Cet épisode 42 des aventures d’Amanda arrive bien tardivement. Des obligations professionnelles m’ont éloignée de mon cher ordinateur. Sans plus tarder, voici l’épisode tant attendu.

Je suis arrivée plus tard que prévu à la gare de Gonzaville. Le ferry avait pris du retard à cause du mauvais temps sur la Manche. J’ai embrassé ma mère sur le quai et elle m’a serrée bien fort dans ses bras, pour me consoler.
Elle s’était faite belle, comme pour recevoir un dignitaire. Elle portait une robe rose, ma préférée. Elle lui allait tellement bien. Elle avait fleuri la maison pour égayer mon retour et chasser la morosité ambiante. Elle avait acheté des iris, mes fleurs préférées. Il est parfois nécessaire d’accepter les mains tendues quand on traverse des montagnes russes. C’était la façon de ma mère de me dire par des gestes « je suis là, ne t’inquiète pas, ça va aller ».
Je ne perdis pas de temps pour me replonger dans mes chers livres. Il était difficile de trouver un job d’été, si tard dans la saison. J’essayais, tant bien que mal, d’évacuer les tensions qui m’avaient habitée pendant mon séjour en Angleterre. Je ne voulais plus prononcer le nom de mon ex-petit copain. Je préférais l’oublier, une bonne fois pour toutes, puisque c’était fini entre nous.
C’était bizarre de ne plus écrire de lettres tous les jours. De ne plus recevoir d’appel le samedi. La vie pouvait parfois prendre des tournants dramatiques. Pour ne pas dire imprévus. Pourquoi n’avais-je pas consulté ma boule de cristal pour connaître mon destin amoureux ?
Après tout, qu’avais-je trouvé à ce Simon ? Certes, il était un beau gosse, mais il se la pétait un peu. Il aimait se vanter. Il voulait faire plein de choses, mais en définitive, il ne faisait pas grand-chose. Il parlait plus qu’il n’agissait. J’avais accepté ses choix, ses manies, sa façon de vivre sans réfléchir. J’étais jeune. J’étais naïve. Trop naïve au point de croire qu’un premier amour pouvait durer toute la vie.
Je revoyais Rosa, la mère de Simon, pencher la tête quand elle apprit la séparation. Son regard était empli de commisération à mon égard. Elle avait attendu plus d’explications, mais je ne parlai que très peu durant le reste de mon séjour. Que pouvais-je dire ? Je n’avais nullement l’intention de pleurer toutes les larmes de mon corps devant ces gens qui m’avaient adoptée de façon si aimable.
Nous étions émues toutes les deux le jour de mon départ, en sachant probablement que nous ne nous reverrions jamais. Elle m’imaginait peut-être continuer ma vie en France, sans jamais remettre les pieds en Angleterre. Elle m’imaginait avec des enfants d’un autre homme que son fils. Je me sentais proche de cette femme. Le destin en avait décidé autrement. Je les imaginais, son mari et elle, prendre de l’âge, vieillir côte à côte, dans leur maison jumelée, à s’occuper de leurs magnifiques rosiers, tout en gâtant des petits-enfants qui ne seraient pas de moi.
Dans ma chambre, à ressasser ce qui ne se passerait pas, j’étais envahie par une horde d’émotions contradictoires. J’étais triste, en colère, je me sentais seule, vide, mélancolique. Je voulais me repasser le film de ma vie et arrêter la bande avant le moment de la rupture. Je ne pouvais pas dire que j’allais mal. Je n’allais pas bien non plus.
Je me réfugiais dans les livres, dans les grandes marches que j’entreprenais à travers la ville, dans l’espoir de ne plus penser à l’être aimé. Je nettoyais la maison de fond en comble, comme si chaque semaine c’était le printemps et qu’il fallait de nouveau récurer tout du sol au plafond. J’avais perdu le sourire. J’étais tiraillée par l’envie d’entendre sa voix une dernière fois. J’avais eu du mal à déchirer toutes les photos. Ma mère me l’avait conseillé pour passer à autre chose.
Je vivais une période de sevrage. Je revisitais tous les instants passés ensemble. Ça faisait mal. Trop mal. Je perdais l’appétit. J’éprouvais des difficultés à m’endormir certains soirs. Tout, tout, tout était fini entre nous deux. J’écoutais beaucoup la radio pour oublier. Je ne voyais plus les étoiles briller dans le ciel. J’écoutais mes groupes de rock anglais préférés. Queen vint à mon secours, quasiment tous les soirs. J’écoutais les morceaux à tue-tête et je chantais à me casser la voix. J’avais besoin de me faire mal. J’avais encore plusieurs semaines devant moi avant de me plonger dans les études.

Je vous donne rendez-vous vendredi pour un nouvel épisode palpitant!

D’ici là, portez-vous bien et surtout continuez à prendre soin de vous!

Créativement vôtre,


Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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