Pour la proposition d’écriture N° 124, j’ai constaté que la pluie, le mauvais temps, voire la tempête, occupaient vos personnages, assis devant une fenêtre.

Il y a les courageux qui ont osé écrire pour soutenir nos amis en Ukraine et dénoncer les agissements guerriers d’un dictateur, tout en plaçant les 10 mots demandés..

JE SOUSCRIS ENTIEREMENT A CES PROPOS!!

J’ai visité la Russie et l’Ukraine en mon jeune temps sous l’ère soviétique (oui, j’ai appris le russe en cours, une très belle langue): ces pays sont magnifiques et leurs habitants, des gens dignes et adorables. 

C’est comme toujours: les gens subissent et ne peuvent réagir qu’en prenant les armes et qu’en se révoltant.

Il est bien connu que les dictateurs ne retiennent jamais les leçons de l’Histoire! Ils se croient plus forts que tout!

Brailler plus fort que tout le monde et menacer de tout liquider sur Terre ne fait pas reculer les gens pour autant! Quand la marche de l’Histoire commence, plus rien ne peut l’arrêter!

Alors, j’envoie des pensées positives à nos amis ukrainiens aussi bien que russes, qui subissent tout autant!

Le blog est suivi dans ces deux pays, et personne n’est ennemi de personne, contrairement à ce qu’un “soi-disant président soi-disant démocratique enfermé dans sa tour d’ivoire-citadelle” veut nous faire croire!

Mes amis, gardez en vous le courage de lutter par tous les moyens!

Les bruits de botte et les bombes n’empêcheront jamais personne de fraterniser!

Voici vos textes. Je vous en souhaite une belle lecture.

De Kahina

Je suis chez moi à l’abri de la PLUIE diluvienne que je contemple au bord de la fenêtre. Je suis quelque part assez envieux de cette pluie , dites-lui qu’elle vienne chez moi quand elle a envie. J’ai besoin de compagnie mais aussi de bouger.
Je contemple chaque goutte d’eau qui se pose avec ardeur sur le sol , cet élan ne peut que me rendre jaloux .En effet à cause de l’arthrose sur mes pieds , qui est une maladie CHRONIQUE , je ne peux plus sortir comme avant , ma vie est devenue si lugubre. C’est pour cela que je ne fais que contempler , oui , je ne fais que ça sans poser le pas au sol comme le fait cette tendre pluie.
Je regrette mon passé où je mangeais n’importe comment , je ne faisais aucunement attention à ma santé. Le rhumatologue était insistant sur les conséquences de ma mauvaise alimentation. Pour être totalement transparent, je ne me nourrissais que d’HAMBURGER , mais en contrepartie de ce gout si ineffable , aujourd’hui je me retrouve avec cette atroce arthrose qui rend ma vie morose . Le mot ‘rose’ manque à mon existence que j’envie avec assistance , je ne reste qu’assis en refaisant le monde avec des si .
Oui je suis seul face à cette pluie plus humaine que moi et de cette arthrose plus active que je le suis actuellement. Heureusement que mon voisin Paul, qui devient petit à petit mon ami, m’a proposé de GARDER SON CHIEN , chose que je ne pourrais aucunement répudier.
Il s’appelle Nathan , il est si adorable avec moi , je comprends ce fameux aphorisme qui indique que le chien est le meilleur ami de l’Homme. Même si je l’adore , j’ai besoin de compagnie humaine, mais surtout féminine .Oui , je l’acquiesce , je suis un grand romantique .Pour oublier ma situation actuelle ,je contemple chaque page du ROMAN d’AMOUR de mon auteur préféré . Je rêve d’une idylle avec une femme magnifique qui m’accepterait sans aucun faux semblant . Je rêve d’une femme qui puisse m’embraser langoureusement et qui me lèche les pieds… ? Me lécher les pieds ?
Oh, c’est Nathan qui me lèche les pieds. Nathan, je suis navré de t’annoncer que je t’aime mais simplement en tant que animal de compagnie .Tu es vieux comme moi ? Ne t’en fais pas, tu es encore jeune, tu trouveras ta chienne comme moi dans le passé.
Même si à l’heure actuelle, mon cœur et mes articulations sont à prendre , à l’époque j’ai eu beaucoup d’aventures amoureuses sans sérieux, car oui, j’étais ce genre de gars à manger n’importe comment sans pour autant prendre un gramme. Les gens considéraient mon métabolisme comme un cadeau du ciel mais c’était plutôt un cadeau empoisonné. Car sans me trouver des excuses, mais si j’avais pris du poids à l’époque , j’aurais peut-être été plus alarmé et aurais tout fait pour perdre du poids . Je glousse un peu en pensant à toutes ces personnes ayant la rage si elles avaient entendu la moindre plainte d’avoir jamais pris de manière exagérée du poids sans me restreindre.
Grace à mon apparence avantageuse, à l’époque j’ai rencontré une femme Lucie. J’ai eu ce qu’on appelle le coup de foudre mais pas un coup de chance. Après 6 mois d’œillades échangées et de temps passés ensemble , je lui ai demandé sa main précipitamment (oui j’étais jeune et naïf) et elle a accepté sans réfléchir.
Je me rappelle encore aujourd’hui quand elle m’a regardé avec des yeux étincelants et qu’elle a prononcé le mot « oui » avec tant de passion à la MAIRIE. C’était un conte de fée qui s’est transformé en film dramatique puisqu’à l’annonce de ma maladie , madame m’a quitté sous prétexte qu’elle voulait un homme, pas un enfant à s’en occuper.
Je paye à présent les erreurs de mon passé, mais je ne me laisse pas abattre et un jour ….
Nathan ! Je sais que je suis irrésistible et que tu as une appétence à ma personne. Mais mon cher , nous ne sommes pas de la même race , c’est effroyable mais il faut l’accepter .
Oui , Nathan a recommencé à relâcher mes pieds , sacré Nathan …
Nathan , moi aussi j’ai envie d’amour , bon pas forcément comme toi en léchant les pieds de ma future dulcinée. C’est pour ça que j’ai envoyé une COPIE de mon propre roman d’amour à une maison d’édition.
Face à mes malheurs ,se cache un bonheur à construire , je ne m’inspire en aucun cas de mon ex-épouse. A l’inverse, dans mon roman, c’est un couple qui ne se précipite pas et qui, à force de réellement se connaitre , finit par un vivre une histoire d’amour idéal.
Il est maintenant minuit et à ma grande surprise , une maison d’édition m’appelle et pas n’importe laquelle :Pearson , la plus grande maison édition du monde qui se trouve à LONDRES.
J’espère, grâce à mon histoire , inspirer les gens à réaliser des projets, même quand les obstacles sont imminents. Je compte d’ailleurs en allant à Londres aller à un grand chirurgien orthopédiste qui pourra me soigner face à mon arthrose.
Londres sera la ville de mon bonheur.
Je vous adieu et je vous souhaite de le trouver aussi …
Nathan ! ça suffit !
Ne vous retrouvez pas comme Nathan à lécher les pieds des gens qui ne vous donnent pas l’heure.
C’est un conseil pour votre bonheur.

De Gérard (qui s’est imposé la contrainte supplémentaire de d’écrire un texte très court)

Dans une ambiance de roman d’amour nostalgique, la pluie chronique tombait inlassablement sur Cherbourg.
Un chien mouillé gardait l’entrée du fast-food local d’hamburgers qui jouxtait la mairie, copie normande d’une célèbre marque américaine.
J’entrais, cherchant désespérément des yeux Zélie qui venait de me plaquer deux heures auparavant.

De Nicole

Chroniqueuse

Chronique d’une histoire d’amour dont je vous envoie une copie, ma chère tante.
La pluie avait cessé, Lucie s’assit sur le banc de pierre face à l’étang où flottaient nénuphars et lotus sacrés. Un refuge, son havre de paix face à cette vie trépidante qu’elle menait
au bureau d’architecture, téléphone, mails, réunions. Une vie de dingue dans un monde de dingues.
Sur ce banc, elle se voyait héroïne de roman. Elle partait sur les chemins de Compostelle en quête de spiritualité et de dépassement de soi. A l’auberge de jeunesse de Saint-Jean-Pied de Port elle rencontra Louis, un agriculteur de l’Ardèche.
Ils marchèrent, parlèrent, imaginèrent une vie à deux, loin de l’agitation urbaine. Ils tombèrent en amour.
De retour au pays, Lucie donna sa démission et partit rejoindre son Louis et sa ferme biologique. Elle devint secrétaire de mairie de Les Vans, se forma en guide touristique
en charge de faire découvrir ce beau pays.
Elle avait beaucoup de mal à devenir végétarienne, aussi allait-elle souvent déjeuner dans un fast food, s’empiffrer d’un énorme hamburger/frites/ketchup. Pour garder sa ligne, elle promenait le chien à travers sentes et bois de châtaigniers.
Puis, elle rentrait retrouver son chéri à Chambonas.
La vie semblait si belle en Ardèche…

De Claudine

Le barbecue

Vendredi soir, comme chaque fin de semaine, je suis en roue libre me demandant ce que je vais pouvoir faire de toutes ces heures inutiles. Je me pose souvent la question pour savoir si je suis normale. Mes collègues ont des projets à foison ; à croire qu’il leur faudrait plusieurs weekends en un pour concrétiser leurs projets.
Mon appartement cossu et mon adorable Minette m’attendent ainsi que ma pile de romans et cet écran noir qui occupe un angle du salon. Je vais passer des heures à lire les copies de mes élèves. Quelle vie trépidante !
Le téléphone sonne, c’est ma mère qui m’invite à l’anniversaire de l’une de mes nièces ; je n’ai rien prévu comme cadeau.
Comme d’habitude elle me serine. « Quand vas-tu enfin avoir l’esprit de famille ? »
L’esprit de famille ? Mais je l’ai cet esprit, il faut simplement qu’il colle à mes désirs.
Je lui réponds que de toute façon, ce n’est pas possible car j’ai un stage de yoga.
« Tu fais du yoga » me demande-t-elle.
« Depuis cinq ans ».

La conversation s’éternise en banalités et enfin je me retrouve face à …rien.
A nouveau, le téléphone envoie sa sonnerie stridente. Je pense que c’est ma sœur qui me relance ; c’est son habitude, elle n’aime pas que l’on oublie sa progéniture.
Ce n’est pas elle. C’est Josy, une amie de fac qui de temps en temps se rappelle que j’existe.
Elle aussi me convie à une fête ; d’après la description, c’est nettement plus attrayant que celle organisée par ma sœur. Je l’écoute et je me dis que je ne perds pas grand-chose à me déplacer chez elle qui habite Rueil Malmaison, à deux pas de chez moi.
Sa maison est vaste, avec un grand jardin et une piscine. Si c’est trop barbant, il y aura au moins l’eau pour me détendre.
« Tu verras, il y aura des gens charmants et pas mal d’hommes célibataires ».
« Dis donc, tu n’aurais pas des idées derrière la tête ? »
« Pourquoi pas, il faut bien que l’on s’occupe de ton cas ; à 28 ans, être encore seule, c’est malsain. »
Ça, c’est du Josy tout craché, vouloir le bonheur de l’humanité. Ces lectures, ce sont des romans à l’eau de rose ou amour rime avec toujours.
Un barbecue, c’est sympa avec quelques connaissances anciennes à retrouver. Je me dis pour la forme que ce n’est pas forcément une bonne idée, car en fait, je connais peu de monde. J’ai peur de m’ennuyer et d’être mal à l’aise avec les personnes que Josy m’a citées. Je me réfugie derrière mes soucis, les dossiers que je dois préparer à la maison, mes obligations, toutes ces choses qui m’accaparent et à la fois me servent de prétexte pour m’isoler de plus en plus. Josy n’est pas dupe. Elle insiste.
Elle plaisante sur cette façon que j’ai de toujours me cacher derrière des broutilles.
« Hé ma belle, nous n’en sommes pas encore à la mairie ! »
J’arrive quelques minutes après l’heure convenue, vêtue d’une tenue très sexy et printanière. L’effet est immédiat ; je soupçonne Josy d’avoir donné le mot à certains pour embellir ma soirée. Ça commence mal !

Je vais de ci de là, entre des personnes connues et d’autres totalement étrangères.
Assise sur la terrasse, je regarde ce beau jardin qui invite à la détente ; une fine pluie distillée par les arroseurs donne de la fraicheur au jardin ; quelques invités sont déjà dans la piscine.
Et tout à coup, je le repère, seul, un verre à la main, regardant, comme moi, les arbres et les fleurs du jardin. Il s’approche discrètement.
« Bonsoir, je m’appelle Julien ».
« Moi, c’est Aurore. »
« Quel prénom charmant ! ».

La conversation s’engage en toute simplicité. Avec une joie communicative, une envie de partager, d’échanger, d’amener du positif dans chacun de nos mots. Entre nous, un son vibratoire, une harmonie amènent au rire et surtout au laisser faire les choses naturellement.
Nous nous asseyons sur un banc à l’écart ; le chien de Josy se couche à nos pieds, comme un protecteur heureux de se détendre et d’échapper à la cohue. Dès qu’il va sentir l’odeur de la viande, il va filer vers le lieu des agapes. Je n’ai jamais vu un chien aussi vorace ; il est capable de s’enfiler plusieurs hamburgers à la suite.
Je reviens à la conversation avec Julien.
Rien ne me prédestinait à rencontrer cet homme, je n’ai pas cherché un contact particulier. Il m’est apparu comme une évidence.
« Allons rejoindre nos hôtes si vous le voulez bien » me propose t’il.
« Je crois que Josy nous pointe du regard depuis un petit moment. »
« Ha Josy et son désir de former des couples. »
« Vous aussi, vous êtes dans son collimateur ? »
« Hé oui, depuis plusieurs mois. C’est chronique chez elle, elle croit que la vie de célibataire est triste à mourir. »

Nous rions tous les deux comme deux ados heureux.
Nous naviguons à nouveau parmi les groupes, séparément. Nos regards se cherchent. Je ne prends pas ceci bien au sérieux, ce type d’aventure m’est déjà arrivé plusieurs fois, pour se terminer au matin sur d’amers regrets.
Julien n’a pas cherché à me séduire et je crois que c’est ce que j’ai le plus apprécié chez lui, ce naturel qui crée une familiarité d’emblée, qui met en confiance.
La soirée se termine et nous repartons chacun de notre côté.
Josy, fine mouche, a pris soin de glisser dans mon sac le numéro de téléphone de Julien. Je vais le garder précieusement. Je pressens que la vie vient de me jouer un joli tour.

De Françoise V

Depuis trois ans, je flirte avec ma solitude au quotidien. Mes déjeuner deviennent tristes, éprouvants. Mis à part les fêtes de Pâques ou Noël avec la famille des quatre coins de France, je n’ai personne en face de moi pour mon déjeuner et mon dîner. Mes amis sont partis à l’autre bout du monde. Il faut réagir, et sortir de mon enfermement.
Je saute dans ma voiture, direction le centre-ville. Je foule le sol bisontin pour trouver un bistrot. Au moins, je serai accompagnée le temps d’un repas. En poussant la lourde porte, une odeur de frite agresse mes narines délicates. L’huile de la friteuse est à changer c’est certain, et cela ne me donne pas envie d’en manger. Je choisirai sûrement un hamburger mayonnaise accompagné d’une salade. J’ai tout le temps devant moi.
Du travail à la maison m’attend, et j’ai plutôt envie de souffler, de profiter du calme, de me distraire en regardant les clients attablés. Après un café serré, je rentre chez moi pour terminer mon vide maison. Je dois déménager dans un mois. Je n’ai plus d’attache dans la région, tous sont décédés ou expatriés. Beaucoup de travail me tend les bras, sauf que certains jours, je n’ai pas de bras. Mon grenier sera le dernier vidé.
Il faut d’abord que je m’occupe du rez-de-chaussée, des meubles à vider, des souvenirs à évacuer, encore et encore. Je vais avoir la nostalgie, cette empoisonneuse qui prend plaisir à s’installer dans mon cerveau sans y être invitée. Si je pouvais, je ferais venir Emmaüs pour tout faire disparaître. Créer un espace libre, me détacher des souvenirs pour créer le présent. Les photo-portraits sont décrochés des murs, placés dans des cartons. Les décorations feront la joie des clients de la salle des ventes. Je vide les tiroirs de chacun de mes meubles.
Je m’intéresse à une commode en particulier. Celle que ma grand-mère m’a léguée. Une carte postale vieillie est coincée dans le tiroir. Elle est en noir et blanc. Je la tire, la saisis, l’inspecte. Je reconnais la mairie de Thise. Un chien est couché devant la porte d’entrée. Il donne l’impression de garder la bâtisse. Il a une bonne tête ce chien. J’aurais envie de le caresser, de lui parler, de l’emmener promener. Je retourne cette carte intrigante. Un texte est écrit au Bic bleu avec quatre signatures alignées :

« Salut à toi l’amie ! Un petit clin d’œil de nos vacances d’été. Nous profitons de la campagne environnante entre deux averses de pluie. Nous pouvons surtout rédiger notre roman d’amour comme prévu. A nous quatre, nous t’enverrons une copie pour t’en donner une idée. Tu auras ainsi les éléments pour en faire une chronique dans le journal local et nous faire un peu de publicité dès l’édition sortie.
Nous t’embrassons tous.
A bientôt de tes nouvelles ! »
signés : Gilles, Hervé, Francine, Françoise

Ce souvenir me perturbe, me taraude l’esprit. Ces quatre-là ne m’ont plus jamais donné de nouvelles après cette correspondance. J’ai pourtant écrit un article sur leur roman.
Ces quatre jeunes personnes ont disparu de ma vie. Mes courriers reviennent en indiquant « N’habite plus à l’adresse indiquée ».
Mais où sont-elles donc passées ?

De Gilles

Ce matin d’hiver, le ciel est gris, il fait froid dehors et rien ne m’incite à sortir sous la pluie. J’en profiterai pour garder le chien. Et si je m’attachais à faire un peu de rangement dans ces malles, tous ces tiroirs clos depuis des années, recouverts par de la poussière aux reflets moirés.
Surprise ! Dans une boîte de chaussures, qui connut une autre vie auparavant, je découvre des copies d’articles de journaux traitant de différents sujets et notamment des festivités au Cazal, le hameau de Chalabre. Tiens, je suis même sur une photo dans un des articles. Puis, presque collée à une autre page, se trouve une carte postale jaunie par le temps. Au recto une vue du port d’Alger. « Alger la Blanche ». Je la retourne.
Au verso figure quatre noms : Jean-Marie, Pierre, Jacques et Bernard. J’ignore qui sont ces personnes. J’ai l’impression d’ouvrir un roman, où est relatée une chronique de faits anciens, mais ce n’est véritablement une histoire d’amour.

Je décide de me rendre à la mairie pour essayer d’en savoir plus, mais avant de pousser la lourde porte de la maison commune, je m’arrête quai Vauban afin d’acquérir un bon hamburger. Tout en dégustant cet en-cas, je réfléchis ! Cette carte ne porte pas le nom et l’adresse d’un quelconque destinataire. De plus, elle n’est pas affranchie. Alors, comment est-elle arrivée chez moi ? Voyons, d’où provient cet envoi ? Alger. Mais c’est bien sûr, la guerre d’Algérie. Ce sont sans doute quatre appelés, engagés dans ce que certains appellent le maintien de l’ordre, qui ont, soit rapporté cette carte postale à la fin de leur séjour, soit quelqu’un l’aura fait à leur place, afin d’annoncer qu’ils étaient en vie à ce moment-là, ou alors faire passer un message. Lequel, à qui, pourquoi ?
Que faire de cette découverte aujourd’hui ? Le passé est passé. Regardons loin devant. Les souvenirs inconnus, le vent les emportera.

De Lucette

Voici ma dernière chronique de Février.La pluie tombe, foutues vacances… J’ai en tête de ne pas faire grand-chose pendant ces quatre jours de pont. Juste profiter de l’instant présent en ne faisant que des choses qui me sont agréables.
J’ai commencé à lire, un roman d’amour passionnant. La trame est au 18ème siècle. J’adore toutes ces énigmes, ces passions cachées, ces empoisonnements, ces infanticides, ces trames ourdies par des gens abjects. Tous ces beaux personnages de la cour du roi, bien habillés, bien parés, toujours tout sourires. Mais… ne vous fier pas aux belles manières de l’époque (Quoique, maintenant est-ce mieux ou toujours pareil ?) Vous avez déplu à un certain cardinal, lui qui avait un pouvoir extraordinaire auprès de roi, et vous voilà embastillé et prêt à subir le châtiment de l’écartèlement jusqu’à ce que mort s’en suive. Ah ! c’est sûr qu’on ne rigole pas toujours devant ces mœurs d’un autre âge…
Et pourtant, nous autres civilisés « paraît-il du 21ème siècle », il y a en ce moment le peuple d’Ukraine qui est envahi par un dictateur voisin de leur pays. Il fait peur au monde entier, que va-t-il advenir de ce peuple ? Va-t-il l’écraser complètement ? Va –t-il envahir d’autres pays de “l’Est” proches de toutes ces frontières ?
Nous sortons de 2 ans de virus qui a empoisonné la vie dans le monde entier. On aspirait à un bel été, pouvoir à nouveau embrasser nos proches après des mois de restriction pour respecter les gestes barrières. Eh bien notre répit aura été de courte durée…
Un tyran veut dominer la majeure partie du monde, certes il a des « amis » tout aussi courtois, aimables et souriants que lui. Il est très bien conseillé pour nuire à un peuple qui veut vivre en liberté. Oui, mais… La liberté a souvent été conquise au prix du sang !!!
Je vais essayer de continuer avec un peu plus de légèreté.
Ce soir, j’emmène ma petite fille, je lui ai promis un hamburger. Avant d’y aller, nous sommes passées par la mairie pour m’inscrire sur la liste électorale car j’ai changé d’adresse. Je me dois de faire mon devoir de citoyenne. C’est très important pour moi. Après chaque élection, au fil du temps, les électeurs que nous sommes, sont souvent déçus. Avant, chacun s’imagine une vie moins chère, plus de loisirs, plus de vacances, plus de sourires autour de nous, plus de … plus de … et la déception arrive, car il y a de plus en plus de moins en moins. Ça râle, ça gueule, ça critique, et la vie continue en attendant le prochain scrutin dans 5 ans…
Il est 15 heures, le hamburger est digéré, avec ma petite Nono, nous allons promener le chien que je dois garder. Moyennant une petite rémunération, je fais la « nounou » de chiens et de chats placés par leurs propriétaires fidèles et respectueux, qui les laissent en confiance pour prendre quelques jours de repos bien mérités.
Ce week-end sera ensoleillé, nous sommes invités chez notre fille. Il y a plusieurs longues semaines que nous nous sommes confinés chez nous, et ça va faire du bien de revivre à nouveau.
Mes dix mots sont placés, certes, j’ai parlé de ce qui fait mal, mais comme on le sait, l’écriture est un défouloir. Si seulement on pouvait espérer pour ce peuple assiégé, meurtri, si on pouvait croire très prochainement en un Poutine humain ??? Malheureusement, NON ! je ne crois pas du tout que cet oppresseur ait le moindre soupçon d’humanité. Il est le petit-fils d’Hitler, avec tout le malheur qui sera engendré par ce fou de l’humanité…Quand j’entends dans les journaux télévisés des journalistes l’appeler » Monsieur Vladimir Poutine ». Non ! messieurs, je vous en prie, ne salissez pas ce noble nom qu’est « MONSIEUR », il ne le mérite en aucun point. Cet être n’est pas un MONSIEUR, mais un monstre froid, sanguinaire, paranoïaque. Il est parait-il très croyant, je n’ose imaginer en quel Dieu il croit. Un jour viendra où il sera face à ses crimes, il faudra qu’il paye d’une façon ou d’une autre.
En attendant un peuple est à l’agonie… 


De Catherine

Résilience

La pluie n’arrête pas de tomber depuis ce matin . Un vrai temps de chien ! Nicolas s’est garé devant la mairie de Trifouillis-les-Oies, mais la perspective de sortir de la voiture ne l’enchante guère. Il n’a pas de parapluie et va être trempé jusqu’aux os. Et ça, il n’y tient pas trop : il vient juste de sortir d’un épisode de bronchite chronique et n’a pas du tout envie d’une rechute. Il préfère attendre que ça se calme un peu.
Il se serait bien passé de revenir dans ce village qu’il avait déserté dès qu’il avait pu. Il avait passé toute son enfance et une partie de son adolescence ici, et Dieu sait qu’il en avait vu de toutes les couleurs. Aucune joie dans ses souvenirs! Que du gris bien sombre, comme ce ciel qui pleurniche toutes ses larmes, aussi intarissables que les siennes naguère.

Sa vie d’avant, il pourrait en écrire un livre en plusieurs tomes, un vrai roman noir, un roman dont tout amour est exclu. Quand il évoque son passé, il le visualise en tranches. Un passé multicouches, composé de strates multiformes et multi-goûts, une vie hamburger. Mais un hamburger infect, celui qu’on va vomir dans les toilettes, tant il est violent d’amertume et d’épices trop mal dosées. Et dont on garde longtemps le goût immonde en bouche.
Sa fuite avait été son salut. Même dans ses galères du début, il avait été plus heureux qu’ici. De galère en galère, il s’était construit, et peu à peu avait découvert les belles saveurs d’une vie qui lui convient, où douceur et sérénité lui sont de doux pansements, et où l’amour de Sophie lui réchauffe l’âme et le cœur, maintenant remplis de tout ce qu’il n’avait pas eu.
Le bonheur s’est infiltré dans sa vie, tout comme ce rayon de soleil qui perce à l’instant le rideau de pluie, précédant un magnifique arc-en-ciel chasseur d’ondées. Il est prêt à sortir de sa voiture, à pénétrer dans cette mairie, à y réclamer la preuve de cette identité qu’il avait naguère omis d’emporter avec lui, avec les mentions indiquant ses géniteurs à jamais reniés. Qu’importe ! Ce n’est qu’un papier, mais surtout la clé pour la publication des bans de son mariage avec Sophie.

De Amara


Après un voyage de plusieurs heures en train, le contrôleur annonce l’arrivée en gare de Lille. Je range mes affaires dans mon sac à dos, dont mes romans, et m’habille chaudement. Je récupère ma valise et je m’avance vers la porte de sortie. Le train roule lentement, les voyageurs sont pressés de descendre. J’aide une petite dame qui était chargée. Me voilà sur le quai de la gare, je vérifie très vite les panneaux pour sortir. Je suis la foule qui prend les escaliers vers la sortie de la gare. Je me dépêche car j’ai faim et je souhaite me rendre aux toilettes. Après avoir traversé le couloir souterrain, je me retrouve très vite à l’extérieur de la gare de Lille.
Que de monde ! Il ne fait pas très chaud, dis donc. Je médite rapidement et profite de l’air frais pour repérer l’hôtel où je vais passer 2 nuits. Je me dirige donc vers l’hôtel pour déposer mes bagages et me rendre aux WC qui seront plus propres. Après avoir réglé les nuitées, j’ai rejoint ma chambre qui se trouve à l’étage.
La vue n’est pas très agréable mais ce n’est pas un souci. Très vite, je me retrouve à l’extérieur, je marche vers le centre-ville pour déjeuner. Etant une passionnée des légumes, j’ai une envie d’un hamburger végétarien. Après avoir gambadé quelques minutes, je passe devant une vitrine qui m’inspire niveau couleurs.
Je jette un coup d’œil rapide à l’intérieur. L’ardoise me plait donc j’entre dans ce petit restaurant cosy qui se trouve à proximité de la mairie. Bonjour ! Le serveur me sourit et arrive près de moi, une table ? Oui merci. Il ressemble à un ami, la copie conforme. Je m’installe à la table et me met à l’aise. Je sors tout de suite mon téléphone portable pour informer mon réseau de mon arrivée et que tout va bien. Et puis je vais prendre en photo mon hamburger que je vais partager avec mes amis. Soudain, une dame entre avec un petit chien en laisse qui refuse de se coucher sous la table. Il aboie. Sa maitresse lui parle mais il continue les aboiements. Le petit chien monte la garde dans ce restaurant.
Je cherchais un peu de tranquillité pour écouter ma chronique littéraire. Je passe ma commande auprès du serveur et écrit quelques lignes dans mon carnet. La fatigue est arrivée, je dois vite déjeuner. Et puis un petit café me fera du bien. Après avoir déjeuné, je quitte le restaurant pour une balade digestive en ville. A cet instant, je reçois des messages de mon réseau, remplis d’amour et d’amitié.

De Zouhair

L’enquête

Un hamburger voulait savoir quelle opinion on avait de lui dans le monde entier. Il commença par les États-Unis d’Amérique. Il tint une chronique recueillant les avis de tous les consommateurs de viande. Ils furent, bien évidemment, dithyrambiques, estimant que c’était un mets vite avalé, très calorique et accessible à toutes les bourses. Quelques voix timides osèrent dire cependant que sa consommation abusive pourrait être à l’origine de maladies chroniques.
Il se déplaça ensuite en Chine où il apprit qu’on le confectionnait avec de la viande de chien ! Il en fut choqué et quitta précipitamment la mairie de la ville de Wuhan où il avait fait son enquête.
En France, où l’on est soucieux de garder les traditions culinaires, il reçut une pluie de critiques. Toutefois, par amour de son prochain (hamburger), on fit une copie maison de ses ingrédients et là ce fut un succès indéniable. On se l’arrachait dans les plus hauts lieux gastronomiques et un écrivain gourmet l’introduisit même dans son roman.

De Michèle

15h30, La pluie fait rage sur les vitres et laisse rapidement la place à la grêle qui tambourine sur la tôle des voitures et les toits des maisons.
Hamburger, le chien du voisin se met à hurler en courant se réfugier sous le porche semi clos de la mairie et plus précisément sous le banc. Aline, la pet sitter habituelle, aurait dû le garder. Je la vois soudain déambuler avec son parapluie et son roman sous le bras, sûrement un roman d’amour qui a dû l’hypnotiser et la détourner de son job. Le calme revient petit à petit et le soleil fait son retour.
16h45, à l’école du village, l’instituteur est en train de rendre aux élèves les copies annotées et leur donne un travail pour la semaine suivante.
« Vous allez écrire un article de presse entre 10 et 15 lignes, un fait divers, une création, qui se passerait dans la ville de votre choix, ici en France. Mardi matin, chacun lira sa chronique dans une pseudo émission de radio. Nous créerons l’ambiance. Ce sujet fait suite au travail de journalisme que avons étudié il y a deux jours. Bon w-e à tous ».

De Pascale


La pluie bat les carreaux, mais qu’importe…
Ce matin, comme tant d’autres, il n’a rien de prévu, rien d’attendu, et cette nouvelle journée s’annonce aussi banale, aussi morne que sa vie du moment.
Alors, une fois encore, son esprit s’égare. Le regard noyé au fond de sa tasse de café, le chien assoupi à ses pieds, ses idées partent vagabonder… Sans résistance et presque avec fébrilité, il se laisse transporter, accordant à son imaginaire toute liberté.
De la bibliothèque, il a dévoré tous les romans, des journaux quotidiens, il connaît chaque chronique. L’évasion est aisée, et sans difficulté, il choisit à loisir l’aventure à venir :
Hier, il était à Brooklin !
Détective en perdition, engoncé dans son vieux pardessus, avalant sans plaisir un hamburger peu frais, il faisait le guet, derrière la mairie, pour un mari éconduit, banale histoire d’amour et de tromperie…
L’autre matin, c’est à Paris que ses rêves l’ont conduit ! Expert au Louvres, il avait pour mission de garder un œil aiguisé sur une œuvre que l’on savait convoitée pour en produire des copies.
Un autre jour, corsaire aux exploits légendaires, il arpentait le pont du « Renard », secondant sans faillir le malouin Surcouf.
Et ce matin, où son esprit allait-il accoster?
Peu importe, l’essentiel étant d’oublier… oublier !
Mais soudain…L’inattendu, l’inespéré !
Sa sonnerie retentit .Aucune confusion n’est possible, le téléphone sonne.
Si surpris, comme sidéré, il tâtonne avant de décrocher.
Monsieur… Bonjour ! Ici l ’hôpital de Brest. Nous avons un greffon compatible. Nous vous envoyons un véhicule . Nous préparons l’intervention.

Texte de Grand Corps Malade, « Mesdames », proposé par Olivier en l’honneur de la Journée internationale des droits de la femme du 8 mars 2022.

Veuillez accepter mesdames ces quelques mots comme un hommage
À votre gente que j’admire, qui crée en chaque homme un orage
Au cinéma ou dans la vie, vous êtes les plus beaux personnages
Et sans le vouloir vous tenez nos cœurs et nos pensées en otage
Veuillez accepter mesdames cette déclaration
Comme un tentative honnête de réparation
Face au profond machisme de nos coutumes, de nos cultures
Dans le grand livre des humains place au chapitre de la rupture
Vous êtes infiniment plus subtiles, plus élégantes et plus classes
Que la gente masculine qui parle fort, prend toute la place
Et si j’apprécie des deux yeux quand tu balances ton corps
J’applaudis aussi des deux mains quand tu balances ton porc
Derrière chaque homme important se cache une femme qui l’inspire
Derrière chaque grand être humain pressé d’une mère qui respire
La femme est l’avenir de l’homme, écrivait le poète
Eh bien l’avenir s’est installé et depuis belle lurette
Vous êtes nos muses, nos influences, notre motivation et nos vices
Vous êtes Simone Veil, Marie Curie, Rosa Parks, Angela Davis
Vous êtes nos mères, vous êtes nos sœurs, vous êtes caissières, vous êtes docteurs
Vous êtes nos filles et puis nos femmes, nous on vacille pour votre flamme
Comment ne pas être en admiration et sans commune mesure
Pour celles qui portent et fabriquent pendant neuf mois notre futur
Pour celles qui cumulent plusieurs emplois et ce sans sourciller
Celui qu’elles ont dans la journée est le plus grand, mère au foyer
Veuillez accepter mesdames cette réelle admiration
De votre force, votre courage et votre détermination
Veuillez accepter mesdames mon aimable faiblesse
Face à votre fragilité, votre empathie, votre tendresse
Veuillez accepter mesdames cette petite intro
Car l’avenir appartient à celles qu’on aime trop
Et pour ne pas être taxé de premier degré d’anthologie
Veuillez accepter mesdames cette délicate démagogie
You are the only one, you are the only
You are the only one, the only
You are the only one, you are the only one
You are, yes you are
Vous êtes nos muses, nos influences, notre motivation et nos vices
Vous êtes Simone Veil, Marie Curie, Rosa Parks, Angela Davis
Vous êtes nos mères, vous êtes nos sœurs, vous êtes caissières, vous êtes docteurs
Vous êtes nos filles et puis nos femmes, nous on vacille pour votre flamme

De Lisa


 Sur la plage, un chien, le guetteur de la nuit a trouvé un hamburger et le garde précieusement. Tout à coup…
Au port du Havre
Un guetteur de la nuit
Surveille le phare
Comme on protège une amie

Au port du Havre
Un guetteur de la nuit
Voit une mariée
Revenant de la mairie

Au port du Havre
Il y a la pluie
Qui est là à la tombée de la nuit

Au port du Havre
On vous rappelle
Qu’on est comme dans un roman d’amour
Un Roman d’amour

Et là, tout à coup, un vieillard arrive
Tout en pleurant et faisant grise mine
Il vient d’apprendre qu’il est condamné
A quitter sa plage, sa Désirée

Il relève la tête et voit la bien-aimée
Qui la connaît depuis qu’elle est née
Il va lui demander une faveur
De protéger ce chien abandonné

ll est prêt aller au ciel
Quitte à négocier avec st Pierre
Et pour parler avec l’avocat de l’Enfer
Pour effacer toutes ses dettes

Préserver son coeur de Maître
Et prouver qu’il est fidèle
Mais comment arriver après une tempête ?
Que le cœur d’un « enfant » peut être un rayon de soleil

Au port du Havre
Prêt pour un nouveau départ
Pour rejoindre les aînés
Qui l’attendent à ses côtés

Au port du Havre
Le vioc quitte en pleurant
De laisser la mariée et l’animal délaissé

Au port du Havre
Ils ne peuvent pas faire de promesse
Car ils ont peur que leur coeur
soit infidèle

Il n’a pas besoin
Ni de toit, ni d’argent
Juste de l’amour quand le cœur a du temps
Si de là-haut, elle joue avec ses « nerfs »
Il reviendra comme un ange avec son paternel

Au port du Havre
Elle lui fait une lettre
Une copie à son ancien maître

Il partit en laissant
Son coeur brisé et sa maîtresse, sa « petite chérie »
Quelques jours plus tard
Elle apprend dans la chronique du journal
Que le barbon est parti.

De Marie-Josée

Le masque vénitien

Je n ‘ai jamais rêvé d’aller à Venise. La destination phare des voyages de noces, les gondoles, les pigeons de la place Saint Marc , non merci, je la laisse aux centaines de touristes qui l‘envahissent bon an mal an. Tel était le discours que je tenais à propos de cette ville mais mes deux hommes, n’étaient manifestement pas du même avis.
—Si on faisait un crochet par la ‘’Sérénissime’’ avant de rentrer? proposa Paul.
Fatiguée par notre périple en Croatie, l’idée ne m’emballait guère, d’ailleurs une journée c’était bien trop court. L’idée fit son chemin ; c’était une occasion en or pour moi d’acquérir un masque vénitien et laisser passer cette opportunité, à cause de préjugés peut-être infondés, relevait de l’opiniâtreté ou pire encore de la bêtise. Mes dernières réticences furent balayées quand mon fils implora :
—S’il-te-plaît maman, dis oui, j’aimerais tellement y aller. Tu te souviens de ce que tu as dit quand on était à Las Vegas devant la copie ? La vraie doit être magnifique. Tu ne vas sûrement pas le regretter.
J’étais certaine qu’il avait été missionné par son père et bien entendu, je me suis laissé convaincre sans trop de peine. C’était de bonne guerre, après tout, maman et moi utilisions la même stratégie en son temps pour faire plier papa.
Le vaporetto accosta dans la Cité des Doges en fin de matinée, il fallait donc optimiser le temps. Nous n’étions pas documentés, n’avions pas de billets pour la visite des incontournables comme la Basilique ou le Palais des Doges et à la vue de la queue devant ces édifices, l’espoir d’y pénétrer fondait comme neige au soleil. Munis d’un plan de la ville dégotté à l’office de tourisme et de quelques conseils avisés d’une employée fort sympathique, nous avons décidé de nous contenter d’une balade à pied le long des canaux et de nous aventurer dans les ruelles étroites. Au détour de l’une d’elle, j’avais l’impression d’assister au happy end d’un roman quand un couple est sorti d’une mairie sous une pluie de riz. Il n’y avait donc pas que des touristes dans cette ville, des gens y vivaient, habitaient ces grands bâtiments et y rentraient les bras chargés de sacs de provisions. Nous nous étions éloignés du centre et avons vite perdu le nord dans ce labyrinthe de canaux et de ponts. Un homme qui promenait son chien semblait être un autochtone susceptible de nous renseigner pour sortir de ce dédale. Contre toute attente, il parlait français et nous indiqua volontiers quels ponts enjamber pour retrouver notre itinéraire.
Promenade en gondole ou pause repas ? Les estomacs affamés de mes hommes primèrent sur cet étonnant regain de romantisme de ma part. Je n’allais tout de même pas céder aux clichés, il ne manquait plus que ça. Un autre dilemme se présenta alors à nous : restaurant, trattoria ou bacaro ? Pour une fois, mon fils troqua le sempiternel hamburger frites contre un plat de pâtes concocté avec amour par la mama de la Trattoria Della Marisa. Je soupirais en décortiquant les crevettes, tirant définitivement un trait sur les gondoles, mais restais intraitable quant à la visite d’une boutique de fabrication de masques. La serveuse m’indiqua une adresse où je pourrais en trouver d’authentiques sans commune mesure avec ceux que vendaient les marchands ambulants.
—Tu as vraiment besoin d’un attrape-poussière en plus? grommela mon conjoint et sans attendre ma réponse, marqua l’endroit d’une croix sur le plan.
Déçu de ne pas pouvoir en fabriquer comme le lui avait proposé la vendeuse, faute de temps, mon fils alla rejoindre son père qui faisait les cent pas dehors. L’offre était prodigieuse et les explications détaillées au-delà de mes attentes. Bauta, gnagna, moretta, masque de médecin de la peste, arlequin, colombine, ils étaient tous magnifiques. L’heure tournait et n’arrivant pas à me décider, je suis repartie bredouille.
—Alors qu’est-ce que tu as acheté ? dit Paul ironique me voyant sortir les mains vides.
—Rien pour le moment, je verrais plus tard.
—Non mais, je rêve. Ne compte pas sur moi, pour revenir.
Je l’ai rassuré en lui expliquant que j’ai pris le catalogue du magasin. Je commanderai, au moins je pourrais prendre mon temps pour choisir tranquillement.
L’épisode masque était clos et figurerait dans la rubrique anecdotes de ma chronique Vacances sans me douter que quelques années plus tard, il referait irruption dans ma vie et qu’il serait d’une brûlante actualité.
Notre journée vénitienne s’acheva par un café sur la place Saint Marc que nous avons dégusté lentement, très lentement vu son prix exorbitant.
J’ai néanmoins acheté en dernière minute un masque bon marché, pour faire plaisir à mon fils. Il ferait l’affaire pour le défilé du carnaval annuel de l’école ou pour l’une des nombreuses cavalcades d’Outre-Rhin.
Une visite éclair, quelques photos et un masque avec des plumes blanches et bleues m’ont laissée sur ma faim. Venise méritait mieux et je m’étais juré d’y retourner.
Au bruit du clapotis de l’eau contre la coque du bateau qui nous ramenait au parking, j’imaginais déambuler au bras de Casanova ou d’un autre gentilhomme parmi les personnages costumés sous le soleil de février et prendre la pose devant les palais.
Je ne suis pas retournée à Venise jusqu’à présent. Plus besoin d’y aller pour se promener masqué. Le rêve s’est transformé en cauchemar. Carnaval désormais, c’est toute l’année. L’accessoire libertin de séduction est devenu objet de soumission. Combien de temps encore allons-nous le garder ? Cela fait des siècles que l’humanité se fait berner par les grands de ce monde dont les masques sont toujours tomber, ce n’est qu’une question de temps.

D’Audrey

Ce soir de février, on vient de terminer de souper, c’étaient des hamburgers, qu’elle bonne odeur, sauf que j’ai dû me contenter de mon souper adapté pour que je sois en bonne santé. Avant d’aller m’installer pour digérer, je regarde par la fenêtre.
Il fait très sombre, j’entends la pluie qui tombe et surtout le vent qui souffle, ça fait plein de bruit, la tempête Eunice nous envoie ses rafales brutales.
Je n’aime pas ça.
C’est décidé, je ne mets plus mon gros nez dehors aujourd’hui, ce n’est pas la peine d’aller se mouiller ou de prendre le risque de s’envoler. Pour notre vieux cerisier, c’est plus compliqué, il est sûrement en train de vivre ses dernières heures. J’espère me tromper, j’aimerais bien le garder c’est le terrain de jeux des écureuils et c’est si beau quand il est en fleur.
Je m’installe bien au chaud dans mon fauteuil avec le flegme anglais qui me va si bien et je prends le temps d’écrire ces quelques lignes. Je n’ai pas envie de faire une chronique historique ni un roman mais d’écrire sur la vie, ma vie, celle qu’on m’a offerte il y a un peu plus de 3 ans, j’avais 8 mois et on ne voulait plus de moi.
Je vis à Fosses la Ville, petite ville avec son centre historique, sa cathédrale, ses ruelles que je connais par cœur, ses champs, ses bois, ses lacs, ses belles ballades que j’aime tant et notre petit nid d’amour. Nous y vivons à 3, des amoureux et moi. Ils disent que je donne le sourire et tant d’amour, c’est réciproque, ensemble on est heureux. On profite de tous les petits bonheurs quotidiens. Il ne nous faut pas grand-chose pour être heureux, on aime se faire de gros câlins, jouer avec mes jouets préférés, se promener et c’est presque toujours moi qui décide par ou on va, manger nos bonbons préférés,… Je dois l’avouer, je suis un gros gâté.

Pour s’aimer et être unis pour la vie, pas besoin de passer par la mairie, les liens qu’on crée avec le cœur et certaines personnes sont bien plus forts qu’un petit bout de papier.
Malheureusement, je ne serai pas avec eux toute leur vie mais je les accompagnerais jusqu’au bout de la mienne.
Je ne suis pas une copie, je suis unique, je suis Ralph bulldog Anglais , un chien presque humain.

De Luluee

C’est l’histoire d’une chronique, la chronique de Vinsac…
Un jour de pluie, je me suis mise à écrire. Je ne voulais pas écrire de roman d’amour, oh non! Surtout pas ! Mais raconter l’histoire de mon petit village, raconter chaque semaine ce qu’il s’y passe chaque jour. Les nouvelles du petit village, de ce lieudit, que l’on appelle Vinsac.
Ce n’est pas une ville, ça non ! Il n’y a pas de mairie, pas de poste, pas de café, enfin si, celui du voisin, de la voisine, généreusement offert lorsque l’on va leur rendre visite pour prendre de leurs nouvelles, à part cela, aucun commerce. Et ici, pas de hamburger !
Mais le potager de Marie Louise ! Ici, il n’y a que des habitants, 7, parfois 8, 9, 12, 13, voire 14 tout au plus, lorsque les familles de chacun débarquent avec leurs enfants. Mais jamais en même temps et guerre plus heureusement ! Il y a les brebis, les moutons et les vaches aussi, les animaux sont plus nombreux que les habitants ! Ici, on dit qu’il y a plus de vaches que d’habitants, et je peux vous le confirmer !
Pour autant, ici, il n’y a pas un seul chien pour garder les brebis. Et pourtant, cela faciliterait les fins d’après-midi de Marie Louise et Gaston lorsqu’il faut aller chercher les moutons qui n’en font qu’à leur tête. Faut dire, ils ont la belle vie, ils sont autorisés à se balader partout dans le village et les champs environnants. Ils aiment monter sur les plateaux d’en haut, pour voir si l’herbe y est plus verte qu’en bas. Mais après, il faut aller les chercher, les faire redescendre pour les rentrer à la bergerie. Et cela m’amuse d’y aller en courant parfois, pour aider Marie Louise à « ramasser » ses moutons comme elle le dit. Cela me fait faire mon sport, une activité physique pour la semaine ! C’est qu’il faut grimper et ce n’est pas toujours dans le champs d’à côté !
Une fois, Marie Louise a dû faire tout un grand tour jusqu’à la tombée de la nuit pour les retrouver. Gaston, son mari, a eu peur ce jour-là, qu’elle ne revienne jamais, m’a-t-il confié. La dernière fois, je ne sais pas comment, on s’est perdues avec Marie Louise ! Enfin, je suis partie en courant devant, afin de vérifier si les moutons étaient derrière une colline, et éviter à Marie Louise de faire trop de marche, car s’ils n’y étaient pas, il fallait aller voir de l’autre côté, encore plus loin.
Je fais le tour, un grand tour aussi, j’aperçois les moutons, leur fais peur, ils dévalent la colline, je les suis tant bien que mal, en courant derrière eux et en repassant, en partie par là où j’étais passée, et retomber sur Marie Louise. Mais je ne la vois pas, je me dis qu’elle a surement dû faire demi-tour, en direction du village. Je continue alors jusqu’à chez eux, mais toujours pas de Marie Louise non plus chez eux. Gaston est inquiet, voilà la tombée de la nuit qui va bientôt repointer le bout de son nez. Alors j’y retourne, chercher Marie Louise, en courant à travers champs. Je ne la vois toujours pas, je continue, mais trouve que cela ferait un peu trop loin, qu’elle aurait dû rebrousser chemin, revenir vers le village et que j’aurais dû déjà la rencontrer.
Il faut que je la retrouve, alors je continue d’avancer, et repasse par là ou nous sommes passées. Je m’inquiète de ne pas la trouver… et d’un coup, je la vois comme par enchantement, elle resurgit de nulle part ! Je l’aperçois avec son châle emmitouflé sur sa tête. Je cours vers elle et on éclate de rire après avoir réalisé tout cela, en imaginant être passées dans un trou spatio temporel ! On rentre au village en contemplant, dans le silence, le magnifique coucher de soleil aux couleurs de l’Orient, que nous offre le ciel. La prochaine fois, je vous raconterais nos exploits d’horticulture, ce que Marie Louise a planté et ce qui a poussé sans replanter ! Finalement, c’est un récit d’amour, un bout d’histoire de mon village, que je partage avec amour. Mais ce n’est pas un roman, c’est une chronique, la chronique de mon petit village.

De Mireille

Réformée

Une légère brise me caresse le dos, les yeux me piquent et pleurent, pourtant je n’ai pas eu de petit. Chaque fois j’ai pleuré, impossible de toucher, humer, allaiter ce petit. Un comble, le lait c’est ma spécialité, longtemps j’ai atteint le chiffre de 60 litres.
Ce n’est pas que cela me gêne, comme je l’ai déjà dit, je suis capable de faire du lait.
Mais pourquoi ne me laisse-t-on pas mes petits, il est pour eux ce lait, comment vont-ils grandir, courir, vivre…
On m’a toujours laissée à l’attache, devant moi le râtelier métallique. Le menu, identique au jour précédent, hocher la tête, regarder mes compagnes, à droite, à gauche, à gauche, à droite. La trayeuse matin, soir et pendant ma grande période à midi. Oh oui ! Une bonne laitière.
Moins de trois mois environ après avoir vêlé, je sentais que l’on m’introduisait une seringue, très vite, mes compagnes aussi avaient le même traitement, nous étions si proches en tout, production, gestation, vêlage…
Enfin dernièrement, le menu devint différent, si bien que je me vis augmenter en volume, mes compagnes aussi. Il était très malaisé de donner des coups de queue sans toucher les copines. Je me sens lourde, mes articulations sont douloureuses.
Ce matin, on nous a détachées et j’ai dû utiliser mes pattes pour avancer vers un lieu inconnu, je tangue, je boîte.
Quelle merveille, là sur le côté gauche, cette couleur verte, ma mémoire ancestrale reconnaît, même si je n’ai jamais goûté, de l’herbe fraîche…Je suis tout affolée, la tête me tourne, je titube, à droite ce disque jaune qui me fait pleurer, qui me chauffe, quel bonheur.
En face, un long couloir dans lequel je suis poussée…
Serait-il si difficile d’accorder un instant de notre vie très occupée à rendre possible sa dernière volonté « J’aurais aimé avoir une vie normale ».

De Marie-Laure

Dès son réveil, Thérèse savait que cette journée serait longue. Elle avait essayé de se glisser de bonne heure sous la couette, mais elle avait eu bien du mal à trouver les bras de Morphée. Elle ne se sentait pas nerveuse, ni spécialement inquiète, et pourtant, elle se sentait un peu chamboulée.
Alors que d’habitude, elle appréciait le temps du petit déjeuner devant sa tasse de café fumant et sa radio favorite, aujourd’hui elle est comme nouée. Alors à quoi bon, autant filer sous la douche de suite et prendre son temps pour se pomponner un peu, se dit -elle. Elle choisit une tenue confortable : jean, chemisier, petite veste et quelques bijoux pour agrémenter le tout. Elle chausse ses nouvelles baskets, en espérant qu’elles se mouleront docilement à ses pieds, car elle sait bien qu’elle va arpenter la ville toute la journée !
Elle pourrait écrire à l’avance la chronique de cette journée pour l’avoir vécue à ses 18 ans, mais cette fois-là, elle avait été seule à découvrir une ville nouvelle. Ses parents travaillaient, ils ne s’étaient pas rendus disponibles, elle avait juste l’impératif d’un montant à ne pas dépasser.
Elle se souvient de son arrivée à la gare, son plan à la main, commencer par rechercher le CROUS, faire la copie des offres disponibles, essayer de se repérer dans les transports en commun. Ce jour-là, même la pluie battante n’avait pas réussi à faire vaciller sa détermination. Elle était heureuse, elle se sentait légère, libre, un nouveau tome du roman de sa vie s’ouvrait devant elle ! Ses parents étaient venus pour l’aider à s’installer la veille du grand jour et sa mère lui avait avoué plus tard avoir pleuré toutes les larmes de son corps sur le chemin du retour. Laisser sa fille dans cette minuscule chambre sous les toits, avec les WC sur le palier, une salle de bain commune avec un petit réchaud posé à côté du lavabo, cela lui brisait le cœur.
C’est peut – être pour cela qu’elle a choisi d’accompagner son fils aujourd’hui dans la recherche de son logement étudiant. Lui est déjà à Nancy depuis la veille, logé chez un copain, il a déjà sélectionné un certain nombre d’annonces et a pris des rendez – vous sur toute la journée. Elle connaît bien son rejeton, elle sait qu’il n ‘y aurait pas sur la liste de petit studio standard dans un immeuble. Elle le sait amoureux des vieilles pierres et il a tout de suite donné le ton, direction la ville vieille, même si son école n’est pas du tout dans ce secteur !
Dans les années soixante-dix, ces quartiers étaient assez misérables et peu recommandables. Thérèse y avait eu quelques amis de fac, mais elle ne s’y serait jamais aventurée toute seule après vingt heures. Elle est agréablement surprise de la rénovation opérée en quelques décennies ; il est vrai qu’il y a dans ces rues une atmosphère chaleureuse.
Thérèse redécouvre la Grand’ Rue devenue très touristique aujourd’hui. Première visite, rue de Guise, son fils flashe sur un escalier de pierre et une coursive extérieure qui dessert les petits appartements. Certes, la vue sur l ‘hôtel De Guise est belle, mais soyons réaliste, l’intérieur est très mal agencé, non ? Pas le temps d’en dire plus, ils enchaînent et se dirigent vers la porte de la Craffe, deuxième visite, le nec plus ultra, un escalier de pierre en colimaçon pour atteindre le dernier étage.
Le prix est un peu prohibitif, non ? Et où vas-tu garer ton vélo pour la nuit ? De fil en aiguille, il est passé midi, à son fils qui lui suggère un hamburger, Thérèse suggère un petit crochet vers la rue Gourmande. Elle s’amuse des arguments de son gamin, elle connaît cet âge de la vie où rien ne fait obstacle et son humeur maussade du matin l’a complètement abandonnée.
Le ciel se couvre et une averse gâche un peu l’ambiance pour la suite des visites, qu’ ils enchaînent au pas de course. Les voici rue du Maure qui trompe : « tu vois maman cette façade, ces fenêtres à meneaux, c’est trop beau ! ». Dans cette ruelle étroite, déserte sous la pluie, avec son nom si bizarre, on s’ attend à voir ressurgir quelques fantômes de ce passé mal famé du quartier. Il y a bien eu dans cette rue la première mairie de la ville et aussi sa dernière maison close. L’ agent immobilier nous fait un petit cours d ‘ histoire. Selon la légende, cette rue aurait été dénommée ainsi car en haut de la tour un Maure était de garde et devait prévenir en soufflant dans sa trompe d’une éventuelle arrivée ennemie dans l’enceinte de la ville. Mais la légende a une seconde version, le nom viendrait d’une hôtellerie de la rue qui avait pour enseigne un Maure qui buvait en soulevant sa trompe remplie à ras bord. Pour clore cette parenthèse historique, l’ agent immobilier, visiblement très fier de sa ville, nous invite à aller découvrir une façade de l’église Saint Epvre, où une gargouille en forme de buste féminin, les seins à l’air et les mains sur les oreilles, regarde en direction de la rue du Maure qui trompe ; devinez vers quelle façade zieute la belle de pierre ?
Cet intermède historique alimente le debrief de fin journée devant un café. Oui, la ville vieille est pleine de charme, mais il faut garder son sang-froid et appréhender chaque lieu avec discernement. Cet ancien atelier en arrière-cour a un certain cachet, avec à l’intérieur sa pompe à eau et sa pierre marquée par les traces du labeur. Oui, l’espace peut facilement accueillir un lit double, un petit coin salon, un bureau et une mini kitchenette. Thérèse n’est pas dupe, elle sait bien qu’en prenant son envol, son fils a envie d’ investir ce lieu et aussi d’en faire un petit nid d’amour !
Ce soir, ils seront encore deux à la maison, demain elle aura pour seule compagnie son chien. Elle lui confiera ses petites histoires et ses humeurs. Elle compte bien sur toute son affection pour l’aider à supporter le nid familial qui se vide ! Cela dit, elle aura plaisir à refaire du tourisme à Nancy.

De Laurence D

Depuis huit jours, la pluie tombait sans discontinuer sur Paris. Paul n’aimait pas ce temps déprimant. D’autant que sa toux chronique était de retour. Une humidité s’infiltrait par les fenêtres, son appartement n’étant pas isolé suffisamment.
Assis à son bureau, il ressemblait à ces moines cisterciens qui passaient leur vie à recopier des pages et des pages de livres à la chandelle. Car lui aussi devait rendre sa copie. Il était traducteur et travaillait à son compte. Il connaissait une dizaine de langues slaves et était très apprécié pour son travail. Il était réputé pour sa rigueur et son sérieux. De plus, il travaillait vite et ne refusait jamais de travail dans l’urgence.
En ce moment, il avait à traduire des lettres écrites en polonais, lettres retrouvées dans une maison de famille dans le Périgord, qui avait été laissée à l’abandon pendant deux décennies. Les nouveaux propriétaires, un jeune couple, avaient acquis cette demeure pour une bouchée de pain. Elle appartenait à une grand-tante de la jeune femme du couple.
Ces lettres avaient été écrites par un soldat lors de la Deuxième Guerre mondiale. Elles étaient visiblement destinées à sa fiancée, qui travaillait comme femme à tout faire chez le vieux châtelain du village. Celui-ci avait accueilli des familles réfugiées, que la guerre avait chassées de chez elles. Son jeune fiancé se trouvait sur le front russe à combattre l’ennemi. Il lui racontait la vie qu’ils auraient, lorsque la paix reviendrait, de la maison qu’il construirait, des prénoms qu’il aimerait donner à leurs futurs enfants. Ces lettres d’amour se voulaient pleine d’espérance et il ne parlait jamais des horreurs auxquelles il était confronté.
Paul prit une pause dans son travail. C’était l’heure d’aller rendre visite à sa charmante voisine de palier âgée de 86 ans et qui ne sortait plus de chez elle. Il lui avait proposé d’aller promener son chien une fois par jour dans le quartier, ce qu’elle avait accepté avec joie. Au retour, elle lui offrait un délicieux thé parfumé et des petits gâteaux que sa fidèle femme de ménage lui cuisinait. Sa voisine était une vieille duchesse exilée il y avait bien longtemps de Russie ; ses parents avaient fui leur pays pour échapper au nouveau régime en place. Elle n’avait qu’une dizaine d’années à cette époque. Ils étaient arrivés à Paris avec leurs seuls vêtements sur le dos et quelques bijoux gardés secrètement dans la doublure de manteau qui leur avaient permis de survivre en attendant de pouvoir trouver un moyen de subsistance.
Mais c’était une autre histoire…
Paul prit la laisse de Mira, la chienne de la comtesse et partit pour le tour du quartier. Mira connaissait le chemin sur le bout des pattes, qu’ils suivaient scrupuleusement : prendre à gauche en sortant de la maison, suivre la rue, jusqu’au prochain croisement continuer tout droit jusqu’au Mac Do où Paul s’arrêtait de temps en temps au retour pour récupérer une commande de frites et hamburger, puis filer ensuite au petit square près de la mairie où il prenait le soleil assis sur un banc aux beaux jours. Mira, à qui il enlevait la laisse, en profitait pour gambader autour de lui heureuse de sa liberté. C’était le genre de jardin que l’on rencontrait dans les pages d’un roman du siècle dernier, où les enfants, accompagnés de leurs nurses, goûtaient après l’école.
Mais il était l’heure de rentrer, d’autant plus qu’aujourd’hui, la météo n’incitait pas trop à flâner. Un bon thé l’attendait.

Poème de Christine Clairmont, « Le pays », 1986, proposé par Françoise T (hors proposition d’écriture)

Le pays que je préfère
Est à l’intérieur de moi
La montagne des chimères
Plantée d’arbres à pourquoi.

Il faut tracer un chemin
Dans un bois impénétrable
Sous l’écorce du destin
Chercher le sens de la fable.

Trouver l’harmonie du Temps
Dans les branches du mélèze
Pour que la peine d’antan
Au vif du printemps se taise.

Découvrir sous la fougère
La pervenche aux yeux d’enfant
Qui dans le feu de la guerre
Gardait son contentement.

Aboutir dans la clairière
Où dort l’étang du futur
Tandis que la pensée mère
Monte sans frein vers l’Azur.   

Ayons aussi une pensée pour nous Mesdames de tous pays en ce 8 mars 2022, pour la seule journée de l’année consacrée aux DROITS DE LA FEMME!

Si tous nos droits étaient dignement respectés, nous n’aurions nul besoin d’une journée pour rappeler à toutes et tous que nous devons continuer à lutter pour acquérir ENFIN tous nos droits, comme ceux des hommes, à commencer par un salaire identique  fonctions égales!

Et là, je n’évoque qu’un point à faire évoluer en France!!!Je sais que les droits des femmes sont bafoués dans beaucoup de pays. Y compris du droit de disposer librement de son corps et du droit d’avorter, remis en question, dans les pays les plus démocratiques de notre planète!

Mes amies lectrices et amis lecteurs, ce n’est pas le moment de nous endormir sur nos lauriers!

Je vous souhaite néanmoins une belle semaine créative!

Portez-vous et prenez soin de vous!

Le printemps frappe à notre porte: accueillez-le avec joie!


Créativement vôtre,


Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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