Je ne peux qu’être d’accord avec les propos tenus par les participants à la proposition d’écriture N° 207 du blog LA PLUME DE LAURENCE.
Dans mon coin de campagne, les chasseurs sont agressifs et tirent 10 fois pour ne tuer qu’un pauvre lièvre. De plus, en me promenant après, que voit-on sur le sol? Les cartouches tirées que personne ne ramasse bien sûr..cela va sans dire qu’elles rouillent à l’air libre, polluant la nature.
Ah, qu’ils se sentent forts ces chasseurs avec leurs fusils, ils nous le font bien sentir quand on les croise. Ils sont persuadés que les bois leur appartiennent. Et nous, pauvres randonneurs du dimanche, on doit aller ailleurs, parce que ces messieurs (en effet, il y a peu de dames), chassent et tirent tous azimuts!
Voici vos textes. Je vous en souhate une belle lecture.
De Jean-Michel
Un beau jour, de façon inopinée, se trouvèrent face à face, un chasseur et un amoureux éperdu de dame nature, qui ne supportait pas que certains animaux puissent être sacrifiés sur l’autel de la gastronomie. Depuis longtemps qu’il cherchait, il venait enfin de trouver chasseur à son pied. Le dialogue alors s’engagea :
Le campagnard :
- Mais que vous ont fait ces pauvres bêtes pour que vous leur tiriez dessus ?
Le chasseur :
- Elles créent des nuisances par les cultures qu’elles ravagent. Entre les chevreuils et les sangliers, si on n’agit pas, il ne restera bientôt rien.
- Mais elles font partie de notre environnement et continuent à son équilibre. Ce sont, pour certaines, des espèces protégées.
- De tout temps la chasse a existé et personne ne s’en est plaint. D’ailleurs, la nature en a pris son parti, puisqu’elle continue de se développer normalement.
- Oui, mais à force, un beau jour vous allez péter les plombs et pour une balle perdue, c’est un promeneur qui va en faire les frais.
- La chasse est encadrée sévèrement et ce n’est pas parce que vous nous regardez en chien de fusil, que vous nous empêcherez de faire notre travail.
La discussion aurait pu se prolonger longtemps mais le chasseur préféra prendre la poudre d’escampette, plutôt que d’essuyer une volée de bois vert de la part d’un écologiste en mal de protestation.
De Sylvie (proposition N° 205)
Laurence n’a peur de rien ! Comment voulez-vous écrire une histoire avec ces mots qui partent tous azimuts !!! Laurence aime les défis mais nous aussi. Je ne doute pas que Jean-Michel, Françoise, Jacques, Brigitte, Abdelmjid, Marie-Josée et tous ceux que je n’ai pas cités vont se montrer à la hauteur. Ces auteurs sont tous d’une redoutable efficacité.
Je pars pour un voyage fantasmagorique à travers les mots et la langue française.
Un voyage, ça se prépare à minima. Je ne sais pas où je vais, mais je sais d’où je pars. Comment ? Avec mes chaussures de randonnée et mon sac à dos. J’adore ce sac, il est léger, bleu comme le ciel. Je vais y mettre ces mots, listés par Laurence, et dans les poches latérales, crayons, carnet, lunettes, les essentiels… En route pour l’Aventure !
La fraîcheur matinale est agréable. Je quitte la route pour un chemin qui longe une prairie, quelques moutons paissent tranquillement. Les oiseaux accueillent le jour qui se lève, j’écoute leurs vocalises. Ils s’en donnent à cœur joie, c’est le temps des amours. Je reconnais le jacassement de la pie bavarde. Certains la voient comme un nuisible, moi je regarde cette petite curieuse qui entame sa parade nuptiale. Je me demande bien comment s’appelait le couturier qui s’en est inspiré pour créer un habit de soirée avec ses basques fendues. Le mâle offre de la nourriture à sa belle. Ils sont beaux les amoureux. Le sourire aux lèvres, je poursuis mon périple.
Au détour du chemin, j’ai le souffle coupé par la beauté du panorama. Une forêt immense s’étend à mes pieds. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté, je ne sais même plus dans quel siècle nous vivons.
Nous pourrions être dans un conte de Charles Perrault. Le petit Poucet est-il perdu dans la forêt ? Y a-t-il un redoutable et titanesque ogre caché derrière un arbre ? Est-il affamé ?
Ou nous pourrions être un siècle ou deux plus tôt, ces grands arbres doivent être là depuis si longtemps. Cette forêt dissimule-t-elle un château ? Je ne serais pas surprise de croiser un prince allant rejoindre sa belle, des chasseurs et leur meute de chien ou même des cavaliers à la poursuite de brigands. Soyons prudents, cette forêt camoufle probablement quelques pièges et chausse-trappes.
Ainsi, prudemment, je m’aventure dans le sous-bois où le soleil joue sa mélodie sur les feuilles et vient se glisser entre les branches pour déposer ses éclats de lumière. Je respire les parfums qui montent du sol, l’odeur de la terre. Je suis seule au milieu de ces arbres plusieurs fois centenaires mais je ressens la vie. Tout est vivant ici. La sève nourrit les arbres, les insectes butinent et virevoltent, l’humus abrite le grouillement des collemboles et autres gastéropodes. Sur ce tapis de feuilles, mon pas fait un bruit de papier froissé. Comme les battements de mon cœur, mes pas donnent le rythme. Mon esprit s’évade et je repense à mon sac à dos chargés des mots de Laurence. Déjà deux heures que je marche et je n’ai pas résolu cette énigme. Comment raconter une histoire avec ces mots que rien ne relie ?
Et si je jouais au « château des mots » à partir du mot forêt ! Voyons voir…
Forêt
Furet
Buret
Béret
Benêt
Genêt
Gênée
Génie
Pas si mal, non ? Je suis certaine que l’humoriste Raymond Devos, amoureux des mots, aurait écrit un magnifique texte avec les mots de Laurence et nous aurait tiré des larmes de rire. Mais je ne suis pas Raymond Devos, je suis juste un petit artisan dominotier, amoureux des arbres et qui tente de faire rentrer la forêt dans votre salon.
Je débouche enfin dans une clairière inondée par le soleil couchant, je suis éblouie par ce feu d’artifice de couleurs. La beauté du Monde reste une énigme pour moi. Elle vous prend en plein cœur et vous enveloppe de joie.
Quelle belle journée ! Merci Laurence pour ce voyage.
De Louisiane
Parigo tête de veau
Les vacances de la Toussaint commençaient. J’avais dix ans. J’étais chez mes grands-parents en Normandie dans leur maison de vacances comme d’habitude. La saison de la chasse était commencée chez les paysans du hameau et des environs. Avec Grand-Père, la saison de la chasse aux champignons était ouverte depuis la fin de l’été. Il m’apprenait à ramasser les bons des mauvais pour ses fameuses omelettes. Grand-Mère trouvait que c’était dangereux d’y aller le dimanche, on avait toute la semaine pour en trouver.
Grand-Père avait encore une fois visité toutes les fermes pour leur dire qu’on n‘était plus au Moyen Age et qu’ils pouvaient manger autre chose que des lapins, des sangliers, des grives et des faisans, que le dimanche il n’était pas utile que tous les fusils soient de sortie avec les chiens pour ramener le gibier à poils et à plumes du Mont Jolibois. Et se faire accompagner de leurs enfants en âge pour faire des battues n’était pas un exemple à leur donner. Adultes, ils perpétueraient ce que leur père le leur aurait appris.
Après avoir été chassé par les injures des paysans du hameau et des environs, qui se fichaient bien de ses discours de ce « parigo tête de veau », Grand-Père me dit « Ne t’inquiète pas, restons polis et dimanche on donnera de la voix ! ». Grand-Mère n’était pas pour notre sortie dominicale.
Le dimanche venu, il m’a réveillée tôt, il faisait encore nuit, j’ai pris un petit déjeuner sans faim, me suis habillée chaudement et ai chaussé mes bottes. Nous avons pris chacun un panier à fond plat qu’il nous faudrait remplir complètement. En chemin nous avons parlé de champignons. Arrivés aux alentours du Mont Jolibois, nous avons entendu quelques détonations et c’est à ce moment que nous avons commencé de chanter, de parler fort, de rire encore plus fort et de siffler. J’avais un peu peur car les coups de fusil se rapprochaient. Grand-Mère avait peut-être raison, était-ce utile d’aller provoquer ces gens sur leurs terres depuis des centaines d’années. Cela ne nous regardait pas et c’était dangereux. Une balle, soi-disant perdue, pouvait nous atteindre. « Ma bonne amie, ne vous en faites pas, ils n’oseraient pas tirer sur nous ! ». Sa bonne amie hochait la tête et respirait à notre retour.
Cette année-là, à Noël, lorsque nous sommes arrivés, un sanglier mort le ventre mangé par d’autres bêtes gisait sur le pas de notre porte. Avec les douilles de fusil, il était écrit Joyeux Noël. J’ai eu très peur de tout ce sang et de cette scène.
Il n’y eut pas de sapin et je n’ouvris qu’un seul cadeau. Je n’ai rien réclamé. Mais j’ai eu encore plus peur car mes grands-parents ne se sont pas parlé durant tout le séjour. Allaient-ils divorcer à cause de la chasse qu’ils avaient en horreur ?
De Catherine M
POURQUOI ?
—Tu ne dors pas mon fils ? Il est tard pourtant ….
C’est difficile de s’endormir aujourd’hui. Je repense à tes amis, ce soir, à table. Je réentends vos conversations et j’ai peur.
Peur ?
Oui j’ai peur pour Laska.
Mais pourquoi aurais-tu peu pour notre gentille chienne ?
Bah justement parce qu’elle est gentille
Je ne comprends plus, il faut que tu m’expliques
Le chevreuil dont vous parliez, il était gentil aussi
Oui bien sûr
Mais vous l’avez tué. Il était beau, comme Laska ?
Oui, il était magnifique
Mais vous l’avez tué. Il avait fait une bêtise ?
Mais non, qu’est-ce que tu vas chercher ?
Mais vous l’avez tué. Il n’a pas essayé de vous attaquer ?
Alors là non, il avait plutôt peur de nous.
Mais vous l’avez tué. Il avait des parents, comme Laska a des maîtres ?
Je pense, oui. Il ne vivrait pas tout seul dans cette forêt
Mais vous l’avez tué. Il faisait trop de bruit, il criait comme parfois Laska aboie ?
Pas du tout, il était là, tout tranquille. Il cherchait sûrement quelque chose à grignoter.
Mais vous l’avez tué. Papa …
Oui mon fils, qu’y a-t-il encore ?
Est-ce qu’un jour, toi et tes amis vous allez tuer Laska ?
Mais bien sûr que non. Quelle idée ! Pourquoi on ferait ça ?
Et pourquoi vous avez tué le chevreuil ?
Bah ….
Et pourquoi vous avez tué les lapins ? Eux aussi ils étaient beaux, gentils, ils avaient une famille, ils ne faisaient ni bêtise, ni bruit …
Bon ça suffit maintenant. Tu es bien content de trouver de la viande dans ton assiette, alors il faut bien chasser pour te nourrir, toi et tes frères.
Papa, jamais on ne mange la viande que tu ramènes. Maman ne veut jamais la préparer et nous la servir. Tu finis toujours par la donner à tes amis.
Ce n’est quand même pas de ma faute si vous refuser les bonnes choses !
Papa ?
Non, je ne répondrai plus à tes questions ? Tu es insolent, pars dans ta chambre, je ne veux plus t’entendre.
Papa, dimanche prochain, est-ce qu’on pourrait aller en forêt, cueillir des champignons, chercher des mûres ou des marrons ? On irait en vélo tous les deux ou avec maman. On se raconterait des histoires, on rigolerait bien. On n’entendrait pas les coups de fusil ……”
Papa ne dit plus rien. Il a les yeux brillants. Il sait bien au fond que son fils a raison mais quoi, la chasse il y va depuis qu’il est enfant et à quoi ça sert de se poser toutes ces questions auxquelles il ne trouve pas de réponse. Mais son fils est triste, il le voit bien. Alors promis, dimanche prochain et peut-être les suivants, son fusil restera bien en place dans l’armoire et son fils retrouvera le sourire.
De Saxof
DISCUSSION A VIDE
Pauline a toujours eu une aversion profonde pour les chasseurs. Elle les déteste et ne se gêne pas pour leur dire.
Elle habite en pleine campagne avec Julien son mari, Loïs son fils de huit ans et ses animaux. Un paradis entouré de champs et de bois de toute part.
Dès qu’elle entend les coups de fusils, elle sort pour hurler sur eux en les pressant de quitter ses terres.
Elle a mis de nombreuses pancartes sur son territoire, leur interdisant l’accès. Quand ils s’approchent, elle sort le sien et tire en l’air pour se réjouir de les voir détaler comme des lapins. Ils la nomment Calamity Jane !
Ce matin, 11h30, la cloche a retenti, elle retire ses mains de l’eau de vaisselle savonneuse et sort pour se trouver nez à nez avec ses ennemis.
– Bonsoir madame.
Devant leur attitude polie qui la fait sourire, elle accepte de les écouter.
– Bonsoir, je veux bien vous écouter mais ma décision ne changera pas !
Voilà elle a posé ses pions d’emblée.
– Nous voulons juste vous expliquer que nous ne sommes pas des chasseurs tueurs à tout va, mais des chasseurs rabatteurs surtout pour les sangliers qui font des ravages dans les champs et les jardins.
Elle les regarde ironiquement et les incite à continuer.
– Nous ne tirons que certains oiseaux qui prolifèrent trop vite mais souvent nous rentrons bredouilles volontairement et en sommes heureux.
– J’en doute, dit-elle, mais si vous le dites !!!!
– Nous aimerions traverser vos bois et espérons recevoir votre accord écrit.
– Déjà je ne vous donne pas mon accord verbal, alors écrit, vous pouvez toujours attendre !! J’ai un fils qui aime se balader partout sur nos terres, et je ne voudrais pas le retrouver blessé. De plus j’aime trop les animaux pour vous permettre de les tuer. Mais j’y pense, dites-moi, est-ce que l’on tue les enfants des familles nombreuses ? y a-t-il un quota pour les naissances humaines ?
Elle scrute tour à tour ses deux individus en plantant ses yeux dans les leurs.
– ….?
– Vous ne répondez pas !!!
– Madame, à part les humains, les bébés animaux font partie de notre vie.
– Vous êtes sur un terrain glissant, dit-elle en riant à gorge déployée, je suis vegan…… ah ah.
A son rire elle ajoute :
– Je crois que je n’ai plus rien à vous dire, à part que je ne vous donne pas le droit d’arpenter mes terres. Bonne journée messieurs, dit-elle en rentrant dans la maison en claquant la porte.
Bye bye les meurtriers, pense-t ‘elle en ricanant.
De Claude
CHEMIN FAISAN
Cela se passe par un beau matin de septembre.
Je lis mon canard au bord de l’eau, mon fusil à mes côtés, quand une détonation troue le silence et qu’au loin, je vois une fine aigrette (cela ne manque pas de sel !) s’abîmer dans le lac. Je me retourne aussitôt et aperçois le tireur que j’interpelle vivement en ces termes : « Ces beaux oiseaux, pourquoi faut-il que vous les chassiez ? Les grues, je comprendrais …encore que, cela dépend desquelles. Et si c’était pour les manger encore ! … Mais non ! Vous ne pensez pas que vous en avez trop fait ?
Depuis ce jour-là, j’ai décidé de ranger mon fusil et d’abandonner la chasse. Il faut dire que je n’ai jamais été un grand chasseur. La vue et même le goût du sang m’insupporte (sang pour sang vrai). Pardon Saint Hubert (Uber ?), mais y-a-t-il là vraiment de quoi être transporté ?
Pour vous donner un exemple, le simple spectacle d’une corrida, que seuls ceux qui aiment les aromates adorent, m’attriste. C’est comme un film de cape et d’épée qui se termine invariablement par un massacre déguisé en fête (on rit, olé !), tandis qu’un taureau gît dans son sang. Comme disait Malraux : « C’est le mélange d’un spectacle de cirque et d’une communion de sang. ».
Puisque certains assimilent la tauromachie à un sport, je pourrais aussi dire, pour faire court, qu’un Roland-Garros sans Fabrice, c’est comme une arène sans taureau.
Je suis également contre la chasse aux papillons, sauf ceux qu’on peut trouver sur les parebrises des voitures et qu’on repère à leur parfum d’amande (ou de prune). Mais pour la chasse aux pervenches ou même aux aubergines ! Et j’apprécie moyennement les chasseurs d’images lorsque ce sont des paparazzis. Je ne me gênerais pas non plus pour recadrer les chasseurs de têtes. Par bonheur, les chasseurs d’autographes ne s’intéressent, eux, qu’aux personnalités appartenant à la race des signeurs,
Quant aux chasseurs de champignons, ils prennent des risques insensés car tous les champignons sont comestibles, mais certains une fois seulement. Tout en sachant, comme disait Coluche, que « le plus vénéneux des champignons, c’est celui qu’on trouve dans les voitures ».
En revanche, je n’ai aucun scrupule à chasser les moustiques, même si je sais qu’ils sont gavés de mon propre sang.
Je m’adonne aussi à la chasse aux faucons, mais moins aux faux qu’aux vrais. Je n’hésite pas à présent, à dire aux chasseurs : « Arrêtez fauconnerie ! »
Ce qui m’étonnera toujours, c’est que les gens auxquels on propose une chasse accourent. Je n’y vois rien d’anormal lorsqu’il s’agit de survivre dans un milieu hostile. Mais maintenant, et c’est heureux, le chasseur alpin, le vin… et le Boursin.
Alors, organiser des battues au son du cor, avec rabatteurs, meutes de chiens et chevaux richement harnachés pour écumer les sites à daims, ça cerf à quoi ?
Cette boucherie inutile (sauf pour réguler les populations d’animaux) qui n’est heureusement pas une tuerie, doit cesser. Ou faut-il boire la coupe jusqu’hallali ?
Il y a là de quoi s’interroger : qu’est-ce que la vie d’un cerf vaut ? Par ailleurs, ne faut-il pas être vraiment cloche pour tuer les lapins de Pâques ?
Que les nemrods et les Dianes chasseresses s’abstiennent et répètent à l’envi ce virelangue battu et rebattu : « Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien » ! Et j’ajoute : Et sans son fusil !
La chasse à l’homme non plus, ce n’est pas ma tasse de thé. En revanche, pour ce qui est de la femme je suis partisan de la chasse… gardée. Car c’est plutôt une chasse au trésor !
De Lisa
Inspiré de la chanson de « le chasseur » de Michel Delpech
1-Il est cinq du matin, dans le village, le lac est couvert de brume
Un chasseur avec son fusil, tire, sur un oiseau par habitude
Les chiens contents de leur « boulot » courent pour la récompense
Tout à coup, au-dessus du lac, une oie part vers l’horizon
Elle va ailleurs, par peur de perdre la vie
Un groupe de riverains vont le voir pour faire la moral
Car le silence est fier des chants des animaux de passage
2-Avec son fusil comme compagnon, il ne sait plus le discours à introduire
Il est le coupable idéal mais la passion est comme une drogue à en plus finir
Et les copains une deuxième famille pour ce chasseur « le tireur »
De Lisa (proposition d’écriture N° 77)
Hommage à l’instituteur de mon père
A table, il parlait rarement mais grâce ou à cause de la maladie d’Alzheimer, mon père me racontait sa période d’école où il était dernier de la classe. Il faisait le clown, discutait de tout et de rien avec ses copains. Il était né durant la guerre 39-45, et la présence d’un paternel ne figurait pas dans sa jeunesse à cause d’un travail de mineur, qui l’a fait mourir à peine retraité.
Revenons à ce héros, mon papa, qui m’expliquait que son maître, expliquait un cours d’histoire géographie, comme si notre époque était en 1789, en exemple.
Tiens ! Prenons cette période de la Révolution française que je raconte dans mes textes.
L’instituteur expliquait le décor, l’ambiance, les costumes, la nourriture, le travail etc…
Puis, il nous prenait un héros, avec un prénom, pour avoir l’impression, qui nous racontait Les Misérables de Victor Hugo, version, l’époque de Louis XVI.
On était tellement embarqués dans son histoire, que la leçon était vite apprise. Même, le cancre, mon père (avec un total respect), pouvait réinventer, une autre histoire en se basant, sur la vie du côté paysan comme bourgeois.
Mon père se souvient encore de ce professeur d’école avec les larmes aux yeux, comme si la maladie le ramenait à cette époque d’après-guerre.
Je n’ai jamais autant eu de conversations durant sa maladie. Je remercie mon papa, qui n’a pas pu donner de l’amour à son enfant, car sa génération ne connaissait pas la présence parentale, car la guerre a détruit l’enfance.
De Zouhair (proposition d’écriture N° 206)
Il s’appelait Max.
C’était le personnage le plus libre que je connaisse.
Hier encore, il faisait du Kitesurf en Colombie. Aujourd’hui il se trouve dans une station de ski du Valais suisse pour demander à être serveur dans un restaurant chic d’altitude ! Même pas de Jet-lag ni de dépaysement.
Ah, j’oubliai. Pour aller en Colombie, il était parti de Jamaïque sur un vieux rafiot craquant de la coque au vent (pardon pour le plagiat) qui prenait l’eau de partout. Ils avaient tenté l’aventure avec une bande de copains, alors que le propriétaire du voilier leur avait vivement déconseillé de le faire. Ils n’arrêtèrent pas d’écluser l’eau qui leur arrivait jusqu’aux genoux, nuit et jour en se relayant.
Entre autres aventures, ils n’oublièrent surtout pas la nuit où un bateau à moteur s’approcha d’eux tous feux éteints et dont un membre de l’équipage les interpella en espagnol « Costumbres maritimas, identificate » !
En réalité (Max l’avait compris tout de suite), ce n’était pas la douane colombienne mais des trafiquants de drogue qui cherchaient à dépouiller un concurrent ou à faire des otages en échange d’une éventuelle rançon.
Max ne s’était pas démonté et leur avait répliqué : « No hay nada que aprender, solo somos estudiantes pobres », autrement dit « Il n’y a rien à tirer de nous, nous ne sommes que de pauvres étudiants en errance ».
Il y eut aussi ce requin qui les suivit pendant de longues minutes, espérant peut-être qu’ils allaient couler et qu’il se ferait un festin de ces jeunes Français inconscients. Il aurait même rameuté quelques copains pour la ripaille.
Max s’en était encore sorti cette fois-ci, mais en arrivant à Ciénaga, il avait envie d’être seul.
Il marcha alors le long de cette crête qui reliait Ciénaga à Barranquilla.
Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il marchait sur le tranchant de la dernière page du livre qui décrivait ses exploits.
Le lecteur tourna la page et Max se retrouva coincé entre l’épilogue et la quatrième de couverture.
De Catherine G (proposition d’écriture N° 205)
Un nouveau jeu
Bonjour à tous et bienvenus sur le plateau de notre nouveau jeu : « Le château des mots ! » Le jeu qui se joue entre gens férus des mots ! Un jeu qui se veut intelligent, instructif et qui donne beaucoup de plaisir aux amoureux de la langue !
APPLAUDISSEMENTS
C’est la troisième émission aujourd’hui et nous accueillons notre challenger au trône du « Château des mots ». Bonjour Patrice !
APPLAUDISSEMENTS
Bonjour Gonzague !
D’où venez-vous, Patrice, et que faites-vous dans la vie ?
Je viens de Poissy et je suis humoriste…
APPLAUDISSEMENTS
Bienvenue à vous ! Et ne manquez pas de nous faire profiter, à bon escient, de vos talents professionnels, car sur ce plateau, le rire peut être un invité de marque.
APPLAUDISSEMENTS
Face à vous, Patrice, notre tenant du titre depuis la genèse de notre jeu, j’ai nommé le titanesque Gerfaut, dont le métier est une véritable énigme en ce « Château des mots » !
APPLAUDISSEMENTS
Rappelez-nous ce que vous faites dans la vie Gerfaut ?
Bonjour Gonzague. Je suis dominotier !
APPLAUDISSEMENTS
N’en dites pas plus, mon cher ami, car ce mot bizarre sera l’objet de notre question téléspectateurs du jour. Si vous êtes un fidèle depuis le début, vous n’aurez aucun mal à répondre à cette question : que signifie dominateur ? Réponse 1 : fabricant de dominos.
Réponse 2 : fabricant de papiers peints. Pour jouer faites le 003637 par sms en utilisant le mot de passe que voici : basque.
APPLAUDISSEMENTS
Et maintenant, place au jeu. Je vous rappelle, Patrice et Gerfaut, que vous devez répondre à tour de rôle aux trois premières questions. Une erreur soumet le candidat au « Chausse-trappe ». S’il s’en sort vainqueur, cela annule son erreur initial et il continue le jeu avec trois nouvelles questions. S’il perd, il passe à la trappe et sera remplacé par un autre candidat. Après trois séries de questions réussies, le vainqueur affrontera le professeur « Tous Azimuts », avec trois questions de son cru, préparées pour piéger notre vaillant professeur qui sait se montrer redoutable. Bonjour « Professeur Tous Azimuts », êtes-vous prêts pour cette séance de tirs au but verbaux ?
APPLAUDISSEMENTS
Bien sûr cher Gonzague, comme vous me voyez là, je suis affûté comme jamais et celui qui me fera tomber n’est pas encore né !
En tous cas, rappelons que celui qui vous ferait chuter déclencherait un feu d’artifice et gagnerait le grand tour du monde tous frais payés des bibliothèques mythiques de notre planète ! Alors, messieurs, prêts pour les défis de ce jour ? C’est parti avec le challenger qui a la main. Bonne chance à vous deux et que le meilleur gagne !
De Catherine S
Monsieur le Maire regarda en soupirant le calendrier qui trônait sur son bureau :
8 septembre 2024 : ouverture de la chasse, autant dire des hostilités !
Dans sa petite commune périgourdine réputée calme (du moins en temps normal), c’était chaque année la même chose. Une dure journée l’attendait, il faudrait faire preuve de patience, de diplomatie, calmer le jeu et surtout canaliser les deux têtes dures qui s’affrontaient à date fixe. Résigné, il sortit de la mairie, se ravisa, fit demi-tour et réapparut quelques minutes plus tard, son écharpe tricolore bien calée sur son thorax. Mieux valait hisser les couleurs !
Comme il s’y attendait les deux protagonistes étaient déjà sur les lieux, à la sortie du village, à l’orée de la forêt. D’un côté, Pierre, en tenue de camouflage, le fusil posé sur l’épaule, la cartouchière autour de la taille et la gibecière à la main, son chien sur les talons, à la tête d’un petit groupe de chasseurs excités et bruyants. De l’autre Martha, septuagénaire pétillante, rondouillarde, chaussures de marche et panier d’osier au bras pour la cueillette des premiers champignons, entourée de ses copines du club de scrabble.
Pierre, goguenard, prit la parole :
—Toujours fidèle au poste, à ce que je vois…. C’est un peu tôt pour les cèpes, non ? Il n’y a pas eu assez de pluie, vous allez rentrer bredouille Martha ! Et puis ce n’est pas très prudent d’exposer ainsi vos amies le jour d’ouverture de la chasse !
—Ne t’inquiète pas pour nous, on est des grandes filles et contrairement à ton groupe de braconniers, on respecte la nature, nous !
Martha avait ce pouvoir de le piquer au vif, de le faire monter dans les tours. Elle l’avait connu enfant, sur les bancs de l’école et le traitait toujours comme tel.
—Il n’y a aucun braconnier ici, nous avons tous notre permis de chasse en bonne et due forme, Monsieur le Maire peut vérifier. On est en règle, on respecte la forêt autant que vous, en adulte responsable !!!
Monsieur le Maire s’interposa :
—Allons, allons il n’y a pas lieu de se quereller ainsi, un peu de respect et de courtoisie que diable, la forêt est suffisamment étendue pour que chacun de vous y trouve son compte !
Le terme était-il approprié ? Il en doutait et transpirait à grosses gouttes, prenant à cœur son rôle de médiateur.
—La chasse est nécessaire, elle permet d’éviter la surpopulation d’animaux sauvages, ainsi que les dégâts qu’ils occasionnent dans les champs alentours. Nous préservons ainsi l’équilibre naturel en opérant un abattage sélectif du gibier, reprit Pierre fièrement.
—Pour sûr, reprit Martha, sais-tu combien de sangliers ont saccagé les champs de maïs cette année dans notre commune ? Tu demanderas au garde forestier : un seul ! Un petit marcassin pas plus gros qu’un porcelet. Alors excuse-moi ton argument ne tient pas la route. Tu n’as pas besoin d’abattre des animaux pour te nourrir que je sache ! Pour moi la chasse est une forme cruelle de divertissement.
Agacé, Pierre répliqua :
—Vous ne pouvez pas comprendre, c’est un plaisir, une passion que l’on partage entre hommes, quelle que soit notre appartenance sociale. Suivre un animal, repérer ses traces, faire corps avec la forêt, se déplacer en souplesse en évitant de faire du bruit, pour surprendre un cerf, un sanglier, un lapin, une perdrix ou tout autre bête, et se retrouver face à face, c’est indescriptible et puis l’animal a sa chance, c’est comme un sport”.
—Sa chance ? Un sport ??? Tu réalises !? avec pour vis-à-vis un fusil chargé en point de mire. Elle est où l’égalité des chances ? Les hommes sont de grands enfants, mettez-leur une arme entre les mains et l’instinct reprend le dessus, ce besoin irrépressible de tuer, de détruire. Ça me consterne …
Les chasseurs commençaient à s’impatienter, l’échauffourée avait assez duré. Quel besoin de convaincre cette tête de mule de Martha, donneuse de leçons, une vraie perte de temps. Ils commencèrent à rassembler les chiens pour rejoindre la forêt mais une fois de plus, elle les prit de court.
—Allez les filles, on met les gilets et on y va.
Sous le regard des chasseurs médusés chacune tira de son sac à dos un magnifique gilet fluo jaune ou orangé selon, visible à des kilomètres à la ronde. A n’en pas douter, le gibier aurait tôt fait de les repérer et de se réfugier au fin fond de la forêt.
La colère montait dans les rangs, les injures fusaient.
—Ca se réglerait à la loyale si on n’avait pas des femmes en face ! Pas toutes jeunes en plus ! Une honte, se faire doubler ainsi !!! Quelle garce cette Martha !
—S’il vous plaît, messieurs, pas de vulgarité. Est-ce que je peux vous suggérer de rejoindre les chasseurs du village voisin qui, j’en suis sûr, vous accueilleront bien volontiers.
—Foutu pour foutu, c’est une bonne idée. L’année prochaine elle ne s’en tirera pas comme ça !
Au grand soulagement de Monsieur le Maire, les chasseurs levèrent rapidement le camp. Le calme était revenu sur sa petite commune. Mais il ne put s’empêcher de sourire, admiratif :
“Quand même, quelle femme cette Martha… pas du genre à s’en laisser conter ! A bien y réfléchir, l’ancienne institutrice pourrait bien rejoindre le conseil municipal, ce serait une bonne recrue et peut être que son nouveau statut la rendrait plus souple ? Hum… pas sûr !”
De Sylvie
La chasse
La brume du matin laisse passer la lumière automnale. Les rayons du soleil se reflètent sur le feuillage des arbres, c’est une explosion de couleurs. Les couleurs chaudes de l’automne qui présagent les feux de cheminée de l’hiver à venir. Un tapis de feuilles mortes commence à se déposer sur le sol. Je frissonne dans la fraîcheur, je resserre le col de mon blouson et enfonce mes mains dans les poches. J’aime ces instants que je m’offre au petit matin quand la maisonnée est encore endormie.
Pan ! Pan !
J’avais oublié que l’ouverture de la chasse, c’est aujourd’hui. Je dois rester prudente, chaque année connaît son accident de chasse. J’entends des chiens qui aboient. Ils se rapprochent. Leurs jappements sont de plus en plus distincts. Ma promenade n’a plus la même saveur. Trois chasseurs se dirigent dans ma direction, précédés par quatre chiens en liberté. J’ai toujours une appréhension devant un chien que je ne connais pas. Ils ont l’air un peu ridicules dans leur vêtements de camouflage sur lesquels ils ont enfilé un blouson orange vif. C’est sûr, ils ne peuvent pas passer inaperçus. Ils portent leur fusil cassé sur l’épaule. Je me sens un peu plus rassurée.
En général, je suis heureuse de croiser les promeneurs ou sportifs matinaux. On se salue et chacun poursuit son chemin. Avec les chasseurs, je ne sais jamais comment cela va se passer. Parfois, nous nous lançons un bonjour et chacun reprend sa déambulation. Mais parfois, je me fais apostropher, comme si je n’avais pas le droit de me promener et que la forêt leur appartenait pendant toute la période de la chasse.
Un chien tout ébouriffé est arrivé par derrière et semble me faire la fête. Il court et saute autour de moi. Il a quelque chose d’attendrissant et instinctivement je tends la main pour le caresser.
Un sifflement déchire l’espace.
« Hani ! Viens ici ! »
Un des chasseurs s’approche.
« Je suis désolé, j’espère qu’il ne vous a pas fait peur.
—Non, ne vous inquiétez pas. J’avoue que je ne suis pas très franche avec les chiens en général mais Hani semble un chien peu agressif.
—En effet, Hani signifie heureux, content en arabe. Et ce nom lui va très bien. »
Un peu à l’écart, un deuxième homme un peu plus âgé et un jeune garçon surveillent les trois autres chiens couchés à leurs pieds. Le garçonnet tient la main de l’homme plus âgé et semble très intéressé par les paroles du deuxième homme.
—Vous vous promenez souvent en forêt les jours de chasse ? Ce n’est pas très prudent. Vous ne portez même pas une veste fluo.
—J’avoue que j’avais oublié que c’était l’ouverture aujourd’hui. Je serai plus prudente la prochaine fois. De toute façon, il n’y a pas de panneaux indiquant que la zone est réservée aux chasseurs, C’est à vous de faire attention avant de tirer, non ? répondit-elle, un peu sur la défensive.
—En effet, cette partie de la forêt reste ouverte à tous, toute l’année. Moi, c’est Axel.
—Diane, se présenta-t-elle en lui tendant la main sans enthousiasme.
—Diane, déesse de la chasse, interrogea-t-il avec un sourire charmeur.
—Sûrement pas ! Je déteste la chasse ! Cette idée de tuer pour le plaisir me fait horreur ! s’exclama-t-elle avec une grimace de dégoût.
Hani choisit juste ce moment pour revenir avec un bâton et le déposer à ses pieds comme pour lui proposer de jouer avec lui. Diane se pencha pour caresser le chien et prit le bâton pour lui lancer.
—Comment pouvez-vous entraîner un chien si gentil à chasser des animaux inoffensifs en liberté ? Et avec un enfant en plus !
—Oh ! Une animaliste qui porte le doux nom de Diane, qui l’eut cru. J’imagine que vous n’avez jamais participé à une journée de chasse mais que vous pensez tout savoir sur le sujet, répondit Axel sans se départir de son sourire.
Il a un sourire ensorcelant, pensa Diane.
—C’est une invitation, lança-t-elle du tac au tac.
—Et pourquoi pas. Venez, je vais vous présenter mon fils et mon père. Pour nous, la chasse est un temps de partage entre nous. Nous sommes heureux de nous retrouver et nous avons de longues discussions et souvent de belles parties de fous rires. Papa, voici Diane qui va nous accompagner un peu. C’est Hani qui est allé la chercher pour jouer avec lui.
Il accompagna ses paroles d’un clin d’œil à Diane qui se sentit un peu rougir.
—Ravie de vous rencontrer Monsieur.
—Appelez-moi Paul. Et voici, Lucien. Alors, vous aimez la chasse ? Vous avez plus l’air d’une promeneuse.
—Pour tout vous dire, je n’aime que la chasse aux champignons, rétorqua Diane en baissant les yeux pour ne pas paraître trop effrontée.
—Nous sommes chasseurs de père en fils, c’est une tradition familiale, intervint Axel.
—Tout à fait. Et puis, il faut bien réguler la nature et se protéger des nuisibles. Vous n’êtes pas d’accord ? Êtes-vous déjà tombée nez à nez avec un sanglier lors de vos promenades ? Vous habitez près d’ici je suppose. Vous avez un jardin, peut-être quelques poules. Et quand le renard vient tuer vos poules, vous en pensez quoi ? ajouta Paul.
—Vous n’êtes pas armés pour tuer un sanglier il me semble. Votre plaisir c’est de charger votre fusil et de tirer sur le lapin ou le lièvre effrayé qui sort du fourré. Et s’il est blessé, vous le regardez agoniser en vous félicitant d’une claque dans le dos pour ce tir réussi. Je ne peux pas comprendre que l’on puisse ôter la vie à un animal qui ne vous a rien demandé, même pas mis en danger. Vous parlez de régulation, mais c’est juste une excuse derrière laquelle vous vous cachez pour justifier vos massacres. Vous me parlez de tradition et de famille, mais l’animal que vous avez tué avait lui aussi une famille. Et si des petits attendaient le retour de leur mère qui ne reviendra jamais. Vous y avez pensé quand vous avez appuyé sur la détente. En ce qui concerne les traditions, il y en a bien de plus belles à transmettre.
Diane a des larmes dans les yeux, son souffle est court. Elle se demande ce qu’elle fait là avec ces trois hommes qui ne comprennent rien à rien. Elle le sait, les chasseurs sont des hommes obtus qui ont besoin de cette violence gratuite pour affirmer leur virilité.
Après une inspiration profonde, Diane affronte à nouveau les regards fixés sur elle. Elle s’attendait à tout sauf à ça. Paul semble estomaqué. Axel a perdu son sourire charmeur et semble désarmé devant cette femme qui semble soudain si fragile. Des larmes inondent les joues de Lucien, il se lance sur Diane et la serre dans ses bras.
—Je ne veux plus qu’on tue des mamans lapins. Dis Papa, tu es d’accord, on ne tuera plus les mamans lapins, demande Lucien entre deux hoquets.
—Diane, je suis désolé, je ne pensais pas que ma proposition de nous accompagner allait se terminer ainsi. Viens dans mes bras Lucien, laisse Diane respirer.
—Vous êtes un sacré bout de femme Diane. Je crois que vous venez de mettre fin à une vieille tradition, lâche Paul avec un petit rire.
—Grand-Père, nous pourrons continuer à partir à trois le dimanche ? On prendra un appareil photo à la place du fusil ? De toute façon, je n’osais pas vous le dire mais porter ces animaux morts, je n’aimais vraiment pas ça. Moi, ce que j’aime c’est les histoires que tu me racontes Grand-père. Et puis j’aime bien monter sur les épaules de Papa quand je suis fatigué.
Diane regarde ces trois hommes unis par l’amour qu’ils ont les uns pour les autres. Elle ne s’attendait pas à ce revirement. Elle sourit à Lucien. Elle se dit que ce sont les enfants qui montreront d’autres chemins aux aînés. Pourvu qu’on les écoute, comme Paul et Axel le font aujourd’hui.
De Pierre
Lettre aux chasseurs,
Comme tous les ans la chasse est ouverte, partout dans notre beau pays de France.
Comme tous les ans, des animaux seront massacrés pour satisfaire votre divin plaisir et occuper vos weekends. Que les groupes de pression (ou lobbies) qui vous représentent soient suffisamment influents pour faire plier la puissance publique devant de tels « génocides », c’est une évidence, mais des voix s’expriment, dont la mienne.
Je vous en prie ! Stop, ne tuez pas les animaux, comme vous, ils ont droit à la vie ; ils font partie de notre écosystème et nous en avons besoin. Trouvez-vous d’autres occupations moins meurtrières pour meubler vos weekends. Qu’il y ait crainte d’une surpopulation animale, soit, mais d’autres moyens peuvent être mis en place pour la réguler plutôt que de perpétrer ces massacres collectifs œuvrés par des « cambrousards » ou des citadins parfois avinés, en quête de notoriété.
La courte histoire qui suit a été relatée dans la presse de Picardie et la télévision régionale dans les années 80 ; elle illustre bien la cruauté du passe-temps, qu’est la chasse :
L’animal, une biche aux abois était poursuivie par une meute de chasseurs enragés. Cela se passait à plus de cent kilomètres de Paris en pleine campagne picarde. La bête s’était réfugiée dans le terrain jouxtant une maison. Le propriétaire, un homme âgé, vit son domaine cerné par une douzaine d’hommes armes en joue, prêts à franchir les limites autorisées, escalader la barrière de protection dans l’unique but de tuer l’animal. Le vieil homme comprit vite la gravité de la situation. Il s’approcha des chasseurs et leur cria :
—Si vous avancez, j’appelle les gendarmes et si vous tirez, vous aurez ma mort sur votre conscience.
Les chasseurs reculèrent et quittèrent les lieux. La biche, dissimulée derrière un bosquet, put retourner dans une forêt toute proche afin de retrouver les siens….
Voilà ce que je voulais exprimer. Au-delà des intérêts économiques que la pratique de la chasse procure (ventes de fusils, cartouches, permis, produits dérivés), nous devons avant tout respecter et protéger tout ce qui vit sur cette terre. Tuer un humain ou un animal est un acte irrémédiable.
Cela dit, ne soyons pas hypocrites, se nourrir implique des formes de tueries de masse. Les animaux tuent aussi pour manger mais nous, les humains, devrions montrer la voie de l’équilibre alimentaire en interdisant l’abattage en grande masse des animaux destinés à la consommation et en développant de nouvelles formes d’alimentation.
Mesdames, Messieurs ministres de l’Agriculture, ou représentants élus au Parlement Européen, entendez ce message. Je vous invite à réfléchir et à agir sur cette question essentielle. Ce message sera transmis à la SPA et à l’association Welfarm qui œuvrent pour la protection du monde animal.
De Manuela
« Rdv au local de l’association le 15/09/2024 à 7 heures »
Un SMS a été envoyé à tous les adhérents. Les affaires reprennent après trois mois d’inactivité. Cette année, la météo est clémente avec nous : ni pluie, ni froid. Il nous faut prendre notre matériel stocké dans notre sac à dos vert fluo.
Je mets environ trente minutes pour me rendre sur place. Tout le monde est déjà arrivé… enfin cinq personnes. Les retrouvailles sont chaleureuses. On nous donne quelques nouvelles consignes, puis chacune doit se rendre à son point de départ de chasse dans la forêt de cœur joli, non loin de notre commune. Je me rends à l’ouest, vêtu de mon gilet vert fluo.
Pourquoi vert fluo, me direz-vous ? Vert est la couleur des écologistes et nous sommes une association de défense du vivant.
Sac à dos, gilet de signalisation, vêtement chaud, je suis prête. Je prends le plus grand chemin sur ma route, direction l’ouest. La forêt est sur un terrain plat. La visibilité est bonne. J’avance, j’observe, j’écoute… Rien, toujours rien à l’horizon. Les premiers jours ne sont pas les plus productifs. Il nous faut être patients. La chasse est un long travail de patience. Aucun chasseur à l’horizon. Silence, j’écoute, j’ouvre grand mes oreilles. Au loin, un froissement de feuilles. Je m’arrête, j’aperçois un homme sans gilet de signalisation qui vient dans ma direction.
—Bonjour, Madame!
—Bonjour, Monsieur ! Que faites-vous dans la forêt avec une épuisette ?
L’homme me répond en souriant.
—Ce n’est pas une épuisette mais un filet à papillon. Je suis lépidoptériste.
—Vous êtes quoi ?
—Lépidoptériste, c’est-à-dire : chasseur de lépidoptères ou de papillons, si vous préférez.
—Vous êtes donc tueur de papillons. Savez-vous que tuer les papillons et tous les autres animaux sauvages de la forêt est un acte répréhensible, répréhensible pas par la loi mais par notre conscience. Regardez bien les animaux qui souffrent et meurent sans raison aucune.
—Je vous arrête, Madame. Vous ne connaissez rien aux insectes et encore moins aux papillons. Savez-vous si un papillon souffre ? Savez-vous ce que je lui fais après l’avoir attrapé ? Eh bien, vous n’y connaissez absolument rien !
—Ce que je sais, et de source sûre, est que certaines espèces rares sont en voie distinction.
—Ces infos vous viennent de Facebook ! Je me gausse ! En effet, dans les années 70/80, les populations de papillons de jour ont fortement chuté en France, en raison de l’intensification des pratiques agricoles et d’une urbanisation croissante.
—Ha ! Vous voyez bien ! Dans quelques années, il n’y aura plus aucun papillon sur Terre.
—Vous allez trop vite, Madame. Votre position est radicale et pessimiste. Certaines espèces comme le Monarque souffrent. Il nous faut comprendre et analyser les espèces en voie d’extinction. C’est pourquoi, je les chasse… Je les chasse pour leur préservation et pour leur conservation.
—Donc, vous les chassez, c’est exact ! Et vous les tuez pour mieux les connaître. Votre quête est lente et si vous continuez à cette allure, vous serez coupable d’un papillonicide. Arrêtez de les chasser, laissez faire la nature.
—Laissez-moi, s’il vous plait, continuer mon explication. Je vous informerais comment je chasse les papillons : avec une « arme » nommée filet, une arme très peu agressive, vous en conviendrez !
—Oui, je suis d’accord, elle n’est pas mortelle sur le coup mais le lépidoptère, pris au piège, finit quand même par mourir.
—Sûr. Il est encore temps de changer cela : freiner l’urbanisation, stopper la destruction des forêts, recréer des espaces verts dans les villes, avoir plus d’agriculture biologique ou au moins raisonnée. Il faut faire vite, je ne vous promets pas un résultat garanti, on a pris l’affaire un peu tard.
—Si je vous comprends bien, les papillons sont foutus et vous continuez à les tuer. Arrêtez, s’il vous plait votre chasse et vos tueries !
—Madame, je reprends au début. Quand j’attrape un papillon, je suis heureux. Je le mets délicatement dans un flacon adapté à sa taille, avec un soupçon d’alcool pour qu’il ne souffre pas pendant le voyage. Arrivé au laboratoire, notre animal est mis dans un autre flacon, cette fois-ci rempli d’alcool. Effectivement, il finit par mourir mais sans douleur. Il conservera toute sa beauté et ses caractéristiques. Dernière étape, je l’installe sur une planchette, avec des épingles entomologiques en faisant très attention à la présentation. Vous n’avez jamais vu de cabinet de curiosités ! un lieu magique et instructif pour tous.
—Et d’où vous vient cette passion ?
—Nous allions dès que possible, au cinéma de notre ville : des films bien différents mais surtout des films sur la nature, sur les animaux et bien-sûr sur les papillons. J’ai vu « Un papillon sur l’épaule » avec Lino Ventura, « Le Papillon » avec Michel Serrault, « La chasse aux papillons » plus ancien, « Papillon ». Mais j’ai mon préféré : « Le papillon bleu », une très belle histoire entre un enfant et une lépidoptériste. Regardez-le si vous le pouvez ! Il n’y a rien de plus beau qu’un papillon qui vole, qu’on chasse et qu’on attrape pour la science. Je vous laisse, maintenant, Madame, j’ai du travail à faire et vous aussi j’espère.
Je rentre au local, d’un pas lent. Je médite. Je ne l’ai certainement pas convaincu mais il travaille pour la conservation des espèces de papillon et semble optimiste sur leur avenir. Je suis contente de l’avoir rencontrer et en fait, c’est lui qui m’a convaincu.
De Elie
Le risque des braconnages dans les forêts classées.
La forêt classée du parc zoologique dans le département de la Penjari s’étend sur une superficie de deux mille sept cent quatre-vingt-sept kilomètres carrés. Elle est une plaine riche en bois et herbacée selon le type de nos régions tropicales.
Elle est traversée par sa rivière dont le nom est attribué au territoire du Nord-est. La forêt classée du parc abrite une magnifique population du règne animal. Cette dernière constitue une partie de la vie ambiante avec toute la diversité de la beauté du parc zoologique dont la renommée s’étant dans les coins de l’univers. Au nombre de ces animaux, je nomme les girafes, les léopards, les éléphants, les lions et les hippopotames. Pour ne citer que ceux-ci. Par les temps chauds, faisant leur loi, l’astre du jour, gravite son orbite en suivant bonnement son parcours.
C’est l’occasion propice pour ces animaux de sortir de leurs logis afin de se réchauffer les corps longtemps demeurés à la merci des rosées matinales. Deux ou trois circonstances du quotidien les obligeaient à retrouver leurs différentes pistes. Je nommerai la soif, la faim et quand ils sont en danger sous les armes de leurs prédateurs.
Un jour, Atokoue et moi avions décidé de quitter notre village à la conquête de quelques gibiers. Un seul motif faisait écho dans notre conscience. C’est celui de nous appliquer aux techniques de la chasse et de garnir les marmites de gigots de viandes le soir.
À une centaine de mètres, Atokoue, un homme chevronné de la chasse depuis vingt ans, aperçut deux belles girafes broutant les herbes grâces au bord de la rivière.
Au loin, une vingtaine de bêtes nourrissaient leurs dos glacés par les vitamines du soleil ardent. Ces dernières marchaient et broutaient les herbes grasses tout en étant attentives au moindre crépitement d’herbes sèches et les bruits des hommes tout autour d’elles. Car leurs instincts surexcités les avaient averties, à plusieurs occasions, de la méchanceté des hommes à troubler la quiétude qui était la leur.
Mon cousin et moi étions accroupis, calculant le moment pour tirer sur les gâchettes de nos armes à feu. La cible était au point. Et nous avons tiré sans rater la cible. Pendant ce temps, il a semblé que les animaux et les végétations ont connu un bouleversement complet dû à un tremblement de terre.
Les deux bêtes, à la détonation des coups de nos fusils, prirent la fuite en meuglant.
Elles étaient blessées et poussaient des cris de détresse jusqu’à s’écrouler de tout leur poids sur un sol couvert d’herbes verdoyantes et luisantes. Le sang des girafes giclait par saccades et arrosant l’espace devenu rouge cramoisi.
Enfin, ces animaux finirent par céder leurs esprits terrestres à la nature. Nous travaillions à les dépecer avec les couteaux quant surgirent, devant nous, les forestiers qui assuraient la pérennisation des espèces animales dans le parc zoologique de Pendjari. Ils s’adressèrent à nous dans le langage des hommes ayant reçu le mandat d’arrêt contre tout citoyen qui ne respecterait pas les lois régissant la sûreté des espèces animales conservées dans ce parc.
—Pourquoi sommez-vous les animaux de vos coups de fusils ? C’est à cause de vous que les espèces animales comme les chimpanzés, les hyènes et les hippopotames deviennent de plus en rares dans nos contrées. Et vous venez d’abattre les girafes qui sont très peu comptées dans le parc zoologique.
Tounkpé, après écouté l’officier de la foresterie, donna ses points de vue en disant :
—Je vous considère et vous remercie en sincérité. Je comprends que les animaux sont un don de Dieu qui ne peuvent nous être interdits. Vous exagérez avec l’affaire de lois.
Le deuxième officier s’engagea dans le dialogue pour montrer le bien fondé à pérenniser les espèces animales du parc.
—Les animaux du parc constituent l’un des sites touristiques pour les autochtones et les vacanciers venant des autres pays d’Afrique et de l’Europe. C’est une source de richesse pour nous. Sachez que pour abattre une espèce animale, il faut en être autorisé. Au sujet des girafes, la loi qui régit les animaux exige de vous une amende de cinq cent mille francs.
Suite à la déclaration de l’officier, notre consternation était grande. Et nous avons manqué la force et les mots. Qui sommes-nous pour tomber sous le coup de la loi qui gouverne pour le bonheur de l’homme certainement ?
Jusqu’à ce point, nous devons jeter au loin l’orgueil et nous placer sous l’ombre de l’humilité. Car en elle se trouve la grâce et le pardon. Je me tournai humblement vers les officiers pour implorer leur miséricorde.
—Chers officiers, pardonnez-nous ! Nous ne sommes que des ignorants de la loi.
Bernard, le plus gradé des deux officiers, nous adressa la parole d’un ton autoritaire en ces termes :
—Mettez les deux girafes dans le véhicule pickup pour nous.
Je parlai en cette occasion une dernière fois.
—Chef, permettez-nous de passer avec nos familles une soirée de gaieté et de reconnaissance.
Il amenda la décision première en disant :
—Prenez la plus jeune girafe et donnez-nous la plus dodue.
L’officier le plus gradé nous fait grâce quand il déclara :
—Vous avez frôlé ainsi trois mois d’emprisonnement ferme avec une amende raisonnable allant de cent à deux cents mille francs. Il le faut ainsi, puisque nos descendants doivent faire la connaissance des animaux qui deviennent de plus en plus rares sur la planète.
Je comprends à présent que la loi qui régit tant les parcs zoologiques, les végétations et les hommes que toute autre entité sur la planète existe par la loi et pour le bien-être et l’harmonie au sein des hommes.
Poème de Angélica Liddell, « Je pars en quête de mon propre danger », proposé par Françoise T (hors proposition d’écriture)
Je pars en quête de mon propre danger,
bénie par la liberté que m’accorde la forêt.
Je suis armée contre moi-même,
éclairée par des torches de roses.
Plus ma colère s’enflammera
plus tôt ma vie s’éteindra.
Je sais que les flèches que je décocherai avec mon arc
reviendront du ciel pour se planter dans mes propres viscères.
Je ferai cent tours sur moi-même,
ivre de férocité somptueuse,
car cette épée,
cette épée qui fait couler le sang à l’infini,
cette épée donne la vie.
Je profite de cette lettre d’envoi du jour pour faire une mise au point concernant l’incipit de la proposition d’écriture N° 208.
Je me suis trompée dans la phrase de Marcel Proust et j’ai inséré “levé” au lieu de “couché”.
Eh bien, ce qui est fait est fait. Je maintiens l’incipit suivant inspiré du roman de Marcel Proust:
“longtemps je me suis levé (ou levée) de bonne heure”.
Merci à celles et ceux qui m’ont fait remarqué que je m’étais trompée de mot. Où avais-je la tête ce jour-là? Mon cerveau commence à fatiguer au bout de 4 semaines de cours!
De plus, je mélange les langues, je ne retrouve plus parfois les mots en français, parlant un coup en anglais, un coup en français et quelque peu en espagnol avec ma collègue d’en face.
C’est une vraie macédoine de mots dans mes neurones!
Je vous donne rendez-vous samedi prochain pour d’autres histoires.
Portez-vous bien, prenez bien soin de vous et protégeons ensemble les animaux!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE