Non, non, je ne vous ai pas oubliés, je vous rassure. J’avais des bulletins à remplir. Donc, le devoir m’a fait décaler l’envoi de la newsletter.
Voici sans plus attendre le chapitre 26 des aventures d’Amanda:
Des vacances par procuration
Je n’étais pas ce qu’on appelle communément une élève douée. J’étais surtout studieuse et besogneuse. Je passais des heures à étudier, à réviser mes cours, à refaire tous les exercices de la semaine. C’était mon occupation, ma passion. Je n’avais pas d’autre loisir, en dehors de la lecture. Toutefois, j’aurais bien voulu pratiquer une activité sportive.
« Dis Maman, tu voudrais bien m’inscrire au cours d’équitation, comme Corinne, tu sais la copine qui habite de l’autre côté de la rue ? » je proposai un soir durant le dîner.
« J’aimerais bien, mais j’ai pas les moyens, tu le sais bien ma petite chérie, » répondit ma mère très calmement, sur un ton navré. « Ça coûte trop cher : le cheval, la danse, la musique. Franchement, je peux pas, même avec la meilleure volonté du monde ! ».
Elle savait que j’étais déçue d’entendre toujours les mêmes réponses, mais son maigre salaire de caissière ne lui permettait aucune dépense frivole, même pour me faire plaisir.
« Je sais, je sais. C’est pas de ta faute. C’est comme ça ! Ça t’ennuierait si je vais le mercredi après-midi au collège jouer au base-ball ? Le prof de sport monte une équipe et il a besoin de joueurs. »
« C’est quoi ça le base-ball ? » s’enquit ma mère dans son ignorance de la culture anglo-saxonne.
Cela me faisait du bien de sortir un peu et d’être avec des camarades de mon âge. Je m’amusais bien avec ce groupe qui jouait au base-ball. Je prenais l’air. Cela me changeait de mes promenades habituelles dans mon quartier.
Avec ma mère, on ne voyageait pas. Elle n’avait ni l’argent nécessaire ni le permis, alors toute sortie se transformait en une vraie expédition. Aller à la plage à Trouville l’été relevait d’un défi à toute épreuve. Il fallait prendre le train à la gare de Gonzaville pour se rendre à Paris. Une fois arrivées dans la capitale, on se dirigeait Gare Saint-Lazare. Le trajet demandait du temps et de la patience. Rien ne m’aurait fait dévier de cette sortie que j’attendais avec une impatience fébrile.
On allait en bord de mer à Trouville, une fois l’an en juillet. J’adorais observer ma mère préparer le panier de pique-nique la veille. C’était tout un cérémonial qu’elle mettait en place avec une grande attention. C’était pour nous un jour de fête que nous attendions avec une grande impatience. C’était NOTRE sortie, notre moment à toutes les deux.
Je ne ratais aucune miette de cette journée-là et je pensais surtout à prendre mon appareil-photo pour immortaliser la sortie de l’été. Nous étions heureuses d’accomplir ce pèlerinage. On parlait peu mais nos visages radieux en disaient long. Ma mère me payait une glace et des chichis qui me comblaient de joie. C’était un bonheur simple, mais entier.
En dehors de notre périple à Trouville, je passais mes deux mois d’été en solitaire, mes copines de classe étant parties en vacances avec leurs parents : Sylvie dans le golfe du Morbihan en Bretagne, Valérie à Cassis dans le midi, Corinne chez ses grands-parents au Cap-Ferret. Je recevais des cartes postales et je voyageais ainsi par procuration.
Je faisais aussi vivre des aventures extraordinaires à mes héros de papier quand ma mère travaillait et que je me retrouvais seule dans la maison. Ou alors je reprenais mes cours de l’année scolaire passée et je les retravaillais, notamment en anglais et en russe, que j’avais choisi en quatrième. Je révisais le vocabulaire, j’inventais des phrases et je les traduisais. L’après-midi, je m’installais dans le jardin, à l’ombre du tilleul, et je me mettais à mon canevas. J’en commençais un nouveau chaque été pour décorer la maison. Cela m’occupait l’esprit, tout en écoutant mes émissions favorites à la radio.
L’été passait ainsi, en toute tranquillité, en dehors de notre périple annuel au bord de la mer.
Retourner en classe me procurait un grand bonheur. Je pouvais enfin revoir les copines et les professeurs. J’étais occupée toute la journée, en plus des devoirs copieux à faire le soir. Cela me suffisait à me combler.
Rendez-vous est pris vendredi pour le chapitre 27.
D’ici là, protégez bien du froid.
Portez-vous bien et surtout continuez à prendre soin de vous!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE