Vous avez été vraiment dans le vent pour la proposition d’écriture N° 94.

Entre tempêtes extérieures ou intérieures, les vents divers et variés et la naissance de certains d’entre eux, l’envol dans les cieux, vous vous êtes bien amusés avec les expressions tournant autour du vent et de l’air.

Bravo à vous! Ca décoiffe!

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.


De Françoise

Le chemin de vent

Il est né là-bas, quelque part au pied des grands monts, là où les neiges mangent les couleurs pendant les mois sombres pour blanchir l’horizon, là où les glaciers tutoient les nuages et capturent du bleu des infinis célestes.
Il a pris racine première dans les vallées usées par les millénaires de glissades des glaces sur la roche dure, dans le secret des brumes qui hantent les adrets, dans les frissons de lumière sur les adrets qui frémissent sous les moindres rayons.
Quand l’hiver se sent puissant tout là-haut, il s’éveille, aspiré par on ne sait quelle irrépressible force, attraction invisible qui l’appelle tout là-bas dans le grand sud, là où se battent les flots entre deux grands continents, là où les eaux salées ont gardé dans leurs entrailles cachées le souvenir brûlant des étés, la chaleur qui remonte des profondeurs sans que la terre n’en soit avisée.

Alors, telle une troupe de cavaliers réquisitionnés par quelque général lointain, il se lève, flaire d’abord les combes, les cols et les gorges. Il se nourrit de la force d’évaporation des brumes d’altitude, il s’enfle en traversant les plus basses vallées, prend de l’assurance. Il renifle l’acide des glaciers, le dru des névés, le piquant des forêts d’épicéas, l’odeur de poudre des roches brisées…
Puis, soudain il prend son élan, il a trouvé son aimantation, il sait maintenant où le mène son attirance irrésistible, dans autre errance, il met résolument cap plein sud, il accélère tandis que s’élargit la grande faille entre vieux massif et fières montagnes dressées.
Il bouscule au passage les rivages du fleuve qui a fait ici son lit et qu’il empêche de dormir dans sa paresse, il lui froisse les draps d’eau lisse tout à l’heure, il secoue ses rives, fait friser les vagues fluviales qui transforment bien vite les bateaux en bouchons ivres.
Les rives l’ont vite reconnu, humblement les premiers rideaux d’arbres plantés en lignes plient sous son commandement, espérant vainement apaiser son énergie. Ils en garderont l’empreinte indélébile, même quand il sera parti au loin et que le seul l’écho de son passage ne sera plus sonore mais imprégné dans les mémoires.
Le cours du fleuve s’élargit, laissant place à son empressement à gagner les plaines, s’aplatissant encore plus sous ses gifles de colère incompréhensible. Pourtant personne ne s’enhardit à le contrer. Chacun sait qu’il vaut mieux le laisser courir sa démence, se courber prudemment sous ses claques soudaines pour amortir leur choc.
Plus bas, il prend ses aises, s’élargit, envahi tout l’espace.
Il se griffe aux derniers reliefs, Victoire tente une résistance farouche, sous sa froideur paralysante, elle se bat, blanchit encore plus. Ventoux dans la lutte y a perdu ses dernières touffes vertes, il s’est converti en toundra, puis en Sibérie méridionale.
Il enrobe les arbres comme une croute de sucre sur les fruits confits de la vallée arboricole. Il embrasse toute la contrée, il est le maître incontesté.
Le fleuve a revêtu son habité de risées blanchâtres et dures.
Les villes et villages se protègent autant qu’ils peuvent en lui offrant le dos, espérant le voir glisser sans heurt. Mais il se rit bien de leur inutile subterfuge.
Certes, il s’écorche un peu sur les buissons de feuilles dures, s’emberlificote dans quelques antennes, se perd dans des faubourgs circulaires qui tentent vainement de le disperser, mais il reste le plus fort. Malheur a qui tente de lui résister. Plus d’un moulin y a laissé un bout d’aile et ce ne sont pas quelques lettres d’un Alphonse qui suffiront à les protéger.
Déjà il saute au travers des collines. Elles sont loin les cigales, elles auraient beau s’unir toutes qu’on ne parviendrait pas à entendre leur chorale sous son souffle puissant et grave, noyé par les échos de ses notes enrobant toute autre perception.
Il est comme un chien fou, il erre de partout, il se faufile dans le moindre détour de colline, il se précipite dans les ruelles, il lèche les toits, se moquant des pierres posées sur les tuiles rondes.
Si on ose le défier, il se rengorge plus encore, donne un coup de pied ici qui emporte un bout de toit, là encore une claque qui retourne une barque, arrache une voile repliée trop tardivement.
On raconte qu’un vieux berger qui avait tardé à rentrer ses moutons s’est fait voler des touffes de leur laine épaisse, d’ailleurs, voyez, elles flottent encore tout là-bas, regardez bien, sur la mer…
Car il a gagné, il a rejoint cette mer qui l’attendait comme une future épousée. Voyez comme ils dansent un furieux flamenco.
Ne sont-ils pas beaux et terribles à la fois quand s’unissent ainsi Mistral et Méditerranée ?

De Bernard

Une brise marine balaye l’estran
La risée forme du sable ondulant
Des goémons se sont dispersés
Toutes les empreintes sont effacées

Un vent d’autan balaye le temps
Le ciel paraît plus haut qu’avant
Les nuages se sont éloignés
Une belle journée ensoleillée

Le mistral s’est mis à souffler
Les volets vont bien claquer
Le beaufort monte sur son échelle
Le froid augmente dans les ruelles

Tous ces vents d’où viennent t-ils ?
Des éoliennes qui ventilent ?
Ou la pression atmosphérique
Qui parfois devient colérique ?

De Marjorie

Je suis tombée amoureuse de l’un de mes amis, qui plus est, l’homme qui me donnait confiance en moi, celui qui ressemblait à une poutre de soutènement.
Un lien inexplicable nous réunissait, nous étions attirés l’un par l’autre comme des aimants. Son âme me touchait plus que son apparence. Il était drôle, à l’écoute et protecteur, une bulle d’oxygène.
C’est lui qui est tombé amoureux le premier. Nos échanges étaient rafraîchissants et bon enfant, à son image, celle d’un homme jovial et aimable.
Cet homme voulait divorcer. Il n’était plus heureux dans son couple et il me voyait comme son âme sœur. En dehors de nos échanges verbaux, rien d’autre ne se passait entre nous. Je sentais son mal-être de plus en plus grand et je lui conseillai d’entamer une thérapie de couple avec la mère de ses enfants. Il me disait qu’elle était instable, limite une mauvaise fréquentation qui avait conçu les enfants dans son dos. Il décida alors de la quitter pour se mettre avec moi, sa « sauveuse », qui lui faisait connaître le vrai bonheur et non un bonheur superficiel fait de consommations de drogue et d’alcool. Il disait n’avoir plus besoin de cela dorénavant ni de se scarifier. Entre nous, tout était vivifiant hormis ses doutes où tel le vent, il s’envolait, s’enfuyait et retournait vers la mère de ses enfants. Il était une vraie girouette. Je décidai de couper le contact avec lui, mais il finissait par m’appeler à nouveau et je cédais. La mère de ses enfants tomba dans la dépression, elle téléphonait car il pleurait après moi. Lui me disait qu’elle l’avait sans doute trompé et qu’elle passait son temps à le manipuler.
Le divorce prononcé, nous passâmes deux – trois mois merveilleux, sans l’once d’un nuage. Si j’avais su que ce n’était qu’un moulin à vent, un moulin à paroles. Cet homme ne tenait pas ce qu’il disait et me mettait systématiquement au pied du mur, m’accusant des intempéries qui naissaient, des tensions. Il voulait faire ce qu’il voulait quand il voulait selon ses propos et ne parvenait pas à tenir compte de moi ou des accords que nous décidions ensemble après de longs échanges. Il finissait par s’imaginer que je lui donnais des ordres et que je le manipulais moi aussi. Je devenais comme la mère de ses enfants, une dominatrice manipulatrice.
J’étais entrée dans un tourbillon, dans la vie de cet homme que j’aimais et je me perdais. Un sifflement dans ma tête chantait, un instrument à vent jouait sans cesse. Je sentais mon intégrité en danger. Je ne me reconnaissais presque plus. Je ne savais même plus quels étaient mes goûts. Je ne comprenais plus rien de ce qui se passait de positif comme de négatif. Je ne savais plus qui j’étais. Et si c’était moi le problème ? Et si j’étais un danger pour les autres ? Il fallait que je m’isole pour ne pas faire de mal. Je ne supportais pas l’idée de faire du mal à quelqu’un. J’en pleurais. J’avais peur, peur de moi maintenant. L’oxygène de notre début de relation s’était transformé en dioxyde d’azote, j’étouffais. Je rencontrai la mère de ses enfants qui me mit en garde. Ses mots étaient forts: pervers narcissique. Elle me disait que ses enfants m’aimaient bien et qu’elle était contente. S’il était pervers narcissique, pourquoi continuait-elle à lui envoyer autant de messages presque tous les jours ? La croyant timbrée comme il me l’avait décrite, je ne la crus pas. Et pourtant, il m’avait une fois posé cette étrange question : « Suis-je un vampire ? ». Je n’avais pas saisi. C’était au début de notre relation. J’espérais toujours retrouver l’homme positif et heureux de nos premiers mois. Lui le voulait aussi tout en me disant que non car il trouvait qu’il avait bien évolué, qu’il savait ce qu’il voulait maintenant, selon lui. Qu’il savait que c’était avec moi qu’il voyait son avenir. Il voulait même un enfant. Que de contradictions et d’instabilités chez lui ! Je ne le connaissais pas ainsi amicalement.
A toutes les deux, il finit par nous dire qu’il avait des sentiments pour nous. Une fois l’une, une fois l’autre, puis les deux en même temps. Elle, l’amour de sa vie, reliés par les enfants, et moi, son âme sœur, reliés par un lien rassurant et inexplicable. Chaque fois que nous vivions une relation sans turbulence, il finissait par me quitter. Que de coups bas, mensonges et trahisons ! Il testait ma bienveillance et mon amour pour lui mais surtout, il testait notre lien… Il me dira même devant une amie commune qu’il n’avait jamais respecté autant une femme que moi. J’étais partagée. Il m’aimait alors, mais pourquoi toute cette instabilité destructrice ? Il finira par casser notre lien lorsque je n’étais plus que l’ombre de moi-même. J’ai toujours voulu qu’il finisse par s’aimer lui-même. Au début, il se trouvait laid. Plus tard, il se trouva beau. Je voulais qu’il soit enfin lui-même car il me disait ne pas avoir pu avec son ex-femme. Je voulais qu’il soit heureux. Il me disait être quelqu’un de sombre s’il était lui et se demandait d’ailleurs comment je l’aimais encore malgré tout le mal qu’il m’avait fait. Il en demandait toujours plus, une perfection et j’étouffais mes sifflements dans ma tête. Je doutais de lui, je doutais de moi. Qui était-il ? Qui étais-je finalement ? Je m’étais perdue.
Certes, je m’étais transformée en tornade à plusieurs reprises lorsqu’il allait trop loin.
Nous finîmes par nous séparer définitivement. Il emporta avec lui tous mes rêves avec lesquels il prit soin de jouer et de les détruire un à un. Il essaya encore de m’envoyer quelques messages auxquels je ne répondis pas.
J’appris beaucoup sur moi-même : d’abord à écouter l’instrument à vent qui chante en moi, mon intuition et à lui faire confiance. Cette histoire d’amour n’était qu’une mauvaise illusion, du vent, un cauchemar. Dorénavant, je me suffis à moi-même. Je me suis rencontrée, l’Univers m’a envoyé des messages. Je me sens maintenant en harmonie. Ecoutez – vous, méfiez – vous des paroles et focalisez – vous sur les actes. Quelqu’un qui se présente en sauveur et/ou en victime finit tôt ou tard par se transformer en bourreau. Une relation saine ne naît qu’à partir de deux personnes saines. L’amour ne vous tombe pas dessus, alors, ce sont les hormones. L’amour, le vrai, cela se construit…
Ce n’est pas égoïste que de s’éloigner des personnes qui sont néfastes pour nous.

De Maila (proposition d’écriture N° 93)

Le repas de fin d’été

Considérer le jardin comme faisant partie intégrante de notre lieu de vie, cela peut sembler très commun.
Pourtant aujourd’hui, alors que les premières fleurs pointent et que la nature invite aux travaux d’extérieur, je ne peux me résoudre à évoquer mon jardin sans une certaine ferveur. Cet espace vert qui ceinture mon modeste pavillon, je l’ai patiemment structuré au fil des années. Il y a un petit coin que j’affectionne particulièrement, c’est une gloriette, où il fait bon lire à l’ombre de la glycine. Cet endroit est comme un ilot au fond du jardin, une rocaille en dessine les contours et on y accède par un petit pont de bois, œuvre de mon cher papa.
C’est là que nous fêtons en grande pompe la fin de l’été. Pour l’occasion, cet espace est décoré à souhait. Lanternes qui jalonnent le chemin, nappe blanche, table dressée avec soin et convives d’un cercle très restreint. Le menu est élaboré avec chacun, adapté à une soirée au fond du jardin.
Voilà c’est la fête, avec toute la chaleur et l’ambiance d’un rendez-vous de repas de fin d’ été sous la tonnelle.

De Nicole

Mars au vent nouveau

Un vent tempétueux souffle sur la ville, branches cassées, tuiles, détritus encombrent les chaussées.
Une odeur prégnante d’hydrocarbures, de poubelles moisies heurte les narines.
La musique rugissante des camions de pompier résonne depuis ce matin dans les rues.
Toitures envolées, arbres écroulés à tronçonner d’urgence, caves inondées.
Et pourtant, il doit sortir, une course qu’il ne peut remettre.
Il décide de marcher jusque-là, il éprouve plus de confiance envers ses grosses chaussures de marche qu’envers la voiture.
Une bourrasque soudaine, une enveloppe tourbillonne dans l’air et tombe du ciel à ses pieds.
Il la ramasse. Scellée, sans adresse. Curieux, il l’ouvre, comme on ouvre la boite de pandore.
“Bel inconnu, Je te donne rendez-vous à 18H00 sur la Grand’Place, devant la statue de Christine de Lalaing, Princesse guerrière. Je t’attendrai tous les jours à la même heure par tous les temps. Tu découvriras avec mois la statuaire de la ville et plus si affinités”
L’écriture est belle, les pleins et les déliés d’une encre sépia.
L’enveloppe et la lettre sont en papier vélin de bonne facture.
Cela sent l’aventure romanesque.
Célestin pratique la sculpture depuis dix ans.
Ce rendez-vous, il le prend comme une ouverture, un pas artistique.
18H00, sous un crachin tenace, il s’assied aux pieds de la Princesse de la ville.
Une vieille dame menue, tout de noir vêtue s’approche à petits pas.
“Bel inconnu, tu t’es fait attendre si longtemps. Ma beauté envolée au fil de l’âge, tu me trouveras hardie de me présenter à toi.”
“Madame qu’importe, les harmonies demeurent, emmenez-moi en promenade.”
Cheminant, ils découvrent les beautés de la ville, se découvrent.
L’air semble si léger avec elle.
Déconcertant, étonnant dans l’étrangeté des niveaux temporels, hier et aujourd’hui confondus.
Sa voix de jeune fille au timbre vibrant de mélancolie, sa grâce aérienne, tout est beau chez elle.
Ils s’arrêtent dans le salon de pâtisserie “Les songes”, dégustent un chocolat chaud.
Elle s’appelle Corentine.
“Déjà l’heure de se quitter”, lui dit-elle, “je suis la Mort et je suis si vieille maintenant.
Tu es si charmant, je ne t’emmènerai pas avec moi cette fois-ci. Inutile de revenir au lieu de rencontre, je ne viendrai plus. J’allonge ton délai d’au moins quarante ans. D’ici là, vis pleinement ton art, ta vie, tes amours. Je reviendrai.”

De Jacques

L’original

Il fait froid dans la fièvre des jours
Je ne vois que mon corps tendu d’insolence
Au bout d’un ciel égaré
Il me vient la peur des visages immobiles
Sur l’autoroute des âmes
Qu’ai-je de si précieux
Dans la rondeur de mes mains
Tremblantes encore entre les feuillages
Quel poids de tendresse me renverse
Moi qui surgis des broussailles
Emmêlant mon pas aux poussières
Les yeux plissés le coeur flâneur.

Vibrer me vient enfin
Je tends ma peau
Comme ces racines palpitant
Sous leur gant de glaise
Fuyant la détresse des astres
Je ne suis qu’une charogne
Durcie par le froid
Je rêve encore suis-je bête
De l’écœurante beauté d’un corps
Qu’on ouvre sans torture
Dans les replis de l’amour.

Le détraqué
Il fait froid dans mon âme venteuse
Je ne vois que malheur
Au bout d’un ciel noir
Il me vient la peur
Sur l’autoroute de mes émotions
Qu’ai-je d’aussi effondré
Dans la rondeur de ma tête
Troublante encore d’absence
Quel poids de tendresse leur manque
Moi qui surgis des lianes écorchées
Emmêlant mon pas d’obstacles sur
Les yeux plissés du paysage
Vibrer me pousse par le regard
Je tends ma peau
Comme des racines allongées de lianes
Sous leur gant de crin
Fuyant la détresse, ce retour de manivelle
Je ne suis qu’une partie d’un tout
Durcie par le froid de mes pensées
Je rêve encore pourtant
De l’écœurante béatitude
Qu’on ouvre telle une porte
Dans le repli de la tristesse.

De Claude

Autant en emporte le vent

Il fut un temps où nous étions libres. Libres comme l’air. Désormais, prendre l’air au-delà de 18 heures peut vous valoir une amende sévère, si vous n’avez pas de justification sérieuse.
Souvenez-vous ! Le virus, apparu insidieusement, a conforté ses positions mais on a eu vent tard, beaucoup trop tard, de ses dégâts. Un vent de peur, de panique même, a gagné la planète. En grand stratège, le Corona a d’abord réussi à nous diviser : pour peu qu’en public, vous toussiez dans votre coude ou dans votre mouchoir (à usage unique), vous aviez droit à des regards haineux et à des remarques assassines. Vous étiez aussitôt pris en grippe. Et vous basculiez d’un seul coup dans le monde des exclus, des parias.
La situation était vite devenue intenable et devant le manque d’appareils respiratoires, on réclama à cor et à cri la réouverture du cirque plein d’air, la fin de toutes les promesses en l’air, le développement des pôles d’air, la promotion des hôtesses de l’air…
Les masques, jugés inutiles au début, finirent, après maintes réunions et conseils de défense, par être obligatoires, et même, une fois redessinés avec style par les grands couturiers, déclarés « dans le vent ».
On alla jusqu’à conseiller aux femmes de ne pas lésiner sur les masques de beauté (sans y laisser leur peau, naturellement) et de faire comme les souris avec le masque à rat. Le bonheur est dans l’apprêt.
C’était, comme le disait un ministre : « une vraie mascarade ! ».

Il fallait, à tout prix, résister à cette pandémie. Les parents, confinés avec leurs enfants à la maison, devaient les occuper : c’était le plus souvent du télétravail, qui consistait à regarder tous les programmes de télévision (particulièrement « C’est dans l’air »), sur toutes les chaînes!
Le manque d’intimité et l’air confiné rendaient souvent l’atmosphère irrespirable dans les habitations, surtout quand l’espace était réduit. Les conflits, les disputes, étaient fréquents et à force de bouder, beaucoup devinrent adeptes du bouddhisme. D’autres arborèrent une attitude sans zen. On les appelait « les jusqu’aux-bouddhistes ».
Dans les appartements exigus, certains cherchaient paix et réconfort dans les toilettes, essayant d’oublier le chaos ambiant dans ce lieu souvent étroit, en faisant leur sudoku assis sur un trône, dans la position du lotus. Là, ils se prenaient pour des chefs de cabinet et adoptaient une attitude relax, hâtive aussi.
On signala de nombreux problèmes neurologiques, des tendances suicidaires (beaucoup songeaient à se foutre en l’air), des violences, de l’alcoolisme. Les couples se séparaient ou divorçaient. Comment d’ailleurs, un homme sain d’esprit, pouvait-il réagir lorsqu’il voyait sa promise cuitée ?
Pour se venger de tous les génocides quotidiens subis par ses congénères, que ce soit à cause des antibiotiques, des pesticides, de l’eau de Javel, d’Harpic, d’Ajax, de Monsieur Propre ou de tous les produits d’entretien courants utilisés par les ménagères, ce cruel virus était déterminé non seulement à favoriser l’activité des pompes funèbres, mais aussi à plonger la totalité de la planète dans un marasme économique profond, semblable à la crise de 29. Comme ses variants, d’ailleurs – il avait six clones qui semblaient s’être coalisés – !
Le paradoxe était que les malades étouffaient (l’excès en toux est un vilain défaut) alors que les politiciens, eux, ne manquaient pas d’air.
Leurs déclarations souvent contradictoires, commençaient à nous pomper l’air, car ce n’était que du vent, rien de plus. Des paroles en l’air ! Des mutineries éclatèrent dans des prisons surpeuplées. Certains députés proposèrent alors d’y installer des caméras en grand nombre, afin que l’on disposât, non de photos de confinés, mais de cons filmés. Sans parler d’un festival de photos-matons.
On suggéra même, pour réduire la contamination, de n’incarcérer les prisonniers que la nuit !
Ceux-ci devenant ainsi « détenus de soirée ».
Toute réunion et toute fête étant interdites, les mariages étaient annulés. Et pire, les enterrements ! Avec personne, ou presque, pour suivre le cercueil ! Que dalle ! Alors qu’on était en période décès ! C’en était fini des exercices de stèle !
Au bout du compte, les gens furent vaccinés. Hélas pas contre la covid, mais contre les engagements inconsidérés et les arguments péremptoires des autorités sanitaires, qui, contre vents et marées maintinrent des mesures de confinement. Lesquelles, à défaut d’être virucides, étaient assurément liberticides.
Sans parler d’une concurrence féroce entre les laboratoires pour les vaccins. N’aurait-il pas été judicieux de les renvoyer doses à doses ?
Il faut reconnaître aussi que la situation était inédite et que les solutions n’étaient pas simples.
Pour ma part, je suis désormais bien décidé à ne plus acheter de produits « made in China », mais uniquement des produits « made in chez moi ».
Je ferai une exception si le virus part avant… les vacances !
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais avec ce virus, c’est bien la première fois qu’un truc « made in China » dure aussi longtemps !

De Sylvie

Renaissance.

Ce matin, après une nuit très mouvementée, je me lève et prend le temps de savourer mon thé parfumé au jasmin, qui embaume toute la pièce. Je regardai par la fenêtre quand une rafale de vent fit voler des feuilles à vive allure formant un tourbillon tel un cyclone. Toujours pas de fraicheur à l’horizon. La nuit a été très chaude, des températures au-dessus des normales saisonnières. Quelques personnes probablement sorties pour se rendre à leur travail semblent avoir l’air de peiner pour marcher.
L’air ambiant est chaud, très sec, pesant, déjà peu respirable en cette matinée de septembre qui annonce encore une journée très chaude. L’automne approche mais les températures sont encore trop élevées.
Je viens de me lever et déjà j’ai chaud, je transpire, mes yeux me brûlent de fatigue. Encore une journée à me traîner. Les ventilateurs ne brassent que de l’air chaud. Je dois enchaîner, au fil des journées, des douches froides qui me font un grand bien sur le moment mais mon corps se réchauffe très vite.
Et si je changeais d’air et d’atmosphère ?
Atmosphère, atmosphère, si bien répliquée par Arletty dans le film mythique : « L’hôtel du Nord ».
Allez, hop !
Je prépare toutes mes affaires et ma valise de quoi avoir pour plusieurs jours même si avec ce temps presque caniculaire, peu d’affaires sont nécessaires ici mais attention au changement de température et d’air au bord de la Manche. Je n’oublie pas de prendre mon coupe-vent et quelques vêtements chauds.
Direction Etretat, pour une belle escapade. Mon paradis. Il y fait frais dans la période automnale et soleil ne chauffe pas autant qu’ici et l’air y est respirable. C’est le temps idéal pour reprendre des forces. Mais avant d’y arriver, je vais souffrir sous cette chaleur insupportable qui dure depuis deux mois. Ici l’atmosphère est chargée. Le ciel est bas, gris, pollué, nous devons rouler moins vite pour éviter les gaz à effets de serre. Je roule et je n’ai qu’une hâte, aller sur ces magnifiques falaises me rafraichir et pouvoir dormir sous des températures pour certaines trop fraiches mais pour moi, c’est une grande bouffée d’oxygène. De quoi se revigorer, revivre.
Me voilà arrivée, enfin je souffle, je respire. Je dépose toutes mes affaires dans ma location et je pars arpenter ces splendides et célèbres falaises où se déchaine le vent. Le vent marin, les embruns, cette bonne odeur marine…Me vint à l’esprit l’air de cette chanson, très connue des enfants : « Vive le vent, vive le vent… pas d’hiver, mais qui nous rafraichit… ».
Je marche sur le front de mer et je commence la montée par les escaliers, ce qui va me permettre d’admirer ces falaises en surplomb. L’air de rien, les marches sont dures à monter. Le vent s’engouffre à travers mes vêtements et fait virevolter mon coupe-vent. Mes cheveux volent au vent, par moment des bourrasques me poussent. Je dois faire très attention en haut des falaises de ne pas trop m’approcher du bord très abrupt. Quelle belle vue. La mer, un ciel bleu, un air vivifiant…Ici la végétation ne souffre pas de la canicule. Quel beau tableau s’offre à moi.
Une envolée de mouettes rieuses passe juste au-dessus de ma tête, planant au gré du vent tel un planeur qui se laisse porter.
Au fil de la journée, le vent devient de plus en plus fort, la mer est déchainée et le ciel s’assombrit. De gros nuages se forment. L’air se charge d’humidité. Une tempête est annoncée dans les heures qui suivent.
Je vais aller me réfugier dans ma petite maisonnette et rester bien au chaud et à l’abri du vent. Peut-être que demain, celui-ci sera moins violent, moins froid et je pourrais retourner admirer les sublimes falaises de craie blanche, la mer qui attirent toujours autant de touristes tout au long de l’année.

De Catherine

Avis de tempête


Julia tempêtait intérieurement. De l’extérieur, à peine pouvait-on penser qu’une légère brise semblait l’agiter de micro-turbulences, mais en dedans, un ouragan se préparait, avec un vent à décorner les bœufs, comme on disait dans sa Bretagne natale, où on avait l’habitude d’avoir du vent dans les voiles.
Mais sa collègue allait vite comprendre qu’il y avait de l’orage dans l’air. Il fallait vraiment que cette fille ait du vent entre les deux oreilles, pour faire rater une telle vente, si primordiale pour l’agence.
Pour l’instant, elle ne pouvait rien dire parce que les clients étaient encore là, mais après, elle comptait bien lui souffler dans les bronches ! Elle venait de ficher en l’air un contrat de vente exceptionnel, alors qu’elle, elle se battait pour tenir contre vents et marées face à la concurrence. Tous ses efforts étaient réduits à néant, à cause de cette … godiche, cette … girouette sans cervelle qui parlait toujours à tort et à travers, au risque de dire ce qu’il ne fallait pas. Julia était à la fois en colère et découragée : elle avait l’impression de passer son temps à se battre contre des moulins à vent ! Pourquoi les autres s’employaient-ils à lui savonner la planche ? Avec cette vente, elle aurait eu le vent en poupe, elle en était certaine.
Les clients montraient des signes d’impatience et mouraient d’envie de quitter l’agence, mais sa collègue essayait toujours de les retenir, ramant pour contrer les effets de ses maladresses, et tenter de les convaincre de revenir sur leur décision. « Mais qu’ils s’en aillent! De toute façon, c’était fichu ! Bon vent Messieurs-Dames, et surtout, merci Coralie ! » s’enflammait silencieusement Julia.
« Coralie ! Viens dans mon bureau tout de suite ! »
Et la jolie Coralie se retrouva en pleine bourrasque face à la colère de Julia, dont les rafales ne lui faisaient percevoir que la moitié des propos. Elle savait bien qu’elle avait fait une bêtise, qu’elle n’aurait pas dû parler du double assassinat qui avait eu lieu dans la gentilhommière. Elle avait essayé de se rattraper comme elle avait pu, mais en vain. C’était son côté cancanière qui l’avait emporté sur son professionnalisme : elle connaissait son point faible, mais avait du mal à le maîtriser.
Une fois le vent tombé, un étrange calme plat s’ensuivit en Julia, qui savait qu’elle aurait bientôt à affronter son banquier : elle avait compté sur cette vente pour l’amadouer et le faire patienter. Coralie allait s’excuser à nouveau quand la sonnette de la porte de l’agence se fit entendre. Le sourire commercial en avant, elle se précipita à la rencontre du couple cinquantaine qui venait d’entrer :
« Bonjour Messieurs-Dames, quel bon vent vous amène chez nous ? »
« Bonjour, justement, nous avons eu vent que la gentilhommière à la sortie de la ville était à vendre … »
Julia dressa les oreilles et se précipita pour épauler sa collègue, aiguisant son plus beau sourire, et affûtant ses meilleurs arguments, à nouveau tout vent debout.

De Marina

Le vent
Mes cheveux s’envolent. Je sens l’air passer à travers les mèches, sur mon crâne. Mes yeux sont fermés. Je ne sais plus où je suis.
Un souffle froid passe sur mon visage, me mord les joues. Serait-ce le blizzard ? Mais non, je la reconnais : c’est la Louise qui fait sa loi dans le ciel. Les nuages volent et virevoltent. Je cherche en vain à détailler des formes ou des animaux : ils vont trop vite. À peine une esquisse et l’alizé transforme le mouton en éléphant.
Soudain, un effet de foehn. J’ai chaud, j’ai soif. Cette rafale m’a desséchée. Le mistral a tôt fait de chasser cet importun. Mais n’est-ce pas plutôt la tramontane ? Un nouveau tourbillon et il me semble avoir affaire au suroit.
Le souffle du gaz finit par titiller mon ouïe. J’ouvre les yeux : je vois au-dessus de moi une flamme et une énorme toile rouge et jaune remplie d’air. Je suis dans une montgolfière !
Le vent d’autan a embrouillé mon esprit : ne dit-on pas qu’il rend fou ?

De Lucette

Aussitôt levée, je « change d’air » en ouvrant grandes mes fenêtres. Bien sûr, j’évite « les courants d’air », surtout s’il y a « un vent à décorner les bœufs ». Je prends mon petit-déjeuner, soudain, la sonnerie de l’interphone me fait sursauter. Il fait presque nuit, donc encore plus imprévisible d’avoir une visite à cette heure. « Que voulez-vous » ? Une petite voix me répond « J’ai vu de la lumière, c’est la seule du coin, je m’excuse mais ma voiture a les quatre fers en l’air. Je suis en retard et perdu le contrôle. Pouvez-vous S.V.P appeler les secours ».
Avant de faire quoi que ce soit, j’avance une lampe torche à la main, pour vérifier si ce n’est pas un stratagème pour m’attirer des ennuis…
J’approche précautionneusement, face à moi, un homme encore jeune qui « a l’air d’avoir du vent dans les voiles ». Je m’énerve un peu devant ce spectacle désolant en « prenant mes grands airs ». Ses habits « flottaient aux vents », il était pitoyable.
Le ciel commence à s’éclairer quand j’aperçois de gros cumulonimbus qui s’amoncellent. Du doigt, je lui montre « qu’il y a de l’orage dans l’air ». De ses yeux rougis par des abus illicites, il me dit « Je suis logé aux quatre vents.Je ne veux pas vous raconter ma vie mais « je veux me foutre en l’air ».
« Assez de bêtises comme ça pour aujourd’hui, si vous continuez « je vais vous mettre un vent » pour ramener à la réalité. »
« Vous ne manquez pas d’air » quand même pour déranger les gens à cette heure-ci. Mais… je vous remets « vous avez un air de famille » avec mon beau-frère. On échange nos noms et effectivement, vous êtes le jeune frère de mon beauf.
Tout penaud, il me répond « Je veux jouer la fille de l’air », fuir, ne plus voir personne, «contre vents et marées, je veux « changer d’air ». Quand j’ai dérapé, « j’avais la tête en l’air», sans doute me suis-je endormi…
Et bien « vous avez l’air » bien mal en point, je ne peux pas vous laisser repartir dans cet état. Je téléphone à votre frère, le répondeur répète encore et encore « absent pour le moment » … Enfin, dans la matinée, monsieur daigne répondre « Quel bon vent t’amène » me dit-il ?. « Je faisais mon baptême de l’air » dans un biplace. Tout fanfaron, sur un ton guilleret, il crie « je n’ai même pas eu le mal de l’air » …
Je lui coupe la parole pour lui annoncer des choses plus terre à terre. « As-tu eu vent » que ton jeune frère veut « prendre l’air » et qu’il a échoué lamentablement avec sa voiture dans le fossé, juste devant chez moi ? »
A peine affolé, il répond, « lui, part toujours selon le vent » « Oui j’ai eu vent de sa décision. Je ne peux rien pour lui, s’il veut partir qu’il parte et je lui souhaite « Bon vent » …
Quand il a eu les idées plus claires, un dépanneur est venu chercher son épave, il est parti avec lui.
J’ai mal pour lui, pour son désarroi. Il voulait avoir une contenance grave, du coup « son air d’importance assez piteux » l’a rendu encore plus sot.
Vole, vole, petit gars et trouve ta voie, ailleurs que dans le vent. Que ta pensée se forme dans ton âme, comme les nuages se forment dans l’air…

De Danièle

C’est une école ouverte aux quatre vents
Dans laquelle on ne voit guère passer le temps.
C’est une école sans cesse traversée
De bourrasques, de brises, de vents alizés.
C’est une école qui ne manque pas d’air,
Le mot exclusion n’est pas dans son abécédaire.

Les enfants qui la fréquentent
Sont empêtrés dans leurs tourmentes,
Leurs têtes balayées de tempêtes
Les rendent souvent analphabètes.

Mais l’adulte veille, se penche humblement
A la hauteur de leurs sentiments.
Pour un temps, il ne sera pas question,
De grammaire, de calcul, de conjugaison.

Artisan de la relation, il parcourt avec eux
Des pays buissonniers, des chemins hasardeux.
Cheveux au vent, sur la route, il sème des graines de patience,
D’estime, de respect, de confiance.
La promenade sera longue, mais qu’importe le sentier
L’important est de marcher.

De Mireille

Rêverie

Bien le bonjour Monsieur Corbeau,
Connaissez-vous le sirocco,
Le glacial et fougueux blizzard
Qui ne laisse rien au hasard ?
Préférez-vous le doux zéphyr
Qui chatouille, qui soupire,
Couronne d’éclats l’écureuil,
Caresse les vertes feuilles.
Quels bons vents vous semblent plaisants
Au paisible soleil couchant.

De Maïla

Thérèse par vents et marées

Thérèse avait pris ses quartiers d’été en bord de mer, elle avait besoin de changer d’air. Dans la petite maison familiale, au bord de la lande, à peine les volets ouverts, elle respirait la liberté.
Tout comme elle, son chien Spirit, aimait arpenter ces grands espaces. Le museau au vent, il suivait docile sa maîtresse, ils en prenaient plein les poumons. Entre Thérèse et Spirit, il y avait comme un air de famille, tant ces deux-là étaient complices inséparables face aux tempêtes de la vie.
Édouard était resté au bercail. Contre vents et marées, il voulait poursuivre la lutte et défendre son outil de travail. Déjà six semaines d’occupation de l’usine, fallait pas lâcher maintenant !
Il savait Thérèse déçue, mais il trouva les mots pour la convaincre et de toute façon en cas de pépins, il y avait le cousin Norbert qui habitait le bourg. « Tu sais Norbert avec son air de rien, il a de l’or dans les doigts et il sera ravi de te rendre service ».
Alors, Thérèse avait fait sa valise avec grand soin. Malgré son âge, elle était restée coquette et aimait à porter des tenues colorées et dans l’air du temps.
Elle avait déjà grillé cinq jours de congés, lorsqu’un coup de vent sur la côte était annoncé. Outre la météo et ses rendez-vous de 13 et 20 heures rivée devant le petit téléviseur, elle aimait aussi écouter la météo marine à la radio. Tous ces noms, Dogger, Fisher, German, la faisaient voyager. Elle s’imaginait à la proue de son navire, affronter la rage des grandes marées et les vents contraires, revenant du grand large en héroïne.
En attendant, ce soir, il y avait un vent à décorner les bœufs et elle s’était barricadée dans la maisonnette. Emmitouflée, Spirit roulé en boule à ses pieds, elle n’en menait pas large, à l’affût du moindre bruit suspect. Le vent redoublait d’effort et d’énergie. Les volets grinçaient sur leurs gonds. Les ardoises sur le toit semblaient craquer sous le poids d’un ogre.
Au petit matin, malgré le vent frais et le crachin, elle fut impatiente de faire le tour de la propriété pour observer si dégâts il y avait.
Eh oui, quelques ardoises brisées gisaient au sol. Elle irait voir Norbert pour lui demander s’il pouvait intervenir.
« Quel bon vent vous amène cousine », lui dit ce dernier, avec son regard peu amène, mais détaillant la silhouette féminine de pied en cap. Thérèse, pas très à l’aise, s’empressa de lui donner des nouvelles d’Édouard, de l’usine, de la lutte et de son toit par endroit offert aux caprices du ciel.
« Sacrée bourrasque », lui dit le cousin, « quel temps de chien » et il refit l’historique des dernières tempêtes. A l’entendre, il en pinçait encore pour Erika, faut dire qu’il avait l’art de brasser du vent.
Il passerait dans la journée. Thérèse espérait que ce ne serait pas une promesse en l’air.
Norbert avait toujours vécu seul. Il avait été marin au long cours. Au bourg, il s’était forgé une solide réputation, on le disait bourru côté pile, aguicheur côté face, l’œil aux aguets dès qu’une fille avait du vent dans les voiles. De sa glorieuse époque, il aurait eu une femme dans chaque port et quelques moussaillons égrainés aux quatre vents. Sacré Norbert, avec son air de pas y toucher !

De Brigitte

” Ah, il ne manque pas d’air le José” dit Auguste . Celui-ci, rouge de colère, fulminait en faisant les cent pas devant sa maison.
“Bonjour Auguste, hé qu’est ce qui t’arrive ?” lui demanda Céleste qui passait par là.
“ Le José, il est venu mais quand il a aperçu mon cousin Hugolin, celui qui a la tête en l’air, il a pris ses jambes à son coup et s’est sauvé en coup de vent. Avec ses grands airs et ses paroles en l’air, il me pompe l’air le José ! ”
” Tu devrais plutôt être content qu’il ne soit pas resté ” lui dit Céleste, “ il te court sur le haricot depuis longtemps ”.
“ Oui, je suis d’accord mais je me bats contre vents et marées pour que mon cousin Hugolin qui a, tu le sais bien, du vent dans les oreilles, rencontre un peu de monde et à chaque tentative, je me prends un vent. C’est vexant à la fin”.
“Bah, ne t’inquiètes pas ” répond Céleste, “moi, je l’aime bien ton cousin et j’aime bien votre petit air de famille et votre petit air l’air de rien car vous êtes à la pointe de l’écologie avec vos trouvailles originales, car tu sais, j’ai eu vent de la dernière. Votre astucieux système d’arrosage avec les chambres à air de vélo” et oui Auguste! vivre au grand air n’empêche pas d’être dans le vent ! Il parait d’ailleurs que vous avez les plus belles tomates et aromates du village. »
Auguste rougit de confusion ” Tu es gentille Céleste ! C’est vrai que l’on est assez fiers de nos récoltes Hugolin et moi. Tiens, d’ailleurs allons voir ce qu’il fait le Hugolin “.
Soudain, ils entendirent un gros bruit et un vent de panique souffla dans la maison : Hugolin, les quatre fers en l’air, un sourire fendu jusqu’aux oreilles clama “booonjoour Cécélesteu , Je… crois que j’ai un peu…. beau..coup… de vent dans dans… les… voiles”. Céleste éclata de rire ” Bonjour Hugolin, tu es bien joyeux de bon matin et de bien meilleure humeur que ton cousin “.
Auguste constata que le niveau de la bouteille du bourru avait diminué d’une bonne moitié “Ah, ce cornichon, il a confondu le bourru avec le jus de pommes“.
”Eh Hugolin, je t’avais prévenu, c’est fort le bourru, allez va prendre un bon bol d’air, ça va te faire du bien », lui dit-il en l’aidant à se relever.
Hugolin, hilare, sortit de la maison.
“Céleste, ça te dit un petit verre de bourru”?

De Laurence

Pour leurs 60 ans à tous les deux, Valérie et Arthur avaient projeter, bien des années auparavant, de s’envoyer en l’air, en tout bien tout honneur, sans dépasser les limites imposées par la décence, mais sans jamais oser franchir le pas. De certains rêves à la réalité, il y a plus d’un Rubicon à franchir !
Elle souffrait du vertige notoirement et lui n’emmenait pas large non plus. Ils mouraient d’envie de découvrir leur petit coin de paradis vu du ciel. Quoi de mieux qu’un petit voyage en amoureux en montgolfière ! Aussi, le 8 aout 2020, ils s’envolèrent au-dessus du paysage charentais. Le rendez-vous avait été pris à cinq heures du matin, au lever du soleil.
Ils avaient auparavant rassemblé tout leur courage pour fêter dignement leur passage dans la nouvelle décennie, qui allait changer beaucoup de choses pour eux deux. Malgré leur peur du vide, ils passèrent un moment inoubliable. L’équipe du ballon était à leurs petits soins, toute gentille d’attentions.
Le moment du gonflage fut impressionnant. Monter dans la passerelle en osier pour la première fois leur occasionna quelques frayeurs. Mais, le décollage se fit en douceur dans les airs, dans un moment magique et tout doux où les passagers quittèrent le sol. La montgolfière était emportée par une légère brise d’été, face à un magnifique lever de soleil.
Ce fut bien évidemment un vol inoubliable au-dessus des paysages qu’il voyait d’en haut pour la première fois à cette altitude. Ils les avaient déjà vus d’un avion, mais c’était trop haut pour distinguer les détails. Là, ils virent les menus détails. C’était tellement beau d’admirer les champs formant des patchworks, tout en écoutant les explications simples du pilote, adorable de surcroît.
Nos touristes dorénavant sexagénaires restaient béats devant le spectacle de l’astre lumineux pointer le bout de son nez depuis leur hauteur. Ils étaient bien là-haut ; pas un soupçon de la moindre trace de peur. Le vent choisit de plus de faire passer le ballon au-dessus de leur nid d’amour. Que d’émotions et de photos prises à plus de quatre cents mètres d’altitude ! Ils aperçurent les plantations des champs, de belles propriétés, des lapins et des chevreuils. Ils avaient les airs pour eux tous seuls. Un sacré privilège ! Dans les airs, les bruits de la vie sont étouffés. Il ne reste plus que le calme, la douceur, la beauté et une certaine forme de sérénité qu’on peut éventuellement trouver au sommet des montagnes. Voler en montgolfière est bien un moment à part, unique. La nature semble si belle vue d’en haut !
Ce fut une excitation et un moment privilégié pour Valérie et Arthur et une communion avec la nature, qui leur arracha des larmes à tous deux. Ils étaient amoureux des airs, eux les froussards de la hauteur. Un sort enchanteur leur avait été lancé, pour sûr ! Ils étaient ensorcelés par le grandiose spectacle d’un coin qu’ils connaissaient pourtant si bien. La lumière du matin sur la campagne charentaise remplaçait bien toutes les grasses matinées du monde. Sous les couleurs rougeoyantes du lever de soleil, le pilote Pierre faisait sortir des maisons les habitants tirés de leur lit par le bruit des brûleurs et ravis de cette visite inattendue au-dessus de chez eux. En pyjamas, ils faisaient des coucous, ravis du spectacle.
Tout était calme et le seul bruit perceptible était la chauffe régulière du pilote qui venait rompre un instant l’harmonie alentour et déranger çà et là un lièvre de garenne ou un chevreuil, qui s’enfuyaient au passage de l’intrus monstrueux.
La montgolfière avançait de plus en plus vite, comme si elle voulait mener sa propre vie et échapper à la main de fer qui essayait de la dompter. La vie tourbillonnait, le bonheur virevoltait dans ce souffle estival plein de promesses.
Le ballon était désormais à quelques mètres au-dessus d’un champ de blé, caressant les épis. Pierre cherchait un terrain non cultivé pour atterrir. Il s’approcha au plus près du sol et l’atterrissage se fit en douceur après plusieurs rebonds car le vent était tombé vers la fin du vol.
L’équipe, après avoir rangé tout le matériel, réserva une autre surprise pour le couple d’amoureux. Pour célébrer dignement à la fois le baptême du vol et leurs 60 ans, Pierre le pilote offrit un verre de champagne avec un gâteau et un diplôme. Ils revécurent leur vol tous ensemble, des souvenirs déjà plein leur tête. On peut le dire maintenant : c’était un cadeau de leurs enfants pour leurs 60 ans ! Un cadeau original et spectaculaire, absolument exceptionnel. Un magnifique moment de partage et d’échange ! Nos deux tourtereaux avaient vécu un moment intense d’infini, avaient respiré à pleins poumons l’air léger et frais du matin, accoudés à la nacelle comme sur un balcon. L’air doux avait glissé sur leur visage, effaçant toutes les rides, oubliant pour un temps les affres du temps qui passait. Un léger souffle avait illuminé leur vie ! Le vent, lentement, avait décidé de leur parcours de vol, leur offrant des moments enchanteurs, apaisants, des instants d’une vraie liberté comme on en vit peu dans une vie ! Valérie et Arthur avaient vécu un rêve éveillé !

De Patrick

Au Fil du Vent

À l’heure ou la rosée du matin désaltère de ses bienfaits le peuple des végétaux, un petit air frais, vent câlin, souffle léger comme apaisé, vient débarbouiller mon visage encore tout embué des vapeurs de ma nuit.
L’atmosphère de cette matinée semblait douce et heureuse avec cette petite brise légère parfumant l’azur de ses envolées florales qui invite au bien -être, au rêve et à une plénitude.
Poussée par un alizé mutin une plume d’un de ces grands oiseaux vint virevolter tourbillonner devant moi, me soufflant comme une bouffée inspirante. Sa mélodie me dit « viens je t’emmène, dans l’air du vent, dans l’éther de tes passions, car qui rêve au vent récolte le tempo du temps ».
Alors oui, comme cette plume au vent je désire partir dans ce courant ascendant où une grande bourrasque de notes me remplit la tête d’harmonies aux vapeurs planantes, m’enrubannant de mélopées et m’invitant à un voyage onirique, « va, va mon âme au gré et au fil du temps, oui va ou le vent te mène. »

« « Oh petite plume, pour l’amour d’Eole, dieu des vents prêtes-moi des mots pour décrire ce que je ressens, je ne suis qu’un Pierrot lunaire chercheur de phrases. »
« Laisse-toi guider, le vent te portera », dit la plume, « Regarde, v’là bon vent v’là joli vent, c’est un mistral gagnant du pays des félibres et puis il y a la tramontane qui danse la sardane avec l’autan où résonnent près du Capitole les refrains de Nougaro. »
Je m’en remets au vent, passager sans bagages dans les nuages qui traversent l’atmosphère avec pour horizon Aquilon, dieu des vents du nord ,vent d’hiver ou Zéphyr, dieu des vents du sud, sous le vent des tropiques.
« Peu importe », me dit petite plume, « l’important, c’est le courant ascendant, la frénésie du vol dans l’espace azuréen, regarde ces beaux et grands oiseaux volant planant en liberté, griffant le bleu du ciel de leurs ailes, c’est grâce à la fée « Portance » qui les attire vers le haut, contrant cette ennuyeuse gravité. »
Petite plume avait pour origine un de ces beaux migrateurs sauvages et fiers, l’oie cendrée. Puis,, elle s’est détachée et emportée par un grand tourbillon d’air elle est venue se glisser dans la main d’hommes retenant leur souffle en écrivant sur des parchemins le flot, le flux des mots les emportant comme une bourrasque créative de futur chef d’œuvre.
Petite plume, lors d’une soudaine rafale de vents contraires, fut transportée loin de sa destinée de porte-plume et se retrouva à coiffer la tête d’un grand chef indien navajos, sioux ou cheyennes. Peu importe, elle était fière et heureuse de trôner au sommet de son crâne, surtout quand il galopait sur son beau mustang, fendant l’air, cheveux au vent.
Mais, bientôt une tempête se prépara, un ouragan allait s’abattre sur le peuple indien. Petite plume vit un cyclone blanc détruire cette belle civilisation. Un blizzard belliqueux souffla une tornade de gaz amers sur petite plume, qui, privée d’oxygène, s’enfuit loin de ce vent mauvais tel un cerf-volant vers des contrées où règnent en maîtres, Simoun et Sirocco, vents des sables.
Aujourd’hui poussée par cet alizé mutin, petite plume est arrivée ce matin dans mon jardin, virevoltant autour de moi et m’a entrainé dans des rêveries au fil du vent. Mais voilà, tout a une fin et plume s’en est allée avec l’arrivée du vent printanier et de son messager l’hirondelle, déposant à tire d’aile sur la campagne endormie l’espoir qui revit.
Plus tard, suite à cette histoire au fil du vent, mon petit-fils me demanda « papi, dessine-moi le vent et puis c’est qu’elle couleur le vent ? ».
Surpris par cette question du chérubin, ne sachant trop quoi répondre, je finis par trouver une astuce pour éluder la dite question .
« Tu sais, petit, le vent, on ne le dessine pas, mais on le chante, tu connais l’ai du vent ? ».
« Oui papi : «Vent frais vent du matin, vent qui souffle au sommet des grands pins. Vive le vent, vive le vent d’hiver. ».
Merci le vent .
Et toi qui lis ceci, saurais-tu reconnaître tous les airs du vent qui figure dans ce texte.
Allez, autant en emporte le vent

De Karine

Mon petit bonhomme,

Avec tes airs de Jean RENO dans Léon, j’avais eu vent par des cons, qu’il fallait se méfier de toi, car tu étais méchant. A l’époque suffisait que l’on me dise blanc pour que je fasse noir. Je me suis donc rapprochée de toi, nous avons fait connaissance, sympathiser et sans prendre de vent, nous avons fini par vivre ensemble, avoir un enfant et nous marier. L’air est un élément de la vie, le vent est une force motrice tout comme notre amour. Finalement, aujourd’hui je remercie ces cons.

Le vent et l’air, nous les avons bravés ensemble.

Je me souviens de cette excursion pour l’anniversaire de notre fils. Une journée à Ouessant lui avait été offerte par ses grands-parents. Nous avions pris le bateau au Conquet, le voyage ne fut pas annulé mais bien mouvementé par les restes de tempête de la veille. J’avais ce petit air de Renaud dans ma tête en montant dans le bateau.

Dès que le vent soufflera
Je repartira
Dès que les vents tourneront
Nous nous en allerons

Les vents étaient encore bien déchainés, mais d’après le capitaine tout danger était écarté. Nous avions donc le vent en poupe. Les vagues grandissaient au fur et mesure que l’on avançait, faisant ainsi décoller le bateau qui claquait à chaque retombée. Les passagers finissaient par être trempés par les embruns. Certains avec le mal de mer avaient un air de chien battu. Contre vent et marée, nous sommes arrivés sur l’ile avec un peu d’avance. Nous avons pris le temps de regarder cette mer agitée avec le vent en pleine face. Je me souviens que tu m’as dit en rigolant qu’avec ce vent, tous les cocus de la terre devaient être décornés. On voyait la mer se creuser, les vagues grossissaient, enflaient, s’enroulaient, déferlaient avant de se précipiter et de se fracasser sur les rochers. Cette masse d’eau immense de plusieurs mètres de haut finissait en poudre…Cette façon de mourir pour une vague en laissant place à l’écume et aux poussières de gouttelettes appelées embruns nous subjuguait. J’aimais entendre claquer ces monuments d’eau sur les rochers, tout comme entendre siffler le vent chanter un air enivrant. Un dernier coup de vent. Il tomba et le calme s’installa. Chevauchant nos vélos, nous sommes partis à la conquête de cette île de la mer Celtique. Bruyères, pelouses rases, falaises, côte déchiquetée, phares, moulins, plages de sable fin, murets de pierres sèches, moutons noirs, splendides paysages et gigantesque bol d’air resteront à jamais gravés dans nos têtes et nos cœurs. Quelle journée aérée merveilleuse !

Le vent et l’air, nous les avons regardés ensemble.

Non loin du Canigou entre terre et mer, à Leucate, au pied de la falaise, il y a ces magnifiques plages de la Franqui et des Coussoules. Ornées de sable fin, sur une longueur de 8 km, agrémentées de leurs eaux limpides et transparentes, parfois vert tropical, parfois bleu turquoise ou cæruleum. Parfois même si bleues qu’elles avaient un air de lapis lazuli. Cette plage familiale, chère à notre cœur, qui accueille chaque année le mondial du vent en avril, depuis 1996, année où l’on s’est mis ensemble: la Franqui! C’est là que nous avons découvert les sports de glisse sur eau et dans les airs. Chaque fois que nous étions dans la région à cette période, nous aimions aller prendre notre bol d’air. Petite randonnée empruntant le Sentier des Guetteurs ou le haut des falaises, d’où le point de vue est à couper le souffle sur la côte languedocienne. J’aime contempler son sémaphore, le rocher de la sorcière, son phare, sans oublier sa redoute du 18ème siècle. En avril, la tramontane souffle et s’en donne à cœur joie ! La tramontane est un vent puissant et tellement déroutant qu’elle est surnommée « le vent qui rend fou ». Sur le chemin de la rando, on s’arrête pour photographier la maison blanche aux volets bleus qui porte magnifiquement son nom : “Hurlevent”.

Allez viens, j’t’emmène au vent

Je t’emmène au-dessus des gens

Et je voudrais que tu te rappelles

Notre amour est éternel

Et pas artificiel

Cet air de Louise Attaque dans ma tête et mon cœur, le fredonnant, avant de descendre pour regarder les cerfs-volants flottant et tourbillonnant dans l’air tels des nuages multicolores dansant, zigzaguant comme s’ils avaient le vent dans les voiles. C’était un si merveilleux spectacle !

Le vent et l’air je les ai embrassés.

Dans le Cantal, je me souviens que j’ai fendu l’air. On était partis tous ensemble à Jussac. Tu m’y avais emmenée, pour que je puisse réaliser mon rêve : m’envoyer en l’air! Petite marche pour rallier le décollage, préparation du matériel et ça y est, on saute! On s’envole, tenue à cette grande voile, blanc et bleu avec un liseré rouge, je me laisse transporter à travers les différents courants d’air chaud ou froid. Je pensais à ce refrain de Garou et de Céline Dion :

Fais comme si j’avais pris la mer
J’ai sorti la grande voile et j’ai glissé sous le vent
Fais comme si je quittais la terre
J’ai trouvé mon étoile, je l’ai suivie un instant
Sous le vent…

Ce baptême de l’air au Puy Mary, en parapente biplace, a été une expérience merveilleuse. J’ai plané dans les airs tel un oiseau, quasi immobile prenant le temps d’admirer le panorama exceptionnel sous mes pieds. De là-haut, on voit les choses sous un autre angle, on est porté par le vent, c’est tout simplement magique. Je me laisse envahir par cette sensation de liberté, de hauteur, de calme, de sérénité, de légèreté, incomparable à toutes les sensations que j’ai connues auparavant. Après vingt minutes de vol, je retrouve la terre ferme sous mes pieds suite à un atterrissage réussi tout en douceur. Eh non, je ne suis pas arrivée les quatre fers en l’air. Le spectacle grandiose que j’ai connu en l’air, s’est poursuivi à mon arrivée, en te voyant, toi mon amour, inquiet et souriant en même temps, heureux et fier car j’avais dompté ma peur du vide, et réalisé un rêve grâce à toi. A tes côtés, ma mère et notre fils souriant et marchant dans ma direction m’ont remplie de joie. Et comme je t’ai dit dans le creux de l’oreille, même si nous n’avions pas partagé cet instant en l’air, on l’aurait quand même partagé, dans nos cœurs. Pour ce moment inoubliable et fantastique, je te remercie encore mon chéri d’amour.

Le vent et l’air t’ont manqué.

Parler avec amour, prendre le temps pour se rassurer soi-même, rester présent, être attentif, prêter l’oreille, te caresser tendrement, te distraire avec un air de musique, t’ouvrir les fenêtres pour avoir de l’air ont été les moyens pour essayer de te rassurer. Ces moyens ont été insuffisants, car l’anxiété était bien là. La peur de mourir étouffé était un de tes des pires cauchemars qui soient. Malgré l’oxygène apporté par la machine qui n’était pas si efficace, et très inconfortable au final, malgré un peu de morphine pour ralentir le rythme respiratoire, malgré un peu de midazolam pour essayer d’atténuer l’angoisse qui accompagne la dyspnée, je sais que lors des dernières semaines de ta vie, l’air t’a manqué.

Quand le tirage du poêle à bois des grands-parents était mauvais, il fallait le régler, sinon il aurait fallu changer le poêle plus rapidement. Bien que le terme tirage soit le même, les hommes ne sont pas des poêles à bois. Le réglage ne peut se faire, et je l’ai bien compris lorsque le médecin m’a dit que ton tirage était trop important, que sinon tu souffrirais trop, qu’il était donc temps. Puisque c’était ta hantise de “crever étouffé” comme tu disais, ils t’ont aidé à partir le plus sereinement possible. Dans mon cœur résonne cet air de Noir Désir :

Pendant que la marée monte

Et que chacun refait ses comptes

J’emmène au creux de mon ombre

Des poussières de toi

Le vent les portera

Tout disparaîtra mais

Le vent nous portera

Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis.

Cette phrase de Victor Hugo résume la situation actuelle.

Depuis ton départ, je participe à un atelier d’écriture en ligne, et je voulais te dire que tu y participes malgré toi. Un peu comme dans le “Cimetière marin” de Paul Valery (mais à l’inverse) qui raconte l’amour entre un écrivain et sa fiancée atteinte de la tuberculose : leur vie ensemble, avec la maladie certes, mais avec un amour pur et lumineux qui transfigure chaque instant.

Tout au long de notre vie, nous avons pris l’air à plein poumon, virer à tout vent. Notre amour était loin d’être une parole en l’air, c’est vrai que notre amour ce n’était pas du vent !

Je te dédie cette citation de Paul Valéry, mon amour, car si tu as manqué d’air, aujourd’hui pour moi il faut vivre, même si parfois je voudrais tout foutre en l’air.

Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !

L’air immense ouvre et referme mon livre

Bon vent mon amour !

Poème de Sophie d’Arbouville, « Romance », proposé par Françoise T

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d’amour :
Trop vite, hélas ! un ciel d’orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

En vous voyant, je me rappelle
Et mes plaisirs et mes succès ;
Comme vous, j’étais jeune et belle,
Et, comme vous, je le savais.
Soudain ma blonde chevelure
Me montra quelques cheveux blancs…
J’ai vu, comme dans la nature,
L’hiver succéder au printemps.

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d’amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d’orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

Naïve et sans expérience,
D’amour je crus les doux serments,
Et j’aimais avec confiance…
On croit au bonheur à quinze ans !
Une fleur, par Julien cueillie,
Était le gage de sa foi ;
Mais, avant qu’elle fût flétrie,
L’ingrat ne pensait plus à moi !

Dansez, fillettes du Village,
Chantez vos doux refrains d’amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d’orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

À vingt ans, un ami fidèle
Adoucit mon premier chagrin ;
J’étais triste, mais j’étais belle,
Il m’offrit son cœur et sa main.
Trop tôt pour nous vint la vieillesse ;
Nous nous aimions, nous étions vieux…
La mort rompit notre tendresse…
Mon ami fut le plus heureux !

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d’amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d’orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

Pour moi, n’arrêtez pas la danse ;
Le ciel est pur, je suis au port,
Aux bruyants plaisirs de l’enfance
La grand-mère sourit encor.
Que cette larme que j’efface
N’attriste pas vos jeunes cœurs :
Le soleil brille sur la glace,
L’hiver conserve quelques fleurs.

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d’amour,
Et, sous un ciel exempt d’orage,
Embellissez mon dernier jour !


Je suis plus que ravie de constater que vous êtes de plus en plus nombreuses et nombreux à écrire et à oser être publiés.

C’est génial! Vive l’écriture!

Passez une belle semaine d’écriture!

Portez-vous et surtout prenez soin de vous!


Créativement vôtre,


Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

Suivez-Moi sur les réseaux

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
>