
Le chapitre du vendredi arrive sur la pointe des pieds. Je vous propose le chapitre 9 de mon roman, un petit épisode mine de rien entre les relations d’Amanda avec son cher mari Max.
Belle et Amanda
J’ai envie d’avoir un animal de compagnie à moi depuis mon mariage. Je suis souvent seule le weekend et j’ai besoin d’avoir à mes côtés une présence rassurante. Max est contre cette idée. Il ne veut pas se brosser les vêtements à cause des poils, ni sentie l’haleine fétide d’un chien, ni s’en occuper, ce qui le priverait de temps pour s’adonner à ses loisirs. Et puis, il faut le sortir le chien. A ses yeux, c’est une vraie corvée.
« On habite en appartement. Tu te rends pas compte ou quoi ? On est au douzième étage ! Pour sortir ta bestiole, tu feras comment quand il fera froid ou quand il pleuvra? Tu peux me le dire, hein ? Comptes pas sur moi. Tu veux un chien, tu te débrouilles avec. Pas question de dépenser du pognon pour un truc comme ça », sont les derniers mots de mon mari à ce sujet, après de multiples discussions où il n’a pas réussi à avoir le dernier mot.
Croyant qu’il capitule, je lui plaque un gros bisou, heureuse à l’idée de renouer des liens avec un chien, comme dans mon enfance. Cela me manque tellement depuis que Koppi, la chienne de ma mère, est morte, il y a bien longtemps.
Je pars donc seule au refuge SPA le plus proche de chez moi à Genneville. Je suis impatiente d’avoir mon chien pour lui offrir tout mon amour. A mon arrivée, j’entends beaucoup d’aboiements et de plaintes. Il est toujours consternant de voir toutes ces bêtes abandonnées. Cela me fend le cœur d’assister à ce spectacle de chiens qui veulent que je les caresse tous.
Dans un des enclos du refuge, j’aperçois une petite boule de poils, couleur fauve, qui me tape dans l’œil :
« Il a quel âge a ce chiot ? » je demande à l’assistant qui me suit pour me guider.
« Trois mois. C’est une femelle briard, abandonnée à la naissance. Elle est adorable. C’est une race qui adore les enfants, vous savez. »
« Ça devient gros comment ce genre de chien ? »
« Une femelle, dans les 40 kilos environ à l’âge adulte ».
« Ah oui quand même. Elle est trop mignonne. Qu’est-ce qu’elle est belle !».
« C’est un chien très proche de ses maîtres, fidèle, câlin, qui ne pose aucun problème. Un chien très intelligent. J’en ai eu un quand j’étais petit. J’en garde un souvenir mémorable.»
Je regarde cette petite boule de poils, aux yeux innocents, qui essaie d’attirer mon attention en essayant d’attraper ma main à travers le grillage de la cage. Le bénévole du refuge réussit à me convaincre.
« Je vais la prendre avec moi. Je ne peux pas lui résister. Dis-donc, toit, qu’est-ce que tu es belle ! Tu sais quoi, ce sera ton nom. Ça sonne bien, hein, ma pupuce.»
Sur la route du retour, j’observe ma petite boule de poils dans le rétroviseur. Elle ne bouge pas, allongée sur la banquette arrière, la tête posée sur ses pattes avant, elle dort paisiblement.
« Je t’aime trop déjà, toi. T’es trop chou ! », lui dis-je, en lui prenant la tête et en la lui secouant en m’arrêtant devant mon immeuble.
Je n’éprouve aucun état d’âme vis-à-vis de mon mari. Je prendrai complétement en charge cet animal. Il serait vain de croire que pourrai le persuader d’aimer cet animal. Je mets plusieurs minutes à sortir le gros bébé de la voiture, car la femelle en question n’est pas habituée à bouger avec une laisse. Je la traîne jusqu’à la porte de l’immeuble et on monte tant bien que mal les quatre marches menant à la porte de l’ascenseur. Quatre marches, ce n’est pas simple à grimper avec une chienne qui refuse d’avancer.
« Allez, n’aie pas peur. On ne va pas monter les douze étages à pied tout de même. Il va falloir que tu t’habitues à l’ascenseur. On ne peut pas faire autrement, ma puce. Allez, hop, encore un petit effort ! ».
En refermant la porte de mon appartement à clé, une voix fort peu sympathique se fait entendre:
« Dis-moi que t’as changé d’avis. »
Max joue sa partie de poker avec ses copains du weekend. Je détache la chienne qui, toute contente d’être enfin détachée, court partout dans l’appartement, au grand dam des joueurs.
« C’est quoi, ça ? », Max s’interroge sans lever les yeux.
« Une chienne briarde qui a trois mois et qui s’appelle Belle. Elle est adorable, qu’est-ce que tu en penses ? J’ai bien choisi, non ?»
« C’est tout plein de poils ! J’en veux pas sur le canapé ni sur le lit ! Ça devient gros comment cette bête-là ? »
« Environ quarante kilos vers dix-huit mois ».
« T’es devenue folle ou quoi, Amanda ! Tu pouvais pas prendre un petit truc qu’on fout dans la poche du genre, comment ça s’appelle ce truc minuscule, un Chiwaca, un Chicawa, un Chicaca ?».
Pas un regard, pas une caresse. Il retourne à sa partie, sous les rires de ses potes. Il est content de sa blague. Belle, quant à elle, a la queue qui frétille. Elle est heureuse et ne réclame que des câlins.
Je vous donne rendez-vous mardi pour le chapitre 10.D’ici là, je vous souhaite un bon weekend, malgré le temps pluvieux dans certains régions.
Portez-vous bien et surtout prenez soin de vous!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE
