Avec cette proposition d’écriture N° 23, j’ai voyagé en lisant vos créations: c’était purement et simplement génial!

New York a été 3 fois prise comme destination de voyage; allez savoir pourquoi? Apparemment, la Grande Pomme nous fait rêver!

L’ïle de Ré a été aussi inspirante; on peut le comprendre!

 

Voici vos textes:

 

De Catherine de France

 

 Le mois de mai s’installe vraiment après celui d’avril qui n’avait cessé de pleurer. Mais « après la pluie le beau temps »! Et ce matin, la lumière incite à sortir : l’humain sort de sa coquille quand l’escargot se retire dans la sienne ! Le soleil est si doux et le ciel si bleu.
Assise sur un banc au fond du jardin, je ferme les yeux et savoure, de tous mes sens en éveil, les chants des oiseaux, les odeurs du printemps et la douce chaleur sur ma peau.
Puis j’ouvre les yeux et scrute le ciel d’un bleu azur strié en tous sens de longues et fines traînées blanches et cotonneuses.
Et ces douces zébrures me ramènent à ma mère, ma mère malade scrutant ainsi le ciel et me disant :
« Toi, ça ne te fait pas rêver, toutes ces traînées dans le ciel ? Moi, je pars avec Eux, je voyage avec Eux. J’imagine où Ils vont, ce qu’Ils vont voir et faire, et ça me fait du bien. C’est chouette de se dire : celui-là va en Afrique, cet autre en Amérique, et l’autre en Italie… Comme ça, on voyage à peu de frais et c’est comme si on y était ! »

Ma mère, aventurière dans sa tête, aimait découvrir l’ailleurs, mais elle était tombée amoureuse de mon père, casanier et attaché à un territoire bien délimité. Elle l’avait rencontré en plein exil forcé par son nouveau statut d’orpheline vosgienne tuberculeuse et élève infirmière dans un sanatorium où était soigné mon père, berrichon déraciné par le service militaire et tuberculeux en convalescence. À cette époque, le ciel était d’un bleu limpide, sans aucune strie, car l’avion était hors de portée du commun des mortels et même de leurs pensées.
L’aventure dans les contrées lointaines a longtemps été de rejoindre La Mer pendant 3 semaines du côté de l’Ile de Ré, destination longtemps rêvée et programmée de toutes pièces par ma mère, au prix d’économies rabiotées laborieusement et méticuleusement sur le salaire d’ouvrier de mon père. Tous n’avaient pas le privilège ni les moyens de s’évader comme ça, à 5 dans une AMI 6, avec la tente dans la remorque, pour rejoindre un camping où l’eau de mer coulait dans les robinets : un seul robinet d’eau douce dans le camping, mais on était si heureux ! Rêves de pauvres !
Puis, petit à petit, elle a élargi le champ d’investigations dans l’esprit de mon père et ce sont le Sud puis l’Espagne qui nous accueillit alors. Une vraie promotion, une forme d’ascenseur social ! Le chic du chic de dire qu’on allait en vacances en Espagne … en voiture toujours, mais une ID cette fois ! Rêves un peu plus argentés !
L’étape suivante a permis enfin l’entrée en scène de l’avion qui permit à mes parents d’aller voir mon frère parti 3 ans au Sénégal avec sa famille. Ma mère était comme un poisson dans l’eau dans ce pays si différent mais si intéressant. Mon père, lui, était heureux d’avoir ma mère comme repère dans cet univers étrange. Rêves de revoir les siens !
Puis, après la mort de mon père, elle a repris l’avion pour des contrées exotiques et touristiques : Martinique, Île Maurice …, avec un bonheur de petite fille découvrant ses cadeaux le matin de Noël. Rêves du temps compté : il faut en profiter avant de ne plus pouvoir !
Alors, c’est sûr qu’une fois clouée au sol, elle se plaisait à rêver du bonheur de ceux qui empruntent les chemins du ciel pour aller ailleurs. Rêves ultimes pour se raccrocher à la vie !

Peut-être qu’aujourd’hui elle trouverait qu’il y a beaucoup trop de zébrures et que le ciel paraît encombré. Mais il est certain qu’elle repartirait dans ses rêves pour imaginer comment ils font là-haut pour ne pas se percuter, et qu’elle trouverait ça incroyable.

Surtout ne pas gâcher son plaisir en lui expliquant qu’il serait temps de réfléchir à la pollution générée par la multiplication de ces voyages aériens proches ou lointains qui, petit à petit, contribuent à dégrader la santé de notre planète.
Surtout ne pas lui dire qu’il est de bon ton maintenant d’avoir honte de prendre l’avion !

Les temps changent !!!…

Mais vivons encore dans l’instant et savourons nos rêves vers des ailleurs lointains en suivant les chemins cotonneux qui strient mon ciel d’un bleu azur et me relient à ma mère.

 

 De Lucette de France

 

Qui n’a pas rêvé un jour d’entendre « embarquement immédiat ». Pour certains ce n’est qu’une banalité, pour d’autres c’est une première fois…
J’imagine une femme d’affaires pressée, regardant sans cesse sa montre.

« Aura-t-il du retard, il ne s’affiche pas encore, mon rendez-vous est impératif dans 7 heures. Je n’ai aucune marche de manœuvre s’il ne part pas à l’heure. Et les enfants sauront-ils se gérer malgré leur âge à cause de ce départ précipité ? Et leur père qui ne s’occupe d’eux qu’à de rares occasions », se dit-elle dans sa tête.

Le stress est à son comble, et soudain, le miracle s’accomplit, son avion est affiché. Dans 30 minutes, elle sera assise, direction New-York. Là-bas, les hautes instances l’attendent, il va falloir qu’elle se contrôle pour être à la hauteur, un enjeu professionnel de la plus haute importance est à défendre. La voici arrivée à bon port, perdue au centre de cette grande salle, avec toutes ces chaises alignées au centimètre près.

« Mon Dieu, pourquoi me suis-je fourrée dans ce guêpier. Je voulais une promotion, certes, mais une telle angoisse, une telle inquiétude, être aussi tendue face à ce qui m’attend, est-ce bien raisonnable ? Je regrette d’avoir accepté, je voudrais repartir, me sauver. Bon, j’y suis, j’y reste. Il faut que je me montre comme une femme décidée, qui n’a « peur de rien ».

La séance s’éternise, souvent ses réponses sont floues, pas assez détaillées.

«  Et si c’est mon inconscient qui me pousse à dire des mots que je n’arrive pas à maîtriser ? Je connais mon dossier par cœur, et je perds mon sang-froid. Où est donc passé mon self contrôle si légendaire, mon calme « en apparence » car à l’intérieur je tremble comme une feuille face à l’ouragan ».
« Enfin, mon calvaire est terminé, ils sont tous réunis pour discuter de mon sort dans la pièce adjacente. Mais, bizarrement je retrouve mon calme. Je n’ai pas été à la hauteur, j’en suis persuadée, et après, il y a une autre vie après New-York ».
Quelques heures sont passées, et le P.D.G. entouré de sa cour, lui annonce que ce poste ne sera pas pour elle, que d’autres candidats se sont montrés plus maîtres d’eux, plus accomplis dans leurs réponses, qu’elle dois encore faire des efforts, et on se donne rendez-vous l’année prochaine…
Elle a envie de lui sauter au cou en lui disant « Merci ».

« Il m’a délivrée, je n’avais pas réussi à choisir entre ma vie professionnelle et ma vie de maman. Il m’a montré où était ma place, tout naturellement près de ceux qui comptent le plus pour moi, « mes enfants ». Comment ai-je pu penser les reléguer en 2ème position, mes prétentions, mes désirs de « hauteur » se sont fracassés en quelques secondes. »

Et pourtant un grand soulagement, un grand bonheur l’envahit…
Elle reprend le chemin de l’aéroport en toute quiétude. En passant, elle achète à ses enfants un petit cadeau de ce jour qui restera inoubliable pour elle. Ce jour qui lui a monté la voie qu’elle devait prendre…
« Maman! Maman! «

Que de cris de joie, que d’embrassades, que d’étreintes qui réchauffent le cœur. Elle serre ses amours sur mon cœur, et leur promet d’être là le plus souvent possible, et d’être une maman responsable, en leur assurant leur avenir dans la plus grande quiétude…
Le lendemain :

« Les enfants, vous préparez un petit sac de voyage, je vous emmène passer un weekend de rêve. On se retrouve tous les trois à l’aéroport. »

Pendant le voyage, chacun a son nez collé à son hublot, ils détaillent tout, quand soudain, ils aperçoivent La Tout Eiffel. OUAIS !!! Nous sommes à Paris. Nous foulons le sol de Roissy Charles de Gaulle en toute sérénité. Les sourires illuminent les visages. Ce périple en avion, quel bonheur, plus de stress, chacun donne et reçoit de l’amour de l’autre.
« Mais maman, que vient-on faire à Paris ? »

« Une surprise vous attend demain, vous êtes trop impatients, trop curieux »…
Le lendemain matin, ils sont assis dans les gradins, pour assister au défilé du 14 Juillet. C’est la première fois, des applaudissements crépitent de toutes parts. C’est un éblouissement, les yeux sont grands ouverts, ils oublient tout, ils sont dans un autre monde…
D’un coup, un bruit sourd se fait entendre. C’est la patrouille de France avec ses avions bien alignés, et derrière eux de larges bandes « bleu- blanc –rouge » irisent le ciel.

« Quel contraste ! Il y a 48 heures, je maudissais les avions et leurs retards, aujourd’hui je les admire et je sais pourquoi je suis là…C’était une banalité pour moi, c’est une première pour eux. »
La boucle est bouclée…

 

De Nicole de Belgique

 

Appareil Volant Imitant l’oiseau Naturel (A.V.I.O.N.)

Paris-New-York +/_ 8 heures de vol, 6 heures de décalage horaire, jet lag assuré.
Elle avait exigé une place près du hublot.
Une manière pour elle de dominer la situation.
Toute petite déjà, elle regardait les traces blanches dans le ciel, une chaussée de géants pour voyageurs aventuriers.
C’était son premier voyage dans le ventre du monstre d’acier.
Son séjour minutieusement organisé tenait de l’obsession à tout réussir, tout voir, tout ressentir.
A JFK elle prendrait la navette jusqu’à l’Hôtel “Streetview” en plein Manhattan, une vue à 180°.
Dès le lendemain, elle visiterait l’Empire State Building, la statue de la liberté, Little Italy, Chinatown, le Brooklyn de Paul Auster, le Madison Square Garden : un match de basket entre les Knicks et les Lakers, peut-être aurait-elle la chance de rencontrer Jack Nicholson, un grand fan des Lakers.
Et le soir Broadway et ses lumières.
Tout serait parfait…
Une voix dans le micro: “Je suis John Singleton, votre Commandant de bord, l’avion vient d’être piraté par des indépendantistes mongols, l’avion est détourné vers Oulan Bator. Surtout restez calme, tout va bien se passer… »

 

 De Laurence de France

 

 C’était une parenthèse enchantée que d’imaginer où se rendaient les traces blanches laissées par les avions dans le ciel, à différents moments de la journée où Amélie avait la paix. Celle de l’esprit, mais pas celle du corps.

Elle se plaisait à imaginer la vie des gens dont elle ne voyait que les zébrures, les rayures, là-haut, si loin d’elle, mais si proches par la pensée. Il ne lui restait que ça d’ailleurs pour se faire plaisir dans son quotidien morose.

D’ailleurs, elle se demandait comment faisaient les avions pour ne jamais se percuter alors que les traces se rejoignaient parfois. Elle n’avait jamais eu l’occasion de prendre l’avion, et savait qu’elle ne pourrait jamais le prendre. Mais, aux yeux d’Amélie, les plus grands voyages existaient dans sa tête. Elle s’évadait comme personne, sortait de ce corps douloureux et vibrait à l’unisson avec ses créations existentielles de personnes qu’elle ne verrait jamais et qui ne connaîtraient jamais une seule parcelle de son existence.

Elle imaginait une jeune fille en partance pour New York, qui mourait d’envie depuis plusieurs années de visiter la Grande Pomme. Elle serait subjuguée et excitée de découvrir les gratte-ciels si imposants, le tohu-bohu incessant de la ville, les hot dog vendus au pied des bâtiments dont la hauteur interdisait aux rayons du soleil de pénétrer sur les trottoirs. Elle serait intriguée de découvrir tous ces gens aux origines diverses et variées qui avaient façonné, au fil des siècles, des quartiers atypiques, comme Little Italy ou Chinatown. Et puis, elle prendrait la navette pour voir en vrai la Statue de la Liberté, qui avait accueilli en son sein tous les migrants qui cherchaient une autre vie sur le Nouveau Continent, fuyant la misère et les persécutions de toutes sortes.

Elle craquerait pour Manhattan, par l’émotion qui l’envahirait au premier contact, comme une explosion dans sa tête, en se disant – « Ca y est, je suis à New York ». Du rêve, elle serait passée à la réalité. Cette jeune fille aurait eu, avant de partir, une image toute faite de New York avant d’y mettre les pieds, une image plus ou moins floue et surtout stéréotypée. Mais, ce qu’elle verrait au premier contact de la mégalopole dépasserait de loin ce qu’elle aurait pu en imaginer.

Elle serait sans doute déstabilisée par la circulation et le nombre impressionnant de taxis jaunes en mouvement. Le bruit la gênerait ; traverser les rues si larges la perturberait. Mais, le pire, ce serait sans doute les sirènes, à longueur de journée : cacophonie de camions de pompiers, d’ambulances et de voitures de police filant à toute allure, sirènes et klaxons déchaînés ! Serait-elle dans une scène de film ou de série ?

Elle goûterait le fast food à l’américaine, alléchée par les bonnes odeurs de nourriture omniprésentes à toute heure du jour et de la nuit, comme la fameuse chaîne Dallas BBQ. L’odeur de viande grillée titillerait ses papilles à son insu, dangereusement, même si elle n’aurait plus faim.

Son impression de New York serait indescriptible, incroyable, comme la soirée qu’elle passerait à Times Square, où elle se prendrait en photo au pied de ces fameux panneaux circulaires autour des buildings, qui diffuseraient des informations sur une typographie orange.

Elle se sentirait bien dans cette ville, elle ne s’en lasserait pas, ressentant toujours le même frisson chaque matin au démarrage des visites. Tout serait magnifique, elle serait comme dans un rêve, tous ses sens en éveil, dans un paysage de démesure, de puissance, d’agitation, de vitesse et d’hallucinations.

Un voyage hors du commun…

Qui sait ? Cette jeune fille, c’était peut-être Amélie qui voyageait.

Pour l’heure, elle était clouée dans son lit d’hôpital, incapable de bouger un seul doigt. Voyager était son seul luxe, qu’elle ne voulait surtout pas partager avec quiconque.

 

Je trouve que les textes sont de plus en plus beaux à lire, c’est un plaisir inouï de contribuer à cela!

Vous avez reçu une nouvelle proposition d’écriture sur le blog concernant un dessin d’une petite fille rêveuse: que va-t-elle faire? Etre sage ou faire des bêtises comme les personnages diaboliques de la Comtesse de Ségur?

A vous de voir…

J’ai hâte de lire vos créations.

Pensez à m’envoyer vos créations via la rubrique “me contacter” du blog La Plume de Laurence.

Laissez aller votre plume et votre créativité.

Ecrire est un jeu, un plaisir avant tout!

Tout le monde eput se mettre à créer et à écrire de courts textes!

 

Je vous souhaite une belle semaine créative.

 

Créativement vôtre,

 

LAURENCE SMITS, La Plume de Laurence

 

 

 


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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