J’ai décidé de publier une idée de roman en chapitres et de les partager avec vous, ma communauté de lectrices et de lecteurs. 

Je déambule dans mes idées. Je connais la fin du roman. C’est déjà ça, me direz-vous! 

 Je suis une formation avec Sébastien Henry, que vous connaissez peut-être, “Potion créative”, (que vous pourrez aisément trouver sur Internet), autour de la créativité. Il nous a donné le challenge de publier ce qu’on avait créé, quel qu’en soit le domaine. 

C’est chose faite aujourd’hui. Alors, je compte sur vous pour me livrer vos commentaires, vos idées, vos suggestions, via le blog à la rubrique “contact”, comment vous soyez la suite, etc.  

 Je reprends à mon compte la tradition qui a perduré tout au long du XIXe siècle, selon laquelle des écrivains, même parmi les plus connus, ont d’abord publié leurs histoires en feuilletons dans les journaux de l’époque.

Aujourd’hui, c’est mon blog, mais le principe est le même! Je publierai régulièrement – disons, deux fois par mois, si je peux maintenir le rythme-. Mon objectif étant d’achever et de publier ce roman qui me tient à coeur pour 2022. 

Si vous souhaitez que je publie certaines de vos histoires, ou parties de roman, faites-moi signe. Je pense qu’il est temps de sortir nos histoires de leurs placards qui commencent à sentir la naphtaline! 

C’est aussi un moyen de se faire connaître! Voici le chapitre 1 (pour l’instant, je ne tiens pas à révéler le titre de mon futur roman). 


CHAPITRE 1


La joyeuse commère d’Arnoult-les-Tremblay


« Je fus un bébé superbe dès ma venue au monde. Une petite tête soignée, une fossette rieuse sur le menton. J’étais un poupon sur lequel tout le monde se penchait avec grâce, dans le landau, dans les bras de ma mère ou sur mon tapis d’éveil.
Ma mère, Nicole, m’avait aimée d’emblée. Je dormais bien, je ne pleurais quasiment jamais, je tétais avec ponctualité. Je n’avais pas besoin d’une discipline de sommeil. Dès que je me réveillais, ma douce maman me donnait le sein. J’étais installée dans la chambre de ma mère, peinte en blanc en quatrième vitesse deux semaines avant ma naissance. Tout le monde était aux petits soins pour moi, dans les règles de l’époque.

Je suis née à la maison, avec la sage-femme de la ville, qui vint à domicile pendant les trois premiers mois de ma vie. Cela soulageait ma mère, car elle avait perdu ses parents pendant la guerre et elle avait besoin de repères.Cette sage-femme, au rugueux prénom de Gertrude, se considérait comme une prolixe transmetteuse de ses savoirs dans l’élevage des bébés. Elle pensait que sans elle, les bébés ne pouvaient pas pousser correctement. A ses yeux, seule sa méthode était la bonne.
Elle n’appréciait guère ma mère qui remettait quelque peu en question sa manière de faire, de voir les choses de la vie et de considérer les bébés comme des choses. »


Gertrude était une femme respectée de par son âge et sa longue expérience à faire naître les bébés. Elle arborait un port de tête fier, mais elle avait une tête grosse comme une pastèque pas assez mûre. Des verrues dignes d’une sorcière parsemaient son visage ingrat. L’âge et les dures contingences de sa vie la tenaient voûtée. Elle était laide mais gentille, si on ne la contrariait pas. Elle était surtout respectée. Elle ne prononçait aucun mot inutile.
Elle était curieuse de nature, forcément. Son métier la contraignait à pénétrer dans les demeures de ses patientes. C’était une sage-femme qui posait des questions sur les maris qu’elle ne voyait quasiment jamais.
En l’occurrence, elle n’avait jamais vu le père de la petite Amanda et pour cause ! Cela l’intriguait et l’ennuyait. A l’époque de la petite, peu de pères assistaient à l’accouchement de leurs enfants. En général, ils travaillaient ce jour-là, comme les autres jours. Et la nouvelle maman ne parlait jamais du père de la petite. C’était son secret à elle.
Alors, Gertrude la sage-femme –on ne prononçait jamais son nom de famille- échafaudait des scénarios dignes des studios d’Hollywood. Ses pensées et ses plans ressemblaient à tous points à des fils d’une tapisserie rampant dans tous les sens. Qui était le père d’Amanda ? Telle fut la question qu’elle se posa et qu’elle posa pendant les trois mois de sa présence au domicile de la mère du bébé.
Elle n’eut jamais la réponse. Pas plus que les autres. Ni Amanda d’ailleurs, même devenue adulte.

La sage-femme, ce jour-là, se mit à grommeler quelque chose:

« Nicole, vous devriez savoir, car je vous l’ai répété souvent, que les couches mouillées causent des rougeurs sur les fesses des bébés, qui peuvent se transformer en érythèmes fessiers. Pensez à tirer votre lait à l’avance. Il faut qu’Amanda s’habitue au biberon, sinon, ça sera plus dur après ».

Et les sempiternels conseils étaient ressassés comme autant de reproches à chacune de ses visites. La mère d’Amanda, pour éviter des représailles verbales, acquiesçait, se taisait et attendait patiemment la fin de la visite-contrôle.

« J’espère que vous lavez le linge de la petite avec du savon de Marseille et non pas avec de la lessive en poudre. Et à la main, pas en machine. »

Nicole n’avait rien à se reprocher. Elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour s’occuper décemment de sa fille. Elle était seule, un peu débordée, il est vrai, par le fatras de linge à laver certains jours. Mais c’était une jeune femme forte de vingt-cinq ans. Elle gardait le moral en toutes circonstances. Elle avait eu une enfance et une jeunesse difficiles, mais dignes. Orpheline de la dernière guerre, elle avait perdu ses parents dans un bombardement. Sa grand-mère Mireille l’avait élevée avec Pierre son mari.

Nicole repensait souvent à sa grand-mère, décédée quelques mois avant la naissance d’Amanda. Cette femme avait connu la pauvreté, pour ne pas dire la misère. Cette femme, parvenue à l’âge adulte illettrée, sortie de l’école obligatoire par des chemins chaotiques, avait réussi seule à se hisser à une certaine forme de culture. Elle avait appris à lire et à écrire seule, adulte. Elle avait terrassé tous les ignorants par la profondeur de sa culture. Sa culture à elle provenait de tous les livres qu’elle avait lus. Elle s’était faite toute seule. Que de choses Nicole n’avait-elle pas reçues de sa grand-mère !
Elle s’émerveillait, à chaque fois qu’elle regardait les photos anciennes, de sa ressemblance avec cette femme digne qui l’avait élevée. Elle se rappelait que la vieille dame n’aimait pas qu’on la contredise ou qu’on argumente devant elle. Elle ne savait pas trouver le ton juste pour parler aux autres. Elle était plutôt soupe-au-lait. Elle avait l’air tantôt de prendre les gens de haut, tantôt de les ignorer.
Quand elle eut compris la sagesse qui se trouvait dans les livres, Mireille les dévora, comme si elle avait souffert toute sa vie d’une faim livresque. Elle aima profondément les délices de l’écriture. Elle adorait la compagnie des livres, qui devinrent, toute sa vie, ses compagnons de plaisir. C’était seulement en leur compagnie qu’elle devenait vivante, gaie, spirituelle tout en se sentant libre.
Bien sûr, Pierre, son mari, ne supportait pas qu’elle lise autant. A ses yeux, c’était une perte de temps.

« Il y a autre chose à faire, bonsoir de bon sang ! T’en n’as pas marre de t’esquinter les yeux avec ces trucs qui servent à rien, hein la mère ? ».

Ces livres énervaient le grand-père de Nicole au plus haut degré; ça lui remuait le sang. Il avait un peu l’impression que sa femme le trompait avec des mots venus on ne savait d’où, écrits par on ne savait qui. Il n’avait jamais appris à lire ni à écrire, durant sa courte scolarité pendant la Première Guerre mondiale. Il ne voulut jamais combler ses lacunes. Il se satisfaisait pleinement de sa situation : il était cantonnier de son village et ça lui suffisait amplement pour vivre heureux.

« J’étais une joyeuse commère au babillage incessant. Je babillais, je gazouillais, je babelais, pour le plus grand plaisir de ma mère. Je fus, dès mes premières heures, l’adoration de la femme qui m’avait mise au monde. »

D’après Gertrude la sage-femme, Nicole était un peu bizarre, avec des idées révolutionnaires. Mai 1968 n’était pas si loin. Il était vrai qu’elle affichait certaines singularités, sans doute héritées de sa grand-mère Mireille. En tous les cas, Nicole était une mère extrêmement attentive avec sa petite Amanda. Elle avait toujours pensé que si on traitait les enfants comme il le fallait, ils pouvaient devenir des personnages importants. Cela faisait rêver Nicole, elle, la petite caissière de la petite superette de quartier.
La mère d’Amanda ne mit jamais aucune pression sur les épaules de sa fille. Elle la protégeait et attendait d’elle une réussite grandiose. C’était son grand rêve : que sa fille devienne ce qu’elle n’avait jamais été. Elle plaçait de grands espoirs dans la réussite de sa fille unique, née de ses amours pas très réussies avec un hippie de son époque, dont elle taisait le nom et la provenance, comme une honte indélébile qui ne s’effacerait jamais, tel un tatouage qu’on porte à vie.

Nicole avait supporté patiemment les premières années de la scolarité d’Amanda, durant lesquelles les différents institutrices et instituteurs qui s’étaient succédé s’étaient plaint du manque d’attention de la fillette, de sa distraction et de son incapacité à s’intégrer à la collectivité.
Amanda n’accordait aucune attention à ce qui ne l’intéressait pas. Elle possédait un esprit vif, acéré et avide de savoir. Elle était douée d’une mémoire exceptionnelle et d’un sens de la logique inné. Mais, elle se révélait obtuse sur le plan émotionnel. Comme sa mère, le sens de l’humour lui faisait complètement défaut.



 Et voilà, j’ai osé, c’est fait, advienne que pourra!

Je vous remercie d’avoir pris un peu de votre temps pour lire ce premier chapitre.  J’attends désormais, si vous le souhaitez, vos réactions.  A votre tour d’être créatif… 

Passez une belle semaine créative 

Portez-vous bien et prenez soin de vous   

Créativement vôtre, 

Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE
 


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • C’est très agréable à lire. Je suis rentrée tout de suite dans le vif du sujet qui me rappelle à certains moments des bribes de mon vécu. Bravo! continue, c’est encourageant. J’ai hâte de découvrir la suite…

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