Vous le savez maintenant, le mardi, c’est l’évolution d’Amanda, dans son univers, assez solitaire. J’ai fini l’écriture du chapitre 51 et je vais mettre un coup de fouet aux aventures d’Amanda pour tenter de finir avant la fin de l’année. C’est un défi que je me lance!
Voici pour vous le chapitre 20:
Le rêve d’une vie
« Maman, tu as déjà eu un gros rêve dans ta vie ? », demandais-je un soir à table.
« A quoi ça servirait d’avoir des rêves puisqu’on peut rarement les vivre. Un rêve, c’est fait pour rester un rêve, sinon c’est plus un rêve »,philosophait ma mère en guise de réponse. « J’ai toujours été caissière depuis l’âge de quatorze ans. Caissière je resterai. Je ne me souviens pas quand j’étais gamine d’avoir eu des rêves. J’ai pas trop eu le temps de rêver, moi, à aider mes grands-parents. Peut-être que j’aurais aimé être couturière. Ou cuisinière. J’me suis jamais posé la question, à vrai dire ».
Ma mère n’avait pas eu la chance de poursuivre des études. Personne ne l’avait poussée à viser plus haut et à développer une certaine forme d’ambition. Elle devait gagner sa vie. Un point c’est tout.
« J’ai toujours un rêve pour toi. Que tu fasses des études et que tu exerces un bon métier. Et ça, depuis le jour où tu es née, je me suis fait cette promesse », enchainait ma mère.
« Tu le sais bien, moi, je veux devenir professeure d’anglais. Je sais pas pourquoi, mais j’aime l’anglais » insistais-je.
« Je te paierai toutes les études que tu voudras. J’ai réussi à économiser sou après sou depuis que tu es toute petite. Et s’il le faut, je vendrai la maison de Pépé et de Mémé. On trouvera toujours une solution », me rassurait-elle en me caressant la joue, comme quand j’étais petite.
Dans son monde enfantin tourmenté, ma mère n’avait pas eu le temps de pelleter des nuages pour rêver. La seule chose qui l’avait guidée depuis que j’étais au monde, c’était de m’élever dignement et de se sacrifier pour moi. Pour elle, ce n’était pas un sacrifice, c’était de l’amour.
Elle avait renoncé à retrouver l’amour. Pour moi.
Elle ne souhaitait pas changer de vie. Pour moi.
Elle n’avait pas de rêve pour elle, mais pour moi.
Elle s’oubliait en tant que femme. Pour moi.
Elle était juste devenue une mère. Ma mère. Pour moi.
J’étais le sens qui orientait sa vie.
Tout tournait autour de moi.
Elle voyait en moi la magie qu’elle n’avait plus dans sa vie.
J’étais l’étoile qui auréolait sa vie.
Ma mère était une femme calme mais passive. J’aurais aimé qu’elle change de métier, qu’elle suive une formation. J’aurais pu l’aider. Elle voyait cela comme l’Himalaya à franchir. Autant dire, impossible pour elle.
Quand sa grand-mère est décédée pendant qu’elle m’attendait, son monde rassurant s’est écroulé. Une fois de plus. Elle a dû tout assumer seule, sans famille, à partir de ce moment-là. Elle vivait simplement, chichement, comme elle l’avait toujours fait.
Pour partir du bon pied dans la vie, il faut parfois un coup de pouce. Ce que Maman n’avait jamais reçu. Elle vivait les rencontres et l’amour par le prisme des romans ou des films sentimentaux. Elle adorait la collection de livres Harlequin. Elle lisait la vie des autres dans les magazines populaires et cela la comblait. Pour me préserver, elle n’avait jamais eu le désir de rencontrer quelqu’un pour refaire sa vie. Elle était persuadée qu’elle m’aurait sacrifiée en m’imposant un beau-père ou en me donnant des frères et des sœurs.
« Maman, pourquoi t’as pas voulu te marier avec un autre homme… ».
En guise de réponse, elle ne me laissa pas terminer ma question. Son regard tomba sur mon visage. J’avais ma réponse. Je devais m’en contenter. Ma mère avec moi, c’était comme la poule qui couvait ses œufs.
Ah, l’amour d’une mère, c’est une richesse qui nous accompagne tout au long de la vie! Amanda a bien de la chance!
Rendez-vous est pris vendredi pour la suite des aventures!
D’ci là, portez-vous bien et surtout prenez soin de vous!
LAURENCE SMITS, LA PLUME DE LAURENCE