Je sais que vous attendu avec impatience les turpitudes de Max. Vous ne serez pas déçu dans ce 25e chapitre.
Je vous en souhaite une belle lecture.
LE TEMPS DES INCERTITUDES
« Elle est où la têtête, elle est où la queuqueu ? » Max s’amuse à dire à chaque fois qu’il voit Belle, ma chienne Briard, émerger fripée de son panier. Il ne l’aime toujours pas, ne lui offre jamais aucune caresse. Il craindrait de se salir et d’avoir des poils malotrus sur son pantalon.
Je suis enceinte de trois mois et je m’ennuie. En fait, je me pose plutôt des questions sur ma vie. Dans six mois, je vais être maman. Ça chamboule tout. Max est fidèle à lui-même. Il ne s’intéresse pas au bébé qui arrive.
« C’est une affaire de femmes, ça. Pas mon truc. », me répète-t-il répète à l’envie.
Je pense qu’il tremble à l’idée de devenir père. Surtout parce que ce petit bout de chou va venir perturber sa vie bien réglée, entre ses potes et ses jeux.
« J’assisterai pas à l’accouchement, j’te préviens. Je vais tomber dans les pommes à voir tout ce sang. J’attendrai sagement dans le couloir. »
Je suis prévenue. Je sais à quoi m’en tenir.
J’ai du temps pour penser au bébé qui arrive. Je ne travaille plus – ordre du médecin. Je ne prends pas assez de poids. Je me repose, je mange, je lis, je fais du yoga, je parle avec ma mère au téléphone, je promène ma chienne, j’attends le retour de mon mari le soir. Il rentre de plus en plus tard, mais je ne me pose aucune question à ce sujet. Je me concentre entièrement sur mon ventre qui va bientôt ressembler à une pastèque bien mûre.
J’ai aussi du temps pour penser à ma relation avec Max, à ma belle-mère envahissante à qui je n’ose jamais dire non, à ma vie, tout court, à mon père que je n’ai pas connu, à mon enfance calme et solitaire. Au moins, mon enfant aura un père et des grands-parents des deux côtés. Ma belle-mère, à défaut d’avoir obtenu un mariage grandiose pour son fils préféré, me rabat les oreilles pour baptiser le futur descendant Berneuil dans la tradition catholique. Je n’y tiens pas vraiment, ne voyant aucun intérêt à avoir une marraine et un parrain.
« Quand vas-tu, ma chère, respecter les traditions ? Un baptême, c’est la joie. C’est souhaiter la bienvenue au petit et surtout, ça permet de rassembler toute la famille. Déjà qu’ils n’ont pas été invités pour ton mariage », est le nouveau refrain de ma belle-mère pendant ma grossesse.
La famille Berneuil des deux côtés, au bas mot, c’est au moins cinquante personnes, sans compter les petits-cousins et le reste. Tout ce que je déteste.
Comment contrer Ghislaine sans attiser une brouille ?
Si je n’écoute pas ma belle-mère, je trahis mon mari.
Si je ne m’écoute pas, je me trahis moi.
Un vrai dilemme.
Un écartèlement inévitable.
Je suis une poisseuse des relations familiales.
« Un esprit fort, c’est un coffre-fort » Valérie, ma professeure de yoga, me répète souvent. « Toutes les réponses se trouvent à l’intérieur de toi. Suis ton intuition, c’est un vrai trésor ! ».
Oui, d’accord, mais comment fait-on quand on ne voit aucune lumière dans le coffre-fort ?
J’aurais voulu habiter plus loin. Max ne veut pas quitter son nid citadin.
J’aurais voulu être seule avec mon mari, sans ses copains. En vain.
J’aurais voulu qu’il m’accompagne pendant ma grossesse. A ses yeux trop de stress.
J’aurais voulu qu’il soit plus attentionné. C’est raté.
J’aurais voulu….
L’idée me vient de commencer un journal. Je dépose mes réflexions, mes envies, mes amours, mes ennuis, mes emmerdes, comme chantait Charles Aznavour. Je glissais sur le papier les murs érigés depuis l’enfance pour me protéger, les trahisons, les déceptions, ma cohabitation avec la solitude. Les lignes se remplissent. Je dépose lentement un peu de mon fardeau.
« Tu écris maintenant ? Ça ne te suffisait pas de lire tout le temps. En plus, tu veux devenir écrivain ? » me lance Max un soir en rentrant tard de la banque en guise de bisou.
Les yeux me piquent.
Un des fidèles lecteurs du blog a comparé mon histoire à celle de la famille Ewing dans Dallas. Ca m’a bien fait plaisir de lire cette comparaison! Elle m’amuse d’ailleurs! Merci à lui, il se reconnaîtra!
Rendez-vous est pris mardi pour un chapitre sur la jeunesse d’Amanda.
D’ici là, je vous souhaite un beau weekend. Restez bien au chaud! Vous avez de quoi lire sur mon blog en attendant…Portez-vous bien et surtout prenez soin de vous!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE