Pour cette proposition d’écriture N° 25, vous avez choisi de raconter un lieu qui vous a marqué: la cabane au fond du jardin, la tente de camping mais pas au camping, le pensionnat ou le gîte en montagne.
Cela vous a fait remonter des souvenirs plus ou moins heureux, mais j’ai trouvé cela amusant à la lecture de vos textes. 

Je vous souhaite une belle lecture.

Voici vos textes:

De Catherine de France

La cabane au fond du jardin

Nous sommes en Juillet, et le fils de mon compagnon, Asperger de 16 ans, envisage de ne rien changer de ses rituels de vie tout au long de l’été.
Moi, qui suis toujours partie en vacances, souvent en camping, et parfois dans des conditions très spartiates, j’ai beaucoup de mal à envisager qu’un jeune ado reste enfermé pendant 2 mois sans goûter les plaisirs de la tente.
Donc, dans un objectif PÉDAGOGIQUE, avant de passer à l’étape camping dans le jardin, je jette mon dévolu sur la cabane au fond du terrain. Il faut imaginer un espace en tôle ondulé de 2,50m sur 2,50m, avec une verrière en façade.
Comme j’ai le cerveau qui galope plus vite que mon ombre en TGV, il ne me faut pas longtemps pour concevoir l’idée du jour : il faut qu’on prouve à ce jeune, enfermé dans ses habitudes, qu’on ne risque rien à dormir ailleurs que dans une chambre au creux d’un lit. J’entraîne donc son père dans ce projet que je trouve exceptionnel et excitant. En fait, il n’excite vraiment que moi, mais mon compagnon se plie à mon « caprice » de bonne grâce !
Me voilà en train de faire de la place dans la cabane pour accueillir le matelas de notre lit qui y rentre tout juste, tout en veillant à ne pas susciter la curiosité des voisins, qui, fort heureusement, ne passent pas leur temps dans le jardin!
À cause de la verrière, il ne faudra pas se coucher trop tôt, ni envisager le déshabillage sur place. Je passe sur l’état de sidération de mon compagnon qui n’en revient pas que j’aille au bout de ma démarche et donc, par conséquent, lui aussi. Mais moi, je suis ravie de cette escapade insolite et surtout … PÉDAGOGIQUE !!!
Nous voici donc installés dans notre nouveau lit, entre 3 murs en tôle et une paroi vitrée sur sa moitié supérieure. Evidemment, une fois allongés, les perceptions de l’environnement sont différentes : sensation d’être coincés dans un espace très exigu et conscience soudaine que l’on est susceptible de ne pas être les seuls habitants de ce lieu, au vu de tous ces trous entre les tôles disjointes. Mais je me veux très rassurante : c’est chouette et je suis contente d’être là !
Difficile de fermer les yeux une nuit de pleine lune quand sa lumière persiste à traverser les paupières ! Mais, quand on arrive à faire abstraction des lueurs nocturnes, l’esprit se laisse envahir par les colocataires potentiels de la cabane : araignées, souris, mille pattes, punaises, mulots etc. Au moindre bruit, ouverture des paupières, balayage visuel et auditif du local, réassurance et fermeture des paupières. Après plusieurs mini-frayeurs complétées par le hululement d’une chouette dans un arbre que je juge tout proche, le sommeil arrive malgré tout, et Morphée nous enveloppe enfin dans un confort relatif.
Une chose est sûre : la nature s’éveille très tôt, et, avec elle, les oiseaux, avec leurs chants que l’on trouve si mélodieux d’habitude, quand on a passé une nuit divine dans une chambre confortable. Ceux de notre jardin ont des velléités piétonnes et ont trouvé une piste en tôle, qui fait au- dessus de nos têtes, un bruit ravissant de grattage, assimilable au grincement d’un couteau sur une assiette métallique ou d’une craie sur un tableau noir. Les ailes au repos, les merles s’en donnent à cœur joie sur notre toit et piétinent sans relâche.
Bon, c’est sans doute l’heure du réveil pour ce jour qui s’annonce merveilleux. En plus, il faut sortir de la cabane avant que le voisin ne sorte inspecter ses tomates. Les poches sous les yeux et le matelas sous le bras, nous rentrons à la maison pour attendre le lever naturel de notre adolescent qui dort encore sur ses 2 oreilles.
Quand il se réveillera de sa nuit paisible, je lui dirai que nous avons passé une excellente nuit, que c’était super de dormir dans la cabane au fond du jardin et génial d’être immergé dans la nature avec un toit au dessus de la tête ! Et que ce serait son tour la nuit suivante ! Et lui me répondra qu’il ne fera jamais ça : il n’en voit pas l’intérêt, puisqu’il y a un lit dans sa chambre !

De Lucette de France

J’ai dormi dans mon enfance dans une chambre avec 6 personnes entassées les unes sur les autres pour se réchauffer, dans des hôtels qui ne méritent vraiment pas ce nom, d’autres où je me croyais dans un palace etc. Mais le lieu qui m’a le plus marqué n’est pas original, et ne m’a vraiment pas porté aux nues. C’était dans une tente de camping dans un terrain que nous venions d’acheter en bord de mer. Nous y arrivions à l’aube bien fatigués…
Elle était spacieuse, rien n’y manquait, c’étaient nos premières vacances depuis bien longtemps avec nos 2 ados. D’abord, il fallait la monter après une longue route, suivis d’énervements pour que chaque chose, s’emboîte dans chaque truc, un vrai casse-tête chinois, mais nous avions des « chambres séparées » grand faste… Ensuite monter une 2ème tente plus petite pour la toilette (le luxe) et un endroit pour y caser notre chien. Le linge dans ce coin là, les casseroles ici, les assiettes et tout le reste à côté, et tout au bout d’un moment est en place…
On prend notre premier petit déjeuner, car oui, nous avions un réchaud où je pouvais cuisiner, car les vacances pour une maman et épouse, c’était préparer les repas comme à la maison, faire la lessive à la main, aller en courses à pied avec ma fille. Nous revenions chargées comme des ânes. C’était tous les jours la corvée pour faire la queue dans les magasins, pendant que le mari et le fils faisaient du vélo dans la joie et l’allégresse. A son dépend, je dois dire qu’à peine arrivé, pour lui, c’était la débroussailleuse, car l’herbe ne nous attendait pas, tout était envahi après plusieurs mois sans personne…
Corvées d’eau, quelques dizaines de mètres à faire, mais au bout de la journée ça compte. Mon mari avait construit « un barbecue maison », où la plupart de la viande y était cuite, et le reste de la popote, c’était « bibi »… Jusque là ça va à peu près, à part que c’était impossible d’y faire la sieste après déjeuner, c’était la canicule à l’extérieur, je ne vous dis pas dans la tente. Enfin, la baignade arrive, mais que fait-on du chien, de l’argent, des papiers ? Nous avons tout mis dans une boîte en fer, creusé un trou et au petit bonheur la chance, la cachette ne l’était que de nom, au premier voleur, elle était tout de suite trouvée. Notre chien venait avec nous, non pas sur la plage, mais dans un endroit retiré sous un arbre, nous le surveillons à tour de rôle. Les baignades étaient toujours un enchantement pour tous, nous étions fatigués mais heureux en attendant le lendemain…
Une nuit, vers minuit, nous étions couchés, malgré la chaleur étouffante, et on entend des voix, juste à côté de la tente, (je rappelle que nous étions dans un jardin privé). Ni une ni deux, tout le monde debout, chacun avec une arme qui lui tombait sous la main, c’était un manche à balai, c’était une fourche, c’était une faucille et que sais-je encore…. Et voilà la petite troupe à courir dans la nuit après les cambrioleurs. Ah ! Ils couraient vite les cambrioleurs, mais ma troupe encore plus vite. Ils ont reçu des projectiles de toutes sortes sur leurs dos, dans les jambes, le chien aboyait, vraiment une joyeuse ambiance au clair de lune…. Et d’un seul coup nos cambrioleurs s’arrêtent devant une maison voisine de la nôtre, croyant encore qu’ils voulaient continuer leurs méfaits, ils sont attrapés et finissent par ânonner, tremblant de peur, qu’ils étaient là en vacances, et qu’ils voulaient rejoindre la musique en face. Donc, sans rien nous demander, ils avaient décidé de passer « dans notre propriété » Non mais, et quoi encore… Qui sont les propriétaires, hein !!!
Et nos nuits, parlons-en de nos nuits, juste en face de chez nous, c’était la musique à tout va jusque 2 heures du matin. Les « cloisons » de notre tente n’étant pas épaisses, nous devions danser dans notre lit avec les vacanciers, même si nous n’en avions pas envie. Les vacances terminées, retour à la maison, ou là enfin on pouvait dormir au calme. Vive les vacances…
Ca a duré 3 ans, notre tente a été mise au rencart, nous campions dans une maison en travaux pendant des années, mais nous avions un toit, un frigo, un vrai lit, et là c’étaient des vacances, les tâches quotidiennes n’avaient pas disparues, mais c’était quand même la magnificence !!!

De Nicole de Belgique

Nuit(s) de Chine…

Un choix difficile entre ces 15 nuits…

NUITS AU PENSIONNAT

Une chambrée de deux lits séparés par une sorte de baldaquin de toile écrue, couvre-lit en nid d’abeille.
Une odeur de cire mêlée d’encens, chaque matin dans les couloirs et les chambres,  passait une religieuse balançant un encensoir.
Les bavardages dans le noir avec ma voisine de droite, toile écartée et parfois sur le même lit.
Pour punition, des prières à la vierge, une énorme statue sur la cheminée.
Odeurs, vertiges, mysticisme, je me croyais “appelée”, peut-être la Vierge m’apparaîtrait-elle, comme elle l’avait fait à Banneux et à Lourdes ?
Je suis restée peu de temps dans cet internat.
Retour à la vie civile en quelque sorte.
Rencontre avec mon arbre, changement de rêves.
Exit ma vie de future sainte.

De Laurence de France

C’était il y a à peu près quatorze ou quinze ans. Je faisais partie du club de randonnée situé dans le sud de la Haute-Saintonge, qui organisait tous les ans une sortie randonnée en montagne : alternativement dans les Pyrénées ou dans le Massif Central.
Cette année-là, ce fut les Pyrénées, mais je ne me souviens plus guère de l’endroit exact, non loin de Saint Lary en tout cas à plus de mille mètres d’altitude. Nous étions une bonne trentaine de personnes et nous dormions dans un gîte, mais en chambres collectives.
J’avais un ami, Jean, et un couple d’amis randonneurs avec lesquels nous nous entendions bien. Nous choisîmes de dormir dans la même chambre. Un hic s’offrit à nous dès l’ouverture de la chambre : il y avait bien quatre places mais réparties dans un lit de deux places et dans deux lits superposés d’une personne. Nous laissâmes le lit double au couple, et je résolus de suite de dormir en bas des lits superposés, n’aimant pas trop les couchages en hauteur. Jean n’eut pas le choix et fut obligé de grimper les quatre barreaux  droits et raides de l’échelle en bois, mais vu sa souplesse à soixante-dix ans, cela occasionna des fous rires incroyables, car il joua de la situation.
Nous randonnions toute la journée en montagne et rentrions quelque peu fourbus. Les paysages s’offrant à nous étaient grandioses dans la journée, mais le spectacle avait lieu le soir dans la chambre. Jean avait plus de mal à monter dans son lit que de crapahuter des kilomètres sur les sentiers montagneux équipé de son bâton.
Nous repartions comme en colonie de vacances, moi qui n’y suis jamais allée ! Une ambiance du tonnerre ! Le spectacle était assuré par Jean, grimpant barreau par barreau, écroulé de rire par nos blagues, nos histoires et les siennes. Monter dans son antre lui prenait plusieurs minutes à ce rythme-là. Il ne l’avait jamais fait de sa vie. Alors, il profitait, comme au spectacle, ce qu’il nous offrait d’ailleurs. Il lui manquait toujours quelque chose. Son sac se trouvant sous mon lit, il redescendait inévitablement, et l’opération se répétait ainsi chaque soir. Redescendre en marche arrière n’était pas chose aisée non plus pour lui, car il ne voyait pas ce qu’il faisait, allait de travers, ne trouvait pas le barreau.
Puis un soir, arriva ce qui devait arriver. Jean commença à grimper. Il devait se trouver sans doute au troisième barreau, presqu’arrivé donc, quand soudain, son slip tomba. On ne savait pas comment cela lui était arrivé, mais cela arriva.
Il était nu comme un ver, puisqu’il dormait juste avec cet élément. Le choc de la situation le fit se tordre de rire ; le coupe d’amis dans le lit avait vu sur son anatomie de derrière et moi, j’avais une vue complète sur l’anatomie de mon ami. Il fut secoué par les soubresauts dus aux rires incessants et cela lui fit perdre ses moyens. Il finit par lâcher le barreau pour se retrouver à quatre pattes par terre, plié en deux de rire. Ce fut un moment mémorable. Le bruit occasionné par sa chute interpella les occupants des autres chambres nous demandant si tout se passait bien chez nous, nous entendant rire fortement.
Pour les soirées suivantes, Jean prit ses précautions : il monta en pantalon avec un petit sac dans lequel il mettait ce dont il avait besoin, pour éviter de redescendre. Mais c’était la fin du séjour…

Je n’ai rien oublié de ce séjour épique, d’autant plus que j’ai perdu mon ami depuis et que je ne vois plus les autres personnes, ayant déménagé depuis.

Dans un style complètement différent, la proposition d’écriture N° 26 vous permettra de dénoncer tout ce qui vous énerve.
Alors, profitez de cette occasion: elle est rarement donnée! Pourquoi ne pas vous lancer? Il n’y a que le premier pas qui coûte…

Chaque proposition est un jeu de créativité!
Laissez-vous guider par votre intuition, votre imagination, votre envie d’écrire!

J’ai hâte de lire vos créations.

Pensez à m’envoyer vos créations dans la rubrique “me contacter” du blog La Plume de Laurence.

Créativement votre,


LAURENCE SMITS, La Plume de Laurence.

 

 


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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