Pour cette proposition d’écriture N° 34, je vous proposais de décrire un tableau ou d’insérer celui de votre choix dans votre histoire.
Entre un tableau bucolique, La Joconde en passant par Toulouse-Lautrec, Munch et Tom Hopper, vous avez le choix, mes chers lecteurs!
Les auteures ont su donner un vrai caractère à leur inspiration du tableau choisi.
Je vous souhaite une belle lecture.
Voici vos textes:
De Lucette de France
Mes vacances dans le Sud-ouest, c’est un endroit où je me ressource avec délice dès que mes vacances arrivent. Quoi de plus beau que toutes nos balades dans les chemins de campagne, un chien qui aboie quand on passe, des oiseaux qui nous saluent de leurs gazouillis féeriques ! C’est toujours un enchantement de voir de beaux légumes qui nous font tant envie, et puis on rentre dans notre maison en se disant «un jour j’aurai tout ça».
Chaque mercredi soir, il y a un marché nocturne. Oh ! Ce ne sont que des camelots, mais l’ambiance est chouette, on parcourt, on zieute, à la recherche, « oui c’est vrai à la recherche de quoi, et bien de rien», juste pour prendre du bon temps…
Au centre culturel, une grande affiche nous invite à rentrer, donc, je rentre. Et là, je suis éblouie par tant de beauté, de couleurs, de délicatesse, des dizaines de tableaux, des petits, des moyens des grands. Mais où suis-je ? Au paradis, jamais je n’ai reçu un tel choc. Tout me plait, tout m’attire, tout me parle. L’artiste est assise dans un coin, elle nous regarde, attend que l’on vienne vers elle, et pourquoi pas qu’on lui achète un tableau…
C’est une femme d’une quarantaine d’années, les traits fins, je comprends mieux cette attirance, on sent la patte d’une femme. A travers ses tableaux, je la devine digne, les tours et les contours sont nobles, les couleurs d’une justesse à en rester «baba». Il y en a un qui m’a interpellée, je suis restée en extase pendant un temps indéterminé, je ne pouvais pas m’en détacher. Je vais vous le décrire…
Déjà, le bleu est dominant, cette couleur est apaisante. Au fond, surplombe un clocher ; à côté une fontaine fleurie nous invite aux bains. Plus loin, une prairie multicolore. Il y a du rouge pour les coquelicots, des bleuets, des marguerites, des herbes sèches, c’est un enchantement pour les yeux. Tout au fond, une montagne nous incite à goûter les dernières neiges du sommet. Des petits chevaux rustiques, « des pottocks », paissent tranquillement. Un berger grimpe des sentiers sans doute pour la transhumance. Il s’est arrêté, près d’un lac où son troupeau s’abreuve. Non loin de là, on distingue deux pêcheurs, avec des impers jaunes sans doute pour se protéger de l’humidité, puisqu’à l’horizon, le soleil pointe derrière la montagne. La température ne doit pas être très élevée ce matin-là. Tout près le Border Collie, noir et blanc, surveille son cheptel, tout en suivant le regard de son maître. Plus haut sur la colline, tous les arbres penchent du même côté, on sait d’où vient le vent dominant. Mais, je suis tellement absorbée par des détails qui représentent la vie montagnarde, la vie campagnarde, que tout à coup mon regard s’arrête sur une barrière ouverte, où on distingue une jolie maisonnette, avec des volets bleus, recouverte de glycine. Elle me rend jalouse, vraiment j’ai envie de savoir qui y habite, c’est tellement attirant. Un potager, qui attise ma gourmandise, juxtapose la maison, ainsi qu’un verger. Non mais, là je rêve toute éveillée, tout est merveilleux. Il me le faut, je ne peux pas repartir sans. Je retourne l’étiquette, et là, je me réveille d’un seul coup,…. Si je mets un tel prix, mes vacances seront au régime sec. Alors, je me fais un pari, si dans une semaine, il est toujours là, je l’achète…
Espérant qu’il soit parti, je rentre à nouveau dans cet atelier, et le tableau est toujours là, il m’attend. J’ai essayé de négocier, l’artiste ne veut rien savoir, et quand elle m’a vue reprendre le chemin de la sortie, elle m’a rappelée, et on s’est mises d’accord…
Cette toile est en bonne place dans mon appartement banlieusard. Je ne me lasse pas de la regarder. Elle me rend sereine, j’y respire une bonne dose d’oxygène avant d’entrer dans le métro, qui pour le coup n’a rien d’idyllique ni de bucolique…
Que les vacances arrivent vite, je suis en manque de pureté, de fraîcheur et de senteur des bois. La campagne me manque…
De Nicole de Belgique
Encore la pause, toujours la pose, trois ans, Léonard n’est jamais satisfait, toujours il recommence. J
Je suis lasse, mes yeux au loin regardent, je suis absente à la vie de l’atelier, un léger sourire flotte sur me lèvres.
En 2019, au Louvre, les touristes m’admirent encore, des kilomètres d’articles à mon sujet, les plumitifs ne chôment jamais.
Moi, la Joconde je serais un mystère, un homme peut-être ? Et quoi encore !
Certains farceurs m’ont déguisée, moustache, loup, tchador et autres facéties encore.
Cinq cents plus tard, je suis toujours le plus beau sourire du monde.
Gioconda, la seule, la vraie.
La Joconde, point de vue d’une féministe.
Tu ne pourrais pas être l’inspiratrice de notre mouvement, trop placide, trop docile.
Exposer sa beauté au pinceau du Signor Da Vinci, à quoi pensais-tu donc bourgeoise.
Tes mains posées sur ton ventre, l’enfant de Léonard grandissait en toi, tu ne le voulais pas, comment faire?
Les 343 salopes auraient pu t’aider. Tu es née trop tôt, quatre siècles d’avance, Tu devras te contenter d’une faiseuse d’ange et en mourir peut-être : Joconde oui, chienne de garde non…
Il existe un livre d’Hervé Le Tellier “Joconde jusqu’à 100” ( un genre d’exercices de style(s) )
qui est bien amusant.
J’entre dans une galerie de peinture, 15 Bd Léopold à Tournai.
Tapis au sol, murs blancs, aux murs des taches de couleurs, des tableaux monochromes, tous rasés par trois: noir/cuivré/gris.
J’essaie le plongeon de face, pénètre le grain de la toile, le gris m’aspire, je suis à Pompéi.
Et puis, le rouge sang me renvoie à Mouloudji, au coquelicot des balles sur une chemise blanche.
Le bleu m’apaise un moment, les idées noires que font courir ces carrés, rectangles, soldats au garde-à-vous, cette musique si belle et si triste, fend mon âme.
Je suis là, présente au monde mais le puits du passé me happe, m’entraîne.
Je m’englue dans le sans titre 50X40 du triptyque n°6, quelle en est sa couleur ? Brun, noir, traits rouges, flamme, enfer, je suis en cendres, vives lumières, mort imminente.
Sérénité du jardin.
De Catherine de France

La Blanchisseuse- Toulouse-Lautrec
Quelle effervescence au domaine des Vallons ! Toute la maisonnée est aux aguets, sur le qui-vive : aujourd’hui, c’est le retour de Monsieur Bertrand, le fils prodige, qui revient parmi les siens à la fin de ses études de droit qui l’ont sacré avocat au Barreau de Paris. Madame s’émeut de revoir son fils unique, et Monsieur s’enorgueillit du succès professionnel de sa progéniture qui fait ainsi grand honneur à cette longue lignée d’hommes de loi.
Gervaise, elle, est toute excitée à l’idée de revoir Bertrand, SON Bertrand, avec qui elle a naguère partagé ses jeux d’enfants, multiplié bêtises et espiègleries d’adolescents, mais surtout avec qui elle avait échangé de doux baisers. Au souvenir de ces moments délicieux passés dans les bras de Bertrand, elle est saisie d’un léger tremblement. Qu’il avait été doux avec elle ! Quels doux mots enchanteurs ne lui avait-il susurré à l’oreille ! Leur promesse d’amour éternel avait été scellée par la gravure de leurs initiales enlacées, sur le tronc du vieux cèdre, au fond du parc, il y avait 3 ans déjà, juste avant qu’il parte à Paris pour ses études.
Personne n’a jamais rien su de leur lien si profond, leurs conditions sociales si lointaines l’une de l’autre leur interdisant de vivre leur amour au grand jour. Cela leur était bien égal : la clandestinité faisait partie de leur jeu amoureux. Leur séparation avait été un déchirement partagé, mais leurs cœurs sauraient résister au temps et à l’éloignement, ils n’en doutaient pas. Et depuis, il ne se passa pas un seul jour, sans que Gervaise aille caresser, de la main, la blessure infligée au vieux cèdre, gardien de leur promesse et de leur amour.
Alors, impatiente, oui, Gervaise l’est plus que jamais. Depuis plus d’une semaine, elle ne pensait qu’à ses retrouvailles avec son amoureux. Son cœur danse de joie dans sa poitrine, mais son corps doit rester sobre de toute manifestation, pour ne rien laisser transparaître, condition sociale oblige !
Qui était-elle pour avoir l’impudence de rêver à un amour avec le fils de la maison ?
« Ma pauvre fille, n’y pense même pas ! lui souffle sa raison.
— Une promesse est une promesse : il m’aime, je l’aime ! lui souffle sa passion. »
Qu’importe de vivre caché cet amour qui les dévore ! Mais, maintenant qu’il était avocat, Bertrand pouvait voler de ses propres ailes, se dédouaner des autorisations parentales, et l’épouser malgré les protestations familiales. Elle, de famille, elle n’en avait plus. Sa mère était lingère ici, avant elle, et lui avait appris le métier, mais une vilaine infection pulmonaire l’avait emportée deux ans auparavant, laissant à sa fille unique sa place de lingère, ainsi qu’un grand vide affectif. Elle s’acquittait à merveille de ses tâches et donnait entière satisfaction, mais Gervaise s’accrochait, en secret, de toutes ses forces, à son amour infaillible avec Bertrand.
Si celui-ci n’arrivait pas à s’opposer à ses parents, il pourrait dire qu’il avait besoin d’une lingère à Paris et solliciter qu’on lui offre les services de Gervaise : elle serait ainsi officiellement lingère, mais officieusement amante comblée aux petits soins pour son bien-aimé…
Au fur et à mesure que les heures s’égrènent, l’impatience mêlée de joie de Gervaise s’amplifie. Dix-huit heures sonnent à la pendule de l’office. Peu après, elle entend un bruit de moteur au fond du parc. Le bruit se rapproche lentement, assorti du beuglement joyeux d’une trompe annonciatrice. L’automobile de Bertrand ! Gervaise se précipite à la fenêtre pour guetter son arrivée. Son cœur menace d’exploser sous l’émotion. La « Dedion et Bouton » s’arrête au pied du perron. Bertrand, SON Bertrand, si beau, si élégant, en descend avec prestance. Elle l’aurait reconnu entre mille, malgré cette petite moustache. Quand viendra-t-il la retrouver ? Comment va-t-il se débrouiller pour qu’ils puissent enfin échanger les baisers si ardemment attendus ?
Bertrand fait le tour de sa machine rutilante, ouvre la portière côté passager, tend sa main sur laquelle se pose une main délicate qu’il baise avec beaucoup d’élégance. Une fine silhouette féminine se déplie, immédiatement enlacée par le bras tendrement enveloppant de Bertrand, sous les yeux effarés de Gervaise, la petite lingère, qui s’effondre, reléguée brutalement, désespérément, et inéluctablement, à sa condition sociale de simple employée de maison.
De Martha de France

Le cri-Munch
Il fait jour.
Je ne sais pas si c’est le matin, l’après-midi.
Je me souviens d’être tombée en fin de journée, hier peut-être. Hier soir. Est-ce que j’ai dormi ? Est-ce que j’ai perdu connaissance ?
J’ai mal.
J’ai laissé mon téléphone au rez-de-chaussée, les médicaments de mon cancer aussi.
Mon.
Mon cancer ! Je souris quand même, malgré la douleur. Sourire purement intérieur. Je suppose que les muscles de mon visage ne peuvent plus suivre.
Il est vrai que je vis depuis deux ans avec ce cancer, au point de l’avoir fait mien. Nous avons fait route ensemble. Un véritable compagnon d’aventure.
Et quelle aventure ! Il y a deux ans, après avoir tergiversé pendant presque une année avant de consulter, j’ai pensé que le corps médical allait prononcer les mots fatidiques : phase terminale. Et deux ans que je tiens.
J’ai toujours agi ainsi, me pousser dans mes derniers retranchements, me prouver que je peux toujours tout résoudre, seule. Et j’y suis souvent arrivée, en force, en violence même parfois. J’ai souvent eu le dernier mot, jusqu’au bout. Et qui sait si le bout n’est pas là, à portée de pensée, comme la boîte de morphine que je n’arrive pas à atteindre.
Me vient cette phrase lue tout récemment…enfin récemment je crois, car ma notion du temps en a pris un coup : « chaque élément de notre vie restitue la totalité de notre existence ».
S’il s’agit du dernier tronçon de ligne droite, là maintenant, eh bien il ressemble tellement à ce que j’ai choisi de vivre.
Je suis ce que j’ai été.
Seule.
Embarquée à l’origine dans cet équipage parental. Comme dans le tableau de Munch, le Cri. Sauf qu’il ne crie pas. Le cri est intérieur, silencieux au monde, un cri de terreur, d’effarement, venant de profondeurs abyssales. La tempête fait rage autour de l’embarcation. Deux figurants, à moins que ce ne soient les protagonistes, poursuivent leur promenade, indifférents à l’épouvante de l’enfant que je suis, qui se couvre les oreilles pour ne pas entendre l’horreur. Ils lui tournent même le dos.
J’ai tenu bon malgré la houle familiale environnante.
J’ai toujours fait suivre ce tableau de Munch dans tous mes déménagements, et je l’ai toujours installé sur le mur en face de mon lit. Certains de mes amants en ont pris ombrage, au sens littéral du mot ; ils ont reçu l’ombre de cette représentation avec un sentiment de malaise profondément dérangeant.
C’était ma loyauté à moi. Loyauté à l’enfant que j’ai été, ressemblant plus à une momie qu’à un chérubin. Loyauté à ces parents, avec ce désir de folie, mon utopie d’apporter une solution à leur tragédie. Loyauté au nom de cette famille, ce nom qui par le souhait d’un ancêtre devait survivre aux membres de sa lignée. C’est ainsi que j’ai conçu un enfant avec un homme de passage, indisponible qui n’a jamais reconnu sa progéniture. Mon fils illégitime est même le seul à porter le flambeau patronymique. Une extravagance dans ce clan bourgeois et snob qui finissait par ne plus produire que des filles, presque un trait d’humour !
J’ai toujours aimé comprendre, ce fut mon credo, mon énorme travail de fourmi pour tenter de mettre de la cohérence dans tout ça. J’ai accumulé les dictionnaires, les ouvrages de développement personnel, j’ai fractionné ma vie pour mieux l’appréhender. En petits morceaux découpés et observés avec la hauteur apportée par tant de séances de méditation, je finirais bien par découvrir un sens à cette existence.
Et alors que je m’apprête peut être, qui sait…à mettre la dernière pièce du puzzle, je devine que je n’ai qu’à laisser le sens se révéler, au lieu de m’évertuer à le chercher.
Il est là.
Tout d’un coup, m’apparaît cette lumière magnifique dont j’ai le souvenir. Ce jour de mon enfance où le soleil le disputait au brouillard de la vallée de la Garonne. Lors de ce conflit des éléments non résolu dans ce temps-là de quelques minutes, apparut une brillance laiteuse, infiniment joyeuse, presque badine.
Mon ventre ne me déchire plus. J’ai encore l’information précise de la douleur, mais c’est comme si elle m’était parallèle. Elle ne me fait plus souffrir de l’intérieur. Elle est à côté de moi, à côté de ce corps, ou peut-être est-ce mon corps qui n’est plus si près.
Je ne fais plus un avec ce déchirement douloureux.
Vient la Joie. La Joie comme jamais. Si j’étais devant un film noir et blanc des années cinquante, monterait une musique grave et légèrement pompeuse, en accompagnement d’une scène cruciale pour permettre au spectateur de se laisser enlever par l’émotion. Le sourire, ou quelque chose d’une forme d’humour divin envahit chacune de mes cellules.
Dire ce que je ressens…ce sont des mots d’autrefois.
Je n’ai plus ou pas encore de mots pour ce que je vis maintenant, dans cette seconde d’éternité. Seule la musique, une harmonique si particulière peut se frayer un chemin dans les dédales de cet instant.
La Joie de l’Unité. Plus rien n’est séparé. Tout s’imbrique parfaitement. Ce que j’ai vécu est un viatique pour l’éternité.
Encore une musique, celle que j’aimais tant quand j’étais jeune. Je révisais mon bac en l’écoutant. Take a walk on the wild side.
Léger et lumineux ce wild side….
De Laurence de France

Edward Hopper
Pierre est là à se morfondre, tout seul dans son appartement parisien, à ronger sa solitude comme un mal incurable. Il est incapable de sortir, d’aller boire un verre avec des potes, ni même de se faire de nouvelles connaissances. Il est comme figé dans sa vie. Le passé a pris le dessus et ce quadragénaire ressasse sans cesse les mêmes refrains, les blessures de l’enfance dont il n’est toujours pas guéri. Il se sent comme un navire fracassé contre des rochers au large de la Bretagne en pleine tempête hivernale. Il est incapable de consulter un spécialiste ; la démarche lui paraît trop lourde à gérer. En dehors de son travail de comptable dans un centre financier, il ne sort plus de chez lui.
Pas de femme, pas d’enfant, pas d’animaux, pas d’ami véritable, pas de famille dans sa région.
Il ne sait pas expliquer comment il en est arrivé là. Il pourrait se dire qu’il n’a pas de charge familiale et se sentir léger par rapport à ça. C’est tout l’inverse. Il se sent mal, dans sa peau, dans sa tête, dans son corps. Rien ne va plus. Il tourne en rond dans son cinquante mètres carrés qu’il a pourtant repeint de couleurs vives il y a quelques mois quand tout allait encore bien. D’avoir repeint en jaune canari, d’avoir acheté un canapé rouge flamboyant lui avait donné du baume au cœur. Pour un temps.
Pour qui ? Pour quoi ? A quoi se résume sa vie ? Métro, boulot, dodo, télévision, jeux vidéo en cascade, appartement vide, tout faire tout seul depuis si longtemps.
Ses quelques rares histoires d’amour n’avaient duré que très peu de temps. Juste le temps d’y croire, et hop, la fille partait toujours pour les mêmes motifs : trop renfermé, pas causeur, dans son monde, trop silencieux, trop calme,…
Il n’y croit plus à l’amour, de toute façon. A quoi bon ? Se faire encore et encore larguer, prendre des râteaux successifs, se faire humilier, se faire tout petit, s’écraser, en prendre plein la gueule…
Lui, ce qu’il veut, c’est une vraie histoire d’amour. Mais comment rencontrer la femme de ses rêves, la femme de sa vie ? Trop timide pour aller purement et simplement draguer dans des bars ou dans des discothèques, pas assez entreprenant pour s’inscrire sur des sites internet à lancer son profil sans cesse. Il ne savait pas comment s’y prendre pour appâter la femme qui lui conviendrait.
Pierre n’est du tout du genre suicidaire. Cela ne lui viendrait même pas à l’esprit. Mais sa vie lui pèse. Etonnamment lourde, comme engluée dans une boue de glaise bien collante. Il se sent embourbé. Lourd. Pesant. Pas comme les autres. Différent. Pas homosexuel pour autant. Il a du mal à savoir ce qu’il est, en fait. Qui il est en réalité.
Puis, au fil de ses pensées, à contempler le paysage de la ville éclairée devant sa fenêtre, une petite lueur vacillante apparaît pour s’introduire tout finement dans le tunnel de ses sombres pensées. Le YOGA. Un collègue lui avait parlé de cette pratique ancestrale à un rare déjeuner où il avait accepté de manger en sa présence. Il lui avait laissé une carte d’un club à deux pas de chez lui.
Un an plus tard, Pierre est un autre homme. Il tient la main d’une femme, il a fière allure dans ses vêtements tout neufs et bien repassés, se tient bien droit et arbore un large sourire. Le yoga est devenu sa potion magique. Il ne peut plus s’en passer. C’est sa drogue, son élixir de jouvence, sa fontaine de régénérescence, son remède à tous ses maux.
Pour la proposition d’écriture N° 35 , je vous propose d’écrire un texte ou une poésie (de la longueur que vous souhaitez) sur l’automne.
Chaque semaine, vous recevrez une proposition d’écriture, pourquoi ne pas vous lancer? Il n’y a que le premier pas qui coûte…
Chaque proposition est un jeu de créativité.
Laissez-vous guider par votre intuition, votre imagination, votre envie d’écrire!
C’est un jeu de créativité.
Laissez filer vos idées, laissez les mots sortir tels qu’ils sont tout simplement ; c’est tellement mieux et spontané !
Ecrire, c’est se sentir libre. Ecrire, c’est la liberté d’imaginer.
J’ai hâte de lire vos créations!
Pensez à m’envoyer vos créations dans la rubrique “me contacter” de mon blog, La Plume de Laurence.
Créativement vôtre,
LAURENCE SMITS, La Plume de Laurence |