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Dans son livre “L’anatomie du scénario”, John Truby affirme que tout le monde sait raconter des histoires. En fait, nous le faisons toutes et tous, tous les jours, sans nous en rendre compte, un peu à la manière de Monsieur Jourdain dans “Le bourgeois gentilhomme” de Molière. Au cours de nos vies, nous voyons, entendons, lisons et racontons des milliers d’histoires.

Le problème réside dans le fait de raconter une BONNE histoire. Quand on veut devenir un spécialiste dans l’art de narrer des histoires, voire en faire son métier, on se heurte à d’immenses difficultés. C’est un des plus grands défis. Car les obstacles inhérents aux techniques narratives sont nombreux et souvent dissuasifs.

L’acquisition d’une bonne technique narrative, ce qu’est une histoire, le fonctionnement d’une histoire: voilà les choses à acquérir. Le processus d’écriture est un autre obstacle à la maîtrise de la narration. Une histoire ne peut se contenter d’être générique, mécanique ou dénuée d’originalité. Certains prétendent qu’il est impossible d’enseigner l’art de raconter des histoires. John Truby prétend le contraire. L’auteur réaffirme que tout art vient de la technique!

C’est quoi un conteur?

Toute personne construit une histoire à partir de milliers d’éléments, en utilisant un très large éventail de techniques. Pour John Truby, les auteurs sont très proches des sportifs: ils doivent maîtriser les techniques de leur art comme les sportifs maîtrisent les techniques de leur sport, au point que ces dernières disparaissent derrière les exploits et deviennent invisibles aux yeux du public, qui ne voit plus que la beauté du geste.

Un conteur raconte à un auditeur ce que quelqu’un a fait pour obtenir ce qu’il souhaitait et pourquoi il l’a fait.

Il existe 3 éléments distincts:

  • le conteur
  • l’auditeur
  • l’histoire qui est narrée.

Un conteur est avant tout quelqu’un qui joue. Les histoires sont des jeux verbaux, des joutes verbales auxquels l’auteur joue avec son public. Il imagine les personnages et les actions. Il raconte ce qui se passe, expose une série d’actions qui ont été accomplies d’une certaine façon.

Crédit photo: truby.com

Mais raconter une histoire, ce n’est pas simplement inventer des événements ou se souvenir d’événements passés. Le conteur doit sélectionner les événements, les connecter entre eux et construire une série de moments intenses, à la façon d’un marionnettiste. Le but est de donner à l’auditeur l’impression qu’il vit lui-même ces moments.

Donc, bien raconter une histoire, c’est donner à l’auditeur une expérience de vie, lui faire sentir l’essence de la vie, pour qu’elle fasse partie de sa propre vie. L’auditeur revit des émotions passées grâce aux histoires. Ainsi, celui-ci acquiert une forme de savoir émotionnel grâce aux histoires, quand bien même ces dernières sont distrayantes et divertissantes.

Un conteur donne au public certaines informations au sujet de ses personnages et en dissimule d’autres. Ces informations cachées sont absolument nécessaires au fonctionnement de l’histoire. Elles obligent le lecteur à chercher à comprendre qui est le personnage et ce qu’il fait. Par conséquent, ce processus l’aide à rentrer dans l’histoire.

L’histoire et les personnages

Il existe des millions d’histoires. Qu’est-ce-que le conteur révèle et cache toujours au public? Quels sont les points communs entre toutes les histoires? En fait, toute histoire est une forme de communication qui exprime le code dramatique.

Ce code dramatique est profondément ancré dans l’esprit humain. C’est en fait une description artistique des possibilités de développement d’une personne. Ce code est un processus sous-jascent à chaque histoire. Le conteur dissimule ce processus sous des actions et des personages particuliers. C’est ce code de développement que le public retient d’une bonne histoire au final.

Globalement, pour qu’une histoire fonctionne, il faut 2 ingrédients indispensables: l’action et la découverte. Un personnage qui cherche à assouvir un désir entreprend des actions pour obtenir ce qu’il veut et il apprend comment faire au mieux pour l’obtenir. Toutes les histoires obéissent à ce mouvement.

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Le genre littéraire qui s’appuie le plus sur l’action est le mythe et le récit d’action dans sa version moderne. Les genres qui s’appuient le plus sur la découverte sont les histoires policières et les drames à points de vue multiples.

Un personnage qui cherche à assouvir un désir et se heurte à des obstacles est obligé de faire des efforts. Sans cela, il n’existe pas d’histoire. Les efforts font évoluer le personnage en question. Le but de l’auteur, par conséquent, est de présenter la transformation qui s’est produite pour un personnage, ou pas.

Les différentes formes de narration

Les différentes formes de narration ont toutes une façon spécifique d’exprimer la transformation par laquelle passe l’être humain:

  • Le mythe présente les développements les plus longs, de la naissance à la mort et de l’animal au divin.
  • Les pièces de théâtre se focalisent en général sur le moment où le personnage principal prend une décision capitale.
  • Les films (en particulier dans le cinéma américain) présentent le changement minime par lequel doit passer un personnage qui poursuit un objectif limité avec une grande intensité.
  • Les nouvelles classiques retracent en général les quelques événements qui ont amené un personnage à avoir une intuition.
  • Les romans sérieux traitent en général de la façon dont une personne interagit et évolue au sein d’une société, ou dépeignent avec précision le processus mental et émotionnel qui mène à sa transformation.
  • Les séries télé présentent un certain nombre de personnages qui, dans une microsociété, s’efforcent de changer de façon simultanée.

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Le point central d’une histoire, qui peut se nommer l’impact, est le moment où la personne se libère de ses habitudes, de ses faiblesses et des spectres de son passé pour se transformer en un être plus épanoui et accompli. Une histoire ne présente pas au public le “monde réel”. Elle lui présente l’univers du récit, qui n’est pas une reproduction de la vie telle qu’elle existe vraiment. Il s’agit de la vie telle que les êtres humains imaginent qu’elle pourrait être. C’est donc une vie humaine condensée et exagérée.

Le corps de l’histoire

La plus simple des histoires pour enfants est constituée de nombreuses parties connectées entre elles et dépendantes les unes des autres. Une histoire est constituée de différents sous-systèmes: personnages, intrigue, séquences de rebondissements, univers du récit, débat moral, réseau de symboles, tissage des scènes, dialogues.

Le thème est le cerveau de l’histoire. Le personnage principal en est le coeur et le système circulatoire. Les rebondissements en sont le système nerveux. La structure de l’histoire est son squelette. Le tissage des scènes correspond à sa peau.

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Le mouvement de l’histoire

On peut comparer le mouvement d’une histoire à la nature. Tout comme le conteur, la nature connecte souvent différents éléments sous forme de séquences, qui sont connectés les uns aux autres.

Le récit linéaire suit l’évolution d’un personnage unique, depuis le début jusqu’à la fin. La plupart des films américains sont linéaires. Ils se concentrent sur un héros unique. Le public observe comment il tente d’atteindre son but et comment il s’en trouve transformé.

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Le récit en zigzag ne semble pas suivre de direction particulière. Des mythes tels que L’Odyssée, les récits de voyage comiques tels que Don Quichotte, Little Big Man, ainsi que beaucoup d’histoires de Charles Dickens, telles que David Copperfield, se présentent sous cette forme. Le lecteur rencontre beaucoup de personnages provenant de différentes strates de la société.

Le récit en spirale se retrouve dans des thrillers, tels que Sueurs froides ou Memento. Dans ce genre d’histoire, un personnage ne cesse de revenir à un événement ou à un souvenir unique et l’explore ainsi progressivement.

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Le récit en ramifications offre des détails sur la société que le héros explore. On trouve ce genre de récits dans Les Voyages de Gulliver et La Vie est belle ou encore American Graffiti.

Le récit explosif offre plusieurs éléments en même temps, parfois même dans une seule scène, pour donner l’apparence de la simultanéité, qui correspond au montage alterné au cinéma. Les récits de ce type s’attachent à explorer l’univers de l’histoire, en exposant les différentes connexions entre les divers éléments de ce monde et en montrant comment chaque personnage s’adapte ou pas. On peut trouver ce genre de récit dans Pulp Fiction, Nashville, Ragtime, les Contes de Canterbury ou Hannah et ses soeurs.

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Ecrire sa propre histoire

A ce stade, il convient de déterminer quel processus d’écriture vous donnera le plus de chances de créer une bonne histoire. La plupart des auteurs utilisent le processus le plus facile pour écrire leurs romans. Ils débutent avec une prémisse d’histoire, qui est une vague copie d’une histoire déjà existante et concentrent quasiment toute leur attention sur leur héros.

Ce personnage prend de l’importance au fil des pages, de manière mécanique. L’auteur conçoit les adversaires et les personnages secondaires séparément du héros et les voit comme moins importants. Par conséquent, ces personnages sont presque toujours faibles et peu étoffés.

Pour John Truby, l’auteur esquive presque complètement le thème, pour paraître le plus neutre possible, pour que l’on ne l’accuse de rien. Ou il exprime ce thème uniquement dans des dialogues. L’auteur ne cherche pas non plus à utiliser de symboles , car cela paraîtrait trop évident et prétentieux.

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L’auteur imagine une intrigue et une suite de scènes basées sur une seule question: que se passe-t-il ensuite? Il envoie souvent son héros dans plusieurs lieux. L’intrigue est souvent épisodique, chaque événement paraissant isolé. Beaucoup de romans n’arrivent pas à atteindre un climax digne de ce nom, qui toucherait profondément le public. L’auteur écrit des dialogues, dont la seule fonction est de faire avancer l’intrigue, tout le conflit étant concentré sur l’action présente.

En guise de conclusion

Dans “L’anatomie d’un scénario”, John Truby propose une méthode, sa méthode: celle de construire son histoire de l’intérieur vers l’extérieur. Cela permet de rendre une histoire personnelle et unique et de développer ce qui est original dans l’idée d’histoire. Sa méthode permet à chaque partie de rester connectée à toutes les autres.

Sa méthode consiste en 9 points, tout aussi importants les uns que les autres: la prémisse, les 7 étapes clefs de la structure narrative, les personnages, le thème, l’univers du récit, le réseau de symboles, l’intrigue, le tissage des scènes, la construction des scènes.

Ce que souhaite John Truby avec sa méthode, c’est que chacune et chacun prenne beaucoup de plaisir au cours du processus de création en voyant son histoire se développer sous ses yeux. Dans cet article, je n’ai résumé que le premier chapitre, celui de l’introduction, soit 18 pages seulement. Le livre en version française contient 571 pages.

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Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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