuis une semaine. La radio était allumée.
Comme d’habitude, il n’est question que de politique, de Corvidé, de décès, de mouvements sociaux. Un flot ininterrompu de nouvelles toutes plus tristes et banales les unes que les autres.
Toutefois mon attention est attirée par la nouvelle suivante : « un individu a été retrouvé égorgé dans une mansarde, sous les toits, un téléphone a été retrouvé, posé sur le sol. La victime était connue dans le milieu de la nuit parisienne. Il a été découvert par son voisin de palier qui avait remarqué que la porte de la chambre était entr’ouverte. La police a ouvert une enquête. D’après les premiers éléments, il s’agirait d’un règlement de compte entre caïds trafiquants de drogue ».
Je pense que ce matin, de nombreux auditeurs auront de quoi discuter devant la machine à café.
Trois semaines se sont écoulées, de l’eau a coulé sous les ponts comme disait ma grand-mère. Je relève mon courrier et découvre une convocation au commissariat du X-ième arrondissement. Que me veulent ces braves gens ?
Je me rends à la convocation
Arrivé au commissariat, un officier de police judiciaire m’accueille, me conduit dans un bureau où un de ses collègues est déjà installé.
« Connaissez-vous monsieur Jules Blanche ? »
Monsieur Jules BLANCHE ?
Je fouille ma mémoire. « Je ne connais pas cette personne. Ce nom ne me dit rien. »
L’officier de police reprend la parole et déclare : « cette personne a été assassinée dans une mansarde sous les toits, et nous avons trouvé votre nom et votre numéro de téléphone dans son répertoire téléphonique. Vous êtes entré en relations avec lui le 29 février dernier. »
Je me concentre, je fouille et refouille ma mémoire. Panique à bord, poussée d’adrénaline, mon cerveau ne répond plus.
« Blanche, vous dites ? Ce nom ne me dit vraiment rien.
« Désolé, je ne connais pas ce monsieur Jules Blanche. »
« Nous avons communiqué le 29 février, dites-vous ? »
« Oui, le 29 février »
Tout à coup, j’ai une fulgurance. Je prends une grande bouffée d’air et je me mets à parler : le 29 février, mais c’est bien sûr ! Maintenant je me souviens et d’un seul trait je déclare : « la veille, le 28 février, je roulais sur les grands boulevards, comme d’habitude la circulation était dense, un cabriolet rouge stationnait en double file, un danger public, un bouchon monstre s’était formé. Lorsque je suis arrivé à la hauteur du véhicule, j’ai été doublé par une trottinette, j’ai été déporté sur la droite, j’ai rayé l’aile.
Un homme sort d’un immeuble, c’est le propriétaire du véhicule. Je lui signifie immédiatement, par un sourire, que je souhaite dialoguer. Je suis sur mes gardes. Je lui explique que je me rends à un rendez-vous chez mon médecin. Je suis très très en retard, et je souhaite que nous établissions le constat, un peu plus tard, dans un endroit calme et à tête reposée. Au départ, il n’est pas très sensible à ma requête. Il m’en veut, ça se lit sur son visage. J’argumente et il finit par accepter. Nous convenons de nous rencontrer le lendemain. Nous échangeons nos noms et nos numéros de téléphone et fixons l’heure et le lieu.
Le lendemain, 29 février, j’ai pris contact, comme convenu, avec ce monsieur.
Le constat rempli, nous l’avons envoyé à nos assurances respectives. Depuis je n’ai plus jamais entendu parler de Monsieur BLANCHE.
Mon interlocuteur est silencieux. Il est sceptique, il me scrute, me fixe au fond des yeux. Il se tourne vers son collègue, balbutiements, regard inquisiteur.
J’essaie d’entendre ce qu’ils se disent, ce qu’ils échafaudent. Je ne suis pas rassuré.
L’enquêteur se retourne vers moi. Il reste un long moment silencieux, une éternité.
« Pas d’insultes, pas d’affrontement, tout s’est passé dans le calme ?» Vous me le confirmez ? » Vous êtes certain ?
Je confirme.
Silence à nouveau, un ange passe. Ma tête va éclater.
Il n’a pas l’intention de me relâcher. A ses yeux, je suis suspect.
Son attitude a changé, son ton est sec, incisif, de suspect je suis maintenant coupable. Il plisse les yeux, il a un petit sourire aux coins des lèvres et au moment où je commence à désespérer, où je vois mon avenir au plus sombre, le silence est rompu : « nous allons prendre le temps et vérifier vos déclarations et pour cela vous allez rester à notre disposition. Relisez et signez votre déclaration, vous êtes libre. Nous reprendrons contact ».
Je signe ma déposition. Je sors soulagé du commissariat. Je ne suis jamais senti aussi léger. C’est beau la liberté.
Les policiers ne m’ont plus contacté. J’ai repris le cours normal de ma vie.
Par la suite, j’ai appris que Monsieur Blanche, truand notoire, Don Juan à ses heures, bien connu sur la place, avait l’habitude de donner des rendez-vous galants dans sa garçonnière sous les toits. Le jour de son assassinat, ils avaient été surpris avec sa conquête par le mari trompé, un certain Maurice, dit « Momo beau sourire », spécialiste du sourire kabyle.
Détail cocasse, la dame s’était évanouie et le mari avait dû la descendre de six étages sur son dos.
Nous allons atterrir. Avant de me replonger dans le tohu-bohu parisien, je me dis que si j’avais habité à la campagne, Monsieur Blanche n’aurait jamais surgi dans ma vie.
L’anonymat, les joies, les peines, l’effervescence de la vie urbaine sont un mal essentiel accepté jusqu’au jour où le besoin de vivre à un rythme plus léger se fait sentir.
De Marie-Josée
Mégapole,
Avec tes gouffres de pierre
Tes tunnels bondés
Des milliers de pauvres hères
S’y entassent hébétés
Tels des vers de terre.
Avec tes artères,
Où des fourmis s’affairent
Dans les beaux quartiers,
À côté des tôles de misère
De ceux qu’on veut ignorer.
Avec tes rivières,
Caniveaux aux saveurs amères,
Aux berges cimentées
Refuges éphémères
Pour ceux qui viennent y squatter.
Avec tes tours de verre,
Qui scintillent la nuit tombée
Des papillons attirés par la lumière,
Viennent s’y fracasser
Les ailes clouées par terre.
Avec tes îlots verts,
Les arbres tentent de subsister
Inlassablement filtrent l’air
Des humains écervelés
Qui bâtissent des déserts.
Mégapole de lumière
Beaucoup veulent y échapper
Ne parviennent pas à quitter l’enfer
Que d’autres rêvent d’habiter
Aujourd’hui comme hier
On continue de bétonner.
De Manuela
MIAMI
Une affiche est scotchée sur le panneau à l’entrée de la résidence :
CE SOIR, BRUIT A LA MAISON
POUR FETER LA PROMOTION DE NOTRE FILS MARCEL
IL PART TRAVAILLER ET VIVRE EN FLORIDE.
Vous n’en croirez pas vos oreilles, j’ai obtenu une méga-promotion. Je travaille chez Sanofi en tant que commercial depuis cinq ans. Mes résultats sont bons, voire même excellents. Je pars diriger la succursale de Miami en Floride. J’ai dû mal à m’en rendre compte. Moi, promu si vite !
Ce soir, avec ma famille, nous avons organiser une fête dans le jardin de mes parents. Il est prévu au menu : barbecue de bœuf avec french frites sans salade, et des tartes aux citrons verts « limes ». Nous aurions bien voulu mettre du poisson, mais ici chez nous, les poissons qu’ils cuisinent là-bas, le tout accompagné de bière et de coco bien sûr. C’était une belle fête, des rires, des embrassades et des cadeaux. Il se fait tard, maintenant, les invités partent. Je me retrouve seul avec mes parents. Il nous faut ranger, laver la vaisselle, et aussi faire le ménage. Je suis heureux d’avoir pour une fois, fait preuve d’autant d’attention pour maman. Je vais me coucher car dans deux nuits, il faut que je retourne travailler pour encore un mois… puis grand départ.
Maman m’aide toujours à faire mes valises, j’ai pourtant 32 ans : pantalons d’été, polos colorés ainsi que des chemisettes type hawaïen, aucune paire de chaussette, une belle casquette colorée elle aussi. Elle ne me met que des vêtements légers. Je les verrouille et les met dans l’entrée. Le départ est prévu pour demain matin tôt. J’essaie de dormir car la journée va être longue.
Je rêve de Miami, de ses longues plages et du soleil de Floride. Réveil en fanfare, réveil un peu tard. Je prendrais le petit déjeuner dans l’avion. Enregistrement des bagages : pas de surpoids tant mieux. Après 10 heures de vol, l’avion atterrit sans souci. Un employé de Sanofi Miami est là, une pancarte dans la main.
—Hé, Marcel, viens avec moi, dit-il dans un mauvais français. Je t’emmène à ton hôtel, spécialement réservé pour toi. Tu pourras reposer, toi. Je viendrais te reprendre demain après ton petit déjeuner, vers 9 heures.
—OK, John à demain.
Je savais, qu’aux States tout le monde se tutoie. Surprenant au départ, mais on s’y fait vite. L’hôtel se situe au bord d’une plage de sable fin, une superbe plage de sable jaune, que je vois au loin, une plage interminable. L’envie me prend soudainement d’aller faire un tour, un petit tour le long de la côte, mettre éventuellement les pieds dans cette eau turquoise. L’environnement est magique, les baigneurs sont joyeux et beaux. Les hommes sont bodybuildés et de nombreuses femmes ont subie des chirurgies plastiques. Je me crois dans un film. La fatigue arrive, je rentre pour une bonne nuit avec pleins d’étoiles au fond des yeux.
A 9 heures tapantes, John se signale à l’accueil. Nous partons vers la banlieue, environ 30 minutes pour rejoindre la succursale. Je me suis mis sur mon 31 pour cette journée d’accueil. On me montre mon bureau, très vitré, vue magnifique sur la ville et sur la côte. Je dois rêver… c’est trop beau. On me montre les dossiers que je dois régler au plus vite, le rêve est déjà terminé, le travail commence sur les chapeaux de roue. Les jours passent vite. La semaine ne comporte ici qu’un seul jour de repos : le dimanche. Je prends au départ beaucoup de retard dans mon travail, retard que je rattrape chez moi, et oui, Sanofi m’a trouvé un logement non loin de la succursale. Je deviens de plus en plus performant, donc je peux pendant mon jour de repos, faire des visites : Cap Canaveral, Kennedy Space center, de nombreux parcs dont un spécialisé sur les oiseaux et les alligators, le Merritt Island national. Aux Etats-Unis, il y a peu de vieilles villes, aucun château médiéval. Le pays est jeune. En six mois, j’ai presque fait le tour, je ne peux pas me déplacer trop loin en une journée.
La ville de Miami est bruyante, pleines de musique et de nombreux festivals. Les murs sont dans les beaux quartiers, souvent peints avec des couleurs vives. J’ai pris de nombreux kilos.
Le lundi : ravioli, le mardi : pizza, le mercredi : au choix, le jeudi : un gros morceau de steak avec des french frites, le vendredi : des Fish and chips accompagnés de frites, le samedi : c’est l’apothéose, un hamburger avec des frites et du ketchup, le tout avec bière, coca ou Orangina.
Il fait toujours chaud, une chaleur fatigante car continue. Je voudrais rendre visite à ma famille et à mes amis. Les R.H. m’informent que je n’aurais droit à mes trois semaines de congé qu’une fois mon année de travail terminée et date imposée par le siège de l’entreprise. Quelle galère… La vie que je pensais idéale ne l’est pas, rien n’est idéal en Floride. Je vois l’envers de la médaille ou plutôt l’envers du décor. L’apparence est belle, colorée, lumineuse mais que dire de l’envers de la médaille. De nombreux guettos se trouvent au loin, cachés de la ville riche de Miami. Ils sont peuplés de pauvres gens, eux aussi colorés. Les touristes et les expats n’y allons jamais car dirigés par des bandes de délinquants. Je comprends mieux maintenant pourquoi la Floride a si bonne réputation, la misère est cachée.
Mon travail se passe bien mais il est ennuyeux. Il me prend beaucoup de temps. Ma vie, c’est Sanofi. Je comprends mieux pourquoi mes prédécesseurs ont tous démissionné en moins d’un an. Mon directeur ne m’en avait jamais parlé et pourquoi. Je lui demande un rendez-vous, mais plus probablement une conf-call que j’obtiens au bout d’un mois. Il me faut des éclaircissements. Mon directeur, d’une ton mielleux me dit que mon travail est vraiment excellent, qu’il souhaite me garder et qu’il faut que je m’accroche. Je le remercie pour sa franchise et je raccroche.
Je ne sais pas ce que je dois en penser… résister ou démissionner… je me fixe un mois pour prendre une décision. Mes conditions de travail n’ont pas changé, l’ambiance dans les bureaux est exécrable, je ne me suis fait aucune relation ni au sein de l’entreprise et à l’extérieur non plus. Situation pourrie. Pour m’aider dans ma réflexion, le dimanche suivant, je me rends à la plage, je m’allonge sur ma serviette et je ferme les yeux, un peu de repos. Repos coupé par le vrombissement du défilé de grosses voitures américaines : Cadillac, Chevrolet, Mustang, Ford et de quelques Humer, avec de nombreuses couleurs vives, criardes qui passent sur la côte.
Ma décision est prise : je démissionne. Je n’en peux plus de ce bruit, de cette pollution, ce paraitre m’exaspère.
Vive la France, vive sa bonne bouffe, vive son air peu pollué, vive sa camaraderie, vive ses beaux villages, ses châteaux et j’en passe. Tout ça me manque, il faut que je rentre.
Après de nombreuses et longues négociations, mon directeur me donne mon solde de tout compte, mon dernier salaire ainsi que mon billet d’avion pour retourner en France. Un souffle de bien-être passe en moi.
Mes parents viennent me chercher à l’aéroport, me conduisent à la location qu’ils ont loué pour moi, location au fond des bois. Je ne veux pas pour l’instant voir ma famille (sauf mes parents naturellement), mes amis et les anciens voisins.
J’ai un peu honte d’avoir échoué. Quelques semaines, quelques mois me seront nécessaires pour retrouver une vraie vie, la vie d’avant. Je ne pourrai sûrement jamais oublier cet épisode.
De Pierre
Dans les années cinquante (encore la nostalgie du passé !), mon oncle et ma tante m’emmenaient souvent dans l’Oise à une cinquantaine de kilomètres de la région parisienne où j’habitais afin de prendre l’air et de voir des animaux et des arbres. C’était le début des Trente Glorieuses, tout le monde voulait sa « bagnole » pour aller à la campagne, s’échapper de la ville.
Aujourd’hui, il faut aller très loin pour trouver un peu de verdure et fuir les zones urbaines, voire suburbaines tentaculaires crées par l’homme afin de satisfaire ses besoins de consommation et de croissance. Depuis peu, un retour aux sources semble se dessiner en France, comme dans la plupart des pays développés mais ce phénomène reste marginal comparativement aux pays d’Asie, la Chine en particulier, l’Afrique ou l’Amérique Latine où c’est la concentration humaine vers des villes gigantesques qui prédomine depuis plusieurs décennies, entraînant une désertification des zones rurales et créant par voie de conséquence pauvreté, crimes et misères qui sont le lot quotidien des villes du Tiers Monde. Aujourd’hui mi-2024, les 8 milliards d’habitants sont dépassés et plus de la moitié vivent en zone urbaine c’est effrayant !
Gamin, j’ai grandi dans un univers très urbain et je me sentais dépaysé lorsque qu’il fallait rendre visite à la famille en Eure et Loire, en pleine Beauce, durant la période des moissons et j’avais hâte de retrouver ma banlieue avec son agitation, ses bruits. Sinon pour illustrer cette réflexion je pense aux Khmères rouges et à leur révolution sanglante qui n’avait qu’un seul but : bannir la ville et l’argent qui la dominait et envoyer tout le monde aux « champs ». Enfin, imaginons les migrations de population qui devront fuir dans un avenir plus ou moins proche les villes côtières inondées et elles sont légion.
De Joëlle (proposition d’écriture N° 203)
Je ferme les yeux. Une voix familière me sort de ma torpeur.
- Ce n’est pas un lieu pour toi.
- Bonjour Marie, moi aussi je suis contente de te voir.
- Tu ne comprends pas, tu n’as rien à faire ici, c’est beaucoup trop tôt.
- C’est donc ici que tu es depuis plus d’un an ? Je pensais ne jamais te revoir. Je croyais t’avoir perdue.
Sa voix n’est plus aussi cristalline que dans mes souvenirs, elle est même presque glaciale. Je ne comprends rien, la sensation de plénitude ressentie quelques instants plus tôt me quitte, la lumière s’estompe et mon cœur se comprime à m’en faire mal de plus en plus à chaque respiration. Pourquoi me rejette-elle alors que nous avions été si complémentaires ? Les larmes me viennent aux yeux, je ressens une douleur de plus en plus intense dans le ventre, je veux me lever mais mes jambes se dérobent, ma tête va exploser sans parler de ma mâchoire qui semble disloquée. Elle reprend la parole.
- Ce n’est pas encore ton heure, tu as encore d’autres choses à faire avant de mourir, toute une vie à vivre. Dans les moments difficiles dis-toi que je veille sur toi si cela peut t’aider. Tu entends ces voix en bas ? Ils croient qu’ils sont en train de te perdre. Montre-leur que tu es une battante, qu’ils ont raison de continuer.
Sa dernière phrase n’est plus qu’un murmure et je sens mon corps comme happé dans un syphon tournoyant de plus en plus vite. Un son désagréable comme un « tuuuuuut » prolongé envahit mon crâne puis … « bip, bip, bip ».
- Elle revient professeur, elle ne nous a pas lâchés.
De Jeanne
C’était une belle journée de printemps.
Soudain m’apparut ce qui devint une obsession pour moi.
Je n’en pouvais plus de cette ville où, comme des champignons, poussaient les immeubles toujours plus haut, à gratter le ciel même.
Je vivais dans un de ces horribles bâtiments, au deuxième étage, inutile d’ajouter que je n’avais aucune merveilleuse vue sur le monde, au contraire, je subissais jour après jour l’odeur de l’asphalte quand le bitume fondait sous le soleil ardent, le bruit incessant de la ville, les pétarades des motos, les milliers de véhicules qui empruntaient ma rue freinaient sans cesse au feu tricolore qui marquait le carrefour, redémarraient en fanfare quand l’envie d’en découdre leur prenait faisant ronfler si fort leurs moteurs que la vaisselle dans le placard s’entrechoquait en une cacophonie déplaisante, tout cela conjugué représentait le comble de l’horreur pour les résidents du quartier dont je faisais hélas partie.
Dès l’été l’appartement devenait une fournaise irrespirable, intolérable, impossible d’ouvrir les fenêtres sur rue à cause du bruit et de l’odeur des pots d’échappement. Pas de climatisation pour rendre l’espace vivable, agréable, il fallait serrer les dents et continuer sans se plaindre.
L’hiver, les courants d’air occasionnaient une perte de chaleur importante préjudiciable à ma frêle constitution et à la planète. De rhinite en rhum, d’état grippal en angine, je traversais cahin-caha les mois les plus froids de l’année.
Dès lors, une seule idée en tête, m’en aller, fuir, loin de ce capharnaüm qu’était devenue ma ville au fil des années.
Je rêvais de verdure, d’une maisonnette avec un grand jardin où pousseraient les fleurs qui me feront du bien.
Plus rien ne fut pareil, je scrutais les petites annonces, prête à m’expatrier à des kilomètres pour goûter enfin aux joies de la campagne. Rien ne me faisait plus peur que de rester ici, il en allait de ma survie.
Bientôt la chance me sourit, je dénichais une fermette correspondant en tous points à mes souhaits et, cerise sur le gâteau, une petite rivière serpentait dans le champ d’à côté. Le prix raisonnable rentrait dans mon budget et je m’empressais de faire une proposition d’achat qui fut acceptée et fit de moi une jeune propriétaire heureuse.
Et pourtant, si j’avais su…
Je m’installais mi-août dans la maison de mes rêves, mes amis venus nombreux en curieux s’extasiaient devant ce petit paradis de verdure où ils s’imaginaient déjà les week-ends préparant le barbecue, loin de la ville. C’est avec plaisir que je partagerais un peu de mon bonheur avec eux quand ils le désireront, ils seront toujours les bienvenus, maison ouverte, c’est comme cela que je la veux, charmante et habitée.
Très occupée les premiers jours au déballage des cartons, j’installais avec joie toutes les petites choses qui feront de ce lieu un nid douillet et de ma vie un Eden, après l’enfer vécu à la ville.
C’était l’été indien, septembre et octobre furent merveilleux de lumière et douceur. Dès que j’avais un moment je m’installais sur ma chaise longue à l’ombre du grand chêne, un bon livre à la main, férue de littérature je m’adonnais à ce loisir avec brio, parfois la somnolence me prenait et je lâchais prise pour une sieste bienfaisante bercée par le murmure de la rivière.
Un matin, en ouvrant grand les volets comme tous les jours, c’est un paysage gris et brumeux qui m’accueillit. Première fois depuis mon installation que le soleil se cache, c’est un peu normal nous sommes fin octobre, bientôt la Toussaint. Pas grave, je m’occuperai à la maison sans problème, j’ai de quoi faire.
Une heure plus tard j’assiste à un déluge, la pluie abondante ne cesse pas, les cours d’eau gonflent, ça ruisselle de partout, finalement c’est bon pour la nature un peu d’eau, je m’en retourne à mes activités.
Subitement mes pieds clapotent dans l’eau, fort est de constater qu’il y a une fuite quelque part, sans doute ma machine à laver qui fait des siennes, ce n’est pas la première fois, il va vraiment falloir que je songe à la changer. Je me dirige dans la salle de bain pour parer au plus vite à l’événement. Rien de rien, il ne se passe rien du côté de la machine qui ne tourne même pas, j’avais oublié que je n’avais mis en train aucune lessive, mais alors, d’où vient cette eau ?
Inquiète je m’achemine vers la porte d’entrée et je constate que de l’eau s’infiltre par cette porte, la baie vitrée du salon, la porte-fenêtre de la cuisine, toutes laissent passer de l’eau qui vient de l’extérieur, catastrophe, que se passe-t-il ? J’allume vite la radio et justement un flash info annonce des inondations conséquentes dans ma région justement, il est demandé aux résidents de monter dans les étages pour s’abriter.
Ma maison de plein pied est géniale sauf si une crue se déclare, la petite rivière qui me ravissait tant vient tout à coup de déborder, elle inonde mon jardin et le niveau montant irrémédiablement ma maison se retrouve sous l’eau. Je suis atterrée, que faire ? Je me rends bien compte qu’il n’y a justement aucune manière d’endiguer l’eau, sauver ce qui peut l’être encore et partir dans les hauteurs du village alentour, voilà ce qu’il me reste comme solution.
Mon rêve soudain revêt une triste réalité. Je comprends d’un coup pourquoi le prix de ce bien était si faible, une maison dans une zone inondable, le propriétaire s’était bien gardé de m’en tenir informée.
Toutes mes économies parties sous l’eau et la boue charriée par les chemins, je me retrouve à la rue, je pleure amèrement et me surprends même à regretter un instant mon petit appartement du deuxième, qui, lui, n’aurait pas pris l’eau…
De Marie Deblire, « Chatouiller les mots », proposé par François T (hors proposition d’écriture)
J’aime à chatouiller
les mots du bout des doigts.
J’aime à réveiller
la plume qui est en moi.
J’aime à éprouver
les pages en sentiments.
J’aime à consoler
les mots de but en blanc.
J’aime à questionner
les vers à brûle-pourpoint.
J’aime à vous tabler
les matières avec grand soin.
J’aime à relier
les idées de lettres en lettres.
J’aime à imprimer
les feuilles de découvertes.
J’aime à recouvrir
mon âme à juste titre.
J’aime à réinventer
les rêves d’une simple craie.
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